
James Blundt« Nous sommes dans le XXIIe siècle, à Naples, commune d'Italie aux nombreuses richesses culturelles. Il s'agit également d'une ville touristique aux ressources historiques mondialement connues. Il restait pourtant, malgré cette richesse générale, quelques pauvres quartiers voués à l'oubli de tous ceux qui n'y habitaient pas. Depuis longtemps cette ville est considérée comme l'une des plus fréquentée par la mafia italienne, une organisation de malfaiteurs sans scrupules. Cette association de personnes aux sombres desseins s'organise dans l'ombre, allant au trafique de produits illégaux à l'élimination de personnes leur nuisant. Mais qui sait ce que ces gens sont capables de faire pour en arriver à leurs fins... »Dans une ruelle étroite et sombre semblable aux coupes gorges, des pavés de pierre humides recouvraient le sol. De grandes bâtisses de béton se dressaient de chaque côté, parallèlement au petit chemin. La ruelle n'aboutissait pas, terminée par un mur haut d'environ deux mètres. Il s'agissait donc d'une impasse. Pourtant on pouvait facilement escalader la façade pour passer de l'autre côté. Quelques poubelles étaient entreposées contre le muret. Depuis les fenêtres des maisons pendaient quelques vêtements. Le calme ambiant et l'atmosphère ne présageaient rien pour la nuit qui se profilait sinon un silence troublant. Seuls quelques bruissements d'animaux lointains résonnaient, laissant juste la nuit les étouffer. Rien d'anormal en somme, rien de différent à l'ordinaire. Cela dit, une seule chose semblait étrange. C'était bien que quelque chose se rapprochait, à vive allure. Quelques faibles halètements et pas pressés sous la pénombre. Certainement pas un travailleur en retard dans tous les cas. Le bruit s'amplifiait, et quelques autres pas, tous aussi rapides, se joignirent au bruit le plus distinct. Une course-poursuite, voilà à quoi les bruits faisaient penser. Toujours en se rapprochant…
Soudain, une silhouette sauta par-dessus le muret. La forme se découpait distinctement dans l'obscurité, contrairement au visage que l'on ne pouvait pas voir. Mais une forte odeur laissait deviner la peur de cet animal. En effet, c'était un petit corps –moins d'un mètre dans tous les cas. Celui d'un canidé, avec une queue ébouriffée et un pelage grisâtre virant vers le noir à cause de la pénombre. Un bond prodigieux et calculé lui avait permis de franchir le muret depuis l'autre côté. On pouvait aisément voir qu'il était entraîné, qu'il avait « l'habitude » de le faire. Puis, soudain, trois autres silhouettes surgirent, plus grandes. Egalement des canidés, munis de cornes. Egalement masqués en grande partie par la nuit, on pouvait tout de même voir qu'ils poursuivaient le petit animal qui les devançaient. Leurs halètements signifiaient que la poursuite durait depuis longtemps.
Le petit chien regarda en arrière, et ouvrit grand les yeux en voyant les deux gros molosses quasiment sur ses talons. Ils auraient tôt fait de le rattraper s'il ne déviait pas sa trajectoire. Seulement, s'il prenait le temps de le faire et que les deux chiens avaient anticipé, ils ne paieraient pas cher de sa peau. Alors, dans un élan de peur, il bondit sur un toit bas d'une bâtisse alentour. Ses pattes foulaient à peine les tuiles tellement il allait vite. Presque mort à force de brûler ses forces pour la course, il lança un bref regard en coin derrière lui. Rien. Mais il ne pouvait pas se permettre de ralentir la cadence. Il continua de courir. Le toit montait haut mais était facile d'escalade car la pente était très peu verticale. Le canidé se rua au sommet du toit, et de là, observa rapidement. Toujours rien, aucun bruit, aucun mouvement. Le petit animal se permit un très court moment de répit. Son cœur battait toujours la chamade et il flageolait faiblement sur ses pattes. Puis, soudain, quelque chose lui sauta dessus. Une force énorme l'effleura. Le petit canidé poussa un cri de terreur puis se mis à courir. Le gros molosse qui venait de lui sauter dessus poussa un grognement et se lança à sa suite. La pause du chien grisâtre avait été de courte durée. Il sauta sur le toit suivant puis se blotti vivement dans l'espace qu'une tuile arrachée laissait. Il se serra dedans et se tu. Si l'un de ses poursuivants le trouvait, il n'avait aucune chance. Il entendit les deux chiens le chercher. Les souffles des molosses retentissaient, et le cœur du petit animal. De la sueur froide coulait le long de ses oreilles et joues. Il s'empêchait de couiner de peur, soufflant très bas.
Pendant une bonne demi heure, les animaux grognèrent et fouillèrent, mais ils partirent ce délai passé. Alors, tremblant, le petit animal sorti de sa cachette. Le noir était un peu atténué. Quelques brides du ciel étaient violettes voir bleu foncé par endroits. Le cœur du canidé s'était calmé. On pouvait maintenant voir à quoi il ressemblait. Il s'agissait d'un Medhyena, un petit Pokémon aux airs agressifs bien qu'il s'agisse d'une créature assez pacifique. Ses grands yeux jaunes ressortaient sur son pelage sale et emmêlé. Une petite canine sortait légèrement de ses babine supérieures. Ses griffes étaient cassées et pleines de terre. Quant à ses yeux, ils étaient éteints et ternes. Et il semblait harassé par la fatigue. Dans tous les cas ses côtes étaient presque saillantes sous son pelage. C'était presque invraisemblable que dans cet état il ai pu échapper aussi efficacement aux deux Pokémon de la veille –des Démolosse. Encore un peu aux aguets, les yeux du petit chien allaient dans tous les sens et il était sur le qui-vive.
En réalité, ce Pokémon est un animal à la charge de la mafia italienne. Tout du moins, il l'était. Nommé Alto, il travaillait quelques jours avant encore pour la sale besogne de l'association mafieuse. Seulement, après la découverte d'un trafique horrible de Pokémon, Alto décida de s'enfuir. Encore son plan aurait-il été simple s'il n'avait pas fait part de cela à l'un des autres Pokémon au service de la mafia. Il averti bien évidemment les humains. Comme tout repenti, il devait être exécuté. Bien qu'il ne s'agisse que d'un animal, il pouvait très bien reconduire la police au repère des vilains. Pourtant, le Medhyena s'enfuit, bien qu'il eu du mal et parti à l'opposé de la ville. Des molosses furent tout de même envoyés à sa suite, avec l'ordre de le tuer. Au début, Alto avait une dizaine de chiens à ses trousses. Mais il les sema pour la plupart. Il fut retrouvé quelques jours après près de la planque de l'organisation. Dans tous les cas, les Démolosse se contenteraient de briser la nuque à un autre Medhyena et ramèneront le corps à leur maître… Alto serait alors tenu pour mort. Mais le petit chien ne voulait pas s'en arrêter là. Il savait qu'il y avait bien d'autres horreurs dans l'ombre. Il avait donc décidé de rejoindre la mafia d'une autre ville d'Italie –sûrement assez proche il s'était dit. Mais il le savait, il serait engagé s'il le demandait, personne ne pourrait confirmer qu'il s'agisse vraiment de lui. Enfin, s'il avait de la chance.
La petit Medhyena avait tout de même un petit creux. Bien sûr, il n'était pas du tout sûr de trouver quelque chose pour se nourrir mais ça valait la peine d'essayer. Il se détendit donc et marcha lentement dans les petites rues, prenant le temps d'observer les alentours. La ville de Naples était encore endormie. C'était logique, les humains dormaient souvent tard, contrairement aux animaux qui ont l'habitude de profiter de leurs journées –sauf les félins. Alto n'espérait pas qu'un commerce alimentaire soit ouvert à cette heure. Il allait juste fouiner dans les restes des restaurants et boulangeries. C'en était presque affligeant pour lui, qui peu avant été nourri, même si c'était peu. Le Medhyena se rendait compte à quel point il allait avoir du mal à se réhabituer à sa vie d'avant, celle qu'il avait juste avant son intégration à la mafia. L'ancien maffioso ne chercha pas bien longtemps. Il tomba sur les poubelles d'une boucherie. Un jambon de parme un peu dépassé était soigneusement emballé dans du film plastique. La viande sentait très fort et quelques bouts étaient rouge vif. Aucun humain un minimum… « humain » n'aurait voulu de cette viande en effet. Mais Alto n'était pas de cet avis et mangea le jambon avec délectation. Ses yeux se remirent déjà quelque peu à frétiller, donnant une image plus vivante à son petit corps. Le petit Pokémon ne pris pas le temps de savourer plus et reparti déjà en se léchant les poils jusqu'au museau. Il était repu et se sentait ragaillardi.
Il se mit à réfléchir à comment voyager jusque dans une autre ville sans vivres ni sans savoir quel chemin prendre. Déjà, une chose était impossible : qu'il y parvienne seul. Il avait prévu à la base d'aller à Milan, où il était sûr de trouver refuge. Mais en comptant que Milan se situait tout au nord du pays italien, son expédition s'arrêterait en cours de route. Alors soit Alto choisissait de raccourcir son itinéraire, soit il choisissait de risquer sa vie avec à la clé s'il réussissait, beaucoup plus… Bien sûr le Medhyena penchait pour aller jusqu'à Milan. C'était connu, les maffiosi sont prêts à tout pour arriver à leurs fins. Par contre, il faudrait qu'il se trouve quelqu'un à emmené, histoire de faire ses corvées… Après il s'en débarrasserait. Oui, c'était un bon plan. Il emmènerait un autre Pokémon avec lui et le laisserait juste au bord de l'arrivée. Comme cela il ne serait pas gêné par ce dernier.
Au même moment, il sentit sa tête percuter violemment quelque chose. Il recula, chamboulé, et releva la tête en titubant. Il grogna à l'intention d'il ne savait quoi. Ses yeux aperçurent une boulette rose, la tête baissée. Elle se releva d'ailleurs juste après, et le Medhyena découvrit que la tête était celle d'un Skitty. Le petit chat rose cracha sur son museau. L'espèce de croissant de lune sur son visage était d'un crème doux et soyeux et ses yeux étaient plissés au point qu'on ne voyait pas ses pupilles. Une petite canine dépassait de sa mâchoire supérieure, comme pour Alto. La queue du chat battit furieusement l'air puis il sembla se calmer. Il prit alors un air mauvais et fit une grimace narquoise à l'adresse du chiot gris.
« Ba vas-y, ne dis pas pardon ! Je te signale que tu viens de me rentrer dedans ! Pff, vous les canidés, tous les même. » La boulette rose s'assit sur son popotin et enroula sa queue autour de ses quatre pattes. « En plus tu sens mauvais. On dirait que cela fait plusieurs jours que tu n'as même pas léché tes poils. »
Alto eu envie de donner un coup de patte à la figure du chat. De quoi il se mêlait celui-là ? En quoi son apparence le concernait-il ? Et puis il ne sentait pas si mauvais que cela… Ha ces chats qui ne pensent qu'au pelage ! N'importe quoi. Le Medhyena se contenta de lui lancer un regard méprisant et s'en détourna, battant l'air de sa queue emmêlée.
« Au fait, je m'appelle Perle. Et je ne suis pas un garçon ! » La Skitty venait de crier la dernière phrase, comme si les pensées d'Alto lui étaient parvenues. « Tu ferais mieux de ne pas partir, quelque chose me dit que tu as besoin de quelqu'un. Pourquoi pas moi ? »
Le canidé se figea sur place, encore une patte en l'air, et plissa les yeux. C'était fou, non seulement elle avait comme deviné qu'il la prenait pour un mâle mais elle semblait au courant d'encore pas mal de choses. C'en était presque effrayant, mais le Medhyena fut plutôt curieux. Si elle ressentait les pensées par les sentiments, mieux valait qu'elle ne se serve pas de ce qu'elle savait de lui contre ses projets. Il préféra donc se tourner de nouveau vers elle et l'écouter. Mais elle n'en fit rien, toujours assise, comme attendant qu'il prenne la parole. Ils avaient l'air bien comique, tous les deux face à l'autre en train d'attendre. Ils étaient dans un endroit sans aucun passage, le soleil se levait à peine et il commençait à faiblement pleuvoir. Un frisson parcouru Alto, comme pour ne pas que ses membres s'engourdissent. Ses yeux jaunes étaient mi-clos, et ses oreilles rabattus. La pluie n'avait jamais été ce qu'il préférait, il n'était déjà pas bien gros alors si la pluie venait lui mouiller le pelage… Sa langue passa un vif coup sur son museau, sans rien attraper. La première goutte de pluie qu'il avait reçue lui dégoulina sur la joue. Il fixa son regard dans les yeux clos du chat qui lui était de front. Oui, pourquoi pas elle ? Comme ça il aurait quelque chose en moins à lui expliquer…
« Quesque qu'il te permet de dire cela ? Je ne t'ai rien demandé. » Le Medhyena avait remarqué que la provocation marchait bien avec elle. « Mais tu as l'air plus au courant de ce que je veux faire que moi-même. » Il marqua une courte pose. « Moi c'est Alto. »
La Skitty sourit narquoisement. Décidemment, elle aimait bien sembler supérieure aux autres ! Alto se retint de lui faire remarquer, au risque qu'elle ne lui saute dessus et le plaque a sol. En effet, le canidé gris était assez faible malgré ses techniques meurtrières. Il n'avait qu'un peu récupéré avec le jambon, et puis la course de la nuit lui tenait encore sur le cœur. Et puis elle tombait assez bien, il aurait presque cru au miracle en trouvant un potentiel partenaire aussi vite. Il n'allait certainement pas laisser filer sa chance.
« Je ne dirais pas ça à ta place, tu cherches quelque chose cela va sans dire. Raconte moi qui tu es et peut-être que je voudrais bien t'accompagner. Je te dirais aussi ce que j'ai à cacher si ça te rassure. Je ne cherche pas à t'embobiner. Je dois partir loin mais je ne peux pas faire le trajet seule. Toi aussi d'après… D'après ce que j'ai compris. Faisons le voyage ensemble, et nous serons tous deux arrangés. »
Alto se surprit à approuver. En cas normal il n'aurait jamais livré quoi que ce soit sur son passé un à un inconnu. Mais s'il avait également accès à quelques informations sur elle ce ne pouvait pas être négligeable. Elle avait également dis qu'elle devait partir loin. Pourquoi cela ? Dans tous les cas elle ne semblait pas menacée de mort. Impatient de savoir s'il partirait avec elle ou pas, il se contenta d'acquiescer. La Skitty lui sourit puis il lui raconta tout. Qu'il avait intégrer la mafia deux ans avant. Qu'il était devenu un bon maffioso et qu'il était utilisé pour des missions importantes. Puis il raconta la découverte du trafique de Pokémon. Entre d'autres créatures les agents animaux de la mafia étaient pris et tués s'ils n'étaient pas puissants et rapides. Et les créatures qui étaient trouvées dans les rues italiennes étaient également emportées. Alto ne découvrit jamais où. Il lui parla de ses projets d'évasions, de sa fuite puis de sa course avec les Démolosse. Ensuite il lui dit qu'il voulait partir vers Milan, mais ne lui parla pas du fait qu'il se débarrasserait d'elle. La Skitty écouta attentivement sans mot dire et à la fin, elle se tut un moment.
« Un mafieux, hein ? Tu t'enfuis pour sauver ta peau en fait. C'est bien courageux de tout dire sur toi à une personne que tu ne connais pas. C'est aussi complètement naïf mais on ne peut pas te le reprocher, tu es un canidé. »
« Quoi ?! Non mais vous vous entendez, vous les félins ? Je crois que les chiens et autres sont plus intelligents que vous, surtout quand on voit comment vous dormez à longueur de journée ! » Alto voulu sauter sur la Skitty. Mais il se ravisa sagement et se rassit, en grognant. « Je ne crois pas que tu risques de faire un voyage avec quiconque si tu traites tout le monde ainsi ! Si tu me cherche je n'hésiterais pas à te laisser au milieu d'un quartier plein de tueurs. »
« Ho, ça va, je rigolais. Si en plus vous n'avez pas d'humour. » La Skitty fit mine de se froisser. « Mais maintenant c'est à moi de te parler de mon passé. Comme cela nous serons quittes. Déjà je viens de Rome, j'ai voyagé dans un camion de marchandises de là-bas jusqu'ici. Je me suis enfuie parce que j'ai été capturée… Je ne sais pas vraiment par qui ni pourquoi mais tout ce que je sais c'est que je n'étais pas seule. Nous étions des centaines. Et un soir, on est venu me nourrir. J'ai sauté sur l'humain qui venait me donner une immonde pâtée et j'ai couru. Le lendemain je suis arrivée ici… Tout ce que je sais c'est que j'ai été suivie et que je risque ma peau si je ne sors pas incognito d'ici. Et avec ton histoire de trafique de mafieux j'ai comme l'impression qu'il y a un lien. Mais après je peux me faire des idées, c'est tout à fait possible. »
Alto réfléchis. C'était vrai, les deux affaires pouvaient avoir un lien. Ce que Perle n'avait pas précisé c'était comment elle vivait avant d'être capturée. Mais bon, cela n'avait aucune importance pour lui, elle aussi voulait sauver sa peau. Le Medhyena n'aurait jamais cru que cette frêle créature ai un danger quelconque sur le dos. Mais il était convaincu qu'elle lui serait utile lors du voyage. Oui, très utile et un bon compagnon. Sauf peut-être au niveau de son caractère de cochon. De toute façon Alto savait se défendre et il n'avait pas peur des coups de griffes d'un chaton rose pâle. Il savait riposter, et puis il avait un peu un semblant à ce niveau là, au moins… Et à deux ils seraient plus forts, tout du moins s'ils arrivaient à s'entendre. De plus, elle avait l'air de savoir beaucoup de chose, et ce serait peut-être bien utile au Medhyena lors de leur voyage. Elle avait donc beaucoup d'atouts qui n'étaient pas négligeables pour le voyage.
« Ok, c'est décidé, tu viens. »