Je te tiens, tu me tiens, par la main mon chèreuh...
Chapitre 8 : Je te tiens, tu me tiens par la main, mon chèreuh...
Rentrée dans ma chambre, j'ouvris mon armoire, préparai des affaires et m'habillai convenablement pour la soirée à venir. J'optai donc pour un pull à manches longues noir, que je retroussai comme à mon habitude, et un jean noir lui aussi assez serré. Comme chaussures, je mis de basses converses noires toutes en cuir ; et après un rapide examen devant le miroir, je sortis. Après avoir regardé ma montre qui affichait 6 heures et demi du soir, j'escomptai me rendre dans le réfectoire, puis dans la cour afin de chercher Shurinosuke, mais je le trouvai se dirigeant vers ma chambre.
"Ah, je te cherchai... Ça va depuis ce midi ? Je voulais me rendre à l'hôpital pour te voir, mais on va dire que plusieurs de tes « amis » étaient déjà présents, et comme on était trop nombreux à vouloir te voir, l'infirmière nous a tous virés... Donc voilà. Et puis, à la sortie des cours, je suis sorti rapidement pour aller te voir, mais on m'a dit que t'étais déjà partie... Enfin bref, tout ça pour ça, quoi. Mais bon, je t'ai retrouvée, c'est ça l'essentiel."
Il me sourit ensuite de son sourire radieux, pour ensuite regarder mes blessures. Mes amis ? Quels amis ? Franchement, c'est vraiment agaçant cette mutité... Il me prit ensuite la main droite, et me regarda droit dans les yeux.
"Ca va ? Ca ne fait pas trop mal ?... Elle ne t'a pas loupée, celle-là..."
Je remuai la tête de droite à gauche, bien que ma main me fasse souffrir. Il continua à « marmonner dans sa barbe », puis raffermit sa prise sur ma main.
"Si tu veux, on va manger... Parce que je commence à avoir faim moi... Tu viens ?"
Il me tira par la main, et m'emmena au réfectoire. Nous nous servîmes, puis nous assîmes sur la terrasse éclairée par quelques lampadaires. Nous n'étions pas seuls, mais il y avait moins de bruit qu'à l'intérieur. Nous mangeâmes en silence, nous dévisageant du regard, puis partîmes. Il m'emmena ensuite en dehors de l'académie. Là, nous croisâmes Shintaro, qui nous rejoignit rapidement. Nous marchâmes alors et nous promenâmes pendant environ une heure aux alentours du parc près du gymnase, puis regagnâmes l'académie. Nous sommes ensuite allés dans la chambre de Shintaro, et y sommes restés jusqu'à 11 heures et demi, où nous avons joué aux jeux vidéos. Je suis ensuite partie pour revenir dans ma chambre, tandis que Shurinosuke, après m'avoir raccompagnée, est resté dormir avec Shintaro.
Les jours s'écoulèrent à peu près de la même manière, à la seule différence qu'un jour sur deux (et non tous les jours) je me blessai, plus ou moins gravement. Je me suis vite intégrée dans le groupe-classe malgré ma mutité (en ayant pour atout ma poitrine, mais bon) et suis vite rentrée dans la tête de mes camarades en tant que fille frappant quand bon lui semble (cela étant plus ou moins vrai). Je n'ai pas encore retrouvé la parole, mais je m'y suis habituée. La vie s'écoule normalement, j'ai eu de nouveaux uniformes. Shintaro m'a expliqué que c'était lui mon mentor, lui qui s'occuperait de moi jusqu'à ce que je sois en mesure de me retrouver dans cette académie. J'ai voulu en savoir plus sur cette académie et ma présence ici, mais il m'a dit qu'il ne me révèlerait rien tant que je n'aurai pas retrouvé la parole... Selon lui, c'est juste passager, dû à un choc ou à un trouble. Du moins, c'est ce qu'il dit, même s'il resta songeur quant à cette interrogation. Néanmoins, s'il pense ainsi, je ne vois pas pourquoi je penserai le contraire. Il y a plusieurs choses que je devrais apprendre une fois ma parole retrouvée...
Mais... Mais je ne peux toujours pas oublier les quelques souvenirs que j'ai de cette dernière journée au collège, celle où un de mes camarades est mort sous mes yeux. Je ne peux pas encore me l'expliquer, mais je compte bien faire ma petite enquête dessus.