L'horreur s'organise
Je me réveillai un peu fatigué le lendemain. Sans réellement comprendre où d'ailleurs. Le fait même de dormir dans la cave, sur des lits de fortune avec ma famille m'étonna au plus haut point sur le moment. Puis mes souvenirs revinrent petit à petit. Les attaques de pokémons, mon père qui nous précipita à la cave... Je me levai donc le premier. D'une petite lucarne en haut de la pièce, lucarne au niveau du sol en fait d'ailleurs, la cave étant creusée dans le sol, je pus voir le soleil déjà levé depuis peu. Le temps était calme, et le silence régnait. Peut-être mon père s'était-il trompé?
La télévision était juste à côté de moi dans la grande pièce. Mes parents dormaient chacun dans leur petit lit vert, des lits de camping en fait, près de la porte. J'étais de l'autre côté de la pièce, qui faisait environ 5 mètres de long à vue d'œil. Quoiqu'hésitant, je me mis à allumer la télé en coupant le son. J'avais un peu d'appréhension à l'idée de voir des images apocalyptiques avec des effusions de sang et de toute l'horreur imaginable si les Pokémons se rebellaient contre les humains. J'avais à la fois raison d'avoir peur et tort.
Plusieurs villes avaient été attaquées, les villes du Nord du Kantô. Azuria était sous les décombres, et les journaux diffusaient des vidéos d'amateurs dans lesquelles on pouvait voir des Pokémons aquatiques et électriques faire la paire pour faire le plus de dégâts. Leur combinaison leur permettait en effet d'arroser de grande surface avant de les griller juste après. Les dégâts matériels étaient en effet très importants... Un hélicoptère survolait la zone et diffusait des images en direct. On aurait dit qu'un ouragan avait dévasté la zone, et le désastre continuait. Des Elekteks par groupe de trois allaient chercher des gens dans les carcasses de maison tenant encore debout pour les abattre. De part et d'autre du champ d'horreur que la chaine nous mettait sous les yeux, des cadavres gisaient, mais pas que des humains. Certains Pokémons en effet avaient choisis de rester fidèles à leurs dresseurs et devaient être considérés comme des traîtres je suppose, mais étaient exécutés au même ordre que les humains. Je détournai mon regard quelques secondes du poste pour regarder les deux pokéball que j'avais réussi à cacher sous un manteau. J'étais sûr et certain que si je prévenais mon père comme quoi j'avais pris des Pokémons, susceptibles de se rebeller au même titre que les autres après tout, il se serait débrouillé pour les ré-envoyer dehors.
Un flash émanant de la télévision me surprit, et je regardais peu après une chose qui, si on me l'avait raconté, m'aurait plutôt fait rire par son absurdité mais qui ici m'a horrifié. Une dizaine de Dracolosses débarqua par le Nord. Si ce n'avait été que ça, ca ne m'aurait pas plus étonné que ça, après tout des Pokémons exécutaient des humain plus au Sud, mais le problème venait du fait que les Dracolosses lançaient des Ultralasers sur les immeubles encore miraculeusement intactes. D'immenses fosses partaient des Pokémons et arrivaient jusqu'à leurs cibles, souvent de grands monuments susceptibles d'accueillir du monde, fosses creusées par les gigantesques lasers créés par les Pokémons. Les militaires encore peu vus utilisaient leur balistique habituelle, cependant si les dégâts sur les troupes Pokémons ennemies étaient concevables, le ratio Pokémon hostile tué/militaire tué était largement supérieur à un. L'hélicoptère prit encore un peu plus de hauteur. Tandis que l'hélicoptère fit sa manœuvre d'ascension, le bandeau qui défilait en bas de l'écran, d'habitude bleu azur, était rouge pétant. Il disait que les personnes situées au Nord devaient évacuer les zones et fuir vers le Sud dans des villes comme Parmanie, ou encore Cramois'île. J'entendis quelque chose dans mon dos.
"C'est tout simplement inconcevable... Qui aurait pu prévoir ceci? Les Pokémons qui se rebellent, et qui s'organisent en plus. C'est impossible, quelque chose doit être derrière tout ça..."
Mon père était assis sur son lit. Ma mère dormait encore elle. Il me fit signe de monter un peu le son. Des cris d'horreur et des bruits d'explosion faisaient un énorme contraste avec le calme ambiant de Cramois'île. Mon père et nous sortîmes de la maison pour voir dehors. Des gens arrivaient par grands ferrys. Je regardai derrière moi, et vit du haut de l'hélicoptère des convois éloigner les populations civiles des lieux du carnage. Sur ces camions étaient accrochés des écriteaux "Direction: Cramois'île". Nous laissâmes un petit papier sur le lit à côté de ma mère que nous ne voulions pas inquiéter pour rien. Nous partîmes donc pour le port, mes Pokémons avec moi. Des dizaines de ferrys accostaient, et des milliers de personnes attendaient, comme des réfugiés. Quelques Pokémons restaient avec leurs maîtres, qui leurs faisaient encore confiance. La sirène de l'île retentit quelques minutes, avant qu'un message du maire de la ville nous rassure.
"Je demande à tous les citoyens de Cramois'île de venir sur la place centrale devant la mairie, merci d'avance."
Nous allâmes chercher ma mère, et nous repartîmes donc vers le centre de l'île, tout en passant devant les réfugiés qui attendaient.
Environ 20 000 personnes patientaient l'intervention du maire sur la place centrale de la ville. Nous étions au premier rang, en effet, grâce au statut de mon père nous avions eu le droit d'avoir de bonnes places. Bien qu'étant debout, et que des personnes plus grandes que mon mètre 80 étaient devant moi, je voyais très bien le balcon du premier étage de la mairie. Soudain, un petit homme un peu bourru, avec le crâne dégarni. Il prit la parole.
"Je souhaiterai tout d'abord vous remercier de votre venue. Comme vous le savez, la situation est critique dans toute la région, et on m'a signalé ce matin qu'elle envahissait tout le pays et d'autres pays du monde, bien que la rébellion soit la plus prononcée dans notre région. Notre gouvernement a donc choisi de réagir en conséquence, en déplaçant les population du nord vers le sud, plutôt épargné jusqu'à présent.
-Mais notre île est petite, nous n'allons pas pouvoir accueillir tout le pays ici! Je vois déjà des milliers de personnes arriver, on va les loger comment? fit une voix qui se levait du public, aussitôt acclamée par le reste de la foule.
-Nous n'allons pas accueillir toute la population du pays c'est évident. Mais c'est notre devoir d'aider ces gens qui sont obligés de fuir leurs maisons, tous leurs biens à cause de cette rébellion, et nous allons les aider!
-Nous on veut bien hein, mais on les loge et on les nourrit comment? fit une autre voix
-Des ces ferrys il y a de la nourriture, en grande masse donc le problème n'est pas là. Chaque personne en revanche devra accueillir quelqu'un dans son foyer, des familles même si c'est possible. Nous leur en serons reconnaissant dès que la crise sera passée, mais pour l'instant il n'y a pas d'autre choix possible."
Un taulé général s'en suivit, avant que le maire ne reprennent la parole:
"C'est notre rôle de faire ça, nous serions bien contents d'être accueillis nous si nous étions dans leur situation, alors nous allons le faire, et avec un grand honneur!"
Le taulé général s'apaisa, et le maire fut même applaudi par une partie du publique, celle dans laquelle nous étions d'ailleurs. Puis la foule se dispersa quand le maire salua la foule, et des militaires sur place nous fîmes suivre un chemin vers le port. Nous étions dans les premiers de la longue file d'attente. Il s'est avéré qu'en fait nous allions accueillir du monde. Nous arrivâmes donc à une espèce de petit guichet improvisé. Un militaire visiblement haut gradé avec ses médailles et ses blasons nous demanda combien de personnes nous pouvions accueillir. Ma mère lui dit alors que notre maison pouvait accueillir 4 personnes si elles se serraient. Il demande donc à un subalterne d'aller chercher une famille de quatre personnes. Un homme assez grand, une femme avec un bébé et une petite filles vinrent alors avec des bagages. Ils avaient l'air en état de choc, en plus d'être fatigués. Mon père et moi les aidâmes alors à porter leurs bagages. Nous les installâmes dans nos chambres, mon vieux landau servait pour le petit, comme quoi nous avions bien fait de le garder. Nous leur fîmes du café, et nous commençâmes à discuter. Ils venaient d'Argenta apparemment. Vers quatre heures du matin des militaires vinrent les chercher chez eux, avant de faire un voyage de sept heures pour venir ici. L'attaque des Pokémons commençait lorsqu'ils fuirent leur ville. Ils irent se reposer peu après. Mes Pokémons me regardaient, inquiets. Je les avais sortis en revenant. Voir des Pokémons calmes et agréables les avaient un peu détendus, et rassurés quant à la nature des Pokémons.
Une nouvelle époque commençait, une époque de guerre probablement. Il fallait savoir d'où venait cette rébellion, et essayer d'entamer une discution. Les jours suivants, des gens continuaient à arriver, mais des camps s'installèrent dans la ville. Une défense armée s'organisait sur la ville qui devenait le bastion de la Résistance. Les attaques au nord se suivaient, Lavanville et Jadielle avaient été rasées. Le soir j'allai donc me coucher sur mon lit de fortune, quelque peu rassuré par ce qui se passait. Des pokémons étaient enrôlés dans l'armée, mais les miens même s'ils étaient puissants (je n'étais pas le meilleur dresseurs de la catégorie moins de seize ans pour rien après tout), ne l'étaient pas, le fait d'appartenir à un mineur les protégeaient. Le monde allait bouger...