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» Auteur : fan-à-tics - Voir le profil
» Créé le 02/01/2010 à 23:21
» Dernière mise à jour le 06/01/2010 à 14:34

» Mots-clés :   Présence de personnages de l'animé   Présence de poké-humains   Présence de shippings

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Episode 40 : On cherche le réconfort là où l'on peut
Hey, le chapitre 40, que dire ? ENFIN ! Ahah, vous pouvez pas savoir comme j'ai souffert avec celui là ! Merci à Dragonna et Mixy pour leurs aides, sans vos encouragements, il aurait probablement traîné davantage. Je leur conseille d'ailleurs de tout relire car j'ai modifié des passages (surtout celui du début avant le moment sur Eléanore).
Maintenant, j'entame donc les derniers chapitres de la fic, je le répète. J'espère qu'elle vous plaira toujours autant comme d'habitude.

Sur ce bonne lecture, et laissez moi vos impressions !

-chapitre 40-

La neige recouvrait les hauteurs du mont argenté, un temps normal pour la saison, ce qui, en cette période de crise, n'avait rien de normal en revanche. Les orages se suivaient le jour, et le blizzard prenait la relève la nuit. Cette situation invivable pourtant, ne refroidissait en rien les membres de Twilight qui partaient s'entraîner peu importe la météo. Enfin pour certains d'entre eux.

Sunny, avec ses blessures et brûlures diverses, avait été mise à pied, tout comme Silver et Gold. Peter, avait alors eut l'excellent idée, pour faire des économies, de placer tous les nouveaux venus dans un des immenses chalets tarabiscotés de leur Qg. La collocation, quoi de mieux ? C'est très bien, quand les principaux concernés s'entendent entre eux. Mais réunir Cristal, Gold, Silver, Akira, Sunny, Yoann, et Samantha dans la même salle, cela relevait de la stupidité. Pourtant, ils en avaient de la place à disposition.

A leur arrivée, une jeune femme au visage en un ovale parfait, une asiatique de toute évidence, à la peau hâlée, aux yeux noirs comme l'onyx, mais aux cheveux flamboyant de rousseur, très séduisante, du nom de Makanie, les avait accueillis chaleureusement. Du moins l'un d'entre eux. Après avoir embrassé son petit ami, Aaron, elle avait enlacé avidement Shagi en riant aux éclats, le maître des insectes avait affiché une expression comique. Amie d'enfance, l'irisien n'avait peut être pas cédé une seule information sur son compte, mais sa camarade n'avait pas les mêmes principes, en quelques minutes, avec un débit de paroles hallucinant, elle leur déballa qu'elle avait passé tous les étés chez sa tante à Irisia, où elle avait rencontré Shagi très vite. Elle leur raconta avec enthousiasme une pseudo promesse entre eux et un autre membre de leurs quatuors légendaires d'amis : celle de devenir chacun des champions reconnus pour former une nouvelle ligue. Les autres auraient bien rit, en imaginant la scène d'un Shagi amicale, mais le brun leur lançait un tel regard en biais, qu'ils sentaient qu'ils mettaient leurs vies en jeu s'ils osaient.

Bref, c'était cette Makanie, qui les avait introduits dans la bourgade. Elle parlait si vite, ajoutant à son discours de grands gestes grandiloquents, que parfois, les personnes à ses côtés, manquaient de se prendre des tartes. Il était difficile de croire qu'Elle et Shagi avait pu, un jour s'entendre, et pourtant, le garçon ne pipait pas un seul mot pour la remettre à sa place, un simple sourire en coin ornait ses lèvres. Parfois, ils échangeaient des phrases, des questions qu'eux seuls pouvaient comprendre, preuve de leur complexité irritante. C'était des « Arisa a refusé de venir ici à cause de Peter, les histoires de famille, je te jure » ou des « D'ailleurs, Harry est toujours introuvable quelle tête d'Héricendre celui là par moment ! -C'est pour ça qu'on le nomme HéryHary d'ailleurs non ? –Ah oui, quelle tête de linotte je fais ! –Pourtant c'est toi qui l'embêtais le plus avec ce surnom franchement…-Oh la ferme Shagi ! – Je suis celui des deux qui parle le moins je te signale ! ». Cela devenait gênant dès qu'ils se trouvaient ensemble, heureusement, la concernée, ravi de revoir son ami d'enfance l'avait directement invité à partager son chalet, où elle vivait déjà avec Aaron, Peter, Marion, Aragon et Steven.-Que des membres de ligue, ça aussi, cela les mettait mal à l'aise-

Au cours de la balade, qui les menait vers leur future demeure, elle leur avait expliqué que Twilight avait choisi ce village abandonné dans la montagne par hasard, mais qu'il possédait de nombreux avantages. D'immenses chalets tous de bois se suivaient, reliés entre eux par des câbles électriques d'où pendaient des lampions aux couleurs chaudes, seule source de lumière dans les rues la nuit venue. Les pilonnes et les terrasses de bois s'organisaient anarchiquement, comme si l'architecte de cet endroit, avait consciemment voulu conférer aux bâtisses un air bancal. L'intérieur, bien qu'assez luxueux, restait à l'image de l'extérieur. Les escaliers qui descendaient au sous-sol ou aux étages, empiétaient sur les autres pièces du rez-de-chaussés, étalant des espèces de protubérances ça et là, semblable à des mezzanines. Les baies vitrées fournissaient assez de lumière la journée dans tous les recoins des maisons, chaque espace restait vaste, aéré, malgré les colonnes tordues s'affichant en plein milieu, les comptoirs divers, les semi-murs cloisonnant, délimitant les lieux. Cela paraissait presque irréel, une telle harmonie dans un tel chao architectural. L'installation avait été une vraie bataille, le frère de Sunny avait su montrer sa mauvaise humeur de ne pas pouvoir vivre avec sa sœur, alors qu'elle était logée dans un endroit qui pouvait facilement abriter 15 personnes. Cependant, on lui avait confié une autre mission à effectuer pour l'organisation, encore une fois à la Central Electrique.

Samantha s'était, évidemment égarée, en visitant, ce fut Cristal qui la retrouva, hagarde, enfermée dans un placard à balais –comment elle s'était retrouvée là, même la concernée l'ignorait-. Yuki lui avait vite trouvé sa chambre et plus particulièrement son lit, qui se retrouvèrent vite sacralisés –avec l'interdiction d'y pénétrer. Pour une raison pratique, vu que toutes les demeures étaient constituées de briques, de bois, de chaumes et de lauzes, les entraînements devaient se dérouler à l'extérieur, dans une grande rangée de serres à quelques mètres de là.

Christopher et Angèle n'avaient pas mis longtemps pour venir squatter chez eux, et deux fois moins pour se faire rembarer par un Silver peu enclin à se faire briser les os à nouveau sous la force de leurs étreintes. Ils étaient tout de même restés quelques heures pour prendre des nouvelles, et installer une tv ABC modifiée, dans le salon, pour que le groupe puisse prendre contact avec l'actualité. Marion également avait rendu visite à la troupe, Samantha était restée en retrait, pendant qu'elle essayait de savoir pourquoi son cousin était resté à celadopole ; tout en s'excusant pour la millième fois devant une Sunny indifférente.

Leur première journée s'était ainsi close sur une suite de scènes touchantes, mais surtout comiques, quoique la palme d'or restait décernée à Shagi, qui l'aurait crû. Makanie, l'asiatique, qui décidément était l'évolution de l'homme puisqu'elle pouvait parler plus d'une minute sans pause pour respirer, avait commencé un énième discours sur Twilight auquel évidemment Yuki ne cessait de contester. Hélas, loin de la récitation vaseuse, la jeune femme se prit réellement au jeu, et avec l'aide d'Aaron, elle débuta une vraie pièce de théâtre dramatique, ou presque.

-Figurez-vous que, nous pensons avoir trouvé dans ce village des vestiges de l'ère Antique Saharienne. Un temple dans la montagne, très ancien, est entièrement dédié à la princesse Eléanora et sa sœur aînée la reine Sahara. Bien sûr, nous n'en sommes pas certains, mais dès que notre mission sera finie, nous remettrons les ruines à des chercheurs pour en avoir le cœur net ! Avait-elle soufflé avec impatience, une étincelle enfantine reluisante dans ses yeux onyx. –Vous connaissez tous le tragique destin de leur famille, non ? Il ya eut des dizaines d'œuvres littéraires et contes adapté de cette histoire ! Vous en avez au moins lu une ; mais je vais vous la transmettre tout de même.

A cet instant, Shagi avait pris sa tête entre des mains et poussé un interminable soupir.
Samantha connaissait vaguement la légende, elle n'était pas aussi douée que Daniel pour l'histoire malheureusement. Elle savait que les deux personnes citées avaient réellement existé, l'impératrice Sahara ayant régné durant une période bien précise, il y avait de cela au moins deux mille ans. Cependant, les actes qu'on lui attribuait dans le mythe n'étaient en rien prouvés.

Makanie, très emballée, à l'effort de grands gestes, avait conté alors, une pointe de gravité faisant vibrer sa voix mélodieuse :

-La tragédie se déroule il y a très exactement 2103 années. Ici même si notre hypothèse se révèle exacte. Le pays vivait en paix, étant l'une des régions les plus influentes de la planète. Le peuple vivait en harmonie avec les créatures magiques que l'on nomme aujourd'hui les Pokémons. Et ce Royaume ne devait sa prospérité qu'à la famille impériale, l'aînée, Sahara, régnait sur les terres avec une main de fer et une compassion divine à la fois. Sa cadette, Eléanora, elle, veillait au bien être de la communauté magique que l'on peut qualifier de nos jours, comme un culte envers les Pokémons. Les légendes disent, que séduits par la liberté de ces lieux, tous les Pokémons légendaires y descendaient annuellement pour danser avec la princesse et sa sœur. Néanmoins, un jour l'impensable se produisit. La guerre et la maladie s'abattirent sur elles. Un de leur ennemi demanda la rémission totale de la reine Sahara, ce qu'elle refusa car leur opposant était un homme cupide et sans foi ni loi. Les batailles s'enchaînaient sans qu'aucune camp ne prenne le dessus, et les épidémies causées par du poison déversé dans leur réserve d'eau, infligeait nombre de morts dans leur royaume. Les années s'écoulèrent, et les Pokémons légendaires cessèrent un à un de venir leur apporter leur bénédiction. Pire, Sahara était au bord de la défaite, à bout de force, son aimé ayant succombé lui aussi aux plaies de guerre.

Makanie avait imposé un moment de silence, que personne n'aurait pu espérer d'elle. Puis elle avait repris, peu touchée par ses propres mots.

-C'est alors que la princesse Eléanora se mit à supplier le dieu Arcéus de leur venir en aide. Celui-ci, touché par sa dévotion, sortit de son sommeil réparateur après la création de notre univers, pour lui porter son aide. Il lui offrit une de ses précieuses plaques, et lui expliqua que quiconque la toucherait, serait capable d'utiliser les pouvoirs de la créature magique de son choix. Puis il disparut. Ainsi naquit la première Ginjika, les créatures mythologiques qui attisent les rêves des hommes. Grâce au don d'Arcéus, la princesse et sa sœur empruntèrent les forces de leurs plus fidèles compagnons Pokémons et vainquirent les envahisseurs. Ensemble avec sa soeur, elles cherchèrent un moyen de réparer les dégâts que des années de guerre avaient perpétrés. Malheureusement, Les Pokémons légendaires avaient cessé de venir les voir, la fertilité de leurs terres dépérissaient, de même ; leur ennemi d'autrefois, acculé par la défaite, vola la plaque sacrée qu'Arcéus avait confié au Royaume, et sa folie n'étant d'égale que sa mégalomanie, il captura un des êtres sacrés, un Pokémon légendaire, pour lui prendre ses pouvoirs. Les êtres mi humains, mi Pokémon furent de plus en plus nombreux, le commerce d'esclaves « pokéball » apparut. Devant le chao qu'elles avaient créé, les deux sœurs, catastrophées, s'en remirent de nouveau à Arcéus. Cependant, le dieu ne pouvait venir en personne dans cette dimension, sous risque de tomber lui aussi sous le joug de Xenia, leur ennemi. Il décida alors de prêter de nouveau ses pouvoirs, mais cette fois de manière plus induite. Il passa un pacte avec la princesse Eléanora, elle lui abandonnerait son corps pour qu'il règle la situation, durant son action, il obéirait au mari de la princesse, le prince Ion. Les conséquences de cet acte s'avéraient désastreuses, l'esprit de la princesse n'était pas assez puissant pour survivre dans le même métabolisme que celui d'Arcéus, elle mourut durant le processus. Un vent néfaste souffla sur le monde, les Pokémons légendaires et leur ginjinka sombrèrent dans un profond sommeil qui permit à la reine Sahara de vaincre et récupérer la plaque d'arcéus. Cependant, tant que Ion, gardien du pacte, vivait, le dieu ne pouvait se retirer, il assista donc au lendemain du conflit. Le dieu, dévasté par le malheur qu'il avait indirectement semé en accordant une seule requête, se promit de vivre dans une dimension séparée de la notre. Ion, désespéré par la perte de son amante, se suicida quelques jours après la déclaration de paix, dans la caverne même où elle avait succombé –qu'on suppose être ce village, et les ruines derrière la cascade, où vous n'avez pas le droit d'entrer pour cette raison-. Le dieu se retira à jamais. Sahara, qui avait perdu famille, amour, et amis durant cette guerre, se referma sur elle-même. Elle fit construire un immense temple sur les lieux mêmes où elle avait tant perdu, et régna jusqu'à sa mort, une décennie plus tard, quand les rebelles mirent fin à sa dictature. Les scénarios sont divers, certains pensent que la reine elle-même, lasse de la vie et de la haine qu'elle continuait de recevoir à chacune de ses décisions, ordonna elle-même son propre assassinat, mais ça, rien n'est sûr ! En tout cas, on dit que le temple dans lequel repose encore les ossements de Ion, Eléanora et sa sœur, les personnes condamnés peuvent entendre la mélodie que chanta la princesse pour demander Grâce à Arcéus !

Elle avait salué après son récit, devant une foule muette, très peu réconfortée. Et là, là Makanie s'était tournée vers son ami d'enfance, Shagi, avait plaqué ses mains sur ses hanches, comme frustrée pour balancer :

-Allez aide moi à remonter le moral des troupes ou sinon je dis à tout le monde que tu as pleuré la première fois que je t'ai raconté cette histoire !

Un énorme silence avait suivi cette réplique, avant que le concerné ne tousse de manière très inquiétante, les sourcils froncés, qu'il ne croise les bras et ne balance froidement :

-De un, ta menace aurait pu fonctionner si tu m'avais proposé cette option avant, au lieu de la dire tout haut. De deux, tu vas me payer ça tu peux en être sûre.

La rousse avait haussé les épaules, l'air de dire qu'elle y croyait à peine, elle avait tort, Shagi était parti chercher son sac, et était revenu avec une photo. On y voyait une bande de gamins en train de parler, ou plutôt se disputer, une minuscule rouquine qui devait à peine mesurer un mètre se tenait toute fière derrière un garçon aux cheveux et yeux bleu clairs, à la peau mâte, portant une sorte de casquette pouffante. Tous deux vêtus de tenus traditionnelles, le grand cachait la petite derrière lui tout en essayant de disparaître derrière de toute évidence, sa sœur aînée, à la vue de leurs traits de ressemblance. L'adolescente, furieuse, ressemblait énormément à la championne Sandra, et elle criait sur un Shagi plus jeune, toujours le même –avec une tête de psychopathe-.

Shagi eut un sourire diabolique avant de déclarer avec délice :

- Ici, la petite rousse, c'est Makanie.

La concernée plissa méchamment des yeux, elle fit un pas en avant, et le draco de l'Irisien la chopa par la cheville pour la pendre au plafond tandis qu'il achevait :

-Sur cette photo, j'ai 8 ans, comme l'autre garçon qui se nomme Harry, la grande fille, c'est Arisa, elle en a 11. Makanie sur cette photo a exactement 10 ans et 157 jours, elle mesurait 1m03.

Samantha gardait le vague souvenir d'un Shagi s'enfuyant dans tout le village pousuivi par un écrémeuh et une rousse hystérique –elle-même suivit par un Aaron soufflant des « ce n'est pas grave ma chérie tu es grande maintenant ! ». Mais elle devait avouer qu'elle avait plus porté attention à Cristal qui refusait de descendre du lustre du salon tant que la vache risquait de revenir…

Bref !

Cela faisait presque trois jours maintenant qu'ils vivaient ici, toujours dans l'ignorance. Comme tous les matins, Samantha était partie tôt, pour s'entraîner, Akira Yuki avait pris en main ses séances de travail ; il la rejoignait dans l'après-midi, -quand il se réveillait- et ils ne revenaient tous les deux, que tard dans la soirée.

Elle évitait les autres, et plus particulièrement la pièce principale, le salon, où la tv diffusait les infos, souvent avec pour sujet la petite Eléanore Sarl, non stop.

Yoann essayait tant bien que mal de rehaussé l'ambiance, mais avec deux personnes en rééducation, cela se révélait assez dur. Même si Gold et Cristal restaient les champions pour les bêtises. Surtout que la dresseuse se montrait particulièrement stressée dès que son aîné s'approchait de Silver. Ce qui enchaînait généralement de grosses disputes de famille, dans laquelle généralement, Silver finissait par se prendre quelque chose en pleine tête –trop souvent le Capumain de Gold, laissée par Sam au châlet-. Quoiqu'un jour le singe se retrouva la tête coincée dans la cuvette des toilettes, et c'est seulement en essayant de le sortir de là que Silver se le prit dans le crâne…

AU bout d'une ou deux heures à ce régime, Yoann finissait par s'excuser auprès de Sunny et à s'enfuir à toute vitesse pour bosser avec ses Pokémons, il retrouvait involontairement Shagi, en train de se battre contre Aaron ou Makanie, et plusieurs autres célébrités du monde Pokémon. A son plus grand désarroi car il ne parvenait pas à aligner une ligne dès que le nombre de dresseur reconnus dépassait le chiffre 2.

Peter, quand il ne s'exilait pas dans son « antre », discutait régulièrement de la suite des opérations avec ses collègues de ligue, ou Régis, Christopher, et Angie. Angèle était même venue en à moitié en dansant, déclarant qu'elle allait coudre l'uniforme de THEODD, le chef virtuel de twilight.

Yoann avait une seule, et unique fois, trouvé l'endroit où travaillaient Yuki et Samantha. Celui-ci avait lâché son Porigon Z, et effectué une distorsion sur tout un terrain, qui englobait Sam, et plusieurs Pokémons opposants. Le combat se déroulait dans cet espace au temps inversé, tordu, tout au ralentit. Cela devait sûrement augementer la rapidité de ses réflexes, à elle et son équipe, ainsi qu'affuté son don pour deviner les mouvements adverses. Cependant Akira ne cessait de donner des instructions à son élève, sans discontinuer : « N'accepte pas leur projet de puce électronique sur tes Pokémons, surtout ne dévoile rien sur ton identité, ne te laisse pas berner par les feintes ! N'accepte jamais de porter l'uniforme de Theodd, sous aucun prétexte, nous ne faisons pas partis de l'organisation ? Compris ? ». Bref rien de bien réjouissant.

Souvent il levait la tête vers le ciel gris, et se demandait comment cela se passait pour Eléa, dans son hôpital. Une fois mis au courant de la situation, il avait compris le geste de Samantha, Sunny également, était du côté de la brune, et elle râlait allègrement contre son « stupide élève qui avec tout ça va complètement oublier de capturer des shineys ! ». En règle général, dans le chalet, ils étaient un peu près tous de son côté. Mais ils étaient bien les seuls. Silver ne disait rien, tout comme Gold, seule Cristal essayait de lui témoigner un peu de soutien, quand Régis ou Shagi lui lançaient des regards affutés.

Pour avoir débattu contre Peter, aux côtés du Savant, pour l'aider à faire revenir Eléa, à l'abri, chez Twilight, il connaissait son avis sur la question. Ce n'était qu'une perte de temps qui avait entraîné douleurs, craintes, et probablement ennuis, non nécessaires. Le pire, c'est qu'ils rencontraient nombre de problèmes pour la récupérer, ne pouvant y aller de front, peter commençait même à douter de son efficacité. Il répétait souvent : « peut-être qu'elle sera à l'abri là-bas, après tout ses parents ont les moyens…Et puis, elle ne deviendra pas membre…Si ? Elle est forte ? Elle vaut le coup de voir Twilight détruite à cause de l'influence financière de ses parents ? ».

Dans ses moments là, Yoann ne savait vraiment pas où se cacher. Pire, quand il revenait, retrouvait une Sunny qui essayait d'écrire avec la main gauche, grognante, un Silver toujours en train de ruminer victime d'un bon mal de crâne, un Gold se disputant avec sa sœur, et une Samantha apathique avec un Akira Yuki au cuisine –malheur-, il ne trouvait rien de mieux à faire de fixer la télévision, espérant voir une bonne nouvelle passée par là.

Néanmoins, encore une fois, il n'y avait rien.

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Il n'y avait pas de lumière naturelle qui pénétrait dans cette pièce, pas de fenêtre, juste quatre murs et une porte blindée. Les ampoules émettaient un grésillement continuel comme bruit de fond, n'omettaient aucun coin sombre, elles conféraient à la salle un certain ton, chaud, le papier peint prenait une teinte jaune pisse sous leur effet, et non plus vert malade. Mais quelle différence cela faisait après tout ? Un hôpital, restait un hôpital.

Eléanore restait impassible, les yeux rivés vers la cloison qui la séparait de l'extérieur. Deux traces sanguines explosaient cette homogénéité de la peinture, deux tâches écarlates, comme si on s'était amusé à exploser des poches de liquide vital dessus. Bien entendu ce n'était pas le cas, c'était son œuvre. Dès don réveil dans cette pièce, elle avait tenté de s'échapper, tout essayé, on l'avait sans cesse rattrapée, remis au lit, enfermée dans sa chambre. Alors, dans la solitude, avec pour seule occupation, écouter les médecins discuter sur sa santé de l'autre côté, libres, une sensation familière l'avait envahi. Elle avait clairement ressenti la présence d'Ash, de ses Pokémons, dehors. Non loin, probablement juste au pied du bâtiment. Elle s'était ruée vers le mur et l'avait martelé de coup pour attirer son attention, et elle l'avait frappée si fort, que les jointures de ses doigts avaient littéralement cédées. Les docteurs avaient vite rappliqués, pour la calmer, l'obliger à reprendre place, elle les avait mordu, avait hurlé, crié pour qu'Ash l'entende, vienne jusqu'à elle et la délivre. Mais rien. Le dragon avait du monter jusqu'à son étage, il avait posé ses pattes juste à son niveau, elle le savait, elle l'avait sentie en elle, mais ils avaient gagné, il lui avait administré un sédatif pour la tenir tranquille, et quand elle était sorti de cet état de semi conscience, son starter avait été chassé. Il ne restait de cet évènement, que cette preuve douloureuse et aussi amer que ses larmes.

En quelques heures, elle avait tenté plusieurs fois de mettre fin à ses jours, elle s'était faufilée sur le toit, mais on l'avait toujours retenue de sauter par la force, personne ne laissait d'objet coupant à sa portée, on lui avait lié les mains directement au matelas pour l'empêcher de se pendre avec le drap, -expérience ratée, des médecins passaient trop souvent chez elle-. Elle se retrouvait piégée. Piégée dans une pièce, avec pour seule compagnie, le tic-tac incessant d'une horloge qui la narguait, comme pour lui montrer le décompte de ses propres heures, sa famille assez régulièrement, accompagnés de médecins, et de psy.

Qu'est-ce qui avait bien pu se produire ? Comment avait-il trouvé sa trace ? Son déguisement avait fonctionné huit mois, pourquoi avait-il cessé d'un coup ? Son père avait parlé, avant son évanouissement d'un indic. Mais qui ? Qui avait bien pu la trahir ? Les seuls connaissant son identité, c'était ses amis.
A chaque fois qu'elle y venait, elle déglutissait, la déception lui serrant le cœur, la faisant suffoquer. Elle ne désirait pas y croire, pas ça. Elle préférait songer à un passant plus malin que les autres, plutôt qu'une quelconque trahison. Elle ne souhaitait même pas faire le tri parmi ses compagnons, pour essayer de découvrir le responsable de sa peine. Mais sa logique le faisait inconsciemment, posait ses déduction devant elle, sans se soucier de ses hauts de le cœur, des cris de son âme. Et même en fermant les yeux, en faisant mine d'ignorer les faits, elle était incapable de les nier.

-Eléanore ?

Le timbre régulier de son psychologue attitré sonnait dans le vide, comme toujours. Il s'agissait d'un grand dadet, aux cheveux argentés, la peau claire, et des yeux violacés très profonds. Il se nommait Joshua, avait la trentaine, et on ne tarissait pas d'éloge sur son compte. Comme dans tous les hôpitaux, les rumeurs courraient vite, tous les patients connaissaient vite tout le corps médical. Ainsi, Eléa savait qu'il était mariée à la première chirurgienne spécialisée en pédiatrie handicapée de l'histoire, une blonde en fauteuil roulant, au regard vert prairie, mais très autoritaire, appelée Aria. D'ailleurs, pour une fois, elle l'accompagnait dans une de ses consultations. Elle était responsable du cas de la petite Sarl, et pourtant, ne venait que rarement la voir.

Lasse, la gamine tourna la tête, essayant de leur signifier qu'ils allaient repartir les mains vides. Cependant, l'adulte n'en démordait pas.

-Tu n'as toujours pas parlé à tes parents. C'est très méchant de refuser de leur adresser la parole quand ils viennent te voir, tu veux vraiment qu'ils conservent ce souvenir de toi ? En plus c'est bientôt Noël, tu pourrais faire un effort et leur dire au moins quelques mots, non ?
-Non. Répliqua Eléa intransigeante.

Le docteur soupira, la doctoresse, elle fronça simplement les sourcils.

-Tu sais, tu n'es pas sûre de tenir jusqu'à la fin de l'année dans ton état. Les marques sur tes bras, au scan, cela donne des protubérances, des masses, semblables à des petites tumeurs, le problème c'est que ce n'en est pas, on ne sait pas ce que c'est ni ses effets. Tu veux vraiment partir sans leur reparler ?

Eléanore s'enferma dans le mutisme.

-Bon, si tu arrives à tenir tête à tes parents, je suppose qu'on ne peut rien nous, changeons de tactique. Proposa Joshua, souriant. –Tu n'as qu'à nous promettre de tenir jusqu'à la nouvelle année, hum, peut être qu'après, tu changeras d'avis, ou pas, mais ne gâche pas les fêtes de tes parents, hein ?
-Non. Répliqua Eléa, les lèvres pincées.

Aria, étonnée de cette réaction, sursauta.

-Quoi ? Balbutia-t-elle.
-Je leur ai déjà gâché des dizaines de Noël comme ça, un de plus un de moins…Et si je vous promets de tenir jusqu'à la nouvelle année, le premier janvier vous allez revenir, et me dire de tenir jusqu'à Pâques, et ainsi de suite. Non. J'en ai assez de me battre.
-Mais enfin, tu te bats pour ta vie petite, mets-y un peu de cœur ! S'insurgea Aria, rouge de colère alors que Joshua s'effaçait, se prenant la tête entre ses mains, connaissant déjà la suite des évènements.

Eléanore fit volte-face, sa couche tressaillit sous son mouvement brusque, ses sangles crissèrent contre le métal, elle jeta un regard furieux au médecin et s'exclama le timbre brisé :

-Me battre ? Me battre pour quoi ? Pour ça !

Avec une rage non contenue elle ouvrit les bras pour embrasser son espace personnel, celui qu'on lui avait attribué, celui où l'hôpital avait décidé qu'elle allait vivre, et probablement mourir. Un lieu sans fenêtre, sans lumière du jour, un endroit où on l'attachait, où on la piquait pour qu'elle tienne un peu plus longtemps, une heure de plus en tant que prisonnière.

-Quand tu seras guérie, tu pourras sortir ! Enchaîna l'handicapée, ignorant les conseils de son mari de laisser couler.

Cette fois un rire ironique s'éleva dans la pièce, comme un ricanement amusé par tant de stupidité, presque arrogant, Eléanore, le visage déformée par un rictus, secouée par le hoquet, dévisagea la jeune femme et lança froidement :

-Franchement, cessez de vous voiler la face, vous comme moi, nous savons que je ne sortirai jamais de cette pièce. Je vais crever ici. D'ailleurs chaque minute que vous passez ici, c'est une minute perdue. Vous devriez faire des pieds et des mains pour un autre patient, une personne que vous pouvez sauver. Chaque minute que vous passez ici, c'est une de moins pour un autre, sans qu'il y ait rien à gagner à la clef, vous êtes juste en train de laisser mourir des gens inutilement.

La femme plissa les yeux sauvagement, ses prunelles pourtant claires s'assombrissant tout de même d'une crainte passagère, de doutes. Joshua lui frotta le dos pour la rassurer, geste bien inutile, cela raviva la flamme de sa volonté et elle lâcha :

-Je ne te laisserai pas mourir petite.

Eléanore haussa les épaules et siffla :

-Vous en laissez donc en mourir d'autres pour rien, quel genre de docteur êtes-vous ?
-Je suis de ceux qui sauvent des vies ! Je suis devenue Médecin pour sauver des vies tu m'entends gamine !

Le mari baissa la tête, sentant l'échec venir en même temps que sa femme s'emportait. Bien évidemment Eléanore réagit elle se braqua et se pencha vers la femme pour la toiser de toute la hauteur que sa position lui permettait avant de répliquer froidement :

-Alors que faites-vous encore ici ! Je suis condamnée tout le monde le sait, je le sais ! Mes parents le savent, vous tous, vous ne voulez juste pas le comprendre ! C'est si difficile que ça ? Penser que des enfants meurent ? Ma mort est-elle plus horrible parce que je n'ai pas encore 18 ans ? Je vaux plus que le type d'à côté parce que je suis riche c'est ça votre idée ? Vous ne sauverez personne madame, moi plus que les autres !
-Mais bon sang, pourquoi refuses-tu de te battre ! Je peux te maintenir en vie ! Je le sais, mais il faut que tu te battes !
-Me maintenir en vie ? Comment en tant que légume ? Comme patient qui a besoin chaque jour de plus de morphine que de sang ? Je ne veux pas vivre ça !
-C'est mieux que de mourir ! Hurla Aria.
- C'est mieux pour vous, parce que vous avez la conscience tranquille ! En tant que médecin c'est mieux pour votre paye ! Mais pas pour moi ! Les animaux ont droit d'être euthanasiés pour ne pas souffrir au moins ! Mais vous, vous gardez en vie des gens, sous prétexte qu'ils sont humains, qui préfèreraient crever comme des chiens ! Combien de vos patients ont fini comme ça madame ? Combien de gens avez-vous réellement sauvés ? Ouvrez les yeux !

Aria recula, acculée, sa fureur retomba, se désagrégea, comme l'air dans un ballon de baudruche percé. Elle plaqua une main sur sa bouche, et secoua la tête comme pour lutter contre ses propres démons. Puis, comme dans électrocutée, remise à l'ordre, elle se redressa, lança un regard implacable à sa patiente, en même temps que ces mots :

-De toute manière, tes parents n'ont pas signé de décharge pour éviter la réanimation, tu n'as pas ton mot à dire, ils veulent que je maintienne en vie, et c'est ce que je ferai, que tu le veuilles ou non. Et crois-moi, rien que pour t'emmerder gamine, je le ferai !

Elle obligea son véhicule à se tourner, et partit en claquant la porte. Cependant elle ne put éviter la dernière phrase d'Eléanore de l'atteindre :

- Vous n'êtes peut-être pas une meurtrière, mais vous faites autant de mal qu'eux ici.

Un silence morbide s'abattit sur les deux occupants restant de la pièce. Joshua tripota ses doigts, et joua avec son couvre chef, un chapeau bleu avec quelques bordures argentées. Puis, quand la tension chuta enfin, il murmura :

-Tu es allée beaucoup trop loin cette fois. Tu exagères.

Eléanore resta stoïque, elle ferma juste les paupières, et répondit calmement.

-Non, si elle s'obstine, elle va souffrir devant son échec. Elle va donner de faux espoirs à mes parents, à ma famille, et eux aussi, tomberont de haut. Je ne veux pas ça.
-Non, tu dis ça, parce que tu ne veux plus te battre, tu as un comportement suicidaire, voilà tout. Annonça-t-il professionnel.

La gamine frissonna, et jaugea son opposant, ayant beaucoup plus de répondant, de capacité à encaisser ses répliques. Le psychologue se ferma et constata :

-Tu as peur de la souffrance, la plus grande et dangereuse des peurs, et de la mort également. C'est un comportement normal pour quelqu'un dans ton cas.
-Si j'ai peur de la mort, pourquoi ai-je tenté de me tuer, plus de dix fois en trois jours ? Se moqua la fillette, narquoise.
-Mais tu as sans cesse échoué, preuve que tu n'y mettais pas toutes tes forces. Expliqua l'homme, sûr de lui.
-Vous prêtez des raisons à des coïncidences.
-Je prête des raisons, à des faits. Tout comme je vois que tu ne désires pas parler à tes parents, parce que tu as peur des adieux.

Eléanore sourit, amusée. Joshua arqua un sourcil devant son attitude, mais il resta à l'analyser, dans le vague, jusqu'à-ce qu'elle prononçât :

-La psychologie, quelle blague !
-Explique moi alors, les vraies raisons de tes actes. Ne s'offusqua pas le moins du monde l'homme, les bras croisés.

Eléanore mâchonna sa lèvre inférieure quelques secondes, puis baissa le regard, avant de demander :

-Vous avez des enfants monsieur ?
-Un, il va avoir cinq ans le mois prochain. Répondit simplement le jeune docteur, curieux du cheminement de la pensée de sa patiente.
-Je devais avoir son âge quand j'ai compris que j'allais mourir, peut-être un peu moins.

Son interlocuteur camoufla du mieux qu'il put un frisson, mais il n'échappa pas à la jeune fille, qui sourit.

-Je n'ai pas compris d'abord. J'ai cru que chaque personne était dans le même cas que moi, à tel point, que j'ai pleuré comme une madeleine, j'ai cru que mes amis, Régis et Sacha, étaient morts, alors qu'ils étaient juste partis en voyage initiatique. Vous auriez vu la tête de mes parents, ils ne comprenaient rien à la situation vu qu'ils ne m'avaient rien dit sur mon état…

Les poings du psy se crispèrent sur sa veste. Eléa leva la tête, victorieuse, elle contait ses évènements, très peu touchée en réalité par son propre discours. Le seul sentiment qui demeurait de cette scène, restait une petite touche de pitié pour cette enfant stupide qu'elle était, qui avait causé tant de peine à ses géniteurs par ce chagrin, qui avait pris le temps pour pleurer, au lieu de sourire le plus possible. C'était juste pathétique.

-A votre avis, si je dis à votre fils, qu'il va mourir très jeune, comment réagira-t-il ? Je vais vous le dire, il va d'abord avoir très peur, ensuite, après quelques conversations bien tournées avec une personne de confiance, il va l'accepter, ensuite tout dépend de son caractère, il va soit se laisser dépérir, soit profiter un maximum du temps qu'il lui reste. Il se résignera purement et simplement, trouvant presque cela normal, dans l'ordre des choses.

Cette fois, l'homme en face d'elle pâlit, son regard scruta un objet tangible, une bouée à laquelle s'accrocher, n'importe quoi qui l'empêchait d'imaginer cette réalité parallèle monstrueuse. Eléanore posa une main sur son cœur et souffla :

-Je ne suis plus effrayée par la mort. Je veux juste choisir la façon dont je vais le faire, remporter la bataille contre cette maladie par moi-même. Mais ce n'est pas le cas de mes parents. Ils ne l'accepteront jamais comme je le fais, c'est juste au dessus de leurs forces. Je suppose que vous les comprenez, en tant que parent, jamais vous n'abandonneriez votre progéniture non ?

Joshua refusa d'hocher de la tête, il se borna à rester impassible, à ne pas lui donner raison, mais son tremblement donna sa réponse à Eléanore. Elle détourna la tête et déclara simplement :

-Quand je suis partie, je leur ai laissé une lettre, où j'avais trouvé les mots, tout ce que je ressentais, pour leur dire adieu. C'était de cette façon que je voulais partir, avec ce discours là, ce souvenir là. Pas celui d'une gamine alitée sur un hôpital, attachée à son propre lit, qui va surement mourir étouffer par un caillot de sang qu'elle n'arrivera pas à évacuer.

Ses doigts se serrèrent sur sa couverture, et elle murmura, amer :

-C'est plus humain, pour eux…

Un bruit mât la ramena sur terre, la chaise du psychologue venait de tomber par terre, et l'homme, sur ses jambes lui montra juste son dos, avant de disparaitre derrière la porte, le corps tendu et crispé.
Le grésillement des ampoules et le bip répétitif des machines qui vérifiaient qu'elle respirait constamment envahit la chambre, assourdissants. Solitaire, enfermée dans sa propre mélancolie, Eléanore s'allongea, la victoire avait, elle aussi, un goût trop acre ici. Son regard tomba sur un stylo que l'homme avait oublié d'emporter dans sa hâte, et elle ferma les paupières, inspirant un grand coup pour se donner du courage.

Mais son souffle se répercuta entre les quatre murs, sans que personne ne l'entende.

Elle était seule.
Elle n'avait même plus Miyu.

Elle se cacha sous sa couette pour s'obliger à ne pas penser au responsable de sa douleur, se retenant au prix d'efforts surhumains, d'une force dont elle ignorait encore la provenance, à ne pas fondre en larmes.

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Les parents d'Eléanore se tenaient dans la salle d'attente, à vrai dire, dans un placard à balais aménagé spécialement pour les recevoir, adjacent à la salle d'attente.
Pourtant, la porte ouverte, ils pouvaient voir les différents patients errer dans le hall, à la recherche de résultats, de bonnes nouvelles…Tout comme eux. Une gamine aux cheveux noirs, d'environ l'âge de leur fille, les yeux couverts de bandage, cherchaient à l'aide d'une canne à tâton, le couloir, un autre se tenait le bras en sang en gémissant, une dame pâle retenaient ses haut-le-cœur en silence…

Dans cette scène, divers vautours, assureurs ou simple prêtre, distribuaient des tracts, aveugles devant la souffrance humaine, sourds face aux suppliques.

Marina, assise sur un simili de banc, sanglotait dans les bras de son beau-père, un vieil homme à l'air strict et droit. Pourtant, même lui, avec sa barbe blanche coupée de près, son crâne dégarni parfaitement lustré, montrait un semblant de crainte au fond de ses prunelles bleues.

Son fils, Charles Sarl, arpentait les lieux d'un bout à l'autre, grinçant des dents, s'arrêtant, se massant les tempes pour finir par pousser un soupir à fendre le cœur. La doctoresse handicapée, les bras croisés, continuait son discours, proposant une énième solution pour rallonger l'existence d'Eléa de quelques mois. Quelques mois ! Ils désiraient la voir vivre auprès d'eux pendant tellement plus de temps, mais pour le corps médical, ce simple souhait apparaissait si absurde ! Comme s'ils prononçaient un vœu irréalisable alors qu'il se révélait être la norme !

Joshua s'approcha de sa femme, manquant de heurter la jeune fille aveugle dans sa hâte, et Aria se retourna vers lui, l'intimant d'approcher.

-Joshua, explique à ses parents, dans quel état psychologique se trouve leur fille, et leur devoir d'établir un dialogue avec elle pour nous aider.

L'adulte se pinça les lèvres, ses prunelles rencontrèrent celle désespérées de Charles Sarl, les même que celle de son père, et de sa femme. Alors, les mots, aussi lourd que du granite, s'enfoncèrent dans sa trachée, l'obstruant, la perforant. Il siffla et baissa la tête douloureusement.

-Je suis contre la peine de mort. Balbutia-t-il finalement.

Ses poings se serrèrent. Il sentit ses ongles s'enfoncer dans sa propre chaire. Oui, il se rassurait, comme tout être vivant, il vivait dans des illusions pour atteindre le bonheur, la vérité à beau être un but honorable, il n'apportait guère le sourire sur le visage, l'idée du néant terrifiait plus d'un, l'absence d'un dieu paniquait la plupart, et toutes ses années d'études lui avait appris à prévaloir la lucidité de son être entier, faiblesses, pouvoirs, qualités et défauts, tout entier, sans rechercher la perfection. Pourtant, en cet instant, il avait besoin de se répéter cette certitude, cette conviction en lui-même. Il avait besoin de s'imposer ses limites à nouveau, pour préserver l'humain qu'il avait toujours connu.

S'il comprenait la peine de cette enfant, s'il la respectait comme une personne ayant réuni vérité et bonheur, plutôt qu'une patiente suicidaire, alors il ne pouvait pas être capable de se mentir plus longtemps. S'il acceptait la logique de cette gamine, sa volonté de mourir de sa propre main, alors la raison voulait qu'il soit partisan de la peine de mort, de l'exécution, de l'euthanasie. Et il ne l'était pas. Il ne l'était pas !

-Je suis contre la peine de mort ! Répéta-t-il plus fortement.

Aria à ses côtés fronça les sourcils et caressa sa main, inquiète. La famille Sarl se décomposait devant lui, par sa propre action. En cet instant, un mot, un seul mot de sa part, pouvait tous les détruire, et c'était ces mots là, ceux qu'ils redoutaient tant, ceux qui seraient le détonateur de leur destruction, que bientôt ils allaient prononcer, d'une manière ou d'une autre.
Néanmoins, il pouvait également rendre cette séparation plus douce.
Les derniers mots d'Eléanore remontèrent à lui, et il grimaça.

Le Psy écoutant une patiente, il tombait bien bas.

Joshua leva la tête et déclara :

-Eléanore Sarl refuse de vous parler depuis quelques jours parce qu'elle estime qu'elle n'a rien de plus à vous dire.
-Arrêtez de dire n'importe quoi ! Rétorqua la mère. La seule phrase qu'elle nous a adressé, c'est quand nous lui avons proposé d'avoir un petit frère ou une petite sœur ! La seule chose qu'elle nous a dit, c'est « c'est bien, vous ne serez pas tous seuls comme ça ! ». Je refuse, je refuse de croire qu'elle n'a plus rien à nous dire ! C'est notre fille !

De larges sillons coulaient sur ses joues, et elle se blottit contre son beau-père, tremblant. Joshua impassible, croisa les bras dans son dos, devant sa femme, abasourdie. Il baissa la tête et murmura :

-Elle m'a parlée d'une lettre d'adieux, qu'elle vous a laissé, qui englobe tout ce qu'elle veut vous dire avec les justes mots.
-Et vous voulez qu'on se contente de son mot ? S'insurgea le grand-père, Maximilien, les veines palpitantes, rouges, parcourant son cou tendu.

Le psy hocha gravement du chef, et acheva simplement devant un Charles Sarl anéanti.

-Vous avez également tous les souvenirs d'elle, de celle qu'elle était quand elle n'était pas au plus mal. Ce sont ces souvenirs que vous devez garder d'elle, pas ceux que vous collectionnerez au cours de son séjour ici.

Il allait s'en aller, quand Aria attrapa son bras et lui demanda muettement du regard : « Qu'est-ce qui te prends ? ». Mais d'un mouvement sec, il pointa la famille du nez, se dégagea, et repartit dans le couloir, voir un patient qui avait besoin de son aide, et non l'inverse.

La fillette aveugle resta statique, spectatrice sans le savoir de la chute du plus grand Pdg de kanto.
L'handicapée finit rapidement par s'excuser et à suivre son mari, paniquée de le voir comme ça.
Les parents, seuls avec leur peine commune, s'assirent dans un même mouvement, les visages fatigués, éreintés. La main de Marina se glissa dans celle de son mari, et elle passa des bras de son beau père, au sien, continuant à sangloter silencieusement. Tous deux s'accrochant l'un à l'autre dans le désespoir, perdus dans leurs souvenirs. Les images de leurs noëls communs, de leurs chants, leurs danses, leurs rires à tous les quatre. Dire qu'il n'avait jamais compris comment marchait le foutu jeux vidéo dont elle lui demandait une partie à chacun de ses retours de Safrania. Dire qu'elle ne lui avait toujours pas appris la cuisine, comment faire les bons petits plats que sa fille appréciait tant, et qu'elle-même tenait de sa propre mère. Dire qu'il ne lui avait pas appris à se tenir comme une lady, sa propre petite fille ignorait toutes les ficelles du métier dont elle aurait pu hériter, alors que c'était bien le seul sujet qu'il maîtrisait.

Sans le savoir, ils se remémoraient la même scène, encore et encore.

Leur enfant avait toujours été plus forte qu'eux, ce n'était pas nouveau, déjà petite puce, elle allait dormir et leur assurait qu'elle n'avait pas peur du noir, qu'elle était bien toute seule. Tout ça, pour, au milieu de la nuit, réveillée par le va-et-vient incessant de parents angoissés cherchant à savoir si elle respirait toujours, venir les voir et leur dire que finalement, elle voulait bien dormir avec eux.
Toutes ces années, où ils avaient eut peur de l'aube, d'aller la réveiller un matin pour la trouver froide dans son lit. Maximilien Sarl baissa la tête, se rappelant nombre de scènes où il lui avait reproché tel écart dans sa conduite, telle mauvaise posture, telle mauvaise expression, tout ça pour, finalement, une fois la petite partie, vexée, lui sourire, attendri. Combien d'heures avaient-ils passés, juste à la contempler pendant son sommeil, à écouter sa respiration lente, comme le plus beau des miracles ? Et elle, leur petit puce, leur princesse, chaque nuit, jusqu'à ses 9 ans, elle avait finit par céder, par aller les voir, et leur mentir en disant qu'elle avait peur, pour qu'ils aillent tous dormir sous la véranda, à admirer le ciel étoilés à l'abri sous le dôme de verre. Pour que ses parents puissent juste dormir ! Normalement, une fillette, ça ne se soucie pas vraiment de ça, leurs géniteurs sont invincibles à leurs yeux….

Une sirène stridente retentit alors, une troupe d'infirmiers et d'internes se précipitèrent en une masse, pour revenir presque aussitôt, avec Eléanore, leur bébé, sur un brancard, un stylo incrusté dans la jambe, au niveau de l'artère. La gamine aveugle se fit renverser dans la précipitation, les hurlements des médecins qui constataient avec empressement l'état dramatique de l'adolescente, la paralysant. Les parents d'Eléanore et son grand père tentèrent de suivre leur petite, terrifiés, perdus, mais un homme leur cria qu'ils n'avaient pas le temps, qu'il fallait opérer pour qu'elle survive…

Ils restèrent donc, droits dans le couloir, les pleurs revenant les prendre.

Un homme vêtu de l'uniforme des adorateurs d'Arcéus eut la mauvaise idée de s'approcher d'eux pour leur louer sa religion, pensant prendre avantage sur leur faiblesse. Cependant, à peine eut-il prononcé ses quelques mots, que Charles Sarl le saisit par le col et le souleva de terre pour le propulser loin de lui.

-Mais enfin ! Espèce de tordu ! S'offusqua le prêtre.
-Vous ! Vous ne venez pas me dire qu'il y a un dieu ici ! Qu'Arcéus veille sur nous ! Ce sont des balivernes ! Un tissu de conneries rien de plus !
-Qui êtes-vous pour juger de l'action de Dieu ! Hérétique !

Le visage du père d'Eléa vira au rouge, et ses lunettes tombèrent au sol en se brisant tant il la secoua fermement.

-Votre histoire n'a pas plus de crédibilité qu'un conte inventé par un GAMIN ! A Qui vous voulez faire gober des trucs pareils ! Votre religion…C'est…du n'importe quoi ! Qui veut d'un dieu pareil ? Un dieu qui laisse des enfants crever comme ça ! Qui laisse des parents survivre à leurs bébés ! Je préfère encore croupir en enfer plutôt que d'avoir à cotoyer un être aussi abject qui a osé m'enlever ma fille !

Puis comme vidé de ses forces, dépossédé, il ploya, tomba à genoux et fondit en larmes.

-Ma petite fille…Pourquoi doit-elle mourir avant nous…L'ordre des choses voudrait…Voudrait…C'est ma princesse, ma petite princesse…je l'ai tenue dans mes bras, au premier jour…Elle était si fragile…J'étais responsable ! Responsable de cette petite vie !

Marina vint rejoindre son mari avec son beau-père et l'entourèrent pour partager leur douleur en silence, ressentir cette injustice partagée, et l'abréger, espérer, espérer qu'il y ait enfin une fin à ce cauchemar, et croire, croire qu'il n'y avait pas d'être surnaturel qui s'amusait à mettre en scène leur propre tragédie juste pour se divertir. Ils voulaient juste croire qu'on ne leur avait pas apporté leur plus beau trésor juste pour le leur reprendre cruellement.

Le prêtre, irrité, s'en alla, grognant et injuriant tout ce qui se trouvait sur son passage. L'aveugle, pâle, tituba à son tour, quittant l'hôpital sans que personne ne la remarque, elle abandonna sa canne sur le parvis gelé, et s'enfuit en courant. Passant derrière les immeubles de Safrania, elle atteignit enfin les bosquets, et ôta les bandages recouvrant sa frimousse, deux yeux vairons apparurent, elle agrippa sa robe, et aussitôt, un métamorph reprit sa place dans sa main, la mixture élastique emporta avec elle, le teint malade qui déguisait l'adolescent et sa physionomie féminine.

Daniel déboula dans le camp, où une caravane avait élu domicile discrètement, Christelle, ses cheveux roux attachés en une queue de cheval, ouvrit les bras pour récupérer son Ditto, et son Chimpenfeu couina pour signaler le retour d'un des leur. Mais le brun ne les écouta même pas, il passa devant un Tom réparant leur système de communication aidé d'un Drew et d'une Flora, puis ignora Lucas et son cadet Gabriel, pour enlacer Ash.

Le dragon noir, roulé en boule près du feu, entouré des autres Pokémons du groupe. Depuis la séparation avec sa dresseuse, il restait là, la seule fois où il s'était absenté, il était revenu couvert de blessures après avoir essayé de récupérer son amie à l'hôpital. Il demeurait apathique, dépourvu de toute la vitalité qui le caractérisait, son regard outremer illustrait le désespoir de la mer infini à un pauvre naufragé accroché à sa bouée. Ils dépérissaient. Tout comme Pilou, la pile électrique qui imitait tout ce qu'elle voyait, ne bougeait plus, elle se contentait de manger, et de dormir, blotti contre ses compères. Torch, le feurisson, n'avait que faire des pitreries de son ancien compagnon, il restait impassible, allongé. Hope d'ordinaire si méfiant se frotta contre la jambe du rêveur dans un jappement.
Le dragon sentant probablement la peine du garçon avec qui il avait tant voyagé, gémit, de grosses larmes roulaient le long de son museau, comme s'il avait lui-même assisté au spectacle qui se déroulait en cet instant dans le centre de soin.

Christelle s'approcha du groupe, inquiète, Gabriel et Lucas de même. Le plus jeun d'entre eux fronça les sourcils, secoua la tête, et murmura doucement :

-Ne te mets pas à vomir…

A peine avait-il prononcé cet ordre muet, qu'ils virent tous le gamin aux yeux vairons lâcha sa prise et alla rendre son déjeuner à quelques mètres. Gabriel siffla un « chiotte » étranglé entre ses dents, la mâchoire crispée.

Lucas vit évoli crier plaintivement, les petites créatures de Daniel s'approchant de lui craintivement. Et à chaque soubresaut de l'adolescent, chaque fois qu'il recrachait sa bile, ils sursautaient avec lui, témoignaient aux aussi d'un peu de souffrance, eux-mêmes, touchés par les évènements.

Gabriel tourna des talons et fit quelques pas en arrière. Christelle, appréhendant la situation qui dégénérait, le suivit et balbutia :

-Mais enfin, qu'est-ce qui lui prends ? Il faut faire quelque chose, s'il a attrapé froid il faut l'emmener voir un médecin !

Lucas les yeux rivés vers son ami mal en point, stupéfait, écoutait lui-même d'une oreille la conversation pour garder l'esprit tourné vers un autre sujet, sans pour autant parvenir à s'en détourner complètement.
Tom, le frère de la coordinatrice, proposa un médicament qu'il conservait dans la trousse de secours, tandis que Flora préconisait un bon repas devant un Drew atterré. Cependant Gabriel tendit le bras brusquement vers eux, faisant les cent pas, sifflant un « CHUT ! ».

Le regard vairon du gamin, semblable à son aîné, scrutait des options invisibles à la vitesse de l'éclair ce qui effraya Lucas, il l'avait rarement vu aussi tendu, la question lui échappa. Peut-être trahissait-elle sa terreur intérieure de manière trop forte, ou bien simplement tombait-elle mal, en tout cas, la moutarde monta au nez de Gabriel, elle mit le feu aux poudres et le garçon explosa vivement :

-Ce qui va pas ? CE QUI VA PAS ? MAIS VOUS ETES TOUS AVEUGLES ! TOUS AVEUGLES SANS EXCEPTION !

Il plaqua ses mains sur son crâne et le compressa durement, tel un pauvre étau, comme pour en faire sortir les idées, les solutions qu'il ne parvenait pas à trouver assez vite. Il plissa les yeux et sa voix craquela tandis que Lucas chancelait.

-La dernière fois que je l'ai vu comme ça…La dernière fois que je l'ai vu comme ça…Il a fini à l'hôpital ! Et tout ça à cause de toi !

Il pointa du doigt l'ami d'enfance de son frère, accusateur, le regard flamboyant de rancœur. Le concerné recula, perdu, ne comprenant pas ce qu'il signifiait, apeuré.

-Tu avais fait une fugue ! Tu avais tout juste promis à mon frère de l'attendre pour partir en voyage initiatique et tu l'as laissé seul ! Il a cru que tu avais eu un accident ! Il t'a cherché partout pendant des heures, il a fait tous les hôpitaux de la région ! Il a vu qu'un enfant encore inconnu était mort dans un accident du trafic ! Il a cru pendant un mois entier que c'était toi ! Et bien sûr tes parents ne sont jamais venu le rassurer à ce propos alors même qu'il les aidait.

Lucas blêmit, les souvenirs encore bien vifs, ancrés en lui. Il avait effectivement fui de chez lui quelques mois après sa promesse, il voulait vérifier qu'il pouvait vivre dans la nature, qu'il pouvait se défendre, et défendre Daniel en cas de pépin, il s'était entraîné comme un fou, ses évolis avaient évolués au bout d'un mois et demi de travail et de vie de reclus. Mais il ne comprenait pas…Quand il était revenu à Azuria, il s'était fait incendier par ses parents, certes, mais Daniel allait parfaitement bien. Quand enfin ils avaient pu se revoir, il lui avait souri innocemment et l'avait félicité pour l'évolution de ses Pokémons. Il était en parfaite santé quand il était revenu ! Il ne lui avait jamais parlé de cette histoire !

Gabriel essuyait sans cesse ses joues d'un coup de paume, pour camoufler une larme hypothétique qui menaçait de lui échapper. Il bégayait, c'était bien la première fois que Lucas le voyait bégayer, il était trop habitué au masque de génie arrogant et froid que le petit arborait continuellement. Un frisson lui remonta l'échine.

-Et moi…Moi je le voyais revenir à la maison et vomir, et comme un idiot je croyais que ça allait le passer ! Je pensais qu'il arrêtait à l'école, qu'il arrêtait au travail, qu'il jouait la comédie…Même Maman ne remarquait pas de problème, je croyais qu'il allait bien, alors j'ai rien dit…Je l'ai laissé faire ça… ! J'ai compris qu'il allait mal seulement quand il s'est mis à vomir du sang à table en essayant de manger ! J'ai compris ma bêtise seulement quand on l'a emmené en urgence à l'hôpital, quand j'ai vu maman pleurer, quand j'ai vu Papa revenir de voyage, rompre la trêve du au divorce !!

Le gamin plaqua la main sur ses lèvres et se recroquevilla, les yeux révulsés, comme dégoûtés par la simple évocation de sa seule et unique erreur. Christelle contempla les deux membres de la même famille, l'un après l'autre, honteuse, mal à l'aise. Tom lui passa un bras autour de la taille pour la réconforter, elle-même étreignit Happy la papilusion, pour se conforter. Drew empêcha Flora d'aller essayer de rétablir la situation, soufflant que c'était leur bataille, leurs démons, pas les leurs. Même si cette constatation lui coûtait autant qu'à la brune.

Lucas, grelottait, ses genoux flageolaient sous son propre poids, et Gabriel continuait de se ronger l'ongle du pouce, à faire les cent pas, se forçant à réfléchir, à trouver une issue à ce tunnel ténébreux.

Il n'arrivait pas à y croire.
Le brun se tourna vers son ami d'enfance qui continuait à vomir dans son coin.
Comment avait-il pu garder cela pour lui ? Pourquoi ne pleurait-il pas simplement au lieu de se rendre malade comme ça !

Il réagit instinctivement. Il se précipita vers Daniel, se frayant un passage dans la masse de Pokémon, et il l'enlaça, le ceintura, l'empêchant de continuer sa rengaine maladive, il le compressa aussi fort qu'il put contre lui et lui souffla, le timbre brisé :

-C'est bon Daniel…Calme-toi…On va trouver une solution…On va la ramener…Je te le jure…Alors je t'en supplie…Arrête ça…Arrête…je suis là…Tu m'entends je suis là, je vais t'aider…

Daniel se crispa, et ses muscles se détendirent doucement, comme rassuré par l'étreinte familière, il ferma les yeux, éreintés, et murmura :

-C'est affreux…C'était affreux là-bas…Je n'arrivais même pas à détester ses parents…Tu aurais vu comme ils souffraient…Comme elle souffrait…y-a pas de fin là dedans…

Lucas resserra sa prise, Gabriel sursauta et murmura : « Oui ! Compresser le corps régule la tension…Bien sûr ! », avant de courir aider Lucas. Alors, après quelques minutes à ce rythme, enfin, enfin Daniel se tût, partant loin dans son monde imaginaire, parvenant enfin à ôter ses images écœurantes de ses rétines. Lucas comprit qu'il s'était ressaisit avec un soulagement immense, il le déposa près de Ash, au milieu des pleureurs, des délaissés, et caressa un bon moment le museau du dracaufeu. Le dragon se frotta lui aussi contre lui, peut-être espérant récupérer quelques étincelles de magie qui avait réussi à calmer Daniel, espérant lui aussi grappiller quelques sortilèges pour ôter un peu de sa tristesse, de lourdeur à son cœur d'abandonné. Hélas, le même tour ne fonctionna pas une seconde fois.

Christelle suivit Gabriel du regard, qui, retenant son soulagement, alla se caler au côté de son aîné qui serrait Hope dans ses bras et elle dévisagea son propre frère, la mine désolée.

Elle n'avait pas intégrée Twilight, elle avait refusé, pour la simple et bonne raison, qu'elle n'avait pas que ça à faire, « sauver le monde ! Rien que ça en plus ? », en revanche, en accompagnant Flora et Drew, elle connaissait son existence et son influence. Et au fond d'elle-même, elle ne parvenait pas à se faire à l'idée que Samantha avait laissé faire ça, qu'une organisation ignorait cette peine dont ils étaient indirectement responsables. Cette colère envers la brune, alors même qu'elles avaient tant partagé lors de leur confrontation au concours du mont Sélénite, devait la rapprocher inexorablement de Daniel dans le futur, et sceller pour elle aussi, leurs destins à tous les deux.

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Samantha avala une goulée d'eau fraîche, exténuée. Alors même qu'une tempête de neige avait ravagé les montagnes pendant des heures, depuis deux jours, il régnait un grand soleil, avec la chaleur suffocante qui allait de paire. Avec une météo aussi anarchique, alors même que le 24 décembre sonnait le lendemain, impossible de savoir s'ils allaient vivre un noël blanc.

Pour dire la vérité, c'était bien le cadet des soucis de Sam. Les regards qu'on lui lançait continuellement dès qu'elle passait l'horripilait, elle pouvait lire en eux aussi facilement que dans un livre, auraient-ils crié haut et fort « traîtresse » en lui lançant des ordures au visage, que cela n'aurait pas été aussi claire. Elle faisait de son mieux pour éviter d'y penser, pour se plonger dans l'entraînement, mais rien ne fonctionnait. La mélancolie, les regrets, même si elle savait ses raisons valables, montaient en elle, augmentant la pression sur ses entrailles déjà écrasées par le poids des soucis.

Elle entendait tout ici, toute l'actualité politique de son monde. Même si les autres gardaient cela secret, tout suintait, la moindre info coulait plus rapidement que les rivières, résidus de neige fondue, dans le village. Elle entendait par moment que Blake avait revu Elektor à la Central, puis la seconde d'après que des passants l'avaient vu à Sinnoh…Elle comprenait que la Team Galaxy avaient conclu une alliance avec la Team Magma, et Aqua, tandis qu'Opale et Rocket jouaient bande à part sans pour autant coopérer entre elles. Bien évidemment, tous ces bandits avaient l'organisation pour cible, donc eux.

Akira l'interpella, elle sursauta. Le professeur lui rappela qu'elle devait travailler avec Vibranif, il devait évoluer pour lui permettre de s'enfuir sur le dos d'un libegon dans une situation critique. Galifeu avait déjà évolué la veille, de même pour Wattouat qui était maintenant un magnifique Lainergie. En raison d'un manque d'objets, Farfuret et Kirlia restait au point mort, malgré leurs entraînements commun, et à présent, Sam hésitait pour son Pokémon psy. Néanmoins, même sans avoir réglé ce problème ; Elle avait affronté Erika, et Janine, la fille de Koga, les deux derniers jours, et remporté le titre.

Son professeur lui pointa du doigt le terrain, où son porygon Z s'évertuait à inverser la course du temps avec sa capacité. L'élève secoua la tête et se précipita elle aussi dans la zone distordue. Tout marchait au ralenti, même son corps, même ses pensées, engourdie, il devenait difficile de déjouer les mouvements adverses, heureusement, l'attaque distorsions n'affectait pas le son, une fois qu'elle avait décodé les mouvements adverses, elle pouvait donner ses ordres normalement.
Au début, elle avait douté de cette technique de travail, même si Yuki lui assurait que c'était le meilleur pour elle vu son style de combat, mais plus maintenant. Elle devenait plus rapide, les mouvements décomposés de son opposant permettait une meilleure anticipation de son attaque.
Revenue à la réalité, elle pouvait parfois être déconcertée par la vitesse des actions ; mais elle se surprenait à saisir chaque détail, chaque mouvement plus rapidement elle-même. Cette conséquence se répercutait chez ses Pokémons également.

Alors que Twilight houspillait ses recrues pour que les Pokémons viennent d'eux même sauver leur dresseur, sans ordre, en cas de danger, qu'ils recevaient un à un des abra nouveau-né, elle, se tournait plutôt vers l'anticipation. Si elle ne tombait pas dans le piège de l'ennemi, elle n'aurait pas à survivre sur le fil du rasoir.

L'Archéodong D'akira se cabra. Il préparait une attaque de type rayon, la plupart des dresseurs novices pensaient alors à se cacher stupidement, sous la cloche de l'adversaire, sans savoir qu'ils se jetaient dans la gueule du loup. Samantha voyait plusieurs options s'offrir à elle, et donc plusieurs dénouements.

Elle ordonnait à Vibranif d'esquiver sur le côté en poussant une des hanses de la voûte métallique vivante, déviant ainsi la course du rayon à son bon vouloir, mais le risque de rispote était une attaque psyko ou physique. La lenteur de l'adversaire ici était un atout, il prendrait Vibranif de vitesse.
Elle pouvait également battre en retraite vers le haut, mais dans ce cas, elle ouvrait un bon nombre de porte à l'adversaire et devrait subir un bon nombre d'offensives avant de pouvoir reprendre le rythme normal du combat.
Fuir vers le bas était absolument hors de question, c'était comme envoyer son propre Pokémon dans un cul de sac, comme une mouche, il aurait suffit à Archéodong de jouer le rôle du verre et de s'abattre sur vibranif pour le piéger en son sein.

Samantha ferma les yeux et se mordit la langue pour se concentrer sur ses options, avant de hurler :

-Vibranif fonce sur les Hanses d'Archéodong !

Le Pokémon insecte accéléra brutalement, donnant un coup de tête à l'espèce de poignée, le Pokémon métal perdit l'équilibre, il culbuta en arrière, son ultralaser toucha le vide, et se heurta au dôme distorsion. Cependant Akira sourit et il leva le bras en annonçant :

-Psykoud'boul !

Cependant Samantha émit un rictus et elle répliqua :

-Ultrason !

La vitesse sonique prit le dessus, tout comme elle l'avait prévu, la créature psy tituba, et au lieu de se précipiter vers son opposant, fonça droit dans le sol. Maintenant les rôles s'inversaient comme Samantha l'avait prévu. Elle ordonna une feinte à son dragon, celui-ci disparut et frappa l'Archéodong en plein dans sa faiblesse. Bien évidemment cela ne suffisait pas pour le mettre K.O, mais Akira sembla satisfait, il rappela son camarade et acheva la séance en félicitant son élève.

Pourtant, quand elle lui fit un sourire de circonstance, le professeur plissa des yeux, peu dupe. Il passa une main sur sa nuque, embarrassé. Il savait qu'il ne s'était pas révélé comme le meilleur soutien pour elle, mais son élève avait fait un choix. Sam avait décidé de se séparer de son amie, et si, en lui-même, cette option déplaisait à Akira, il ne pouvait pas le dire à la gamine, car cette solution restait la plus raisonnable qui soit. Il voyait bien que cela tourmentait la fille adoptive des Joëlle, mais quels mots pouvaient-ils trouver pour la réconforter quand lui-même, n'appréciait guère cet acte ?

En désespoir de cause, l'enseignant murmura :

-Ca ne va pas Sam ?

L'adolescente leva les yeux vers lui, le visage pâle, sa bouche se tordit et elle pressa son ventre, crispée.

-Je crois que j'ai mes…Enfin…Vous voyez…Pour la première fois…

Si Samantha était pâle, ce ne fut rien à côté de la frimousse d'Akira, qui blêmit en une seconde, avant de se teinter d'un beau rouge carmin. Il paniqua légèrement, bredouillant des consignes de sécurité hasardeuses.

-Heu, reste assise, je vais…heu..Ne t'inquiète pas c'est tout à fait normal ! Je vais…Ah non y-a pas de magasin de ce genre ici, forcément…Et merde ! Je reviens !

Il se précipita à l'intérieur du premier bâtiment venu, tandis que son élève s'asseyait sur un caillou ornant l'avenue principale en se tenant le ventre. Il dépêtra son téléphone portable de sa poche et composa le premier numéro qui lui vint à l'esprit. Le timbre familier de Lily lui répondit. Localisée, elle n'avait plus aucune chance, Akira ordonna à son Kaorine de se téléporter auprès d'elle. Inutile de dire que la brune, cachée derrière un tas d'ordures près de la plage de Parmanie, manqua de faire un arrêt cardiaque. Inutile de dire également qu'elle se fit immédiatement repérer malgré son déguisement. Le cri fit fuir aussitôt les grotadmorv qu'elle et Armand traquaient.

-AKIRA ! Gronda-t-elle, hors d'elle alors que son élève essayait vainement de poursuivre les Pokémon poisons après ce fiasco. Le concerné lança un sourire à peine désolé, et lui coupa la parole instantanément :

-Mon élève a ses…trucs de fille pour la première fois ! AIDE MOI !

Il lui attrapa le bras et en un « pouf » ils s'effacèrent du paysage. Quand Armand revint, tout fier, brandissant une pokéball rouge, il ne retrouva personne. Il grommela furieusement. Dire que c'était Lily elle-même qui lui avait imposé ce Pokémon à capturer pour elle en guise d'examen de Noël ! C'était vraiment trop fort !

Remarque, d'un point de vue objectif, la baffe que fila Lily à son collègue pour son geste, était vraiment puissante, dans le vrai sens du terme, mais Armand n'y avait pas assisté donc ça ne compte pas.

Akira subit une bonne engueulade pendant quelques minutes, où il parvint à atténuer la douleur diffuse de sa joue, ce ne fut qu'après avoir bien expliqué à son ami combien son action était outrageante, que Lily se calma, et croisa les bras, passive. Ou presque.

-Quand je pense que nous avons failli attraper des Grotadmorv, tu sais pourtant que j'adore ces Pokémons Akira…j'en veux un depuis mes dix ans…
-Désolé ! Désolé ! Mais c'est un cas d'extrème urgence ! Répéta Akira.

Lily soupira, mais ayant vécu le drame de Carmin-sur-mer, elle n'était pas encline à se blesser à l'autre genou en ne l'écoutant pas. Elle se pencha vers lui, délaissa toutes ses questions et demanda –plus froidement qu'elle ne l'aurait voulu-

-Donc, pourquoi m'as-tu appelé ? Surement pas pour me souhaiter la nouvelle année, je suppose ?
-Heu…Bonne année et bonne santé c'est vrai, tant que j'y suis ! Bégaya Yuki, embarrassé.

Un long silence s'imposa entre eux, puis le professeur réussit enfin à expliquer un tant soit peu le nœud du problème, Lily passa une main sur son front exaspérée et lui tendit de quoi aider son élève.

-Bien, c'est simple comme bonjour d'utiliser ça, au pire elle n'a qu'à appeler sa mère. Explique lui juste que c'est normal, que ça va durer trois à quatre jours, que les douleurs diminueront petit à petit. Elle a sûrement beaucoup grandi cette année, dis-lui qu'elle va probablement prendre autant de centimètres l'année prochaine, et qu'elle va avoir plus de hanche et de poitrine. Sur les pochettes, il y a une liste de symptômes qui peuvent se produire pendant ces moments là.

Akira fronça les sourcils et retint un frisson quand il vit la liste en question. Il bafouilla :

-ET je dois obligatoirement lui expliquer tout ça ? Tu peux pas le faire… ?

Regard de tueur digne d'un sérial killer, made in Lily Brosh, Akira le sentit passer cela aussi, et ce ne serait sûrement pas avec un « sil te plaît » qu'il y échapperait.

-C'est ton élève Akira, c'est à toi de le faire ! L'accusa-t-elle simplement.
-Ca devrait être interdit !
-Crois-moi, Samantha est sûrement deux fois plus gênée que toi en cet instant. Et si tu ne le fais pas, je te jure que je te pète le genou comme je me le suis pété en essayant de te rejoindre à Carmin !
-Je sais mais…Désolé…Je…

Il poussa un soupir à fendre le cœur tout en s'appuyant contre le mur, désemparé. Cette attitude tourmenta son interlocutrice, qui se décrispa un peu.

-Un problème ? Demanda-t-elle, inquiète.
-C'est juste que…c'est encore qu'une gamine. Répondit le professeur penaud.

Lily arqua un sourcil. Oui, mais encore ? Qu'il lui balance autre chose qu'une évidence !

-C'est encore juste une gamine merde ! Et moi j'ai tendance à l'oublier ! S'emporta Akira. –Elle semble si mâture par moment, elle refuse de se confier à moi, et je laisse filer…Je sais bien qu'elle ne va pas bien ses derniers temps, et moi j'fous rien, je l'entraîne comme un adulte, je lui parle, je la traite comme un adulte !

Lily recula un peu, comprenant le problème, douloureusement, elle ferma les yeux, et se pinça la lèvre inférieure. Il n'y avait pas que Samantha qui allait mal, apparemment Yuki n'était pas au meilleur de sa forme, qu'avait-il bien pu se produire pour qu'elle les retrouve dans cet état ?

-Ton plus grand problème Akira, c'est que tu agis comme cela avec tout le monde. Je n'irais pas jusqu'à dire que tu respectes les gens, car c'est faux. T'es qu'un goujat égoïste comme ton frère. Mais tu es la personne la plus équitable socialement que je connaisse, les enfants, tu les traites de la même façon, d'égal à égal. Je pense que c'est pour ça que tu t'entends avec eux, tu ne les diminues pas à cause de leur âge, tu leurs donnes une chance.

Akira grimaça.

-Je sais ça…Je trouve ça normal, un être vivant est un être vivant, quelque soit son âge, il mérite qu'on ne lui impose ni nos désirs personnels, ni nos choix. Sinon, on les tue à petits feux…Comme mes parents ont fait avec Shinobu.

Lily plissa les paupières à l'évocation de ce nom, et irrémédiablement, elle sourit, pourtant ses paroles aussi aiguisée que des lames, n'épargnèrent pas son collègue.

-C'est pour ça que tu es un prof médiocre.

Akira sursauta et la dévisagea, accablé, perdu. Elle plongea son regard onyx dans le sien, impassible, pour murmurer :

-Les enfants sont des enfants, je ne dis pas qu'il faut leur imposer nos choix, il faut les laisser décider par moments. Mais ils ont besoin de réconfort Akira, ils ont besoin de soutien, ils n'encaissent pas de la même manière que des adultes, aussi mâtures soient-ils. Tu feras certainement un excellent Papa, mais tu n'es pas un bon prof Akira.

Les mots vibrèrent dans l'atmosphère, l'alourdissant de remords. Yuki baissa les yeux.

-Je sais. Mais j'aime être enseignant. Bafouilla-t-il.

Lily eut un rictus attendri et répliqua sur un ton qu'elle désirait enthousiasmant :

-Alors corrige-toi, fais en sorte de devenir un excellent professeur. Aide tes élèves, porte-les jusqu'aux buts qu'ils se sont fixés, soit un tremplin pour eux. S'ils sentent que tu es là, ils n'en seront que plus forts.

Le brun fixa son ami d'enfance et eut un rire jaune, avant de la remercier doucement. Elle lança un « Pas de quoi ! Ca fait toujours plaisir de t'insulter ! » Ravie. Alors qu'il lui murmurait qu'il la renvoyait auprès d'Armand grâce à son Kaorine, elle l'enlaça simplement et lui souffla :

-Merci pour ton cadeau de saint Valentin. Je suis heureuse de pouvoir de nouveau te faire confiance.

Puis elle disparut. Cela signifiait-il qu'elle le croyait quand il lui disait qu'il était le dresseur masqué ? Que la guerre entre eux s'achevait ? Il l'ignorait, mais cela lui faisait chaud au cœur. Il regarda le paquet de serviettes qu'elle lui avait confié et soupira de nouveau.

Samantha venait à peine de devenir une femme. Quel choc cela lui avait causé, et en même temps, cela l'avait probablement sauvé. Il ne pouvait pas se permettre de la voir autrement qu'en tant qu'élève.
D'un pas lent, il retourna auprès d'elle et lui répéta mot pour mot les instructions de Lily, même si Sam le savait déjà et que cela la gêna plus qu'autre chose.

Pourtant entre deux discours particulièrement humiliant, elle perçut quelques mots réconfortant à son égard. Elle leva les yeux, déboussolée, vers son professeur, et celui-ci détourna le regard, avant de souffler :

-Hey, je sais que c'est difficile pour toi, mais, tu as fait tes propres choix, et tu les assumes Samantha. Le monde ne peut pas accorder à ta propre vision des choses, et c'est pour ça qu'il est merveilleux, personne n'est identique. Tu n'as pas à avoir honte de t'être démarqué des autres.
-Mais…Et Eléanore ? Bafouilla Sam un sanglot dans la voix. –Je l'ai trahie, et je…
-Eléanore n'est pas stupide, elle comprendra que tu as agis en pensant bien faire. Et si elle ne le fait pas, c'est qu'elle ne méritait pas que tu t'inquiètes tant à son sujet.

Samantha baissa la tête. Ce n'était pas le point fort de son enseignant, les mots gentils, mais elle appréciait l'offre, même si cela ne reflétait en rien la vérité, que ce n'était juste que de la pommade sur une plaie trop douloureuse. C'était mieux que cette froideur entre eux depuis leur entrée à Twilight, elle avait conscience que Akira n'avait probablement pas agis ainsi volontairement, qu'il désirait juste la protéger un maximum de cette organisation, l'entendre enfin parler de cet évènement, et ses efforts pour la réconforter la rassuraient.

Doucement elle se laissa glisser contre lui et attendit. Elle attendit que ça passe. Akira continua à lui prodiguer quelques conseils, mais elle n'écoutait plus, savourant juste le moment. Il était étrange, comme parfois, il suffisait des mots d'une seule personne, -peu importe le contenu- pour que cela aille un peu mieux.

Enfin, quand l'instant s'acheva, ils se remirent à marcher vers le chalet commun, lentement, pour éviter plus de tracas à Sam. Ensemble, ils discutèrent stratégie sur le chemin du retour, pour ne plus aborder le sujet lourd, les lampions émettaient déjà une douce auréole colorée qui se répercutaient un peu partout dans la cité. Samantha aurait aimé passer à la réserve, endroit où Twilight conservait une bonne centaine de livres de tout style, mais elle avait été mise sous clef le matin même car Régis y faisait des recherches. Il travaillait sur une sorte de puce électrique à implanter sur les Pokémons des membres pour pouvoir sans cesse repérer leurs dresseurs, ou éviter les vols. Déjà, d'après ce qu'elle avait compris, ils allaient l'appliquer obligatoirement sur les Pokémons légendaires qu'ils avaient réussi à « sauver » dans leur rafle nommée « le projet Artémis ».

Quand elle ouvrit la porte du chalet, tapota ses bottes trempée contre le mur en bois pour éviter de tout salir, et qu'elle se retourna, elle rencontra une mauvaise surprise. Peter s'était invité dans leur « demeure ». Akira fronça les sourcils, prit ses affaires et partit s'enfermer dans sa chambre comme à l'habitude, il lui proposa juste de l'imiter avant de la laisser. Le maître dragon soupira d'exaspération. Il avait bien compris que l'enseignant n'appréciait guère Twilight, ce n'était pas la peine de le lui prouver à chaque fois.

C'était au tour de Cristal de préparer le souper, mais la concernée ne surveillait ses plats que d'un oeil, encore une fois le sujet de la réunion principale restait Eléanore. Au plus grand bonheur de Sam, Peter hésitait à s'opposer directement au Sarl, à les conseiller, de peur de paraître orgueilleux et de sentir la riposte. Plus il doutait, plus longtemps elle repoussait l'échéance. Il fallait qu'Eléanore reste chez ses parents. Ici il n'y avait guère de matériel médical, c'était la conduire à une mort certaine. Ses poings se crispèrent sur sa prise quand elle vit Yoann vanter une énième fois les capacités de son amie.

Pourquoi était-elle la seule à voir ce qui était bon pour Eléa ! Bon sang, personne ne comprenait, ne cherchait à comprendre ! Leur seule idée fixe restait le pouvoir, encore et encore !

Capumain vint se loger sur sa tête en ricanant, comme pour lui montrer que lui, la soutenait, lui et son dresseur. Gold, et Silver, effectivement, ne pipaient pas un mot, ne prenant parti pour aucun des deux camps. Ils lui avaient avoué le premier jour que si elle avait pris cette décision, ils la respectaient, ils savaient qu'elle ne l'avait pas entreprise à la légère.

Le flux de ses pensées fut interrompu brusquement. Sunny de son bras valide, avait monté le son de la petite Tv ABC modifiée. Charles Sarl apparaissait sur une estrade, devant l'hôpital de Safrania, derrière lui, sa fille, en robe de dentelle, encadrée par mère, grand père et un médecin en fauteuil roulant.
Le cœur de Samantha manqua un battement, non pas à cause de la stupidité de faire une conférence de presse dans leur situation, mais à cause du regard vide qu'arborait Eléanore. Plus rien n'y pétillait pas même une once de vie. Elle se tenait assise sur une chaise roulante, reliée à une perfusion, comme un vulgaire cadavre encore secoué par une faible respiration. Les questions des journalistes fusaient sans même s'en soucier : « Vous avez décrété que vous alliez changer d'hôpital, y-a-t-il une raison à cela ? » déclinaient-ils à toutes les sauces.

LE pdg toussota et leva le bras, avant de déclarer :

-En vérité, au vu des évènements des derniers jours, j'ai décidé de changer d'hôpital, effectivement, pour que ma fille soit prise en charge avec les appareils et les installations adéquats, mais…J'ai demandé la mutation du personnel soignant qui la prend en charge.

Encore une fois, les questions des journalistes fusèrent. Samantha plissa les yeux et se détourna, sur le point de partir dans sa chambre, comme lui avait suggéré Yuki, mais une exclamation la stoppa.

Un flash illumina l'écran de la Tv Abc et une mélodie composée de cris et de hurlements paniqués s'éleva. Un raie aveuglant entra dans le champ et toucha Charles Sarl de plein fouet, directement dans la poitrine. La caméra tomba à terre, ne laissant qu'un angle grotesque aux regards paniqués des membres de Twilight. Si l'image devint restreinte, les sons eux, emplirent la salle d'horreur, les reporters déclaraient l'état de crise, comme si on annonçait une guerre. Des interférences probablement du à des effondrements camouflaient ou mettaient fin à certains cris.

Samantha recula, les yeux révulsés, prise de tremblements furieux.

On attaquait Eléanore et sa famille devant elle. Dans cet écran ! Elle était témoin de ce drame à des kilomètres de là, impuissante, exactement comme…Comme lors de la vision de Celebi!

Un haut le cœur s'empara d'elle en même temps qu'une terreur sourde. Elle plaqua ses mains sur son crâne et ses genoux vacillèrent. Ce fut Capumain et Silver qui l'empêchèrent de s'effondrer littéralement. Mais elle n'en avait cure, une pensée, une seule, la poignardait au rythme des hurlements strident qu'accordaient l'émission.

Elle n'avait quand même pas accélérer la mort de son amie en souhaitant la sauver ?

Quelques silhouettes bougèrent sur la Tv. Les membres de Twilight s'approchaient de l'engin, s'aggripaient à lui, comme si par leur simple contact, il pouvait stopper cette violence, juste en tournant un bouton, mais évidemment, cela ne fonctionnait pas.

Ils contemplèrent alors gravement Eléanore s'approcher de son père gisant sur l'estrade. L'adolescente posa ses mains sur le buste de son père, et une auréole dorée l'entoura. Un nouveau jet de lumière fonça sur elle, mais une immense bulle rose l'absorba goulument. Une silhouette féline se dessina vaguement dans l'air.

L'exclamation de Peter brisa alors le fragile équilibre de l'atmosphère, déchiqueta à lui tout seul le cocon dans lequel ils s'étaient tous réfugiés et ainsi, enclencha le dernier engrenage de l'horloge de la fatalité.

-UNE GIJINKA !