Résurrection
Chapitre 1 : Résurrection
Me réveillant d'un sommeil de plomb ...
« Tic tac tic tac tic tac tic tac tic tac tic tac tic tac ... »
C'est ce que j'entendis en premier.
Bruits de pas lointains.
C'est ce que j'entendis en deuxième.
Quelqu'un s'approcha de moi. Hésitant à m'approcher. Comme si je fus la pire créature au monde. Homme ou femme ? Je n'en sais rien. La personne recula. Ne pouvant ouvrir mes yeux, qui semblaient décidés à rester fermés, je décidai de m'en tenir à mon ouïe. Car je ne pouvais faire rien d'autre qu'écouter, respirer. Ecouter, respirer. Ne pas bouger une seule phalange. Un seul muscle. Une seule articulation. Non. Rien. Absolument rien.
Se réveiller déchirée entre la vie et la mort, tel était mon destin. Enfin, c'est ce que je me dis, après avoir vécu une vie plus que banale. Destinée à ne plus tenir à la vie, à y être reliée par un seul fil, voilà ce que j'ai ressenti. La souffrance ressentie dans tout mon corps fut une déchirure pour moi. Tellement intense, que j'aurai voulu qu'on m'exécute sur le champ. Pourtant, j'avais une très bonne raison de ne pas mourir. C'était Sora. Si j'avais eu le malheur de prendre une mauvaise décision, il m'aurait remise dans le droit chemin. Si je m'étais blessée, il m'aurait tout de suite soignée. Je pourrai vous citer mille et une choses qu'il aurait faites pour moi, vous n'auriez point compris ce qu'il était pour moi. Je le considérai comme mon meilleur ami, et c'était réciproque. Une vie séparée de ceux que vous aimez se réduirait à ne pas vivre pleinement. A ne pas la croquer à pleines dents. Et c'est pour cela que je résistai. Que je luttai. Pour ne pas mourir sur le coup. Pour rester en vie. Pour rester encore avec lui. Telle était ma raison de vivre.
En attendant que quelque chose se produise, par exemple la fin de ma terrible douleur, ce qui ne semblait pas arriver d'ailleurs, j'attendis en silence. Mes respirations se faisaient de plus en plus désordonnées, les soubresauts de mon cœur me faisant légèrement bouger sur la froide et glaciale surface sur laquelle j'étais allongée. Le nombre de personnes proches, formant un cercle autour de moi, enfin il me semble, avait augmenté d'une manière étonnante ; et à présent, j'étais à peu près sûre qu'il y avait 23 personnes dans la salle. Moi y compris. Il me semblait qu'ils parlaient entre eux, mais d'une langue étrangère à la mienne. Il fut étrange de voir- d'écouter- que je pus quand même comprendre cette langue, bien que je ne fusse jamais en train de l'utiliser dans la vie courante, ni même de l'avoir apprise. Ils parlaient ... De 15 années de recherches scientifiques, 15 longues années pour aboutir à une seule création. Unique, disaient-ils, chuchotaient-ils entre eux. Et cette création... C'était une « chose » dénommée Alice. C'était moi.
Puis ... Tout d'un coup... Il y eut un changement. Les murmurants de la salle se turent. La salle était muette. Enfin presque. Un seul son était perceptible, même à plusieurs mètres. Mon son. Mon cri. Ma voix. La douleur se dirigeait vers une seule destination. Vers mon cœur. Terrible était la sensation de douleur que j'éprouvais. Cela laissait mon corps en repos, mais je pensais que cela allait s'arrêter maintenant. Du moins, c'est ce que je croyais.
Jusqu'au moment où ...
La douleur s'amplifia tout d'un coup, m'éléctrocutant au passage, me fit sursauter sur la surface froide sur laquelle j'étais allongée depuis un long moment. Puis, plus rien. Plus aucun bruit n'émanait de moi. Même pas mes respirations. Plus de douleur. Plus d'obligation à rester yeux fermés. Je les ouvris.
La lumière me fit mal aux yeux. Très mal. Comme quelqu'un qui avait été habitué à vivre dans le noir, et qui se retrouvait tout d'un coup dehors, loin de l'obscurité, le soleil l'éclairant de tous ses rayons. J'en conclus donc que cela devait faire un bon bout de temps que je devais être allongée sur cette sorte de lit en acier, dans cette étrange salle au vu de toutes les personnes autour de moi, yeux fermés. Je bougeai avec aisance mes doigts, les craquant au passage comme à mon habitude. Puis mes pieds. Je m'étirai longuement, désireuse de profiter de ce moment de répit, seule, et libre de mes mouvements, malgré de nombreuses courbatures ressenties dans mon dos. J'étais vêtue d'un T-shirt d'une couleur dorée, avec des finitions en dentelle blanche, d'un pantacourt vert kaki de marque Puma, allant jusqu'à mes mollets plus musclés que d'habitude, et d'une paire de Converses noires, toutes en cuir, sous lesquelles son pouvait apercevoir de fines et petites socquettes noires et dorées. Regardant autour de moi, je sentis que je n'étais pas toute seule et que j'étais observée très attentivement, sentant de nombreux regards dans mon dos. J'étais dans une salle fermée et isolée, aux murs en béton qui n'inspiraient aucune joie dans ses locaux et à l'énorme porte blindée qui allait jusqu'à plus de quatre mètres, selon moi. Me retournant, je vis de nombreuses personnes qui avaient l'air à la fois étonné et effrayé. Comme si j'étais un spécimen rare de la nature, ce qui me sembla étrange. Le plus proche, parmi eux, de moi s'avança. Il était vêtu d'une longue blouse blanche qui descendait jusqu'à ses genoux, légèrement tachetée de rouge. Il se rapprochait de plus en plus, souriant de toutes ses dents qui étaient toutes alignées et brillantes. En ayant l'air décontracté. Il avait l'air très impatient de faire ma connaissance, ce qui, je dois l'admettre, était réciproque, ne sachant où j'étais. Mais une petite voix en moi me disait que ce n'était quasi-certainement pas la première fois qu'il m'apercevait. Plusieurs questions s'empilaient mentalement dans mon cerveau. J'ouvris ma bouche pour m'exprimer, mais rien. Aucune parole ne se fit entendre. Aucun son. A part les talons des chaussures en cuir de l'homme qui n'était à présent qu'à quelques décimètres de moi. Je tentai alors de réunir toutes les informations à ma portée pour comprendre ce qui m'arrivait.
Et d'un, j'étais, apparemment, une création unique et étrange, et surtout raréfiée. Et de deux, j'étais dans un endroit qui m'était inconnu, qui ne m'était pas familier, entourée de personnes aussi étranges que mystérieuses. Et de trois, je ne pouvais pas poser de questions, étant donné que je ne pouvais pas m'exprimer. J'étais donc dans le pétrin. Dans un sacré pétrin.
J'essayais de me remémorer ce qui précéda mon arrivée ici, en cherchant et en essayant de me remémorer tout ce qui pouvait m'être éventuellement utile, quant à la recherche d'informations sur la situation dans laquelle je me trouvais actuellement … Des images floues apparaissaient et succédaient mentalement … Devenant de moins en moins nettes … Puis … Tout me revint d'un seul coup.