Pikachu
Pokébip Pokédex Espace Membre
Inscription

Fierté paternelle. de Piikachu



Retour à la liste des chapitres

Informations

» Auteur : Piikachu - Voir le profil
» Créé le 30/12/2009 à 16:19
» Dernière mise à jour le 03/01/2010 à 16:25

Si vous trouvez un contenu choquant cliquez ici :


Largeur      
Chapitre 4 : Je n'aime pas le présent.
Cette chose sur laquelle j'avais trébuché, était dure et plutôt musclée. Je redoutais que cela soit mon père, de peur qu'il soit mort. Mes yeux lâchèrent une frêle goutte, mais je la ravalai rapidement. Avec mes pattes avant, je retirais soigneusement les feuilles et branches qui tapissaient l'objet. En même temps, je fermais mes paupières pour ne pas voir ce qui se trouvait en dessous de toutes ces natures mortes.

Quand, à tâtons, je m'aperçus qu'il ne restait rien au-dessus de cette chose inanimée, et que j'avais tout retiré, une brise glacée parcourut mon corps. Je laissais couler de grosses larmes que je retenais depuis les dernières minutes passées, et je criai les lourdes paroles qui pesaient sur mon âme. J'ouvrai brusquement mes yeux, quand je vis avec stupeur, la patte d'un Demolosse inerte et arrachée de son précieux corps. Mon regard se remplit de larmes. J'essayais de les rattraper, mais en vain : elles s'écoulaient lentement de mes yeux, suivant la forme creuse de mes joues.

Je trouvais cet acte plus que répugnant. Avoir coupé ainsi une patte m'écœurait. Je n'avais plus aucune envie de la voir, elle me dégoûtait au plus haut point. Néanmoins, dans cette taillade qui avait été faite un peu plus tôt, j'avais reconnu les serres d'un oiseau. Sans doute ce lâche qui m'avait attaqué finement lorsque je n'étais pas sur mes gardes, et quand mon père était absent.

Autour de ce membre sectionné avait giclé du sang qui coulait encore de la partie arrachée. Cette patte me rappelait la mienne : ce même liquide, ce même endroit, et entre les deux pattes, les deux étaient la même. Ce même sang dont j'étais si fier. Ce liquide paternel. Celui pour lequel je vivais. Celui pour lequel je me combattais. Celui que j'aimais…

« Je ferai payer celui qui a fait ça ! hurlai-je. Jamais je ne le pardonnerai, jamais, vous m'entendez ?! »

Une fine pluie commença à tomber. Des éclairs déchiraient le ciel, des nuages foncés le recouvraient, toutes les gouttes floutaient le paysage, et mes cris faisaient fuir les oiseaux, apeurés par un tel grondement. Quelques étoiles perçaient la voûte céleste des cieux, mais étaient à peine visibles à cause de l'obscurité qui régnait dans cette forêt à chaque heure de la journée, à cause de sa densité de végétation trop élevée.

J'expirais et inspirais de plus en plus doucement. J'essayai de reprendre mon calme : je ralentissais peu à peu mon souffle, pour ne pas hurler une seconde fois. Je devais me contenir. Je soufflai alors des paroles inanimées :

« C'était mon père… Je l'aimais… C'était ma seule famille. On me l'a arraché, comme sa patte… On me l'a pris… »

Je couinais. Je pleurais. Je criais. Je n'arrivais pas à oublier geste plus qu'horrible à mes yeux. Je n'avais pas la force requise pour supporter cet évènement. J'étais faible. J'avais une seconde fois échoué, mais je ne me laissai abattre. Je relevai brusquement ma tête, et criai de toutes mes forces :

« Je ferai payer ce lâche qui a fait tant de mal à mon père ! »

A présent, je me questionnai : où était le corps de mon aîné ? Et sa tête ? Etait-il vivant ? Pourrai-je le revoir ne serait qu'une seule et dernière fois ? Je devais trouver mon père, coûte que coûte. J'observais les alentours, mais les nuages crachaient trop de gouttes de pluie.

Soudain, un hurlement se fit entendre au loin. Je me mis en route, en direction de ce cri me paraissant familier. Je partis en courant à vive allure entre les arbustes, les buissons, les boqueteaux, en écrasant violemment au passage les branchages, les brindilles, les branches, les feuilles mortes, les herbes sèches et tout en esquivant habilement les énormes racines, les troncs d'arbres, les cailloux, pierres et rochers, les pointes de branches, les épines et les ronces. Même si ma plaie me faisait atrocement souffrir, je continuai ma course contre la montre : peut-être que mon père ne tiendrait pas longtemps avec toutes ses blessures.

Le tonnerre grondait de plus en plus fort et les éclairs qui jaillissaient des nuages sombres étaient de plus en plus nombreux. J'avais peur, mais je continuai tout de même mon chemin, de crainte de tomber sur quelque chose d'effrayant ou de ne pas arriver à temps pour voir mon père une dernière fois.

Un second cri se fit entendre. Je me précipitai encore plus. J'allais à vive allure, je ne m'arrêtais pas. Je ne voulais pas. Je devais continuer. Encore. Toujours. Je ne pouvais pas abandonner, c'était mon père, j'y tenais énormément. Ma plus grande fierté. Ma seule famille. Mon père. Le mien. A moi tout seul.

Quelques minutes après, j'arrivai à un endroit merveilleux. C'était une clairière, où la lumière régnait. Il y avait des arbres qui brillaient de mille feux, des buissons bien fournis, une herbe très verte, des baies mûres, qui avaient l'air goûteuses et juteuses. Je m'approchai de l'une d'entre elle, émerveillé par ce fruit.

Bien que carnivores, mon père et moi mangions toujours des baies car c'était notre seule façon de vivre. Combattre des Pokémon était compliqué. Mon père ne pouvait se battre que seul. J'étais trop faible. Comme toujours. Mon doyen me protégeait cependant. Comme les Pokémon que nous croisions se faisaient rares, nous nous sommes tournés vers des repas plus naturels, plus sains, nous permettant alors de nous nourrir à notre faim.

J'observai encore cette baie. Elle me rappelait une multitude de souvenirs, ceux que je laissais de côté, pour que personne ne puisse les lire dans mes yeux. Pourtant, je ne pouvais m'empêcher d'y penser, pleurnichant en me souvenant de tous ces joyeux moments passés avec mon père.

Quelques années auparavant…

L'aurore venait de se manifester. C'était le matin. Un beau matin ma foi. Un matin inoubliable, enfoui dans ma mémoire. Le ciel était clair, mélange de rose, de bleu et de beige, et percé de nombreux nuages blancs. Nous dormions, moi dans les poils de mon père, et lui, m'entourant de sa grosse patte, dans la grange d'une vieille ferme abandonnée à ce jour. Nous étions biens dedans, et surtout, tranquilles. Mon doyen et moi avions une certaine liberté dont nous nous contentions en tant que Pokémon. Bien sûr, ce n'était pas l'endroit où tout le monde voudrait habiter, c'était plutôt sale et vieux, mais j'adorais cette ferme. Je pouvais enfin dire que je vivais quelque part, dans une « vraie maison ».

Ce paradis, nous l'aimions. C'était notre repaire, notre cachette. Il y avait plein de coins pour se faufiler, plein de restes de viandes encore présents, bien qu'un peu périmés, mais toujours aussi saignants. La paille nous servait de lit et les fauteuils, d'endroits pour faire la sieste. Les fenêtres étaient brisées et elles ne fermaient plus, donc nous utilisions des couvertures pour nous permettre de nous réchauffer le plus possible.

Juste à côté de la grange, il y avait un petit cabanon. Dans celui-ci se trouvaient d'énormes tas de bois. Mon père en prenait souvent sur son dos, les menait dans la maison et les rassemblait dans la cheminée. Il m'apprenait à faire des flammes. Chaque jour, c'était le moment que je préférais, c'était aussi le seul moment où mon père me parlait – ou presque. Voilà comment il m'expliquait, et comment j'étais émerveillé :

« Prends une bonne respiration. » me disait mon père, tout en faisant le geste en souriant.

Je m'exécutai donc, me prenant à son jeu. Lorsqu'il inspirait, je pouffais de rire : il avait une tête si drôle, que je ne pouvais m'empêcher d'être amusé. Il était tout le temps pris d'un fou rire en me voyant ainsi.


« Papa ? Est-ce que le bonheur, il dure pour tout le temps ? »