Prologue
Le silence règne. Tout semble retenir son souffle. La bruine disparaît lentement, laissant place à l'immensité glacée du pôle nord. Une épave aux débris épars gît dans les eaux gelées. Un torrent, dont chaque goutte reste suspendue dans les airs se jette dans un gouffre noir. Rien ne bouge, tout est pris dans une torpeur étrange. Un soleil gris verse une lumière triste, blanche.
Dans ce paysage dépeuplé, un corps est étendu. Un linceul blanc le recouvre - de la neige.
Un souffle élève la poussière glacée et dévoile les formes nues. Une femme, rien que des membres blafards qui s'accordent à tout ; se confondent avec le relief, pâle et sans saveur. Les cheveux immaculés sont éparpillés autour du visage. Il y a ce mouvement, quelque part, qui remue l'air immobile. Une lame, dont le fil accroche comme un cri chaque éclat lumineux.
Un hurlement déchire le silence. Aussitôt tout s'anime. La lame ruisselle de pourpre. Les nuages défilent, passent trop vite dans le ciel carmin. Le geste reste encore ; le trou fait dans la peau blanche est béant.
Les paupières s'ouvrent, le regard foudroie le ciel.
Il y a ce glissement sur le sol, cette souplesse aiguisée.
La jeune fille se courbe, et le temps avec. La vue semble s'accrocher à ce point qui saigne, à ces flots rouges qui se déversent.
Un regard implorant, lancé dans le vide.
La tueuse tient le coeur encore chaud dans ses mains. Son sourire est coupant, insoutenable.
La jeune fille a le sang qui bout - pourtant tout est froid.
"Je ressens la foudre, et le froid toujours plus intense. Momartik La Tueuse. Mon sang qui s'écoule ; ma vie. Je perds mon souffle peu à peu. Plus de coeur, juste la souffrance. La Tueuse le dévore - je ne suis plus qu'une âme désormais. Ai-je vécu? Non, tout m'attend. Toute cette douleur à côtoyer. Ce n'est pas mourir, c'est être damner. "
...