100 - Le jour de l'Herbe Rouge
« La politique est une guerre sans effusion de sang et la guerre une politique sanglante »
(Mao Tsé-toung)
Le petit garçon observait le Capumain qu'il tenait.
-Hem… C'est un geste difficile, mais… Je pense que pour toi comme pour moi ce sera beaucoup mieux.
Le Pokémon regardait son maître.
-Je t'apprécie énormément, et c'est pour ça que je fais ça. Ce qui est bizarre c'est que je ne me sens même pas triste. Je pourrais mais ça n'est pas le cas… Et donc je suis… presque soulagé de le faire !
Capumain sourit, rassuré.
-Ca ne te fera pas mal du tout. Je pense même que ça va nous faire beaucoup de bien à tous les deux même si ça va être difficile au départ… Prêt, mon Pokémon académique ?!
Capumain hocha la tête. Le gamin prit sa Pokéball et cliqua trois fois sur le bouton pressoir. Elle se déchargea et Capumain fut libéré du dressage.
-Et voilà ! Enfuis-toi, tu es libre !
Le Pokémon s'en alla, tout content.
-STANLEY, A TABLE !
-J'arrive maman !
Le gamin de 10 ans rentra chez lui. Ses parents le regardèrent.
-Eh bien, où est ton Capumain ?
-Dehors.
Les parents de Stanley le regardèrent, surpris.
-Tu laisses trainer ton Pokémon dehors ?
-Non, je ne voulais pas de Pokémon, alors je l'ai relâché. Si un jour j'ai des Pokémon ce sera par moi-même, sans qu'ils ne proviennent d'une quelconque industrie qui prend les Pokémon en esclavage et les traite comme des objets.
La mère de Stanley en lâcha son plat. Le père grommela en se levant.
***
Stanley était apeuré.
-Votre matricule de dresseur ?
-…
-Jeune homme !
-C… C'est pas sérieux hein ?
Il regarda ses parents qui étaient l'un contre l'autre, inquiets.
-P… Pourquoi j'ai un casier judiciaire ?!
-C'est la loi. Tous ceux qui refusent d'avoir un Pokémon se heurtent à la charte Poképolite, qui oblige tout citoyen de 10 ans et plus à posséder un Pokémon. Si tu n'en as pas-tu es dans l'illégalité, la police a pour obligation de te surveiller…
-M… Mais ça va pas ! J… J'ai juste pas envie de posséder un Pokémon, surtout pas un que je possèderais contre son gré ! Et qui aurait été arraché à son environnement ! Le gouvernement interdit les captures de masse mais c'est une véritable rafle qui est organisée chaque année pour fournir les enfants en Pokémon ! Je l'ai lu dans les journaux !
Les parents de Stanley étaient abasourdis et secouaient la tête. Le policier interpella un de ses collègues qui emmena Stanley.
-MAMAN ! PAPA !!
-C'est juste une nuit en prison pour t'apprendre à respecter les tabous gouvernementaux. On ne plaisante pas avec la loi.
Stanley regardait ses parents, stupéfait par ce qui se passait.
***
David regardait Corayon manger. Le Pokémon semblait jovial et se serrait contre son maître, plutôt maussade.
-Ca va, David ?! Demanda Lily en arrivant dans la cuisine.
-Hm…
-Ne fais pas cette tête… Roland…
-Roland me déteste, c'est tout.
-… Vous n'en avez pas reparlé.
-Tu lui as reparlé, toi ?
-Non… Mais c'est complètement débile, il se met dans un état pareil pour Rachel !
-Je suppose que quand on désire quelque chose et que d'un coup cette chose devient inaccessible, on perd le sens des réalités…
Colin arriva dans la pièce.
-Ca va vous deux ?!
-Hm… Tu as défait tes valises ? Marmonna Lily.
-J'ose pas…
-Il ne te virera pas crois-moi, on y veillera.
David hocha mollement la tête.
-J'espère… Il a pas cours ?
-Pas le vendredi. Il peut exploser à tout moment…
On frappa à la porte. Lily alla ouvrir.
-Hm ? Oh ! Bonjour, Malcolm…
-Roland est ici ?
-Oui, enfermé dans sa chambre.
Malcolm leva les yeux au ciel.
-J'ai décidé de venir calmer le jeu, si ça ne t'embête pas…
-Ca nous aiderait bien, au contraire…
-Je sais où est sa chambre.
Malcolm traversa le salon.
-Bonjour, David, désolé pour ce qui s'est passé.
-C'est rien.
-Colin…
-Yo.
Malcolm alla vers la chambre de Roland.
-Roland… C'est moi, le pendant masculin de Rachel… Ouvre, en fermant les yeux, ce sera comme si c'était elle.
« Très drôle. Dégage, on est en congés. »
Malcolm ouvrit la porte et entra dans la chambre. David soupira.
-Bah moi j'ai une journée à faire à l'hôpital…
-A ce soir, David ! Salua Lily.
-Hm…
David rappela Corayon et partit.
***
Cela faisait maintenant quelques six mois que Dexter et Nathan étaient placés au centre Pélagie Winks.
Dexter épluchait une orange à Nathan.
-Merci…
-Va quand même falloir qu'à un moment tu apprennes à le faire tout seul !
-Mais je préfère quand c'est toi qui le fais !
« Superbe moyen de dire que je sais manipuler un couteau… » songea Dexter.
-Dexter…
L'adolescent à lunettes regarda son camarade.
-Hm ?!
-Est-ce qu'on est amis ?!
Dexter haussa les sourcils.
-Je… suppose, oui… Mais ce ne sont pas des choses qui se disent, mais qui se ressentent. Enfin pour moi.
-Ah. Et Stanley ?
-Stanley c'est différent, c'est un éducateur. On n'a pas le même rapport avec lui. C'est plus comme quelqu'un qui nous encadre, tu vois.
-Pas trop non…
-Eh bien… C'est un peu comme une… famille pour nous.
-Ah…
Stanley arriva dans le foyer ou la plupart des pensionnaires se prélassaient.
-Bien, les enfants, je vous annonce que nous allons partir en excursion dans la montagne d'ici deux jours !
-OUAIS !
-Super !!
Nathan semblait tout content. Dexter plissa les yeux.
***
-Une excursion ?
-Oui, pourquoi ?!
-… On n'a déjà pas le droit de sortir seuls et vous voulez nous faire partir en excursion ?!
Stanley leva les bras, dos à Dexter.
-C'est le genre de surprises qui font que la vie prend des tournants inattendus.
-Mouais. Nathan est très content à l'idée de cette excursion alors j'espère que ce ne sera pas un coup fumeux.
-Mais non !
-J'espère pour vous.
Stanley regarda Dexter partir, un sourire énigmatique sur le visage.
***
Les pensionnaires préparaient leurs sacs pour ce qui s'annonçait être une sortie riche en enseignements.
-Chiant… soupira Dexter.
-Super ! Super ! Super !!
-Comment tu peux trouver ça « Super » ?!! Nathan, on sait même pas où on va, ni pourquoi…
-Oh mais arrête de poser des questions ! Ca va être trop super !
Dexter regarda le gamin plein d'espoir qui sautillait partout. Il haussa les épaules et recommença à faire son sac.
***
-C'est risqué…
-C'est le seul moyen, le refuge souterrain devient trop rempli, il faut les évacuer, mais le faire directement serait trop voyant !
Stanley et les autres éducateurs du centre étaient en pleine réunion menée par Francine Dolton.
-Cette mission discrète que nous avons accepté de recueillir les Pokémon en passe d'être exécutés dans les laboratoires du Gouvernement va nous coûter plus que vous le l'imaginez !! Grogna un éducateur. En plus emmener les enfants, mais vous n'êtes pas bien ma parole !!
-C'est la meilleure solution, cela nécessite notre présence à nous dix, on ne peut pas laisser les enfants seuls ici pendant tout un après-midi ! Grommela Francine. Il est capital que nous leur rendions la liberté et ce à l'insu du gouvernement ! Nous avons fait le choix de protéger ces Pokémon, nous le ferons jusqu'au bout. Nous devons bien ça à… Numéro 2.
Stanley Hendricks hocha la tête.
-Tout à fait, Numéro 1.
Francine Dolton acquiesça.
-Alors allons-y. Advienne que pourra. Les enfants passent en priorité question sécurité, cela va sans dire.
***
Bureau. Dexter tapotait sur l'ordinateur tandis que Nathan enchaînait les coups de téléphone.
-Il vaut mieux vendre. Oui… Ca me paraît le plus valable. Le lait Meumeu est sur le point de s'écrouler… Voilà. Tout à fait, baisse du prix de revient du gazon. Mais les Ecremeuh mangent quoi ? Ca va créer une niche. Ou un lait de moins bonne qualité ou plus cher. Ca vaut plus le coup. Merci bien !
Nathan raccrocha. Dexter soupira.
-Comment tu fais ?!
-C'est fascinant de réfléchir avec toutes les armes de son environnement. C'est épanouissant quelque part. J'ai bien fait de choisir économie !
-… Quel dommage que tu aies été obligé de choisir.
Nathan souffla.
-Qu'est-ce qu'on y pouvait ?
-Peut-être plus qu'on ne le croit.
-Dexter…
-Si j'étais intervenu… Si j'avais essayé…
-Tu serais mort, souffla Nathan.
-Et je n'aurais pas eu à vivre avec tout ça !
Nathan grommela.
-Crétin. Ferme-là. Tu ne réalises pas l'ampleur de ce que tu dis.
-Vivre, voilà quel a été notre fardeau. Survivre à ça. Parfois j'aurais préféré être mort.
-J'ai une agrafeuse à côté de moi, tu veux que je te la jette ?
-Nathan, n'essaie pas d'être violent, ça ne te va pas du tout.
-… C'est juste de t'entendre en parler aussi légèrement, soupira Nathan.
***
Le bus partait vers la montagne. Dexter constata tout de suite quelque chose d'anormal.
-Monsieur Hendricks…
-Hm ?
-On est suivis par un camion depuis notre départ !
-… Etrange hasard.
Dexter regarda Nathan qui était tellement enjoué par cette balade qu'il ne prêtait aucune attention à ce qui se déroulait autour.
-C'est chouette, une excursion, chouette, chouette, chouette !
-…
-T'es pas super content ? C'est beau dehors en plus ! Ca faisait longtemps qu'on était pas sortis pour de vrai !
-… Si, c'est cool.
-Pourquoi t'es pas content ?!
-Pour rien. Je suis de mauvaise humeur c'est tout.
-Oh. Mais t'es content qu'on sorte, nan ?
-Oui, oui…
Dexter semblait avoir un mauvais pressentiment à propos de cette sortie.
***
La troupe s'arrêta dans une grande plaine au sein du Mont Couronné, où l'herbe était bien verte. Nathan était enchanté par ces paysages de montagne.
-C'est beau ! Ouah !
Dexter soupira et s'assied sur son sac, quelque peu intrigué par l'endroit. Les jeunes étaient laissés à leur bon vouloir sous la surveillance relative de quelques éducateurs. Nathan gambadait joyeusement. Dexter plissa les yeux et s'éloigna un peu du groupe sans se faire voir. Il grimpa une pente raide et aperçut alors le fameux camion qui les avait suivis. Stanley, madame Dolton et quelques autres types déchargeaient des cages.
-Allez ! Hasta la vista !
En ouvrant les cages, ils relâchaient des Pokémon qui s'en allaient dans les montagnes. Dexter plissa les yeux.
-Plus vite, on n'a pas le temps !
Dexter secoua la tête, ne comprenant pas vraiment ce qu'il voyait.
Contre son corps qui lui disait « Dégage ! », il descendit à leur rencontre. Stanley le remarqua et se dirigea vers lui.
-Oh, Dex ! Hey !
-… Vous m'expliquez ?!
-Ces types sont tombés en rade. On les aide !
-C'est ça, et moi je vais très probablement épouser Miss Univers la semaine prochaine. Vous êtes nul pour mentir.
-Pas faux…
-… C'est quoi, tout ça ?
-… Nous… relâchons des Pokémon. Évadés de laboratoire. Enfin… libérés !
-Monsieur Hendricks…
-D'accord, d'accord ! Le centre sert de couverture à une organisation qui lutte contre le gouvernement ! Ca va comme ça ?!
Dexter écarquilla les yeux.
-Sérieux ??
-… Oh mon Dieu… Dexter, prends ça et va t'en avec Nathan.
Dexter prit l'écrin que Stanley lui donnait.
-Quoi ? C'est quoi ?
-Ne l'OUVRE PAS ! Pars avec Nathan ! Je t'en supplie !
-Mais…
-VITE !
Dexter s'éloigna, intrigué. Il s'en retourna vers Nathan et les autres pensionnaires.
« Qu'est-ce qui peut autant effrayer monsieur Hendricks ?! »
Une explosion se produisit. Dexter, terrifié, se mit à courir vers Nathan.
« C'est comme ce jour là… quand Jade s'est faite bouffer par ce Ptera… »
Dexter aperçut le visage décomposé de Nathan, tout d'un coup mort de trouille.
-ELEKTEK !!!
Le Pokémon fonça prendre Nathan et courut avec Dexter.
-DEX ! DEX QU'EST-CE QUI SE PASSE !!!
-JE SAIS PAS DU TOUT ! IL FAUT QU'ON SE TIRE !!!
Une gigantesque vague de boue se déversa sur la vallée. Nathan était terrifié. La plupart de leurs camarades se retrouvèrent enfouis sous une coulée de boue.
-AAAAAH ! DEXTER REGARDE !
-NON ! ET TOI FERME LES YEUX !
Ils réussirent à échapper à l'attaque terrifiante. C'est là qu'ils les virent.
Derek Pentwell, chef du Gouvernement de Kanto, accompagné de son Laggron.
Béhémoth, sa secrétaire.
Ushi-Oni, l'Aîné.
Et l'agent du Gouvernement Astor Benz.
Béhémoth vit les cadavres des adolescents.
-Tous ces enfants… Bon sang, Pentwell…
Elle agita la main devant son nez qu'elle se bouchait.
-...Quelle infection ! Mes vêtements vont sentir le cadavre pendant des semaines !!
La jeune Evie éternuait, retrouvant son souffle. Ushi-Oni approcha d'elle.
-… On dirait que Laggron n'y a pas été assez fort…
Le samurai enfonça son sabre dans le cœur de la jeune fille.
-Qu'importe. Elle a rencontré le repos absolu.
Dexter observait, stupéfait. Nathan regardait aussi.
-Nathan…
-…………… morts… Ils sont tous… morts…
-… Nathan…
-Comme… comme mes parents, morts… Et… et les Pokémon… Je les ai…
-Nathan, arrête de regarder !!
L'agent Astor Benz soupira.
-Dans une telle situation, il convient de faire du nettoyage… A toi !
Le Blizzaroi de l'Agent gouvernemental de Kanto apparut.
-Pluie de glace !
Le Pokémon créa un énorme Eclat Glace. Il le lança en l'air et le fit éclater. Les pics de glace retombèrent en cristaux qui empalèrent les corps. Dexter écarquilla les yeux.
« P… POURQUOI ??? POURQUOI CES ENFANTS ? QU'ONT-ILS FAIT ??? POURQUOI NOUS TUER COMME CA ! CA N'A AUCUN SENS !!! »
-Excellent ! Sourit Derek Pentwell aux côtés de Laggron. Ainsi il n'y aura aucun témoin. Ce serait insultant qu'on accuse le gouvernement d'enfermer de la sorte des Pokémon innocents…
Les quatre du gouvernement se dirigeaient vers le camion.
-Il faut qu'on… Qu'on aille aider… Monsieur Hendricks ! Il…
-Non, non Dexter je veux partir !
-Nathan, il faut au moins qu'on essaie !
-Non, non pitié Dexter pitié !
-Je sais que c'est dur mais… Monsieur Hendricks, Nathan ! On ne peut pas le laisser !!!
-… Dexter j'ai peur !!! Ouiiiiiiiin !
-Chut ! Chut Nathan !!
-Mmmmmh…
-Tais-toi ! On doit pas faire de bruit ! Les gens comme eux, je les connais bien ! Sans foi ni raison, ils… Ils sont prêts à tout ! Ils tueraient n'importe qui s'il se mettrait dans leurs pattes...
Les deux enfants arrivèrent prêt du camion qui avait été mis hors d'état de marche. Dexter vit Francine Dolton, à terre. Les types du camion étaient morts aussi.
« C'est un cauchemar… »
De même, le bus dans lequel ils étaient arrivés, était hors service. Dexter et Nathan allèrent se cacher derrière et virent alors la scène la plus horrible de toute leur vie.
Des Pokémon s'échappaient dans la montagne, alors que Stanley à lui tout seul, tenait tête au gouvernement.
-… Quel acte stupide… soupira Derek.
-Il ne sort même pas de Pokémon… soupira Béhémoth.
Stanley cracha du sang. Il avait été frappé par l'Insecateur d'Ushi-Oni qui l'avait sérieusement blessé.
-Pourquoi les raclures dans ton genre continuent de nous tenir tête ? POURQUOI ? Ne comprenez-vous pas que l'ordre est ainsi ? Que la vie est ainsi faite que le gouvernement se doit de former la jeunesse et d'effectuer des expériences sur les Pokémon ?!
Stanley eut un sourire sinistre.
-Quelles stupidités condescendantes de la part de gens qui viennent de commettre un quasi-génocide… Vous n'êtes donc bons qu'à vous justifier sur des conneries et incapables de réaliser l'incroyable débilité de vos actes violents et irrationnels !
Derek regarda Stanley, étonné.
-Mes Pokémon… Je n'en ai plus depuis mes vingt ans, quand je n'avais plus mes parents sur le dos pour me forcer à en avoir. J'ai toute ma vie bataillé pour que soit reconnu le droit pour les Pokémon de vivre indépendamment des hommes…
Béhémoth grogna.
-Te rends-tu compte que si l'homme n'avait pas dompté le Pokémon, l'humanité serait en danger ? N'as-tu pas conscience de tout ce qui a été accompli pour qu'on en arrive là ? Quel irrespect envers notre histoire ! Quelle insolence !
-L'histoire… n'altèrera jamais ce qui fait l'essence de notre environnement… A savoir que les Pokémon valent mieux que nous, et que nous ne sommes que des colonisateurs de ce qui leur est dû !
-Silence, ce ne sont que des balivernes… marmonna Ushi-Oni.
-Dans une telle situation, tu es sur le point de mourir, tes paroles n'ont aucun sens… souffla Astor Benz.
-Au contraire, bande de cireurs de pompes attitrés tout juste bons à être tenus en laisse par votre chef…
Béhémoth, Astor et Ushi-Oni froncèrent les sourcils.
-Mes paroles ont d'autant plus d'intérêt que je n'ai plus rien à perdre ! Mes paroles perdraient de leur sens parce que je vais mourir ? Peuh ! Vous venez de tuer une centaine d'enfants qui n'avaient rien fait et des hommes qui n'avaient fait que conduire un camion pour relâcher des Pokémon tout ça parce que ces Pokémon ont appartenu un jour au gouvernement…
Derek regardait Stanley.
-… Est-on vraiment tous obligés de posséder des Pokémon ? Vraiment ? Ne pourrait-on pas laisser les Pokéballs aux seuls dresseurs ? Un éleveur est-il vraiment obligé de posséder ses Pokémon à l'intérieur d'une Pokéball ?
Stanley tomba à genoux.
-Q… Qui sommes-nous pour les aliéner ainsi ? De quel droit ? Si ce n'est celui de mettre en place une armée spontanée !!
Derek plissa les yeux.
-… Cette sur-militarisation, c'est un vestige de votre échec lors de la Guerre des Dix-Huit Jours ! AYEZ AU MOINS LE COURAGE DE L'ADMETTRE ! REGARDEZ-MOI DANS LES YEUX ET DITES-MOI QUE VOUS NE FAITES PAS TOUT ÇA POUR PROTÉGER VOTRE AMBITION STUPIDE…
Derek serra les dents.
-DEVENIR SEUL CHEF DU PAYS ! VOUS NE VOULEZ QUE CETTE STUPIDE CONQUÊTE
Laggron s'était emparé du visage de Stanley. Dexter cacha le visage de Nathan hors de la vue, lui-même fermant les yeux en entendant le craquement du bris de vertèbres.
-… Et alors ? Aucune ambition n'est stupide si on se donne les moyens de la mettre à bien. Personne ne va m'en empêcher. Ça va me prendre du temps mais cela en vaut la peine ! Pour moi, certes, mais ça en vaut la peine ! Quant aux enfants, je préfère les savoir morts que vivants avec leurs crimes qu'enfermés dans un endroit inutile.
Dexter et Nathan ne se souviennent plus combien de temps ils ont couru…
Toutefois, cet évènement fut rapporté par les médias comme « Jour de l'Herbe Rouge », on rapporta que Stanley et Francine étaient les chefs d'un mouvement de secte suicidaire et qu'ils étaient responsables de la mort de tous les enfants.
Quand Dexter ouvrit l'écrin de Stanley, il y découvrit six blasons de l'Ennéagramme. Il manquait les numéros trois, sept et neuf.
Il était triste que Stanley soit mort mais maintenant il avait un objectif. Sa vie allait prendre un sens, minime, certes, mais il savait où il allait.
***
Ce matin là, Malcolm parlait avec Roland dans sa chambre.
David allait faire ses heures à l'hôpital d'Argenta.
Et un homme était déterminé à obtenir ce qu'il voulait aujourd'hui.
Astor Benz était assis sur un siège en attendant sa cible. Il souriait tout en ayant Tenefix sur les genoux.
-Dans une telle situation, il semble que j'aie à agir…
Il se leva en soupirant.
« Dépêche-toi, jeune homme ! Ne fais pas attendre un brave agent du gouvernement qui ne fait que son travail… »