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Destins liés ~Crépuscule~ de fan-à-tics



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» Auteur : fan-à-tics - Voir le profil
» Créé le 10/01/2010 à 22:01
» Dernière mise à jour le 04/06/2014 à 21:57

» Mots-clés :   Présence de personnages de l'animé   Présence de poké-humains   Présence de shippings

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Episode 41 : On ne piège pas des mouches avec du Niel. (WTF)
L'ECREMEUH !
Cristal *paniquée* OU ? *s'enfuit en courant*

Ah, heu non, c'est pas ce que je voulais dire Cristal, revient...Je..Bref, je croyais faire un chapitre immense qui dépasserait trente page, mais finalement j'ai atteint 22, je m'en suis pas trop mal tirée. J'espère que celui-ci vous plaira, c'est un des derniers nœuds dramatiques de l'histoire. Il y a plusieurs indices quant à la suite des évènements, à vous de voir ce qui cloche, et de lancer des hypothèses.

Sur ce je vous souhaite une excellente lecture ! Bisous, et dites-moi ce que vous en pensez !


-chapitre 41-

La cohue s'amplifiait, les cris s'élevaient des foules, stridente et affolée. La plupart des gens auraient sans doute réagit en les imitant, après avoir vu le chef de la famille Sarl terrassé en un coup par un ultralaser, les personnes sensées se seraient rué dans les rues à la recherche d'abris.

Cependant, Daniel n'aspirait plus à la normalité depuis des lustres. En tant que simple fermier, dans une famille extrêmement nombreuse à la situation chaotique, il se détachait de la masse, contre son grès, mais surtout, ce qui le différenciait, était son attitude calme, zen comme on le décrivait. Il l'avait compris bien tôt, qu'il ressentait les émotions à retardement, il avait appris à feindre l'étonnement, la surprise, mais jamais la peur ou la panique. C'était juste impossible, l'ambiance était toujours retombée avant qu'il ne soit touché par quoi que ce soit. La peur quand elle le prenait, le paralysait. Devant des caméras, sur une scène, quand on le regardait, empli d'attente...Mais quand les autres avaient peur, quand il était normal d'avoir peur...Rien ne venait. Jamais. Au contraire, tout s'apaisait, comme si, enfin, le monde avançait à son rythme, qu'il donnait le pas. Enfin, il était plus rapide que les autres, il pensait avant les autres, il était plus intelligent que les autres.

Pourtant, cette fois, il devait bien avouer que sentir les gens affluer, les bousculer sans même s'excuser, entendre leurs hurlements, rester auprès de ses amis seulement grâce à leurs mains jointes, cela l'oppressait plus qu'il ne le pensait. Il ne parvenait pas à percevoir les phrases que bredouillait Christelle, et il ne voyait que de la peur s'imprimer sur le visage de Lucas tandis qu'il scrutait la vague vivante, traquant le responsable de ce carnage.

Alors, brusquement, comme un choc électrique, son cerveau lui envoya une information cruciale, comme il le faisait souvent alors que tous ceux des autres se noyaient sous l'adrénaline, tout redevint normal, ou plutôt...Anormal : Eléanore était sans défense.

Gabriel sentit son frère échapper à sa prise, son bras glissa de son étreinte pourtant bien ferme, il poussa immédiatement une exclamation effrayée. Christelle le rattrapa et le couvrit instinctivement, Lucas écarquilla des yeux, et suivit son ami instantanément.

Les étrangers autour de lui pouvaient crier autant qu'ils le souhaitaient, il n'eut à l'esprit que la vision de son camarade en train de vomir de la veille à l'esprit. Il eut beau tomber plusieurs fois au sol, frappé, happé par le mouvement du flux et reflux, il se redressa toujours plus vite, pour reprendre sa course.

Il grimpa sur l'estrade sans même s'en apercevoir. Ce ne fut que le Chao qui y régnait qui lui fit réaliser l'ampleur du désastre. La femme en fauteuil roulant était tombée au sol, elle serrait contre elle un gamin tout petit qui pleurait à chaudes larmes, appelant son père, un certain Joshua, au sol, inanimé. Le mur derrière eux s'était partiellement effondré, le grand père Sarl, soutenait sa belle-fille, inconsciente dans ses bras, essayant lui-même de dépêtrer ses jambes des amas de ciments. Lucas se précipita vers le blessés, et les aida à sortir de ce guêpier, le grand père s'affala, face contre terre, épuisé, le psy vivait également, même s'il saignait énormément à la tête. Lucas traîna sa femme jusqu'à lui pour qu'elle s'en occupe elle-même, ne supportant la voir essayer de ramper jusqu'à lui comme une agonisante.

Le souffle court, la respiration bloquée, il vit alors Daniel auprès d'Eléanore, celle-ci ne parvenait pas à se relever, ses jambes pendaient lamentablement sur le sol, elle se débattait de toute évidence, tendant le bras vers le corps de son père. Le métabolisme de son géniteur s'auréolait d'une mare sanguine fatale.

-Lâche-moi Danny ! Sanglota la gamine, en remuant. –Papa ! Je...
-C'est le moment idéal pour t'échapper Eléa ! C'est maintenant qu'il faut partir ! Répliqua Daniel simplement, d'une voix monocorde.

Lucas remarqua le teint blafard de l'adolescente s'accentuer, ses jambes molles eurent un tressautement faible, les tâches noirâtres s'étendaient de plus en plus, pourtant, lorsqu'elle avait brillé si intensément en arrêtant la deuxième attaque, Lucas pouvait jurer qu'elles n'étaient pas si larges, que leur amie pouvait encore tenir debout.

Un pleur, un sanglot échappa à Eléa quand Daniel, la prenant dans ses bras pour la porter, fit le premier pas vers la liberté. Fut-cela qui le stoppa, en tout cas, il pila net et dévisagea la dresseuse de feu, qui hoquetait pitoyablement contre lui.

-Papa...J'peux pas...Papa...

Les lèvres du garçon se pincèrent et il plissa les yeux violemment, comme pour se résigner, puis il tourna des talons. Lucas sursauta et les rejoignit. Eléanore fut assise auprès de Charles Sarl. Celui-ci soufflait difficilement, les yeux grands ouverts, il fixait pourtant les cieux avec une certaine terreur. Comme un gamin éperdu qui contemplait pour la première fois l'intensité de la galaxie ouverte devant lui.

Sa fille posa une main compréhensive sur sa joue, et leurs regards se croisèrent une brève seconde. Elle savait ce que c'était, il se rendait compte combien il était minuscule, il doutait, et appréhendait le moment où il allait s'évaporer et rejoindre se mêler, disparaitre dans cet infini inconnu.

Charles Sarl sourit.

-Tu vas bien...J'ai cru que le rayon vous avait aussi touché...

Sa fille frissonna, le nez engorgé.

-C'est bon Papa...j'vais te soigner...

Charles Sarl parut hagard, d'entendre de nouveau le son de la voix de sa fille, et ses lèvres s'étirèrent davantage, mais d'une manière irrémédiablement faible.

-Tu...Tu me parles ?

Eléanore secoua la tête ; comme pour chasser ce soucis de la liste des priorités, et elle tendit la main sur la plaie béante, frémissante qui trouait le torse de l'homme allongé devant elle. Daniel resserra sa prise sur ses épaules, comme pour contenir le tressaut, le haut-le-cœur qui le secoua au contact du liquide vital, de la chair putrifiée de l'être qu'elle aimait tant. Le chef des Sarl remarqua alors enfin la présence des enfants et leur murmura :

-Vous êtes...
-Personne. Ne parlez-pas, contentez-vous de garder vos forces. Coupa court Daniel, impassible, plus préoccupé par les actions de sa camarade que par les paroles du mourant.

Un halo merveilleux, apaisant, entoura Eléanore soudainement, Lucas, effrayé, recula et s'effondra sur les fesses, mais Daniel ne cilla pas du tout, Charles également.

Eléanore se concentrait, ses sentiments, exactement ceux qu'elle avait tirés du fond de son cœur le jour où Silver avait failli y passer. Elle avait réussi à le tirer des lymbes, elle allait faire de même avec son père. Elle se raidit, comme pour se forcer à les sortir, ces pouvoirs merveilleux, pourtant, la voix de Miyu dans ses souvenirs, retentissaient encore, ses avertissements sourds. Elle sentait l'énergie la quitter aussi vite qu'elle atteignait le métabolisme de son père. Mais elle s'en fichait pas mal. Miyu pouvait comprendre, elle l'espérait, en tout cas, après tout, il avait vécu avec elle, il connaissait Charles Sarl, Marina, Maximilien.
Ses membres tremblèrent, frémirent. Une peur sourde la pétrifia. Elle n'y parvenait pas ! Elle n'arrivait pas à regrouper correctement ses pensées, sans Miyu...Sans Miyu elle ne savait pas si elle pouvait le faire !

Elle émit un sanglot impuissant.
Charles Sarl ferma les yeux lentement.

-Papa ! Hurla-t-elle désespérée.

L'homme se réveilla une seconde, comme parcourut d'un second souffle. Eléanore sentit alors son cœur battre à tout rompre dans sa poitrine, une phrase, lui parvint à l'oreille, mais elle n'arriva pas à savoir qui l'avait prononcée : « Tu peux le faire, je suis avec toi. ».

Miyu. Oui, Daniel le lui avait dit, son œil jaune, c'était la preuve qu'il restait toujours là, avec elle, qu'il la soutenait.

La main de son père glissa de sa prise, et elle ressaisit aussitôt avec une vigueur toute neuve, malgré le rideau de pleurs qui lui brouillait la vue. Elle montra un rictus arrogant à son géniteur qui avait abandonné la lutte, et souffla :

-Je me suis infiltrée chez Les Opales pendant mon voyage. Je les ai entendus parler d'un espion dans ta société, qui collectait les parts de l'entreprise et faisait des détournements de fonds pour se l'approprier. C'est pour ça, pour ça qu'ils t'ont visés. Maman ne possède aucun droit dessus, en tant qu'épouse d'origine modeste, Grand-père est trop vieux, et moi je suis mourante. Avec ta mort, ton second aurait probablement prit la tête.

Charles fronça les sourcils, se concentrant sur le discours de sa fille, probablement par habitude. Mais il avait cessé de parler, cessé de gaspiller ses dernières ressources d'énergie.

-Ecoute papa ! Quand je me suis enfuie, j'ai demandé à ton second de m'apprendre comment détourner un peu d'argent, c'est lui qui m'a appris ! Il faudra que tu le vires dès que tu seras remis !

Lucas bafouilla d'incompréhension, devant lui, la blessure de Charles se refermait devant ses yeux ébahis. Le chef Sarl s'endormait petit à petit, regagnant des couleurs, la flaque sanguine, chose étrange, se rétractait vers le corps, comme animée par une volonté propre. Tremblant, il contempla Eléanore, qui brillait toujours, son œil gauche se teintait d'une couleur dorée, les tâches noires sur ses membres grandissaient de plus en plus, bientôt plus une seule parcelle de sa peau ne fut visible sur ses jambes, elle-même, blêmissait comme une personne se vidant de son sang continuellement.

Brusquement, un cri le réveilla de sa torpeur. Christelle et Gabriel, toujours présents dans les restes de foule, pointaient du doigt une forme qui s'enfuyait dans le sens inverse du mouvement de foule, un Pokémon à ses côtés. Les conclusions frappèrent Lucas plus vivement qu'un choc électrique. C'était le coupable, l'homme responsable de ce drame ! IL hésita une seconde, puis bondit en dehors de l'estrade et se lança à sa poursuite. Daniel sursauta en voyant son ami partir, et capta la silhouette vacillante de l'ennemi.

Il lâcha Eléa, commença à se remettre debout, puis s'arrêta.

C'était peut-être leur seule chance de récupérer Eléa pacifiquement. S'il s'en allait, elle risquait de retourner dans cet hôpital et d'y finir ses jours.

Les images de ses courtes visites dans le bâtiment médical le firent frissonner.

Brusquement un cri de Pokémon s'éleva du bosquet dans lequel s'étaient engouffrés Lucas et l'assassin.

Cet homme que poursuivait son ami d'enfance était dangereux, surement bien au dessus de leur niveau actuel. Il était capable de tuer un homme de sang froid. Il était capable de mettre fin à l'existence de Lucas.

Une sensation glaciale lui remonta la colonne.

Il jeta un coup d'œil en arrière, Eléa perdue dans sa méditation lumineuse, ne lui accorda même pas un regard, probablement n'était-elle-même plus en état de le faire.

Il grimaça, poussa un grognement faible, puis sauta lui aussi hors de l'estrade pour rejoindre son ami d'enfance aussi vite qu'il le pouvait. Quand il passa devant Christelle, il sentit Ditto le métamorph se glisser sous son pull. Christelle et Gabriel se firent finalement emportés par le flux des personnes paniquées. Eléanore arrêta de briller peu de temps après, et elle s'effondra à terre, inerte, un mince filet sanguin s'écoulant de ses lèvres bleuies.

Daniel s'effondra lamentablement contre l'herbe, son pied pris dans une ronce pendant sa traversée hasardeuse dans les buissons. Il releva la tête, et là, il admira Lucas, faisant face à un homme ridé, portant un uniforme d'Opale. Gilles, l'envoyé de Méfistos, et même s'ils l'ignoraient, sa puissance se sentait, imprégnait l'air qui les entourait, le rendant presque palpable.

Lucas n'avait pas lésiné sur les moyens, il avait sortit tous ses Pokémons, Chamallot, Massko, Mentali, Noctali, et même Barpau. Le Mangriff de son adversaire paraissait en difficulté, probablement heurté par une entrave du Pokémon psy. Cependant, l'homme avait à sa ceinture trois pokéball.

Daniel eut à peine le temps de se faire cette remarque, qu'une ombre surgit derrière Lucas et le frappa de toutes ses forces, son camarade vola sur quelques mètres et s'éclata contre un roc dans un bruit insoutenable. Un puissant simiabraz brandissait encore son poing fumant, fier d'avoir touché si parfaitement sa cible. Gilles eut un sourire sadique, et ordonna à son singe de finir le gamin. Le Pokémon engrangea son mouvement, mais Noctali et Mentali se dressèrent devant leur maître inconscient, une protection pourpre et noire barrant toute offensive. Chamallot, Massko et Barpau entourèrent eux aussi leur dresseur avec forces et convictions, prêt à le défendre jusqu'au bout.

Le membre d'Opale siffla d'agacement. Il rappela son Mangriff dans un état assez peu encourageant, et alors qu'il s'apprêtait à reprendre son Simiabraz un jet d'eau glacé fusa, zébra l'atmosphère pour renverser le macaque enflammé et refroidir ses ardeurs.

Ramoloss barbotait toujours, la gueule ouverte, avec son pistolet à eau, quand Gilles remarqua enfin la présence du gamin aux yeux vairons.

Celui-ci, légèrement hésitant, avait sorti son Riolu, et son balignon shiney en soutien. Ne connaissant que très peu les aptitudes des Pokémons Eléa, il s'était décidé de ne les utiliser qu'en dernier recours, si vraiment, il se retrouvait dans une impasse. La bouche tordue, peu sûr de lui, il tâchait de se convaincre qu'il pouvait au moins retarder ce type infâme, malgré ses capacités combatives proches de zéro.

La silhouette inconsciente de Lucas, le souvenir fugace de Christelle et Gabriel terrifié, l'image des larmes d'Eléa, tout cela le poussaient à chercher une rage de vaincre en lui qu'il n'avait jamais réussi à trouver jusqu'à présent, qu'il sentait encore à peine aujourd'hui tant les impératifs et les pensées emplissaient son être à une vitesse que lui seule pouvait suivre.

-Oh, un autre ? Souffla Gilles. –Enchanté gamin, décidément, où va le monde, on nous envoie des enfants pour nous arrêter, et après on nous traite de tueurs ?

Le membre d'Opale émit un rictus et haussa les épaules avec dédain.

-Ils sont si facile à briser en milles morceaux, on ne peut même pas jouer avec plus de quelques minutes, ce n'est pas notre faute quand même, si, inévitablement, on les casse !

Daniel ne cilla pas, impassible, le regard fixe, posé sur son adversaire. Le concerné arqua un sourcil, surpris par le peu de considération qu'on portait à ses propos. Généralement, il arrivait à déstabiliser ses ennemis en un claquement de doigt.

-C'est ton ami là ? C'est ton amie aussi, la gamine sur l'estrade ? Devina Gilles. –Tu ne sembles pas te soucier de leurs états pourtant...
-Je suis mort de trouille là. Déclara passivement Daniel, sincère, sans comprendre que dit cela comme ça, le faisait plutôt passer pour un gamin arrogant. Pourtant c'était vrai : il avait peur. Mais pas comme tout le monde, comme Lucas avait peur, comme Eléa avait peur. Il ressentait un calme affolant. Pourtant il ne mentait pas pour autant, si son corps ne tremblait pas visiblement, intérieurement, il bouillonnait, les questions préoccupantes se suivant anarchiquement. Bien évidemment qu'il s'inquiétait pour ses amis, Lucas, pour s'évanouir sur le coup, devait avoir des blessures importantes, Eléanore là-bas était soumise à une force dont il ignorait tout, et son frère avait été emporté par une foule d'étrangers.

Cependant, même s'il ressentait un semblant de peur, cela ne suffisait pas à lui embrouiller les idées. Etrangement, il sentait son cœur battre de manière tout à fait normale. Comme lors des évènements du mont Sélénite, plus l'adrénaline montait, moins il perdait de vue les nécessités vitales.

-Sale peste. Tu es bien insensible ! Ca te dirait de rejoindre Opale, on a besoin de membre qui se fichent pas mal des autres, qui savent garder la tête froide ?

Il essayait de gagner du temps. Il n'avait que trois Pokémons, et il papotait pendant le combat pour le déstabiliser, cela sous-entendait probablement qu'il n'était pas un combattant hors pair non plus. Daniel espérait qu'il ne se trompait pas.

Devant l'absence totale de réaction, Gilles s'exaspéra :

-Dis-moi gamin, tu dois être curieux non ? Un peu à l'ouest probablement aussi...Je connais ce type de profil. Tu n'as jamais songé, ne serait-ce qu'une seule fois, à ouvrir le bide de Pokémons et humains pour voir comment cela fonctionnait ? Ce qui les différenciait de toi ?

Daniel capta son mouvement à sa ceinture, il tentait de sortir son dernier Pokémon, probablement pour le tenir en tenaille comme il l'avait fait avec Lucas. Il essayait de le déstabiliser en lui disant ça, pour viser lui, le dresseur. Il ne se laisserait pas piéger. Immédiatement, il envoya lui aussi une de ses pokéball, Goboue en sortit en s'ébrouant dans un gémissement adorable.

Cette fois Gilles prit cela pour une preuve de ce qu'il appuyait. Il sourit machiavéliquement.

-Oh, tu m'envoie une bande de bébés Pokémons pour me contrer ? Je m'attendais à plus de ta part, après tout , si tu as déjà pensé à cela, c'est que tu risques de devenir un tueur en série. Je m'attendais à...Des Pokémons plus...Agressifs.

Il lança discrètement sa sphère rouge et argenté dans les buissons, si Daniel n'avait pas capté son mouvement précédemment, peut-être aurait-il pu le louper et se faire surprendre. Ce n'était qu'une diversion, tout ce que ce type disait n'était qu'une diversion, mais il ne se laisserait pas avoir. Il allait même jouer le même jeu que lui : après tout, pourquoi jouer franc-jeu contre ce genre de types ?

-Ne sous-estimez pas mes Pokémons, Goboue est peut être encore petit, mais c'est très certainement mon meilleur atout.

Gilles parut irrité, soucieux, mais il fit mine de ne pas y croire, et d'un geste ample, il entreprit le premier mouvement du combat.

-Simiabraz, attaque Punition !

Daniel ne prononça aucun mot, il bougea simplement des doigts. Ce qui surprit l'adversaire. Goboue se plaça devant ses coéquipiers et un barrage vert, brillant les entoura tous autant qu'ils étaient. Le coup du singe embrasé percuta la protection abri, et il recula, repoussé.

Gilles siffla entre ses dents.

-Simiabraz Lance-flammes !

Encore une fois Daniel ne répliqua pas. L'abri de Goboue se dressa entre la masse embrasée en Balignon. Celui-ci secoua alors son pelage et répandit une poudre toxique qui crépita au contact des flammes dorsales du Pokémon opposant.

Evidemment, le membre d'Opale ne pouvait pas comprendre, il n'avait probablement jamais fait de plongée, mais Daniel lui connaissait parfaitement cela, il nettoyait la piscine d'Azuria comme petit boulot autrefois, il avait appris le langage des signes pour communiquer avec ses pokémons aquatiques sous l'eau. Cela avait été dur, de les élever tous ainsi, et avec ses shiney, il avait du délaisser pour un temps tout son travail sur l'esquive, mais cela valait le coup.

-Simiabraz attaque Match punch !

L'abri de goboue n'allait certainement pas fonctionner une troisième fois. Ses créatures se dispersèrent en catastrophe pour éviter l'offensive. La même scène se reproduit plusieurs fois, sans qu'elle ne parvienne à ses fins. Gilles se moqua ouvertement du combat :

-Si tu n'attaques pas, tu ne risques pas de gagner tu le sais, ça ?

Riolu bondit sur les ordres de son dresseur, et lança l'attaque « photocopie ». Le coup ricocha sur l'armure de muscle de leur adversaire, ils ne faisaient certainement pas le poids contre lui, même s'il était empoisonné. D'un coup de bras vif, le singe envoya valser le petit chien. Balignon en profita pour essayer un para-spore, le terrain se recouvrit bientôt d'une brume violette et ocre, semblable à du brouillard.

-C'est bien beau, mais tes Pokémons aussi seront touchés, surtout les Pokémons Eaux ! Tu le sais ça ? Rigola Gilles.

Les pupilles de Ramoloss étincelèrent, puis il ouvrit alors la gueule et une brume condensée remplaça autour de l'équipe adverse le nuage de spores toxiques. Une légère aura verte accentuait le caractère aveuglant de l'attaque. Une combinaison avec la Rune protect, c'était plutôt malin. Cependant, un doute assaillit Gilles, habituellement, les ramoloss n'apprenaient guère la première capacité. Il scruta le brouillard à la recherche du mollusque rose, mais sa vision avait considérablement diminué, seule la silhouette incertaine du garçon qu'il affrontait était encore visible. Et celle de son Simiabraz, trop énorme et flamboyant pour disparaître dans ce rideau opaque. Le garçon prenait l'avantage avec ce tour, mais en avait-il seulement conscience ?

L'enfant apparut plus net devant lui chercha des yeux ses Pokémons, hagard.

-Simiabraz Boutefeu ! Hurla-t-il.

Le Pokémon frappa l'air sans toucher personne, l'ombre diffuse d'un Pokémon esquivant tant bien que mal l'offensive fut tout de même visible.

Gilles retint un pouffement victorieux devant la mine défaite, déboussolée du petit. Finalement, il abandonnait enfin son masque d'indifférence. Et lui, avait toujours une carte en main.

-Dardargnan direct Toxique sur cet avorton !

Daniel sursauta et se retourna dans un bond, pas assez rapidement malheureusement, les immenses dards du Pokémon insecte vrombissant empalèrent son ventre sans une once d'hésitation. Ses pieds quittèrent terre, et il vomit une gerbe sanguine. Le rire tonitruant de Gilles retentit dans la plaine, Lucas, réveillé par le bruit, papillonna des paupières et assista distinctement à la scène la plus horrible qu'il ait jamais vu. Il se figea, et un hurlement lui échappa.

Danny se retourna doucement, le corps ballotant, suspendu à ces deux lances, sa tête roula sur ses épaules et un sourire se dessina sur ses lèvres ensanglantées, moqueuses. Son visage, son métabolisme eut un sursuat et se déforma, reprenant une forme rose et visqueuse. Ditto en parfait état, se défit aisément des pics toxiques du Dardargnan.
Le temps sembla se suspendre.

-BRAVERY PHOTOCOPIE !

Le Riolu sauta et son poing s''embrasa quand il copia l'attaque boutefeu de Simiabraz. Le dardargnan Voltigea, grandement affaibli. Lucas réagit au quart de tour Il ordonna à mentali un psyko bien placé et à Chamallot à nouveau lance-flamme qui eut tôt fait d'achever la guêpe.

Perdu, Gilles trépida, sa tête allant de droit à gauche à la recherche du gamin adverse. Comment, comment avait-il pu lui échapper ? Jouer ce tour ? Dans un Balbutiement il ordonna à son Simiabraz d'attaquer à l'aveuglette dans ce brouillard, mais il analysa son singe, tendu comme un piquet, soumis à l'influence d'un para-spore de Balignon, auquel le massko de Lucas avait conféré un peu plus de puissance.

Un détail frappa alors Gilles. Il parvenait parfaitement à discerner le gamin brun et ses Pokémons, aussi petits étaient-ils. Ils se distinguaient parmi la brume, pourtant encore bien présente. Un frisson lui remonta l'échine. Les ramoloss ne maîtrisaient pas cette capacité. Ils apprenaient l'Hypnose !

Il s'apprêtait à tourner les talons et à s'enfuir à toutes jambes, quand sa tête cogna contre une barrière invisible. Il plaqua ses mains devant lui, un mur, non, une dérivée de l'attaque entrave ! Comment ? C'est alors qu'il le vit, le rêveur, il s'extirpait d'un tunnel devant lui, sûrement creusé par son Gobou. Ramoloss également parvint à s'en extraire. Le petit, calme, épousseta ses vêtements avec un soupir fatigué.

Le cri de Gilles supplanta celui de soulagement de Lucas :

-Comment ?!
-Hypnose. Expliqua simplement Daniel. –En même temps que Rune protect, Ramoloss est assez fort.
-Mais je croyais que Gobou était ton meilleur Pokémon !? Eructa le sbire.

Daniel croisa les bras, comme se posant la question sérieusement, et il sourit innocemment.

-Du bluff !

Puis décidé, il tendit le bras, les sourcils froncés, et souffla :

-Goboue, Ramoloss, pistolet à O.

L'ennemi vit avec terreur sa prison invisible se remplir de liquide, ce ne fut pas long avant qu'il n'en ait jusqu'au coup, puis il fut totalement immergé, Ramoloss ayant rajouté un couvercle à la boîte dans laquelle il l'avait enfermé. Bientôt sa vision devint trouble, et il recracha tout l'oxygène qu'il tentait vainement de conserver. Pourtant, alors qu'il sombrait dans l'inconscience, il eut un sourire victorieux adressé à ce gamin.

Il avait raison, ce gamin avait l'étoffe d'un tueur.

Son corps coula à pic et s'étala au fond de son cercueil.

Lucas tressaillit.

-Daniel QU'EST-CE QUE TU FAIS RELÂCHE LE OU TU VAS L'ASSASSINER !

L'artiste contempla son camarade avec étonnement, comme si, c'était l'évidence même que c'est ce qu'il désirait faire, mais en voyant la mine totalement désespérée du brun, il grimaça, penaud. D'un signe il ordonna à Ramoloss d'arrêter, et le sbire s'affala face contre terre, inspirant une gorgée d'air avidement dans son sommeil.

Le garçon rappela ses Pokémons et les cajola pour ce beau combat, remerciant aussi Ditto pour lui avoir obéit. Puis il s'avança vers Lucas, inquiet :

-Tu vas bien ? Demanda-t-il doucement, le timbre déformé.

Mais Lucas ne bougea pas, pétrifié. Daniel venait d'abattre un sbire d'Opale, de gagner un combat magistralement. Mais surtout, surtout, il avait bien failli devenir un meurtrier. Un flash lui rappela l'indifférence de son ami dans la foule en panique, son attitude désintéressée face aux blessés sur l'estrade. Il ne s'était soucié que D'Eléanore, ni du psy, ni du vieil homme, juste d'Eléa. Ils auraient pu mourir devant lui pourtant, exactement comme leur ennemi avait suffoqué dans le liquide sous son regard vairon.

-Pour...Pourquoi tu as fait ça ? Arriva-t-il à balbutier la gorge sèche.

Daniel arqua un sourcil et répondit, déboussolé :

-Je ne comprends pas, qu'est-ce que j'ai fait de mal ?

Le rêveur ne put jamais connaître la raison de l'interrogation de Lucas, celui-ci vacilla et lui tomba dans les bras, les yeux clos.

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-Salut la compagnie !

La voix enthousiaste et joyeuse résonna un bon moment dans le salon dépeuplé du chalet de Twilight. Blake, de retour de sa mission à la central, bredouille, sentit sa bonne humeur s'évaporer comme neige au soleil. Comment dire, en pleine fête de Noël, il s'était attendu à un peu plus de joie, et à sa sœur présente, lui sautant au cou avec son rire cristallin.

Effectivement, Sunny se tenait bien là, assise sur le canapé, en train de brosser plus ou moins ses Pokémons, Feunard, Noctali, pachirisu rose, et son otaria, sous les regards envieux de Bulbizarre et minidraco. Le moucheron là, le Yoann qu'il avait rapidement rencontré, l'y aidait un peu, lui tenant la main pour rendre son geste plus sûr.

Du haut de son 1m56, comment pouvait-il traîner avec sa superbe et grande sœur qui faisait au moins dix centimètres et ses trois ans de plus. Il ne l'appréciait guère décidément, ce bambin collant. D'accord, il lui avait sauvé la vie, mais y-avait des limites à respecter, des distances de sécurité à tenir avec sa sœur.

Cependant, l'ambiance lourde lui fit vite oublier ce « détail ». Il fronça les sourcils et lança sèchement :

-Ouah, tu as cuisiné pour qu'il y ait cette atmosphère ? Tu les as tous envoyé à l'hosto avec une indigestion ?

Sunny émit un sifflement agacée et lança ironique :

-Fait attention à ce que tu dis, parce que sinon, c'est toi que je vais envoyer à l'hôpital, et crois-moi, je n'ai besoin que d'un seul bras pour ça !
-Oh ! C'est donc comme ça que tu les as tous chassé ! Je te reconnais bien là ! Plaisanta Blake, froid en apparence, jubilant à l'intérieur, ravi de voir sa sœur en si bonne forme malgré les circonstances.

Yoann, assez mal à l'aise devant cet échange pour le moins personnel, se tourna vers le frère de Sunny et expliqua calmement :

-En fait, il y a deux jours, nous avons assisté à la télé par la tentative d'assassinat du chef d'entreprise Chalres Sarl, et de sa fille.
-Ah oui, j'en ai entendu parler, mais, il s'en est sorti non ? C'était un vrai miracle, mais apparemment il est déjà sur pied, et sa fille, j'ai lu quelque part qu'elle était en mauvaise état mais que c'était lié à sa maladie rien de plus. Y-a eu aucun mort il me semble, ni même de blessés trop graves.

Yoann grimaça, et murmura :

-Nous avons découvert que c'était une espèce d'être mi-pokemon, mi-humain pendant l'attaque, maintenant il est indispensable de l'avoir sous notre protection d'après Peter, avant que toutes les Teams ne cherchent à s'en emparer.

Blake resta statique une seconde, avant de souffler un « AH ouuuuaiiiis, quand même... »Assez sceptique. Se demandant certainement si le gamin qui avait sauvé sa sœur n'était pas en réalité un fou échappé de l'asile. Il tiqua en voyant qu'il avait toujours la main posée sur celle de sa sœur alors même qu'elle avait cessé son activité.

-Sinon, on a reçu un appel du mon crétin d'élève, incroyable, il a réussi à capturer un membre important d'Opale, le responsable du carnage ! Lâcha Sunny doucement, camouflant comme elle le pouvait sa fierté.

Yoann ne prononça pas un seul mot, plus tourneboulé par les menaces planant sur Eléanore que sur cet « exploit ».

-La fille qui a envoyé son amie à l'hosto tirait une de ses têtes ! On aurait dit qu'elle n'avait même pas pensé à la possibilité qu'elle se fasse attaquer.

Le médium baissa la tête, l'image d'une Samantha grelottant, qui murmurait en boucle que les choses n'auraient pas du se passer ainsi, revenait le hanter. Les paroles de Sunny avaient été abruptes, sans pour autant être méchantes, en retour. Elle lui avait rétorqué : « A quoi t'attendais-tu ? Son visage passait dans tous les médias, il était évident qu'elle allait se faire attaquer. En même temps, l'envoyer dans un hosto c'était ton choix, et probablement la meilleure option, alors assume un peu tes actes. ». Si Samantha avait repris du poil de la bête, avait serré les poings et bombé la poitrine en retour pour faire une sortie potable, Yoann lui, avait bien demandé à Sunny de modérer un peu ses propos acides. La remarque n'avait pas été très bien accueillie, depuis elle se taisait dès qu'elle se trouvait en public.

-Ils sont en réunion d'urgence pour régler le cas de la gamine. Apparemment, Peter a essayé de joindre les parents pour leur proposer un marché mais il s'est fait rembarrer violemment. Alors ils délibèrent sur un plan d'urgence.
-Si les parents veulent pas, y-a qu'à pas leur laisser le choix, voilà tout, coupa Blake, intransigeant.

Sunny et Yoann plissèrent les yeux avec synchronisme, en murmurant :

-C'est exactement dans cet état d'esprit qu'ils sont partis en réunion.

Soudain, la porte d'entrée claqua violemment, ils virent Akira et Samantha se ruer dans leurs chambres en tapant des pieds, de toute évidence, leurs plaintes n'avaient pas été entendues. Silver, Gold et Cristal, les bras croisés, admirèrent le résultat avec exaspération.

-Salut. Lâcha simplement Blake, mais il se fit ignorer superbement, ce qui eut le don de l'agacer lui aussi.
-Quelle est la décision alors ? Demanda avidement Yoann.
-Régis et un autre membre de Twilight vont être envoyés sur place, Eléanore Sarl va disparaître pendant le transfert de l'hôpital. Expliqua platement Silver.
-Et pourquoi sont-ils si furieux ? Tenta de nouveau le médium.
-Parce qu'ils trouvent cette décision abusive, inhumaine pour les parents d'Eléanore, et que Peter leur a bine fait comprendre qu'ils n'avaient pas leur mot à dire dans la décision finale puisqu'ils étaient sous la protection de Twilight, et non des membres actifs. Compléta Gold.

Un lourd silence s'abattit sur le groupe, et pendant plusieurs minutes, personne ne put rien ajouter. Tout était dit.

Samantha de l'autre côté de la cloison, luttait contre des larmes de rages, d'impuissance. Le corps frémissant. Comment pouvaient-ils accepter cela ? Comment Régis pouvait-il consciemment causé une peine pareille aux parents d'Eléanore ? Ils désiraient la faire passer pour morte rien de plus, rien de moins ! Comprenaient-ils au moins tout ce que cela impliquait ? Jamais son amie ne pourrait retrouver une existence normale, même si elle survivait ! Son identité allait être écrasée, elle ne pourrait plus jamais revoir ses parents sans abandonner sa couverture. Son rêve d'avenir allait s'effacer, elle ne pourrait plus participer à la ligue, apparaître en public, elle...Elle serait juste dévouée corps et âme à twilight.

Samantha entendit son pokématos Oméga sonner sur sa poitrine, un message texte de sa mère. Elle parcourut rapidement les lignes du mail, et grimaça :

« Coucou Sam, je suis désolée de ne pas pouvoir t'appeler le jour de Noël, mais c'est l'enfer aujourd'hui au centre, une avalanche a emporté une partie de la forêt de Jade ; les Pokémons n'arrêtent pas d'affluer. J'ai un cadeau que je voulais t'envoyer, mais avec tout ça...Je vais demander à Claude d'aller poster le colis avec ton cadeau, tu es bien à Parmanie ? Bref ! Gros bisous, et bonnes fêtes. J'ai un cas grave sur les bras je dois y aller. »

D'un geste nonchalant, elle éteignit l'appareil, et se laissa glisser jusqu'au sol, ses jambes ne la portant plus. Une pensée la paralysant.

Rencontrer Eléanore lui avait permis de se réconcilier avec sa mère, de se faire des amis, d'enfin vivre une vie à laquelle elle n'aspirait plus depuis bien des années, et en retour...
En retour elle privait sa meilleure amie de toute possibilité de retrouver un jour une existence heureuse.

Ce n'était pas juste.

Elle se recroquevilla et ravala ses larmes. Akira posa une main sur son épaule pour la soutenir muettement, et elle sursauta, sécha ses joues par précaution.

-Tu n'y es pour rien, c'est Twilight qui va ruiner sa vie Sam. Souffla le professeur avec gravité.

Elle ne parvint pas à mimer un sourire pour le rassurer.

Peut-être disait-il vrai, mais elle ne pouvait rien faire pour les en empêcher, et en cela, elle était aussi coupable qu'eux.

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Christelle secoua la tête avec fermeté, pour chasser les idées noires, son frère rouspétait à ses côtés, se plaignant des dommages causés à la caravane pendant la cohue, qu'évidemment il devait réparer ! Lui !
Drew et Flora montraient une petite mine devant sa colère, alors même qu'ils n'étaient en rien responsable, ils prenaient très à cœur leur rôle de membre de l'organisation et assumaient pleinement ce débordement contre lequel ils n'avaient pu lutter. Pourtant, ils avaient très bien réussi à évacuer les civils, grâce à eux, Christelle et Gabriel avaient évité de se faire piétiner.

La coordinatrice passa devant l'arbre où ils avaient attaché Gilles, le sbire d'Opale. Celui-ci, réveillé, grognait dès qu'elle s'approchait de lui, et dès qu'il grognait, elle ordonnait à Happy de l'endormir, c'était un cycle sans fin.

Lucas, maugréa deux trois mots à son encontre, assis devant le palier de leur maison roulante, une main posée sur son crâne bandée. Ses souvenirs de la journée fatidiques restaient vagues, aussi refusaient-ils d'en parler, mais elle sentait bien que quelque chose le tourmentait. De même que cela touchait Daniel. S'il ne vomissait pas, elle appréhendait son malaise d'ici, alors même qu'il s'occupait des Pokémons de tout le monde à plusieurs mètres de là.

Ils avaient reçu l'ordre de tenir la position, d'attendre les renforts, et ils obéissaient, aucun d'eux n'était parti espionner Eléanore à l'hôpital, quand la panique avait cessé, des policiers étaient arrivés et avaient emportés la famille Sarl à l'abri. Loin d'eux.

Christelle soupira une énième fois, agacée par leur impuissance. Elle avait hâte que tout cela se règle, qu'elle puisse reprendre la route des concours, il ne lui manquait plus qu'un ruban pour le festival ; de même pour Drew et Flora.

Soudain, alors qu'elle débarrassait la table, que Daniel revenait avec sa tête absente, en compagnie de son frère, un « Pouf » suivit d'un flash lumineux la fit sursauter et briser plusieurs assiettes. Elle n'eut pas le temps d'injurier la terre entière, et plus particulièrement les nouveaux venus. Elle reconnut Régis, qu'elle avait mal informée autrefois pour sauvegarder Eléanore et sa liberté, et eut la mauvaise impression de voir un Daniel, avec trente ans de plus à ses côtés.

La raison de cette ressemblance s'expliqua presque aussitôt, quand Gabriel murmura un « Papa » ébahi. Elle fit volte-face et émit un « Hééé ?! » très peu gracieux, qui heureusement, ne fut pas filmé sous peine de compromettre sa carrière de styliste future.

-Jérémie ! S'exclama l'homme mur au look d'aventurier.

Daniel ferma les yeux et leva la tête avec un soupir. Lucas derrière lui fronça les sourcils.

-Bonjour papa. Annonça platement Daniel sans émotion.
-SON NOM C'EST DANIEL !

Le grondement de Gabriel fit vaciller quelques uns, son géniteur compris, mais pas pour les mêmes raisons. Il fixa longuement le petit être qui s'avançait vers et le regardait de haut malgré son 1m21 et quelques poussières de millimètres. Un silence s'installa entre les deux protagonistes, puis Nathaniel émit un « Oh ! », comme réalisant qu'il avait un de ses enfants devant lui, et il lança à Daniel :

-Tu as emmené ta sœur dans cette histoire ? Enfin ! Tu es complètement fou, c'est bien trop dangereux ! Tu vas la ramener à la maison immédiatement, et toi aussi, tu vas quitter Twilight, ou alors tu vas voyager avec moi ! Mais je refuse que tu t'impliques davantage dans cette organisation.

Christelle entendit nettement Flora demander à Drew : « C'est une fille, Gabrielle ? », tant l'idée même qu'un père ne sache pas le genre de son enfant lui paraissait absurde, elle douta un peu également. Malheureusement pour lui, s'il y en avait bien un qui connaissait bien son sexe, c'était Gabriel.

-Je suis un garçon ! Et mon nom c'est Gabriel, vu que tu l'ignores probablement aussi ! Bon sang c'est quand même pas compliqué de retenir nos noms ! On est tes gosses, non ? T'arrive bien à te souvenir des surnoms de tes foutus Pokémons ! Pourquoi pas nous ?

Nathaniel se contracta, désemparé, bien peu habitué à se faire remonter les bretelles par un si petit être. Il chercha du soutien chez Régis, mais celui-ci avait ignoré la dispute et discutait déjà du plan futur avec Drew et Flora –bien qu'eux s'intéressaient plutôt à la bataille-. Il demanda muettement de l'aide à son aîné, mais celui-ci ne bougea pas le petit doigt, Lucas derrière lui ne lui accorda guère plus d'attention.

La moutarde commença à lui monter au nez.

-Tu sais combien vous êtes gamin ? Vous êtes treize avec votre mère !
-Et il ya plus de 350 Pokémons ! Répliqua aussitôt le petit, dont le teint blafard tournait au rouge écrevisse.
-Parle moi sur un autre ton ! Je suis ton père, tu veux !
-Non je ne veux pas ! Quel genre de père ignore le nom de ses enfants, hein ?
-Daniel ! Regarde, tu vois bien dans quel état l'ambiance de l'organisation le met Ce Raphaël !
-Gabriel !
-Ecoute-moi bien Daniel, tu vas le ramener immédiatement à la maison, c'est un ordre direct de ton père, je ne te laisse pas le choix !

Daniel plissa les yeux furieusement et se mordit la lèvre inférieure, de toute évidence gêné par tant de bruits. Gabriel contempla l'état de son frère, et la, sa patience très courte céda.

-Tu as perdu tous tes droits de père le jour où tu as abandonné Maman pour cette crétine de Barbara !

Comme le signal de départ d'une course, tout s'accéléra. Lucas vit Nathaniel tourner au pourpre, lever la main et frapper de toutes ses forces, mais ce fut Daniel qui se prit la claque. Il s'était interposé entre son père et son frère. Il ne chancela pas, n'émit pas le moindre son. Contrairement aux spectateurs outrés, à Gabriel pétrifié, et un Nathaniel désolé.

-Ce n'est pas...Désolé Daniel, elle était pour ta soe...Ton frère. Bredouilla-t-il en guise d'excuse.

Mais le brun ne l'écouta pas, il se retourna et s'agenouilla devant son cadet pour se placer à son niveau. Fermement, il lui déclara :

-Barbara n'y est strictement pour rien dans cette histoire, je t'interdis de l'accuser. C'est une femme gentille, c'est elle qui vous envoie à tous des cadeaux pendant les fêtes. Tu n'as pas le droit de la traîner dans la boue.

Gabriel tituba, déglutit, et susurra un « pardon » étranglé, contracté jusqu'au bout des ongles. Il détourna du chef pour ne pas contempler la marque rouge sur la frimousse de son aîné et ravala tous ses mots violents de rancœur qu'il avait si longtemps conservée en lui à l'égard de son père.

-Ce n'est pas vraiment comme ça que j'imaginais tes retrouvailles avec Papa, ça doit bien faire 4 ans que vous vous n'êtes pas vus, c'est dommage de tout gâcher comme ça. Se lamenta Danny, embarrassé.
-Daniel...

Nathaniel siffla, sans pouvoir mettre un nom sur ce qu'il ressentait, de la douleur peut être, mais surtout de la colère, une vague mélancolie également, même s'il ignorait pourquoi. Il n'avait rien à se reprocher.
Il agissait en père pour une fois. Cependant...
Le génie leva ses yeux vers son géniteur et lui envoya un regard noir, brillant de fureur, blême, les lèvres pincées, il jeta :

-Je rentrerai à la maison, seulement si tu es capable de donner tous les noms de tes enfants sans te tromper une seule fois.

Nathaniel se crispa, puis, peu sûr de lui, il bredouilla :

-Jimmy...
-Dans l'ordre ! Avec leurs sexes, leurs dates d'anniversaires, et leurs surnoms !
-Quoi ?! Eructa l'homme mûr des sueurs froides coulant le long de son dos.

Christelle derrière elle sentit Tom la prendre dans ses bras, Ditto et Ouisticram se frotter contre elle, comme pour la rassurer que jamais elle ne vivrait ça. Drew et Flora eux-mêmes, n'écoutaient plus un seul mot de Régis, trop hébétés pour suivre autre chose que ce clash familial.

Lucas admira l'adulte tournicoter, à la rechercher d'indice, de preuves, d'aide, s'enterrant un peu plus à chaque seconde écoulée. Daniel, le dos tourné à lui, soupira d'exaspération. Alors, il se redressa sur ses jambes et balança simplement :

-Gaëtan, Alice et Aaron sont nés le 15 Juin, ils ont 20 ans, Alice et Aaron sont très liés et ont des caractères très semblables, ils utilisent l'ironie et le sarcasme pour communiquer la plupart du temps, ils ne voient leurs petits copains ou copines que comme des objets et ne sont encore jamais tombés amoureux. Alors que Gaëtan lui est doux comme un wattouat à tel point que les deux autres le traitent de benêt et qu'il a un cœur de canarticho. On les surnomme Guetguet, Ally, et Ronron. Frédérique, dit Fred, elle est née en le 2 Aout, elle a 17 ans, et sa plus grosse trouille c'est qu'on découvre à quel point elle est maladroite. Ensuite il y a moi, je suis né le 5 mars, j'ai 14 ans, mon surnom c'est Danny. Viennent ensuite Marc et Frank les jumeaux, du 20 février, Fricky et Macky, ils ont 11 ans, et se détestent cordialement, à tel point qu'on doit fêter leurs anniversaires des jours différents sinon ils piquent des crises. Gabriel va avoir 10 ans le 1er janvier, c'est un génie incroyable, la plupart de ta pension de famille sert à lui payer son école de prodiges, il supporte pas quand maman l'appelle Gabby parce que ça le fait passer pour une fille. Viens après Rebecca, Becky, elle, elle parle toujours de toi ou de la musique, elle réclame tout le temps de l'attention et elle est dans sa phase « faites ce que je dis sinon je vais vivre avec Papa » alors qu'elle n'a eut que 7 ans le 18 septembre. Les jumelles Victoria et Harmony, Vicky et Momo, ont du mal à comprendre qu'elles sont deux personnes distinctes et font souvent des caprices dès qu'on leur fait remarquer, elles auront 5 ans le 5 avril. Et enfin, y-a Jimmy, dit Jim, qui t'a jamais connu, qui a 4 ans, dont l'anniversaire est le 28 novembre. Maman l'a appelé comme ça en ton honneur, parce que tu adorais ce prénom.

Ses épaules tressautèrent imperceptiblement, et sa voix brisée se fit plus dur quand il explosa :

-C'est si difficile que ça à retenir ?! Une liste de noms et de dates ! Ils ne signifient peut être rien pour toi, mais que tu le veuilles ou non tu as participé à la création ! Si tu t'en fiches à ce point tu aurais mieux fait de ne jamais te marier avec maman !

Nathaniel grommela, Lucas voulut réconforter Danny, qui avait enfin perdu ce masque d'indifférence face à son père. Néanmoins, il ne savait pas réellement si cela se révélait être une bonne chose.

-C'est Daniel qui s'est occupé de nous a ta place ! Daniel, Oncle Tom et Maman ! Tu n'as plus ta place dans nos vies, paye la pension, c'est tout ce qu'on te demande, je me fiche de tes ordres, je n'obéis qu'à mon frère ! S'écria Gabriel.

Lucas faillit répliquer un « Et encore pas toujours. » mais il se retint de peu, jugeant que cela n'aiderait en rien.

-Ca suffit ! Explosa Nathaniel. –Vous ne savez rien de notre histoire à moi et à votre mère !
-On en sait assez ! Sanglota le génie.
-Non justement ! Je lui avais dit, à votre mère, dès le début que je ne l'aimais pas. Je lui ai dit que j'étais incapable de ressentir la moindre émotion normalement, et encore moins de l'amour ! Je lui ai dit que si ça lui convenait comme ça, elle pouvait toujours essayer, mais que je ne voulais pas l'entendre se plaindre après coup !

Gabriel blêmit, les illusions sur sa mère profondément bouleversées.

-M...Menteur ! Bafouilla-t-il.
-Non il a raison Gabriel, je le tiens de Maman elle-même. Papa est incapable de ressentir quoi que ce soit immédiatement. Quand il l'a rencontré, il n'avait encore jamais connu l'amour, et il lui a clairement dit qu'il se mariait avec elle pour conserver les apparences et parce qu'elle le voulait, mais que s'il rencontrait quelqu'un d'autre, il partirait. Maman le savait, et elle a accepté cela. Raconta froidement Danny à son frère dans un sourire désolé.

La surprise fit perdre la voix, tout sens de la réparti à son cadet et à Lucas. Bien évidemment, c'était stupide de la part de leur génitrice, mais elle l'aimait, nathaniel, elle avait cru pouvoir combler ce vide, que sa seule présence suffirait à son bonheur. Daniel n'avait pas honte d'elle, il compatissait à sa souffrance, cela avait du être extrêmement dur à supporter au quotidien, de se répéter les mêmes mensonges pour tenir le coup. Et parce qu'il avait hérité en parti de cet anormalité de son père, parce qu'il avait vu la douleur que cela engendrait, il refusait de lui ressembler. Il ne deviendrait pas comme lui. Jamais.
Le sbire des Rockets avait beau lui dire qu'il avait le caractère d'un tueur en série, il avait une autre moralité, celle qui l'avait empêché de l'achever à la première occasion. Cela prouvait qu'il était différent.

Il espérait plutôt que cela le prouve en vérité.

A des lieux de là, une autre famille se brisait, mais d'une autre manière.

Eléanore savait que son transfert allait avoir lieu le lendemain. Le psy, tout juste remis de ses plaies, lui avait passé le mot, en même temps que ses adieux. Il avait décidé de se retirer de la course, de même que sa femme, la peur de la tentative d'assassinat les avait dissuadés d'aller plus loin.

Elle était sans nouvelle de ses parents depuis l'accident, elle s'était réveillée dans ce lit d'hôpital, ce matin même, et le même quotidien avait repris, suite d'examens tous plus douloureux les uns que les autres, mêmes questions, et même attitude sourde envers elle.
Le cercle vicieux allait continuer, ainsi de suite, dans le nouvel hôpital, et cela, jusqu'à ce qu'elle meure.
Cette perspective lui serra le cœur.
Pourtant, elle l'avait choisi, elle avait sciemment supplié Daniel de la laisser soigner son père, au lieu de s'enfuir avec eux. Malgré sa frimousse marquée par la peine, malgré les hurlements stridents de ses Pokémons piégés dans leurs pokéballs sans pouvoir la toucher.
Oui elle avait fait ce choix.

Alors pourquoi le regrettait-elle ? Cela n'avait aucun sens ! Elle avait probablement sauvé son père grâce à ce sacrifice !

La vérité la frappa, poussée par tous les souvenirs de son voyage, ses moments avec Sam, Ash, Daniel, tous ses compagnons, toutes ces heures de bonheur, de peur, de rire, de larmes. Tout cela, elle ne le revivrait jamais. Elle allait les quitter sans même leur dire adieu. La main tendue que Daniel lui avait proposée, elle l'avait rejetée. Son être avait beau hurlé, crié de suivre cette liberté, cette occasion de les revoir une dernière fois, elle l'avait repoussé.

A présent, l'idée de vivre encore tant d'heures, de mois, dans ces conditions, dans l'ombre de ce jugement, lui parut insupportable. Ne plus pouvoir toucher Ash, lui dire qu'elle l'aimait, qu'elle désirait à tous ses amis qu'ils vivent heureux par delà elle, c'était juste, au dessus de ses forces. Elle avait fait ses adieux proprement avec ses parents, mais pas avec eux, et elle ne le pourrait jamais.

Cette constatation éveilla en elle cette solitude, ce vide béant qu'elle essayait d'ignorer depuis son entrée à l'hôpital. Celui où elle allait être transféré, on le lui avait décrit, elle ne verrait plus la lumière du jour, des gardes seraient devant sa porte continuellement, les infirmières se relaieraient pour ne lui permettre aucune intimité...Et pourtant, elle serait seule, constamment et désespérément seule.

Epuisée, et lasse, Eléanore roula sur le dos. Son regard fixant avec le plafond avec indolence. Elle palpa sa joue gauche, incapable de constater la couleur doré qu'avait pris sa pupille, mais consciente du changement.

Abattue, vaincue, elle abandonna toute force, toute volonté de se battre, et souffla dans un murmure de résignation, de délivrance :

-Miyu...je suis désolée...Reviens.

Accédant à sa requête, une illusion folle, floue, stagna dans les airs, et le sourire compatissant de Miyu apparut. Son regard mordoré la contempla avec une tendresse presque paternelle, teintée de leur douleur et de leur abandon commun. Il savait déjà ce qu'elle voulait, tout comme il connaissait déjà ses sentiments à son égard. Elle le pardonnait sincèrement, le comprenait, et l'acceptait. Il lui avait fallu du temps, mais elle avait compris. Compris qu'elle était-elle, et lui, seulement une part de son être, un ange gardien silencieux qui veillait et vivait avec elle.

Cela l'attristait juste de la revoir dans de telles circonstances.

Son regard débordant de vie et pétillant de curiosité n'était plus, de lourds cernes encombraient ses paupières ternes, ses cheveux verts éparses accentuaient son teint blafard, maladif, et malgré les lèvres bleuies, les tâches noires, froides qui encombraient sa peau, elle suait à grosses gouttes.

-Je suis fatiguée. Souffla-t-elle, étranglée.
-Je vois ça, railla le spectre avec force et douleur.
-Je suis contente que tu sois toujours là...Sourit-elle. –Je suis désolée pour ce que je t'ai dit...
-Je sais. Moi aussi, je suis désolé de ne t'avoir rien dit.

Un lourd silence s'installa entre eux, durant lequel, ils communiquèrent sans mot, juste par un échange interminable de sentiments. Il était heureux de constater qu'elle lui accordait de nouveau sa confiance totale, contrairement à ce que lui avait recommandé son ami Daniel.

Alors, dans un murmure à peine audible, elle siffla :

-Je n'ai pas envie d'affronter encore une heure de plus dans un hôpital...j'aimerais juste m'endormir et ne jamais me réveiller.

Miyu plissa les yeux, et se mordit la joue, puis il flotta jusqu'à elle et se posta tout à ses côtés, plongeant son regard dans le sien. Son timbre cassé sonna comme les morceaux de son cœur se brisant en lui.

-Mais si je m'endors et que je meurs, toi aussi...

Miyu ferma les yeux, inspira et déclara doucement :

-Endors-toi, tu as assez souffert Eléa. Je resterai avec toi, sans la moindre hésitation, même si cela signifie ma fin également, je suis heureux de la passer avec toi.

Tendrement, telle une caresse, il cessa ses efforts, ses vaines batailles pour empêcher le poison de s'écouler dans leur métabolisme. Les pupilles d'Eléanore perdirent leurs éclats, ses paupières commencèrent à se fermer, doucement, comme un enfant s'assoupit dans les bras de ses parents. Mais avant d'être emportée, de s'effacer dans le néant, elle sourit.

Ses pensées s'égarèrent, sur ses parents, allant vers Ash, Samantha, Daniel, ses amis, ses Pokémons. Elle aurait aimé pouvoir leur dire adieu, revivre éternellement ces instants merveilleux avec eux. Consoler Samantha avait été, même si c'était horrible de le dire, un grand bonheur pour elle, elle avait été utile plus d'une fois. Tenir Ash dans ses bras, ses Pokémons, l'aimer, comme ses propres bébés ; lui avait procuré une joie inimaginable. Et vivre avec Daniel, Lucas, Gabriel, rencontrer Christelle, Silver, Gold, tout cela, lui avait permis de goûter à la normalité. Elle ne comprenait pas pourquoi tant de gens rêvaient de s'élever, de se faire connaître, alors que le simple fait de se trouver entourés par des gens aimants suffisaient amplement à combler un être.

Une larme roula sur sa joue.

Elle espérait que le bébé qu'allait avoir sa mère vivrait cela aussi, sa famille méritait enfin de goûter à cela.

Elle tourna la tête vers Miyu, et soupira :

-J'aurais fait une super grande sœur, hein ?

Miyu se contracta, et il bafouilla :

-Une super grande sœur, c'est certain, que tout le monde aurait envié.

Eléanore sourit une dernière fois, contrairement au mont Sélénite, la terreur ne la tenait pas, elle ignorait toujours ce qui l'attendait de l'autre côté, mais rien ne pouvait être pire que ce qui s'annonçait. Ses paupières tombèrent, ses cils s'entremêlèrent, emprisonnant ses derniers pleurs cristallins, et elle sombra.

Miyu émit un sanglot, et passa sa main sur son visage, comme pour en chasser les marques de ses dernières souffrances mais sa main passa en travers elle, indifférente. Pendant une seconde, il avait reconnu l'Eléanore qu'il aimait, qu'il avait côtoyé durant toutes ces années, et il l'avait vu partir pour ne jamais revenir.

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Le Lundi 26 décembre marqua la fin d'une époque pour la famille Sarl. Après avoir découvert leur fille unique assoupi, en coma profond d'après les médecins, ils avaient préparés au plus vite le transfert de la journée, pressé par la fatalité. Charles Sarl, avec pour seule marque de son agression, un bandage au bras, veilla personnellement à ce que l'itinéraire pour se rendre au centre médical de Cramois'île soit le plus rapide possible. Il ne pouvait pas se douter qu'on conspirait afin que la gamine n'atteigne jamais la terre réputée pour sa science avancée.

Ils ne pouvaient tout simplement pas imaginer que le sort s'acharnerait encore contre eux. Marina ce matin là, avait juste serré la main de son mari, amoureusement, en contemplant l'ambulance qui s'évanouissait au loin Ils désiraient juste croire qu'un avenir meilleur pouvait encore être possible. Que pouvait-il espérer d'autre, ce que le véhicule transportait, plus que leurs vies, c'était leurs espoirs.

C'était leurs espoirs et bien plus encore, qui allaient d'ailleurs voler en éclat ce jour là également.

Drew suivait la cible, volant sur son libegon, accompagné de Flora, ils ne la quittèrent pas une seconde, le cœur gros, appréhendant leurs actes, qu'ils savaient horribles. Quand la voiture blanche longea la faille de Parmanie, Drew siffla entre ses dents, et cliqua sur le bouton « envoyer » de son pokénav.

A quelques mètres de là, Christelle entendit son propre appareil sonné, mais elle l'éteignit vivement, assise sur le siège conducteur de la caravane avec son frère, elle refusa d'avoir un lien avec cette histoire, de ne plus jamais entendre parler de Twilight. Elle repartait à la quête de concours.

Contrairement à Daniel, Lucas, et Gabriel, eux, tenaient fermement le sbire Opale, Gilles, en attendant que Nathaniel et Régis agissent. Au signal sonore, le père Kazamatsuri déploya son Gallame, et disparut dans un éclair aveuglant.

Il apparut dans le véhicule médical et empoigna conducteurs, surveillants, et Eléanore. Son Pokémon leva le bras et encore une fois, ils s'évaporèrent.

La plaine les accueillit plus ou moins gentiment, les personnes innocentes, conscientes de ce qui se déroulait, paniquèrent, Maus Régis ordonna à son noctali, d'utiliser Hypnose, Daniel de même avec son Ramoloss, et Lucas avec Yin et Yang. Bientôt, les victimes sombrèrent dans le sommeil, dont ils se réveilleraient, convaincu d'avoir été attaqué sur le chemin et d'avoir juste eut le temps de sauter du véhicule avant qu'il n'explose.

Car quelques secondes plus tard, Le ptera de Régis et le Scarabrut de Nathaniel détruisirent insensiblement l'ambulance d'un puissant ultralaser. Celui-ci bascula dans la crevasse et se fit engloutir dans les flots indomptables de la rivière, sa carcasse rouillée rejoindrait la mer avant même la fin de la matinée.

Il n'y eut aucun moment de silence, pour les sentiments, l'anéantissement que cette découverte causerait. Lucas n'osait pas bredouiller un seul mot, catastrophé, il supposait que tous ici, devaient penser de même, qu'ils agissaient ainsi, parce qu'il n'y avait plus d'autres choix, mais cela le dégoûtait d'autant plus. Daniel et Gabriel refusaient obstinément de toucher les corps des agents assoupis pour les disposer sur la route, pour compléter le scénario, eux aussi. Drew et Flora se posèrent peu après, les évènements, les visages bas, mortifiés.

Régis tenait Eléanore dans ses bras, il l'étreignait, mais elle ne se réveillait pas, peu importe ce qu'il lui murmurait. Daniel ne pouvait même plus lever la tête. Lucas entendait presque ses cris intérieurs, ses doutes, mais il secouait la tête avec conviction : ils ne pouvaient pas avoir agis trop tard. Ils ne devaient pas !

Nathaniel porta un dernier regard à ses fils, qui ne lui adressaient plus la parole de manière puérile, mais solidaire, et il soupira, avant d'ordonner un dernier téléport à son Gallame. Cette fois, la destination allait être le Qg de twilight, et probablement le dernier lieu que connaîtrait Eléa.

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L'aurore qui perçait la chaîne des monts Argenté était réputée pour être magnifique, pourtant là, elle ne possédait aucun charme. Peut-être simplement parce que l'humeur générale ne filtrait chaque rayon de soleil qui leur parvenait.

Les émissaires de Twilight étaient revenus la veille, de leur mission. Eléanore avait été emmenée dans un chalet particulier, où ils disposaient du minimum vital d'outils médicaux. Mais elle ne s'était toujours pas réveillée. Régis, Daniel, Lucas et Gabriel n'avaient pas quittés son chevet. Samantha, Akira, Gold et Silver avaient finalement rejoint le cortège après un temps d'hésitation.

Leur chalet commun était devenu bien vide, malgré les visites toutes les heures de Makanie –qui traînait toujours Shagi et Aaron avec elle-. Elle avait donc délaissé son frère avec la fille extravertie, et c'était éclipsée avec Yoann.

Sunny marchait donc lentement sur la grande allée principale, Yoann, tout petit à ses côtés, marchait sur le muret mine de rien. Peter leur avait envoyé un message durant la nuit, pour leur demander de venir le voir. Le costume de Theodd était terminé, et il avait décidé que le jeune médium serait le premier à le porter, pour une conférence de presse annonçant le but de l'organisation au public. Le moment de se faire connaître, supporter, était venu d'après lui, et Yoann de par sa petite taille, son don de médium allait être parfait pour inaugurer cela.

Nul doute qu'il l'avait également désigné pour lui faire plaisir, en toute conscience, car quand il l'avait appris, le regard du jeune garçon avait brillé, animé par milles et une étincelles de joie. Elle en avait été un peu émue, elle ne croyait pas qu'un honneur si insipide pouvait lui permettre d'échapper, même quelques secondes, à l'atmosphère grave qui régnait dans leur Qg.
Remarque, elle ignorait beaucoup sur lui, même s'il l'avait sauvée, c'était un parfait inconnu. Il l'aidait pourtant dans sa rééducation chaque jour, lui brossait les cheveux quand elle n'y parvenait pas, lui réapprenait à écrire avec une patience infinie, et l'empêchait de dire des paroles abruptes aux autres. Elle savait qu'il faisait cela pour qu'elle ne se retrouve pas dos au mur, mais son ordre la chamboulait un peu, elle n'arrivait plus à agir naturellement maintenant.

-Ca fait longtemps que tu n'es pas sortie non ? Demanda soudain Yoann gentiment.
-Heu...Oui ! Bafouilla Sunny destabilisée.
-Si tu veux, ce week-end, je suis sûr qu'Eléanore sera réveillé, et comme tout ira mieux, on se fera un petit combat tous les deux pour se détendre, ça te dit ?

Sunny piqua un fard, tant les remarques acerbes lui encombraient l'esprit, aussi, elle se contenta d'hocher du chef vigoureusement, touchée par cette attention. Cela faisait longtemps qu'elle n'avait pas combattu, elle mourrait d'envie de voir les progrès de son tout neuf Feunard.

-Je suis désolé.

La voix de Yoann la surprit encore une fois. Elle l'interrogea muette d'un haussement de sourcil.

-Ce que je t'ai dit devant Sam te dérange hein ? Vas-y fait toutes les remarques que tu veux, après tout, tu es comme ça, je n'ai pas à te brider, c'est ce qui fait ton charme, ta répartie, c'était nul de ma part.

Cette fois, Sunny rougit, mais pas pour les mêmes raisons, rien de méchant ou de rude ne lui vint à l'esprit, aussi, se contenta-t-elle de sourire timidement pendant tout le reste du chemin.

Ils pénétrèrent dans le bâtiment administratif, à l'architecture tout aussi chaotique que le reste du village. Dans le couloir, Samantha dormait, appuyée sur l'épaule de Silver, pris en tenaille entre Gold et elle, il ne bougeait plus un muscle, mal à l'aise, rouge de gêne, une grosse grimace imprimée sur son visage.

Ils avaient surement passé la nuit ici, à attendre des nouvelles. Le dénommé Nathaniel était reparti aussitôt la mission achevée, mais eux, vaillants, n'avaient pas bougé d'un pouce. Akira revint vers eux et proposa un café à Silver, que celui-ci dut refuser sous peine de renverser dans son mouvement les dormeurs qui l'encombraient. La scène avait quelque chose d'attendrissant, alors même qu'ils pensaient tous que Twilight avait joué un jeu cruel lors de cet évènement, ils restaient présents, pour Eléanore.

Un peu plus loin, ils devaient retrouver Régis, dans la salle où dormait Eléanore. Mais en passant, ils virent Cristal se triturer les doigts, visiblement très embarrassée. Yoann voulut la saluer mais elle sursauta, rouge comme un Ecrapince, avant de se mordiller les lèvres. Gabriel, endormi à ses pieds, remua dans son songe.

-De toute évidence ça ne nous regarde pas. Confirma Sunny.

Une phrase s'éleva de derrière la cloison que protégeait cristal, celle-ci parut de plus en plus embêtée.

-Daniel je n'arrive plus à te comprendre !

Le son provenait de la salle 'à côté, et appartenait de toute évidence à Lucas, mais elle avait une consonance attristée qui ne lui ressemblait pas. Cristal baissa les yeux et murmura :

-Je crois...Qu'il vaut mieux ne pas les déranger...ils ont l'air d'avoir...Des trucs importants sur le cœur.

Peut-être avait-elle décidé cela de son propre chef en assistant au début de la scène, ou peut-être qu'un des concernés le lui avait demandé, en tout cas, cette réflexion attisa la curiosité des trois adolescents, et avant que leurs consciences n'ait le temps de leur dire « Ce n'est pas bien », ils étaient tous les trois penchés, oreilles plaquées sur le mur, à saisir des bribes de conversations.

« -Comment ça ? Fit le timbre familier de Daniel.
-Tu t'es vu ces derniers jours ? Tu agis comme...Tu n'es plus toi-même ! Sur l'estrade ce jour là, tu as totalement ignoré la souffrance de tous ces innocents !
-Je ne les connais pas.
-Et alors, c'est une raison pour leur tourner le dos ?!
-Mais...Si je les avais aidé et s'ils ne s'en étaient pas sortis, je me serais senti deux fois plus coupable...Alors...Et puis, ils avaient l'air plutôt bien, enfin, pas mortellement blessé, et ils nous auraient empêchés de reprendre Eléa s'ils avaient été conscients...
-Mais c'est quoi cette logique retournée ? Comment tu peux te poser ce genre de colle en plein milieu d'un combat ?! D'ailleurs parlons-en du combat, tu as failli tuer ce type, j'ai cru mourir de peur en voyant le double de Ditto !
-Mais je n'avais rien ! Et...Je ne voulais pas le tuer, je voulais simplement qu'il ait peur, qu'il comprenne le mal qu'il avait fait, jamais je ne tuerais personne. Je voulais juste...qu'il regrette ce qu'il avait fait...
-Tu ne peux pas changer le monde Daniel ! Encore moins un type pareil, là...
-Mais en lui faisant peur, peut-être que si je lui fais assez peur pour...
-Daniel tu t'entends !
-Je...heu...pardon.
-Mais c'est pas en disant pardon que tu vas régler les choses !
-Je...
-Qu'est-ce qui se passe dans ta tête ?
-Hum...
-Tu commences par frapper Sam, ensuite à m'imposer un choix d'un camp ou d'un autre, ensuite tu ignores des innocents, tu réponds à ton père, tu approuves les actes ignobles de l'organisation...Je... »

La voix de Lucas de brisa, Cristal parut au comble de l'embarras.

« -J'adore ta famille Daniel...franchement, je la trouve géniale, tellement mieux que la mienne, vous êtes solidaires, vous vous adorez les uns les autres, dès que l'un à un problème vous l'aidez sans vous soucier des conséquences...Et toi, toi tu parais tellement...Tellement parfait par moment ! Toujours en pleine forme, jamais fâché, à travailler dur, à veiller derrière les gens, comme un protecteur muet...
-Je...
-Mais là, tu...Tu n'es plus le garçon que j'ai connu dans mon enfance ! C'est...C'est Sam qui t'a changé à ce point ? J'ai fait quelque chose de mal ? Tu aimes tellement Eléanore que...que...
-Pardon.
-Mais je m'en fous de ton « PARDON » ! »

Pendant quelques secondes, il n'y eut que le bruit des sanglots et des hoquets du brun qui peuplèrent la conversation, puis doucement, la voix de Daniel, hagarde, balbutia :

«-Je suis pas très intelligent...A l'école quand j'arrivais à avoir dix j'étais fier de moi...je suis pas comme toi Lucas, je ne suis pas malin, je n'arrive pas à mettre un nom à chacune de mes émotions...Là...Quand vous avez des surprises, vous êtes tous à avoir le cœur qui bat, mais moi...moi ça ne change rien du tout, je ressens rien du tout dès que ça doit être dans l'instant, les idées coulent d'elles-mêmes, les conclusions, et je me perds dans les détails, le temps que je réalise tout, le moment est déjà passé....Et...Rien ne vient...
-Daniel...
-Je veux pas être comme Papa ! Je veux que personne ne souffre, j'aimerais vraiment que ta famille t'aime, je suis désolé de pas être celui que tu crois...Je te jure que je le voudrais...mais j'suis trop stupide pour ça ! Si j'pouvais faire quoi que ce soit pour que tout le monde soit heureux sans faire souffrir personne...Si y-avait un moyen d'anéantir le mal de cette planète sans sacrifier quelques inconnus dans la bataille...Si j'pouvais faire en sorte que tes parents t'aiment autant que Marion...Mais j'y peux rien du tout...Je...Je peux rien faire pour changer les choses, alors je préfère que tout reste comme avant...Comme ça, je limite les dégâts, je reste dans les mêmes situations que je peux maîtriser, les choses sont pas parfaites, mais au moins...Au moins...
-Daniel !
-Je sais que j'ai mal agis en frappant Sam, mais c'est vraiment la seule chose que j'ai trouvé pour la faire taire, le seul truc qui...Qui me semblait capable de...Mais elle, elle avait lâchement abandonné Eléa, et moi, moi j'l'ai vu téléphonner, j'aurais pu l'en empêcher ! Comme un idiot, j'ai cru que rien ne changerait, j'ai pas vu le coup venir, j'suis incapable de sentir des émotions vives parce que je réfléchis trop, mais ça, un machin évident comme ça je le loupe...
-Je suis désolé, arrête Daniel ! Je...
-Et...Quand je suis passé devant les gens qui souffraient, je...Je voulais les aider, mais s'ils nous avaient empêché d'aider Eléa, je l'aurais abandonné...je...Je crois que je suis en train de m'embrouiller...Je voulais pas que tu te sentes mal, je voulais juste que...Tout le monde reste heureux comme avant...Que...
-Arrête, c'est pas grave, je suis désolé d'avoir crié...
-Là,...Là –hoqueta Daniel- Là j'aimerais vraiment pleurer tu vois, mais, la seule chose qui me vient à l'esprit, c'est Alice qui me dit que j'ai pas le droit de le faire, que tout le monde sera malheureux si je le fais...Et je sais que c'est totalement abruti de penser comme cela, mais j'y peux rien...J'ai envie de vomir...
-Mais pleure ! Tu te fais du mal en pensant à cela, oublie Alice, et pleure !
-Mais...Je...je...J'arrive plus à savoir ce que je pense...j'veux mettre personne dans l'embarras et...
-Moi ça me dérange que tu vomisses au lieu de pleurer, ça me fait peur, parce que c'est dangereux ! Tu es mon meilleur ami, je...Je veux pas te voir comme ça !
-Pardon...Pardon...»

La voix de Daniel s'éteignit dans un étranglement.
Les adolescents décollèrent leurs oreilles du mur, le cœur lourd. Cristal joua avec ses doigts, et bafouilla que cela ne les regardait pas, en demandant à Yoann et Sunny de partir. A ses pieds, Gabriel entrouvrit ses paupières et siffla un « Crétin » douloureux pour lui-même.

Sunny paraissait bouleversée par l'état de son élève préoccupant, elle ne cessait de jeter des coups d'œil en arrière, comme ayant peur de voir Lucas débouler en criant « au suicide ». Yoann enleva son chapeau et le fit tourner dans ses mains, en lâchant gravement :

-Quelques fois, les mots font plus de mal qu'on ne le croit, c'est pour ça, que je t'avais demandé de ne pas faire de remarque à Sam.
-Des remarques comme les miennes peuvent toucher des gens à ce point tu crois ? Tu crois que j'ai fait autant de mal à un gamin que cette Alice à Daniel ?

Yoann grimaça et murmura :

-Je ne sais pas. Mais je sais que, si on a tant de mal à communiquer entre nous, c'est bien parce que nos mots ont de l'impacte. Après chacun gère à sa façon. De toute façon, une fois le mal fait, on y peut rien, non ? Alors autant se concentrer sur ce que l'on dit de bien aux gens.

Sunny fronça les sourcils, observa une dernière fois le couloir, puis abandonna la lutte. Elle ne pouvait pas refaire le monde, chacun avait ses propres traumatismes, elle, c'était le meurtre de ses parents biologiques, Daniel, apparemment cette situation familiale qui le bouffait jusqu'aux os, d'autre c'était l'impossibilité de manger normalement, de comprendre un tel, ou simplement la normalité banale...Mais c'était parce qu'on avait tous des traumatismes, que cela nous prouvait chaque instant qu'on pouvait y survivre. Elle caressa son moignon, et suivit Yoann dans la pièce où se trouvait Régis.

Le chercheur caressait le visage d'Eléanore avec une mine absente. Peter aussi était présent, il délaissa sa phrase en suspend pour les accueillir.

-Je connais quelqu'un qui lui apprendra à se servir de ses pouvoirs...Ah, Yoann, Sunny, je suis heureux de vous voir. Angèle et Christopher ont fini le costume de Theodd, je les ai empêchés de rajouter de la dentelle partout, c'était plus dur que n'importe quel match Pokémon, ils sont têtus quand ils veulent ceux là... !

La plaisanterie tomba à plat. Yoann fixait dubitativement la masse flottante au dessus d'Eléanore. Miyu, cela faisait si longtemps qu'il ne l'avait pas vu, il croyait qu'il avait rejoint les cieux.

-Alors, le costume de Theodd a une cape, et des semelles compensées, comme ça, peu importe la taille, on peut régler la hauteur de la personne. Tu as un noadkoko aussi, avec psyko on devrait pouvoir arriver à choisir une certaine taille pour le personnage. La cape a un avantage, elle permet de camoufler le genre, comme ça Sunny tu pourras prendre la suite dans le discours par exemple. Y-a aussi un micro qui change un peu la voix, un casque entier qui couvre tout le visage et la chevelure. On ne voit pas une parcelle de peau. Ne t'en fait pas, il y a un dispositif électronique, semblable à un walkman qui permet de garder le contact. J'aimerais que tu viennes voir avec moi le costume, et l'essayer, tu veux bien ?

Il entreprit de pousser les adolescents dans la pièce d'à côtés, mais Yoann avait loupé toute la partie explicative en contemplant Miyu. Son visage montrait une telle peine, qu'est-ce qui lui prenait ? Il se dégagea de la prise du maître dragon et se posta à côté de Régis, face au spectre, et sans même se soucier de la bizarrerie de la scène, il balbutia :

-Qu'est-ce qui ne va pas ?

Régis se redressa, étonné de voir le garçon parler sans le regarder lui, mais en fixant le ciel. Il voulut répliquer, de même que Sunny, mais Peter se braqua et posa son doigt sur ses lèvres, comme pour les intimer à se taire.

Yoann perdu dans sa vision du monde, en avait oublié tout le reste. Miyu, éveillé, le regarda mollement et balbutia :

-Eléanore m'a demandé de dormir, de la laisser mourir pour ne plus supporter tout cela, mais maintenant elle est avec ses amis de nouveau, comme elle le voulait...Et je ne sais pas ce que je dois faire...Je n'arrive plus à la contacter...
-Réveille-la ! S'exclama Yoann presque aussitôt. –Je veux dire, c'est ce qu'elle voulait non ? Maintenant, elle n'a plus de raison de dormir.
-Oui mais si elle se fâche contre moi comme à Lavanville... ?
Yoann secoua la tête vivement.
-Elle ne se fâchera pas, je suis même certain qu'elle en sera très heureuse ! Je la connais, tu la connais toi aussi, non ? Tu es capable de juger ce qui est bien ou mal pour elle ?
-Bien et mal ?
-Oui.
-Je...c'est bien de la réveiller ?
-Evidemment ! Sourit Yoann.
-D'accord. Merci petit mirot.
-Mirot ?!

Miyu rigola ouvertement et s'effaça une seconde. Un gémissement s'éleva alors dans la chambre.

Eléanore bougea légèrement, comme pour tâter le matelas, puis elle papillonna des paupières, révélant ainsi une pupille mordorée et une couleur émeraude. Elle tourna la tête vers l'assemblée qui l'entourait, et sa voix cassée lança, perdue :

-Régis...Yoann ?

Le chercheur se pencha vers la gamine, trop heureux pour demander quelconque explication et il murmura :

-Oui, on est là, tu vas bien...Tu es avec nous maintenant ne t'en fait pas...Il n'y aura plus d'hôpital maintenant, plus de tentative d'assassinats, juste nous.

Eléanore parut encore ensommeillée, et elle balbutia :

-Je ne comprends pas...Je...ne suis pas morte ?

Alors là, dans un rire général, une exclamation emplie de soulagement, provenant de Régis, Peter, Yoann et Miyu répliqua, comme le son mélodieux d'une chorale :

-Dieu Arcéus merci, Non !

Sunny contempla dubitative le garçon qui lui avait sauvé la vie, et qui décidément, était plein de secrets et elle rougit.

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Le réveil d'Eléanore changea beaucoup de chose, notamment l'ordre des priorités, pendant plusieurs jours, on ne parla plus de Theodd, le chef virtuel de Twilight que chaque membre devait incarner, on se contenta de parler de ce réveil miracle. La gamine avait tôt fait de reprendre des forces, dès la soirée de son réveil, elle refusa de rester au lit plus longtemps. Régis l'aida un peu à marcher, mais elle devait se réhabituer à se trouver ses jambes. Au bout de quelques heures ainsi, Peter autorisa enfin ses amis à la voir, eux qui avaient attendus dans le couloir si longtemps, ne se le firent pas dire deux fois, ainsi, elle vit débouler en catastrophe chez elle Samantha, Akira, Silver, Gold, Cristal, Shagi, Daniel, Lucas, Gabriel.

Ash se précipita vers elle pour la cajoler pendant de longues minutes, tous ses Pokémons eurent droit à une étreinte, elle versa même quelques larmes devant eux, osant à peine y croire.

Personne parmi eux ne voulait briser sa joie si fragile d'être en vie en lui révélant les conditions de sa liberté, ils pensaient surement que cela pouvait attendre. Son rire si pure allégeait peu à peu les soucis qui les avait accablés pendant des jours.

Samantha légèrement en retrait, les mots englués dans sa gorge, se sentait coupable, et incroyablement embarrassée en sa présence. Elle pouvait voir les lésions profondes qu'avaient causés l'enfermement à Eléa, notamment sur ses jambes, et elle se savait responsable de cela. Elle ne désirait pas du tout le cacher d'ailleurs, elle avait bien l'intention de le lui avouer, quitte à perdre son amitié. Elle allait le lui révéler, en même temps que le plan qu'avait élaboré Twilight pour la « sauver » et faire de son mieux pour la dissuader de s'impliquer trop dans les affaires de l'organisation. Il était trop tard, maintenant, elle devait juste réparer les pots cassés.

Cependant, alors qu'elle s'attendait à ne révéler tout cela que le lendemain, qu'elle essayait de se donner un peu de courage pour affronter la douleur justifiée et la colère de sa camarade, l'évènement qu'elle voyait encore lointain s'annonça.

De manière idiote en plus, elle était sortie de la pièce avec les autres pour laisser Daniel seul avec Eléa, car la gamine lui avait demandé si tout allait bien en le voyant, et tout le monde avait jugé que, c'était leur moment.

Le Kazamatsuri avait enlacé Eléa silencieusement. La gamine aux couettes avait passé ses bras autour de son cou et savoura l'étreinte, comme elle l'avait fait avec Ash –qui fulminait dans la pièce d'ailleurs-. Et elle avait murmuré :

-J'ai cru ne jamais vous revoir...J'ai vraiment cru que...Cet informateur de mon père a bien failli m'avoir, j'ai failli baisser les bras...

Miyu sourit paternellement devant elle. Elle resserra sa prise sur Daniel muet, qui se pinçait ses lèvres pour s'empêcher de parler. C'était à Sam de lui révéler la vérité, pas à lui, lui...Il avait fait bien trop de mal ses derniers temps, à Lucas, à Gabriel.

-Tu vas rire, mais j'ai stupidement pensé que c'était l'un de vous qui m'avait balancée, et ça m'a fait si mal, tu peux pas savoir à quel point...Balbutia-t-elle.

Daniel tressaillit, concentrant toute ses pensées pour s'empêcher de parler.

-Je n'arrivais pas à croire cela, c'était trop horrible, trop inhumain...Je...Je pouvais pas penser que c'était l'un de vous. Le prof aurait mis sa carrière en jeu, Sam n'aurait jamais pu me faire ça, Lucas est trop loyal, et toi tu m'as toujours soutenue...Shagi à la limite, s'il y avait eu une récompense de Pokémon légendaire à la clef, mais il avait besoin de moi pour rencontrer Giratina dans son esprit, Yoann ne savait rien du tout, et Gabriel, ne t'aurais jamais trahi toi...Je savais que c'était impossible...je savais que ce n'était pas l'un de vous.

Ses bras tremblèrent, et là, là, Daniel bafouilla :

-Mais pourquoi crois-tu autant en elle ?

Eléanore se dégagea de sa prise, et le dévisagea, faisant mine de ne pas comprendre l'allusion. Mais le mal était fait, Daniel porta une main sur ses lèvres, traîtresses, et continua passivement :

-Je ne comprends, je ne me souviens même pas de quand elle s'est greffée au groupe celle là, comment elle est devenue ton amie...Je n'arrive pas à comprendre comment tu peux arriver à faire autant confiance à Sam encore.

Eléanore secoua la tête, elle plaqua ses mains surs ses oreilles, ses joues blêmes s'empourprant de colère, et elle rugit :

-Qu'est ce que tu racontes enfin ! Personne dans le groupe ne m'a balancée je viens de te le dire ! Sam encore moins que les autres, c'est mon amie, ma meilleure amie !
-Depuis quand au juste ? Lâcha froidement Daniel –Depuis quand les amies font ce genre de chose ?
-Depuis le concours d'Argenta ! Tu te souviens de notre pacte ! Et c'est pour ça...Que...Que c'est impossible que ce soit elle. Bredouilla Eléa.

Daniel pila, il oscilla, et fronça les sourcils, cherchant dans sa mémoire cet évènement particulier, mais rien, le blanc total. Il se rappelait effectivement de l'occasion, mais, il n'arrivait pas à se souvenir de la présence de Samantha. Pourtant, il se remémorait la performance de Yuki, donc, elle avait du se trouver là...Mais...

Une question lui sauta au visage.
Eléanore avait affronté une autre personne que Yuki en final, en combat en duo avec Christelle, non ?
Il serra les poings.
Les yeux écarquillés, les paroles de Lucas lui revenant à en tête.
Qu'est-ce qui lui arrivait ?

C'est à ce moment là que Samantha, qui avait entendu une bonne partie de la dispute se décida à entrer,
Elle délaissa la porte grande ouverte derrière elle et passa devant un Daniel statufié. Elle s'arrêta droit devant Eléa, qui continuait à se plaquer les mains sur les oreilles en répétant « ne dit pas ça, je t'interdis de dire ça ! ».

D'un geste brusque elle força Eléa à se tourner vers elle, en saisissant un de ses poignets. Puis elle inspira un grand coup, le regard montrant une infinie tristesse, une dernière marque de résignement et elle annonça :

-Il dit la vérité Eléanore, je t'ai dénoncée.

Alors les certitudes d'Eléa vacillèrent avant de s'effondrer totalement, avec pertes et fracas. Son visage se décomposa, elle chancela, les yeux écarquillés, comme fixant l'incarnation même de la mort, devant elle.
Samantha fronça les sourcils, et bafouilla :

-Je peux t'expliquer mes raisons, je...
-Je te défie.

Samantha sentit son souffle geler dans ses poumons. Elle leva la tête vers Eléanore, qui ayant abandonné son expression d'extrême faiblesse, de fillette anéantie, avait repris son masque belliqueux, déterminé.

-Pardon ? Balbutia-Sam incapable de comprendre le cheminement de pensée de son amie.

Eléanore se tendit comme un arc et lança un regard noir à Samantha, avant de répéter, détachant chacun de ses mots pour leur accorder toute la gravité qu'ils impliquaient.

-Je te défie ici et maintenant Samantha Joëlle.