Le cénacle
La pose repas dura deux heures. L' infirmière se rhabillait.
- Alors c' était comment ? demanda le dresseur.
- Jamais un homme ne m' a comblé autant que toi. Et toi que penses-tu de notre relation.
- Je suis HS, tu es une vraie succube.
- Je dois prendre ça comme un compliment ? demanda l' infirmière.
- Oui.
- Alors on sort ensemble, ou je suis juste un coup ?
- Oh tu n' es pas un simple coup. Si je t' ai fais l' amour, c' est parce que j' ai des sentiments pour toi. Je t' aime comme je n' ai jamais aimé une femme.
- Tu as l' air sincère. Tout les autres hommes que j' ai « connu » me considérait plus comme un objet sexuel que comme une femme.
Spike se leva, difficilement, prit la main d' Alexandra et la baisa. Elle lui sourit.
- Je suis un sentimental, un philosophe, voir pour certain un sage. Je ne peux être qu' un homme sincère. Je te respecte plus que tout. Avec moi, jamais tu ne seras déçu par des paroles machistes ou perverses.
- Bon. On reprendra cette conversation dès que l' autre infirmière sera arrivé. Rallonge-toi et reprend des forces. Maintenant la priorité c' est mes patients.
La relève arriva ¼ heure plus tard. Alex se changea, elle mit une robe rouge. Spike enfila un pantalon et laça ses chaussures
- Je te laisse les clefs de la maison, dit-elle à son amie.
- Spike tu viens ?
- OK allons-y.
Ils sortirent donc de l' infirmerie.
- Alors on va où ? demanda Spike.
- On peut allé au bar, dit Alexandra.
- Ou sur la terrasse du bateau, suggéra Spike.
- Bonne idée. Tiens prenons cet ascenseur.
Une fois en haut, ils s' assirent.
- Parle moi de toi, dit Spike.
- Très bien. J' ai 23 ans.
Spike toussota.
- Sacré différence d'âge, dit-il. Je n' ai que 17 ans.
- Quand on aime on ne compte pas, dit la belle femme.
- C' est vrai. Alors pourquoi es-tu devenu infirmière ?
- Parce que j' aime les hommes, les êtres humains, quoi. Mais infirmière ce n' est qu' une étape. Je souhaite me faire une nouvelle vie lorsque nous serons sur ce fameux continent.
- Ah oui, vraiment. Tu veux faire quoi exactement ?
- Épouser un homme beau et très riche. Non je rigole, bien que cette optique ne me déplaise point. Sincèrement je souhaite devenir actrice.
- Et pourquoi ne l' es tu pas devenu sur le vieux continent ?
- Il y a trop de mauvais souvenirs à Kanto.
- Si tu souhaites en parler …
- Non pas pour l' instant. Ma vie a réellement commencé lorsque j' ai eu dix ans. J' habitais alors à Argenta. J' ai fait un choix décisif comme tout les enfants à cet âge. Mais comme peu d' entre eux, j' ai préféré continuer mes études plutôt que de devenir dresseuse. Je ne voulais pas devenir une illettrée incapable de déchiffrer une carte du monde, de lire le nom d' une ville, ou un livre dans une bibliothèque. Bien sûr mes parents étaient contre. Pour eux la perspective d' être riche grâce au dressage, était plus importante que mon avis. Je les excuse, c' est normal qu' ils plaçaient de tels espoirs en moi. Mon père étaient plombier, ma mère couturière. On vivait dans la misère. On avait à peine de quoi se nourrir, alors financer mes études, c' était impossible. Mais je suis allée contre leur avis. Alors j' ai commencé à travailler dans un restaurant dans la ville où se trouvait mon école, Céladopole, le soir après les cours. J' y faisais la vaisselle. Je gagnais 500poké$ par mois mais c' était juste assez pour payer mes études et la pension. J' étais obligée de manger et dormir là-bas car c' était la seule école du coin. Mais mieux valait trimmer que de devenir dresseur ce qui égalait pour moi à être bête comme ses pieds.
- Tu m' insultes là, dit Spike en riant.
- Oui mais toi tu es autodidacte comme tu m' as dit tout à l' heure ( lorsqu' ils étaient enfermés dans l' infirmerie ). C' est différent.
- Effectivement. Le peu de temps que j' ai passé à l' école m' a donné goût à l' étude. Mais je t' en prie continue ton histoire.
- Lorsque je suis entrée en cycle secondaire j' ai pris des cours de théâtre pour me changer les idées. Pour payer mes études, j' avais trouvé un job de nuit. Je travaillais dans un Centre Pokémon. Je m' occupais des pokémon qui venaient d' être soignés en attendant que leurs dresseurs viennent les chercher. Non seulement je gagnais de l' argent mais en plus ça m' a donné l' envie de devenir infirmière et ce job était important pour ma carrière. Une fois mon deuxième cycle terminé, je suis entrée dans une école d' infirmière toujours en continuant le théâtre. Pendant deux ans j' ai étudié la médecine. Ensuite j' ai fait un peu d' intérim dans la clinique d' Argenta. Et lorsque j' ai sue qu' un bateau partait pour le nouveau monde et qu' on recherchait du personnel médical, je me suis inscrite sur le champ. Une de mes amis de l' école d' infirmière également. J' avais hâte de quitter ce pays et ce continent. Lorsqu' on a su qu' on était prise pour le poste d' infirmière, on était folle de joie. Mon humeur a changé lorsque j' ai su que les infirmières étaient prisées un peu partout dans le continent, et que l' on était les deux seules personnes du bateau qui savaient soigner les humains. Je me suis rendues compte qu' on devait s' occuper virtuellement de 3000 dresseurs à deux ainsi que de 1200 employés en tout genre.
- Effectivement ça la fout mal, dit Spike compatissant.
- Je suis tout le temps en train de soigner quelqu' un. Mais à deux on peut pas soigner 24h/24. Travailler 12 heures c' est inhumain. Alors je fais ma journée de 8 heures. Mon amie aussi. Et les huit autres heures, les dresseurs peuvent mourir la gueule ouverte. On a demandé à la direction mais ils ne nous écoutent pas, « ils ne voient pas où est le problème » et « que de toute façon ils n' ont pas les moyens d' embaucher d' autres médecins ».
- Plus ça va plus je me dis que les dirigeants de ce navire sont de vrais enculés, dit Spike énervé. Les marins ont le même problème. Certes il y a trois équipes mais ils vivent dans des conditions inhumaines : ils n' ont pas lits convenables où dormir, ils ont tous les jours la même bouillie à manger ( heureusement j' y ai pas encore eu droit ) et le pire, ils ne voient pas la lumière du soleil tout le temps de la traversée. Tu te rends compte ? Trois mois et demi sans la douce caresse du soleil.
- C' est pour ça que cette vie de merde j' en ai marre et que je veux tout redémarrer.
- Tu as bien raison. Les employés devraient faire une grève pour mettre le nez des dirigeants dans la merde qu' ils ont eux-mêmes crée.
- Tu rêves. Personne ne souhaite faire la grève. Déjà qu' on gagne presque rien alors si en plus on manifeste on mangera plus.
- Ce n' est pas mon combat et je ne veux pas pervertir en plus tes idées. Arrêtons de parler politique.
- Pendant que j' y pense, dit Alexandra, maintenant qu' on forme un couple, on va dormir ensemble, donc tu quittes les bas fonds et tu viens vivre dans ma chambre.
- Excellente idée ! Allons au bar pour célébrer le début de notre vie commune.
Ils descendirent d' un étage. Oh surprise, Spike rencontra, à une table, Pierre, Ondine et Sacha , ainsi que deux autres inconnus.
- Bonjour mademoiselle ( en se tournant vers Ondine ) bonjour messieurs, peut-on partager votre table ma petite amie et moi ?
- Bien sûr Spike, dit Pierre, asseyez-vous.
- Au fait, je vous présente Alexandra, infirmière sur ce navire. Et tout récemment ma petite amie.
- Bonjour, dit-elle en souriant.
Ils s' embrassèrent très chaleureusement puis ils s' assirent.
- Je ne crois pas vous connaître, dit Spike en s' adressant aux deux inconnus.
- Vous ne m' avez sans doute jamais vu car je n' aime pas être filmé ou photographié. Sans doute un caprice de vieillard.
- Vous n' avez pas l' air si vieux, dit Alex.
- Merci jeune fille. Je suis le Professeur Chen.
- Le Prof Chen !!! s' exclamèrent le couple.
- Zut j' ai manqué votre conférence ! dit Spike en se tapant le front.
- Je suis ravie de vous rencontrer, dit l' infirmière.
- Moi de même. J' adore discuter avec de gens de votre âge. Ça me rappelle ma jeunesse. Vous êtes donc Spike. On me parle de plus en plus de vous. Pierre, notamment. Mais également des gens que je rencontre dans mon entourage. Tes victoires sur Sacha ainsi que sur le Major Bob t' ont rendu célèbre.
- Ah, je n'avais pas fait le rapprochement ! s' exclama l' infirmière. Tu aurais pu me le dire mon chéri !
Elle lui mit une tape sur l' épaule.
- Tu sais, je n' aime pas me vanter.
- Spike, tu sais ce n' est pas grave d' avoir manqué mon intervention car elle n' a pas eu lieu. Elle est repoussée car Peter n' est pas encore arrivé. Il doit venir à dos de dragon mais il a eu un empêchement. Donc cette conférence est retardée.
- Je préfère ça. Je m' en serais cruellement voulu de l' avoir manqué, je vous jure.
- Mais tu l' aurais manqué tout de même ! dit Ondine pour embarrasser Spike.
- J' étais … à l' infirmerie … pour me faire soigner … Parce que j' ai eu un accident cette nuit.
- Cette nuit hein … dit-elle sournoisement.
- Bon Ondine, t' es chiante à me poser toutes ces questions tu ne vois pas que je suis en pleine discutions avec le Prof Chen ?.
Puis il reprit sa discutions avec le doyen.
- Voyez-vous je dois accumuler beaucoup de connaissances pour ma propre culture. J' ajouterai que vos cours sont d' une importance capitale.
- On m' a dit que tu étais également un grand orateur et que tu souhaitais faire une conférence. Est-ce vrai ?
- Oui c' est exact. Je trouve que notre société est mal foutue et j' ai besoin de le dire. Il y a trop d' inégalités entre le monde pokémon et le monde ouvrier. Pire. La plupart des gens du monde pokémon se comportent mal envers leurs semblables et envers leurs pokémon.
- C' est vrai, dit le prof. Mais penses-tu que des paroles seulement peuvent changer notre petit monde ? Moi aussi lorsque j' étais jeune j' étais plein de fougue, mais un jour je me suis rendu compte que le combat était perdu d' avance. Mais, si tu tiens vraiment à renverser le monde avec des idées et des mots, je ferais en sorte qu' il y ai du monde qui t' écoute. Car il est vain d' avoir un discours si il n' y a personne pour l' écouter. Même si tu utilises la manière forte je te soutiendrais. Je réaliserais mes ambitions par procuration.
- Moi je serais là pour t' écouter mon amour, dit l' infirmière en lui prenant la main.
- Merci. Merci à tous deux. Merci d' avance à tous ceux qui me soutiendront.
Ils s' embrasèrent. « Qu' a-t-elle de plus que moi cette pouf ? » se dit Ondine. Tout. Aurais-je envie de dire. Beauté, appâts, intelligence. Tout l' inverse d' Ondine. Il est vrai qu' Ondine dégage un certain charme, mais le plus d' Alexandra, c' est tout de même l' intelligence. Eh oui, Ondine est une idiote doublée d' une alcoolique. Personne n' en doute. Ce n' est plus à démontrer.
- Hurm, hurm, fit l' inconnu qui n' avait pas encore était présenté.
- Ah oui, dit Chen, voici mon assistant, Jackie.
- Enchanté, dit Spike en lui serrant la main. En quoi consiste exactement ton boulot.
- Je fais beaucoup de croquis de pokémon. Si vous voulez je peux même vous montrer des dessins que j' ai fait lorsque je suis allé à Mito. Le pays colon de Kanto. Enfin dès que possible car ils se trouvent actuellement dans ma chambre.
- J' en déduis que tu as un bout coup de crayon. Tu dessines aussi les êtres humains ? demanda Spike.
- Oui, oui, toutes formes de vies.
- Tu es déjà aller à Mito ? demanda Alexandra à Jackie. C' est comment ?
- C' est comme à Kanto sauf que les pokémon sont différents et que tout reste encore à découvrir.
- Ah, dit-elle un peu déçue.
- Spike, pourquoi demandes-tu si Jackie dessines les êtres humains ? demanda Sacha.
- Comme ça, par curiosité.
- Spike ! dit soudain Loïc Geff ( le journaliste ) en s' approchant du groupe. Comment vas-tu ce soir ?
- Bien mon ami et toi ?
- La conférence réservée à la Presse c' est mal passée pour moi. Je te raconte l' histoire dès que j' ai passé commande de boisson pour tous. C'est ma tournée. Dites-moi ce que vous voulez consommer :
- Une limonade, dit Spike.
- Une ver de vin rouge, dit le Prof.
- Pareille pour moi dit Pierre.
- Donc deux verres de vin, dit Loïc. Mesdemoiselles vous prenez quoi ?
- Une vodka, dit Ondine.
- Ce n' est pas une bonne idée dirent Pierre et Spike en même temps.
- Mais … allais dire Ondine.
- Pas d' alcool pour toi. L' autre fois tu en as assez bu pour toute une vie, dit Spike.
Il se pencha vers Alexandra pour lui expliquer.
- Ondine est alcoolique, lui dit-il à l' oreille.
- Même pas vrai, dit Ondine.
- Alors je vous prend quoi ? demanda Loïc.
- Va pour un jus d' orange puisque je n' ai pas le choix.
- Et vous ravissante demoiselle ? dit-il en s' adressant à Alex ( bien sûr ).
- Un diabolo menthe SVP.
- Et vous deux, dit le journaliste en s' adressant à Sacha et Jackie.
- Jus d' orange pour moi dit Sacha.
- Et pour moi ce sera une bière STP.
- Ok je reviens dans un instant.
Il s' éloigna. Le Prof demanda :
- Qui est-ce ? C' est un dresseur ?
- Non, c' est un journaliste. Il travaille pour le Dresseur Engagé, répondit Spike.
- Bien. Je vois que tu as des amis hétéroclites, dit Chen. Pas comme Sacha qui s' est entouré que de dresseurs.
- Professeur … dirent les concernés.
- Je ne disais pas ça méchamment.
Le journaliste revint avec un plateau et distribua les boissons.
- Alors raconte-moi tes déboires, dit Spike.
- Figure toi que j' ai parlé de tes mésaventures, des mauvaises conditions de travaille des marins, aux dirigeants de ce navire.
- Ah oui et alors que c' est-il passé ? demanda Spike intéressé.
- Ils ont mal prit la chose et m' ont attaqués en justice pour propos diffamatoires et m' on retiré mon pass de presse.
- C' est injuste ils n' ont pas le droit, protesta Spike.
- Et c' est pas tout. Ensuite ils ont appelé le Dresseur Engagé et je suis renvoyé. Ma carrière est tombée à l' eau.
- Et c' est de ma faute, dit Spike.
- Non, c' est faux. Tu n' es pas en tort. C' est juste cette société minable qui se croit toute permise.
- Alors que vas-tu faire ? demanda le Prof Chen.
- Je peux me recycler dans la publication de roman. Je vais pondre mon ouvrage sur le Nouveau Monde que ce soit dans une revue ou dans un bouquin. Ils ne me réduiront pas au silence. Je vais monter un dossier contre eux. Spike j' ai déjà ton témoignage. Je pourrais descendre voir les ouvriers pour recueillir leurs impressions sur leurs conditions de travail.
- Et mon témoignage également, dit Alexandra.
- Ah oui qui êtes-vous ? demanda le journaliste survolté.
- Je suis l' une des deux infirmières de ce bateau.
- Très intéressant. Vous connaissez du monde parmi les employés ?
- Oui la plupart.
- Et ont-ils des plaintes à formuler ?
- Oui, je pense. Je pourrais vous obtenir des rendez-vous.
- Merci, dit-il. Merci à vous tous. Ma vie reprend de plus belle.
- Je lève mon verre à mon ami, dit Spike. Car il a fait une démonstration de courage et de témérité sans égal. Prenons-en de la graine. A Loïc !
- A Loïc, répéta le Cénacle en levant leurs verres.
- A Spike et Alexandra qui forment un couple merveilleux, dit Pierre.
Spike et Alexandra rougirent.
- A un destin bienveillant, dit Loïc.
Ils vidèrent leurs verres et se rassirent.
- Si nous allions manger, proposa Sacha qui avaient toujours faim.
- Tu crois pas qu' il est un peu tôt dit Jackie.
- Non le temps que notre tour arrive, une heure se sera écoulée, dit Pierre.
- Alors tous à table, dirent-ils en cœur dans la joie et la bonne humeur.