« Pour trouver une aiguille dans une botte de foin, il suffit d'y mettre le feu et de fouiller les cendres avec un aimant. »(Bernard Werber dans « L'empire des anges »)
« Vous savez comme moi que les vrais miracles il faut les provoquer ! »(Omar dans le chapitre précédent)
« Et moi, pourquoi j'existe, quand l'autre dit « je meurs » ?
Pourquoi plus rien n'agite ton cœur ? »(Mylène Farmer, Si j'avais au moins.)
Rachel vint voir Roland, dans le hall du tribunal.
-Mon père… m'a raconté.
-…
-Ce que tu as fait… est dégueulasse. Je ne pouvais pas témoigner, moi. Tu aurais pu sauver mon frère, et au lieu de ça…
-Tu ne sais pas où est Gilles Moutier ?
-… Roland je te parle !
-Le seul moyen de sauver ton frère c'est de retrouver ce gamin. Les enfants ne témoigneront pas assez longtemps. Charlie non plus. Ta mère encore moins.
-… Le gamin en béquilles est un copain de ce gamin, non ?
Roland acquiesça.
***
-Je ne sais pas où il est.
Roland soupira.
-Stu…
-Non, vraiment, je sais pas !
-Stuart… grommela Roland.
-Je vous promets, Monsieur Smirnoff ! Je vous mentirais pas !
Rachel saisit les épaules du gamin.
-Stuart, la vie de mon frère est en jeu !
Stuart hocha la tête.
-Si Gilles ne vient pas témoigner… Mon frère va finir en prison ! Tu comprends ce qui est en jeu ? La vie d'un être humain ! La vie de Malcolm peut-être gâchée. Tu comprends ce qui se passe ?
-… Oui… oui oui…
-Je t'en supplie… Si jamais tu entres en contact avec lui… force-le à venir par tous les moyens.
-D'accord mademoiselle Heine.
Elle le serra dans ses bras. Stuart était plus qu'embarrassé. Les deux entrèrent dans la salle des audiences.
Stuart soupira et regarda son portable.
« Je vais pas tenir… Je vais pas tenir… »
« Tu ne me préviens qu'après le procès » Stuart ferma les yeux, dépité.
« Si j'apparais pendant le procès, tout est foutu. » Des larmes sortirent de ses yeux fatigués.
« Elle m'a dit des choses tellement effrayantes que je préfère m'abstenir. Monsieur Smirnoff et les autres sont bien assez malins pour s'en sortir sans moi, hein ?… Stuart, tu ne sais pas de quoi elle est capable. Moi, si. » Stuart soupira.
« Et trahir un ami, je peux, moi ? Pour sauver un homme ? Je peux trahir la confiance de Gilles ? Certainement pas ! »
***
-C'est mon fils… ne le laissez pas aller en prison pour un crime qu'il n'a pas commis. Merci.
Judith retourna à sa place. Malcolm geignit, peiné des efforts de ses proches pour faire durer le procès. Le jury n'arrivait pas à être convaincu, Marie-Hélène semblait tellement apeurée.
De plus le rapport d'expertise avait prouvé que sa description de l'appartement de Malcolm était juste. Ce qui n'avait arrangé les affaires de personne malgré l'explication de Roland.
Charlie arriva à la barre, mais il ne put durer que quelques minutes. Il était par ailleurs terrassé par les regrets de n'avoir pu proposer Matt pour Malcolm. Il l'aurait eu gratuitement, et Matt aurait très probablement été capable de l'en sortir sans peine.
Le salut allait venir d'une personne inattendue.
-Lenny Vaulton, non, vous avez été récusé suite à vos interventions multiples dans la salle d'audiences. Nous n'acceptons pas les pitres dans ce tribunal.
-Discrimination !! Discrimination !! Grogna l'intéressé.
-Si ça vous chante. Lila Emerson !
Elle s'avança à la barre.
-Eh bah… Je crois, moi que Monsieur Heine est coupable.
Etonnement général.
-Euh… mademoiselle, vous êtes… en faveur de l'accusé ! Enfin on vous a mentionnée comme ça !
-Ah bon ?
-Oui !
-Vérifiez, j'crois pas moi !
-Eh bien si, mademoiselle !
-Ah, bah alors je suis certaine qu'il est innocent.
-… Quelle est la vérité ?! Vous ne pouvez pas vous parjurer !
-Si même une cour de justice n'arrive pas à déterminer s'il est coupable ou pas… Je suis qu'une fille, moi !
-Ca c'est en cours, mademoiselle !
-Ouais mais la procédure indique vraiment que je dois être du côté qu'on m'a réservé ?!
-Oui, sûrement !!
-Vous pouvez vérifier ? Je voudrais pas me tromper c'est important.
-Vérifiez dans le code de procédure pénale ! Ordonna l'avocat général.
-C'est que je suis un peu bête en fait…
-Oui, la cour avait cru comprendre… soupira le juge.
Lila sourit de son petit effet et fit un clin d'œil à Malcolm.
***
Edgar s'assied à côté de Stuart dans le hall.
-C'était beau ce discours de Mr Smirnoff. Sur l'amitié, tout ça.
-Hm…
-Ca me fait penser qu'on est peut-être pas assez bons amis tous les deux.
Stuart s'étonna.
-C'est-à-dire ?
-Bah… Je sais pas si je serais capable d'endosser ta souffrance, moi.
-… Tu n'as pas à le faire, et de toute façon je ne souffre pas, même du fait d'être handicapé !
-Bah oui, mais… la mort de ta maman…
-Ca n'a jamais été une souffrance, elle me manque mais c'est comme si elle avait toujours été là.
-… Tu es sûr ?
-… Oui je suis sûr !
-… Moi si ma maman mourait, je serais triste !
-J'avais ni l'âge ni la maturité pour ça. C'est à peine si j'ai compris qu'elle était morte, sur le coup.
Edgar regarda Stuart, peiné.
-C'est horrible !
-Non, c'est peut-être mieux. Je n'ai pas eu à supporter cette douleur.
-Mais de ne pas l'avoir vécue, ça ne te manque pas ?
-Qu'une douleur me manque ? Sur quelle planète tu vis, Edgar ?!
-Tu as perdu ta maman et rien ?
-Sur le coup je ne la connaissais pas, tout ce que je connais ce sont les histoires de mon père.
-Stuart, tu as besoin de ta maman.
-… Non, n'importe quoi.
-Tu dois au moins pleurer sa mort !
-Va au diable, Edgar ! Je suis plus obligé de te fréquenter maintenant !
Edgar regarda Stuart, déçu.
-J… Je croyais qu'on était amis !
-Gilles est un ami, toi tu te contentes de squatter ! Un vrai ami ne me dirait pas des choses aussi horribles que « Eh dis donc, t'as eu la chance de quitter ta mère sans douleur, et si tu te fracassais le crâne contre un mur pour voir ce que ça fait, en contrepartie » ?
Edgar hocha la tête.
-T'as raison. Un véritable ami ne te dirait rien, comme un bon gros hypocrite. Tu sais, ceux qu'on aime avoir avec soi mais qui ne sont là que pour nous égayer l'existence en nous faisant croire à ce monde idyllique où tout est parfait et où personne ne souffre ! Bah voyons !!
Stuart regarda Edgar qui était ferme.
-Monsieur Smirnoff m'a enseigné un truc précieux dans cette plaidoirie : Le véritable ami c'est celui qui transcende les peines de l'autre, celui à qui on ne peut rien cacher, pas même ses blessures profondes !
-C… Ca va, hé, ça sert à rien ce que tu…
-Par exemple je suis blessé, profondément, que tu ne dises à personne que tu sais où est Gilles !!
Stuart regarda Edgar, effaré.
-Ne me prends pas pour un débile, je t'ai vu avec le portable ! C'est visible depuis l'espace que tu sais !!
-Ne dis rien à personne ! J'ai fait la promesse à Gilles !
-Gilles ne craint rien ! Il est plus fort que Marie-Hélène, elle ne peut rien lui faire !
-Mais il a peur et rien ne serait pire pour moi que de le mettre face à cette peur et de le faire souffrir à cause de ça ! Je respecte sa peur, elle est légitime, je n'ai à le convaincre de rien, c'est mon ami.
-…
-Eh ouais, Edgar. C'est ça, ma conception de l'amitié.
***
Lila partit de scène en ayant tenu 45 minutes.
-Hmph ! Quelle perte de temps !
-Je sais ! Sourit Lila, contente de son effet.
-… Il ne reste plus que Stacy Linderson, Stuart Gibson et… Celui qu'on attend encore, Gilles Moutier.
« Il ne viendra pas, espèce de juge débile ! Tu ne connais pas le pouvoir de la famille d'Aubenant, tu ignores la force de notre argent, la puissance de nos paroles ! Je suis la fillette la plus enviée du monde, et ce professeur qui m'a offensée n'a que ce qu'il mérite… Une plongée certaine dans les abîmes de la folie. Et quand le jury dira « Coupable » ! Je vais HURLER DE JOIE !!! Dehors, certes, et seule, mais… ce sera divin !!! Même le grand Roland Smirnoff n'a rien pu faire. Ce jury va châtier un homme innocent, et ce grâce à ma toute-puissance !! »
-Stacy, vous voulez…
Stacy s'avança, lentement.
-Pressez-vous, mademoiselle ! On n'a pas que ça à faire…
Elle arriva à la barre. Omar était peiné pour elle. Stacy garda la tête basse.
-Mademoiselle, vous avez été citée, veuillez témoigner…
-… Marie Hélène… est méchante. A l'école, personne ne l'aime.
Grande surprise, Stacy choisit une plaidoirie complètement inversée. Après tout, n'est-elle pas la coordinatrice originale ?
Les deux fillettes serrèrent les poings : L'une ulcérée par les propos du témoin, l'autre révoltée face à une injustice et désireuse de suivre Omar dans sa plaidoirie.
-M… Marie-Hélène crie sur les professeurs, en classe elle est insupportable, elle a dit à un professeur qu'il était mauvais et qu'elle le ferait virer ! Résultat, elle n'a eu que des vingt en fondamentaux jusqu'à la fin de l'année !
-Objection ! Injures injustifiées !!!
-Objection rejetée, elle expose des faits.
-Elle a toujours été à l'encontre du règlement, se prévalant de l'argent de sa famille…
Les jambes de Stacy tremblaient.
-… Et… et… Elle insulte les autres élèves…
-Mademoiselle, vous voulez de l'eau ? Ca va ?
Stacy tendit le doigt vers Malcolm.
-Cet homme… je comprends ce qu'il ressent… Marie-Hélène m'a déjà insultée parce que… je suis amoureuse d'Omar Jamshed…
Omar rougit.
-Et… Et… elle me traite souvent de… catin, de… d'amatrice de métèques…
-C'EST PAS VRAI !!! Cria Marie-Hélène.
-Cela n'a rien à voir avec le procès !!! Cria la mère de Marie-Hélène.
Stacy pleurait.
-Votre honneur… Je, je…
Stacy se mit à défaillir. Lila, Omar, Claire et Lenny se précipitèrent.
-Stacy !!! STACY !!! Geignit Omar.
-Qu'on appelle le service médical !
-Stacy ! Stacy reprends-toi ! Hey !! Geignit Léopold.
« Bien fait ! » statua Marie-Hélène.
Un brancard arriva, chargeant Stacy. Omar la suivit, tout comme Lenny, Lila, Léopold et Claire.
-Stacy, ma grande, tu vas bien ?!
Roland était choqué. Malcolm de même.
« C'est ma faute… » geignit intérieurement Roland. « Je l'ai poussée à témoigner, je suis un monstre… Elle a mené le combat avec fierté… Je… J'ai été ignoble… »
Il regarda vers Marie-Hélène.
« Je ne vaux pas mieux qu'elle… Je suis… pareil… »
Roland tremblait de rage contre lui-même.
« Suis-je à ce point… éloigné des considérations de l'humanité… »
Sonate au Clair de Lune - Beethoven (Version amateur)***
Edgar et Stuart virent le brancard sortir de la salle des audiences. Edgar poussa un cri quand il vit qu'il s'agissait de Stacy. Omar le regarda, peiné. Lenny regarda tristement Edgar. Sur ses lèvres on pouvait lire « Témoignage bouleversant ».
Edgar regarda Stuart. Il désigna Stacy. Stuart baissa la tête. Edgar s'avança vers lui, s'assit à ses côtés et lui tint la main en le regardant. Il tendit le poing serré vers Stuart, en signe de soutien.
Roland regardait le juge qui demanda au jury de délibérer. Il se sentait terriblement impuissant. Malcolm avait la tête entre les mains, cette attente, ces émotions, ce sentiment de culpabilité face à une élève qu'il n'a pas su maîtriser. Kenneth et Judith se soutenaient du mieux qu'ils pouvaient.
Stuart passa le coup de téléphone fatidique et s'avéra plus que ferme. Il éloigna le téléphone de son oreille. La personne au bout du fil avait raccroché.
Stuart soupira, impuissant.
Dans la salle des audiences, Rachel était désemparée, complètement impuissante. Charlie la soutenait comme il pouvait. Les parents de Gilles ne savaient pas où était leur fils.
Stuart grommela de dépit et parla à Edgar. Lequel s'étonna et se leva précipitamment.
Edgar sortit du palais de justice à toute vitesse.
Edgar traversa la route en courant et se précipita dans un bar face au palais de justice, le genre de bar pour les grands, les bonnes tavernes quoi.
Malcolm attendait la sentence.
Edgar vit enfin Gilles dans les toilettes du bar.
-Gilles… hhh…hhh…
-Laisse-moi tranquille ! Je vais tuer Stuart !
Edgar était essoufflé, il tenta de reprendre son souffle mais il avait également un point de côté...
-TU SAIS CE QUI S'EST hhh PASSE ??? STACY S'EST hhh EVANOUIE DEVANT LE TRIBUNAL ! STACY A OSE hhh PARLER DE MARIE-HELENE hhh DEVANT MARIE-HELENE ! ET SES PARENTS ! Hhhhhhh…
-Ne crie pas !! Elle va me tuer !!
-C'est une gamine idiote ! Elle pleure devant le jury pour affaiblir les témoignages !! Gilles, tu vaux mieux que ça ! Mieux qu'elle !!
-…
-Stuart a brisé votre serment parce qu'il croit en toi, ne le déçois pas !
Gilles regarda Edgar.
-Elle m'a dit des choses, Edgar…
-Elle en dit à tout le monde, Gilles. Tu l'as supportée pendant deux mois, viens la combattre pour nous en débarrasser et pour sauver ton prof !! On est derrière toi, avec Stuart !
-…
***
CLONC !
-BWAH !
PLAF !
-C'est QUOI encore ce cirque !!
Stuart, en voulant ouvrir la porte de la salle des audiences, était tombé par terre.
-N… N… Nan, arrêtez !
-Jeune homme ?!!
-Stuart !! Geignit Roland.
Stuart se traina par terre.
-Arrêtez ça, c'est pas juste !!
-C'est un tribunal, pas une foire !!! Grogna le Juge.
Roland se précipita à son secours. Rachel, Charlie, Kenneth, Judith, les parents de Gilles et Malcolm le regardaient. Marie-Hélène semblait dédaigneuse de son sort.
Stuart se contenta de pleurer dans les bras de Roland.
-Uuuuh… Pardon monsieur…
-Stuart, Stuart, ça va aller…
-Désolé pour votre ami… J'ai pas été assez fort !
-C'est pas grave, on a fait ce qu'on a pu…
-La sentence que je prononce est donc…
Les portes s'ouvrirent en grand. Edgar entra, suivi par Gilles. Roland regarda Edgar, éberlué.
-ENFOIRE ! TU SAVAIS OU IL ÉTAIT !!!
-Bah ouais ! C'est comme ça ! Ricana Edgar.
Roland lâcha Stuart et étrangla Edgar.
-Buaaaargh !
-Petit cooooon !!! Je vais te tueeeeer !!
-Monsieur !!! Arrrraaaaararagl !!!
-GNNN !
-Roland… geignit Charlie.
-Laisse-moi le tuer !!
-Ecoute plutôt le témoignage…
Stuart, se tenait à un banc, observant Edgar, surpris.
« … Merci, Edgar… ! »
-C'est pas vrai, c'est le pire procès de ma carrière !
Marie-Hélène regardait Gilles, juste abasourdie qu'il ait osé montrer sa tête. Gilles arriva à la barre, ferme. Il croisa les bras.
-Jeune homme ?
-Je m'appelle Gilles Moutier, monsieur le juge !
Malcolm en pleura de joie. Souffle rassuré dans la salle. La mère de Gilles en pleura de le revoir. Son père était souriant et rassuré, il serra la main de sa femme très fort.
-Ah ! J'attends ton témoignage non sans impatience, jeune homme.
-Je ne vais pas témoigner, votre honneur !
Stuart, remis sur ses béquilles, faillit en chuter de nouveau.
-Quoi ? S'étonna Edgar.
-Oh non, merde !!! Grommela Roland.
Judith sanglota contre Kenneth.
-P… Pourquoi, jeune homme ?
-Parce que… Parce que le père de Marie-Hélène est le patron du fournisseur de l'usine de pâtes où travaille mon père, Patavia. Ca fait que… mon père n'aurait plus de travail… On pourrait pas finir de payer la maison… Elle m'a dit « Mon père, je claque des doigts, je pleure un peu, il obéit ! » Exactement en ces termes !
Le père de Marie-Hélène regarda sa fille, consterné par ces paroles.
-Ma mère aurait été à la rue… ça aurait été insupportable pour moi de causer tout ça à ma famille ! Alors témoigner… impossible ! Mais en apprenant le geste de Stacy… Je me suis dit que le pire ce n'était pas tant que mes parents perdent tout, mais que je sois responsable de la chute de Mr Heine en m'étant laissé intimider ! C'eut été une honte insupportable pour moi et mes proches !!
Les parents de Gilles se serrèrent l'un contre l'autre en voyant le courage de leur fils.
-Excusez-moi d'être arrivé aussi tard ! Je suis désolé, votre honneur, mais, ainsi menacé, je ne pouvais pas me présenter ici… elle pouvait aussi nous enlever notre maison, détruire nos vies, et peut-être aussi retirer le travail de quelques autres élèves, avec moult détails et précisions, à m'en donner la chair de poule ! Votre honneur, Marie-Hélène est une sale garce, une petite pimbêche et une menteuse. Monsieur Heine ne lui a jamais rien fait, j'en témoigne en ma qualité de camarade de voyage itinérant. Je n'ai jamais ô grand jamais constaté quoi que ce soit qui sorte du cadre légal où qui ne découle pas d'une logique ou du sens commun. S'il la giflée, c'est parce qu'elle l'a insulté de tous les noms après l'examen tellement sa prestation était mauvaise !
Le juge regarda Marie-Hélène, défaite.
-Je vous demande, votre honneur, de…
-JE TE DEMOLIRAAAAAAAIS !!!
Tout le monde regarda Marie-Hélène qui tendait le doigt vers Gilles, ayant complètement perdu toute retenue.
-M… Messieurs les policiers ! Arrêtez Gilles ! Je vous donnerais des millions de Pokédollars ! Je suis riche à millions !! Je peux vous donner TOUT CE QUE VOUS VOULEZ !!! Vous aurez même des milliards si vous l'abattez !!! Je les volerais dans le coffre de mon père !!
Les parents de Marie-Hélène la regardèrent, éberlués. Le juge hocha la tête. Le jury n'allumait que des lumières bleues.
-Libérez-moi ce pauvre homme.
Malcolm sortit en trombe du box et se jeta sur Gilles pour le serrer dans ses bras.
-MERCI MERCI MERCI MERCI !!!
-Ca va, monsieur ?
-Si tu savais comme je te remercie d'être là !!
Malcolm sanglota comme un bébé. Roland, Kenneth, Rachel, Charlie et Judith vinrent autour de lui.
-UN PEU DE SILENCE !
Tout le monde s'étonna.
-MARIE-HELENE D'AUBENANT. A LA BARRE.
La fillette regarda le juge, apeuré.
-V… Votre honneur…
-A-la-barre.
-M…
-Dépêchez-vous !
-M… Ouiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiin !!!
Malcolm regarda Marie-Hélène, pleurant face au juge comme un bébé, secouée par ses parents.
-Marie-Hélène c'est inqualifiable !!
-Quelle humiliation… geignit son père qui s'arrachait les cheveux.
-Attendez !
Malcolm se dressa devant le juge et s'avança à la barre.
-Votre honneur, je demande la clémence pour Marie-Hélène.
Surprise générale. Marie-Hélène stupéfaite.
-Ce n'est qu'une jeune fille, elle a eu une réaction… un peu grandiloquente face à des évènements qui dépassaient son entendement, et je crois qu'il est inutile que je garde de la rancœur envers elle pour m'avoir accusé.
Le juge s'étonna. Roland de même.
-Après tout si j'ai appris quelque chose durant ce procès, c'est que les erreurs du passé nous poursuivent, et que seuls les vrais héros savent mettre fin à tout ça. J'ai décidé que je n'avais pas à créer un autre cercle de haine avec Marie-Hélène, alors… Vous permettez que je m'adresse à elle directement ?
-… allez-y… marmonna le juge, étonné.
Malcolm la regarda.
-Marie-Hélène, si tu t'excuses sincèrement, je te pardonnerais.
Marie-Hélène regarda Malcolm. Ses parents la regardèrent. Mais aucun mot ne sortit de sa bouche, et elle regarda Malcolm, glaciale.
-…Monsieur D'Aubenant, Madame d'Aubenant, je suis sincèrement désolé envers vous aussi…
Surprise des parents.
-… d'avoir été un mauvais professeur pour votre fille, elle m'a rencontré dans un moment où mentalement je n'étais pas capable de m'occuper d'elle correctement. Je me suis énervé, je l'ai giflée, et j'en suis vraiment, vraiment désolé.
La mère secoua la tête.
-Vous… vous vous rendez compte que ce serait à nous de nous excuser ? Souffla la vieille femme, désabusée.
Le père se leva et regarda Roland. Lequel hocha la tête.
-Ca va, rasseyez-vous. Dans le contexte c'était une belle preuve d'amour filial… résuma Roland, ne voulant pas d'effusions inutiles.
L'ennemi c'était Marie-Hélène, pas des parents trompés par sa folie.
Le père se rassit, quelque peu affaibli par ce pardon. Malcolm regarda le juge.
-Je refuse que la justice la punisse, quels que soient ses crimes.
-Vous comprenez quand même qu'en raison du déploiement inutile des forces de justice, des dommages-intérêts devront être payés à l'état !
-Nous nous en chargerons.
Le juge regarda la mère de Marie-Hélène, brisée.
-Et croyez-moi, monsieur Heine… Marie-Hélène va finir en maison de correction !
-QUOI ? OH NOOOON !!!
Frappe du poing de la mère sur la table.
-Si, jeune fille !! L'humiliation et le déshonneur que vous avez causé à cette famille est des plus infâmes !! Vous avez SALI plus que cet homme ne l'a fait en une gifle le nom des D'Aubenant ! Votre grand-père… Votre grand-père doit se retourner dans sa sépulture en voyant quelle immonde jeune lady vous êtes devenue !! Vous seriez devenue fonctionnaire que nous aurions eu moins honte !!
-M… Maman !!
-Moi-même j'ai honte !! Je vous ai pourtant dit à quel point cette épreuve me tenait à cœur ! Je voyais en vous mon héritière, ma succession ! J'attendais vraiment de bons résultats de votre part !
-… M… Maman ouiiiiin pardooooon !!!
-Sortons, maintenant, nous avons été assez embarrassés pour aujourd'hui et pour l'avenir. Dès demain, vous irez en internat ultrasurveillé, et croyez-moi vous allez le sentir passer, Marie-Hélène !
-Bouuuuuhouuuu…
-SILENCE ! Cria le père.
La famille sortit. Le juge hocha la tête.
-Bien…
Tout le monde recommença à se serrer dans les bras les uns des autres. Le juge tapa au marteau.
-Attendez ! Attendez !!
Malcolm et les autres regardèrent le juge. Roland grommela.
-C'est pas fini ?!
-Non, ce n'est pas fini. Malcolm Heine. Avancez-vous.
Il regarda sa famille et ses amis. Roland hocha la tête.
-On est derrière toi. S'ils t'emmènent, on les tuera avec nos ongles !
Malcolm plissa les yeux.
-Ueeerk…
-Malcolm Heine, si vous êtes effectivement blanchi de l'accusation d'abus sexuels sur mineur…
-Hm…
-Vous avez néanmoins levé la main sur une élève. En temps normal, un tel acte mériterait un conseil disciplinaire ainsi qu'une lourde sanction.
Malcolm plissa les yeux. Roland grommela.
-Enfin, votre honneur ! Vous l'avez bien vue ! C'est limite si y'a pas un panneau avec des néons marqué « Frappez-moi » !
-Tout juste si elle donne pas le bâton aussi ! Soupira Edgar.
-Bien que je reconnaisse volontiers que Marie-Hélène D'Aubenant fut un cas particulier en tant qu'élève… Je tiens à vous sanctionner pour cette gifle d'une interdiction de sûreté de trois ans sans voyage itinérant.
Malcolm plissa les yeux.
-V… Votre honneur, vous me punissez ?
-Nul n'est au dessus des lois. La famille d'Aubenant va payer des dommages-intérêt, et vous devez payer pour votre geste, si futile vous paraisse t-il.
-Je… ne lui reconnais rien de futile, je sais que Marie-Hélène est une jeune fille quoi qu'il en soit et que… la frapper a des conséquences.
-Autres qu'un procès pour abus sexuel ? Souffla Roland, tentant de raisonner Malcolm.
-Oui Roland… marmonna Malcolm.
-Je ne suis pas d'accord ! Grommela Kenneth.
Le juge regarda le père de Malcolm.
-A mes yeux c'est comme si vous le punissiez pour le reste !
-Mais non, papa…
-Fiston, tu viens d'être bafoué pendant deux jours par une gamine hystérique ! Et c'est toi qu'on punit !
-Aller contre cette décision, c'est vraiment ce que tu aurais fait, papa ?
-Eh bien oui. Question d'honneur personnel.
-…
Malcolm regarda Roland qui hocha ma tête.
-Monsieur le juge, j'accepte votre décision et je ne ferais pas de voyage itinérant pendant trois ans !
-… Alors la sentence est rendue. Vous ne ferez pas appel ?
-Pas du tout !
Le juge frappa au marteau.
-Affaire classée !
Kenneth regarda son fils, surpris.
-P… Pourquoi ?!
-Parce que… Papa, se battre pour n'importe quoi, c'est la décision que toi et tes amis auraient pris auparavant. Et… ca ne vous a pas apporté grand-chose de bon !
-M…
Judith tapota sur l'épaule de Kenneth. Elle hocha la tête.
-Il a raison. Allons nous-en.
-Mais…
-Kenneth, il a choisi de régler cela de cette façon… et…
Judith regarda son fils sortir de la salle des audiences avec ses amis.
-… Jamais mon petit Malcolm ne m'a paru aussi adulte !
Kenneth regarda Malcolm, et sembla presque d'accord avec ce constat.
Le père de Gilles le tenait par l'épaule.
-J'vous demande pardon de m'être éclipsé…
-Ah oui ! Grommela le père, ça, ça va mériter punition.
Gilles geignit, son père se posa face à lui. La mère observait, passive.
Le père de Gilles le serra dans ses bras.
-Je suis fier de toi, mon fils. Tu as été extraordinaire à cet examen.
Il lui tapota l'épaule.
-Ton père t'a cherché après l'examen, il a passé tous tes combats à crier « Regardez mon fils, c'est mon fils ! » Il a frappé un père qui lui demandait de s'asseoir !
Gilles était étonné par ce qu'il entendait.
-Bonhomme, si tu veux continuer les échecs, continue les échecs. Et pour ton travail… fais ce que tu veux.
Gilles sourit.
-Si tu veux j'essaierais de courir le matin !
-Si tu fais ça bonhomme, je te tue !
-… Merci papa !
***
Les portes du palais se refermèrent et chacun put exulter sa joie. Malcolm serra Roland et Rachel dans ses bras.
Etienne Daho - Le BrasierTout le monde fêta le retour de Malcolm non sans joie.
Ces instants fragiles sont emplis d'espoirRoland souriait d'avoir retrouvé son ami. Rachel était plus que soulagée.
Même si j'ai été la cible, et la proie
De mille aiguilles, de cent coups bas
Qui m'éloignent trop de moi.Malcolm éloigna Rachel et Roland de lui. Il regarda Roland d'un air « Tout va mieux se passer maintenant ». Roland semblait accompli.
La perfection pure n'a souvent pas de prix,
La rechercher me détruit
Puis je reviens à la vieRoland et Malcolm se donnèrent une franche accolade amicale.
Vois tout au fond de moi
Ce brasier qui ne s'éteint pasKenneth tint quand même à serrer Roland dans ses bras.
-P… Pourquoi ?!! J'ai rien fait !
Kenneth donna une petite gifle à Roland.
-Te fous pas de moi !
-Ca va devenir une tradition, ces claques ?!
Que vive la flamme… Que vive la flamme !
Pour à nouveau prendre feu
Et brûler jusqu'au boutStacy semblait aller mieux dans l'ambulance. Claire semblait inquiète. Léopold la regarda.
-Ca va aller. Il faut garder espoir !
-… Je… je…
Son portable sonna.
-Hm ?!!
Claire aperçut alors la bonne nouvelle. Elle regarda Léopold, soulagée.
***
Omar, Gilles, Stuart, Edgar et Stacy eurent leur diplôme haut la main.
Lila et Lenny durent passer en rattrapages - Lenny ayant légèrement raté les écrits - mais eurent leur examen sans le moindre problème après ça.
Quand elle sut qu'elle était en rattrapage, la première personne que Lila contacta fut Léopold qui l'aida pendant une soirée entière avec cours, conseils et soutien moral.
On a répondu positivement à la demande de logement d'Omar, mais pour une colocation. Un mal pour un bien.
Stuart fut inscrit dans de nombreux livres et articles comme étant le premier élève handicapé à avoir accédé et achevé le voyage itinérant. Il ne cita jamais, comme le lui avait demandé, son professeur qui nia toujours avoir eu une quelque implication dans cette histoire.
Edgar poursuivit son parcours scolaire mais cessa de fuir sa maison. Il aida plus souvent sa mère à s'occuper de sa petite sœur.
Stacy réussit à avoir un rendez-vous avec Omar qui se passa très mal. Les parents d'Omar, cependant, acceptèrent qu'elle vienne diner à la maison.
Gilles se retrouva à donner des cours de stratégie en option en parallèle de ses études. Il réfléchit de plus en plus à devenir professeur.
Lenny avait gagné une réputation incroyable après l'examen. Il en profita pour améliorer ses résultats, porté par les autres. Il s'efforça de consolider les six autres à la même table de cantine, ce que les autres acceptèrent pour éviter de décevoir Lenny. Finalement ça s'avéra plutôt sympathique et ils gardèrent cette disposition de tablée.
L'état de la mère de Lila s'arrangea et son père lui paya une infirmière à domicile. L'amélioration des rapports entre les deux parents aida Lila à mieux aborder ses études.
Marie-Hélène fut la seule recalée cette année. Elle fut vite oubliée par l'académie.
***
Roland et Malcolm rentraient en tramway à Bourg Palette.
-Tu es sûr de ne pas vouloir participer au diner avec mes parents ? Sourit Malcolm.
-Le dernier diner de famille, c'était genre Paf, Vlan, Schbah… Je préfère ne pas le gâcher.
-Ok.
-En plus le vrai héros c'est Gilles, pas moi.
-Pas faux. Mais je te remercie de ta… petite contribution !
Roland sourit.
-Et moi je te remercie de… trouver des moyens toujours plus originaux de te foutre dans la merde !
-Ouais, ouais c'est une nouvelle habitude à cultiver ! Pouffa Malcolm.
-Je pense que… nous deux ça va changer. En bien.
-De sorte à ce que je ne retrouve plus un peu de toi dans les gamines aristocrates ?
-Tu crois qu'à la sortie de la maison de correction elle va se venger ?
Malcolm regarda Roland et secoua la tête en souriant.
-Je crois que justement c'est l'alternative que j'ai évitée en lui pardonnant.
-C'était un bon vieux twist à la M. Night Shyamalan !
Roland et Malcolm firent tope-là. Malcolm reçut un SMS. Il leva le doigt.
-Stacy est réveillée, elle va bien. Elle est heureuse que je sois sorti d'affaire ! Claire nous embrasse tous et sera chez moi ce soir. La vie recommence.
-Ouf ! Je me sentais tellement mal pour Stacy… soupira Roland.
-Lopette.
-QUOI ? Répète ?!
-Lopette !! Lopette, lopette, lopette !
Ils se chamaillèrent dans le tramway devant les passagers étonnés de voir deux adultes se chamailler comme ça dans un tramway en public. Mais aucun ne pouvait comprendre ce qui se passait.
***
Roland arriva finalement à Céladopole en voiture.
« Aaaaaah c'est bon d'être chez soi !! »
Cet irrépressible espoirMalcolm était à table avec Gilles, Stacy, Claire, Rachel, ses parents, Léopold, Charlie, Omar, Edgar, Stuart et Lila. Le repas était copieux et la fête battait son plein.
S'accrocher à des détails, l'espoir
Si la vie se charge de me refaire tomber
Sans personne à mes côtésLéopold tapota dans le dos de Malcolm qui lui sourit tout en avalant une bouchée de pommes de terre. Sa mère lui en resservit.
Si à nouveau la solitude me déprave
Tu sais même les épaves
Sont de la trempe des bravesRoland avança vers chez lui et s'étonna de ne voir personne sur le parking.
« Tiens, on m'a laissé de la place ! »
Vois tout au fond de moi
Ce brasier qui ne s'éteint pasRoland sortit de sa voiture. Il allait la fermer quand soudain il s'aperçut que son immeuble avait brûlé.
-… Oh bon sang de merde !!
Que vive la flamme, que vive la flammeIl regarda son portable. 58 messages…
« Oups… bavure… »
Pour à nouveau prendre feu et brûler jusqu'au boutIl vérifia le dernier par réflexe. Il poussa un soupir de soulagement et se dirigea vers l'endroit où tout le monde avait été relogé.
Sur le toit de l'immeuble en face, Dexter, aux côtés de Typhlosion, souffla.
-Eh bien voilà. Ca va pouvoir commencer !