Se perdre...
Je m'étire languissamment, voilà deux jours que j'hiberne et mes muscles sont engourdis. Je n'aime pas cette sensation, celle de ne pas contrôler mon propre corps, alors je sors de ma tanière et m'élance le plus vite possible. Je me force à courir pour réveiller mes membres et pour laisser le froid s'infiltrer sous mon épais pelage afin de me remettre les idées en place. Je souffre mais je n'y prête pas attention, c'est habituel pour moi. La course me grise, si bien que je continue encore et encore accélérant l'allure jusqu'à épuisement. Là, je m'arrête. Je regard autour de moi et c'est effaré que je ne reconnais rien. Je reste calme et tente de percevoir des odeurs qui me seraient familières mais je ne sens rien. J'essaye de revenir sur mes pas en suivant mes traces mais elles se sont effacées. Je commence à m'agiter et mon trouble se répercute sur mes capacités. Je fais finalement pire que mieux, m'égarant d'avantage. Je me fige, c'est stupide de réagir ainsi. Je ne dois pas avoir peur, peu importe où je suis, j'y suis le plus fort et je peux faire devenir cet endroit mon territoire, alors pourquoi s'inquiéter ? Mais je comprends que ce n'est pas tant l'inquiétude qui me ronge plutôt de la frustration et de la peine à l'idée de ne plus retrouver mon foyer. Je me mets à errer, les yeux dans le vague. Un pokémon bondit brusquement devant moi et je sursaute. Ce n'est pas sa présence qui m'a surprit mais le fait que je ne l'ais pas sentis ni même entendu arriver. Il me lorgne, la mine renfrognée et mauvaise. Je comprends aussitôt que je suis dans son domaine et que c'est le chef de clan. Je l'ignore superbement, le détourne et continu mon chemin. Je ne le troue pas digne d'intérêt. Il est indigne de me combattre. Je n'ais pas l'intention de me rabaisser à le vaincre, ce serait trop facile. Il me suit, outré de mon indifférence et envoi, pour me barrer le passage, une attaque Tonnerre qui n'est pas censée m'atteindre juste me faire remarquer sa présence menaçante.
C'est décidé, il va subir ma colère. Comment ose t'il ? ! C'est peut-être mon congénère, nous sommes de la même espèce mais dans mon esprit je n'ai aucun lien… avec personne ! Il est suspicieux à mon égard et comprend bien qu'il existe une différence majeure entre nous même s'il ne reconnaît pas encore laquelle. Il serait si simple que je la lui dise mais je préfère la lui faire ressentir : Je n'ai pas de sentiments envers autrui, ce qui me rend plus fort, bien plus que lui car même s'il semble robuste il ne pourra jamais me battre… Je suis… une machine à tuer crée par les hommes pour en tuer d'autre ! Et, quand il s'en rendra compte, ce sera trop tard pour lui. Il me toise sans la moindre appréhension, il n'a pas encore conscience du danger mortel que je représente et s'est tant mieux. Il s'approche de quelques pas, et penche la tête en guise de salut. En réalité lors d'un combat entre deux pokémon, or de la présence humaine, une coutume ridicule est en place et elle est transmise de génération et génération. Il s'agit en faîte d'avancer vers son adversaire, moi en l'occurrence, de le saluer dignement, d'une manière variant selon les espèces, et de se placer en position de combat. Tant que ce rite n'est pas pratiqué par les deux combattants ils peuvent se dire en sûreté car le match ne peut commencer qu'ainsi. Cette tradition déférente m'insupporte et je ne comprends pas la peine qu'ils se donnent pour la poursuivre encore. Il ploie l'échine et je vois sa comme un symbole de soumissions, le moment propice pour lancer l'offensive. Je m'élance brusquement vers la souris électrique et lui assène un violent coup de queue qui l'éjecte quelques mètres plus loin. Habile, il retombe sur ses pattes et je peux lire l'incompréhension dans ses iris grises. Il est choqué par mon comportement et ne s'attendait sans doute pas à une telle violence de ma part, ne s'imaginant pas une seule seconde que je pouvais attaquer avant d'avoir pratiquer le rituel qui ouvre chaque bataille. Je crois que c'est à ce moment qu'il réalise à qui il à affaire. Je ne suis pas comme les autres et mon geste le prouve, je n'ai aucun respect des us ancestrales. A quoi bon ? Elles ne servent qu'à nous ralentir, c'est une marque de respect et je ne le respect pas. Je n'allais tout de même pas faire l'hypocrite ? ! Ce salue, je ne l'ai jamais fais et je ne m'en porte pas plus mal bien au contraire ! Il n'est plus au goût du jour ! Seuls les pokémons de la vieille école l'exécutent encore. Je ricane, je vais bien m'amuser, je le sens. Tant mieux, ça effacera peut-être le goût amer que j'ai dans la gueule d'avoir perdu mon refuge ! Je sens l'atmosphère s'électrifier, au propre comme au figuré d'ailleurs. La tension est à son comble et des étincelles jaillissent de nos corps respectifs. Il entame par une attaque Patience s'imaginant que je n'y verrais que du feu et que je foncerais tête baissée dans le piège. Parfait, il me prend pour un pokémon agressif sans une once de cervelle, il sera vite détrompé. Il est immobile et ça me facilitera le travail. Je me redresse et fonce vers lui à toute vitesse. Dans ma course j'aperçois un léger sourire flottant sur son museau et ça m'agace profondément. Il me sous-estime et je n'apprécie pas du tout ! Brutalement, alors que notre collision lui paraît inévitable je freine, ravivant la douleur de ma patte blessée, (Résultant de ma fuite à travers la forêt et de ma rencontre avec le Dardagnan condamné, ndlr.) et lui envois une décharge de haut voltage pour le paralyser. Bingo ! Ça à marché ! Mais je ne m'arrête pas là et enchaîne en créant de multiples illusions de ma personne. Encerclé par mes reflets il ne sait plus comment réagir, toujours sous l'emprise de mon étau électrique. Il est contraint d'utiliser des attaques, comme Rugissement ou Mimi queue, qui sont sans grands effets sur moi. Une idée lui traverse l'esprit, je me rends compte mais je n'ai pas le temps de l'en empêcher et bientôt il utilise Encore. Je suis déboussolé et c'est en spectateur que je me vois réaliser de nouveau Cage-Eclair sur lui qui n'a, bien entendu, plus d'impact. J'essaye de me reprendre et m'électrocute fortement. Ça fonctionne puisque je cesse aussitôt mes inutiles attaques. Je me suis blessés et ma patte tiraille douloureusement. Je pensais être totalement rétabli mais il faut croire que non et que mes capacité de régénération hors du commun n'ont pas suffit cette fois. Je suis encore sensible à l'endroit de mes précédentes contusions et j'en prends note. Je vais devoir particulièrement protéger certaines parties de mon corps. Mon emprise prend fin et il en profite pour utiliser sa Vive-Attaque que j'évite sans problème avec Hâte. De petites têtes presque similaires à la nôtres surgissent dès buissons et des arbres alentours : son clan. Il est venu assister à la défaite de son leader ! Je me pose et utilise à mon tour Patience. Je n'espère bien évidemment pas qu'il croit à ce subterfuge mais je le fais pour trouver le temps nécessaire, pour réfléchir calmement afin de trouver une stratégie adaptée, pendant que cet imbécile cherche une parade. Il tourne autour de moi et ne sait pas comment s'y prendre. Je ne fais même pas attention à lui, plongé dans mes réflexions… L'électricité ne nous sera d'aucun secourt dans ce duel et je vais devoir tous miser sur ma force physique. C'est ce que je préfère, le combat au corps à corps et pour celui-ci j'ai plus d'une corde à mon arc ! …
Je me redresse vivement et il fait un saut en arrière pensant devoir subir une agression surprise. Cette réaction m'amuse. Je me contente juste de renforcer ma défense avec Protection, une attaque qui n'est normalement pas accessible aux pokémon de mon espèce. Avec celle-ci je vais diviser tous les dégâts qu'il risque de m'infliger par deux au minimum. Je n'ai plus rien à craindre de lui. Il file vers moi et tente plusieurs fois de m'envoyer un violent coup de queue. Je bondis très vite, esquivant aisément la moindre attaque. Pourtant mon orgueil me fait encore gaffer et je pense pouvoir bloquer sa lame avec la mienne malgré la vitesse et l'élan de l'assaut. Péniblement je force sur mon membre caudale pour éviter que le sien de m'atteigne aux côtes, qu'il visait. Je n'y arrive pas et rapidement je me recroqueville pour ne pas le laisser rouvrir mon ancienne blessure. Je cris lorsque l'impact à lieu. Ma vision se brouille. Je vacille. Je ne vois plus rien ! Et cette douleur ! Du sang s'infiltre dans mes yeux troublant le paysage qui m'entoure. Par qu'elle bêtise je me suis protéger avec mon crâne ? ! Qu'elle acte stupide et irréfléchi ! Comme un réflexe enfantin qui a nettement aggravé les choses… Si je n'avais pas renforcé ma défense je serais peut-être évanouis, ou pire, à l'heure qu'il est ! Je me morigène essayant d'atténuer la douleur qui menace de me rendre vulnérable. Je me reprends à temps, évitant l'attaque Souplesse. Je suis un combattant né, et je n'ai jamais eus besoin de mes yeux pour gagner ! Je ferme les paupières et dans l'obscurité totale j'agite imperceptiblement mes oreilles pour capter et isoler les différents sons qui me parviennent puis je tente de faire la même choses des diverse odeurs. Enfin « j'attrape » la sienne. Elle est étrange cette senteur. Comme du vert, du bleu et du gris emmêlé dans un tableau flou et abstrait dont les motifs seraient indescriptibles. Il profite de mon handicap, retrouvant tout son courage et sa fierté, la même qui la placée dans cette délicate situation. Il m'assaille de toutes parts, ne comprenant pas comment je m'y prends pour parer toute ses offensives. Malheureusement, je ne peux pas me défendre continuellement car s'il fatigue, moi aussi, et la brûlure de mon œil s'intensifie de plus en plus tout comme celle de ma patte. Je me décide alors. C'est risqué mais… Je m'élance guider seulement par mon flair et l'envoi rouler au loin avec une violente attaque Coup d'boule. Je l'entends se redresser. Il doit être furieux… Je continu mon enchaînement de coups. Il comprend et s'immobilise entièrement. Me voilà aveugle et sourd, désormais ! Néanmoins, je garde mes sensations et comme pour me le confirmer une violente décharge me foudroie. Je hurle de rage. J'en ai assez ! Je vais mettre un terme à ce match au plus vite. Je veux rentrer chez moi ! Chez moi ? Qu'elle idée ! Je n'ai pas de chez moi ! Mais lui… même s'il perd il aura toujours son clan… sa famille… et son foyer. Il rentrera penaud, blessé dans son orgueil, honteux sûrement mais… Non ! C'est injuste ! Je ne lui en laisserais pas l'occasion ! Ce soir il ne retrouvera personne ! Il mourra ! Qu'importe ? Il ne fallait pas me chercher ! Il m'a trouvé ! Adieux ! Je vais te montrais, moi, ce qu'est un véritable Raichu ! Tu déshonore ma race ! … Mais puis-je vraiment m'y inclure ? … Ne plus réfléchir ! Agir ! Ne plus le voir que comme un futur cadavre ! Pourquoi cette soudaine faiblesse ? Je ne pensais plus être capable de ressentir de tels sentiments… Tant de fureur et de rancœur en moi ! Ma force en est encore accrut… C'est si douloureux, plus encore que les plaies béante qu'il m'a infligé…
Une supplication me tire de mes réflexions. Couché en signe de soumission face à moi, mon adversaire m'implore de lui accorder la vie. Un autre que moi l'aurait fait mais… de nouveau j'hésite. Que faire ? … Mon père aurait-il tué cet avorton se prenant pour un chef digne de ce nom alors qu'il supplie son bourreau de lui accorder la vie seulement parce qu'il a bien trop peur de la mort ? La mort, on ne doit pas la craindre, je l'ai appris et c'est la meilleure leçon dans la vie. Bannir la peur de la mort c'est une libération… Quoi que je fasse, je finirais par mourir, dans deux jours, dans un mois ou dans un siècle ? Quelles différences pour moi ? … Mon père… oui, il aurait épargné sa misérable vie… car mon père était un faible. Je le méprise désormais ! Retourner avec un vulgaire humain pour l'aider dans une quête futile, abandonner sa famille… Mais moi, je suis différent… très différent même ! D'un geste précis, sans même entrouvrir les yeux je l'égorge et des plaintes hystériques s'élèvent autour de moi tandis que la panique se repend dans le clan du défunt rongeur électrique. Les Raichu me fuis. J'aime ça, j'aime aussi l'odeur du sang qui commence à se répandre autour de moi. Je suis ainsi… J'ai toujours étais ainsi…
Vraiment, et où est passé ce petit Pichu qui vénérait son papa ?
[Peu à peu les souvenirs s'estompent et l'on ne garde de sois que l'image qui nous est la plus rassurante, en nous trompant nous même jusqu'à ce que nous finissions par nous perdre nous-même.]