World of Tem : Tome 8 : Le Championnat de France de CaliKen

Ce n'est pas facile. Il n'est jamais facile de faire ce genre de chose. Retourner en arrière, mais aller de l'avant. Déjà, le train repartait, ayant déposée une faible quantité de passagers dans cette petite gare du nord de la France. Ca n'avait pas été facile, à peine quelques jours après avoir emménagé avec Laetitia, dans ce superbe appartement. Et puis cette décision… Il l'avait prise depuis quelques mois déjà mais ne lui en avait jamais parlé. Cependant, une fois de plus la gentillesse de Léa avait fait ses preuves. Il espérait juste qu'elle ne déménagerait pas ce qu'il restait de meubles toute seule. Elle était capable de vouloir faire une telle folie, mais elle avait promis de ne pas tenter l'impossible.

Maxime se retrouvait ici, en train de marcher sur cette route qui ne lui rappelait rien. Il n'avait pas voulu prendre sa voiture, car il n'était pas sûr de trouver un parking dans l'hypothèse où ses parents n'auraient pas de garage. Il avait été emmené loin de ses parents depuis tellement de temps. Son oncle l'avait pris pour que ceux-ci, trop pauvres pour l'élever, puissent savoir leur enfant en sûreté et à l'abri de la faim. A croire qu'il restait des gens miséreux dans un pays se disant civilisé. Il n'avait aucun souvenir de ses parents ni de sa maison. Une seule adresse donnée par son oncle quelques semaines avant que celui-ci ne trépasse. Plus il avançait, plus la campagne se faisait profonde. Les espaces entre les habitations s'agrandissaient et les maisons devenaient de plus en plus communes, voire vieillottes et salies. Le ciel était dégagé et le soleil était haut. Cependant l'air restait frais et le vent gardait cet aspect austère et piquant, dernière cicatrice du passage d'un hiver rude qui revenait chaque année dans cette région de la France.
Un tournant, une rue qui s'enfonce dans un champ. Maxime relit l'adresse et s'engage. Et puis ce numéro, cette maison, ces souvenirs qui ne reviennent pas, qui ne reviendront peut-être jamais. Cette femme rousse qui ouvre, cet homme aux cheveux noirs, sec et au visage dur. Aucun mot, puis des yeux qui s'ouvrent, une bouche qui tremble, des pleurs, discrets. Quelques heures plus tard, à table, des explications, des vies qui se racontent. Puis quelques jours passé là-bas, des promesses de visite, de contact, puis un départ, une bise, un serrement de main, un nouveau train, Lille, championnat de la région Nord, seul deux places directes…


* * *


-Tygnon, Mach-Punch !
-Non !

Le Parasect recula, sonné et se retourna sur le côté avant de s'immobiliser. Tygnon essuya son front couvert de sueur du revers de son gant. L'arbitre observa rapidement le Parasect et déclara Thomas vainqueur. Celui-ci n'en revint pas. C'était sa dixième victoire consécutive et encore une fois, il avait gagné dans la douleur. Peu importe, il était désormais qualifié pour le championnat de France, en tant que finaliste du championnat régional d'Ile de France. Voilà près d'une semaine que Marie et lui enchaînaient les combats. Visiblement, le garçon méritait son Deug Biologie et science du combat Pokémon. Associées aux connaissances qu'il avait acquises dans sa vie, aux cours de la prestigieuse Académie Pokémon de Paris et aux événements difficiles qu'il avait vécu, ces bases faisaient de Tom un excellent dresseur. Ce cauchemar éveillé qu'il avait vécu en Avril… il en sortait comme grandi, plus sûr de lui.
Cependant les victoires avaient été difficiles, la chance avait joué pour beaucoup et si les ordres et la vitesse de réaction de Thomas étaient presque parfaits, ses Pokémons avaient du mal à suivre. En presque une semaine, ils étaient tous à bout de force.
Et Marie ? Et bien elle faisait figure de grand challenger car elle n'avait perdu que deux matchs et avait brillamment réussi les autres. Son Kirlia était impressionnant et son Dracaufeu à la limite de l'invincibilité. Là encore, le choc de ce terrible mois d'Avril 2004 avait été pour beaucoup dans la volonté de gagner des Pokémons de la jeune fille. Tom s'approcha de l'arène où le combat de Marie avait lieu. Un Persian passa à quelques centimètres de son visage, éjecté du terrain de combat. La voix d'un arbitre fit alors :
-Marie Salvino gagne ce match, nous avons donc notre deuxième finaliste.

Le sang de Tom ne fit qu'un tour. Il n'y avait pas fait attention depuis le début de ce championnat mais… Maintenant c'était sûr, il affronterait sa petite amie en finale régionale !