La découverte
-Tu me saoules Tom…
-Peut-être, mais on y est…
Tom et Marie se retrouvaient devant l'Arc de Triomphe, là où, le jour précédant, le Président avait fait son speech et que la bombe avait explosé. Un ruban large et jaune entourait l'immense zone de l'explosion. Des policiers vérifiaient que les badauds ne pénétraient pas dans le périmètre de sécurité et Tom, n'eut bien sûr pas l'autorisation de rentrer dans la zone…
Il n'y avait rien d'extraordinaire au niveau de l'avenue. Mais devant l'Arc on pouvait voir un trou béant et de nombreux morceaux de pierres et de bitumes avaient atterris sur les côtés de ce fossé. En imaginant bien la scène, on pouvait clairement comprendre que l'explosion venait effectivement des égouts et avaient projeté des pierres sur l'avenue, un peu comme un volcan.
-Ecoutez, il faut absolument que j'aille voir dans ces égouts, c'est super important ! Insistait Thomas.
-Jeune homme, si vous insistez je vous coffre ! Répondit l'agent excédé…
-Bon allez Tomy, on y va, j'ai pas envie qu'on s'attire des embrouilles, répliqua Marie.
Elle l'entraîna à l'écart et lui pinça l'oreille.
-Monsieur Bratin, vous commencez à m'exaspérer. J'ai bien voulu t'accompagner ici, mais maintenant j'ai pas envie d'aller en prison parce que Môssieur a envie de faire son lourd !
Le garçon sourit malicieusement. Il sortit sa Pokéball :
-Héhé, ils veulent m'empêcher d'entrer, mais je suis Thomas Bratin moi ! Bwahahaha !
Alakazam sortit et regarda autour de lui, interrogateur.
-Mon pitit Ala, je vais te demander quelque chose. Tu vas essayer de créer une diversion avec une attaque psychique. Il faut que tu fasses croire aux flics qui se trouvent devant nous qu'il y a une explosion pas très loin. Ces gugus vont aller voir et alors tu vas nous couvrir et on rentrera dans les égouts.
-…Kazam, approuva le Pokémon.
Cependant il savait pertinemment que c'était risqué et dangereux, mais… quand son dresseur avait une idée en tête, il était rarement possible de le dissuader. Marie prit à nouveau l'oreille de Tom :
-Aïe, aïe, Marie, tu m'fais super mal !
-Thomas… Est-ce que tu crois que les flics vont être suffisamment bêtes pour délaisser la surveillance à cet endroit ? Et quand bien même tu réussirais à passer la barrière, tu vas rentrer comment ? Tu ne sais même pas si c'est profond dans ce trou !
-Bah, les égouts c'est jamais très loin du sol. Au pire je me froisserai les fesses. Si tu veux pas esquinter tes fesses ne me suis pas…
Tom préparait son Alakazam à lancer une attaque de diversion lorsqu'une voix familière l'arrêta :
-T'es vraiment le roi des couillons toi.
-Félix ?
-Alors comme ça tu veux rentrer ?
Le ton du rasta était beaucoup moins solennel que d'habitude. D'ailleurs, Félix n'était jamais grossier, ce qui surpris Tom. D'un autre côté, il n'avait presque jamais vu Félix dehors, mais uniquement chez lui, le plus souvent dans son entrepôt.
-Bah oui je veux rentrer… Tu peux pas parler aux flics ? Ils te laisseraient entrer toi ? T'as pas un papier comme quoi t'es membre des Anti-Rockets ?
Félix se mit à rire :
-Ah… sacré Marc Junior. Tu sais, pour rentrer, il faudrait que j'aille chercher une autorisation chez les " hauts placés ". On est pas dans un film avec Bruce Willis où il suffit de montrer ta plaque pour rentrer n'importe où. Et puis, maintenant que notre mouvement est complètement discrédité par le gouvernement, je ne pense pas que j'aurais l'influence nécessaire pour rentrer…
Il posa une main sur l'épaule de Tom :
-Par contre, y a un moyen facile de rentrer dans ces égouts.
-Lequel ?
-Très simple, suffit de passer par en bas en rentrant dans les égouts, mais plus loin !
-Hein ?
Il montra du doigt une rue éloignée.
-Tu vois, il suffit de soulever une plaque d'une de ses rues et de rentrer dans les égouts. Une fois dedans, il suffit de rejoindre le lieu de l'explosion.
-Pourquoi j'y ai pas pensé avant ?
-Parce qu'il me semble que foncer tête baissée est une tradition chez les Bratin, soupira Félix.
Ils marchèrent tous les trois vers la rue que Spliffman avait désignée. Grâce à son Noadkoko il souleva la plaque d'égout et descendirent tous à l'échelle. Ils arrivèrent dans un tunnel sombre et où leurs pieds s'enfonçaient dans du sable gluant.
-Ouah, c'est dégueu. Reptincel, go.
Le Pokémon sortit et sa flamme éclaira les lieux. Il s'agissait d'une sorte de grand tunnel en pierre sombre, et le sol était sablonneux, ce qui surpris Tom.
-Bah je pensais que c'était de grandes galeries de bétons avec de l'eau qui coule dedans et des grilles !
-On est pas dans Tortue-Ninjas Tom, dit Marie désespérée.
-Oui mais je croyais que…
-Tom la ferme…
Il baissa les épaules de dépit.
-C'est par ici, fit Félix d'un geste de la main.
Ils le suivirent, pressant le pas pour ne pas se retrouver seuls dans cet endroit glauque.
-Et bien, il semblerait que ce soit par-là… Regardez les débris qui bloquent l'accès, on se rend bien compte de l'explosion !
-Comment on va passer ? Demanda Marie qui commençait à trouver l'aventure excitante.
-Et bien… Il va falloir creuser, à nos risques et périls…
Tom prit alors une seconde Pokéball et son Airmure apparût.
-Vas-y, tranche-moi ces pierres !
Le Pokémon obéit mais il ne réussit qu'à émousser ses ailes devant la rigidité des rocs qui bloquaient l'accès. Marie appela alors son Cizayox.
-Bon, allez, finit de joué. Cizayox, Danse-Lame.
Le Pokémon tourna sur lui-même puis, sous les ordres de sa dresseuse, fonça sur le mur qui éclata en morceaux.
-Ouah, et bien je suis impressionné, souffla Félix.
-Pfff, c'est rien pour lui, répliqua Marie gonflant ainsi l'orgueil de son Pokémon.
-Re… regardez ce …
Tom tremblait de la tête au pied. Le mur ayant explosé, le passage libéré permettait de voir clairement le lieu de l'explosion. Les murs avaient été soufflés et du sang couvrait quelque fois la surface des pierres. Les corps avaient été enlevés mais tout avait été laissé intact. Félix du se retenir de ne pas pleurer en voyant le sang de ses amis sur les parois des égouts.
-Le … le dernier message qu'on a reçu d'eux … c'était alors qu'ils étaient attachés et que la bombe allait bientôt exploser. Ils parlaient de Pokémons Rockets invincibles…
Félix s'agenouilla… Son visage disparut, caché par ses longs cheveux noirs. Marie donna la main à Thomas, qui ne disait rien.
-Hmmm…C'est étrange, fit il…
-Quoi ? Demanda Félix, tremblant.
-On dirait que cette pierre est différente des autres.
En examinant attentivement le mur taché de sang, on pouvait en effet remarquer qu'une des pierres était légèrement décolorée. Tom la prit et tira de toutes ses forces. La pierre ne bougea pas.
-C'est étrange… pourtant j'étais persuadé qu'elle avait été changée…
Félix l'examina.
-Peut-être que quelqu'un la retirée avant l'explosion et la remis dans l'autre sens, ce qui expliquerait sa couleur différente.
-Ouaip, mais pourquoi on ne pourrait pas la bouger maintenant alors que quelqu'un l'a fait ?
-L'explosion a du sceller la pierre, fit Marie.
Tom essaya à nouveau de la dégager mais sans succès. Le Cizayox s'approcha de la pierre et y cala ses deux pinces. Il tira de toutes ses forces et réussit à sortir la brique. Dans le renfoncement se trouvait une minuscule puce électronique.
-C'est une puce vidéo, fit Félix. Ca voudrait dire…
-Je pense avoir compris, murmura Marie comme si elle parlait à elle-même. Un type du groupe de Félix a du sortir une pierre et mettre une puce vidéo dans la cachette ainsi formée…
-Je vais aller visionner cette puce, dit Félix.
-Très bien, on t'accompagne, firent Marie et Tom en même temps.
Il leur répondit d'un ton grave :
-Je pense que ce genre de chose n'est pas pour vous… D'une ça risque d'être assez gore, surtout s'il s'agit des quelques secondes avant l'explosion, ou bien si cette puce a enregistré le combat… Et de deux, vous n'êtes pas apte à regarder cette vidéo… Seuls les Antis-Rockets le peuvent.
Tom le regarda, troublé :
-Mais Félix, je suis le fils de …
-Peu importe, je n'ai pas à t'impliquer là-dedans, c'est clair ? Je me débrouillerai tout seul et je …
-Hey ! Qu'est-ce que vous foutez là ? !
Un policier, intrigué par les voix qui émanaient du fossé avait penché sa tête à l'intérieur et avait vu deux adolescents et un homme noir aux cheveux longs. Très vite, il fut rejoint par ses collègues qui regardaient le trio avec sévérité.
-Sortez d'ici tout de suite !
-Mince, qu'est-ce qu'on fait ? Demanda Tom. On retourne sur nos pas ?
-A mon avis, ils ont déjà tout verrouillé, répondit Marie.
Elle rappela son Cizayox et sortit son Dracaufeu et son Ptéra.
-Allez, Ptéra, met Félix sur ton dos, Dracaufeu, tu vas nous porter !
Les policiers regardaient dans le trou, essayant de réfléchir sur la façon dont ils allaient arrêter ces individus. Ils se retournèrent tous lorsque leur chef arriva.
-Capitaine, nous avons aperçu trois individus dans le fossé, nous allions les intercepter.
-Très bien. Bon, essayons de…
-AAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAH ! ! ! ! ! !
Tous les policiers furent projetés par terre. Du fossé sortirent à toute vitesse deux Pokémons volant qui disparurent dans le ciel très rapidement.
Les agents se levèrent, encore tremblant.
-Qu'est-ce que… qu'est-ce que c'était ?
-Je… Je sais pas…
Sur le Ptéra, Félix s'accrochait facilement. Ce n'était pas le cas de Tom qui, n'avait pas beaucoup de place sur le Dracaufeu qui portait déjà Marie.
-OUAAAAAAAAH, MARIE J'AI PEUR.
-Arrêtes de bouger putain ! Dracaufeu n'est pas habitué pour porter deux personnes, alors ne le fatigue pas encore plus en gigotant dans tous les sens.
-MAIS JE VAIS TOMBER !
-Mais non voyons, accroche-toi donc !
-Voilà… MON DIEU MARIE JE NE VOIS PLUS LE SOL !
-C'est parce qu'on est au dessus des nuages, ils étaient bas aujourd'hui.
-Marie j'ai trop trop peur, je vais m'uriner dessus !
-THOMAS ARRETE, NE SALIS PAS MON DRACAUFEU !
Ils atterrirent dans une forêt proche de Paris. Marie rappela ses deux dragons, non sans les avoir remerciés. Thomas se dirigea vers un arbre et s'appuya dessus, les bras en avant.
-Aaaah… Punaise…
-Alors Monsieur Bratin, on veut jouer son fort, mais on gère pas trop bien les acrobaties aériennes.
-BWAHAHAHAHAH Marie, tu t'es fait avoir. Tu croyais vraiment que j'avais peur ? Pffff… J'ai fait ça pour que justement tu ne sois pas affolée. C'est un principe simple, si quelqu'un à plus peur que toi, tu penses d'abord à le rassurer plutôt que d'avoir peur, j'ai fais ça pour que tu ne tombes pas dans les pommes.
Marie le regarda, fermant les yeux de dépits.
-Mais… mais… qu'est-ce qu'on va faire de toi ?
Félix le regarda, amusé :
-Ah, j'ai l'impression de retrouver un ancien ami… Ton père était pareil, il était le pire de tous les pitres la plupart du temps, mais lorsque la situation devenait sérieuse il devenait le plus solide de tous les partenaires que j'avais à l'époque.
Tom s'approcha de Félix.
-Faudra que tu me parles de mon père un jour.
-Bon, allez, je dois y aller, dit tristement le rasta, le cœur rempli de souvenirs.
-Félix, laisse-nous venir avec toi, il faut que je visionne cette puce, sinon on sera allé dans ces égouts pour rien.
Spliffman soupira, puis acquiesça de la tête, sans mot dire.