Chapitre 8 : A tout à l'heure.
Seul. Seul. Et seul. J'étais seul. Seul. Seul. Et seul. J'étais seul. Je me le répétais une bonne vingtaine de fois, pour mieux assumer. Pour mieux encaisser ce choc.
« Alors comme ça… Papa m'a laissé tout seul… marmonnai-je. »
Seul. Ce mot résonnait dans ma tête. Il ne voulait pas sortir, et tapait contre mon crâne comme un marteau de forgeron ou une hache de bûcheron. Il me faisait mal, au fond de moi, mais il m'apportait du bien, extérieurement. Il m'aidait à tenir sur mes quatre pattes.
Pourtant, dans le ciel presque noir, je vis une étoile qui filait à toute allure. Cela me rappelait mon père, une nouvelle fois. Mais je n'avais plus du tout envie de parler de mon cher aîné.
Soudain, j'entendis un coup de feu. J'accourrai, et vis mon père étalé sur le sol, ensanglanté, attelant et faible. J'aperçus un homme s'approcher de moi. Il me prit par mon cou, puis me lança contre le tronc d'un arbre. Je me relevai, tant bien que mal.
Ce chasseur lança une Pokéball. Un Pokémon en jaillit, et apparut en laissant derrière lui une vague de paillettes.
« Elecsprint ! hurla la créature. »
Celle-ci était pourvue de poils noirs et jaunes, et sa fourrure était majestueuse. Ses yeux étaient rouges vifs, et me lançai des éclairs.
« Attaque crocs éclair ! ordonna l'humain. »
Je me la pris. J'atterris près de mon père. Je n'avais plus la force de me lever après tout, j'étais fatigué de toutes mes péripéties. Je fermai mes paupières, me laissant mourir.
« Papa… ? Réponds moi je t'en supplie… murmurai-je.
- Malosse… »
J'ouvris soudainement mes yeux. Je commençai à le fixer, heureux d'entendre sa voix qui m'avait tant manqué.
« Alors comme ça… Tu parles ? demandai-je.
- Oui… J'ai arrêté de m'exprimer parce que… Ce que je te disais était inutile.
- Mais pas du tout ! Te voir ainsi me rendait plus fort… C'est pour cela que je suis devenu craintif et faible. Pas comme toi.
- N'oublie jamais… Tu es mon fils… »
J'entendis un petit clic, puis un tir. Mon père venait de se prendre la balle qui lui était destiné. Je me relevais lentement, puis je sautai sur le Pokémon adverse. Je le mordis au cou violemment. Il cria, puis m'éjecta contre le sol. Il s'approcha de moi, me montra ses crocs, puis ferma les yeux.
« Fatal-foudre ! lança son dresseur. »
Le Pokémon s'exécuta. La décharge me fit gémir, couiner, crier, hurler, elle me fit mal et me fit tomber, elle m'empêchait de me débattre, elle était beaucoup trop puissante.
Lorsque l'Elecsprint cessa son attaque, je me relevai. J'allai me placer aux pieds de l'homme qui donnait des ordres à sa créature.
« Tuez-moi ! Tuez-moi ! Je veux mourir ! Je veux revoir mon père ! Vous me l'avez enlevé alors tuez-moi ! Ne me laissez pas seul et pointez votre chose qui crache ses balles sur moi ! Ne me ratez surtout pas, je ne veux pas souffrir, je veux juste mourir, tout comme mon père est mort ! hurlai-je, d'une voix remplie de sanglots. »
Il me fit une tête d'ahuri, puis, cet humain éclata de rire devant mes yeux remplis de larmes.
« J'te comprends pas, imbécile de misérable chiot ! »
Le dresseur de l'Elecsprint me frappa avec son arme. Il me fit glisser sur quelques mètres, avant que je me prenne un tronc d'arbre dans ma colonne vertébrale.
« T'es fier de moi hein ?! J'ai tué ce Demolosse inutile ! se moqua-t-il. »
Il me dégoûte. Quel ingrat ! Je le hais au plus haut point. Dire que je pensais rester avec mon père jusqu'à ce que je puisse vivre seul, lorsque j'aurai grandi et mûri… J'avais tort.
« Elecsprint ! »
Le dresseur regarda son Pokémon, puis approuva son rugissement en hochant la tête. La créature s'approcha de mon corps ensanglanté. Il ricana devant mon regard de pitié.
« Tue-moi, je t'en supplie…
- Jamais, répondit la créature noire et jaune, sèchement. »
Soudain, elle commença à charger son électricité, et sa puissance. Elle ferma les yeux en hurlant : Elecsprint se concentrait.
« Envoie ton coup le plus puissant… Je veux mourir ! criai-je, entêté.
- Attaque Ultralaser ! commanda son dresseur. »
Et c'est ce qu'il fit. Je vis un bout de rayon s'approcher de mes yeux. Une lumière blanche qui m'éblouissait… Je hurlai. Je poussai un cri de désespoir.
« C'était pitoyable. Elecsprint, on s'en va. Je vais l'achever, puisque tu n'as pas réussi toi-même, conclut l'humain. »
J'étais brûlé. J'étais souillé. Mon propre père était mort sous mes yeux, et je n'avais pu le défendre. J'avais échoué toutes les étapes de ma vie.
J'avais raté un à un les échelons. Je les avais brisés un par un. Dans quelques minutes, je vais casser le dernier. Et celui-là était pourtant le plus important, mais je l'ai gâché comme les autres. Je dépendais de mon père. Pitoyable. Elecsprint retourna près de son dresseur, avec une mine déconfite. Le pauvre Pokémon était obligé de rester près de lui. Je le plaignais. Sérieusement, il a du avoir une vie terrible.
« Adieu misérable vaurien. Si tu ne meurs pas, alors je ne suis pas Paul, rival de Sacha. Vous vous ressemblez : aussi stupide l'un que l'autre. Ca ne m'étonne pas. »
« Papa, je t'aime de tout mon cœur. Je viens te rejoindre. J'ai hâte de te revoir. »