World of TeM : Tome 12 : Le Championnat du Monde de CaliKen

Trop heureux de voir leur audimat exploser littéralement, les organisateurs du tournoi s'arrangèrent immédiatement pour provoquer un match rapide. Sylvain n'hésita pas à sauter dans l'arène et grimpa sur la plateforme de dressage, un grand sourire aux lèvres. Douglas sourit enfin.
-Tu es complètement dingue, fit-il à Thomas.
-Je sais.
Tom descendit à son tour et grimpa de nouveau sur sa plateforme.
-Le comité de la Coupe du Monde décide d'approuver ce match, fit l'arbitre, mais pour des raisons techniques, il s'agira d'un match un contre un.
-Cela me va, fit Tom.
-Pareil, répondit Sylvain.
-Alors coach, on va pouvoir prendre sa revanche sur mon papounet ?
-Tu as attendu d'être Champion du Monde pour oser m'affronter ?
-Héhé… on va voir si tu continues à rire… à l'attaque… AYEUH !
Marie venait de grimper sur la plateforme et venait de frapper la tête de Tom avec une Pokéball.
-Ca devient n'importe quoi là, fit Genzo en se passant la main devant la figure.
-Je ne veux pas que mon fiancé à peine Champion du Monde perde son premier match. Alors prends-le… grogna-t-elle.
-Cizayox ?
-En personne !
-Très bien, je le maîtrise à fond.
-Y A INTERET ! Et t'as intérêt à gagner !
-Cizayox, go !
-Brasegali, allez.

Est-il possible de décrire un combat d'un tel niveau ? Pendant les quelques minutes que dura cet affrontement, Douglas comprit que c'était lui qui n'avait pas le niveau de Thomas, ni même de Sylvain. Il se remémora le combat contre ce dresseur inconnu, l'autre soir. Si celui-ci s'était alors battu comme aujourd'hui, nul doute qu'Eric ne l'aurait pas remporté. Le coach de Tom se battait avec un réel plaisir, tout comme son élève, qui avait perdu tout sentiment d'infériorité par rapport à lui. Cizayox craignait le Feu ? Qu'importe, dans un match de cette envergure, les types ne compte plus, les attaques ne se voient pas et les dresseurs n'ordonnent presque rien. Ce fut la première fois que les amis de Thomas virent Sylvain perdre. Mais il ne fut pas le seul, car le Cizayox et le Brasegali s'écroulèrent au même instant, l'un assommé par son adversaire de métal, l'autre brûlé par l'attaque Feu du combattant incandescent.
-C'est un match nul, le combat s'achève donc par…
-NON ENCORE UN ROUND JE VOUS EN PRIE, fit Tom.
-Il faut qu'il y ait un gagnant, rajouta Sylvain. Promis, si le prochain round n'en a pas, on arrête !
-Ca… ça va, répondit l'arbitre avec un air désespéré.
Le public lui, ne ratait rien du spectacle et applaudissait de toutes ses forces ce match imprévu. Le Lumen de Sylvain apparut dans un torrent d'applaudissement, bien que tout le monde ignorait l'existence d'un tel Pokémon.
-Ah d'accord, c'est ainsi… Euh...
Tom se grata la nuque. Quel Pokémon restant pourrait bien faire l'affaire ? Il n'eut pas à choisir puisque son Tortank apparut, décidément surmotivé.
-Allez Firsty, puisque tu es le héros de ce soir !
-Lumen …
Malheureusement, le match fut cette fois bien plus déséquilibré que le précédant. Le Tortank de Thomas, fatigué par ses combats précédents ne put rien faire face à la toute puissance de son adversaire, dirigé d'une main de maître par Sylvain. Firsty s'écroula sur le sol, face contre terre, mais se releva encore une fois. Cette fois, la poche de Tom le brûla. Il fouilla à l'intérieur et retrouve la pierre que Sylvain lui avait donné il y avait quelques temps de cela.
-Il est temps de l'utiliser, fit le coach en souriant.
-Mais je…
-TORTANK ! Fit Firsty en approuvant de la tête.
La pierre de Tom se mit à briller violemment et devint si brûlante qu'il dut la lâcher. Elle tomba sur le sol et se brisa, laissant s'échapper une lumière encore plus violente et obligeant les spectateurs à fermer les yeux. Lorsqu'ils les rouvrirent, Firsty avait disparu. A sa place se tenait un Pokémon lui ressemblant vaguement, dont l'apparence était cependant plus fine et plus humanoïde. Sa tête s'était allongée, ses yeux s'étaient fait plus reptiliens et ses bras étaient devenus longs et fins, recouverts à leurs extrémités d'une sorte d'armure grise en acier, comparable à sa carapace dorsale. Celle-ci brillait sous les lumières du stade, preuve qu'elle était en fer, et un seul canon rétractable y était situé. Sa queue, plus fine et plus longue, fouettait le ciel. Il pointa Lumen du doigt et celui-ci actionna la protection qui se situait sur son visage et qui recouvrait celui-ci lorsque le Pokémon passait à l'action.
-O…OU….WA… fit Thomas.
-Et bien dis donc, siffla Sylvain.
-Aquablast ! Fit joyeusement Firsty.
-Je…Ce sera donc un… Aquablast, oui, c'est ça ! Firsty, tu es désormais un Aquablast !
L'Aquablast se retourna et adresse un sourire ravi à son dresseur. Ce nouveau corps lui allait à ravir. Plus gracieux, il se sentait également plus rapide et plus puissant. Il se remit face au Lumen et fit craquer ses articulations.
Les deux commentateurs ne surent que dire face à ce nouveau renversement de situation. Ils poussèrent simplement un petit cri lorsque les deux Pokémons plongèrent l'un sur l'autre.
Le combat fut dantesque et durant une bonne vingtaine de minutes. Mais le surplus d'énergie lié à l'évolution aidant, le Lumen posa finalement un genou au sol. Essayant de masquer sa fatigue, le Pokémon de Sylvain envoya simultanément plusieurs Psykos et se fondit à l'intérieur de l'un sous les ordres de son dresseur. L'Aquablast de Tom créa une immense muraille d'eau, d'environ vingt mètres de hauteur et disparu à son tour. Les boules de Psyko percutèrent cette falaise aquatique et le Lumen sortit de sa cachette, visiblement étonné de ne plus voir son ennemi. Une main sortit alors de la cascade artificielle et le fit rentrer dedans. Se débattant férocement, le Lumen donna plusieurs coups à l'Aquablast, mais Firsty se défendit à son tour, parant les attaques avec ses avants bras. Les deux adversaires s'affrontèrent tels de vrais ninjas à l'intérieur même de cette paroi d'eau, puis en sortirent finalement. Plus en forme, l'Aquablast donna un puissant coup de pied à son adversaire qui trébucha en arrière. L'immense barrière d'eau tomba alors vers Firsty et disparut dans le dos et les avant-bras du Pokémon de Thomas.
-Euh…Ca doit être une attaque… Estima ce dernier.
-Aquablast ! Approuva Firsty.
-Et bien soit, alors utilise cette ultime attaque Eau… HYDRO-NUKE !
Un jet d'eau démentiel sortit du canon et des deux bras de l'Aquablast, perforant la défense psychique du Lumen et le faisant s'écraser violemment contre un de murs de l'arène. Le Pokémon de Sylvain se releva cependant, le souffle court et un œil fermé. Son dresseur le rappela.
-Doit-on en conclure que j'ai gagné ou continuons-nous ce match ?
-Lumen pourrait encore se battre, mais le match m'échapperait peu à peu. J'aimerais que tu savoures ta double victoire, Champion, répondit Sylvain en riant. J'abandonne ce round.
-La victoire revient donc à… Nounours, fit l'arbitre.
De nouveau un cri de joie de la part des spectateurs, et de nouveau, Tom fut conduit sur l'estrade pour rejoindre le micro, tandis que le staff technique faisait reculer les plateforme de dressage histoire d'empêcher tout autre match surprise.
-Je n'aurai que deux choses à ajouter, fit Tom dans le microphone tandis que ses amis l'avaient rejoints et que les spectateurs les plus proches le regardaient avec des yeux emplis d'admiration.
Il prit la coupe, puis la reposa.
-Tout d'abord, je ne souhaite pas être Champion du Monde, ni Champion d'Europe, ni même de France.
Un silence glacial suivit sa phrase.
-Ce que je souhaitais, c'était le devenir, pas le rester, je n'y trouve pas d'intérêt. Je préfère avoir une vie simple avec mes amis plutôt que devenir une star.
-Enfin Nounours, vous n'êtes pas sérieux…
-Si, très. Aussi, je remets ce trophée en jeu, et j'espère bien que tous les dresseurs seront prêts à relever le défi une nouvelle fois, dans trois ans. Je ne fais pas ça par esprit de contradiction, ni pour embêter qui que ce soit. Je veux juste rester moi-même.
Le public reprit alors un peu de la voix, et s'anima grandement lorsque Tom brandit la coupe d'une main et déclara :
-J'espère que le prochain Champion du Monde aura les tripes pour aller chercher ce machin là !
Puis Thomas déglutit bruyamment, et reprit, beaucoup plus doucement, mais toujours dans son micro.
-La deuxième chose. C'est que ma vie est intimement liée à celle d'une autre personne. Cette personne, je l'aime de tout mon cœur, je l'aime aussi fort qu'il est possible d'aimer, je l'aime à l'infini, et encore plus. Elle fait partie de ma vie… même plus, elle est ma vie. Ces derniers temps, je n'ai pas pu lui accorder toute mon attention, et j'en ai souffert, même si ce n'était pas flagrant. Ce Championnat était très important pour moi et il fallait, en quelque sorte, que je m'en débarrasse. J'espère ne pas t'avoir fait trop de peine.
Tom se retourna vers Marie. Elle le regardait, le rouge aux joues. Il avait le don pour la mettre dans des situations embarrassantes comme celle-ci.
-Marie, je t'aime, et cet amour, aussi puissant soit-il, ne peut pas être représenté, si ce n'est par le bonheur qui vit en moi chaque seconde.
-Tom, murmura-t-elle, arrête tes conneries !
-S'il est impossible de le représenter, continua-t-il, il est alors impossible et serait idiot, de vouloir le rendre matériel, et de vouloir le noter, le célébrer, où je ne sais quoi.
Le public restait muet, excepté Marie qui s'approchait dangereusement de Thomas pour l'étrangler.
-Thomas Bratin, arrêtez votre drague devant des milliards de gens !!!
-Marie, il y a trois ans, lorsque tu étais partie chez toi à Kanto, je t'avais offert une bague. A l'époque, je m'étais trompé, je ne savais pas vraiment ce que ça représentait, je pensais que ça impliquait juste d'être plus proche, rien d'autre. Mais aujourd'hui, je sais. Cet amour que je te porte ne peut pas être matérialisé …
A ce moment là, le temps sembla s'arrêter pour la petite amie de Thomas. Il venait de se retourner complètement et lui faisait face. Il avait lâché son micro mais on l'entendait encore, car un vrai silence régnait dans le stade. Marie comprit, en voyant le regard de Tom, qu'il était sérieux depuis le début, et que son discours n'était pas un petit jeu pour tenter de l'émouvoir ou bien de l'énerver. Il y avait quelque chose de profond, un but caché, et elle osa à peine l'entrevoir.
-Pourtant Marie, continua Tom dont la voix tremblait, je sais que tu tiens beaucoup à célébrer cet amour. Et quand bien même cela ne représenterait qu'une infime partie de ce que je ressens, si c'est important pour toi, alors c'est important pour moi. J'ai compris ma chérie, j'ai compris ce que tu ressentais, car je t'aime plus que tout au monde. Marie.
-Oh… mon dieu, fit-elle en voyant la boîte qu'il sortit de sa poche.
Léa faillit défaillir et du s'accrocher à Max pour ne pas s'évanouir.
-Marie Salvino, reprit-il, voulez-vous être ma femme ?
-T…Thomas.
Alors elle tendit sa main et relevant ses sourcils, souriant malgré les larmes qui perlaient le long de ses joues, tentant de prononcer ne serait-ce qu'une syllabe malgré ce sentiment qui l'assaillait de toute part, elle répondit :
-Oui.
Il ouvrit alors d'un simple clique la boite, révélant le plus beau bijou qu'elle n'eut jamais l'occasion de voir. La bague était très simple, très stylisée, son centre était d'un noir pur, tandis que son contour était recouvert d'un diamant étincelant de blancheur. Le plus surprenant était que le contour de ce diamant était vert, il s'agissait en fait d'une ceinture d'émeraude qui recouvrait le bijou.
-Le cœur noir, en cordiérite foncée, ce sont tes yeux, si beau.
-…
-Le pourtour blanc, en diamant, c'est le tour de ton œil, et ton âme, et ton cœur, bref, la pureté.
-Tom…
-Et ce qui entoure encore, c'est de l'émeraude. Tes cheveux mon ange.
-Thomas…
Indépendamment de leur volonté, ou plutôt, comme si cela échappait à leur volonté propre, leurs deux lèvres s'unirent en un somptueux baiser. Fut-il plus beau que leur premier ? Que celui qu'il lui fit lorsqu'il la ramena à la vie, ou bien lorsqu'elle tenta de le ramener à la réalité après les épreuves qu'il avait endurées ? Ce baiser était comme les autres, indescriptible, et leurs deux cœurs s'enflammèrent à l'unisson comme à chaque fois que leurs bouches se touchaient et que sa main venait caresser sa nuque, et que ses yeux venaient se refléter dans les siens. Lorsqu'en cet instant unique, si court et à la fois insensible au temps, ils ne formaient plus qu'un.
Tous furent émus, et Sylvain dut se retourner car une poussière était rentrée dans son œil. Le public acclama de tout son cœur cette déclaration poignante et le couple s'en alla, comme étant le vrai vainqueur de cette soirée. Mais après tout, il était vainqueur depuis la nuit des temps, depuis que Tom avait connu Marie, et depuis qu'ils se vouaient un amour éternel et infini, c'est-à-dire toujours.

Maxime serra la main de Laetitia, Jérôme de Gaëlle. Chacun ressentit en cet instant, qu'il soit devant sa télévision ou face au couple, un intense sentiment de tendresse, à croire que l'amour du jeune couple était contagieux.

Après tant de péripéties et d'aventures, ainsi se termina l'histoire de Tom et Marie ? Peut-on vraiment dire qu'il s'agissait d'une fin ? Au contraire, ce n'était pas même un début, seulement le prolongement d'un bonheur parfait qui ne s'éteindrait jamais. Cette histoire cependant prend fin ici, alors que le Champion Nounours refusa, ce fameux été 2006, après avoir successivement gagné la Coupe de France, puis la Coupe d'Europe, vaincu le mouvement Rocket dans le monde, de rester Champion du Monde. Le titre fut alors remis en jeu, et les amis de Tom se retrouvèrent bientôt à l'embarcadère de l'aéroport de New York. Autant dire qu'ils étaient nombreux et que les effusions de larmes le furent également. Brandon promis de rappeler ses amis, de même qu'Abhra, Genzo, Douglas et tous les autres.
-Le monde est vaste, mais on s'y retrouve facilement, fit Sylvain, on aura qu'à faire des supers soirées chez moi !
-En voilà une bonne idée !
-Mais j'en ai toujours des bonnes idées ! Sylvain est le meilleur.
-Mais il ne gagne pas toujours.
-Oh si, parce qu'être heureux, c'est toujours gagner.
-Tu as toujours réponse à tout toi !
-Quand je n'ai pas réponse à tout, je me tais !
-Pour le vol à destination de Paris, c'est embarcadère 9, allez hop !
-Hey, poussez pas !
-Je pousse si je veux minable !
-Maxime !
-Giorgio arrête de faire l'imbécile !
-Souris mon petit Jérôme.
-Mais…
-Voilà, tu es plus mignon !
-Allez dépêchez-vous, on va rater l'avion, déjà qu'on occupe la moitié de l'engin !
-Oh toi, le Champion du Monde Casanova !
-Hey, lâche mon homme !
-Mais…
-Allez ALLEZ !

L'avion disparut dans le ciel, emportant avec lui beaucoup de bonheur, ainsi que le couple le plus heureux de l'univers.


Quelques heures plus tard, à Monche-Ville.
-Tomy d'amour, on a deux cent milles lettres à ouvrir !
-Bah voyons, gaz de France, électricité… Pas une seule lettre de Fan.
-C'est toi qui a voulu être anonyme.
-N'empêche que je vais devoir changer de look, tout le monde m'a arrêté dans la rue pour me féliciter.
-Et bien, avec l'argent de ta célébrité, tu vas pouvoir payer les factures !
-Ou alors je vendrai ta bague !
-Maaaaaaaaaaaaaaais !
-Bon ok, pas avant le mois prochain.
-Je le dirai à Monsieur le Maire ! Je lui dirai que tu es un affreux… euh, un affreux truc !
-Je ne sais pas s'il comprendra, il parle mal le Beluga !
-THOMAS BRATIIIIIIIIIIIN ! Fit-elle en se jetant sur lui.
-MARIE SAL….
-Oui, tu peux encore le dire !
-Plus pour longtemps ! Mais dis moi charmante futur ex-demoiselle.
-Oui, ô futur époux ?
-Est-ce que ça te dirait de finir cette discussion en criant juste mon prénom ?
-Il faudra me donner de la matière pour.
-Tu doutes des capacités du Champion du Monde de batifolage toute catégorie confondue ?
-Oh que non, allez Monsieur Bratin, allons crier ton nom sur le canapé !
-YOUPIIIIIIIIII !


A quelques kilomètres de là, un autre couple était collé l'un contre l'autre, mais de façon bien plus câline. Laetitia pleurait.
-Alors tu as une date pour notre mariage et tu me le cachais depuis tout ce temps ?
-Et oui, c'est ainsi. Et j'en ai parlé avec Thomas dans l'avion.
-Lorsque vous vous êtes éloignés ?
-Oui.
-Et ?
-Et bien j'ai une question à te poser. J'espère que tu seras d'accord, ça va te paraître bizarre, surtout venant de moi, et tu peux toujours refuser.
-Je t'écoute, fit Léa avec un grand sourire.
-Et bien, je me suis arrangé pour que nous fêtions nos deux unions tous les quatre.
-Oh, mais ce sera un moment magique ! Cela m'étonne quand même que tu songes à le faire avec ton ''minable de rival'', fit Laetitia en prenant une voix grave.
-A croire que j'aime les minables, surtout quand ils ressemblent à CE minable. Mais il y a quelqu'un que je préfère bien plus.
-Une charmante petite brune ?
-Comment as-tu deviné ?
-Intuition féminine.
Ils s'embrassèrent.






-Fin-