Eau, tu es né. Eau tu retourneras.
Spike déambula sans but dans le navire. Il repensait sans cesse à son combat, à la mort de Roigada. Il se trouvait dans la soute.
- Spike arrête de faire cette tête d' enterrement ! fit une voie.
- Qui est là ? demanda Spike qui ne voyait personne.
- Moi.
- Tu as bien un nom ?
- Les humains m' en ont donné un.
- Les humains ! Vraiment ? Et quel est-il ?
- Radégou.
- Radégou ?
- Regarde en bas !
Effectivement il y avait ce drôle de pokémon à ses pieds. Il le prit et le posa sur son épaule.
- Un Radégou qui parle ! C' est le pompon !
- J' aime pas trop tes paroles méprisantes ! C' est pas parce que t' es en deuil que tu dois t' adresser à moi irrespectueusement.
- Tu es au courant ? demanda Spike surpris.
- Écoute mon vieux, je fais parti de la Caste des Meta Ratons. Mes confrères sont partout et l' information circule vite. En plus ce genre d' accident sont peu courants. Au passage, je te fais toutes mes condoléances.
- Pourquoi tu me parles ? demanda Spike qui croyait rêver.
- Je parle parce que j' écoute les humains se plaindrent depuis toujours. Je me suis intéressé à Armand, il avait l' air sympa alors j' ai continué à l' observer. Et un jour tu l' as rencontré. Et ce jour là j' ai eu un flash. Je me suis dit « ce gars ira loin parce qu' il a des tripes ». ( NdDS : Relire le chapitre 5 si vous avez la mémoire courte )
- Je t' arrête une seconde. Est-ce que tout les Radégou parlent notre langue ?
- Non je suis le seul. Je suis un surdoué. Je suis le seul, l' unique, le plus grand de tous, je suis Max !
- Max ?
- J' ai pas le droit de m' appeler Max ? On va pas se fâcher, je vais raconter la suite de mon histoire. Donc je me suis intéressé à toi. Je suis venu te "brancher" un soir pour te tester. Manque de bol tu t' es esquinté. Au fait ça va les genoux ? Apparemment oui. Puis je t' ai suivi jusqu' à l' infirmerie. Et là tu peux me dire merci par que sans moi tu n' aurais jamais rencontré Alexandra. Je te tire mon chapeau par que c' était la première fois de ma vie que je voyais un spectacle aussi beau. Bravo ! ( NdDS : chapitre 7 )
- Stop !!! Stop ! Stop. Tu veux dire que tu as tout observé de ma relation avec Alex ?
- J' en ai pas perdu une miette et en plus j' en ai fait profité les copains. Nous sommes moins égoïstes que vous autre humains, on partage tout. Un tel spectacle, ça se voit une fois dans une vie de rat.
- Tu as pensé une seconde à ma vie privée ?
- Pas une.
- C' est fou à quel point tu me rassures. Max ça te dirait de manger quelque chose ?
- Tu m' invites à manger. Spike tu es un chic type. Je ne m' étais pas trompé sur ton compte.
Après un maigre repas, ils continuèrent de parler sur la paillasse de Spike. Il restait au fond du navire car il serait sûr de ne pas être dérangé. Il n' avait pas envie de parler. Du moins pas à un humain. Mais Max le tchacheur fou était toujours présent. Il essayait de lui changer les idées. Spike était allongé. Max sur son ventre.
- Spike tu crois en Dieu ?
- Je ne crois pas en Dieu. Je crois au bien. Et par conséquent au mal. Mais le mal vient des hommes et pas d' une quelconque puissance obscure. Et toi tu en penses quoi ? Puisque tu as un avis sur tout.
- A la Caste des Meta Ratons, on dit que le dieu créa les hommes et les pokémon égaux. Ils vivaient en harmonie jusqu' à ce que la soif de domination, l' attrait du pouvoir et la jalousie l' emportent sur les bons aspects des hommes. Alors ils ont commencé à assujettir les pokémon pour que les humains, devenus dresseurs, puissent assouvir leurs desseins. Mais Dieu dans son infinie miséricorde a développé l' intellect humain afin de les faire culpabiliser. Ainsi apparurent la tristesse et les remords. C' est pourquoi tu es torturé, que tu es un dresseur, que Roigada est mort, que tu serviras de messie aux dresseurs et que je serai ton guide.
- Je vois que tu as de grands projets pour moi. Et comment expliques-tu ton cas ?
- J' ai plusieurs théories. La première c' est que je suis la réincarnation du dieu rat et que je dois répandre la bonne parole, éduquer les hommes pour les rendre meilleur. Au pire éduquer les pokémon afin qu' ils réfléchissent par eux-mêmes et qu' ils se rebellent. La seconde c' est que je suis le fruit d' une généalogie mutante tellement intéressées au cas des créatures que l' on appelle communément homme que j' en suis devenu un. C' est un peu la proie qui se transforme en prédateur. La troisième se serait pour me punir d' une vie humaine antérieure. Peut-être étais-je un dresseur malveillant. Ensuite j' ai la théorie des ExtraTerrestres qui m' auraient kidnappés pour me faire subir des expériences. Mais je n' en ai pas le souvenir. Faudrait creuser la question. La dernière c' est que je suis une erreur, le fruit d' une aberration de la nature. Ou peut-être est-ce le tout à la fois. Qui sait ?
- Je vois que tu as l' imagination fertile. A ton avis en quoi se réincarnerait Roigada ?
- A mon avis, je dis bien à mon avis, il est allé directement allé au Paradis des pokémon car sa quête terrienne était achevée.
- Et moi irais-je en Enfer ?
- Qui sait ? Tout ce que je puis te dire c' est que tu es un bon dresseur. Et même si tu as commis des erreurs, Dieu te permettra de te racheter.
- Merci. Ton soutient est important. Bon faut que je retourne dans le monde des vivants.
- Ciao, dit le rat.
Spike remonta. Il se rendit à l' infirmerie. Personne. Fermé. Il avait désespérément besoin de soutien, humain. Il se rendit alors au bar dans l' espoir de rencontrer quelqu' un de connu.
Il s' assit à une table. Un quart d' heure plus tard, il fut rejoint par un jeune inconnu, un peu intimidé.
- Bonjour, dit-il.
- B'jour, répondit Spike. Qu' est-ce tu m' veux gamin ?
- Je me présente. Je m' appelle Benoît. J' ai 11 ans, je suis dresseur de pokémon, je participe encore au Championnat, je viens de Marguerite.
- Marguerite ?
- Une petite ville en Clito.
- Ah ouais je vois à peut prêt où ça se trouve.
- Je voulais te dire que je suis un de tes plus grand admirateur …
- Tiens donc, j' ai des fans. C' est nouveau. Depuis que j' ai tué mon pokémon je dois plus en avoir de toute façon.
- Tu as toujours des fans ! insista Benoît.
- Regardes les gens autour de nous. Regarde leurs yeux. C' est du mépris que tu y lis. A vrai dire je les comprends. T' en connais beaucoup des dresseurs qui tuent leurs pokémon ?
- Tu ne l' as pas fait volontairement !
- C' est pire justement. Quant c' est involontaire, ça veut dire qu' on est pas apte à se rendre compte que l' on fait une erreur, je suis un inconscient. Une seule erreur d' appréciation et c' est la mort. J' ai tout perdu. La confiance en moi, celle de mes pokémon, leur estime, les pokémon plus jamais je ne serais capable de faire un combat avec eux. M' obéiront-ils encore lorsqu' ils auront appris ce qui c' est passé. J' ai perdu mes ambitions. Quelles sont les tiennes ?
- Je veux devenir Maître Pokémon.
- Comme c' est original …
- Ne me juge pas ! Tu ne me connais pas. Tu ne connais pas mon histoire.
« Marguerite se situe dans les montagnes. Mais pas n' importe lesquelles. Elles sont riches en pépites. Des magnats de Jotho, Kanto et des pays alentours exploitent mon peuple pour l' extraction de ces pierres. Un jour ils sont venus. Ils nous mis en esclavage. Et depuis ils sont encore plus riches. Tout mon village vit dans la misère. »
- Et à quoi ça va te servir de devenir Maître Pokémon ?
- Tout l' argent que je gagne pendant les combats, je l' envoie à ma famille, je garde juste le strict nécessaire. Si je reste assez longtemps dans le tournoi, je pourrais mettre la lumière sur le sort de mon village et de nombreux autres dans le même cas grâce aux journalistes. Si je gagne le tournoi, je gagne une arène et tellement d' argent que ma famille et peut-être mon village vivra convenablement avec moi.
- Et tu crois que les magnats vont se laisser faire sans rien dire ?
- Si je gagne ça veut dire que je serais assez puissant pour les affronter. Peut-être d' autres dresseurs se joindront à ma cause ? Il y a à peine 3 ans je travaillais dans ces affreuses mines … Ma volonté est inébranlable c' est pour ça que je suis imbattable.
- Tu as quel âge déjà ? Spike venait de sortir de sa léthargie et s' intéressait enfin aux paroles de son interlocuteur.
Effectivement Benoît vivait dans une misère effrayante. Il avait des espadrilles toutes trouées, ses vêtements, plus sales que des Tadmorv, l' étaient tout autant. Lui aussi était sal.
Benoît se sentait un peu trop dévisagé. Il devient tout rouge.
- 11 ans.
- Et tu envois tout ton argent à ton village ?
- Oui
- Et il s' est passé quoi ensuite ? demanda Spike.
- Un jour j' ai décidé de fuir avec les pokémon qui travaillaient avec moi. Et je n' ai plus jamais eu de nouvelles de ma famille depuis ce jour.
Le tout jeune garçon commençait à être intimidé. Benoît parlait à son modèle et il l' écoutait religieusement. Enfin. Spike bondit.
- Je vais te présenter à des connaissances. Tu veux bien ? Il faudra que tu lui racontes ton histoire. Lève-toi !
Benoît fit oui de la tête curieux de savoir à qui il allait être présenté. Loïc n' était pas dans le bar. Ils allèrent sur la terrasse. Ils le trouvèrent attabler avec Alexandra, Sacha, Ondine, Pierre, Jackie, Régis et le Prof Chen..
- J' ai quelqu'un à vous présenter, dit Spike souriant.
Les autres ne l' avaient pas vu. Alexandra sursauta. Benoît était caché derrière Spike.
- N' aie pas peur Benoît. Raconte-leur ton histoire.
- Tu es enfin sorti de ta pénombre, fit Alexandra.
Spike ne répondit pas. Il partit d' un pas rapide. Apparemment il avait un RDV très urgent. Il repensa à l' histoire de Benoît. Sa cause était noble alors que celle de Spike était égoïste. Spike n' avait plus foi à tout ce qui touchait au pokémon. Il descendit jusqu' au Centre Pokémon.
- Bonjour je viens récupérer mes pokémon.
- Vous êtes Mr Bloody ? Un instant je vais les chercher.
L' infirmière disparut dans la succursale et réapparut avec un petit plateau dans les mains. Deux pokéballes fermées et une ouverte. Elle posa le plateau sur le rebord.
- Voulez-vous récupéré la pokéballe vide ?
- … Oui.
Spike saisi les deux pokéballes et les attacha à sa ceinture à côté d' une autre puis il prit la pokéballe de Roigada. Il la referma. Il la fixa un cours instant, son regard s' attarda sur les lettres d' argent : « Roigada ».
- Ca ira monsieur ?
- Oui. Merci.
Il rétréci la pokéballe et la mit dans la poche de son jean. Il tourna les talons et s' en alla. Il se rendit dans la chambre d' Alexandra.
Il n' avait pas annoncé à ses pokémon la mort de leur camarade et ami. Il ouvrit les pokéballes. Les pokémon sortirent. Spike avait déjà l' œil humide.
- Comme vous pouvez le constater Roigada n' est pas parmi nous. Il ne le sera plus. Il est … , cette nouvelle va vous ébranler, il est mort.
Les pokémon se regardèrent et se mirent à pleurer silencieusement.
- Il faut affronter cette nouvelle épreuve comme l' a fait Roigada durant son combat, courageusement. Sa mort est entièrement de ma faute. Ainsi je comprendrais que vous n' ayez plus envie de combattre à mes cotés. Je respecterai votre décision quelque soi votre choix.
Les pokémon allèrent dans ses bras pour lui faire comprendre qu' ils le suivraient n' importe où.
- Merci. Vous pourrez lui faire un ultime adieu demain. En attendant retournez dans vos pokéballes et reposez-vous bien.
Spike mit la pokéballes de Roigada au bout d' un collier. Il se coucha ensuite. Alexandra le rejoignit plus tard dans la soirée.
Ils étaient tous là, les derniers amis de Spike, pour l' enterrement de Roigada, autour de l' aumônier, autour du corps du pokémon mort, puis il laissa la place à Spike.
- Roigada était notre ami, ( il regarda vers ses pokémon ), et sa mort est terriblement injuste. Puisse son âme perdurer éternellement dans nos cœurs, longtemps encore après que son corps aie disparu de notre vue.
Le cercueil de verre glissa du bateau et disparut dans les profondeurs de la mer.