Ace Detective, Diamond Smoke: pokémeurtres de Sushiclub

Ace detective, Diamond Smoke.


La vie ne tient qu'à peu de choses. Mon bonheur aussi.
Une pipe, quelques ronds de fumée et me voilà totalement détendu. Les pieds sur mon bureau, calé au fond de ma chaise, les bras derrière la tête, j'étais en position du parfait fainéant.
Devant moi, je pouvais voir mon enseigne placardée sur la vitre, « Détective privé, Diamond Smoke », avec mon numéro de téléphone précisé en bas.
Je n'avais rien trouvé de plus original pour attirer les clients. Et je n'avais rien cherché de plus original non plus.
Je m'ennuyais, rien ne me motive.
C'étaient les bonnes enquêtes qui suscitaient mon excitation. Celles où la police ne peut rien. Mais ce genre d'enquête existaient-elles encore ?
Je prenais ma grille de sudoku, seul remède pour stimuler mon mental. Sans elle, depuis le temps que je moisissais dans mon bureau, je serais devenu un légume.
Mon fidèle et seul partenaire, Caninos, dormait à mes pieds. Avec un flair à toute épreuve et surtout étant la seule personne à me foutre la paix, je ne supportais que ce pokémon.
Comme chaque mois, ma seule préoccupation était de trouver assez d'argent pour payer le loyer.
Et rembourser mes dettes. Je m'en acquittais pour en faire à nouveau le mois suivant, les dettes, c'était mon cercle vicieux, en somme.
Les clients ne manquaient pas, mais aucune de leurs enquêtes n'en valaient la peine. J'avais des pressentiments, on se présentait à moi, j'évaluais déjà la complexité de l'affaire. Et bien souvent ce n'était qu'un mari qui trompe ou un ami d'enfance perdu de vue.
Aucun intérêt.
Le téléphone sonnait. Caninos, habitué, ne se leva même pas.
Une affaire de filature. Je raccrochais avant que le client n'est fini de m'expliquer les détails de son histoire.
Las, je reprenais ma pipe.
Dehors, la pluie tombait, les gouttes s'abattaient sur la vitre de mon bureau. Un temps typique à Vestigion. L'averse était violente mais j'aimais la pluie.

Dix minutes plus tard, on frappa à la porte. Il était rare qu'on aille me voir en personne. Je me levais en baillant, prenant mon imperméable accroché au porte manteau.
Je devais avoir une allure professionnelle.
J'ouvris la porte, une femme, d'environ trente ans, entra accompagnée d'un Ptiravi. Tous deux étaient trempés.
La femme s'approcha de mon radiateur sans vraiment me demander la permission. Elle avait de long cheveux blonds et mouillés et un visage doux.
Je vis un grand collier de pierre précieuse qu'elle arborait fièrement, signe qu'elle venait d'un milieu aisé.
Après s'être réchauffée, elle prit Ptiravi dans ses bras, et me regarda dans les yeux.
-J'ai besoin de vous.
Elle avait une voix claire. On avait fait mieux en matière d'appel à l'aide.
-Oui, un peu comme toutes les personnes qui se présente dans mon bureau.
La remarque ne la vexa pas, l'affaire devait être sérieuse. Elle éveillait ma curiosité.
-Enfin, que puis-je faire pour vous madame… ?
-Jewels. Amanda Jewels.
-Bien…Amanda.
Je la provoquais en l'appelant par son prénom, mais la encore, elle s'en moquait. J'en déduisis que l'affaire étais suffisamment grave pour mériter mon intérêt.
-J'ai entendu parler de vous Mr.Smoke. Et surtout de votre réputation.
-Donc vous devez savoir que je n'accepte pas tous types d'affaires.
-En effet. Et je fais appel à vous par rapport à une lettre de menace.
Elle sortit une enveloppe de sa poche. Je voulais en savoir plus.
-A qui est-elle adressée ?
-A mon mari.
-Que fait-il ?
-C'est le PDG de l'entreprise « Pokécatch ». Elle développe de nouveaux modèles de pokéball.
-Je vois, j'en ai entendu parler. Puis-je ?
Mme.Jewels me tendis la fameuse lettre. Je la dépliais, les yeux rivés sur son contenu. Une écriture grossière et penchée prouvait que je ne pourrais retrouver l'expéditeur simplement à sa façon d'écrire.

« Vous m'avez volé mon avenir.
A l'apogée de votre orgueil, le jugement de la mort s'abattra sur votre existence.
Profitez de cette soirée.
Elle sera la dernière. »

Je rendais la lettre à ma cliente, me répétant les mots qu'elle contenait. A priori, il n'y avait aucun message caché.
Amanda me regardait avec inquiétude.
-Ce message parle d'une « soirée ». Vous savez de quoi il s'agit ?
-Ce soir, l'entreprise sort son premier modèle de pokéball. Un nouveau prototype capable de faciliter la capture des pokémon aérien, la Flyball. Pour fêter ça, mon mari organise une soirée privée dans son manoir.
Une soirée privée ? L'expéditeur faisait donc partie de ses proches…
-Pourquoi ne pas la reporter ?
-Mon mari, Philippe Jewels, refuse de croire à cette menace. Il pense que c'est une plaisanterie. De ce fait, il ne voit aucune raison de changer la date de la soirée.
-Mais vous, vous pensez que la lettre est sérieuse. Qui sont les invités présents à la soirée ?
-Eh bien, d'autres chefs d'entreprises, et des proches…J'attends de vous que vous protégiez mon mari ce soir ainsi que vous trouviez l'expéditeur. Pour ne pas éveiller les soupçons je vous présenterai comme un ami intime.
-J'accepte l'affaire. Laissez-moi la lettre. Où et à quelle heure dois-je me rendre chez vous ?
-Vingt heures, au manoir de la forêt Vestigion.
-Vous pouvez compter sur moi.


La nuit tombée, je me rendais chez les Jewels. La lettre ne m'avait rien appris de plus si ce n'est que l' « orgueil » faisait sans doute référence à la fierté de Mr.Jewels.
J'arrivais devant un gigantesque manoir. Je frappais à l'imposante porte d'entrée.
Un majordome m'ouvrit. Il était vieux, moustachu, des lunettes rondes, l'archétype du domestique.
Je m'apprêter à franchir le palier quand il m'arrêta.
-Madame m'a ordonné de fouiller les invités.
-Faîtes.
Il chercha partout, dans les poches, l'imperméable et inspecta même les chaussures. Il était quasi-impossible d'entrer avec quelque chose de dangereux. Je fus aussi forcé de sortir Caninos de sa pokéball.
Le majordome le jugea inoffensif et me laissa entrer.
Le hall était luxueux avec des statues de pokémon en marbre. Il menait directement à la salle à manger où tous les invités devaient aller.
La salle était bondée et animée. Le brouhaha des discussions résonnait dans la pièce, sur une estrade bien en vue, on pouvait voir Mr.Jewels qui supervisait la soirée. C'était un homme grassouillet avec une moustache grise peu attirante.
J'en déduisis que Mme.Jewels l'avait sans doute épousé pour l'argent. Où était le véritable amour de nos jours ?
En me baladant un peu je croisais diverses personnes fortes peu susceptibles de commettre un meurtre. Les invités profitaient de l'apéritif mis à leur disposition étalé sur de grandes tables.
Un convive tendait des petits fours à son Bekipan qui les avalait immédiatement.
Il était gracieusement habillé, j'en conclus que c'était une personne haut placée.
En approchant je me rendis compte qu'il était plutôt jeune.
-Bonsoir Mr… ?
-Je vous retourne la question qui êtes-vous ? Je ne me souviens pas vous avoir rencontré.
-Diamond Smoke, un ami de Madame.
-Je suis Mr.Xeres, PDG de l'entreprise potion&co, fournisseur dans les pokéshops. Vous avez déjà dû entendre parler de moi par Mr.Jewel.
J'aurais dû sans doute, si j'avais vraiment été un de ses proches.
-Oui, bien sûr.
-Ah, Amanda viens nous voir.
Amanda portait une très belle robe de soirée. A côté d'elle, je vis une femme inconnue fixer Xeres avec intensité. Celle-ci ne le quittait pas des yeux. Elle était accompagnée d'un Lovdisc.
Amanda me prit par le bras.
-Je vais présenter Mr.Smoke aux autres invités, j'espère que vous appréciez la soirée Mr.Xeres.
-Mais, tout à fait.
Mme.Jewels me mena dans un coin pour me chuchoter quelques indications.
-Désolé, j'ai demandé au majordome, Mr.Hawkins, de fouiller tout les invités. J'ai moi-même vérifié qu'il ne portait rien de suspect.
-Donc toutes les personnes ici présentes n'ont rien de louche sur eux. Pas d'armes à feu, ou de poison ?
- En effet. Vous voyez le micro sur l'estrade ? A neuf heures mon mari va faire un discours.
Elle s'interrompit.
-Mince, Mr.Hikari vient vers nous.
-Qui est-ce ?
-Un ami d'enfance de mon mari.
C'était un homme souriant, il portait une cravate avec un costume noir. Il tenait un verre de champagne à la main. A ses côté, un Caratroc me regardait.
-Ah ! Amanda ! Je vous cherchais. Qui est votre ami ?
-Smoke Diamond, enchanté.
Il me serra la main.
-Tout le plaisir est pour moi. Amanda, reste-il un peu de vin blanc ? Je n'arrive pas à en trouver.
-Je dois avoir des bouteilles en réserve. Hawkins est occupé à fouiller les invités, je vais en chercher aux cuisines.
Elle partit vivement, me laissant seul avec Hikari. Xeres nous rejoignit avec son fidèle Bekipan.
-Vous êtes là Hikari ? Cet Hawkins m'a fouillé comme à un contrôle policier, je déteste ça ! Qu'est-ce qu'Amanda imagine ? Qu'on va lui voler quelque chose ?
Apparemment les convives n'étaient pas au courant pour la lettre de menace. Je parlais avec précaution pour ne pas commettre une gaffe.
-Elle doit avoir ses raisons.
-Tu parles ! Elle ne fait confiance à personne !
Hikari se tenait la tête.
-Calme-toi Xeres. Tu peux toujours profiter du buffet à volonté, c'est le principal non ?
-Oui c'est vrai, mais tout de même, quelle impolitesse.
Hikari n'avait pas l'air bien.
-Aïe. Il y a trop d'agitation ici, ça me donne la migraine.
-Tu as des cachets dans la salle de bain Hikari. Amanda me l'a dit quand je me suis tâché avec du champagne.
Il partit chercher les médicaments. J'étais à nouveau seul avec Xeres. Il se pencha vers moi pour me confier quelque chose.
-Vous connaissez cette fille là ? J'ai demandé son nom au majordome. C'est Iris Soft, une amie de Mr.Jewels. Elle ne me quitte pas des yeux depuis mon arrivée.
-Je ne lui ai jamais parlé.
-Je me demande ce qu'elle me veut. C'est inconvenant.
-Aucune idée, vous devriez aller lui parler.
-Peut-être. Je dois prendre congé, j'espère vous revoir dans la soirée.
Il s'éloigna.

Les minutes passèrent. Mme.Jewels était revenue, elle se situait sur l'estrade avec son mari.
Celui-ci prit le micro pendant que sa femme lui versait un verre de champagne. Il se racla la gorge pour attirer l'attention sur lui.
Les invités cessèrent de parler. Toutes les têtes étaient tournées vers Mr.Jewels, moi, je devais redoubler de vigilance.
-Mesdames, messieurs, je vous suis très reconnaissant d'être venu ce soir. Nous allons fêter l'aboutissement du meilleur projet de notre entreprise, la Flyball !
Le public applaudit, Mr.Jewels était ravi d'être le centre d'attention. Personnellement, je n'applaudis pas. Je n'aimais pas les discours et ce type n'avait aucun charisme.
Il reprit.
-La Flyball sera mise en vente dès demain. Je vous invite à célébrer notre futur succès en levant votre verre à la gloire de l'entreprise !
Les invités levèrent leurs verres, ils n'attendaient plus qu'une chose : que Mr.Jewels boive à la santé de tous pour reprendre la conversation.
Mr.Jewels avala une gorgée de champagne…avant de s'effondrer sur le sol.

Fin de la partie 1.