Diverses nuits
Qu'elle se sentait bien dans ses bras puissants. Il avait eu cette bonne idée de s'endormir en la serrant dans ses bras et elle se retrouvait maintenant entourée par ces muscles impressionnants, sentant son souffle calme et rassurant contre son dos. Laetitia n'osait pas le réveiller, pourtant elle avait l'envie soudaine de le faire, juste pour lui dire qu'elle l'aimait. Cependant elle ne le fit pas, elle se contenta de rester ainsi, blottie contre celui qu'elle aimait plus que tout au monde. La voix ensommeillée de Maxime berça alors son cœur lorsque le garçon dit dans un souffle : Léa. Dormait-il ? Etait-il réveillé ? Peu importe, elle se sentait encore mieux, et s'endormit, un sourire sur ses lèvres.
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Peut-on dire que les yeux sont le reflet de l'âme ? Cette seule partie de l'être qui permettrait un accès direct au plus profond de chaque humain ? Cette nuit, deux paires d'yeux se scrutaient minutieusement, recherchant encore plus loin que l'âme, dans les plus inaccessibles trésors que l'esprit pouvait cacher. Ces yeux s'épiaient chacun, sans aucune menace, juste afin de savoir ce que l'autre aimait et ce qui lui ferait le plus plaisir. Rechercher quelque chose d'inconnu était passionnant et chaque nouvelle découverte était accompagnée d'une profonde et secrète satisfaction de la part de celui qui l'avait faite.
Marie regardait Tom. Tom regardait Marie. Leurs souffles s'accompagnaient de sourires faibles mais pourtant emplis d'une émotion incomparable. Qu'étaient ces deux corps, si ce n'est que de simples machines permettant d'accéder à un univers bien plus merveilleux que celui dans lequel les humains croient patauger. Tom scrutait toujours le regard de celle qu'il aimait. Il l'observa et se rendit compte soudain que tout s'embrouillait chez elle. Il était temps pour elle de descendre de ce paradis où il l'avait emmené, mais avant, il fallait qu'elle monte encore plus haut. Bien plus haut que là où elle était déjà. Quant à Thomas, il se contentait de suivre l'ascension fulgurante de Marie et de s'envoler à son tour. Les paupières de celle-ci se fermèrent alors, et, enserrant Thomas, Marie se mordit la lèvre. Thomas, allongé ne pu s'empêcher de relever son buste et de prendre Marie dans ses bras.
Le paradis s'ouvrit à eux, quelques secondes certes, mais ils purent le voir. Ils avaient dépassé les nuages, dépassé les limites de ce qui s'appelait le plaisir. Pouvait-on encore les dépasser ? Peut-être, mais pouvait-on y survivre ? Tom en doutait, surtout lorsqu'il posa une main sur son cœur et s'aperçut que celui-ci battait à une vitesse dangereuse.
-De dieu, on dirait une vraie batterie !
Marie s'était allongée à ses côtés et le regardait, amoureusement.
-Et bien, moi je n'ose pas toucher ma poitrine, j'ai peur qu'il se soit arrêtée.
Thomas se tourna vers elle et la prit dans ses bras.
-S'il s'était arrêté je ne serais plus là ma puce.
-Je le sais, mon chéri.
Elle se cala contre son torse, et, avant de s'endormir, lui chuchota :
-T'es vraiment une bête de sexe Tom.
-Non... Je ne suis qu'un sexe Marie... Juste un immense pé...
Elle le pinça :
-Restons romantique pour une fois mon doudou.
-C'est toi qui as commencé.
-S'il te plait...
-Bon d'accord. Bonne nuit mademoiselle Amour.
-Faîtes de beaux rêves Monsieur Cœur.
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Malgré l'heure tardive, il ne dormait pas. Il restait, imperturbable, dans sa grande salle blanche, impeccablement lavée. Il attendait ce maudit appel avant de pouvoir se coucher. Et quand bien même il se serait couché, il n'aurait pas dormi. Il ne dormait presque pas. D'ailleurs, il n'en avait pas besoin. L'écran géant qui se trouvait à sa droite s'alluma enfin. Dessus apparurent les traits marqués d'un homme dont la colère venait de laisser place à la peur, celle de se retrouver confronter à quelqu'un de beaucoup plus dangereux que lui.
Sur son siège blanc, l'homme lui demanda :
-Vu l'heure tardive, je suppose que vous avez échoué Stargis ?
-Monsieur, je suis vraiment désolé, mais nous ne pouvions rien faire. L'organisation des Antis était encore là.
-Tout le monde savait qu'ils seraient là pour empêcher la Mafia de faire ce qu'elle devait faire. Imbécile, je vous paye justement pour contrer leurs plans.
-Monsieur, ils étaient trop nombreux, aucun plan n'aurait suffit. Surtout que...
-Silence ! Il n'y a pas d'excuse. Je ne me suis pas battu toute ma vie pour me retrouver face à des échecs. Vous êtes viré Stargis.
-Mais monsieur...
-Au revoir.
Il prit une télécommande et ferma l'écran. Il s'enfonça autant qu'il le pouvait dans son grand siège et ferma les yeux. Voilà maintenant trente ans qu'il tenait les rennes de la Mafia Rocket en France. Il était devenu le chef de l'organisation à ses 18 ans et avait tout de suite brillé par son sang-froid et son intelligence. Mais son génie n'avait pas pu se concrétiser. Trois hommes s'étaient dressés devant lui. Trois hommes avaient réussi à rassembler tous les ennemis de la Mafia Rocket et avaient pu mettre en déroute tous les plan du Caïd Rocket de France.
Mais Jack ne se laissait pas faire. Jack éliminait ses ennemis, aussi longtemps qu'ils se mettraient en travers de son chemin.
Jack avait réussit à faire inculper Sylvain pour meurtre. Celui-ci, connu pour être le meilleur dresseur du trio, avait du fuir, recherché par la police pour un meurtre qu'il n'avait pas commit. Félix, pendant de longues années, avait essayé de le disculper en trouvant les preuves de la conspiration, mais, même une fois que la justice eut découvert la vérité, Sylvain ne réapparût pas. Quant à Marc, il mourut bêtement dans un accident de voiture.
Jack Hannot... Le Caïd rouvrit les yeux.
-Quel dommage, un simple accident de voiture, fit il doucement.
Le dernier restant, Félix, n'avait pu garder qu'une simple faction à Monche-Ville et le groupe qui contrait chaque action de la Mafia Rocket s'était petit à petit affaibli. S'en suivirent des années difficiles, où la police eut fort à faire face aux actions des mafieux. Cependant, Félix n'était pas seul, et petit à petit, malgré des années de troubles, des renforts arrivèrent. Léon, RaZoR, de nouveaux grands piliers étaient venus s'inscrire dans l'organisation Anti-Rocket et la Mafia devait à nouveau se faire discrète.
Mais il était temps de revenir sur le devant de la scène. Tenter de faire autre chose que de la contrebande et autres trafics de stupéfiants. Depuis des années Jack préparait quelque chose. Les recherches avaient abouti et il était temps maintenant de montrer à la France que la Mafia n'était pas morte, bien au contraire.
Pourtant, Jack était soucieux. Il sentait que d'autres électrons libres encore inconnus viendraient lui mettre des bâtons dans les pieds. En particulier ce Thomas, le fils de Marc Bratin, celui qui avait empêché le vol de l'Evolutor lors du Pokéfight de Février 2002.
Mais peu importe les contraintes, cette fois-ci, Jack allait montrer l'étendue de son intelligence et la puissance de la Mafia Rocket.
Il regarda cette ceinture posée à côté de son siège. Il avait fallu dix ans aux laboratoires pour concevoir cette merveille de la biotechnologie. Mais maintenant... Cet objet que l'on mettait sur le Pokémon désiré avait pour effet de le faire résister à tous les types d'attaques qu'il craignait, le rendant particulièrement résistant.
Pour Jack, il fallait que cette ceinture fasse ses preuves, et ensuite il pourrait autoriser le début de la construction en masse de ces objets. Pour l'instant, il n'y avait que quelques dizaines de ces prototypes. Mais il lui suffirait d'un attentat pour d'une part, prouver leur efficacité et d'autre part ridiculiser ses ennemis.
Un rire traversa la salle, s'amplifiant, faisant trembler les murs, puis s'arrêta d'un coup. Le Caïd appuya sur un bouton et se contenta de dire :
-Je vous autorise à lancer le projet P.
-A vos ordres Monsieur, répondit une voix féminine.