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Smirnoff R. 2 de Domino



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» Auteur : Domino - Voir le profil
» Créé le 17/11/2009 à 12:59
» Dernière mise à jour le 23/11/2009 à 16:49

» Mots-clés :   Drame   Humour   Kanto   Romance

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080 - La mission
« Les sacrifices sont le prix de l'indépendance »
(Pierre Billon)



Edgar semblait perplexe.

-Un livre sur la tête ?!

Ils se trouvaient dans un centre Pokémon proche de Parmanie, dans la petite bibliothèque qui y était affilié.

-Oui, l'apprentissage de l'équilibre est très important pour qu'un Débugant évolue en Kapoera. Je dois à tout prix éviter les entrainements à la force et à la défense, et privilégier son équilibre spirituel. En gros ça va sacrément me faire chier de faire évoluer ce Pokémon.

Débugant grommela du commentaire.

-Il est espiègle et intelligent… marmonna Edgar.
-Sa personnalité n'arrange pas les choses, sa force et sa défense peuvent augmenter de façon impromptue… J'ai pas envie de me retrouver avec un Kicklee ou un Tygnon débiles ! Ces Pokémon là sont tellement nuls… Buck mérite mieux !
-Tygnon est super avec ses Poings !! Poing de Feu !! Pisto Poing !!
-Et c'est tout ce qu'il sait faire, donner des coups de poing… Vachement pratique.
-Monsieur…

Stuart ramena un livre.

-Hm ?
-Qui est Etienne Smirnoff ?
-Mon père… Pourquoi, tu as trouvé sa BD humoristique ? Je suis bien dessiné dedans ? Y'a le gag du placard à balais dans l'hôpital où il était comateux ? Elle est excellente !
-Non c'est un ouvrage sur l'élevage et une méthode permettant à un Pokémon d'avoir une autonomie dans la vie humaine… marmonna Stuart. Vous êtes perturbé, monsieur, un séjour en psychiatrie…
-Me ferait le plus grand bien, tu es le centième à me le dire. C'est mon père, je ne l'apprécie pas trop, plus que ma mère, mais pas trop quand même.
-Vos parents doivent être des cas… sourit Edgar.
-Et que dire des tiens, l'ablette. Va reposer ce livre sans le lire, sinon je vous raconte l'histoire de ma famille dans tous les détails !
-… Oui monsieur… Je suppose que je dois me dépêcher…
-Vite sinon je vais commencer, viiiite !!! Geignit Roland devant un Edgar consterné.

***

-On récapitule…

Le grand homme brun s'accroupit devant le petit garçon de treize ans qui serrait un livre contre lui.

-Tu veux… qu'on se rende au grand Sommaire pour que tu ailles faire dédicacer ce bouquin ?

L'enfant hocha la tête. L'homme brun soupira.

-J'ai accepté qu'exceptionnellement tu partes du camp pour aller faire faire une dédicace ? Eh bah… Si je n'étais pas en train de le faire, je ne me croirais pas moi-même…

Le petit garçon ne parlait toujours pas.

-Tu n'es plus dans le camp, Nigel. Tu peux parler.

Il s'y refusa et secoua la tête. L'homme soupira.

-Bon… Bah on n'a plus qu'à prendre le bus, la dédicace est à Azuria et on n'a pas toute la journée !
-Hm.
-C'est bien, tu deviens plus bavard !


***

L'homme portait un manteau noir long et feutré. Il avait aussi sur la tête un chapeau qui lui couvrait les oreilles.

-C'est une HONTE !
-Je suis encore désolée et je vous remercie d'avoir répondu à mon appel !
-C'est bien parce que j'ai une dette envers vous… grommela Etienne.

Gladys observait le temple Frimapic, inquiète.

-Cet homme est entré il y a un mois déjà ! J'ai de quoi m'inquiéter quand même…
-Vous savez très bien que des centaines de vieux explorateurs fous explorent ce temple, c'est un nid à inconscients…
-S'il vous plait…

Etienne grommela.

-Je suis marié, moi ! Je suis à la retraite, moi ! Y'a pas moyen que les champions de cette région me foutent la paix ?!!
-…
-C'est bon, pas la peine de faire la femme battue, j'y vais…

Etienne entra dans le temple, suivi par son fidèle Capidextre. Il aperçut l'escalier, mais impossible d'y accéder. Bloqué par un mur invisible.

-… L'intrus a un Mr Mime. Et l'intrus est encore vivant… A toi de jouer.

Le Lucario d'Etienne apparut.

-Ca fait longtemps, Frimapic, hein ? Tu as évolué à quelques kilomètres d'ici… Tout ça ne nous rajeunit pas… Casse Briques !!

Lucario brisa le mur. Etienne allait arpenter l'escalier mais il y constata le givre.

-… Ma parole, c'est tout un système de sécurité ou quoi ? Vent Glace sur les escaliers ! Reviens, Lucario. Blizzaroi !

Le Pokémon apparut dans les escaliers. Etienne tendit les bras comme un gamin.

-Porte-moi !!

Le Pokémon se résigna à porter son maître dans les tréfonds du temple.

-C'est parti pour une descente en enfer !! Youhou ! Oulala c'est bas tout ça…

***

Roland feuilletait les livres de son père alors que ses élèves surveillaient Débugant en train de s'entrainer à tenir des livres sur sa tête.

« Peut-être que dans ces bouquins il y a des indices sur lui avant qu'on naisse… Je me demande comment il était avant de nous avoir… J'aurais dû lire ses bouquins en vrai… Pourquoi je pense à ça maintenant ?! »

-Un souci, monsieur ? S'étonna l'infirmière.
-Oui, une crise de folie, j'entends d'agaçantes voix de femmes qui interrompent mes pensées, c'est très irritant…
-Oh… Vous voulez des médicaments ?

Roland regarda fixement l'infirmière qui sembla comprendre et s'en retourna à de vrais patients.

-Ah, le personnel infirmier… Bref…

Roland se lança dans une recherche internet des revues écrites par son père avant sa naissance.

***

Nigel tenait toujours son livre dans le bus. Son accompagnateur le regardait, quelque peu intrigué.

-Arrête de te comporter comme si tu venais d'un couvent. Ca n'est pas le cas.
-…
-Et parle, bon sang, tu es à l'extérieur ! Tu es un enfant, tu devrais papoter !

Nigel observait les autres enfants avec leurs Pokémon. Ils avaient l'air tellement détendus… Au contraire de lui qui n'avait pas le droit de sortir son Pokémon sous aucun prétexte en l'absence de l'autorisation d'un tuteur.


***

Etienne atteignit l'étage le plus bas du temple.

-Encore un mur… Encore du givre… Si je reviens avec la hanche cassée, Linda va croire que j'ai été faire du sport… Notre homme sait ce qu'il fait, sait où il va, sait ce qu'il va récupérer… Et il a l'air d'avoir les moyens d'avoir ce qu'il veut.

Etienne passa le nouveau barrage, courroucé.

« A croire que le type savait qu'il aurait affaire à un vieux… Glace et murs psychiques… »

Etienne entra dans la chambre première. Il s'empara d'une torche et l'enflamma puis avança dans les sombres couloirs.

-Indy, es-tu là…

Etienne avança prudemment dans le couloir, à l'affut du moindre piège.

« Manquerait plus qu'un boulet m'arrive en face et m'écrase, j'aurais l'air bien… Mais qui peut descendre ici, sérieusement ? Avec autant de précautions ?! »

Etienne n'était pas sans savoir ce qui se trouvait dans ce temple : Le Pokémon Légendaire Regigigas. Il le savait pertinemment mais il avait du mal à s'imaginer le genre de personne qui pouvait vouloir un tel Pokémon, jusqu'à se calfeutrer dans le temple. Etienne semblait mal saisir quelque chose. Et comme toute personne profondément sous la terre, cette petite sensation de pouvoir mourir à tout moment le saisissait.

Il avait aussi le pressentiment que quelque chose de totalement inattendu, qu'il n'aurait même pas prévu, même pas imaginé, allait se produire.

Etienne n'aurait peut-être pas dû venir seul dans cette antre.

***

Roland était scié.
Scié parce qu'il appréciait ça. Le travail de son père à la trentaine et avant était tout simplement édifiant. Le premier envoi à une revue datait des quinze ans de son père, qui avait envoyé une lettre à un magazine qui l'avait publié en tant qu'article. Le jeune Etienne Smirnoff y détaillait de nombreuses erreurs émanant de numéros précédents. Erreurs qui ont toutes été rectifiées depuis. Roland était également stupéfait de la qualité du travail de son père qui avait une écriture magnifique, piquante, pleine d'humour, d'amour de son métier également. Très lisible ensemble, sans fioritures, des explications nettes et précises. Il était tombé en admiration devant une lettre écrite à ses dix-sept ans où il avait réalisé un schéma représentant la coupe schématique d'un Rattata et ou il avait écrit « Mange ça, Schubertton ! » Or Schubertton était un grand anatomiste de la revue, et Etienne avait tout simplement relevé une erreur énorme : Le schéma était à l'envers mais les légendes étaient restés à la même place, résultat le colon était placé au dessus de la queue, la bouche sur le nez, la colonne vertébrale sur le ventre… Roland était juste admiratif de la façon dont son père avait fait vivre ces revues à sa manière sans jamais pour autant devenir ou prétendre à devenir rédacteur officiel.

Il constata une recrudescence des envois à partir de 20-21 ans, puis une forte diminution à 30 ans. « Quand il a commencé à emménager avec maman… »

Dès lors les articles deviennent moins percutant. Etienne avait perdu sa verve. Roland était dégoûté de voir que jeune, son père avait été un esprit aussi vivace alors que lui se contentait d'envoyer des billets à des magazines de technique pour proposer ses améliorations.

« Je dois augmenter mon travail de recherche, si je veux améliorer mes capacités de professeur. Avec les gamins, je suis parfait, c'est mon approche théorique personnelle que je dois développer… »

Inconsciemment, il se dirigea vers les bornes téléphoniques. Pas les visiophones.

***

Nigel faisait la queue au Grand Sommaire.

Il voulait à tout prix se faire dédicacer son livre, « Le compte à rebours de l'Horloge Magique » de Federico Garcini. Son livre préféré. Et pour la première fois de sa vie il avait l'occasion de le rencontrer.

-Y'a une file d'attente folle… T'es sûr que tu veux aller voir ce type ?

Nigel acquiesça. Il était prêt à attendre, la journée s'il le fallait. Mais il aurait sa dédicace.


***

Roland fut obligé de sortir son portefeuille pour composer le numéro qu'il voulait composer.

Une sonnerie.

Il répéta le texte dans sa tête. « Papa, je te pardonne cette claque. C'était idiot de ma part de t'en vouloir alors que pour être franc je l'avais bien cherché… »

Deux sonneries

« … Voilà, j'espère que… qu'on va pouvoir repartir sur de bonnes bases et que vous reviendrez diner avec nous. Ou on pourra venir sinon. »

Trosième… CLIC !

« Allô ? »

Voix féminine. Maternelle, même. Roland réalisa toute la portée de ce qu'il pouvait ou allait dire.

« Qui est à l'appareil ? Monsieur Smirnoff n'est pas là, si vous voulez une dédicace il faut contacter l'éditeur… »

Roland raccrocha au nez de sa mère, troublé. Il réalisa ce qu'il allait faire.

« Bon sang… MALCOLM AVAIT RAISON ! Ce voyage m'a ramolli ! Je suis devenu une lavette ! Quand je me suis défoulé sur l'infirmière tout à l'heure, c'était BON, mais là… J'ai failli m'excuser à mon père !! Ce voyage doit s'achever, je dois retrouver mes souffre-douleurs favoris parce que là, ça devient très grave !! Mais vraiment !! »

***

Etienne arriva dans la gigantesque Chambre du Sous-sol. Il aperçut un spectacle étonnant. La statue géante de Regigigas était entourée d'échafaudages et surtout, Regice, Registeel et Regirock entouraient la statue. Etienne était très surpris de voir un tel spectacle.

-Je vous attendais, cria une voix, à la surprise du professeur retraité.
-?! Qui… Qui parle ?
-Vous êtes bien Etienne Smirnoff, n'est-ce pas ?
-… Oui, qui… qui me demande ?
-Attendez, je fais encore deux-trois finitions et j'arrive.
-… Par finitions vous entendez… que vous allez le réveiller et m'écrabouiller avec ?

Un rire retentit dans la pièce.

-Ce serait idiot ! Deux mois de travail fichus en l'air ! Ah… Vous voyez la pièce habitable au fond de la salle ?

Etienne aperçut une table avec des chandelles, une théière et deux tasses. Deux chaises également autour de la table.

-Allez donc vous asseoir, je vous rejoins. Vous pouvez si vous le souhaiter manger quelques œufs mayonnaise, j'en raffole personnellement.
-… si je pouvais au moins savoir qui vous êtes…
-Vous saurez cela tout à l'heure, ne soyez pas si pressé ! Allez donc vous asseoir !
-… Bon, bon…

***

Edgar poussa Stuart dehors. Les deux adolescents regardèrent vers le centre Pokémon, hébétés.

-Mais pourquoi il a fait ça ?!
-Va savoir, Stu, va savoir !!
-DEHORS !
-MAIS COMMENT OSEZ VOUS ?? C'EST INTOLERABLE !!!
-MONSTRE !

Roland sortit, éclatant de rire.

-Monsieur, remplacer le distributeur d'eau des infirmières par de la vodka c'est… Infâme ! Geignit Edgar.
-Vous êtes fou ! S'étonna Stuart.
-Oh, eh, ça va, hein ! La vie permet de tenter des expériences ! Si vous passez à côté, vous resterez des minables. Si vous goûtez à tout, vous pourrez dire « Je suis vivant, moi, mec ! »

Edgar haussa un sourcil étonné.

-Moi un mec comme ça j'appelle ça un abruti…
-… Edgar, je préfère quand tu te tais !
-Moi aussi je préfère quand vous vous taisez, c'est pas pour autant…
-Edgar ! Savoure !

Roland tendit l'oreille.

« OH NON IL A SABOTE LE CONDUIT DES TOILETTES ! »

-Oh Beatles, quelle est cette douce ode au piano que j'entends ?
-Y'a un sosie de Yoko Ono qui nous regarde bizarrement en appelant quelqu'un au téléphone… marmonna Stuart.

Roland sourit.

-La police ! On se bouge !

Edgar et Stuart restèrent immobiles alors que Roland commençait à courir.

-Han nan vous craignez les enfants !
-Il peut pas courir ! Vous alliez le laisser en appât ?! Grommela Edgar.
-… Les policiers lui auraient rien fait ! Judiciairement parlant bien sûr. Pour le reste je peux pas dire !

***

Et voilà Roland, Stuart et Edgar au commissariat de police.

-Super... Bravo, monsieur ! geignit Edgar visiblement très ému. J'ai jamais eu de problèmes et maintenant à cause de vous je vais avoir un casier judiciaire !!
-Pauvre chéri... soupira Roland.
-Vous... êtes sûr qu'on va s'en tirer ? marmonna Stuart.
-Aussi sûr que deux et deux font cinq.
-Mais deux et deux...
-Tu vois, t'es pas sûr.
-Mais ça fait quatre !
-Oui mais je suis ton prof. Ce que je te dis est forcément vrai, tu n'as pas le droit de le contester. Ca fait cinq un point c'est tout. Si tu le crois pas, c'est que tu n'es pas sûr.
-Monsieur putain on est dans la merde là !! On va finir en garde à vue !! grommela Edgar.
-Mais noooon !

Un officier arriva.

-Bien... Votre alibi ne tient pas. D'après mes collègues, les handicapés ne font pas de voyages itinérants.
-Et depuis quand l'avis d'une bande de sacs à bière qui se gavent de donuts autour d'une machine à café en attendant le prochain appel a une valeur juridique ?
-Depuis qu'on vous a arrêtés et qu'à la prochaine remarque désobligeante de ce genre, je vous fais incarcérer au Plateau Indigo.

Roland soupira.

-Je suis vraiment professeur, j'ai les papiers... Et on m'a obligé à prendre ce mouflet à béquilles.
-Tu confirmes, jeune homme ?

Stuart regarda Roland puis le policier.

-Bah ouais...
-Ca ne te pose pas de soucis d'être avec un type comme ça ?
-Pas trop...
-Et vous, jeune homme ?

Edgar pleurait.

-J'veux mon papa et ma maman ! J'ai rien fait !
-Dans ce genre de cas on demande son avocat, tête de nœud ! souffla Roland.
-Bon, monsieur Smirnoff, les infirmières ne comptent pas porter plainte...
-Ouf !
-... néanmoins ce saccage est considéré comme un délit envers l'État et vous avez injurié la fonction de policier, en cela vous passerez une nuit en prison. Les enfants vous irez dans un motel.
-Cool !
-Ouais ! sourit Edgar.
-... Ca craint ! geignit Roland.
-Ca vous apprendra à défier l'autorité.

Roland acquiesça. On lui passa les menottes. Il fit un clin d'oeil à Edgar qui prit une photo avec le portable de son prof.

-... Pourquoi tu fais ça ?! s'étonna Stuart.
-Il me l'a demandé !
-Vive la révolution ! A bas le système ! Vous aurez mon corps mais pas mon âme !
-... Comment on a fait pour arriver jusqu'ici ?! s'étonna Edgar.
-... Un miracle, sûrement... marmonna Stuart.

***

Etienne resta assis à la table, observant la salle couverte de hiéroglyphes. Des tracés plus récents partaient de certaines écritures pour rejoindre la statue de Regigigas. Etienne ne comprenait pas vraiment ce qui se passait. Il ne comprenait ni qui était cet homme, ni ce qui se passait ici.

-Monsieur Etienne Donovan Smirnoff…

Etienne se redressa et se tourna vers la statue géante. Un homme en échappa. Il se dirigea vers une corde.

-… Vous êtes… très connu dans le monde de la stratégie pour avoir révolutionné la façon d'élever des Pokémon. Grâce à vous un nouveau marché s'est créé, celui des accessoires domestiques pour les Pokémon.
-… Vous avez lu ma page Wikipédia, vous…
-Hahaha ! Non…

L'homme retira sa veste et son pantalon devant un Etienne éberlué. Il tira la corde et se déversa une gerbe d'eau chaude dessus.

-Bwaaaaaaaaaah !!! Tout droit venu des sources chaudes de Frimapic ! Quelle eau tonifiante !

Il sortit un Pokémon qu'Etienne eut du mal à discerner dans la pénombre. Le Pokémon effectua un Lance-flammes à proximité de Nigel pour le sécher rapidement. Il se rhabilla et se dirigea vers Etienne.

-Je vous attendais, Etienne Smirnoff.
-Ce serait étonnant… J'ai décidé de venir aujourd'hui même !
-Rien n'échappe à qui discerne les évènements actuels à la perfection. Je me présente de nouveau…

Etienne haussa un sourcil. Il aperçut mieux l'homme aux airs obséquieux.

-Je suis Nigel Bonelly. Vous vous souvenez de moi ?

Etienne plissa les yeux.

***

Nigel n'était plus qu'à cinq signatures de se faire signer son livre. Il trépignait.

-Ca fait une heure et demie… soupira l'accompagnateur.
-…
-J'espère que ce ne sera plus très long…

Il y avait encore de la queue derrière Nigel. Soudain, Federico Garcini se leva.

-Fini ! Désolé, je suis attendu ailleurs !
-Oh !
-Oooooh….
-Oh non !
-Zut…

Nigel regarda partir son idole, désespéré.

-Oh non…
-Désolé, Nigel… soupira l'accompagnateur. Allez, viens, on rentre.

Nigel soupira. L'accompagnateur jeta un regard attristé à Federico qui partait sous les huées. Le jeune Nigel était dépité. Il s'arrêta alors qu'un livre lui était tendu. Il regarda le type avec une légère barbe de trois jours, une écharpe rouge, un manteau gris, des cheveux en bataille.

-Prends !
-…
-Tu peux le prendre, je te le donne !

Nigel s'empara du livre, étonné.

-Maintenant rends-le moi.

Nigel plissa les yeux, interloqué et rendit le livre. Etienne sourit.

-Aaaaaah ! Un jeune fan ! Super !

Nigel grimaça. Etienne effectua une rapide dédicace et rendit le livre.

-Voilà pour vous ! « Etude domestique des Pokémon », mon premier livre. Prenez-en grand soin !

Nigel hocha la tête. Il repartit donc avec deux livres. Celui pour qui il était venu, et l'autre qu'on lui avait donné sciemment.


***

Nigel s'assied face à Etienne qui grimaçait comme un damné.

-Je… ne vois pas qui vous pouvez être…
- « Mon fils Roland est né il y a sept jours, j'espère qu'en grandissant il deviendra comme vous. Devenez un excellent dresseur, je sens dans votre attitude un potentiel immense - Etienne Donovan Smirnoff, heureux d'avoir fait dédicacer un livre au vrai public de son bouquin plutôt qu'à de vieux profs snobs et flatteurs. »

Etienne écarquilla les yeux.

-Vous… Le gamin qui… Ca al…
-Chut, chut, chut. Ne dites rien. Votre livre est devenu mon bréviaire. Je m'en suis servi toute ma vie civile. Grâce à vous j'ai atteint le niveau que j'ai atteint. J'ai fait ce que j'ai fait. Et je continue à faire ce que j'ai à faire. Bien. Avant toute chose, je travaille avec votre fils Roland, nous sommes dans la même faculté, à Céladopole.

Etienne pencha la tête, surpris.

-Vous n'avez pas le droit de lui parler de cette rencontre, de cet endroit ou de ce que je fais ici en ce moment. Ni à ses amis, d'ailleurs. Il est primordial que cet entretien reste secret pour la bonne tenue de ma mission.
-… Je me pose plus de question en un échange avec vous qu'en vingt ans de mariage !
-Je sais, je suis un jeune chien fou énigmatique. Je suis un agent au service du gouvernement. Voici ma plaque.

Nigel montra à Etienne une double carte.

-Agent du…
-Les grands agents gouvernementaux se divisent en Maître du Conseil, Secrétaire, Aînés et Agents. Je suis l'agent au service du chef du Conseil de Sinnoh ce qui explique que j'aie pu m'introduire aussi facilement ici.
-Sinnoh… Vous voulez dire…
-Madame Kalindra Duchessey. Une femme adorable. Bien qu'une terrible adversaire. Autour de moi la secrétaire Ambroisie et l'Aîné Baroun Banks.
-… Jusque là je vous suis…
-J'ai pour mission de suivre votre fils.

Etienne plissa les yeux.

-Vous ne lui voulez pas de mal, j'espère ?!
-Parbleu, non ! Je ne veux que sa survie en ce monde. C'est pour ça que je fais tous ces efforts.
-Vous faites quoi ?
-Excellente question ! J'attendais que vous la posiez. Je… suis en train de faire tout un tas de manœuvres idiotes pour ralentir la naissance de Regigigas. Sinon, quelqu'un va s'en emparer trop vite et utiliser sa puissance à mauvais escient. Ce que je fais là est une excuse pour gagner du temps. Ces sceaux que vous voyez sont l'œuvre de mon Mr Mime. Ce sont ni plus ni moins que des marquages à la peinture imprégnés de Psyko. Technique apprise au Tibet. J'y ai passé trois ans, trois années merveilleuses de mes vingt à mes vingt-trois ans…
-… Oui… Mais encore ?
-D'ici quelques mois, votre fils et ses compagnons vont se retrouver confrontés à mon groupe. L'Ennéagramme.

Etienne plissa les yeux.

-C'est un vrai mot, ça ?!
-C'est un mot comme un autre. C'est une société séculaire qui existe depuis le Moyen-âge. Elle repose sur des fondements divers et a vu se succéder à sa tête plusieurs chefs. Peu importe qui, ce chef n'est jamais mort à son poste, il le quitte de lui-même après avoir rempli une mission qu'il mentionne lors de son sermon d'investiture. C'est la charge de Numéro 1. Chaque membre a une charge. Numéro 1 doit remplir une mission qui est part de son sermon, Numéro 2 doit fidélité et objectivité au Numéro 1, Numéro 3 doit punir les traitres car elle est l'alliée de malheur du 1, etc.
-Oui, c'est compliqué…
-Terriblement compliqué. Ma mission à moi est de donner les ordres de mission. Etonnant, non ? La charge du Numéro 9 est de guider le groupe ! En fait mon avis a une clause prioritaire sur celui des autres membres, en cas de conflit je tranche mais en contrepartie je ne vote jamais.
-… Et donc ?
-La mission de Numéro 1 est de convaincre votre fils Roland.

Etienne plissa les yeux.

-De ?
-C'est tout ce qu'il a dit à son sermon ! « Je me donne pour mission de Convaincre Roland Smirnoff. ». Rien de plus.
-C'est précis, ça m'aide…
-N'est-ce pas.
-Et vers quoi vous guidez le groupe ?
-J'y viens. Au cours des siècles, la mission de l'Ennéagramme a souvent varié mais la constante est que les Pokémon ont une forte place dans l'ordre mondial. Plus forte que les hommes.
-… Et ?
-Cette constante a été instaurée par les Témoins d'Arceus. Récemment elle a même pris une dimension plus extrémiste encore avec le nouveau Numéro 1. En effet, Etienne, vous êtes même… notre Numéro Zéro !

Etienne haussa les sourcils.

-Et qui est numéro 1 ?
-Je ne sais pas.

Etienne fit de gros yeux ronds.

-Je vous demande pardon ? Vous, un agent du gouvernement…
-J'ignore son nom, son prénom… De plus en tant qu'agent supérieur je n'ai pas d'hommes, je dois faire tout seul et je dois avouer que m'intéresser au cas Numéro 1 ne me passionne guère.
-… C'est paradoxal…
-Tout ce que je sais c'est qu'il vous cite sans cesse. Que vous êtes sa référence. Vous devez admettre, monsieur Smirnoff que vous avez un destin peu banal.
-… Ouais… C'est… vrai.
-Votre existence est constituée de hasards étranges. Cette conversation en est encore la preuve.
-Oui… En termes d'étranges, oui…
-Votre destin est ainsi parce que…

Etienne regarda fixement Nigel, attendant une sorte de révélation.

-… Vous avez changé le monde. Pour changer le monde, il faut forcément une destinée hors du commun. Tout s'est scellé un certain jour. Vous voyez de quoi je veux parler ? Ce fameux jour… à partir duquel tout s'est peu à peu effrité…

Etienne regarda Nigel, soudain furieux.

-Si… Si c'est mon fils qui vous envoie, cette blague n'est pas drôle du tout… Et ces affaires me regardent moi et ma femme !
-Exactement. Vous avez sauvé le monde de l'acte stupide et irréparable de Cynthia et Jethro Gallhager.

Etienne fit de gros yeux ronds, penaud.

-Ah oui, oui, oui ça, oui !
-Je ne faisais pas référence du tout à l'adultère de votre femme.
-Oui, c'est… PARDON ???

Nigel éclata de rire.

-Rassurez-vous. Simple enquête préliminaire, je l'ai appris par votre fils en le côtoyant et en utilisant une technique d'écriture immédiate de mon Mr Mime.

Etienne hocha la tête.

-C'est également ainsi que je sais tout sur vous et votre fils. Mais passons sur mes tours de magie…
-Votre Mr Mime doit être une bête de combat…
-Aussi, mais nous ne sommes pas là pour ça. Bref, vous remarquerez qu'à partir de ce moment là tout s'est enchaîné. Estéban Gallhager a tenté de vous tuer, et c'est là que c'est intéressant.
-Ca l'était pas vraiment pour moi…
-Il ne l'aurait pas fait si vous n'aviez pas sauvé le monde. Il s'est ensuite produit une suite d'évènements découlant de cette tentative de meurtre qui ont amené Roland à devenir ce qu'il était.
-Quelle… importance a Roland dans tout ça ?
-… Le premier Numéro 1 de l'Ennéagramme, au Moyen-âge avait annoncé qu'un jour un autre Numéro 1 souhaiterait convaincre quelqu'un de normal, hors du cercle. Sans spécifiquement vouloir le convaincre de quoi que ce soit. Il semble que l'actuel Numéro 1 réponde à cette « prophétie ». Je ne crois pas en les prophéties, toujours est-il que je pense fermement que le destin de Roland est dans ce qui va arriver. Et qu'en fait Numéro 1 prenne simplement cette prophétie comme appui pour légitimer sa folie.

Etienne agita le doigt.

-Il y a une faille dans votre discours.
-…
-C'est ce « Je pense fermement ».

Nigel grimaça.

-Serais-je démasqué… C'est embarrassant.
-Ce sont des suppositions subjectives. Que cherchez vous à faire ?
-Rien qui blesse votre fils.
-Laissez-moi le prévenir.
-Ca n'est pas possible.
-Pourquoi ?
-Parce qu'il ne répondra pas au téléphone. Je sais aussi ce genre de choses. Mr Mime est capable de retranscrire une pensée générale d'une minute et de me la transmettre. Vous ne vous doutez pas de ce que je pourrais faire en claquant simplement du doigt.
-Pas d'écriture automatique alors…
-J'essayais d'enjoliver. J'aime me prendre pour un super héros !
-Vous essayez de faire quoi au juste ? Je ne comprends pas… marmonna Etienne.
-Bien, d'accord. J'essaie d'éviter une guerre entre les régions en empêchant un vieil enfoiré despotique de mener à bien son plan.
-Le vieil enfoiré despotique, c'est numéro 1 ?
-Non, c'est Derek Pentwell.

Etienne se redressa soudainement.

-Le… chef du conseil des quatre de Kanto ? « Et accessoirement père d'un élève de Sherman… »
-Exact. Pour l'empêcher de mener à bien cette guerre j'ai besoin que tout se déroule comme ce que préconise Numéro 1.
-Pourquoi comme ce qu'il préconise ?
-Il est dans le vrai jusqu'à un certain point. J'ai juste à m'en charger. Je vous préviens uniquement pour que si jamais j'échoue - et vous le saurez - vous soyez mon dernier espoir d'empêcher cette guerre.
-Comment… Comment le savez-vous ? A propos de cette guerre ?
-J'ai été champion d'arène un temps pour une infiltration. En tant que tel j'ai eu l'occasion de faire des tas de recherches. Je suis resté champion quatre semaines car je fouinais plus que je ne tenais l'arène ! Haha… Mais je sais que Derek Pentwell, pour avoir été un criminel de l'Ennéagramme, a des intentions peu louables.
-L'Ennéagramme tue ?
-L'Ennéagramme peut recevoir des ordres pour des meurtres mais uniquement sur les humains.
-Roland…
-Non, rassurez-vous. Ce souci là va être dévié très facilement. Grâce à moi une fois de plus. J'ai imposé un délai qui va être salutaire à votre fils car votre fils est tout comme vous très bien entouré.

Etienne plissa les yeux, désabusé.

-Etienne, je vais devoir reprendre mon poste sur l'échafaudage, vous allez repartir et je vais fermer derrière vous.
-Vous n'avez pas tout dit !! Geignit Etienne.
-En effet non. Mais ça vaut mieux. Je dois continuer à poser les sceaux, j'en ai encore pour trois mois.
-J'ai une dernière… requête, question…
-Hm ?
-… Roland s'en sortira, je ne me fais pas… de souci à son propos.

Nigel se mordilla les lèvres.

-… Mais que va-t-il advenir de David et de Lily ? Ils sont… Ils l'entourent aussi, et…

Nigel hocha la tête.

-Ce qui arrive à chaque être humain. Les aléas de la vie.
-… S'il leur arrive quoi que ce soit de dommageable par la faute de tout ceci… je vous tuerais !
-Pari tenu.

Etienne regarda Nigel, furieux, se leva et partit.

-Espèce de… pauvre malade !!!

Nigel regarda Etienne partir.

-Vous êtes un sale taré !! Franchement !

Nigel ferma lourdement les yeux.

-Vous savez quoi ? Les gens qu'on devrait enfermer, ce sont les gens comme vous qui… dissimulent ! Qui cachent ! Parce que vous mettez en jeu d'autres vies que les vôtres, vous comptez sur les autres pour faire votre travail ! Agent du gouvernement oui, mais vous n'êtes pas au service des gens, seulement des intérêts de votre gouvernement ! Si jamais… Si jamais il arrive quoi que ce soit à mes enfants…
-Vous me tuerez, j'ai compris…

Etienne s'en alla en bougonnant.
Mr Mime et Tarpaud se précipitèrent à sa suite pour calfeutrer la pièce.

-Désolé d'avoir été obligé de mentir à moitié. Mais si je vous disais toute la vérité… rien ne se déroulerait comme prévu… Et vu le sacrifice que je vais commettre… il faut que ça se déroule comme prévu. Il le faut, oh oui…