World of Tem : Tome 7 : Je te sauverai de CaliKen

-Où je suis ?
Tom tenta d'ouvrir les yeux mais la fatigue l'en empêcha. Cependant, petit à petit, il sentit qu'il reprenait des forces et les ouvrit finalement. Alaok était devant lui et pointa un de ses petits doigts griffus sur son front. Sans bouger la tête, le garçon regarda autour de lui.
-On est dans votre grotte ?
-Je t'ai ramené ici, tu étais presque mort. Je t'ai soigné, tu peux repartir si tu le souhaites.

Alaok retira son doigt. Tom regarda immédiatement dans le trou de ses vêtements : plus de blessure, pas même une petite cicatrice.
-Merci Alaok. Je n'ai pas de temps à perdre. J'espère qu'on se reverra dans de moins fâcheuses circonstances.
-J'ai observé ton combat avec cet homme.
-Ah…
-Je devrais prendre exemple sur toi… La sagesse est quelque chose qui se perd facilement tu sais. Je n'aurais jamais été capable de vouloir épargner ce monstre.
-Je voulais l'épargner pour le…
-Oui je sais. Mais bien peu d'hommes auraient agis comme toi. Il est dommage que si peu de gens te ressemblent.
-Je ne crois pas Alaok. Seulement… A mon avis, les gens bien ont tendance à se cacher ou à être discret, alors bien sûr on pense qu'ils n'existent pas ou qu'ils sont peu nombreux. Alors que les autres, eux, n'hésitent pas à se faire entendre… Mais je ne pense pas qu'on puisse juger toute une espèce avec quelques exemples seulement.
-C'est bien ce que je disais, sous tes apparences de garçon comme les autres, tu caches une grande sagesse. C'est pour ça que lorsqu'il t'a tiré dessus avec son espèce d'engin cracheur d'explosion, j'ai voulu te sauver.
-C'était vous ?
-Bien sûr. Qui d'autre que moi aurait put te sauver d'un tel choc sans que tu n'aies pas la moindre égratignure.
-Bwah… vous êtes pas très modeste.
-J'ai oublié de l'être, comme j'ai oublié de rester sage. Tu l'es bien plus que moi…
Ils se dirigèrent vers la sortie de la grotte.
-Je ne pense pas être sage, je suis juste gentil, enfin j'espère. Et je sais que je suis pas le seul. A l'avenir, essayez de pas généraliser et ne rangez pas tout le monde dans le même panier.
-J'y veillerai.
-La généralisation, ça n'a jamais été très bon, on a perdu beaucoup de nos semblables avec des bêtises pareil… Et on continue encore de se foutre sur la gueule entre frères, mais malgré ça, il reste une majorité de gens bien, croyez-moi.
-Il est plutôt difficile de rester optimiste avec le genre humain, mais voir quelqu'un comme toi laisse un peu d'espérance au fond de mon vieux cœur. Au fait… où vas-tu ?
-Bah je retourne chez moi.
-Tu l'as dit toi même Thomas, tu n'as pas de temps à perdre, alors approche.
-Mais…

Alaok regarda le garçon et eut un faible sourire. Puis il se retourna et s'en alla.
-Attendez, qu'est-ce qui se passe ?
Tom voulut s'approcher de lui mais semblait paralyser. Une douce lueur blanche l'enveloppait.
-Qu'est-ce que…
-Au revoir, mon jeune ami, fit la voix lointaine du koala.
La vision de Tom se troubla, et il dut fermer les yeux, aveuglés par cette lueur étincelante.


* * *

-Ah punaise, une bonne petite clope… Y a rien de meill…AAAAAAAAAAAH
Sylvain fut écrasé au sol. Il se releva, se tenant le dos et grimaçant, puis eut un air étonné en voyant que c'était Thomas qui venait de lui tomber dessus.
-Il pleut des Bratin ? J'étais sur de n'avoir mis que du tabac dans ma cigarette, pourtant…
-J'ai pas de temps à perdre Sylvain, je crois que j'ai été téléporté.
-Rien que ça !
-Il faut absolument que j'aille parler à Ichao.

En quelques minutes, Tom avait exposé la situation au vieux moine et à Sylvain. Ichao avait déjà comprit que Xiangpo était décédé, il l'avait ressenti en lui-même dès que le meurtre avait eu lieu.
-Paix à son âme. Il me coûte de dire ce propos si matérialiste mais, avec la disparition de Xiangpo s'éteint la ligné du Guide…
-Je n'y avais pas pensé, murmura Tom… Je… je suis désolé pour vous et…
Ichao se leva et s'inclina respectueusement devant le garçon.
-Ne sois pas désolé, nous te devons beaucoup. J'ai sentit un grand bouleversement dans l'esprit d'Alaok. Celui-ci ne me laisse pas souvent l'occasion de ressentir ses émotions, ce ne sont que colère et frustrations, mais cette fois–ci… Thomas, tu seras toujours le bienvenu.
Sylvain s'approcha d'Ichao.
-Ichao, tu te rappelles de la discussion qu'on a eu un jour et bien je pense qu'il est temps.
-Je le pense aussi. Reviens nous voir mon ami.
-No problémo !
-Tu pars aussi ? S'étonna Thomas.
-Ouaip, il est temps d'affronter la dure réalité de la jungle urbaine…
-…
-Punaise, je suis vraiment un bon poète.
-Bon, en tout cas moi je t'attends pas, je dois sauver Marie ! Ichao, combien de temps me reste-t-il ?
-Très peu…
-J'y arriverai !

C'est ainsi que Sylvain et Thomas partirent de Yona-Thang. Le chemin pour Lhassa fut très court, car Sylvain fit appel à un Libegon, une sorte d'immense libellule verte et jaune qui les porta facilement jusqu'à la capitale tibétaine en quelques minutes seulement. Une fois arrivés les deux hommes se retrouvèrent confrontés à leur premier dilemme.
-Lhassa-New-Delhi ça le fait pas ! Comment veux-tu y…
-Je l'ai fait !
-Oui mais toi t'es un fou ! Pour retourner à Paris, il faut prendre l'aéroport de je sais plus où, en Chine.
-Attends, mais ça va nous prendre combien de temps ça !

Ils marchaient d'un pas pressé lorsque Sylvain heurta un badaud. Les deux tombèrent à terre et s'aidèrent mutuellement à se relever.
-Je suis désolé, j'ai un peu la tête ailleurs.
-Moi aussi monsieur, permettez-moi de m'excu… Thomas !
-…mais… ABHRA !

Sylvain ouvrit de grands yeux.
-Un Abra ? Où ça ? Tu sais que ce genre de Pokémon c'est super rare ici !
-La ferme Sylvain ! Je te présente notre sauveur, c'est un ami Indien. Qu'est-ce que tu fais là ?
-Bah, j'ai voulu faire recette en proposant des voyages mais je pense que je vais rentrer à Hirsan. Personne ne souhaite aller en Inde ici. J'attendais que la tempête en haute altitude se calme, comme ça je pourrais rentrer sans soucis. D'ailleurs il paraît qu'elle a presque entièrement disparut depuis hier.
-T'as de la place pour trois personnes dans ton coucou ?
-Normalement je pense faire tenir 4 personnes maxi, mais…
-OU EST TON AVION ?

Le trajet Lhassa-Hirsan se fit sans aucun problème. La tempête en haute altitude avait en effet complètement disparut et le ciel était clair. Abhra put voler sans avoir à raser les reliefs et l'avion atteignit Hirsan à une heure du matin.
Le pilote indien proposa à ses compagnons de dormir dans son garage. Tom refusa mais Sylvain accepta immédiatement, sous le regard furieux du garçon. Ils se réveillèrent tôt dans la matinée, et saluèrent chaleureusement Abhra.
-Quand tu reviendras en Inde mon ami, j'aurais ouvert la plus grande compagnie de vol petit courrier !
-Ouais c'est ça, essaie d'abord de nettoyer ton garage.
-Pourquoi, il est génial mon hangar !

Le train pour New-Delhi était encore plus bondé que pour le voyage aller. Cependant, Tom dormait et Sylvain ne semblait pas dérangé par ce genre de transport.
En milieu d'après-midi, les deux hommes arrivèrent à l'aéroport de New-Delhy. Par chance, la grève était terminée et des avions arrivaient de nouveau à Paris. Le prochain était dans une heure, mais il ne restait que des places en classe affaire. Tom sortit sa carte bleue mais celle-ci ne marcha pas.
-Et chiotte ! Avec tous les coups que j'ai pris, c'est un peu logique qu'elle fonctionne plus.
-Tenez, prenez la mienne, fit Sylvain avec un sourire qui fit rougir l'hôtesse Indienne.
-M…merci monsieur. C'est parfait, attendez porte numéro 6 je vous prie.

Les deux hommes s'assirent. Il leur fallait attendre une heure.
-Je savais pas que tu avais du fric ! Dire que je t'ai pris pour un mendiant la première fois que je t'ai vu.
-Et alors ? J'ai pas touché à ma carte bleue depuis que je suis à Yona-Thang. Mais c'est pas pour autant que j'avais plus de compte !

Ils discutèrent, Tom essayant de garder son calme. Mais de grosses gouttes de sueur parcouraient son visage. Sylvain tenta de changer de conversation.
-Alors comme ça, il t'a verrouillé ton pouvoir ?
-Oui… j'arrive plus à le sortir, mais je pense qu'en cas d'extrême danger je pourrais ptêtre sortir un ptit truc.
-Peut-être que c'est mieux comme ça.
-Oui, peut-être…

Une voix se fit alors entendre dans le hall de l'aéroport.
-Le vol 895 à destination de Paris partira dans 20 minutes, porte 6. Le vol 895 à destination de…
-Allez, ne perdons pas de temps.

Le voyage sembla durer une éternité. D'un côté Thomas qui ne faisait que trembler, de l'autre Sylvain qui commençait à s'inquiéter de l'état de santé du garçon. Celui-ci finit par s'endormir. Lorsqu'il se réveilla, il arbora un sourire calme et reposé.
-T'as l'air d'aller mieux.
-Oui… fit-il presque en riant. J'avais oublié quelque chose… et maintenant je suis rassuré.
En effet, le reste du voyage se fit sans problèmes, et l'avion atterrit à 18 heures, heure française à Paris. Sylvain et Tom se séparèrent alors.
-Tu vas où ?
-File à l'hôpital ptit gars, moi je vais revoir une certaine connaissance, répondit malicieusement Sylvain.