World of Tem : Tome 7 : Je te sauverai de CaliKen

Un jeune tibétain venait d'apparaître, dans la même tenue qu'Ichao, cette longue toge rouge et or, et le crâne également nu. Il s'inclina respectueusement devant le groupe et les dévisagea avec respect. Cependant, lorsqu'il aperçut Thomas, il changea d'expression.
Celui-ci ne comprit pas pourquoi Xiangpo le regardait ainsi. Puis soudain, presque imperceptiblement, Tom sentit un malaise en lui, comme si le jeune moine qui venait d'entrer n'avait pas sa place ici. Petit à petit, le malaise devint colère, puis rage, que le garçon dissimula comme il le pouvait. Pourquoi cet énervement soudain, pourquoi cette envie de frapper Xiangpo ?
Essayant de ne pas montrer qu'il tremblait, Thomas chuchota :
-Je me sens pas super bien… C'est encore un de vos tours de magie ? J'ai l'impression que c'est lié avec l'arrivé de…
-Ma présence te dérange ? Demanda Xiangpo d'un ton égal.

Il n'y avait rien de blessant dans sa phrase, pourtant Tom se sentit touché, blessé par des arrières pensées ou des insinuations qui n'avaient certainement pas lieu d'exister. Pourtant il y pensait. La seule voix du jeune moine l'irritait. Il tenta de respirer profondément et fit d'une voix tremblante.
-J'ai… j'ai l'impression, ça doit être lié à mon p…pouvoir.
-Tu dois encore progresser alors.

Tom serra les dents. Il était prêt à bondir sur Xiangpo, à le déchirer, à la frapper à mort. L'aura bleue resurgit de son corps, bouillonnante. Un arc électrique obligea Sylvain à reculer.
-Hé !

Xiangpo sourit en baissant la tête.
-Tu t'énerves trop rapidement pour maîtriser un tel pouvoir. Je suppose que tu es descendant de Rahikot ou Baraïto… Mais sache que tu n'es pas près à voir Alaok, du moins si c'est ce que tu désires. Ton esprit est faible.

Tom se leva d'un bond.
-Ca suffit ! Fit Ichao en élevant la voix.

Xiangpo regarda son maître et s'inclina respectueusement.
-Mes excuses Ichao.
-Tom doit maîtriser un pouvoir phénoménal, ne le pousse pas trop loin.

Thomas était retombé par terre, assis sur les fesses et vidé de sa force. Cette sensation étrange, cette violence en lui étaient partit d'un coup, dès que le vieux moine avait prit la parole.
Xiangpo s'assit à côté du garçon de façon familière.
-Je t'explique. Le Guide dont t'a parlé Ichao, est mon ancêtre. Comme tu l'as appris, il était le porte-parole d'Alaok et avait une relation privilégiée avec Rahikot et Baraïto. Il n'avait pas un centième de leur pouvoir et n'était rien hiérarchiquement, cependant les villageois avaient besoin de lui car il était le seul à pouvoir voir le Pokémon tous les jours. Alaok était prévoyant, il avait donné au Guide le pouvoir d'influer voire de stopper les énergies de Rahikot et Baraïto. Malheureusement, le jour de leurs affrontements, il fut emprisonné avant de pouvoir les arrêter. Lorsque les habitants de Sherp'Inbrat furent virés, et bien… mon ancêtre le Guide a supplié Alaok de croire en certains qui étaient restés neutre. Le Pokémon refusa mais fut troublé de voir à quel point le Guide était soucieux du bonheur des autres. Alors il fut le seul à qui il laissa le pouvoir, ce qui ne servait pas à grand chose puisque, je le répète au cas où tu suivrais pas, ce pouvoir était minime. Mais contrairement aux pouvoirs de Rahikot et Baraïto qui ont perdu de leur force depuis les siècles, le mien, qui se transmet et se cultive de génération en génération, n'a jamais faiblit. J'ai donc pratiquement le pouvoir qu'avait le guide à l'époque. Et ce que je t'ai fait tout à l'heure… c'était vérifier si tu contrôlais ton pouvoir ou si, au contraire, tu en étais dépendant.
-Et ?
-Et il te reste beaucoup de travail, mais comme le dit Ichao, la dose de pouvoir qui est en toi est incroyable, c'est déjà impressionnant de savoir que tu la possèdes. Il faut vraiment que ton esprit soit fort pour posséder une telle… quantité d'énergie.

Tom s'ébouriffa les cheveux.
-Cette histoire de pouvoir me rend malade. Ce que je veux, c'est sauver Marie ! Si t'es capable de rencontrer Alaok, va lui dire que je veux la sauver et pis basta.

Xiangpo le regarda quelques secondes, puis eut une moue étrange.
-Disons que … j'ai vu Alaok qu'une fois et que euh… J'étais pas encore prêt à l'époque.
-Hein ?
-Il ne m'a pas considéré comme un descendant du Guide et on m'a retrouvé à moitié mort trois jours plus tard, au pied du mont Alaok.
-Mais c'est nul ! Tu sers à rien !
-Woh ! C'est pour ça que je m'entraîne jour et nuit. Et si je peux pas voir Alaok, toi c'est même pas la peine d'essayer !
-Du calme ! Fit Ichao. Xiangpo, tu entraîneras Thomas jusqu'à ce qu'il maîtrise totalement son aura.
-Mais je…
-Xiangpo !
-Très bien…
-En attendant Thomas, ce temple est ta maison.
-Hey, j'ai pas le temps d'attendre je…

Une nouvelle fois le garçon se souvint des erreurs commises, toujours en raison de sa précipitation. Ichao se rendit compte de l'effort que faisait Tom pour ne rien dire.
-Je serais tenté de dire qu'un bon mois serait nécessaire pour que tu parviennes à totalement maîtriser le pouvoir. Avec un professeur comme Xiangpo, ton aura sera rapidement maîtrisée.
-Un mois…
-Et… c'est tout.
Ichao baissa la tête, Sylvain s'en aperçut mais ne dit rien. Tom, bien décidé à maîtriser son pouvoir le plus rapidement possible se leva et tira Xiangpo pour qu'il se lève aussi.
-Allez, entraîne moi ! J'ai pas de temps à perdre.
-D'accord, d'accord.
Les deux jeunes partirent, laissant Sylvain avec Ichao qui n'avait toujours pas relevé la tête.
-Quelque chose ne va pas ? Demanda Sylvain.
-Cette enfant…
-Tom ?
-Non, celle qu'il aime.
-Oui ?
-Elle ne tiendra pas la semaine.
Sylvain gratta son bouc, pensif.
-En combien de temps peut-il réellement maîtriser ce pouvoir ?
-Je ne mentais pas en disant un mois. Mais connaissant maintenant ce garçon, je ne sais plus trop quoi dire, son avenir est assez incertain.
Ichao baissa de nouveau la tête.
-Cependant, l'avenir de cette fille est malheureusement plus que prévisible. Alaok peut guérir et soigner n'importe qui, il pourrait même rendre immortel, mais personne n'a le pouvoir de ressusciter les morts.



* * *


-On la choque !
-Marie ! ! !

Laetitia était en pleurs, les mains fermées devant son visage alors que les médecins s'affairaient autour du corps de Marie. Le bip de l'oscilloscope reprit un rythme régulier et normal.
-C'est bon, fit un des médecins.
-On la change de service ?
Le docteur parut réfléchir pendant quelques instants, puis répondit finalement :
-Non… Ca ne changera rien.
Léa s'approcha.
-Qu… qu'est-ce qu'elle a eu ?
Il se retourna alors que les infirmières s'en allaient.
-On dirait que son corps a de plus en plus de mal à tenir ce coma. On dirait que son cœur oublie de battre.
-Mon dieu…
-Un peu comme certains nouveau-nés qui oublient de respirer.
La jeune fille se permit un semblant de sourire tout en essuyant ses larmes.
-Mais alors, ce n'est pas grave ? C'est… il suffit juste de la réveiller à chaque fois, n'est-ce pas ? Il suffit de faire ce que vous avez fait et…
-Le cœur de cette jeune fille est en bonne santé, mais au fur et à mesure des incidents, il risque de s'abîmer et de ne plus pouvoir redémarrer. Je… je suis désolé.

Léa étouffa un cri. Luna la serra dans ses bras.

Derrière la porte de la chambre, Jérôme observait, attentif. Au moment où il entendit les pleurs, il s'en alla rapidement. A la sortie de l'hôpital Félix l'attrapa par le bras.
-Je n'ose toujours pas rentrer… J'ai tellement l'impression que tout ça est ma faute. Comment vont-ils ?
A cet instant, Dark tourna son regard vers le rasta. Ses pupilles étaient presque invisibles, brouillées par les larmes qui stagnaient, mais qui ne débordaient pas des paupières. Félix tenta de ne pas en tenir compte et poursuivit.
-L'agent que nous avons attrapé à avoué pas mal de choses. Je ne pensais pas que les policiers savaient être si persuasifs. En tout cas, il nous a appris quelque chose d'important.
-Dans le genre ?
-Henry a passé un marché avec eux et c'est lui qui a fourni le déguisement et les clefs à l'agent qui a failli tuer Marie. Il semblerait qu'il ait intégré les Rockets pour y travailler comme scientifique.
-…
-On a fouillé un peu pour voir ses antécédents, il n'a pas de casier judiciaire mais plusieurs plaintes de patients ont été adressées à ce type. Il n'a pas qu'un manque de tact, il faisait aussi de petites opérations sur les cadavres des patients pour tester différentes choses, voire sur des personnes en phases terminales.
-On a des nouvelles de lui ? Où il habite ?
-On sait où il habite, mais j'hésite à te dire l'endroit exact.
Dark-Crystal inclina la tête sur la droite. Etrangement, Félix se sentit mal à l'aise, le regard de ce type était glaçant, bien que des dizaines d'années les séparaient. Il ne put s'empêcher de faire intérieurement la comparaison entre l'attitude du garçon et celle de ces Vélociraptors qu'il avaient pu voir dans Jurassic-Park.
-Nous n'aurons qu'à considérer que c'est ma paye pour vous avoir aidé à capturer l'agent dans l'hôtel, fit-il d'une voix sifflante qui conforta Félix dans sa comparaison avec le saurien préhistorique.
-Très bien… après tout, tu as bien le droit de recevoir quelque chose vue toute l'aide que tu nous as apporté… Mais pas de gaffe.
-J'essaierai.


* * *

-Chéri, le dîner est servi, je le répéterai pas trois fois !
-J'arrive mon amour.
Simon termina son chapitre et posa délicatement le livre qu'il consultait sur son bureau, soigneusement rangé. Il descendit les marches et s'assit dans la cuisine. Dans son assiette, un poisson pané et quelques grains de riz.
-Qu'est-ce que c'est que cette blague Jacqueline ?
-Il n'y a pas de blague, c'est pour t'habituer.
-M'habituer à quoi ?
La femme se retourna, ses gros sourcils étaient froncés et donnaient la désagréable impression qu'ils ne faisaient qu'une grosse ligne de broussaille noire. Elle brandit sa spatule en bois et la fit trembler devant elle.
-T'habituer à manger du poisson, c'est moins cher que la viande et puisque t'as plus d'emploi, on mangera plus que du poisson, et encore, quand on aura l'argent.
-Enfin, tu sais très bien que j'en récupère un dans pas longtemps.
-Mais où ça s'est vu qu'on se faisait virer d'un hôpital pour rejoindre le CNRS ? Où ça s'est vu.
Le CNRS ? Le docteur Henry du se pincer les lèvres pour ne pas sourire. Il était vrai qu'il avait donné cette excuse, qu'il travaillait maintenant pour le CNRS.
-Je suis désolé, mais je te promet que le salaire que je ramènerai sera plus important que celui que…
-Encore heureux ! Je te préviens Simon, si ta paye tombe pas dans un mois, je… JE TE QUITTE !
Une fois encore, il dut se concentrer pour ne pas montrer que la menace l'amusait au plus haut point. Il ne l'avait jamais aimé, il s'était marié à l'époque parce qu'elle était belle et savait cuisinait, ses parents lui avaient fortement conseillé de trouver quelqu'un qui puisse s'occuper de lui, surtout son père, chirurgien lui aussi. Un travail pareil ne permettait pas qu'on perdre son temps à des corvées comme le repassage ou le repas.
Les premières années s'étaient bien passées, mais rapidement Jacqueline avait voulu avoir un enfant. Coucher avec elle n'était pas un problème, mais se retrouver dans la maison avec un môme qui braille n'intéressait pas du tout Henry. Devant l'insistance de sa femme, il avait du trouver une parade. C'est pour cela qu'il s'était rendu stérile, à son insu, afin de ne plus être embêté par ce genre de demande. Il est vrai qu'un enfant aurait pu le gêner dans ses recherches, amener le désordre dans les précieux rangements de son bureau. Dès lors, Jacqueline avait changé, pour devenir ce qu'elle était aujourd'hui.
-Simon ! T'es dans la lune ou quoi ?
-Ah, euh, excuse-moi, bon appétit.
Ils mangèrent en silence, comme chaque repas.
-Bon j'ai mon émission, je vais dans le salon, ne me dérange pas, fit-elle.
-Oui, oui.
Il se dépêcha de remonter les escaliers pour retourner dans son bureau. Décidément, ce livre sur les Pokémon modifiés, prêté par le Caïd Rocket en personne, était vraiment trop passionnant. Depuis quelques jours, Simon Henry passait ses journées à comparer les malformations, déformations et autres phénomènes étranges comparables entre humains et Pokémon. Cependant, lorsqu'il rentra dans sa chambre tout son enthousiasme s'évanouit. La porte était ouverte, pourtant il était certain de l'avoir fermée. Il avança et alluma la lumière, rien. Mais lorsqu'il se retourna pour fermer la porte une formidable gifle le fit tomber à terre. Une main se posa sur sa bouche, l'empêchant de crier. Peu à peu ses yeux s'habituèrent à l'obscurité et il put voir l'ombre de son agresseur. Ses cheveux étaient raides et il portait une faible odeur d'eau de Cologne autour de lui.
-Je te conseille de la fermer et de m'écouter sagement.
-Mmmmmh !
-J'ai vite fait lu tout tes documents, tes petites notes. Je sais pas si t'as eu une enfance difficile ou si t'es simplement un fou. Ce que je sais c'est que des types comme toi, on peut pas facilement les briser. Mais je vais te dire un truc, je suis intelligent, je n'ai pas besoin de charcuter de la viande pour savoir si je suis capable de pourrir ou de sauver une vie. Je sais très bien comment pourrir la tienne de vie. En fait c'est très simple.
D'un geste il releva le chirurgien par le col et le jeta contre un mur. Henry regardait son agresseur, cette fois il put le voir parfaitement. Dark-Crystal prit le livre qu'était en train d'étudier l'ancien chirurgien. Il sortit une petite bouteille rectangulaire de sa poche, et un briquet de l'autre.
-Non ! ! ! Hurla Henry.
-Si.
Le livre se consuma rapidement, Simon se leva, comme soulevé par une force incroyable et se jeta sur Jérôme. Celui-ci le fit voler dans les airs grâce à une magnifique planchette japonaise. Henry s'écrasa contre une étagère de revues et autres écrits.
-Toute ta vie c'est d'observer ce qu'il se passe quand la vie déraille. T'es qui ? T'ES QUI !
Il tira le corps à moitié inconscient du chirurgien et le sortit de la pile de livre qui s'était abattu sur lui, ainsi que l'étagère. Il renversa le reste de sa bouteille sur le tas et y jeta son briquet. Le tout s'enflamma instantanément. Henry regardait la scène, à moitié groggy. Sa femme montait déjà les escaliers
-Henry ! Henry qu'est-ce qu'il se passe ?
Avant de partir, Dark-Crystal lui chuchota à l'oreille.
-Chez les Rockets, bien sûr tu auras de quoi continuer tes horreurs. Mais je vais te dire un truc, la prochaine fois que je te vois, je te coupe les doigts. Tu ne pourras plus jamais opérer, et encore moins pratiquer les horreurs qu'ils te demanderont de faire une fois dans la mafia.
Jérôme partit par là où il était venu : la fenêtre. Dehors, on entendit une moto démarrer en trombe. Jacqueline arriva devant Henry qui se relevait à peine. Elle poussa un cri horrifié en voyant son bureau en feu.
-Mon dieu, qui t'a fait ça ?
-La justice…