Repenti mais pas seulement de SeaMyuu

Lemon Tree - Fool's Garden


Le dos endolori, Alto se dégagea de sous l'énorme branche qui lui écrasait la colonne vertébrale. Il jappa un petit coup, appelant la Skitty qui l'accompagnait. Elle apparue rapidement, balançant sa queue sur les côtés avec nonchalance et laissant un regard narquois illuminer son visage. Le Medhyena la dévisagea avec un air mauvais, se releva droitement, puis passa lentement sa langue le long de ses babines. Son dos craqua dans un bruit sonore et il camoufla non sans mal une grimace douloureuse. La veille au soir, ils s'étaient assez peu éloignés et avaient parcouru près de cinq cent mètres pour se coucher au pied d'un immense pin parasol égaré d'une forêt assez proche. Cette forêt était là depuis très peu et avait été reboisée à certains endroits par les humains. Des pins, des hêtres, des châtaigniers et quelques sapins avaient été installés en complément aux arbres de la même espèce qui étaient venus ici naturellement.
Quant aux deux Pokémon, ils s'étaient arrêtés sous un arbre immense, au ramage très large qui couvrait une grande surface aérienne. Le tronc terre de sienne était rêche et légèrement brun. Etant au début de l'automne, quelques cônes quelque peu semblables à des pommes de pins avaient poussé le long des branches. Les épines regroupées sur l'arbre étaient vertes et des grappes de ces dernières jonchaient le sol, balayées par des souffles de vent. Alto s'était installé sous une branche basse et l'avait percutée à l'instant, la faisant s'arracher et lui tomber dessus. Le canidé au pelage gris s'ébroua et s'assit, passant un coup de langue râpeuse sur ses poils, au niveau de ses omoplates. Les deux animaux gardèrent le silence, bien que la Skitty ait la possibilité de facilement lancer les hostilités en faisant remarquer à son compagnon de voyage qu'il était d'un maladroit affligeant, elle garda le silence, se contentant de rester assise.
« Dis-moi. Tu penses que l'on repartira quand ? Parce que je suis désolée de te dire cela mais nous sommes déjà assez avancés dans la journée. A mon avis nous sommes dans les environs de quatre heures avant le zénith… Nous ferions mieux de partir maintenant. Tu ne pense pas… ? » Interrogea la chatonne rose. « Je pense qu'il nous faudra traverser la forêt juste en face. » Dit-elle en désignant l'immense masse verte. « On à un bout de chemin alors si tu te casse le dos maintenant je me verrais obligée de te laisser agoniser au pied d'un rocher. Ce n'est pas tout mais c'est ton tour de porter la nourriture donc je compte sur toi pour suivre le pas… En fait, oubli ce que je viens de dire, tu es parfaitement capable de me dépasser avec un poids supérieur au mien. »
Alto ne pu s'empêcher d'éprouver de la fierté, pour le peu de fois où la Skitty l'avait félicité. Il ne voulu pas paraître vaniteux et se retint de sourire. Il se contenta de simplement prendre sur son dos le sac remplit de vivres et de le charger sur son dos. La masse lui semblait tout de même assez lourde, il fallait dire qu'il avait mal dormir et que son dos était encore endolori par la branche qui lui était tombée dessus. Mais il n'en laissa rien paraître et fit un signe de tête vif à Perle pour la faire prendre la marche en tête. Elle ne se fit pas prier, et engagea le pas, sautillante. Alto la suivit, la tête haute, d'un pas plus lent et calme.
« La forêt n'a pas l'air très dure à traverser si l'on continu devant, il y à comme une coulée rocheuse qui vient d'une sorte de colline en amont. Nous n'avons qu'à prendre par là-bas, de là-haut on verra mieux le chemin à suivre. » Alto laissa son regard divaguer vers tous les coins de l'immense masse verte. « Oui, je pense en effet que c'est le mieux à faire, et puis nous n'en somme pas très loin. Environ une vingtaine de kilomètres et nous y seront, même d'ici on peut voir le sommet. »
En effet, de là où les deux Pokémon étaient, on pouvait apercevoir ce dont Alto parlait. Une colline très haute laissait paraître un versant légèrement éboulé, où l'escalade semblait facile. Ensuite, on pouvait voir où s'arrêtait le relief mais le sommet était invisible. Les Medhyena ignorait totalement si la colline se prolongeait ou bien redescendait directement de l'autre côté. Si la colline se prolongeait bel et bien, elle finirait sans doute par se terminer à un endroit, qui serait sans doute dégagé par rapport à la forêt. Toutes ces hypothèses faisaient tourner la tête du canidé, il décida donc qu'il verrait bien une fois là-haut. Il hâta le pas pour rattraper la Skitty qui sautillait toujours bizarrement, et il soupira, se demandant ce qui l'attendrait prochainement.

Le versant assez haut du relief se dressait en pente légère devant Alto et la Skitty. Ils avaient parcouru une grosse partie de la forêt et les pins et autres arbres verts avaient défilé devant eux. Tout à l'heure, le Medhyena s'était surpris à penser qu'ils étaient dans la saison automnale mais que le temps était doux comme au printemps. En même temps, il avait l'habitude, l'Italie était un pays assez chaud. Et puis, ils n'étaient qu'au début du temps des feuilles rousses. Aussi, le petit chien voyait son odorat complètement dérouté avec toutes ces odeurs fraîches d'arbres et autres végétaux. Mais l'herbe mouillé, les odeurs de sève et autres effluves lui étaient très agréables. Perle marchait juste derrière lui, et semblait tout aussi captivée par la beauté du paysage qu'Alto. Il était vrai qu'il avait raté beaucoup de choses, à rester cloîtré dans les lignes imaginaires qui limitaient le périmètre de la grande ville italienne. D'un bref coup d'œil, la Skitty lui dit qu'ils allaient devoir commencer à monter. Le Medhyena approuva et lui proposa de manger une fois l'ascension terminée. Elle releva la proposition avec enthousiasme, et commença à monter. Le chiot lui emboîta le pas, et tout de suite senti la différence sous ses pattes. Déjà, la pente était étrangement rocailleuse et le fait qu'elle soit quelque peu penchée changeait du tout au tout le touché de l'animal. Ses coussinets s'appuyaient peu, car il essayait d'éviter de se couper sur des rocailles qui pouvaient être trop tranchantes. Déjà, le relief arborait moins d'arbres, et la plupart d'entre eux étaient massifs et assez hauts. C'était un peu moins impressionnant au niveau des odeurs qu'en bas, mais le sol frais sentait bon et emplissait les narines des deux compagnons. La surprise était que la montée était très peu fatigante, et que même Alto avec son sac sur le dos ne peinait pas à grimper.
Ils arrivèrent assez vite au sommet. Là, ils découvrirent qu'ils s'agissaient d'un replat en hauteur, qui s'étendait sur une large distance. On ne pouvait voir qu'une très petite partie de l'endroit, et le reste se perdait dans l'horizon de la vue des deux amis. Le versant qu'ils avaient emprunté était assez petit et s'élargissait très brutalement sur les côtés, creusant un trou juste avant le sommet. D'ailleurs, Alto et Perle avait du le contourner, vous que de toute manière le sol était avalé sous une couche de rocs. La grande partie de terrain était très boisée à certains endroits, alors qu'à d'autres elle était nue et uniquement parsemée d'herbes et de feuilles déjà tombées de leurs arbres. Ces dernières étaient souvent issues de quelques chênes. Les aiguilles des pins étaient encore celles qui gardaient toute leur verdure alors que les autres feuillages commençaient déjà se teinter d'orangé, de rouge, d'or et de pourpre. Quelques ramages de temps à autres de marron et de rouge venaient parfaire le tout. En haut, Alto eu soudain la véritable sensation de se trouver en automne et pas au printemps. Le temps était légèrement plus frisquet et les brises de vent étaient beaucoup plus nombreuses et fraîches. D'ailleurs, le Medhyena étouffa un frisson rapide, les poils remués par les allés et venus du vent.
« -C'est beau », souffla Perle. « Mais je pense que si nous avons à nous arrêter ici pour le soir, nous ferions mieux de nous trouver de quoi rester au chaud provisoirement. Je n'ai pas envie de finir aussi congelée qu'un esquimau. Déjà que la journée ne me semble pas chaude alors je ne te parle même pas des nuits… Surtout en automne. »
« -En effet, tu as raison, mais le seul abri valable qui serait trouvable serait bien un terrier… Mais je ne pense pas qu'en automne les Pokémon sauvages s'amusent à quitter leurs terriers pour partir alors que la saison des neiges arrive. Nous n'avons qu'à continuer à avancer, nous trouveront bien, on trouve toujours. Et puis sinon, on se contentera de s'abriter dans un coin bien protégé, ce n'est pas bien grave. »
Evidemment, la Skitty ne pouvait pas nier que le chiot avait raison. Mais il n'était pas faux que l'idée de dormir dans un froid aussi mordant n'était pas très agréable. Aussi, même s'ils trouvaient un terrier, encore fallait-il qu'il soit assez grand pour eux deux et qu'il soit assez profond pour leur permettre de se terrer au fond. En fait, l'idéal serait de trouver un endroit chauffé et bien tapissé… En gros, une habitation humaine. Mais les deux amis ne se leurraient évidemment pas, une maison habitée ou non par un homme ne serait pas terrée aussi loin d'une grande ville. C'est connu, les hommes aiment pour la plupart se fondre dans la masse urbaine. Dans tous les cas, ils devaient avancer, ils n'allaient certainement pas rester clouer ici, à se demander où ils allaient aller loger pendant la nuit. Alto repris alors sa marche, oubliant de prendre le temps de manger, et Perle se mis à sa hauteur et l'accompagna.
Le vent passait farouchement dans leurs pelages et leur fouettait le visage. Le Medhyena laissait sa langue pendre, et fermait à moitié les yeux, pour éviter de se prendre un morceau de poussière. Quand à la Skitty, elle était plus maligne et se recula légèrement derrière lui, le laissant lutter seul contre les bourrasques. En effet, plus ils avançaient, plus le vent s'intensifiait. Et l'après-midi touchait vers sa fin, laissant le ciel s'éparpiller en couleurs d'or, de bleu et de rose. Malheureusement, les deux compagnons n'avaient pas vraiment de temps à perdre devant la contemplation du paysage avant la nuit.

Déjà la nuit avait envahi tous les coins. La lune éclairait tout de même d'une jolie lumière blanche et fantomatique la pénombre. Alto voyait facilement où il posait les pattes, mais les coins entre les arbres restaient sombres et impénétrables pour son regard. Perle marchait devant lui, les vivres sur le dos. Ils s'étaient arrêtés il y avait maintenant une heure pour se rassasier, mais ils n'avaient pas eu le temps de savourer car ils n'avaient pas encore trouvé de quoi s'abriter. D'ailleurs, ils n'avaient toujours pas trouvé et ils continuaient à fouiller du regard, malgré le noir qui leur mangeait littéralement leurs champs de vision. Le chiot avait cru apercevoir des endroits pour dormir plusieurs fois seulement ils étaient soit habités, soit complètement inondés par de récentes pluies qui avaient envahies les terriers. Rien de très réjouissant en somme. Puis, quelque chose à la lueur jaune parvint au regard averti d'Alto. Bien sûr, à cette heure il se pouvait qu'il ai les yeux irrités, mais il alerta tout de même sa compagne, désignant le faisceau jaunâtre qui se reflétait sur le sol.
En fin de compte, il y avait peut-être une habitation d'homme non loin. Pour une fois, le chiot et la pelote rose étaient bien heureux de voir une maison qui appartienne à ces monstres humains. Les deux compères se mirent à marcher plus vite, et avancèrent en suivant la lumière, pour retrouver de quelle source il s'agissait. En général il s'agissait des sources chaudes ou enflammées qui dégageaient une lueur jaune. Donc il s'agissait sans doute d'une bonne nouvelle pour eux deux. Mais Alto identifia rapidement qu'il s'agissait bien d'un bâtiment humain, d'ailleurs fait en bois de chêne, car il dégageait une forte odeur de sève fraîche. Ce devait sans doute être du à la pluie qui avait fait ressortir l'effluve du bois utilisé. On pouvait également distinguer une faible odeur qui était sans nul doute une voix de femme. Ou plutôt de fille, puisqu'elle était plus aigue, douce et surtout juvénile. En effet, ils arrivèrent vite près du « chalet », qui était très isolé de toute forme urbaine. A travers une fenêtre quelque peu sale, on pouvait voir une jeune fille aux cheveux blonds chanter en pliant des draps. Mais seul sa chevelure était visible car le verre était légèrement abîmé et « gondolé », laissant quelque peu de flou. Mais Alto avait trop froid pour réfléchir, et se mis en quête de la porte.
Mais ce fut Perla qui le héla en premier, l'informant qu'elle avait trouvé la porte, qui était d'ailleurs non verrouillée. Alto se demanda un instant comment ils pouvaient avoir autant de chance. On aurait dit un miracle, mais évidemment il était logique qu'elle n'avait rien à craindre étant donné qu'elle se trouvait au milieu d'une forêt. Rien à part peut-être des animaux affamés, qui seraient ravis de manger une petite humaine… Le Medhyena frissonna en pensant à cela, et passa devant la Skitty en poussant du museau la porte pour s'engouffrer dans la maison. Il fallait qu'ils se fassent discrets. Si jamais cette jeune fille arrivait à les voir, il se pouvait qu'elle les chasse ou bien même qu'elle se mette à les attaquer. Le chiot se glissa discrètement vers un meuble en bois qui semblait être une cuisinière, et Perle se glissa à sa suite, mais avec des pas bien moins lourds. Sur ce point, il fallait dire que les félins étaient plus discrets que les canidés… La voix de la jeune fille indiquait qu'elle était toujours au même endroit que tout à l'heure, malgré tout les deux Pokémon se hâtèrent de se cacher. Cette opération commando rappela à Alto les services d'infiltration qu'il avait rendu à la mafia. Désormais, il regrettait d'avoir fait tant de choses mauvaises mais il savait pertinemment que ce qui avait été fait était inchangeable. Tout du moins dans ce cas-là.
Ils parvinrent en quelques bonds discrets derrière le meuble, et s'agglutinèrent derrière. Ils s'étaient installés dans un espace entre la cuisinière et une machine bien étrange qu'aucun des deux animaux ne put identifier. Il devait s'agir de quelque chose servant à laver le linge que ces humains aimaient tant porter, car une pile d'habits était posée sur le couvercle. Le Medhyena, qui était collé à ce drôle d'engin, avait horreur de la matière dans laquelle la machine avait été confectionnée : Elle était froide et dure. Perle ne semblait pas pouvoir en dire autant du bois de chêne étant donné qu'elle était volontairement plaquée contre. D'ailleurs, le chiot en profita pour grappiller un peu d'espace et s'éloigner de ce matériau blanc qui crissait au contact de ses griffes. Soudain, les pas de la jeune fille résonnèrent juste à côté. En un rien de temps, elle s'était approchée aussi silencieusement qu'une souris jusqu'aux deux compères. Le sang cognait dans la tempe du Medhyena. Il ne pouvait voir que ses pieds, dont l'un était enveloppé dans une sorte de tissu blanc, qui était troué à l'endroit de son gros doigt d'orteil. Les fils blanchâtres partaient lorsqu'elle faisait un mouvement, décousant tout le vêtement. Etrangement, par rapport aux autres pieds humains, ceux-là sentaient une bonne odeur de violette qui était douce et légère. La jeune fille devait certainement s'être lavée depuis peu. Alto risqua un coup d'œil vers le haut pour voir le visage que l'humaine. Une planche avait été installée entre les deux meubles, calée dans le tout petit espace. Elle y déposa un objet, puis là, commença à se baisser. Le chiot glapit silencieusement et mordit l'oreille crantée de son amie pour l'avertir du danger. Cette dernière était lovée sur elle-même dans le peu de place disponible. Perle ne semblait pas plus affolée que cela, bien qu'elle eu un mouvement de recul et qu'elle cracha sans un bruit.
Bientôt, le visage de la jeune fille apparût aux deux Pokémon. La première chose qui frappa le chiot était qu'elle souriait et que leur présence n'avait pas le moins du monde l'air de l'étonner. Elle tendit une main vers Alto, qui eu le reflexe de montrer les crocs. Elle n'eut pas peur mais recula la main, à la volonté du petit animal. Elle murmura quelque chose d'inaudible puis émit un sifflement à l'adresse des deux animaux. La Skitty bougea nerveusement, comme attirée par le bruit, mais le Medhyena préféra se terrer encore plus contre le mur, quitte à être contre l'objet blanc et froid. Perle finit par jeter un regard angoissé à son compagnon puis elle s'avança. La main de l'inconnue vint caresser sa tête, et elle se mit à ronronner. Un regard complice du chaton rose indiqua à Alto qu'elle ne leur voulait pas de mal. Alor, timidement, il avança d'un petit bond saccadé. La jeune fille tendit sa deuxième main, et les encercla avec, les ramenant contre elle. Puis elle ajouta quelque chose dans sa langue humaine, et les déposa sur une table également en bois, mais d'if cette fois. Elle leur intima de ne pas bouger d'un geste de la main et leur apporta une écuelle d'eau. En revanche, elle parut très surprise lorsqu'elle vit le sac de vivres à l'entrée de sa maison. Perle l'avait complètement oublié, et il était depuis tout ce temps en vue sur le palier intérieur. Alto lança un regard étrange à son amie, puis se détourna vers le petit bol plein de liquide translucide. Il renifla farouchement son contenu, puis lapa d'un coup sec une petite gorgée. Quelle ne fut pas sa surprise lorsqu'il vit que l'eau était d'un délicieux goût minéral ! La Skitty se joint à lui et donna un coup de langue dans l'eau. Tous deux, ils se désaltérèrent, sous l'œil amusé de la jeune fille, qui était accoudée non loin sur la table. Soudain, elle prit la parole. Mais d'une manière on ne peut plus étrange.
« -Hé bien, je vois que vous aviez soif tous les deux… En tous cas, je m'appelle April. » Décréta-t-elle en tendant la main pour caresser le dos d'Alto.
En effet, Alto faillit s'étouffer. Elle venait de parler la langue des Pokémon.