Pikachu
Pokébip Pokédex Espace Membre
Inscription

Le Philosophe-Roi de Nyarno



Retour à la liste des chapitres

Informations

» Auteur : Nyarno - Voir le profil
» Créé le 18/10/2009 à 14:38
» Dernière mise à jour le 21/10/2009 à 17:34

Si vous trouvez un contenu choquant cliquez ici :


Largeur      
L'autre monde
« Je t'avais prévenu. »

Le jeune homme tomba à genoux et frappa le sol de frustration. Son Simiabraz venait de s'incliner face au puissant Rapasdepic qui retournait dans sa Ball. Le combattant du Conseil des 4 s'avança jusqu'à son challenger et s'accroupit.

« Tu ne devrais pas réagir comme ça.
- C'est facile à dire, pour toi…, commença le jeune dresseur.
- Non, ça ne l'est pas. Parce qu'à l'époque, j'étais comme toi. On se croit invincible, et un jour, on est remis à sa place. D'ailleurs, je n'ai encore jamais réussi à battre Marc… Mais il nous reste qu'à nous entraîner encore plus, pas vrai ?
- … Oui, tu as raison. »

Ed se redressa et aida le jeune dresseur à se relever. Après l'avoir remercié pour ce combat, il quitta la salle, passant par la même porte qu'il avait empruntée pour y pénétrer. Son vainqueur soupira, et comme obéissant à un rituel, baissa les yeux vers sa main droite où un ovale d'un noir de jais était visible. Plus de cinq ans s'étaient écoulés depuis la dernière fois où il avait du se servir des pouvoirs que lui conférait ce tatouage pour le moins inhabituel.

Ed était un Elu. Derrière cette appellation qui semblait sortie tout droit d'un film banal ou d'un jeu vidéo se cachait une histoire bien plus complexe et tragique qui impliquait une vingtaine de personnes, si on s'en tenait à ce groupe si modestement nommé « Elus ». Le jeune champion de la Ligue représentait le type Ténèbres, ce qui signifiait qu'il était à peu près aussi dangereux, si ce n'est plus, que le Pokémon qu'il transportait dans une Ball renforcée pour plus de sécurité.

« Ed ?
- Ouais. »

Le jeune homme se retourna. Marc venait de pénétrer dans la pièce. Vêtu d'un costume de marin bleu et blanc, grand, et possédant ce que les femmes qualifieraient –et elles ne se privaient pas de le faire– de « beauté incomparable », Marc avait tout du leader charismatique et puissant du Conseil des 4, rôle qu'il remplissait à merveille depuis la mort d'Aragon, un peu plus de cinq ans auparavant.

« Pierre vient de me dire qu'on avait été demandés à Sinnoh. Préviens les autres.
- Qu'est-ce qui se passe ? demanda le jeune homme, méfiant.
- Hé bien, il semblerait qu'on doive à nouveau défendre le pays. »

Ed resta silencieux quelques moments, puis il soupira à nouveau. Bien sûr… C'était ainsi. Un conflit n'arrivait jamais seul, et celui de Sento ne ferait pas exception. Il s'était préparé à cette éventualité, mais une question occupait son esprit. Qui était leur nouvel ennemi ?

A peine quelques minutes après que Marc ait prévenu Ed de la menace qui planait sur l'archipel, le Conseil des 4 de Hoenn apparut subitement devant le bâtiment de la Ligue Pokémon de Sinnoh. Pierre marchait en tête du groupe alors que Spectra rappelait son Teraclope. Ils s'approchèrent du bâtiment et en franchirent la porte. Derrière un comptoir qui tenait lieu d'accueil, une jeune femme semblait absorbée dans un dossier.

« Bonjour, Joris. » lança Pierre d'une voix claire.

La dénommée Joris sursauta et leva les yeux vers eux. Immédiatement, elle bondit de son siège et contourna le comptoir pour s'incliner légèrement devant la plus haute autorité de tout Hoenn.

« Bienvenue. Nous n'attendions plus que vous. Veuillez me suivre, je vous prie ... »

La réceptionniste se dirigea vers une porte, près du comptoir. Le petit groupe lui emboîta le pas, discutant entre eux à voix basse. Quiconque ne savant rien de Hoenn n'aurait jamais pu deviner que ces quatre personnes décontractées et beaucoup moins cérémonieuses que Joris composaient en fait le groupe de dresseurs d'élite connus sous le nom de Conseil des 4. Pierre était le seul représentant de Hoenn à garder un air grave : après avoir passé tant de temps à se battre contre Sento, il ne pensait sûrement pas avoir de nouveau des problèmes avant un moment.

Ils parcouraient à présent un long couloir au bout duquel se trouvait une magnifique double-porte, sur laquelle une plaque indiquait « Salle de réunion ». Joris toqua et une voix répondit « Entrez ». Ils s'exécutèrent.

Au milieu de cette salle, plusieurs personnes étaient assises autour d'une longue table, mais beaucoup de sièges restaient vides. Le Conseil des 4 de Sinnoh était présent, ainsi que Cynthia, l'ancienne Maîtresse de la Ligue, et Lilian, le dresseur qui l'avait détrôné. Ed pensa qu'il n'avait pas changé : la même coiffure, le même foulard beige autour du cou, la même expression pensive sur le visage. Il se leva dès que les représentants de Hoenn apparurent dans l'encadrement de la pierre.

« Maicherzamis bonsoir ! » lança une voix avant que Lilian ait pu ouvrir la bouche.

Il s'agissait d'Antoine, son meilleur ami, plus boute-en-train et blagueur qu'un car rempli de clowns. Etait aussi présente Aurore, la petite amie de ce jeune blondinet, ainsi que quelques autres jeunes personnes. Enfin, à la droite de Lilian, était assis le professeur Sorbier, le génial docteur ès Pokémon. Si on exceptait les deux Conseils, toutes les personnes présentes étaient des Elus.

Les Elus étaient des personnes très particulières. Reconnaissables à l'ovale noir de jais visible sur leur main droite, ils étaient détenteurs de pouvoirs dépassant l'entendement. Chacun représentait un type de Pokémon particulier –le seul type échappant à cette règle était le type Dragon, représenté par Lilian, Elu de l'Espace, et Sorbier, Elu du Temps – et avait un Pokémon qui symbolisait cette appartenance à un type particulier. Le Pokémon-Elu d'Ed était un puissant Grahyena, hérité de feu sa mère, dresseuse aimée de beaucoup, détestée de peu, et respectée par tous.

« Salut. Je suis content que vous ayez pu vous libérer pour ce petit pique-nique, plaisanta Lilian.
- Tu sais, quand on t'a eu au téléphone et quand on est entré, on aurait dit que tu avais fait un bond dans le passé de cinq ans, commença Pierre. Et maintenant, tu nous annonces qu'on est venus partager un bon saucisson et du pain de campagne ?
- En fait, c'est un peu plus compliqué que ça, répondit son homologue de Sinnoh. Si vous voulez bien prendre place… »

Il désigna quelques sièges vides dans lesquels s'assirent les représentants de Hoenn. Si vraiment l'archipel avait un ennemi, celui-ci n'aurait eu qu'à bombarder le bâtiment à ce moment précis pour se débarrasser de tous ses plus puissants opposants.

Depuis la guerre de Sento, Hoenn et Sinnoh décidèrent d'adopter le même système politique que Kanto et Johto : ces deux îles étaient dirigées par le Conseil des 4, à la tête duquel Régis, petit-fils du professeur Chen, avait laissé Peter reprendre sa place. La Ligue Pokémon gérait les affaires politiques et militaires. Après la dissolution de l'armée de Sento, Pierre et Lilian étaient devenus les uniques dirigeants de Hoenn et Sinnoh, appuyés toutefois par leurs Conseils qui bénéficiaient de beaucoup d'influence. Ainsi, quand l'actualité politique l'exigeait, une réunion avait lieu à la Ligue Pokémon de Sinnoh ou à la Tour Céleste de Hoenn, nouveau bastion de la Ligue depuis sa restauration.

« Bien, nous sommes tous là. Je déclare cette réunion officiellement ouverte, déclara solennellement Lilian.
- Hé bien, c'est pas trop tôt ! »

Ed se retourna. Au-dessus de la porte par laquelle ils étaient entrés se trouvaient plusieurs écrans dont deux étaient allumés. Sur le premier, on pouvait voir le visage d'un homme d'une quarantaine d'années, l'air sérieux et concentré. Il respirait le charisme et l'intelligence.

« Ca faisait longtemps, Peter, lança Pierre.
- Cinq ans. Depuis notre dernière réunion. »

A la droite de Peter, un autre écran était allumé, qui montrait le visage d'une magnifique jeune femme. Ed se rappela que, cinq ans auparavant, elle avait l'air beaucoup plus torturée quand un énorme faisceau d'énergie pure avait terrassé l'arme ultime de Sento qui s'était révélée être le frère de la prénommée Megan. Il éprouva un sentiment de dégoût en repensant au fou responsable de tout ça. Une seule personne, dont le nom était toujours inconnu du grand public, et que tous espéraient vainement oublier un jour tout en sachant parfaitement que cela leur serait impossible. Aujourd'hui, la fille de ce despote se trouvait sur cet écran et leur parlait depuis Sento, dont elle est devenue la dirigeante. Elle reprit sèchement la parole :

« Alors ? Désolée d'être aussi pressante, ajouta-t-elle d'un ton plus doux. Mais j'avais espéré qu'on n'aurait plus jamais de réunions de ce genre…
- Je sais, répondit Lilian. C'est aussi mon cas. Mais quand il le faut…
- Exactement. D'ailleurs, qu'est-ce qu'il faut ? demanda Peter.
- Voilà… Vous vous souvenez de notre dernière bataille, je suppose. Il se trouve que l'énergie pure qu'on a utilisée pour détruire Icare –Megan déglutit bruyamment– a été vue par, disons, le monde entier « grâce » à certains satellites. A l'époque, nous avions envisagé de passer un accord avec les dirigeants politiques les plus importants de ce monde, dans lequel les Pokémon n'existent pas. Heureusement, ils ont décidé que toute leur artillerie ne leur permettrait pas de nous ennuyer assez, et ont laissé tomber l'idée de venir nous rendre visite, comme vous le savez tous.
- Mais… ? demanda Pierre.
- Mais…, soupira l'Elu de l'Espace. Cette décision n'a pas plu à tout le monde. La vidéo de notre attaque a été transmise à la télévision, puis sur Internet, sur des sites comme Youtube. Et les gens ont peur. Ils ont peur de nous, de ce qu'on pourrait leur faire, et ils ont vu les Pokémon aussi. Pendant qu'on se battait contre Icare, Pierre et les autres se battaient avec leurs Pokémon à côté, et ils les ont aperçus. Entre les scientifiques fêlés qui veulent savoir si ce sont des dinosaures qui auraient survécu, les fous furieux qui les trouvent « trop cool », on risque d'en avoir pas mal aux basques.
- Aucun risque. » répliqua Peter.

Tout le monde se tourna vers lui.

« Vous savez que notre archipel se trouve dans une zone que certains, dans l'autre... Monde, appellent le « Triangle des Bermudes ». Cette région est réputée pour être extrêmement dangereuse.
- C'est-à-dire ?
- Hé bien, des bateaux, des avions qui passent par là disparaissent. Les scientifiques ont élaboré une hypothèse selon laquelle ce serait dû à l'hydrate de méthane, un certain gaz qui… Enfin bref. D'autres pensent que ce serait dû à un cristal de l'Atlantide. Ce sont ceux-là qui sont les plus proches de la vérité.
- Qu'est-ce que tu veux dire ? demanda Ed.
- En réalité, peu de gens le savent… C'est Aragon qui me l'a appris quand j'étais encore son disciple. Il m'a dit que c'étaient les Leviator. Les sauvages. Ce sont eux qui attaquent les navires et les avions avec leur Draco-Rage. »

Suite à cette révélation, le silence se fit. Ed savait que tout le monde se posait la même question que lui. Megan confirma ce qu'il pensait.

« Mais pourquoi les Pokémon sauvages restent dans la région, si rien ne les empêche de partir ?
- Ca, je crois que je le sais, dit Lilian. Ce doit être dû à Arceus.
- En effet, intervint Sorbier. J'ai élaboré une hypothèse sur ça. Magicarpe et les fossiles sont la preuve que les Pokémon n'ont fait qu'évoluer au cours des siècles. Avant, ils ne pouvaient pas se déplacer, et ils sont restés ici. Arceus savait que les humains, ayant vécu loin de ces créatures, n'auraient pas pu les voir débarquer d'un coup, et il savait que ce ne serait pas bon pour eux. C'est comme si on mettait le parfait citadin au beau milieu d'une jungle : il finirait vite dans l'estomac d'un animal sauvage.
- Donc, il s'est servi de ses pouvoirs pour que les Pokémon restent ici…
- Exact. Un champ magnétique ou quelque chose dans ce genre, allez savoir… Mais ça reste une hypothèse. »

A nouveau, le silence. Cette fois, ce fut Lilian qui le brisa.

« De toute façon, ce n'est pas le sujet de cette réunion.
- Mais puisqu'ils ne peuvent pas pénétrer dans le Triangle des Bermudes ?
- Justement, ce n'est pas sûr du tout, répondit le maître de cérémonie. Tout d'abord, vous devez savoir à qui nous avons affaire. »

Il prit une commande devant lui qu'Ed n'avait pas vue jusqu'alors et fit pivoter son fauteuil. Il appuya sur un bouton et un écran vierge s'abaissa. Kim, l'Elue du Feu âgée de seize ans, se leva et alla éteindre les lumières. Un ordinateur se trouvait dans un coin. Elle cliqua cinq ou six fois et brancha un appareil qui projeta sur l'écran blanc ce que montrait l'ordinateur. Elle mit alors en route une vidéo. Deux hommes cagoulés apparurent. L'un d'eux prit la parole :

« Nous savons où se trouve votre pays. Nous savons aussi que vous détenez ces créatures qu'on appelle Pokémon et que ce sont eux qui ont attaqué sur la vidéo diffusée dans le monde entier. Nous vous demandons de nous livrer ces Pokémon, sans quoi, nous attaquerons immédiatement. N'essayez pas d'opposer de résistance. N'essayez pas de nous retrouver avant qu'on vous recontacte. Nous vous enverrons un autre message bientôt. »

L'écran redevint noir. Kim éteignit l'écran et revint s'asseoir. Un silence gêné s'installa, brisé par Terry, Maîtresse des Pokémon Sol de Sinnoh.

« Mais c'est ridicule. Ils ne peuvent pas pénétrer aux Bermudes, ils ne le peuvent PAS…
- Ca, c'est ce que vous croyez, Terry. Vous avez peut-être remarqué que la vidéo a été postée sur un site public. Et vous avez peut-être remarqué que l'adresse de ce site, c'est Feli-Video.SN.
- Et alors ?
- Tout à fait, patron. »

Une fois de plus, tout le monde se retourna. Dans l'encadrement de la porte se tenait un homme portant une blouse de scientifique et une paire de lunettes.

« Ah, Arno. »

Lilian fit signe au meilleur expert en informatique que son équipe comportait d'entrer. Il ne se fit pas prier, et jeta sans cérémonie un dossier sur la table avant de se laisser tomber dans un siège.

« Ma chère Terry, vous savez peut-être que l'archipel possède son propre réseau. C'est une sorte d'Internet à nous, mis au point par de grands experts, que les ordinateurs du reste du monde ne peuvent pas atteindre. Or, ce site, c'est Feli-Video.SN, SN comme Sinnoh.
- C'est pas vrai, lâcha Pierre, alarmé.
- Si. Ca veut dire que ces terroristes sont aux Bermudes. »