Flash-back
Chapitre 2 : Flash-back
Je sortais tranquillement de mon collège, finissant à 17h30 et ayant dû supporter 2 heures d'histoire-géographie sans interruption, et comme d'habitude, je devais rentrer à pied. Cela ne me plaisait guère, surtout que ma cheville faisait des siennes depuis plusieurs jours, et que mon médecin traitant avait détecté une entorse, bénigne, certes, mais c'était quand même une entorse. Je résolus donc de marcher très lentement, pour éviter que la douleur ne resurgisse. Et bien sûr, comme j'étais la seule à ne pas résider en ville comme tous mes autres camarades, je rentrais seule, tandis que les autres rentraient en groupe, riant et se racontant des potins. Je commençai donc à marcher, mais je m'aperçus qu'un de mes camarades, Mattieu, me suivit. Je ne compris pas pourquoi il se dirigeait dans la direction opposée à l'endroit où il habitait, mais je me souvins qu'il s'était dit malade, et étant donné qu'un médecin très connu –mon médecin traitant- exerçait sa profession à quelques minutes de chez moi, je ne me posai donc pas plus de questions.
C'était un des élèves qui étaient très appréciés dans notre « groupe-classe ». Nous ne parlions pas souvent, seulement lorsque nous en étions contraints, c'est-à-dire lorsqu'un travail en binôme devait être effectué. Lorsqu'arrivée devant chez moi, je regardai derrière en voulant chercher mes clés dans mon sac à dos, je remarquai qu'il me suivait encore. Je pensais qu'il s'était peut-être perdu et je me mis alors à marcher, mes clés dans la main. Il n'avait franchement pas l'air d'être en forme.
_Hum… Euh salut, je… me demandais… si tu ne saurais pas où se trouvait le cabinet du docteur…
_Si si, bien sûr, il se trouve de l'autre côté du pont… Ensuite, tu n'as qu'à…
_Ecoute, en fait, je ne suis pas venu ici pour aller chez le médecin, j'ai une autre raison…
_Vraiment ? Et je pourrais savoir laquelle ? Parce qu'il me semble quand même que tu me suis depuis un bon bout de temps depuis le collège jusqu'ici, c'est donc que tu veux me parler en privé…. A moins que je ne me trompe…
_Et bien, on ne peut rien te cacher… En fait, j'ai quelque chose à te montrer, et c'est secret…
Il mit sa main dans sa poche, lorsqu'on entendit un bruit.
_Danse-flamme ! Maintenant !
Je ne compris pas ce qui se passa, je reculais donc par réflexe, tandis que mon camarade, lui avait le visage effrayé, horrifié, regardant du côté où surgissaient une déferlante vague de flammes aussi immenses qu'une maison, brulant à leur passage toute la végétation qui entourait mon habitation. Matt' semblait connaître l'origine de toutes ces flammes, mais il n'eut le temps de s'exprimer, qu'il fut littéralement enseveli sous les flammes, me regardant à présent de ses yeux couleur noisette…
Je ne sus que faire, je me demandais alors si le tuyau d'arrosage de mon jardin serait assez long pour parvenir le plus vite à éteindre le feu, mais je ne fus pas assez rapide, plongée dans mes pensées, pour remarquer que quelqu'un vint m'entourer de ses grands bras, m'empêchant alors de faire quoi que ce soit. Il enleva un de ses deux bras, fit glisser dans ma bouche, qui ne cessait d'hurler, un tissu épais. Il replaça ensuite son second bras autour de moi, me serrant de plus belle. On aurait dit qu'il voulut m'obliger à regarder mon camarade se faire carboniser, à se faire tuer sous mes yeux, sans que je ne puisse faire quoi que ce soit. Ne voulant regarder les flammes, je remarquai alors que les bras m'entourant étaient violets… Pourtant, ce n'était pas un pull de couleur violette, c'était une peau couleur violette. Etonnée, j'essayai de me débattre, pour regarder qui m'empêchait de bouger, lorsque la même voix que tout à l'heure dit une autre phrase.
_C'est bon maintenant, cesse Danse-flamme. Maintenant, Hydrocanon.
Un puissant jet d'eau, ressemblant fort à un tsunami, vint droit sur les flammes, me mouillant au passage, et les éteint d'un coup. Je pus alors constater avec horreur, allongé au sol, mon camarade…
Carbonisé. Sa peau était toute marron, on voyait que sa peau n'avait pu résister aux puissantes flammes. Les larmes me montèrent d'un seul coup aux yeux ; je me débattis alors avec plus d'ardeur que tout à l'heure, énervée, en colère, parvenant à me libérer des bras violets. Je me précipitai alors vers Mattieu, pleurant plus que jamais, ne sachant plus quoi faire à part courir vers lui et pleurer. Lorsque j'arrivai enfin à lui, ses yeux étaient encore ouverts, il me regardait encore de ses grands yeux. Je me baissai alors, laissant couler mes larmes sur sa peau fortement amochée… Il ouvrit la bouche, mais il n'arrivait plus à s'exprimer assez fortement pour que je puisse l'entendre d'où j'étais, il ne faisait que chuchoter. Je me penchai alors vers son torse, vers son visage, essayant d'écouter ses murmures…
_... Sa… che… que... qu'il… y… a… une… cho… se… que… les… scien… tif… fi… n'ont… jamais… dé… cou… vert… c'est…
Je ne pourrai jamais savoir ce qu'il essaya de me dire, puisqu'il regarda avec stupéfaction le ciel d'un coup, puis ferma ses yeux et sa bouche. Ses lèvres formèrent alors un demi-sourire, puis il cessa de respirer … Mes larmes coulaient alors plus que jamais, et tombèrent sur son corps encore chaud… Lorsque je me ressaisis, je me rappelai qu'il voulut me montrer quelque chose tout à l'heure… Et qu'il mit sa main dans sa poche… Ses vêtements ayant été brûlés, je regardai alors sa main gauche, celle qu'il fourra pour essayer d'atteindre un objet, lorsque j'aperçus de l'autre côté de son corps, des chaussures. Je relevai alors la tête, apercevant alors un jeune garçon d'une quinzaine d'années environ qui s'approchait rapidement de nous. Il me fit alors un sourire narquois, se baissa rapidement, tendit son bras en direction de la main gauche de Mattieu, et prit alors l'objet qui m'était normalement destiné. Je le regardai avec stupéfaction ; il se déplaçait avec une agilité hors du commun. Je ne sais pourquoi, il me lança une feuille, que j'attrapai facilement, et lus alors deux mots : « Bonne nuit. » Le temps que je comprenne le sens de ces mots et que je relève la tête pour le questionner, il put alors prononcer un dernier mot.
_Berceuse.
Je sombrai alors dans un sommeil forcé, submergée par mes pensées, mes désirs, et mes rêves, juste après avoir aperçu une énorme bête violette se rapprochant énormément d'une créature, connue sous le nom de Machopeur…