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» Auteur : fan-à-tics - Voir le profil
» Créé le 15/02/2010 à 23:51
» Dernière mise à jour le 15/02/2010 à 23:51

» Mots-clés :   Présence de personnages de l'animé   Présence de poké-humains   Présence de shippings

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Episode 43 : Une nouvelle année, un nouveau départ.
-chapitre 42- Partie 2-La mise au « poing ».

La suite qui annonce des temps plus heureux…Avant la nouvelle chute mais ça chut !!
J'en profite pour souhaiter un bon anniversaire à Mixy ! C'est grâce à elle que vous avez le nouveau chapitre de suite, dites lui merci parce que ça me coûte énormément –gros mensonge-.
Encore merci pour vos adorables commentaires, qui eux aussi m'ont poussé à vous envoyer la suite si rapidement, je n'ai aps encore pris le temps d'y répondre individuellement mais ça viendra dans la semaine, ne vous en faites pas, ils m'ont fait tellement plaisir que je ne suis pas prête de les oublier !

Allez sur ce, bonne lecture et gros bisous !

Bonne lecture !


Peter après le combat titanesque qui avait eu lieu dans la soirée, ébahi, était retourné dans son antre –la grotte sous la cascade-, avec une expression indéfinissable. Sûrement l'adhésion d'Eléanore le ravissait-il, dans tous les cas, malgré sa bonne humeur, il avait ordonné à Daniel de venir le voir à une certaine heure dans son bureau. Lucas aussi avait été invoqué par sa cousine Marion, dans les alentours de neuf heures du soir. Les deux garçons s'y étaient dirigés donc en silence, ayant à peine eut le temps de comprendre dans quel chalet ils allaient tous loger. Eléanore, revenue de toute évidence de sa promenade avec une apparente bonne humeur, installait déjà ses affaires en silence quand ils étaient partis, seule dans la demeure, tous ayant déserté pour diverses raisons.

Daniel soupira et referma la porte derrière lui, pénétrant dans une pièce à peine éclairée. S'il avait été du genre peureux, probablement aurait-il fuit à toutes jambes dès le premier craquement sinistre du plancher sous ses pieds. Cependant, il n'était pas vraiment le genre à s'affoler pour si peu, malgré lui, son cerveau lui répétait que rien ne pouvait arriver, qu'il avait simplement rendez-vous avec Peter, qu'il était en sécurité. Cela n'empêchait en rien son imagination débordante d'inventer une attaque surprise de l'ennemi, mais étrangement, la « voix-off » de sa conscience filtrait, séparait réalité et monde imaginaire, le séparait lui et ce genre de sentiments.

Un déclic sourd retentit entre les quatre murs de la pièce, une lueur apparut d'un coup, sculptant le visage grave de Peter directement dans les ténèbres qui les englobaient. Les iris flamboyantes, mordorées du maître dragon brillaient, comme pour souligner sa mine sérieuse. Les mains entrecroisées, soutenant son menton, il fixait Daniel, avec une expression indéfinissable.

La tension grimpait, même lui sentait cela, aussi le gamin rêveur resta au garde-à-vous docilement, attendant simplement qu'on lui donne un ordre auquel il obéirait docilement. Cela marchait souvent comme méthode, se taire et attendre que ça passe.

Cela se révéla encore une fois productif, puisqu'au bout d'un moment, exaspéré, Peter soupira bruyamment tout en en se levant de son siège pour se planter devant le gamin et le toiser de toute sa hauteur.

-Tout d'abord je tiens à te féliciter, pour avoir capturé le membre d'Opale. C'est un immense pas en avant pour Twilight, grâce à ta victoire, nous avons pu le soumettre à un interrogatoire sous l'hypnose, et savoir quels étaient les bugs du système que les Teams exploitaient pour nous surveiller.

Daniel se gratta la joue, désorienté, voire embarrassé. Il esquissa un sourire puis souffla :

-Je n'étais pas tout seul, Si Lucas ne m'avait pas aidé pour mettre ses Pokémons hors d'état de nuire, jamais je…
-Tu es le digne fils de Nathaniel. Attaquer le dresseur volontairement, pour arrêter un combat dans lequel tu n'avais aucune chance, c'est vraiment bien joué.

La répliqua coupa l'herbe sous le pied de Daniel, qui se contenta d'un faible rire rauque, bien peu sincère. On ramenait encore ça sur le tapis, son interlocuteur n'en avait probablement pas conscience, alors il ne pouvait pas le blâmer pour ça, mais vraiment, lui dire ça ne lui remontait pas le moral.

-Cependant…

La voix de Peter prit une intonation plus grave, plus lourde de critiques, le temps des félicitations venait de passer.

-Ce que disent les personnes une fois hypnotisées, est forcément vrai, ou tout du moins reflète ce dont est persuadée la victime.

Daniel serra les poings, anticipant déjà ce que le sbire d'Opale avait bien pu lui dire.

-Twilight ne peut pas se permettre d'avoir des membres dépourvus de sentiments, des personnes qui pensent pouvoir faire justice eux-mêmes. Tu as failli tuer ce dresseur d'après ce qu'il nous a dit. Tu as la trempe d'un tueur d'après lui. Il dit même qu'il revoit en toi le Méfistos d'autrefois, qu'il a élevé.

Peter s'avança vers son subordonné camouflant avec difficulté sa colère contenue.

-Que ce soit clair Daniel, nous arrêtons ces criminels pour les remettre entre les bras de la justice, nous ne sommes pas des bourreaux, il est hors de question de tuer qui que ce soit, aussi mauvais soit-il.
-Je le sais déjà. Murmura le brun doucement. – Ne vous inquiétez pas pour ça, jamais je ne tuerai quiconque, je sais que chaque être est relié à un autre, et que la disparition de ce lien causerait de la peine à un innocent. Je peux partir ?

Il entamait déjà son mouvement de fuite, la poigné dans sa paume tourna, et la paroi de bois se souleva légèrement sous son action, avant de claquer violemment, ployant sous la force du coup de Peter dessus. Le jeune chasseur de shiney laissa sa prise lui échapper, sans réellement de mécontentement. Il se figea et ne bougea plus, se souciant peu de Peter qui entravait son seul et unique chemin de sortie. Devant la frimousse impassible de l'adolescent, le maître dragon s'emporta :

-Tu mens ! Ce type est persuadé que tu vas finir en serial killer ! Il nous a dit que tu ne devais probablement rien ressentir devant une personne qui souffre ! Que tu es probablement égocentrique, sans compassion, que tu apprends à imiter les autres, à paraître normal… ! Ne me ment pas, il y a une part de vérité dans ce récit ! J'ai vu les vidéos rescapées de la tentative d'assassinat, tu as ignoré des gens blessés ! J'ai parlé à ton père, il m'a confié ses problèmes relationnels ! Alors dis-moi Daniel, j'ai raison en pensant que non seulement tu ressembles à ton père, extérieurement mais intérieurement ?

Cette fois, le kazamatsuri tiqua ostensiblement, son sourire d'effaça d'un coup et ses sourcils se froncèrent.

-Vous vous trompez. Siffla-t-il faiblement. –Je ne suis pas comme lui.
-Tu ressens des émotions ? Tu n'entends pas de voix qui te coupe du reste de la planète ? Tu ne te demandes pas pourquoi les autres y arrivent et pas toi ? Tu ne ressens pas du plaisir à faire souffrir les autres.
-Non !

Son ton lui parvint plus angoissé et fort qu'il ne l'avait voulu. Accablé, honteux, il baissa la tête et contempla ses pieds, pris dans ses pensées. Peter l'admira un moment, puis poussa un nouveau soupir avant de lâcher :

-Si c'est vrai, alors tu peux partir, en me promettant ni de mourir en mission, ni de tuer un ennemi. Si c'est faux, alors…Je chercherai un spécialiste qui viendra t'aider, un psy, quelqu'un qui permettra d'enrayer ce phénomène avant qu'il ne soit trop tard.

Comme pour illustrer ses propos, il s'écarta du seuil, et afficha une mine de défi, comme pour inciter son interlocuteur à se jauger lui-même, à saisir l'importance de sa réponse, lui montrant officieusement qu'il ne pouvait oser le tromper.

Daniel, la frimousse baissée, fit quelques pas en avant, muet, sans relever du chef, il attrapa la poigné et la tourna pour se retirer. Peter le suivit du regard, attristé par ce silence, il avait abandonné toute lutte, retournant à son bureau quand enfin, un son échappa à Daniel. Comme si avoir rompu le contact visuel lui avait ôté cette gêne paralysante, cette barrière mentale entre lui et les autres.

-Je ressens des émotions. Je suis triste quand je vois des gens que je connais, que j'aime, souffrir. Ca me fait tout autant mal qu'à eux. C'est juste que…que j'ai cette voix qui…Elle n'est pas effrayante, au contraire, elle me calme, mais en même temps…Je la déteste, parce qu'elle me rend réaliste.

Le bruit de la porte claqua derrière lui. Peter sursauta, prêt à le poursuivre, mais la dernière phrase du brun le stoppa dans sa course, le fauchant, le balayant vers une surprise confuse.

Quel mal y-avait-il à être réaliste ?

Bien entendu, il ne pouvait pas savoir. Pas comprendre ce que cela faisait, de savoir toutes ses illusions fausses, de saisir l'impossibilité de ses rêves, de ses idéaux. Il ne vivait pas constamment derrière un flux constant de réflexions terre-à-terre, comme se retrouver sous une douche, avec le bruit assourdissant de l'eau nous tombant sur la tête, qui diminuait les voix provenant de l'extérieur. Daniel savait qu'il se voilait la face, que tôt ou tard, il finirait comme son père, il savait que son côté idéaliste était tout simplement stupide, sa volonté de sauver Eléa, son désir que tout reste au statut quo, même ça, restait paradoxal. Il avait une vision de lui totalement, et affreusement objective. Même quand il essayait de la nier, il ne pouvait l'oublier. Pour un idéaliste, un artiste dans l'âme comme lui, cette voix de la raison agissait comme une torture psychique perpétuelle, incapable de s'en défaire. Parfois il se prenait à vouloir se percer un trou dans le crâne, histoire de voir si, comme pour les bouilloires, toutes ses pensées omniprésentes s'enfuiraient de sa tête comme de la vapeur sous pression. Mais encore une fois il savait bien que non. Le seul moment où il n'entendait rien c'était quand ils e trouvait immergé, et encore pas toujours. Finalement tout ce qui était en son pouvoir, c'était faire semblant, paraitre, et espérer qu'ainsi il transformerait ce songe en réalité. Mais même cela, cela l'effrayait, comme tout changement.

Il piétinait, retombait toujours dans ce même cas de figure, se triturant les méninges et se vrillant le cœur tout seul.

Daniel, adossé contre le mur du couloir, fatigué, ferma alors les yeux doucement, inspira un bon coup, et s'isola dans son monde imaginaire. Un endroit, où par miracle, pendant quelques minutes, tout s'écoulait, comme de la source, où il n'entendait plus l'écho de sa conscience réaliste, et se terrait dans la quiétude de l'idéalisme. Comme pour se sauver de lui-même il se répéta tout en se concentrant sur son monde intérieur :

« Je ne suis pas comme mon père. Je sauverai Eléa. Jamais je ne tuerai qui que ce soit. »

Encore et encore, comme une berceuse qu'on chante à un enfant pour le rassurer.

Malheureusement pour lui, Peter ne lui permit pas de répit il sortit de son bureau, et revint directement le trouver. Passant devant le gamin, le maître dragon lâcha simplement :

-Tu comprends dans ce cas que je n'ai pas le choix. Sunny m'a proposé de t'envoyer en mission dans une autre région pour que tu puisses te ressourcer, je vais l'écouter. Dans trois jours, tu partiras à Jotho avec ton petit frère, et ton père Nathaniel. Là-bas, tu rencontreras d'autres membres de Twilight, et tu pourras te concentrer sur le shiney Hunting. ET peut être revenir avec l'esprit plus clair. Sinon, je me verrais obliger d'engager un psy pour toi.

Daniel serra le poing, mais il n'esquissa pas de geste brutal, il se contenta de regarder Peter retourner dans sa pièce attitrée. Il inspira un bon coup pour se changer les idées, quand un hurlement lui parvint. Aussitôt une masse s'agrippa à son cou et l'emporta, pour le faire tournoyer dans les airs joyeusement, manquant de lui briser la nuque. Il reconnut aisément les pratiques de Lucas.

Quand son meilleur ami daigna enfin lâcher sa prise, reposer le rêveur sur ses pieds, celui-ci tangua un bon moment, victime de tournis, mais si sa vision trouble l'empêchait de se tenir droit, rien n'obstruait ses oreilles, aussi entendit-il clairement :

-Je viens d'avoir mes parents au téléphone !!

Daniel arqua un sourcil, étrange, habituellement, ce genre d'évènement menait son camarade à une grosse déprime, pourtant cette fois, celui-ci souriait de toutes ses dents, ricanant encore de contentement. Le rouge aux joues, l'adolescent bafouilla, comme un gamin malgré sa grande taille :

-Ils savent pour Twilight. Et…Et…

Daniel leva la main, se remémorant naturellement la colère de son père quand lui avait appris. Appréhendant les larmes de son compagnon il voulut le réconforter, mais il se ravisa, bloqué par la réminiscence de leur dispute de la matinée. De toute manière, Lucas ne se mit pas à sangloter au contraire, il éclata de rire, et leva les bras vers le ciel dans une pose de mégalomane.

-Ils ont dit qu'ils étaient fiers de moi !! Hurla-t-il.

De toute évidence il remerciait Arcéus. Ou alors il avait bu, c'était un choix envisageable, vu comme il dansait d'un pied sur l'autre en tournoyant. Avait-il attrapé le virus de Christopher et Angèle ? D'ailleurs, en parlant de ces deux là, Daniel les avait croisés dans le couloir, ils portaient de gros cartons, préparaient ils un de leurs coups stupides dont ils avaient le secret ? La mémoire du gamin s'égarait, tandis que celle de son ami d'enfance continuait de virevolter au septième ciel, répétant en détails la conversation avec ses parents, les yeux pleins d'étoiles.

-Tu te rends compte Danny ! Ils sont fiers de moi ! Ils m'ont dit que j'œuvrais pour la justice, tout comme eux en tant que juristes…Mieux que ça, ils n'ont pas fait allusion à Marion une seule fois dans la conversation, pas une seule !

L'artiste fixa son interlocuteur, assez amorphe, et il le vit contrairement à lui, respirant par à coup, son sourire magnifique absolument débordant de joie. Cela faisait bien longtemps qu'il ne l'avait pas vu aussi heureux, alors, même s'ils étaient fâchés, même si Lucas lui en voulait, il se résigna, et afficha lui aussi un immense sourire prêt à éblouir tout une ville.

-Tu le mérites. Lança-t-il simplement.

L'expression de Lucas se figea, puis il grimaça, honteux, avant de se raviser.

-Désolé, j'oubliais que ton père avait réagi si mal, lui. J'ai manqué de tact.

Daniel haussa les épaules, indifférent.

-Je ne vois pas le rapport entre les deux. Tu es content parce que tes parents te reconnaissent enfin c'est normal, y-a rien du tout ayant un lien avec moi dans le tas.

Puis, grattant sa joue, son tic habituel, il bafouilla :

-Ils en ont mis du temps, pour voir enfin tes qualités…Mais ça y est, ils te voient enfin.

Lucas sentit une bouffée d'orgueil l'envahir et lui gonfler la poitrine, des larmes de joies lui échappèrent et sans prévenir il enlaça Daniel.

-Merci. Bredouilla-t-il. –S…Sans toi je crois que…

Daniel se dégagea et secoua la tête lentement.

-Hé, j'y suis pour rien moi. Tu es le seul responsable de ton propre bonheur. Lança-t-il.

Puis il baissa la tête avant de la redresser vivement quand Lucas bredouilla :

-Ne dis pas de bêtise Danny, si tu n'avais pas été là, je n'aurais jamais eu le courage de faire quoi que ce soit. Je…la dernière fois…je t'ai dis des choses méchantes, j'ai douté de toi…Alors que tu m'as toujours soutenu, je suis désolé. Ce n'est pas comme ça qu'un vrai ami devrait agir.

Les deux garçons se toisèrent, grimaçants, tendus, honteux, puis doucement, les lèvres de Daniel s'étirèrent en un rictus malheureux.

-On est toujours ami… ?

Lucas écarquilla les yeux et s'exclama :

-Bien sûr qu'est-ce qui te fait croire le contraire ?
-Bah…je…Tu ne m'as pas rendu mon pendentif après le mont Sélénite, et…Et tu m'évitais…Et tu…j'ai eu l'impression que je te dégoûtais tout à l'heure…

Le brun vit son camarade se recroqueviller, toujours la mâchoire crispée, et il soupira de soulagement. D'une main il tira de sa poche le pendentif composé d'un bout de chaine et d'une braguette volée à un vieux Jean de Marion.

-Oui, j'ai oublié ça. C'est vrai. Et c'est vrai aussi, que tu m'as fait peur, ces derniers jours, que je ne te reconnaissais plus…Mais…

Il fronça les sourcils.

-C'est tout simplement moi qui refusais de voir celui que tu étais ! Tu n'y es pour rien ! Je m'étais fait toute une image de toi, sans vraiment comprendre, sans voir que tu avais des ennuis, que cette famille que j'idéalisais t'empoisonnait.

Il enleva son propre médaillon, le jumeau de celui qu'il tenait, et les observa.

-En fait c'est moi qui n'aie pas agis en ami.

Daniel secoua la tête vivement.

-Pas du tout, sans toi, je ne sais pas ce que j'aurais fait à ce type non plus. Je…je ne sais pas du tout…En fait…moi aussi je ne comprends pas grand-chose à ce qui m'arrive ces derniers temps.

Lucas haussa les épaules et prit une expression gênée.

-Tu es amoureux d'Eléanore. C'est tout.

Le rêveur ne bougea pas, puis il lança simplement, presque froidement :

-Peut-être. Mais…mon père n'a jamais été capable d'aimer qui que ce soit, si je me trompais ? Si en fait je ne l'aime pas ? Si je la fais souffrir comme papa a fait du mal à maman ? J'aurais complètement gâché notre amitié, j'aurais fait changer les choses, et le résultat sera bien pire.
-Hé, le changement, c'est bien parfois. Et tu ne sauras jamais avant d'avoir essayé. Essaya le brun avec anxiété.

La mine de Daniel s'assombrit, comme s'il se battait intérieurement contre ses propres démons, contre l'idée même, paralysante du changement, s'il frappait le mur géant qui l'emprisonnait dans ce petit univers qu'il avait réussi à ériger.

Lucas se massa la nuque, fit un pas vers son camarade, et noua autour de son cou son propre médaillon. Celui qu'il avait porté toutes ses années, il garda pour lui celui de Danny et le plaça à l'emplacement de l'ancien. Son ami d'enfance le dévisagea un long moment sans comprendre, et Lucas lui sourit avec complicité.

-Tu réfléchis bien trop. Le changement ? Il est impossible de ne rien changer, on évolue constamment, comme les Pokémons. Chez nous, c'est simplement moins flagrant. Tu dis que tu déteste voir les choses changer, pourtant…Pourtant quand je te dis que mes parents m'acceptent enfin, tu es heureux pour moi ! Je sais que tu n'aimes pas quand tes Pokémons évoluent, mais s'ils le font, tu ne te mets pas à les détester non plus. Pareil, quand tu as su qu'Eléa allait mourir à cause de sa maladie, tu as choisi de chercher un remède, et là j'ai échangé nos médaillons, est-ce que ça te choque pour autant ? Non tu dois sûrement te dire que je suis un peu avec toi à partir de maintenant, je me trompe ?

Daniel toucha du bout des doigts les contours de son trésor, et secoua la tête, un peu perdu par toute cette masse de vérités, les jambes en côton. Lucas continua sur sa lancé sans discontinuer :

-Et peu importe ce que disent les autres. Tu ne ressembles pas à ton père. Je le sais, je vous ai côtoyés tous les deux, tu es loyal, lui non. Tu ressens des sentiments, sinon jamais tu ne m'aurais protégé toutes ces années, jamais tu ne serais malheureux.
-Je sais que je ressens des sentiments, mais certains différents des autres…Comme l'amour ou la peur…Balbutia Daniel. –Seuls ceux qui stagnent, qui demeurent longtemps, je les connais, les autres non, en vérité. La peur…Par exemple, est un sentiment que je ressens rarement.

Lucas leva les bras dans un geste d'impuissance.

-Bah c'est comme ça ! Beaucoup de gens aimeraient ne pas ressentir la peur tu sais ? C'est plutôt cool. Et il y a peu de sentiments qui sont rapides, ici on parle d'amour, et l'amour est un sentiment qui dure il me semble, sinon personne ne se marierait, non ?
-Hum…

Le garçon rougit légèrement avec une moue confuse. Lucas rigola ouvertement.

-Et là aussi, tu ressens quelque chose, la preuve, si tu es si égaré c'est que forcément tu ressens trop de choses pour les nommer. Si tu veux mon avis, tu passes par plein de sentiments à la fois, mais tu es tellement dans la lune que tu t'en aperçois à peine.

Pour plaisanter il lui frappa gentiment sur le crâne, tout en souriant, et il lança gaiement :

-Allez hop, redescend sur terre maintenant ! Et viens avec moi, on va au chalet, Eléanore va pas tarder à s'ennuyer toute seule, vaut mieux éviter ça, et nous aussi on doit y déposer nos affaires.

Daniel resta un moment immobile, cloué sur place, puis comme se réveillant après un long rêve, il sursauta et balbutia :

-Lucas ! Lucas, tu resteras toujours près de moi, hein ? Si…Je sais pas encore vraiment si tu as raison ou tort…Mais…Si je deviens…Tu m'empêcheras de devenir comme mon père hein ?

Le brun se retourna et leva le poing avec fierté :

-Bien sûr ! Hé tu parles en ce moment à un justicier de twilight après tout ! Et à ton meilleur ami en plus ! Compte sur moi !
-Tu…Tu me le promets ?
-Promis ! Allez maintenant, dépêche toi sinon je te laisse derrière !

Dans un rire, il partit en courant dans le couloir, une image traversa l'esprit de Daniel. Des milliers de souvenirs similaires datant de leurs enfances communes. Petit à petit, il se mit à le suivre, lui-même en ricanant.

C'était pour ça qu'il suivait Lucas depuis si longtemps, dire qu'il l'avait presque oublié. Décidément, le rôle principal ne lui allait pas, il préférait être une part de la foule, juste le faire-valoir. Il aimait juste être dans son ombre, comme un ange gardien, le voir grandir devant lui. Et surtout, surtout, ce qu'il appréciait chez lui, c'est que toujours, toujours, il s'arrêtait au bout du chemin, se retournait vers lui pour lui tendre la main, pour franchir l'obstacle à venir ensemble. Et ce, depuis qu'ils étaient petits.

Daniel n'en avait peut-être pas conscience, mais en un sens, il ressemblait plus à Sam qu'il ne le croyait, et leurs destins s'acheminaient dans la même direction tragique.

En parlant de Sam, celle-ci, remise de ses émotions, bien qu'un peu pantelante, avait demandé une faveur à monsieur Yuki un peu plus tôt, celle de l'emmener à Parmanie, juste le temps de récupérer le cadeau de Noël que sa mère lui avait envoyé à l'aveuglette. Avec un de ses Pokémon psy, la course avait été plutôt rapide. Samantha regrettait un peu que son –maintenant Gardevoir- ne soit pas assez puissant pour la faire parcourir de telles distances.

Bien évidemment, ils apparurent dans un coin sombre, plutôt qu'au milieu du centre pour éviter de faire paniquer tout le monde, et marcher dans la boue, vestige d'une belle pluie diluvienne, ne fut guère plaisant.

La tête occupée par tous les évènements de la veille, elle ne prononça pas un seul mot. Cristal et Silver avaient su se montrer adorables envers elle, bien que cela l'étonne. L'étreinte du roux lui avait apporté tant de réconfort qu'elle en venait à se poser de sérieuse question, pourtant, quand Akira Yuki l'avait enlacé à son retour, elle avait été bien plus heureuse, son cœur avait battu fort contre sa poitrine. Non, quand son professeur lui avait montré qu'il s'était inquiété pour elle, elle avait été plus touchée que par le contact de Silver. C'était une impression différente, avec le roux, elle c'était simplement dit que, tout ce qui lui manquait, toute la force qui lui faisait défaut, il la possédait pour elle, que tant qu'il se teindrait de son côté elle pouvait le faire. Ce sentiment était si proche de l'amour et si lointain à la fois, cela lui filait des maux de crânes. Et entre tout ça, il y avait la crainte qu'Eléanore ne conserve leur amitié que pour les apparences, l'apparition de Suicune et cette nouvelle relation avec cristal plus que branlante. Ca commençait à faire beaucoup.

Akira essaya de lui remonter le moral sur le chemin, mais cette fois les mots sonnèrent creux. De toute manière, lui aussi, déprimait de voir Eléa intégrer Twilight, jamais il ne l'aurait avoué, ou même de ne serait mis en travers de sa décision, respectant trop le libre arbitre des enfants, mais ça se lisait sur son visage.

La tante accueillit la jeune dresseuse avec une joie plutôt froide, comme à l'habitude dans cette famille, mais elle lui remit le paquet tout enrubanné avec un sourire et l'encouragea pour la suite. Assez gros, Samantha en avait plein les bras, elle n'en revenait pas que sa mère ait pu dépenser une fortune dans un présent pareil, elle s'interrogeait vraiment sur son contenu. Akira lui faisait déjà faiblement signe de partir quand un évènement inattendu se produisit.

Armand et Lily. La jeune professeur sourit en voyant l'élève de son collègue et la salua gentiment. Une odeur nauséabonde émanait d'elle, et plus particulièrement d'une de ses pokéball.

-Tu vas bien donc, est-ce que tes petits problèmes de femmes sont passés ? Lui chuchota-t-elle discrètement.

Samantha piqua un fard. Comment savait-elle ça ? Elle envoya une œillade furibonde à Akira qui siffla innocemment, tout aussi embarrassé.

Mais le comble du comble fut vraiment après, quand les salutations de politesses furent passées et qu'ils étaient sur le point de se retirer. Lily envoya une accolade à Armand, celui-ci tituba, grogna, et embraya :

-Mais arrêtez avec ça !
-Fait-le, ou tu préfères passer la journée de demain enfermé avec Grotadmorv pour apprendre toutes les propriétés défensives que lui apporte son corps gluant ?

Le teint de l'élève blanchit, et il grommela :

-J'aurais jamais du capturer ce Pokémon.

Lily elle, câlinait joyeusement la dite pokéball aux anges, répétant qu'elle adorait décidément cette créature –forte utile-. Akira murmura à Sam qu'elle avait déjà agit ainsi quand elle avait réussi à échanger son premier Pokémon –un mélo- à une autre fille de sa classe qui avait reçu un cradopaud. Encore une fille qui avait de drôle de goût, comme Eléanore, pensa immédiatement Sam. Cependant, la suite la poussa vers un tout autre sujet de questionnement. En effet Armand s'avança vers elle, tendu comme un soldat aux aguêts, il inspira un grand coup, rouge comme une tomate et envoya :

-Bonne année et bonne santé !!

Avant de s'enfuir en courant, claquant la porte derrière lui. Lily était littéralement pliée en deux sous le rire, encore plus quand Akira l'assomma de remarque du genre « je croyais qu'il la détestait ? Qu'est ce qui lui prend ? Tu l'as forcé ou juste poussé ? ».

Sam resta perplexe jusqu'à son retour au chalet. Elle n'arrivait pas à croire qu'il lui ait envoyé ce genre de chose, même par contrainte, plutôt qu'un coup de poing. Elle y songeait encore quand elle ouvrit la porte de leur demeure et manqua de mourir par crise cardiaque.

Christopher et Angèle ouvrirent les bras devant elle, et crièrent à plein poumons : « BONNE ANNEE !! »

Leurs Pokémons envoyaient des pétales à tout va, tout l'inétrieur avait été décoré, des dizaines de branches de gui étaient disséminées un peu partout le long des banderoles, accrochées aux poutres. Ies invités surpris, lancèrent à peine un « qu'est-ce que ça signifie ? » qu'on leur apporta la réponse.

Eléanore plongea devant eux, accompagnant Chris et Angèle, son sourire rivalisant d'éclat avec ceux des deux clowns de service.

-Surprise ! C'est moi qui les ai appelés pour vous faire la surprise ! C'est sympa hein ? Je voulais vraiment fêter le nouvel an avec vous tous !

Samantha arqua un sourcil, et balbutia :

-Tu…Tu es sûre ? Tu n'es pas déprimée avec tes parents ? Fâchée contre moi ?

Eléa fit une grimace risible et grogna, exaspérée :

-Encore là-dessus ? Je veux plus en parler, ce qui est fait est fait ! A quoi ça me servirait d'être en colère à part gâcher la fête ? Allez on est là pour s'amuser !

Akira resta un moment coi, l'image d'Eléanore pleurant dans les bras de Daniel et Régis, puis il rigola à gorge déployée, et frotta vigoureusement le crâne de la jeune Sarl, maugréant :

-Tu as bien évolué toi dis donc, quand je repense à toutes vos disputes passées, depuis quand es-tu si conciliante ? Si peu rancunière !
-Je l'ai toujours été ! S'offusqua Eléa. – C'est juste que si les autres s'entêtent, alors moi aussi ! Allez, allons mangeeer et danser et chanter ! S'enthousiasma-t-elle.

Peu crédule face ce mensonge, le professeur ricana à nouveau, une bouffé de fierté l'envahissant. Son goût pour l'enseignement s'animant d'autant plus : oui c'était parce qu'il admirait tous ces enfants grandir ainsi qu'il aimait son métier. Enfin sauf la partie boulot bien évidemment. Si seulement il pouvait trouver un moyen pour sauter cette étape et tout de suite arriver à la récompense. Enfin il supposait que sans cette étape intermédiaire, le résultat manquait de saveur.

Christopher et Angèle, envoyant des petits cœurs partout, rejoignirent les filles en cœur, répétant sans cesse qu'ils voulaient mettre encore plus de branche de gui partout pour piéger les autres à leurs arrivés.

Evidemment, Sam se montra extrêmement prudente avec ça, elle analysa rapidement les lieux gangrénés par cette plante pour éviter d'y être acculée avec une personne non désirée, puis elle entreprit de déballer son paquet sur le canapé. Le cœur soudainement plus léger. Elle se surprit à ricaner de contentement.

Eléanore lui avait pardonnée. Cela lui gonflait la poitrine de joie, même si Daniel continuait à faire la tête, que Twilight menaçait toujours, au moins, elle n'avait pas perdu cette amitié devenu si essentielle à sa vie. Et en plus, Silver lui avait promis de l'aider, il la croyait. Le poids du secret s'envolait. L'allégresse remplaçait peu à peu cette mélancolie lourde qui l'avait rongée tout le long de ces derniers jours.

Sous le papier brillant, une couveuse se dévoila, la paroi de verre renfermait un bel œuf blanc et rose : celui d'un ptiravi à tous les coups. Elle grimaça. Elle avait déjà beaucoup de Pokémon, trop, même si cela la touchait, elle ne pouvait pas en conserver davantage. Avec le Capumain de Gold, ça lui en faisait 8, vraiment, elle ne pouvait pas en garder plus. Qu'allait-elle bien pouvoir en faire, cette intention était vraiment adorable. Ses pensées s'échappèrent, puis elle sourit, en reposant son bien sur le comptoir. Finalement, elle savait quoi faire du Pokémon à naitre, sans gaspiller l'attention altruiste de sa mère.

A cet instant précis, Silver, Cristal, Gold, Régis, Daniel, Gabriel et Lucas débarquèrent. Autant dire qu'ils furent complètement dépassés, écrasés sous l'accueil. On entendit bien Silver se plaindre quelques secondes, mais ce fut tout. Bientôt Sunny, son frère, Yoann, Makanie, Aaron, et Shagi débarquèrent, cette avalanche d'invité se conclut par l'arrivée finale de Peter et Marion, étonnés de tant d'agitation.

Christopher et Angèle après jouèrent bien leur rôle pour piéger leurs pauvres victimes, ils fixèrent du gui à chaque sortie du chalet pour tous les enfermer. Cela sentait le coup fourré comme l'avait prédit le rouquin.

-Hey les jeunes !!

La voix de Yuki leur parvint, et arrêta plus d'un en pleine action de tentative de fuite. Debout sur la table, le jeune professeur, tout sourire envoya :

-Voilà ce que m'a fait mon professeur Kain Lag pour le nouvel an de mes quinze ans, c'est une leçon de vie alors surtout, surtout écoutez bien !!

Devant tant de vitalité, Samantha resta perplexe, mais elle trouva bien vite le coupable de tout ça, une bouteille de vodka complètement vide au pied de l'enseignant, avec un Christopher rieur, îvre également, applaudissant la scène.

« Oh la bande de… »

A tous les coups Akira n'avait pas voulu laisser d'alcool à portée des enfants et avait tout bu d'une traite.

-LIFE GONNA SUCK WHEN YOU GROW UP ! YEAHH !! Hurla Akira dans un rire assez inquiétant, avant de se mettre à chanter cette dite chanson.

Le professeur se tortilla un bon moment avec cette mélodie avant de s'effondrer dans l'octave finale, complètement terrassé par les brumes envoûtantes de la boisson.

Wow, Elle n'imaginait pas qu'Akira supportait si mal ce genre de liquide. Encore sonnée par la chanson toute neuve, elle ne put qu'approuver le commentaire déplacé de Silver, complice :

« Si son prof était comme ça, je comprends mieux comment il en est arrivé là. »

Ca c'était un peu près sûr.
A une bonne centaine de kilomètres de là, un vieillard éternua méchamment et jura « Si ch(tiens le morpiond qui médie sur moi j'l'étripe sec, sale jeunes carnes insolentes ! ».

Le numéro de chanteur s'acheva sur Christopher, en aussi bon état que l'autre, qui d'un coup de redressa et enchaîna sur le chant « I'm
not wearing underwear today ! ».

Mais ce ne fut pas l'abus de boisson qui le mit hors jeu, non, non, le coupable se révéla être Cristal qui attrapant le Capumain de son frère l'envoya directement en plein sur le crâne de l'adulte obscène. Elle l'assomma immédiatement de ce fait en hurlant : « Y-A PAS DE QUOI EN ÊTRE FIER ! ».
Gold eut beau crier contre le traitement qu'on réservait à son pauvre ami singe, l'aventure se termina dans un concert de rires agrémenté d'un regard noir. Cela eut au moins l'avantage de ramener les deux buveurs à leurs esprits.

La fête continua son cours, on fila à Akira de l'eau avec du vinaigre et du sel pour essayer de lui enlever le mal de crâne, et il grommela un bon moment contre l'ex-voleur responsable de ce drame. Il finit par s'endormir comme un bien heureux, sur le canapé, contre l'enceinte qui diffusait pourtant une musique très rythmée.

Samantha et Cristal se retrouvèrent bien vite au comptoir de la cuisine, à essayer de faire à manger pour tous les invités, avec une Eléanore et une Makanie, ne cessant de leur demander comment elles préparaient ceci ou cela.

Cristal parlait aux filles comme si de rien n'était malgré les évènements de l'après midi, gardienne du secret étonnamment fiable. Samantha n'arrivait pas à y croire. Eléa également, comment pouvait-elle lui pardonner si facilement ? Pourtant elle devait reconnaitre que si ce n'était pas le cas, elle jouait drôlement bien la comédie. Finalement la gamine aux couettes finit par partir dans une conversation sérieuse avec Makanie. Enfin pas tant que ça puisque Shagi s'en mêla.

-Dis donc Makanie, tu n'es pas avec Aaron aujourd'hui ! Le pauvre doit se sentir bien seul ! La railla l'irisien, ravi.

La rousse afficha un sourire machiavélique en retour, après avoir vérifié que son dit petit ami ne la voyait pas du tout, emporté dans un dialogue avec Peter.

-Tu peux parler enflure, j'ai vu que tu avais reçu un message sur ton portable de la part d'Arisa. Depuis quand êtes vous devenu si proche, elle te souhaite la bonne année à toi et pas à moi ?

Le dresseur de dragon piqua un fard monstrueux, et lança acerbe :

-Bah oui que crois-tu enfin !
-Je savais qu'Arisa était plus forte que toi et qu'elle finirait par t'avoir, m'étonnerait pas qu'elle soit au dessus. Lança Makanie blasée.

Cette fois, non seulement Shagi tourna à l'écrevisse, mais Eléa recracha ce qu'elle buvait bruyamment, honteuse par un tel langage. Cette réplique eut l'avantage de sonner Shagi pendant un bon moment, qui passa une bonne heure à essayer d'avoir Arisa au téléphone « pour mettre les choses au clair et montrer qui était le maître entre eux ! » et si on se fiait aux résultats de ses efforts –vains- c'était définitivement cette Arisa qui l'était.

-Tu es trop cool !! Balaya Eléa, les yeux brillants d'admiration pour sa nouvelle idole, Makanie. Régis derrière parut atterré par les goûts étranges de son amie d'enfance.
-Voilà comment on dresse un Shagi ! Se vanta ostensiblement la jeune femme, fière d'elle, se lâchant encore une fois seulement après avoir vérifié qu'Aaron ne la regardait pas.

Samantha rit doucement, Cristal elle-même camoufla un gloussement amusé. Pourtant, ensuite, l'opinion d'Eléa changea radicalement.

-Qui est le gamin là-bas, à côté du géant ? Le petit brun aux yeux vairons ? Interrogea Makanie en pointant du doigt Daniel –empêchant son frère et les Pokémons de toucher à l'alcool-.
-Oh, c'est Danny ! Sourit Eléa, le rose aux joues. Les évènements de l'après-midi remontant le long de son estomac.
-Il est mignon, constata simplement la jeune femme. –Je pensais qu'avoir un regard pareil, handicapait, que ça gênait, mais en fait, ça donne un côté adorable.

La dresseuse d'Ash tiqua imperceptiblement, son visage se ferma sur une expression plutôt sombre. Pilou l'imitant à ses côtés, ses joues crépitant, cela donne tout de suite une idée de l'ambiance générale malgré le « Ah oui ? » en réponse.

Makanie, insouciante face au danger continua sur sa lancée, et Samantha sentit que Cristal elle-même s'intéressait de plus en plus sur les propos. Elle se surprit à s'interroger pourquoi, et suivit le regard de l'adolescente –fixé sur la grande perche qu'était Lucas-. Elle sourit.

-Oui, j'ai vu qu'il traînait avec ce…Le brun là…
-Lucas ! Compléta Cristal avec enthousiasme. Les prunelles de Sam s'illuminèrent d'un éclat nouveau que Lucas aurait vite reconnu pour l'avoir vu trop souvent à Azuria.
-Oui, oui ! C'est ça ! Tu crois qu'ils sont proches ? Ils sont tous les deux célibataires ? Je connais beaucoup de cœurs brisés par Shagi à Irisia à qui ils plairaient beaucoup.

Eléa se braqua, le visage toujours aussi froid, Pilou commençait vraiment à inquiéter Samantha avec tous ces éclairs. C'est alors que la dresseuse jalouse reprit un verre de jus d'orange et lâcha simplement :

-Tu n'arriveras à rien avec eux, ils sont gays et ensemble !

Cette fois ce fut Cristal qui se raidit comme un piquet, figée dans une pose de choc total, visiblement fauchée sur place. Samantha fut ébahie de ce mensonge de la part de sa camarade, elle ne l'imaginait pas à ce point possessive. Makanie, calmée, soupira et lança, résignée :

-Rah ! J'aurais du le voir venir, seuls les mecs homos sont potables, nous on se tape que ceux des fonds de tiroirs.

Cristal touchait le fond, sur le comptoir, à éplucher les oignons crispée sur son couteau, hochant de la tête avec une vigueur exagérée, confirmant les dires douloureusement. Samantha regardait le manège assez amusée par ces gamineries. Mais le plus drôle resta à venir car, quelques minutes plus tard, Daniel et Lucas passèrent malencontreusement sous le gui –Gabriel devait y être pour quelque chose à coup sûr-. Loin d'être offusqués, ils pouffèrent joyeusement et Lucas lança avec un ton dramatique :

- En priant pour que mes parents ne voient jamais ça !!

Et ils se firent une rapide bise sur les lèvres.

Les têtes d'Eléanore et Cristal furent immortalisées en photo tellement elles étaient comiques. Gold ne pouvant s'empêcher de lui lancer un « AH ! TU VOIS ! » En pleine face.

Et encore, l'histoire du gui était loin d'être finie. Quelques minutes plus tard, on entendit Silver beugler un « T'essaye de faire quoi là ?! », puis Gold lâcha sa prise instantanément, renonçant à l'idée de traîner le roux discrètement sous la branche, lui aussi. A la place, pour sauvegarder les apparences –et sa peau vu le regard que lui envoyait Cristal- il transforma la situation en dispute :

-Ca t'arrive jamais de t'amuser toi ! Rabat-joie !
-Toi tu t'amuses trop justement !

Bien évidemment, Angèle voulut prêter main forte à Gold dont elle connaissait le secret. Elle aurait mieux fait de s'abstenir ! Prenant son courage à deux mains, elle emmena Christopher et Gold avec elle sur la scène improvisée et tourna à fond la chanson « if you were gay ». Cela se termina à peu près de la même manière que précédemment, Cristal attrapa –encore Capumain- et fit un strike, renversant les trois chanteurs d'un coup.

Sam se promit de ne jamais faire une partie de bowling avec la jeune fille. Eléanore se tenait encore le ventre, complètement terrassée par le fou rire.

Silver quant à lui, avait décidé de s'exiler sur un canapé, et de ne plus en bouger, trop mal à l'aise. Quand Angèle tenta de mettre encore du gui au dessus de lui, elle en prit pour son grade. De toute manière Gold essayait tant bien que mal de réparer le mal qu'il avait fait à sa sœur, traumatisé, de plus en plus persuadé que quelque chose de grave se tramait entre lui et le roux –à raison.

Encore un peu plus tard, ce fut au tour de Yoann et Sunny de subir les répercutions du plan machiavélique de Christopher et Angèle (décidément increvables). La folie meurtrière des plantes faisait des ravages, Silver, vu le regard qu'il leur jetait, menaçait à tout moment de toutes les faire tous cramer avec le chalet. Mais on put ajouter un nouveau nom sur la liste des maîtres de regard noir : Blake. Si l'œillade de Silver était effrayante, ce n'était rien comparé à celle du frère si protecteur de Sunny. Samantha dans le même genre, affichait une expression avide très mal venue, la même lueur que celle qui avait fait tant de ravage à Azuria, lors de la mission cupidon.

Autant dire que Yoann se figea instantanément sous le gui, de peur de recevoir un coup fatal au moindre mouvement, de la part des trois nommés. Blake peu soucieux de la coutume s'interposa entre lui et sa bien aimée cadette, et le toisa de haut en lançant :

-T'as quel âge microbe ?
-13…Balbutia le jeune médium.
-Quelle taille ?
-1m5-54…ou 56…je sais pas bien.

Blake l'observa tour à tour, le petit et sa sœur, afficha un rictus nerveux puis s'en alla d'un pas assez rapide. Sunny le suivit du regard puis explosa de rire en s'exclamant :

-Ouah, je n'arrive pas à croire que vous avez réussi à faire rire mon frère ! Je l'ai jamais vu aussi loquace vous faites des merveilles !

Cette déclaration fut suivie d'un long silence tendu.
Ils ne voulaient même pas savoir comment il était au quotidien.

Quant au baiser, Yoann comprit le message, il avait quinze bons centimètres de moins pour pouvoir faire ça. D'ailleurs la shiney hunter conclut l'affaire en lançant innocemment, camouflant son léger rougissement : « Ce serait comique quand même un baiser entre nous ! T'imagine ? ». Et cette fois tout le monde avait perçu l'éclat de rire de là où Blake s'était enfui.

Ca avait du faire mal.

Yoann rejoignit bientôt Silver sur le canapé, terrassé. –Avant de se faire jarter car le roux ne voulait pas de compagnie. Sunny quant elle, resta rêveuse au comptoir un bon moment à parler sans vraiment d'attention avec Peter.

Samantha, déçue par ce tournant, entendit en plein milieu d'une cuisson la sonnerie d'un téléphone, celui de Shagi, et elle le tendit au concerné. Celui-ci eut un sourire victorieux, il revint auprès de Makanie, qui près d'Aaron avait totalement changé de personnalité, pour ressembler à une fillette mignonne et fragile –Eléanore avait du mal à accepter une telle transition-.

-Tiens !! Lâcha-t-il vantard.

Une voix grésillante sortit du combiné, et assomma la jeune femme de « Allo ? Allo ? ». Makanie salua gentiment la personne sans vraiment savoir à qui elle s'adressait, c'est alors que le timbre lança simplement :

« C'est moi Arisa. Comment tu vas ? Je suis désolée je ne voulais pas t'appeler pour le nouvel an, je pensais que tu le passais avec ton petit ami en amoureux, mais Shagi me dit que non, donc… »

La remarque envoya un coup au cœur des deux amoureux visés, refroidis.

« Bonne année Makanie ! ». Un concert de rugissements retentit en fond, comme si une horde de monstres répétaient ces mots. Ce qui n'était pas tout à fait loin de la vérité avoua l'irisien.

Peter capta quelques bribes de la scène, s'écarta de Sunny et Régis. Il s'avança vers les enfants pour demander simplement :

-C'est ma sœur à l'appareil ?

Un hurlement inhumain s'éleva alors, et la voix si douce précédemment devint rocailleuse et puissante :

« JE N'AI AUCU LIEN DE PARENTE AVEC TOI JUSTICIER A LA GOMME ! JE VEUX MÊME PAS T'ENTENDRE ! »

Un clic strident indiqua qu'elle avait raccroché. Peter soupira et en haussant les épaules maugréa :

-Pff, tout ça parce que j'ai battu notre sœur Sandra, vraiment…Les querelles de familles ! Quelle plaie.

Quel genre de famille c'est au juste ? Songea Samantha complètement dépassée. S'en suivit une description pour le moins complexe des situations des familles recomposées. Apparemment Le père de Peter l'avait eut dans un mariage malheureux, et avait trouvé le véritable amour à Eternia, avec la mère de Sandra –la championne actuelle- et la certaine Arisa . Ensemble ils avaient eut un certain Harry…Et après ça devenait bien trop entortillés dans avec des disputes et des histoires futiles entre frères et soeurs qu'ils décidèrent d'abandonner toute tentative de compréhension.

Pourtant, elle se souvenait d'enfants de sa classe qui vivaient parfaitement le divorce et le nouveau mariage de leurs parents.

Malheureusement, Sam du intégrer bien vite qu'elle se trouvait dans un coin qui accueillait les cas sociaux, puisque Cristal enchaîna :

-M'en parle pas ! Mon frère est insupportable, il ne sait pas choisir ses amis ! Quand je pense qu'il traîne avec cet idiot de Silver ! Franchement !

Samantha recula, Cristal attendrissait un plat de viande assez imposant avec un marteau spécial, et le moins qu'on pouvait dire, c'était qu'elle y mettait du cœur, ou plutôt de la rancœur.

-Qui irait traîner avec un voleur ! VANTARD ! Une CREVURE ! Qui en plus BAT en combat pokemon La sœur DU HEROS !

De quel héros elle parlait là ?

-Andouille ! –nouveau coup- Andouille ! –encore plus vif- ANDOUILLE !
-Je n'aime pas l'andouille.

La remarque acerbe de Silver jeta un froid terrible, -quand avait-il quitté son canapé lui ?- celui-ci fixa Cristal avec une mine totalement hautaine, et il siffla.

-Tu traîtes qui, d'andouille au juste ? Menaça-t-il officieusement.

Cristal rougit de frustration, tremblante, fulminante, elle se battit quelques secondes contre elle-même, avant de répondre d'une toute petite voix aigüe :

-Gold évidemment.

L'ambiance entre eux devint électrique, allant jusqu'à hérisser davantage la tignasse d'Eléanore, spectatrice très affutée. Puis Silver y mit fin en tournant les tâlons en déclarant :

-Ca va dans ce cas.

Décidément, cette soirée était lourde en piques douloureuses. Cristal finit par partir réconforter son frère, c'était son tour, gravement blessé dans son orgueil, la tête contre une des colonnes du chalet, broyant du noir.

Entre lui, Yuki toujours endormi, assommée par les restes de l'alcool, Yoann dépité, Angèle et Christopher agonisants après une énième bêtise…C'était riche en émotions. Eléanore riait aux éclats toutes les dix minutes, cela faisait plaisir. Régis lui-même paraissait ravi de ce fait-là, avec Sunny, ils faisaient la paire : discutant en apparence, plongés dans leurs pensées respectives. Samantha était certaine qu'ils seraient incapables de dire le sujet de leur conversation même si leurs vies étaient en jeu.

Au bout d'une bonne heure, Lucas finit par proposer son aide à Sam pour le repas, on repoussa encore une fois toute proposition de la part d'Eléa par un « On est pas suicidaires ! » et ils se remirent aux fourneaux. Alors que le géant mettait un énorme plat à cuire, Samantha tira sur son blouson. Il se retourna et se baissa vers elle, elle en profita pour lui faire la bise.

Le brun poussa un hurlement strident sous la surprise, il en renversa plusieurs ustensiles. Tremblants, réfugié dans un coin de la cuisine, il bafouilla un : « Qui es-tu ? Qu'as-tu fait de ma Sam chérie ? ». La jeune femme se contenta de lever le doigt pour montrer une énième branche de gui situé au dessus de sa tête.

On ne sut pas bien si ce que prononça Lucas à la suite de cela fut un « zut » ou un « ouf ». En tout cas, la réaction en étonna plus d'un. Peut être ne s'était-il jamais attendu à recevoir de l'affection en retour lors de ses sketchs, ou simplement avait-il compris que Samantha voulait une amitié sincère avec lui et rien de plus. Il revint auprès de son camarade, plus ou moins tranquille et balbutia maladroitement un :

-Tu as quelque chose d'autre à ajouter ?
-Oui. Sourit Sam gentiment.

Cette fois encore l'expression de Lucas fut indéfinissable.

-Je voulais te remercier d'être mon ami. Lança-t-elle immédiatement.

Le garçon continuait à afficher de plus en plus de drôles de têtes l'une après l'autre, qu'est-ce que cela signifiait ? Abandonnant tout questionnement –au vu de la drôle de tournure de la fête- elle saisit l'œuf de Ptiravi et le câla dans les bras de son coéquipier.

-Je veux te le donner. C'est du fond du cœur, un œuf de ptiravi, c'est un excellent Pokémon, parfait pour un futur stratège.

Lucas écarquilla des mirettes et balbutia, ému :

-Mais je peux pas, c'est un Pokémon très rare… !
-Je sais, mais je tiens à te le donner, pour te remercier de tout ce que tu as fait pour moi. Répondit Samantha.

Lucas rougit, et il enlaça l'adolescente pour lui communiquer qu'il acceptait. La jeune fille plissa les yeux dans l'étreinte et murmura :

-Je suis contente que toi tu ne m'ignores pas comme Daniel.

Lucas frissonna imperceptiblement.

Oui le Karamatsuri avait passé son temps à éviter la brune, même quand il était venu parler à Eléanore, il avait à peine adressé la parole à Sam, sans être malpoli pour autant. Il ne lui avait ni manqué de respect, ni ne l'avait délibérément ignoré, il avait juste été…Indifférent. Non, méprisable en fait, du point de vue de Sam. Eléanore avait fait semblant de ne rien voir, elle n'avait pas défendu cette attitude entre eux et avait juste haussé les épaules en avouant : « Hey tout le monde met plus ou moins de temps pour pardonner, laisse-le le faire à son rythme. C'est normal. Puis pour une fois qu'il joue les gars stupides, profite du spectacle ! ».

-Ouais…t'en fais pas pour ça. Bredouilla Lucas. –Je te lâcherai pas comme ça.
-Je sais.

Ils se détachèrent l'un de l'autre, sous les regards soit attendris des adultes, soit furieux de Daniel et Cristal. Ils rougirent sous les remarques. La cadette Heart d'ailleurs, lui souffla, avec une petite voix, un peu plus tard :

-Tu aimes Lucas ?

Samantha, percevant sa petite mine suppliante, tendue, sourit gentiment. Elle réfréna un pincement au cœur, et répondit aussitôt :

-Non. Avec Eléa, c'est mon meilleur ami, rien de plus.

Cristal afficha une expression douteuse, mais elle la remercia tout de même, le soulagement se lisant sur sa frimousse. Cependant, Sam ne put s'empêcher de renvoyer la balle :

-Pourquoi, toi tu l'aimes ?

Cette interrogation surprit tellement la concernée qu'elle en lâcha son plat.

-Qu-qu-Qu-Quoo-OI ? No-non !

Et elle ricana, embarrassée :

-Tu ri-rigoles ? Il ne connait probablement même pas mon nom ! Je-je l'ai rencontré y-a à peine quelques jours, je suis pas si futile, je-je tombe pas sous le charme d'un inconnu au premier coup d'œil ! Ah-ah…Le coup de foudre c'est n-n'importe quoi ! Ne d-dis pas de bêtises pareilles !

Samantha resta impassible, peu dupe devant les efforts de Cristal pour se disculper. Quoi qu'elle en dise, même si le coup de foudre n'existait effectivement pas, on ne pouvait nier qu'au premier regard un garçon plaisait ou non. Et là, c'était le cas. Samantha jeta un coup d'œil complice à Eléa –qui évidemment de comprit rien du tout au signe- et lança simplement :

-Bien, alors on va jouer à un jeu toutes les deux pour te remercier de ta gentillesse. C'est un jeu super auquel je jouais souvent avec Eléa. Il se nomme « Hé Lucas tu connais Cristal ? ».
-Hein de quoi tu…Commença Eléa, dépassée.
-HE LUCAS TU CONNAIS CRISTAL ? Hurla Samantha en plein milieu de la fête, pointant la dresseuse du doigt.

Le brun se retourna, et arqua un sourcil, avant de rejoindre les filles, Cristal ne savait plus où se mettre, et d'une petite voix aigüe, rouge comme un voltorbe elle minauda un « Salut ! Je suis Cristal… » Auquel Lucas répondit un « Oui je m'en doutais tu sais… » avec humour.

Samantha sourit de toutes ses dents tandis qu'Eléa ne suivait plus du tout les évènements.

-Heu…Enchanté, on s'est déjà vu non ? Enfin, je crois que tu es la sœur de Gold c'est ça ?

Cristal hocha vigoureusement du chef, confuse.

-Moi c'est Lucas, mais tu dois le savoir grâce à Sam, non… ? Bref, enchanté !

Samantha fronça les sourcils. Mais pourquoi ne faisait-il pas un de ses habituels sketchs, qu'est-ce qu'il attendait ? Par frustration elle saisit un morceau de gui, l'effeuilla et jeta les fleurs sur eux, mais ça ne fit qu'abattre un long silence sur eux plutôt qu'une ambiance romantique. Pourquoi ça ne marchait pas avec elle ? Eléanore pouffa à côté. C'est alors que tout dérapa. Cristal plaqua les mains sur ses hanches et tourna la tête dédaigneusement :

-Tu as vraiment un nom moche, je vais t'appeler Lulu, c'est mieux Lulu, en tout cas mieux que doubler la dernière syllabe, tu ne crois pas ? Ca fait obscène Ca…

Elle plaqua la main sur sa bouche et s'enfuit en courant, abandonnant la bande d'amis, stupéfiés. Puis elle revint sur ses pas et lâcha :

-Et tu as l'air d'un homo avec un t-shirt aussi moulant !

Sa frimousse passa de nouveau au bleu et elle s'enfuit dans un « EEK » retenu. Lucas encore secoué, se tourna vers Eléa et bafouilla, paniqué :

-C'est pas vrai ce qu'elle dit hein ? Il me va bien ce t-shirt ! HEIN ?

Mais Eléa encore vexée à cause de la bise entre lui et Daniel l'enfonça en émettant un ricanement entendu. Samantha soupira, les bras croisés face à la scène. Ca n'était ce qu'on appelait l'amour vache. Et dire que cette fille détestait les écremeuh, quelle ironie du sort, un comble.

Finalement on arriva à traîner tout le monde à table après un long moment de préparation. Silver fut arraché à son canapé, Cristal accepta de revenir le rose aux joues, et Sunny et régis comprirent l'appel au bout du trentième appel. Peter partit, car une fois Yuki tiré de son « coma éthylique », il lui fit nettement comprendre qu'il n'était pas le bienvenu. Alors qu'ils essayaient tant bien que mal de garder un tant soit peu d'ordre pour ce dîner de célébration, Eléanore se leva, et pointa du doigt le mur blanc devant eux.

Gabriel appuya sur un bouton, un diaporama s'enclencha, son nosferapti et Ash déplièrent un immense drap pour recueillir les images sur sa surface.

Eléa s'improvisa en tant que présentatrice, très sérieuse.

-Félicitations, nous avons survécu à cette année ensemble ! Et franchement, c'était pas de la tarte ! La preuve en est de cette soirée !

Quelques rires jaunes s'élevèrent dans la pièce. Eléa enchaîna, guillerette :

-J'ai demandé à Gabriel des images, des vidéos, et de l'aide pour faire ce petit film, il m'a beaucoup aidé à tout préparer en votre absence ! Donc pour cette soirée, il faut aussi le remercier, pas seulement Christopher et Angèle.

Le cadet des Kazamatsuri émit un ricanement diabolique, on voyait presque de petites cornes pousser sur son crâne angélique. Cela n'annonçait rien de bon.

-Toutes les photos proviennent des appareils de Daniel, qu'on t'a piqué en ton absence, tu m'en veux pas hein ? Plaisanta Eléa.

Le concerné hocha négativement de la tête, amusé.

-Bon très bien ! Alors, bon mâtage !!

La lumière s'éteignit sous un coup de jus envoyé par Pilou –personne n'aurait pu se lever pour simplement utiliser les interrupteurs ? Non bien sûr avec Eléa, on utilisait la manière bourrine !-. Aussitôt, une vidéo débuta, on les voyait, tous, le jour de l'anniversaire de Sam au centre commercial, ils en avaient presque oublié que Gabriel avait tout filmé frâce à son Nosferapti. D'ailleurs, ce fut lui qui apparut en premier sur l'écran.

« Ce que j'offre à ma famille à chaque nouvelle année ? Hum, je leur envoie toutes les photos humiliantes que j'ai récoltés sur eux, comme ça, ils savent ce qui va leur tomber dessus s'ils me désobeissent. Je leur offre le savoir en quelque sorte ! »

Un long silence morbide tomba sur les invités.
Tu parles d'un cadeau.

La caméra se tourna vers Daniel et Lucas, et une voix lança simplement : « Et vous ? ».

« Des portes-clefs peluches, en forme de Pokémon, c'est tout ce que je peux me permettre pour tous les membres de ma famille. Cette année, je n'aurais pas le temps de les fabriquer moi-même…Murmura Daniel, embarrassé.
-Moi je n'offre rien du tout à ma famille voilà ! Je garde mon argent pour acheter des roses !
-Des roses ? Balbutia la voix ébahie.
-Bien sûr, à ton avis avec quoi je donne le ton de l'ambiance ? Sans pétales de roses ça ne rime à rieeen !
-Evidemment, j'aurais du m'en douter, ricana Sam à ses côtés.
-Et toi Sam qu'est-ce que tu vas offrir à ta famille ? En plus avec toutes tes tantes, tu vas te ruiner aussi, non ?
-Tu rigoles, j'vais pas faire de cadeau à tout le monde, j'vais faire comme chaque année, envoyer une lettre pour leur souhaiter les fêtes, c'est tout. Puis à ma mère j'vais offrir un énième bouquin sur la médecine Pokémon, j'ai vu un qui parlait du cas de la « L'angine chez les Pokémons aquatiques » qui avait l'air bien dans une boutique pas loin.
-Hu…Souffla la voix, peu emportée par l'idée. –Et vous monsieur prof flemmard ?
Akira arqua un sourcil et en poussant un bâillement énorme lança :
-Monsieur à trop la flemme, ils se passeront de cadeaux cette année, c'est trop de boulot. »

Quelques rires dans la salle s'élevèrent de nouveau, ce qui accrut davantage le mal de crâne d'Akira.

« Et toi Eléanore, qu'est-ce que tu vas faire ? –Tous les regards obliquèrent vers l'arrière de la camera et la voix se révéla à eux, pensive.

-Hum, dans la mesure où je peux rien envoyer à mes parents sans danger, rien…Puis faut que je commence à économiser un peu parce que l'argent que j'ai chipé commence à s'épuiser…Donc, ce sera des bisous pour tout le monde ! »

Le clip coupa, Eléanore devant l'écran rigola, et avant qu'elle n'ait pu esquisser un seul geste vers la foule, Silver grogna :

-Essaye un peu et tu ne verras pas la nouvelle année.

Ce commentaire la vexa profondément , elle ralluma l'engin avec un sifflement agacé et un juron à demi camouflé pour le roux. Heureusement, Christopher et Angèle eux se firent un plaisir d'enlacer la gamine pour au moins les cent ans à venir.

Une photo s'alluma, elle montrait Eléanore suspendue à sa branche, le jour où elle était tombée de la falaise. Plusieurs fous rires partirent y compris le sien.

-C'est vrai que vu comme ça, on dirait pas qu'on va devenir ami, et encore moins que Pilou sera mon Pokémon ! Mais ça a commencé comme ça !

Un autre cliché s'afficha, cette fois montrant une dispute légendaire de Sam et Eléa, sur le point d'en venir aux mains, elles et leurs starters.

-Difficile à croire qu'on est parti de si bas !

Ce commentaire laissa place aux deux filles vêtue chacune à la manière de l'autre, complètement épuisées.

-Rectification, on est parties bien bas…Et on a continué à creuser.

Photo de Lucas qui se retrouvait avec la marmite sur la tête.

-Et en plus on ramenait les autres avec nous ! Acheva Eléa.

S'en suivit une chaîne de vidéos et autres petites anecdotes, un Yuki endormi debout, un Daniel qui jouait de la musique avec ses Pokémons, Samantha qui lisait et chassait une Eléa un peu trop collante, un des nombreux sketches de Lucas.

Oui, plus ils le voyaient, plus les souvenirs remontaient, ils étaient comme ça au début de leur aventure, même pas proche, juste rêvant chacun de leurs côtés. Ils parvenaient à peine à croire eux même de tout le chemin parcouru depuis. Daniel blêmissait à vu d'œil d'ailleurs. Et la dernière réminiscence l'acheva. En gros, une belle reproduction de leur photo souvenir du concours d'Argenta.

-Héhé, c'est à ce moment là qu'on est vraiment devenu amis ! Parce qu'une certaine personne a besoin d'une preuve pour se faire des copains ! Balança Eléa, moqueuse. –Et en revisionnant ça, on a découvert un truuc énorme !

Dans un rire victorieux, elle pointa du doigt un petit point dans le fond, un rouquin entouré d'une grande tige blonde, et d'un albinos. Elle plissa les yeux, visiblement d'excellente humeur.

-Silver espèce de Stawlker ! Tu devrais avoir honte !

Le concerné émit un grognement mécontent et ne répondit rien, il préféra le silence face aux moqueries gentillettes. Eléanore sourit de toutes ses dents, et elle fit un geste que personne n'avait attendu, surtout de sa part, elle descendit jusqu'à la table, attrapa Samantha par le bras, et l'emmena avec elle sur l'estrade. La jeune femme tressaillit, peu encline à se faire voir après le cirque de cet après-midi, et surtout sa défaite. Pourtant, Eléa ferma les yeux et souffla simplement à l'assemblée :

-Il n'empêche, que…Je regrette pas le moins du monde de tous vous avoir connu.

Elle serra visiblement la main de Sam dans la sienne. Le public haussa les sourcils, et avec son panache, son ironie habituelle, la dresseuse au Dracaufeu lâcha innocemment :

-Dans cette aventure, je me suis fait les meilleurs amis dont je pouvais rêver. Je vous ai tous rencontrer, et même s'il y a des hauts et des bas, avec son lot de déception, ça ne change pas le lien qui nous unie. Je sais que, nous avons tous des opinions différentes, qu'on ne peut pas toujours tomber d'accord. Je sais qu'en tant qu'ami vous voulez tous mon bien-être. En cela je vous remercie tous. Même si je me passe très bien de votre aide !

Quelques rires sonnèrent dans la salle.

Elle venait non seulement de balayer toute la rancune qu'on la croyait porter, mais également de tourner en ridicule tous ceux qui n'avaient pas soutenu Samantha. En quelques mots, elle détruisait, pardonnait, et reconstruisait. Les lèvres de samantha se tordirent dans une grimace émue, qu'elle essaya de transformer en un sourire sincère, mais de nouveau les sanglots menaçaient de couler, elle ne parvenait plus à garder cette expression froide, celle qu'elle avait tenté d'arborer dans l'adversité. Eléanore lui jeta une œillade complice, et comme pour lui confirmer qu'effectivement, elle parlait d'elle. Ensuite, comme le plus naturellement du monde, elle lança :

-C'est parce que j'ai rencontré Samantha qu'aujourd'hui je suis ici. Enfin, on peut aussi remercier la flemmardise de son prof, qui désirait tellement pas marcher, qu'il m'a piégée pour la surveiller à sa place.

Cette fois par contre Samantha sursauta, et elle parvint très clairement à afficher sa surprise, mêlée à sa colère : Qu'est-ce qu'elle venait de dire là ?
Akira à table, bien qu'il ne suive pas des masses, victime d'une migraine douloureuse, grogna. Ca, c'était pas la peine de le préciser. Vu le regard noir que son élève lui lançait, il prédisait pour lui le pire des avenirs. Eléanore elle, rit à pleine gorge et enchaîna comme de rien :

-Vous savez quoi ? La première fois que je l'ai rencontrée, je me suis dit : « Mais quelle est cette idiote, bigleuse et imbue d'elle-même ! Elle me retarde dans mon voyage initiatique, je vais l'étrangler si elle ne s'excuse pas dans la minute ! » j'étais même sur le point de l'étriper de mes propres mains.
-C'est exactement ce que je pensais aussi…Ajouta Sam avec honte, les joues rouges.

A nouveau quelques échos amusés s'élevèrent dans la salle. Ce qui encouragea d'autant plus Eléanore :

-Et après, on a rencontré Daniel et Lucas…Qui nous ont aidé à nous lier vraiment d'amitié. Ensuite, comme naturellement, a suivi Gabriel, la peste, -Le concerné salua le public- Gold, Silver, Angèle, christopher, quoi qu'il me semble que je les avais déjà vu quelque part avant –ceux là par contre préférèrent se terrer sous la table à l'évocation de ce souvenir-. Ensuite, quand le moment des adieux est venu…

La gorge d'Eléa s'éteignit une seconde, et Samantha fit une grimace touchée avant de lancer à son tour :

-Ensuite, on a vécu encore d'autres aventures, rencontré encore d'autres gens adorables, ou pas…Comme Yoann, ou Shagi, qui nous ont conduit jusqu'à Makanie, à Aaron, Cristal…

Les presque étrangers sursautèrent de se voir citer dans un discours si personnel, surtout par la personne qu'ils avaient si peu soutenu pour certains. Eléanore parut reconnaissante à son amie d'avoir pris la relève, et elle ajouta :

-Oui, et même si c'est pas vraiment le meilleur des endroits pour se retrouver, ni la meilleure des situations…

Elle agrippa Sam par le cou et l'obligea à se coller à elle pour achever :

-Tant que je suis avec mes amis, je continuerai à me battre, jusqu'à la fin, pour moi, et pour eux. Parce qu'on a fait un pacte tous ensemble. Un pacte d'amitié, qui surpasse tous les autres.

Elle recula un peu, et tapa sur le drap blanc, comme pour confirmer ses paroles, puis elle regarda Samantha, sérieusement, doucement. Ses lèvres s'étirèrent pour devenir son sourire si charmant, qui faisait tant de ravage.

-C'est pourquoi je veux que tout soit comme avant, je veux que cette amitié dure.

Elle se tourna vers l'assemblée et déclara lentement :

-Je ne vous demande pas de lui pardonner comme je l'ai fait, vous pensez ce que vous voulez je m'en fiche, on a tous le droit d'être stupide. Mais je veux qu'au moins, vous n'agissiez pas avec elle comme avec une traitresse, parce que ce n'en est pas une. Du moins, pas à mes yeux.

Elle baissa la tête, et accepta enfin de laisser Samantha retourner à sa place. Un silence de recueillement s'instaura, puis finalement, tout d'un coup, Cristal le plus simplement du monde, s'insurgea :

-Tu n'avais pas besoin de nous dire tout ça, tu sais ! On est assez grand pour le comprendre nous même. C'est notre amie également.

Plusieurs personnes écarquillèrent les yeux de surprise, mais la cadette heart parut si sérieuse, si impliquée dans l'histoire, que le fou rire partit tout seul. Et continua un bon moment. C'était le meilleur des moyens pour signifier qu'ils acceptaient.

Samantha n'en revenait pas, là au milieu des rires, secouées, recevant accolades sur accolades, elle se croyait au beau milieu d'un rêve. Elle admira Eléanore, toujours sur l'estrade, celle-ci bombait le torse, visiblement ravie de son petit effet.
Elle secoua la tête vivement, ses sanglots se transformèrent eux aussi en un ricanement, qui vint se joindre à tous les autres, se mélanger indifféremment.

Elle aussi, elle aurait pu faire un discours, sur tout ce que l'amitié d'Eléanore, des autres, lui avait apporté. Elle qui s'était toujours enfermée derrière une barrière de savoir, ses livres, qui avait toujours vécue dans sa bulle, coupée des autres…Aujourd'hui, elle se mélangeait à la foule, les questions existencielles qui avaient si souvent monopolisé son esprit s'envolaient dans la bise. Chaque jour, il lui semblait redécouvrir un peu plus le monde, les couleurs, les senteurs de la liberté. Pour une des premières fois de sa vie, elle était bien.

Heureuse.

Et tout ça, grâce à elle.

Finalement, peu importait que Daniel ne lui parle plus, du moment qu'elle conservait cette amie si précieuse à son cœur, du moment qu'elle continuait de vivre entourée, elle pouvait supporter cela. Au début de son voyage initiatique, elle espérait rencontrer sa véritable famille, trouver gloire, amour, argent, comme dans les romans qu'elle avait dévoré. Mais ce qu'elle avait vécu aux côtés d'Eléanore prenaient tellement plus de sens à ses yeux. Bien sûr, elle avait souffert, elle avait pleuré énormément, mais elle avait également rigolé comme jamais, amusé, envolé. Jusqu'à sa rencontre avec sa camarade, elle avait rêvé sa vie, et aujourd'hui, elle ouvrait les yeux pour découvrir que la réalité pouvait se révéler bien plus agréable.

Alors que Samantha était toute à sa joie, qu'on ne cessait de lui envoyer des excuses à tout va, que l'humeur continuait légèrement, Daniel se pencha vers Lucas, soucieux, et lui demanda d'une petite voix :


-Dis, Samantha est présente sur cette photo ? Non ?

Lucas fronça les sourcils, puis ricana :

-Evidemment enfin, c'est la photo du pacte, arrête de faire de mauvaises blagues. C'est pas le moment.

Daniel émit un rictus malhabile et s'excusa avant de quitter la table, blanc. Eléanore, arrachée du spectacle bien heureux résultant de ses actions, le suivit des yeux et lança inquiète :

-Tu ne te sens pas bien Danny ?
-Heu, c'est rien, j'ai besoin de me rafraîchir un peu. Faites comme de rien. Bafouilla la brun en la renvoyant à d'autres sujet d'un signe de main absent.
-Hé attends !

La dresseuse se précipita vers lui, et se planta sur son passage. Régis écarquilla des yeux quand elle pointa du doigt une énième branche de gui au dessus de leurs têtes. Pas le temps de bredouiller une seule objection, Ash fut bien plus rapide que tous, d'un jet de flammes calculé il carbonisa la plante de Satan.


-Ash ! Je croyais que te confier à Daniel te rapprocherait de lui ! S'offusqua sa dresseuse le rouge aux joues.

Tant elle était prise dans sa réprimande, elle ne remarqua pas Daniel s'en allant, profitant de l'agitation pour disparaître. Arrivé dans la salle d'eau, le Kazamatsuri alluma la douche pour se rafraîchir un peu la tête. Là seul, les yeux plissés, il essaya de se remémorer tous les évènements dont Eléa avait parlé pendant son discours. Mais rien le vide total, il savait pourtant que Sam avait été présente, il le sentait, mais il ne voyait rien. L'espace d'une seconde il sentait un bref mal de crâne, et la silhouette floue de Sam sur les clichés s'évaporait, purement, et simplement.

Il pouvait faire une liste rapide de ce qui pouvait causer ce genre de problèmes, et entre la simple folie, et la tumeur inopérable au cerveau, ce n'était guère joyeux. Son père, était-il victime lui aussi de ces hallucinations ? A ce moment-là, pouvait-ce être une maladie génétique ?

Le Kazamatsuri poussa un grognement, coupa le liquide et se laissa tomber sur le sol, épuisé.

De toute façon, quelques soient les raisons de ses troubles, il ne pouvait rien y faire, alors autant les accepter. Cette constatation lui laissa un goût amer, et pour une fois, un geste lui échappa, un geste qu'il ne contrôla pas. Il plaqua sa paume contre son front et siffla :

-Qu'est-ce qui m'arrive au juste ? Pourquoi j'oublie que Samantha dans cette histoire ?

De l'autre côté de la porte, dans le salon, les rires se confondaient de plus en plus les uns aux autres.
Seule une personne l'entendit à travers la cloison. Silver qui l'avait suivi en espérant ainsi découvrir une sortie de secours, se figea, et son visage s'assombrit.

Ainsi, cela avait déjà commencé…

Il contempla Samantha qui rigolait innocemment avec Eléanore, comme si rien ne s'était passé entre elles, toutes deux entourées par tant de gens…

Ces instants passés, combien d'entre eux seraient réellement capables de les garder intacts ?