L'Hiver
Vingt-huitième jour de l'hiver.
Les jours passèrent et redonnèrent aux habitants toujours un peu plus de leur bonne humeur. L'automne se terminait doucement au profit de l'hiver. Les missions que nous reçûmes n'étaient plus aussi intéressantes qu'au début : il s'agissait surtout de récolter des provisions, et, plus rarement, d'éloigner les Pokémon s'aventurant un peu trop près de notre territoire. Les feuilles rouges et brunes cessèrent de tomber, puis disparurent doucement sous un manteau de neige, qui couvrit les cimes des arbres et les toits de nos tentes. Les lacs étaient glacés et les pluies rares. C'est pour cela qu'on nous attribua une mission beaucoup plus importante.
En effet vivaient pas loin de nous un petit groupe de Salamèche et Poussifeu, dont l'aide nous serait indispensable si nous voudrions ne pas mourir de soif cet hiver. Leur village fut facile à trouver, construit dans un terrier de taille remarquable, habitant des petites huttes construites à l'aide d'un mélange de boue et de plumes. Les Salamèche et les Poussifeu n'hibernaient pas, contrairement aux Fouinette ou aux Ronflex. Cependant, à notre arrivée, tous les Pokémon dormaient, à l'exception de deux Salamèche qui montaient la garde.
« Halte là ! » cria la première sentinelle ; « Que voulez-vous ? » interrogea le deuxième Salamèche. « Nous venons solliciter votre coopération pour l'approvisionnement en eau » expliqua Cyprès, « pouvons-nous parler à votre chef ? ». Les sentinelles se consultèrent d'un regard, puis une des deux avança vers une hutte et y entra. Après quelque temps d'attente, nous fûmes conviés à les rejoindre à l'intérieur. La sentinelle sortit de l'habitation et nous fit signe d'entrer, puis retourna à son poste. Devant nous ce tenait un Reptincel, encore jeune au vu de son physique. Il nous proposa une infusion de baies qui mijotait sur un petit feu. Nous acceptâmes volontiers. Je commençai la négociation : « Nous sommes venus au nom de notre chef, les sage Chêne, vous demander votre soutien pour l'hiver. Il nous est impossible de trouver de l'eau dans les lacs gelés, et les pluies ne sont hélas pas suffisamment abondantes. Pourriez-nous vous aider ? ». Le chef porta sa main à son menton, réfléchit, et nous fit connaître son verdict : « Nous vous aiderons volontiers. En contrepartie, nous vous demandes de nous fournir suffisamment de lianes pour nous construire un abri convenable. Etes-vous d'accord avec ces conditions ? ». Je voulus consulter Cyprès pour connaître son avis, mais il était déjà en train d'acquiescer. Nous frappâmes nos petites coupes de glaise pour conclure notre accord. Et encore une mission de plus conclue avec succès. Nos pères allaient être fiers de nous.
Sur le chemin du retour, nous ne pûmes nous empêcher de passer par la clairière où nous avion jadis aperçu le serpent dans le ciel. Mais ce petit détour fut un bien mauvais choix. Nous nous heurtâmes à un Solaroc, un Pokémon très rare dont on dit qu'il vient des étoiles. Il nous prit pour un ennemi et nous attaqua immédiatement avec ses attaques psychiques. J'avais l'intention de le bombarder de feuilles tranchantes, mais Cyprès eut une bien meilleure idée : il l'endormit avec ses spores spéciales et nous pûmes passer tranquillement en ayant évité le combat.
Rentrés au village, nous trouvâmes tout le monde endormi. Nous jugeâmes plus sages de rentrer dans nos demeures respectives et d'aller voir le Doyen le lendemain. Celui-ci nous a récompensés avec des pierres grises ornées d'un motif de plante, en nous disant que le jour venu, elles nous permettraient d'entrer dans les pas de nos parents. Nous décidâmes de toujours les porter aujourd'hui.
Jusqu'aujourd'hui, les Salamèche et Poussifeu ont tenu leur parole, et nous en revanche leur livrons en permanence des morceaux de lianes. Quant au Solaroc, nous ne l'avons plus revu. Mais le Pokémon légendaire de la glace continue de répandre son souffle sur notre forêt.