Une confiance mutuelle
-Mince, mince, MINCE ! Cette fois c'est cuit !
Le docteur tenta une dernière fois de faire repartir le cœur de Marie, mais il n'y arriva pas. L'équipe médicale resta un instant interdite devant le corps de la jeune fille, puis le médecin éteignit l'oscilloscope.
-Notez… heure du décès, 19h42.
-non…non…NOOOOOOOOOOON !
Léa hurlait et Maxime la retenait aussi fort qu'il le pouvait. Luna était chez elle et ne pouvait pas la consoler, cependant personne n'aurait pu le faire.
-Non, rechoquez-la, je vous en supplie ! S'il vous plait ! Fit-elle d'une voix tremblante.
Le médecin s'approcha de la jeune fille et tenta de parler.
-Je… Nous avons essayé, mais c'est trop tard… Je suis désolé.
-S'il vous plait, une dernière fois…
-Si vous voulez…
Il ralluma l'oscilloscope. Le bip lent et continu se fit à nouveau entendre. Le médecin rechargea les deux palettes de métal et appuya sur la poitrine de la jeune fille. Celle-ci se cambra légèrement et trémoussa imperceptiblement sur son lit sous le choc. L'oscilloscope vacilla puis reprit sa ligne droite et son bruit intolérable. Léa ferma les yeux et se colla contre le torse de Maxime.
-Dis-moi que je rêve, je t'en supplie Max…
L'équipe médicale partit, complètement désemparée, oubliant même de débrancher l'oscilloscope. Léa sortit de l'étreinte de Maxime qui ne disait rien. Elle s'approcha lentement du corps de Marie, quand soudain, la porte s'ouvrit en grand. Un homme mince et mal rasé venait d'entrer. Ses habits étaient sales et déchirés et ses cheveux désordonnés.
-C'est interdit d'entrer ici, fit Maxime en contrôlant sa voix. Et… je…
Léa se retourna, et ne comprit pas pourquoi Max n'avait pas encore fermé la porte violemment sur cet étranger, lorsque soudain elle poussa un cri étouffé par la main qu'elle mit devant sa bouche.
-Thomas ! Firent-ils tous les deux.
Il avança sans un mot, vers le lit qu'il avait quitté il y avait maintenant plus d'une semaine. Léa se remit alors à pleurer.
-Tu… c'est pas trop tard… elle vient juste de… mais toi, t'es là et tu vas la sauver n'est-ce pas ?
Tom sourit tristement.
-Non… je… je pouvais la guérir, je peux pas la ressusciter.
-C'est pas possible, mais où étais-tu alors ? P…pourquoi t'es pas resté auprès d'elle alors…pou…
Le garçon passa une main sur l'épaule de Léa.
-J'ai dit que je ne pouvais rien faire, j'ai pas dit que c'était fini pour autant.
* * *
Quelques heures plus tôt, dans l'avion menant à Paris. Tom dort à poing fermé.
Qu'est-ce que je vais faire… Je sais que je vais arriver trop tard, je le sens et… Qu'est-ce que c'est que ces flèches de lumières ? Qu'est-ce que…
Marie est devant lui, furieuse.
-Tu te fous de moi Thomas ? TU TE FOUS DE MOI ?
-Marie c'est…
-Ca sert à quoi les beaux sermons que tu à fais à l'autre foutu koala tout à l'heure ?
Le corps de la jeune fille se transforma alors en celui du garçon. Mais le reflet n'avait pas l'aspect actuel de Thomas, il était propre, bien habillé et bien coiffé.
-Imbécile ! Tu crois en ton Amour ou quoi ? Je croyais que tu étais sûr de celui de Marie !
-Bien sûr !
-Alors fais lui confiance. Tu as dit à Alaok que tu ne t'inquiétais pas pour elle. Tu crois vraiment qu'une fille comme elle va se laisser faire ?
-…
Un silence puis :
-Bien sûr que non !
Le reflet disparut aussitôt et Tom se réveilla.
* * *
Cette lumière qui m'appelle
Est de plus en plus attirante
Et je…
Mais j'en ai rien à faire de cette lumière !
Je vois voir Tominou tout de suite !
C'est un ordre
JE VEUX LE VOIR !
* * *
Tom regardait avec tendresse Marie.
-Allez ma vieille, montre-moi de quoi t'es capable.
Maxime s'approcha, le regard sombre.
-T'es devenu fou ? Est-ce que…
-Regarde plutôt… Allez Marie, tu peux le faire.
Il ne se passa absolument rien. Le corps ne bougea pas d'un millimètre. Les trois le regardaient tellement attentivement qu'ils oublièrent alors de se concentrer sur l'écoute de l'oscilloscope. Ce fut Léa qui s'en rendit compte la première. Elle ouvrit de grands yeux.
-ECOUTEZ !
Le bip avait reprit son rythme saccadé. Ils auraient donnés n'importe quoi pour entendre cette douce musique toute leur vie. Maxime s'éloigna alors puis déclara :
-Maintenant prouve-nous que t'as pas été faire le mariolle pendant tout ce temps. Je veux voir Marie bouger !
Tom se retourna, les larmes aux yeux.
-T…t'inquiète pas pour ça minable.
Il s'approcha tendrement du visage de la jeune fille. Etrangement, il lui sembla qu'elle souriait, mais ce devait être une simple impression. Thomas murmura alors :
-Je suis bête, j'ai même pas demandé à Alaok ce que je devais faire pour te réveiller ma chérie. Bon, je suppose que c'est à moi d'improviser.
Il approcha ses lèvres des siennes.
-On va jouer les princes charmants.
Il l'embrassa.
Un violent éclat vert parcourut alors la pièce, obligeant Léa et Max à fermer les yeux. Le corps de Marie tressaillit doucement et sembla être parcourut par ce même éclat vert. Thomas ouvrit les yeux et décolla ses lèvres de celles de Marie.
Marie ouvrit alors ses grands yeux noirs étincelant. Elle ne prit pas la peine de regarder autour d'elle. Son regard était fixé sur celui de Tom. Elle hésita puis ouvrit la bouche et dit d'une voix à peine audible mais ô combien douce et délicate.
-Je t'aime.
Cependant, à ce moment là Tom recula vivement. Marie se redressa doucement, sans comprendre ce qu'il se passait. A la vue de ce miracle Léa poussa de nouveau un cri, mais cette fois il fut accompagné de larmes de bonheurs. Max se retourna vivement et se gratta l'œil.
-Marie ! Cria Léa.
-Hello, fit-elle en souriant.
Cependant, elle se retourna vers Thomas.
-Tom, qu'est-ce qui ne va pas ?
Il reculait, tremblant.
-Mon chéri, c'est bien moi, je te le jure !
-Je… je peux pas ! Murmura-t-il affolé avant de répéter, bien plus fort. JE PEUX PAS !
Il sortit en courant de la chambre d'hôpital et se réfugia sur le banc du grand parc de l'hôpital de Feuille-Neuve. Il replia ses jambes sur lui-même et cacha sa tête entre ses genoux.
Dans la chambre d'hôpital Marie ne comprenait pas et se mit à sangloter.
-Qu…qu'est-ce que j'ai fais …
Léa s'approcha d'elle et l'enserra dans ses bras.
-Tu as vu dans quel état physique il est ma chérie ? Il a certainement du faire je ne sais quoi… D'ailleurs je ne comprends pas comment il a réussi a… Mais je m'en fiche, et si je rêve, et bien je ne souhaite jamais me réveiller.
Maxime s'approcha alors et fit un sourire en coin à Marie.
-Salut, fit-il de sa voix grave.
-Hello.
-Je vais aller parler à ton chéri.
-Non, laisse le, i..il…
-Je vais voir ce que je peux faire… Essaie de le comprendre. Il a été au Tibet pour toi.
Léa et Marie restèrent bouche bée.
-Au Tibet ?
-Maxime, comment se fait-il que tu saches ?
-Pendant que Luna et toi veillaient sur Marie, j'ai … parlé avec Félix et il m'a expliqué tout un tas de choses…
Maxime leur expliqua tout, de la découverte de la bibliothèque dans l'entrepôt de Félix, au départ de Thomas en passant par l'explication qu'il avait eu de Spliffman sur cette légende. A la fin de son discours un applaudissement lointain se fit entendre. La porte de la chambre s'ouvrit. Un inconnu aux longs cheveux noirs était encore entrain de frapper des mains alors que Félix, Luna, Dark-Crystal et une fille qui rappelait quelque chose à Maxime entrèrent.
L'inconnu prit le premier la parole.
-C'est exact. Thomas a fait un truc assez dingue pour te sauver miss, je serais toi je me dépêcherais d'aller lui faire un gros bisous.
-…Mais… mais c'est ce que j'ai voulu faire et…
-Et Tom s'est enfuit comme un fou.
Luna se passa une main sur le front.
-Et moi qui voulais le revoir…
Marie poussa délicatement Léa pour voir tout le beau monde qui était entré et fut heureuse de voir tous ses amis, surtout Jérôme.
-Hey ! Comment vas-tu ? Et que fais-tu là ?
Félix se gratta la moustache.
-On va dire qu'il nous a bien aidé…
-Ah mais… GAELLE !
-Marie !
La jeune fille s'approcha de Marie et la serra dans ses bras.
-Marie ! J'ai tellement eu peur pour toi. J'osais pas venir te voir !
-Je me disais bien qu'elle me rappelait quelqu'un, marmonna Maxime.
Chacun s'approcha pour voir comment allait Marie et tous purent constater qu'elle était en parfaite santé, se demandant même si elle avait été réellement dans le coma. Sylvain expliqua alors l'histoire complète d'Alaok et du parcours de Thomas, car celui-ci lui avait tout raconté en détail dans le trajet retour en avion. Tous frissonnèrent lors de certains passages et les plus sensibles ne purent s'empêcher de pleurer. Entendant du bruit, l'équipe médicale revint dans la chambre et faillit défaillir à deux reprise, la première en voyant le monde dans la chambre, la seconde en s'apercevant que Marie était assise sur son lit. Heureusement grâce à l'influence des Antis, l'affaire de ce miracle fut complètement étouffée au sein de l'hôpital. Des examens furent cependant fait à Marie et, incrédules, les médecins s'aperçurent qu'elle était en grande forme, bien qu'elle soit encore un peu fatiguée.
Elle eut l'autorisation de sortir, et tous s'en allèrent de l'hôpital, à l'exception de Maxime qui resta dans le parc.
* * *
Il était là, devant le grand étang du parc de l'hôpital, à lancer des cailloux dans l'eau.
-Ta mère s'inquiète pour toi.
-J'irai la voir, répondit Tom sans se retourner.
-Je m'inquiète pas pour elle, par contre pour Marie…
-…
-Hep, je sais ce que c'est que d'être un dur et puis du jour au lendemain devenir, ou redevenir, quelqu'un de doux et gentil, qui peut aimer.
-…
-Bon ok, c'est pas pareil d'avoir eu une vie pas facile comme la mienne et sce que t'as vécu, mais n'empêche, le résultat est à peu près le même. Tu te retrouves à jouer les gros durs alors que maintenant faudrait plutôt être Casanova.
-Je… Quand elle m'a regardé… j'ai rien réussi à lui renvoyer comme… Laisse tomber, tu peux pas comprendre.
-Bien sûr que si.
Maxime s'approcha et posa une main amicale sur l'épaule de Thomas. Celui-ci fondit en larmes à ce moment.
-Thomas… Ce que t'as fait, c'est… ah putain, je suis nul pour trouver mes mots mais… c'est la plus grande preuve d'amour. T'as du devenir fort pour elle et c'est normal que maintenant ça soit difficile pour toi de revenir à la douce réalité.
-Mais… je pourrais plus jamais l'aimer !
-Arrête tes conneries !
Il le retourna violemment, se retrouva face à face. Leurs deux silhouettes n'étaient plus qu'une ombre dans le pourpre du soleil couchant. Maxime affichait un léger sourire.
-Thomas… Merci mon ami.
Il le prit dans ses bras, et Tom crut étouffer face à la gigantesque pression du garçon, mais aussi face à ce qu'il venait de lui dire. Après cette accolade plutôt sportive Maxime le lâcha puis continua :
-Maintenant, même si c'est dur, faut que tu reviennes à ta vie de tous les jours, ok ?
-Je… je vais essayer.
-Quand j'ai ''récupérée'' Léa, j'avais aussi du mal à aimer de nouveau. Mais j'ai réussi. Regarde le bon côté des choses, il faut que tu retombes amoureux !
-Mais je suis amoureux !
-Alors c'est juste que t'as besoin qu'on te rafraîchisse les idées… minable !
Il le poussa du genou.
-Hey ! ! ! Fit Thomas en tournant les bras dans le vide.
Il glissa et tomba dans l'étang. Il ressortit immédiatement sa tête en dehors du l'eau.
-Maxime ! Espèce de fils de …
-Tu as dit que tu étais encore amoureux, c'est la seule chose que je voulais entendre.
Il éclata de rire et s'en alla. Tom sortit de l'étang, grognant et essorant ses habits complètement trempés. Mais lorsque Maxime ne fut plus visible, il murmura :
-Merci…