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» Auteur : fan-à-tics - Voir le profil
» Créé le 29/08/2009 à 21:50
» Dernière mise à jour le 04/09/2009 à 15:08

» Mots-clés :   Présence de personnages de l'animé   Présence de poké-humains   Présence de shippings

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Episode 33 : Le fantôme des époques (partie 1)
Nouveau chapitre ! Purée, je l'aime pas du tout ce chap, il révèle trop de trucs ! Je déteste révéler trop de trucs à la fois, donc j'ai coupé les choses en deux…Tant pis, vous verrez le rêve de Sam plus tard…
Me frappez pas !

Oh, sinon, je voulais vous dire qu'une nouvelle fiction est publiée, écrite par mxiwelch, un très bon auteur, son histoire se déroule en parallèle à celle-ci, elle conte l'aventure d'Elza, et donc de Cristal, myxi et les autres…Allez la lire, elle vaut le coup ! Sur fanfic-fr, c'est les Larmes de Jirachi. Elle a aussi écrit une autre histoire sur Eléanore...Bref, si vous voulez les lire, vous savez où aller !

Bon, dites moi ce que vous pensez de ce chap, vos hypothèses, vos cris de joies, vos déceptions quant à la simplicité du secret, et même vos revendications quant à ma supercherie pour vous pousser à chercher trop loin !
Bonne lecture !

je corrigerai les fautes s'il y en a, dites le moi, là je sature.

-Chapitre 33 –Le fantôme des époques-

Loin, loin sur les terres de Jotho, dans une vallée ancrée dans la roche du mont Argenté, dans un bâtiment imposant camouflé sous une cascade aux reflets mordorés, un homme tournait en rond dans son bureau. Le visage figé dans une expression inquiète, il ne cessait de se lever de sa chaise, de faire quelques pas, de se reprendre sa place, de saisir sa tête entre ses coudes, et de gémir plaintivement.

Assistant à ce spectacle avec un air coupable, Sacha et Marion, penauds, gardaient le silence. Se contentant de suivre des yeux cette silhouette tourmentée qu'était devenue Peter depuis plus de trois semaines.

Trois longues semaines s'étaient écoulées depuis l'attaque de Carmin-sur-mer. L'aventure se soldait par une victoire presque totale des forces de Twilight, mais à quel prix ? La ville avait été presque dévastée, si on comptait peu de morts, les blessés s'empilaient, accompagnant les disparus sur une liste de la honte pour l'organisation. La réponse avait été propre et rapide, Opale avait brusquement battu en retraite, et même si le chef, Méfisto était parvenu à s'enfuir par ils ne savaient quel tour de magie, quelques sbires se trouvaient derrière les barreaux, attendant leurs jugements.
Mais rien de tout ça ne semblait redonner un peu d'espoir à Peter, à partir du moment où il était entré, essoufflé, au bord de l'épuisement ; dans la cache de Gold, et qu'il n'avait trouvé qu'une flaque de sang imbibant la pierre dure, plus rien ne lui remontait le moral.

Parfois, à la place d'une plainte étouffée, il poussait un soupir angoissé et marmonnait quelques mots, des « comment je vais leur annoncer ça…Comment je peux leur annoncer ça ? ». Il était à tel point pris dans ses tourments, que Sacha avait du prendre sa place lors de la conférence de presse pour expliquer le regroupement de champions lors de la contre offensive de Carmin. Il avait inventé une excuse pour éviter de mettre révéler un maximum d'informations aux ennemis camouflés un peu partout dans la région.

Il caressa distraitement la tête de son vaillant pikachu, et contempla longuement le créateur de l'organisation se rétracter sur lui-même. C'était la première fois qu'ils perdaient ainsi des membres. Mais Sacha se refusait à croire qu'ils avaient péri, malgré toutes les preuves, tant qu'on ne retrouvait pas les corps, il se bornait à les compter encore parmi les vivants. C'était, tout simplement trop inconcevable, trop douloureux, de penser autrement.

Son regard noir coula vers l'unique fenêtre de la pièce. Bien sûr, le paysage n'était pas visible derrière le rideau d'eau qui s'écoulait incessamment sur la paroi vitrée, personne ici ne pouvait voir les arbres aux ramures d'or, orangée, comme suspendu dans un automne éternel, personne ne voyait le ciel bleu, parsemé de nuage cotonneux planer au dessus de leurs têtes sereinement, personne n'admirait les maisons traditionnelles ornant les berges de la rivières, reliées entre elles par des filins électriques soutenant des lampions colorés. A vrai dire, personne aujourd'hui ne devait avoir envie de savourer la beauté de la nature. C'était un jour de deuil, sous un soleil éclatant et une bise fraîche.

Marion s'approcha de Peter alors que celui-ci mettait un genou à terre en serrant ses côtes. Les relents de sa tentative d'assassinat ajoutaient plus de peine encore à leur ami. La blonde, confuse, lui bredouilla de retourner à l'hôpital, mais il refusa. Demandant au contraire, à nouveau le bilan de la bataille. La championne glace fronça les sourcils, souffrant déjà de la répétition de son discours, mais obéit docilement :

-Pas de blessés graves parmi nos rangs. Les civils ont tous été évacués et attendent de retrouver leurs foyers dans ses camps de réfugiés d'Azuria, surveillés par Ondine, pour le moment. Nous n'avons plus d'espions à Kanto, donc nous ne savons pas où ont filé le gros des troupes d'Opale, en revanche, Ruby affirme qu'ils ne sont pas à Hoenn, et Jun, répète la même chose pour Sinnoh.

Peter fit un geste de la main pour lui intimer de chasser ces banalités de ses explications. La jeune femme se pinça les lèvres et continua sans oser le regarder dans les yeux.

-Nous interrogeons toujours les sbires capturés pour savoir où se trouvent Silver et Gold, mais ils ne savent rien.

Cette fois, ce fut Sacha qui intervint.

-Régis, et les recrues qu'il a engagé, Daniel, Lucas –le cousin de Marion ? Hasarda Peter, mais la blonde lui fit répondit d'un hochement de la tête sans interrompre le brun- et Gabriel, disent que, Silver et Gold étaient normalement accompagnés par, une de mes amies et ses camarades. Mais…
-Je ne les ai pas vu quand j'ai discuté avec Gold par pokématos. Le coupa Peter – Et Gold ne m'aurait jamais laissé parler de Twilight comme ça en présence de civils.
-Oui, mais une femme que l'on a secourue dans le tramway accidenté, insiste elle aussi, en disant que son collègue, qui accompagnait lui aussi mon amie, se trouvait à Carmin lors de l'attaque, et qu'elle ne parvient pas à le joindre depuis. Un vieil homme respecté, du nom de Kain Lag, confirme, et son élève aussi. Elle dit même que son collègue est certainement responsable de ce foutoir, même si je n'ai pas bien compris les preuves qu'elle apportait pour soutenir ça…
-D'accord, ça veut donc dire, qu'en plus des deux disparus, j'ai en plus à avouer la possible mort de plusieurs civils dans le tas…Siffla Peter en s'affaissant un peu plus.
-Daniel, Lucas, Régis et Gabriel ont bien été accueilli par Yoann à Lavanville et sont désormais à celadopole, mais ils refusent de quitter la ville tout de suite pour venir jusqu'ici, ils veulent d'abord joindre les disparus.

Cette fois le maître Dragon posa son front contre le bois de la table et resta ainsi en bafouillant des mots incompréhensibles. Marion l'observa, le cœur gros et lâcha d'une voix presque brisée :

-Cristal est arrivée ce matin avec Alexandre, seul Myxilia n'a pas quitté son poste, elle ne sait toujours pas pourquoi tu l'as convoqué…Elle t'attend.

Le champion leva les yeux, dépité, vidé. Marion ne parvint pas à soutenir cette vision plus longtemps et elle balbutia :

-Si tu veux, je me charge de lui dire.
-Non, c'est à moi de le faire, c'est de ma faute. Répliqua Peter, son regard ocre se perdant dans un infini inaccessible. –C'est gentil à toi Marion, mais non. Retourne auprès de ton cousin, il a besoin de soutien. Sacha, toi aussi, tu peux partir.

Les deux dresseurs parurent hésiter, puis ils quittèrent la pièce, plus ou moins de bon cœur, mornes. L'une préférant désobéir et aller méditer près de la rivière plutôt que d'aller ajouter du souci sur les épaules de son cousin, et l'autre voulant retourner auprès de sa petite amie pour l'informer des évènements.

Avant de fermer la porte derrière eux, ils lancèrent simplement à son adresse :

-Tous nos membres sont sur le qui-vive, ils les recherchent tous près de chez eux, alors, ne noie pas l'espoir qu'il reste encore, ménage toi aussi.

Peter les fixa longuement, jusqu'à ce que leurs ombres s'éloignent de lui et ne disparaissent derrière la porte de bois, puis il alluma son communicateur, composa un numéro, la gorge serrée, et attendit patiemment qu'un visage apparaisse sur l'écran.

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Cristal tremblait comme une feuille dans la salle d'attente, la pièce avait beau être magnifique, emplie de fleurs ; avec une baie vitrée laissant entrevoir un immense point d'eau où les saules pleureurs paressaient, rien ne la calmait. Elle avait reçu cet ordre de convocation peu après la missive indiquant que la bataille à carmin avait pris fin, sans aucune explication, ni même raison. Il lui avait fallu du temps pour se rendre au Qg, elle avait pris tout son temps à vrai dire, tant la peur lui paralysait les muscles. Son compagnon avait beau eut la gentillesse de lui proposer de l'emmener en volant, elle avait refusé, elle avait voulu faire ça à pied. Elle avait voulu faire traîner, retarder cette révélation qu'elle appréhendait sans la connaître. Le mauvais pressentiment enserrant son cœur l'asphyxiait presque. Sa prise sur son médaillon se resserra.

Un garçon maigre, assez grand, aux airs angéliques s'approcha d'elle et lui donna une canette, mais elle la refusa d'un signe de tête polie. Les yeux bleus du jeune homme se rembrunirent et son sourire faible se dissipa, il s'assit et souffla sur une des folles mèches blondes lui tombant sur le nez, exaspéré. Couvert de boue, il n'avait pas pris la peine de se changer, lui-même devait avouer qu'il ne se sentait pas dans son assiette, se doutant de la mauvaise nouvelle qui approchait. Il avait maintes fois essayé d'appeler Myxilia, sa sœur, pour la convaincre d'échanger les rôles, qu'elle vienne soutenir Cristal dans l'épreuve et que lui, Alexandre, continue la mission de rallier les champions de Jotho à leurs causes. Mais malheureusement, cela relevait d'un deal impossible au fur et à mesure que la distance physique se creusait entre eux.

Une porte s'ouvrit alors devant eux, et Peter les attendait sur le seuil, les prunelles cernées de marques rouges. Cette vision glaça totalement le jeune garçon, lui qui avait combattu la ligue, il savait combien le champion était fort, et en cela, il lui vouait un respect sans borne. Cependant, là, la base même de sa réputation se fendillait. Cristal du penser de même, car quand son compagnon fit mine de partir pour les laisser seuls, elle le retint par le bras, avec une expression désespérée. Il revint auprès d'elle et se contenta de rester à ses côtés en silence.

Le maître dragon s'avança et balbutia des bonjours mal assuré, des formules de politesse à ne plus finir auxquelles la brune ne répondit même pas.

-Pourquoi suis-je ici ? Dit doucement Cristal finalement, sans redresser la tête vers leur supérieur.

Peter se pinça les lèvres et soupira.

-Tu sais, qu'à Carmin-sur-mer, il y a eut une bataille.
-Tout le monde le sait. Rétorqua Alexandre, essayant de retrouver son assurance qui le caractérisait malgré les circonstances.
-Oui, et…Alors que je me rendais là-bas pour aider, j'ai appelé ton frère.

Il ne finit pas sa phrase, Cristal se recroquevilla et émit une plainte déchirante alors qu'Alexandre écarquillait des yeux. Le blond frissonna, il passa une main sur le dos de Cristal pour la rassurer, regardait Peter avec ahurissement, lui et son regard fuyant, puis bafouillait doucement des mots réconfortants d'une voix tremblante.

-Allez Cristal, c'est rien, si-si ça se trouve c'est rien ! Gold est trop fort pour, p-pour…Enfin, merde il a gagné la ligue lui aussi ! Il est super fort ! …Et i-il a raikou avec lui !
-Non il ne l'avait pas…Lâcha Peter honteusement.

Alexandre sursauta tandis que Cristal laissa échapper un gros sanglot.

-Quoi ?
-Je, sa mission à la base n'était pas extrêmement dangereuse, et je préférais savoir Raikou et Entei en sécurité, donc ils sont ici au Qg…Silver et lui n'avaient que leurs équipes Pokémon habituelles, se justifia Peter, sombre.
-M-mais Cristal elle a toujours Suicune sur elle !
-Cristal n'a pas encore fini son entraînement intensif, je préférais qu'elle conserve Suicune pour la protéger pour le moment.

La jeune fille trembla imperceptiblement et Alexandre parut paniqué par la tournure que prenait la conversation. Le maître des Dragon détacha les yeux de cette scène et continua avec un timbre terne et aussi froid dont il était capable.
-Gold, Gold se trouvait en plein milieu de Carmin-sur-mer, Silver était touché gravement, et je crois qu'Opale savait où ils se cachaient. Nous ne pouvions pas le secourir tout de suite, je lui ai dit de tout faire pour maintenir Silver en vie le temps qu'on soit là…

Cristal plaqua ses menottes sur ses oreilles et bredouilla faiblement un « Tais-toi. » que Peter ignora.

-Mais nous avons mis plus de temps que prévu pour arriver jusqu'à lui, et quand nous…avons atteint leurs refuges…
-Tais-toi. Répéta Cristal plus fort, levant une frimousse déjà ravagée par les larmes.

Alexandre ferma les yeux et se mordit la lèvre jusqu'au sang. Cependant Peter ne céda pas aux suppliques.

-Quand nous sommes arrivés, il n'y avait plus personne, juste une flaque de sang assez importante. Nous avons saisit le Qg, libéré les prisonniers, mais, il n'y avait aucune trace de ton frère nulle part, ni de Silver. Il a…tout simplement disparu, depuis trois semaines.
-TAIS-TOI ! Hurla Cristal.

Alexandre manqua de se faire renverser quand elle se redressa. De grosses perles translucides s'écoulaient sur ses joues et elle hurlait comme une démente des ordres à leurs supérieurs, si fort, si fort que peut être, elle pensait pouvoir couvrir le son de la voix qui lui annonçait ça.

-Cristal, on fait tout pour les retrouver, il ne faut pas perdre espoir…Expliquait Peter, bien peu convainquant.

Et à ces mots, la jeune fille cessa de geindre et elle cacha entièrement son visage dans ses paumes en bredouillant, brisée.

-C'est aussi ce qu'ils ont dit, quand papa est tombé dans le coma…

Le maître dragon recula, plein de remords. Alexandre s'avança vers sa coéquipière, dans l'espoir vain de la calmer, de la faire cesser de gémir, et elle se jeta sur lui pour se cacher dans ses bras et continuer de pleurer en répétant en boucle :

- C'est aussi ce qu'ils ont dit, quand papa est tombé dans le coma…

Le blondinet passa des bras mal assurés sur l'adolescente de 15 ans, ne sachant quoi faire d'autre. Les lèvres rétractées, le cœur lourd, il tenta de ne pas se laisser envahir par les échos de sa peine, mais lui-même, ayant une sœur qui l'accompagnait dans l'organisation de Twilight, ne parvint pas à rester insensible. Cette nouvelle lui avait fait l'effet d'un bain glacé suivit d'une longue chute inéluctable, il avait encore l'impression de perdre pied, et à chacun des « c'est pas juste » de Cristal, il battait la main de l'air pour espérer remonter la pente, s'agripper à quelque chose d'inconsistant, une aide qui ne viendrait pas, et à chacun de ses « C'est pas possible » Il sentait, voyait la réalité s'éloigner de lui de plus en plus tandis qu'il était happé vers le fond de l'abysse. Bien sûr, en entrant dans l'organisation, il avait appréhendé l'hypothèse de la mort de ses proches, il avait songé à l'absence que cela causerait, mais il en avait rit, il avait stupidement cru que cela ne leur arriverait jamais. Pour la première fois depuis qu'il avait intégré Twilight, il se rendait compte qu'ils jouaient tous à la roulette russe, risquant tous de perdre.

Cristal cacha de nouveau son visage, ses plaintes lancinantes de plus en plus faibles, s'étouffant les unes les autres au fond de son gosier, Gold parti, une part de lui l'accompagnait en préambule dans la tombe. S'il périssait, tout était fini, tout se brisait. Comment allait-elle pouvoir regarder sa mère en face après ça, elle allait rester seule, entièrement seule. Gold avait toujours été son seul et unique soutien, un lien invisible les reliait, malgré leurs disputes, malgré leurs peurs, ils avaient toujours été tolérants l'un envers l'autre, inséparables. Bien sûr il leur arrivait de se fâcher de temps à autres, de ne plus se parler quelques semaines, mais jamais, jamais elle n'avait réellement songé à la possibilité, qu'elle ne le voit plus du tout. C'était trop injuste comme fin. Gold devait vivre son compte d'années, il n'avait que 17 ans…Plus jamais elle ne se tournerait vers lui en souriant, en pleurant, en riant…Plus jamais…Tout son être tremblait de terreur devant cette vérité. Elle ne pouvait pas accepter une telle chose, c'était impossible. Ce n'était qu'une farce de mauvais goût, elle allait bientôt s'éveiller de ce cauchemar.

Cristal eut un nouveau hoquet et parvint à bredouiller une prière hasardeuse, à la fois pleine d'espoir et de ressentiments, doucement elle souffla :

-Tu n'as pas le droit de me le reprendre lui aussi…

Si Alexandre ne comprit pas exactement les paroles de sa coéquipière, Peter lui les saisit complètement et se retira sans un mot, prenant le chemin escarpé de la falaise, il s'isola dans une grotte presque invisible derrière un amas de verdure, et il n'en revint que tard dans la matinée.

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Dans la forêt qui bordait la ville d'Azuria, une jeune femme suivie d'un jeune garçon et d'un vieil homme, traînait ses pieds dans la poussière. Une béquille grinçante abandonnant de minces volutes de terres sur son passage. Elle avait enfin échappé à la surveillance quasi intégrale de la championne rousse, et avait profité de ce manque d'inattention pour s'éclipser accompagné de son élève, Armand, et de son ami, Kain.

Lily, claudiquant, scrutait le paysage pour retrouver l'adresse que lui avait laissé Akira avant de s'évanouir dans la nature. Elle espérait qu'il y avait trouvé refuge, qu'il l'y attendait. Inquiète, elle pressait le pas, malgré ses blessures. Armand et Kain en retrait, observaient son manège, sans vraiment faire quoi que ce soit pour l'arrêter.

Le jeune adolescent soupira quand elle manqua de trébucher et de s'écraser au sol. Avec une sub-luxation du genou soignée en urgence, c'était vraiment jouer à faire le mur, cette sortie. La seule blessure grave de son professeur résidait en cela, le reste ne relevait que de coupures légères et de plaies recousues à la hâte. Mais elle s'était presque entièrement déboîté l'articulation en empêchant les bandits de perforer la glaciation protectrice de son locklass. Normalement, son professeur devait garder le lit et ne pas stresser sa jambe. Cependant, si Lily était têtue, le pire restait Lily et Kain réuni, Armand n'avait jamais vu un adulte soutenir un autre alors qu'il avait tort, mais il avait vite compris, qu'il n'avait aucune chance face à eux deux. Puis, il ne désirait pas abandonner son enseignante après tout ce qui s'était passé.

Finalement, alors que la brune poussait un énième juron à l'encontre d'Akira, la silhouette de la maisonnée tant recherchée se découpa entre les feuillages. Et sous la baie vitrée, une silhouette familière écrivait sereinement devant un ordinateur portable.

Kain Lag porta la main à son cœur, et Armand cru une seconde, tant il devint pâle, qu'il faisait un infarctus.
Lily quant à elle, lâcha le papier qu'elle avait noté rapidement lors de sa dernière conversation avec Akira, le précieux parchemin s'étala doucement au sol, et elle plaqua sa main sur ses lèvres en retenant un cri. Sa frimousse passa de la stupeur à une expression absolument indescriptible. Les joues ruisselantes, les prunelles brillantes, un immense sourire étirait ses traits.

Elle balbutia un nom, comme étranglée, n'osant croire à ce rêve incroyable, ayant peur de se réveiller dans la dure et froide réalité :

-Shin…

Et sans crier gare, elle se mit à tituber vers la maison, accompagnée de Kain Lag, devant un Armand complètement époustouflé par leur culot. L'adulte sembla entendre du remue ménage à l'extérieur, et il ouvrit la porte pour passer la tête en dehors. Il ne parvint même pas à voir qui se jeta sur lui et l'enserra dans ses bras, il ne perçut que cette voix suppliante, ce remerciement à demi-mots.

-Tu es vivant…

Et il comprit. Mais sur le coup, sous les regards soulagés, touchés par la grâce divine qui lui lançaient Kain et Lily, il ne sut pas dire, s'il était furieux contre son frère, ou reconnaissant.

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Le bruit de la ville de Celadopole les entourait de toutes parts, ne laissant aucun répit aux habitants, ni même aux pauvres riverains. Les gratte-ciels s'empilaient, se suivaient, et seul les arbres entourant la cité, mettait un peu de baume au cœur à Danny plongé dans cet océan de bitume.

Il se pinça les lèvres et se gratta la joue, perdu dans toutes cette masse. Le gris noyait pratiquement entièrement la belle couleur verte de la forêt, et les points d'eaux ne faisaient que la refléter un peu plus loin encore. Lui qui avait toujours grandi dans une bourgade de campagne, entouré de plants, il devait bien avouer qu'il ne se sentait pas à sa place. Même devant l'arène où le parterre de fleurs s'étalait sur plusieurs mètres. Il se demanda une brève seconde quelles étaient les pensées d'Erika, la championne de type plante, qui vivait continuellement ici alors qu'elle aimait comme lui l'air vivifiant des plaines, et non des gaz d'échappement.

Il soupira, et se concentra sur sa besogne, photographiant les lieux avec assiduité, même si le cœur n'y était pas. Ce n'était pas faute d'essayer, il aimait même les travaux de patience comme celui de shiney hunter, observer un milieu, débusquer les nids, et finalement, trouver la perle rare dans le tas. Mais pour l'instant il avait fait chou blanc, le pokéradar de son frère lui compliquait la tâche plus qu'elle ne la lui facilitait –il ne comprenait pas son fonctionnement- et en plus, il avait la tête ailleurs.

Gabriel sortit le premier du bâtiment, dont l'enseigne renseignait sur son commerce à mi-temps, les parfums. Il vint s'installer près de son frère pensif, et lança :

-Lucas a gagné grâce à son nouveau Chamallot, et à Massko.
-Super. Répondit simplement Daniel.
-Il s'inquiète pour toi. Insista son cadet, en fronçant les sourcils. –Tu n'es pas venu voir son match.
-Je veux capturer des Shiney. Se défendit mollement le garçon.
-Dans ce cas, tu obtiendrais plus de résultat, en photographiant les hautes herbes plutôt que l'entrée de la ville.

Pour illustrer sa phrase, il saisit l'objet que tenait son aîné et le tourna dans la bonne direction, à l'extrême opposé de là où il pointait auparavant. Danny écarquilla légèrement les yeux et ricana en rougissant.

-Moui, c'est vrai…

Gabriel plissa les yeux et de méchants plis furieux tranchèrent l'arête de son nez. Il bondit sur ses pieds, et grommela froidement :

-Si tu es si inquiet que ça, montre le, comme le fait Régis, part à sa recherche toi aussi ! Mais fait pas comme si de rien n'était, c'est pas supportable. Moi je vais au centre nourrir mes Pokémons. Reviens me parler quand tu seras franc.

Il se retira en tapant des pieds et en marmonnant des insultes dans sa barbe inexistante. Danny s'interrogea une seconde sur ce qu'il avait bien pu faire pour le mettre à ce point en colère, puis il abandonna la tâche : sonder l'esprit de son frère relevait de la folie. Il se remit à sa besogne en soupirant, mais invariablement, l'objectif de son appareil revenait vers l'entrée de la cité, pour scruter chaque nouvel arrivant.

-Hey ! j'ai mon badge !

La voix de Lucas le ramena sur terre et il se retourna de nouveau. Le grand dadet lui souriait de toutes ses dents. Fier. Mais il savait que ce sourire cachait ses inquiétudes pour les filles. Il en fit de même et lui lança une expression ravie pour lui, bien qu'un peu à l'ouest, bref, un sourire béat de shooté made in Danny. Le brun rigola et vint le rejoindre sur la pelouse fraîchement coupée. Il observa cette marre de bâtiment gris ornés d'enseignes scintillantes et colorées puis balança :

-C'est moche !

Devant l'approbation muette de son ami, il ne sut plus sur quoi se lancer et il garda le silence un bon moment pour choisir ses mots avec maintes précautions. Quelques minutes plus tard, il se jeta à l'eau.

-Allez, je suis sûr qu'elles vont bien, elles sont pas du genre à se laisser faire, attend, on parle d'Eléa et Sam ! On devrait plutôt plaindre Opale si elles se sont vraiment battues contre eux !

Daniel ne répliqua pas, il se contenta de recommencer à prendre des clichés. Lucas baissa la tête, coupé dans son élan, et il lâcha :

-Tu pourrais au moins répondre quand j'essaye de te réconforter !

Le garçon sursauta, le fixa, les yeux ronds, et bafouilla, confus :

-Ah, désolé, c'est juste que je sais pas quoi ajouter d'autre, je pense pareil.

Cette fois, ce fut à Lucas d'être abasourdi, lui qui avait dit cela par plaisanterie, pour détendre l'atmosphère. Il savait pourtant que la disparition n'était que les prémices de la mort, dès qu'une personne disparaissait, c'était forcément mauvais signe. Il avait pleuré son compte, lorsque la nouvelle était parvenu à leurs oreilles, et il avait tenté de remonter la pente, de se convaincre, de tuer cet espoir insensé pour ne pas en souffrir, pendant trois semaines. Il avait cru que Danny avait fait de même, mais maintenant qu'il y songeait, il ne l'avait pas vu sangloter, le brun était venu les consoler un à un, tel un fantôme, sans prononcer un mot. Rien de plus. Espérait-il encore ?

-Dis, Lucas, quand on est amoureux, on ressent quoi ? Bafouilla Daniel, plus rouge qu'une écrevisse.

Lucas mit un peu de temps pour intégrer le changement de sujet, et il haussa les épaules négligemment.

-J'en ai aucune idée, demande à un adulte plutôt qu'à moi, j'ai pas beaucoup d'expérience là dedans.
-Pourtant, tu sembles toujours amoureux !
-Oui, je sais contempler la beauté et la glorifier, mais c'est tout.
-Tu sais donc vraiment pas ce qu'on ressent ? Demanda, déçu, son meilleur ami.

Lucas soupira et répondit évasivement :

-Je doute que quelqu'un le sache vraiment, ça doit être différent pour tout le monde. Mais je suppose, qu'il y a une base commune, comme l'envie de passer sa vie avec l'être que l'on aime, manquer de lui dès qu'il part, avoir envie de le protéger à tous les prix du malheur, que tout reste comme au premier jour, lui faire aveuglément confiance….Des trucs comme ça ! Bref, tu serais comme Régis avec Eléa.

Daniel détourna les yeux et digéra doucement les paroles de son camarade, les lèvres pincées, les yeux rivés sur les bordures de la ville. Puis un sourire étira ses traits et il murmura :

-Effectivement, tu sais pas ce que c'est sinon, je serai amoureux de plein de gens !

Lucas eut un rire jaune et se moqua :

-Ah oui ? De qui ?
-Bah de toi pour commencer, puis de presque tous les membres de ma famille…

Le plus grand des deux recula de quelques pas avec un faux air dégoûté, puis éclata de rire, marmonnant un : « si mes parents t'avaient entendu ! Ils t'auraient tué ! », à tel point qu'il ne perçut pas la dernière partie de la phrase de son ami.

-Et d'Eléa aussi.

Le gamin aux yeux vairons rougit distraitement, puis se remit à photographier la faune et la flore aux alentours, plus confiant. Après tout, Eléanore lui avait fait une promesse, celle qu'ils se reverraient tous, sains et saufs. Et il savait au fond de lui qu'elle tiendrait parole. Elle pouvait partir, ne plus donner signe de vie pendant quelques mois, il sentait qu'elle était toujours là, quelque part. Et lui, il allait continuer son rêve, pour qu'à son retour, elle puisse rester auprès d'eux, tous ensemble, comme ce soir là à Argenta. Sous les rires libérés de son camarade, ses pensées dérivèrent jusqu'à un lieu sans nom, inconnu, mais tellement familier à la fois.

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Un jeune garçon se baladait sur les bords de Lavanville, posant ses yeux marrons sur le paysage sans réellement le voir. Il portait un pull à col roulé noir, et un gilet blanc par-dessus, d'où les pokéball reluisait, un bandeau ramenait un peu d'ordre dans ses cheveux bruns légèrement bouclés, une paire de lunette étrange luisait sous le soleil déclinant à l'horizon. Il donna un petit coup du bout de ses baskets à une des pierres du chemin, s'ennuyant fermement. Exaspéré par ses recherches infructueuses, il planta ses menottes dans les poches de son short écarlate et gonfla ses joues sous l'énervement, geste inutile, et récurrents chez les enfants de 13 ans comme lui. De constitution moyenne, avec un visage tout aussi moyen, il pouvait se fondre dans la masse, personne ne le remarquait. Pourtant, ce gamin si jeune, appartenait à l'organisation Twilight depuis déjà un an. Et aujourd'hui, il était officiellement en mission.

Une mission, certes extrêmement peu intéressante, mais apparemment urgente et d'importance de premier ordre. Il avait d'ailleurs filé en plein milieu d'une réunion de famille dans la tour de lavanville pour inspecter les rebords de la cité.

Il connaissait le chemin par cœur, pour l'avoir parcouru toute son enfance durant, il avait grandi dans la région, été éduqué ici, et pour l'instant, ne l'avait pas encore quitté plus de quelques semaines. Pour une mission par-ci par-là, escorter les nouveaux jusqu'à celadopole pour qu'on vienne les chercher pour les mener au Qg, entraîner ses Pokémons, bref, rien de bien captivant en sommes. Quand il avait accepté d'intégrer cette Twilight, il avait songé à l'opportunité qu'elle représentait pour sortir de cette routine, mais de toute évidence, on ne le jugeait pas encore assez fort pour cela, même s'il avait du potentiel. Plus les jours défilaient, plus il se demandait s'il n'aurait pas mieux fait de continuer à poursuivre son rêve de participer à la ligue indigo en ignorant cet ordre étrange.

Le garçon soupira de nouveau, déprimé, puis brusquement, quelque chose attira son attention. Un feurisson sortit des broussailles bordant le sentier et gigota dans tous les sens, ses flammes dorsales dansant puissamment, s'hérissant de méfiance. Devant l'étrange comportement de son starter, l'enfant comprit que quelque chose clochait et il se dépêcha de sortir des limites de la route pour s'aventurer sur le début de sentier montagneux derrière la tour des spectres. C'est alors qu'un étrange phénomène se produisit. Un flash de lumière verte l'aveugla et une dizaine de personne s'affalèrent sur l'herbe fraîchement coupé. Mal en point, il en reconnut tout de même certain au premier coup d'œil, et il s'exclama :

-Silver ! Gold !

Il se rua vers les blessés, et alors qu'il se penchait pour évaluer leur état, il remarqua un autre garçon, debout cette fois, conscient. Il se trouvait près d'une gamine qui aurait put être son jumeau. Ses cheveux verts parsemés d'épis, repiquaient inlassablement vers le bas pour accentuer la rondeur de ses traits, deux yeux jaunes d'or le fixaient. Mais plus étrange que tout, il n'était qu'à moitié présent, son pieds disparaissaient dans une petite volute de fumée et il était comme translucide. Cette scène aurait put faire tourner plus d'une personne de l'œil, mais pas lui, au contraire, s'il se redressa d'un bond et hurla : « UN FANTÔME ! » ce fut bien tout.

Les yeux de Miyu, car c'était bien lui, s'écarquillèrent, et alors que le gamin tremblait devant lui, il ne perdit plus un instant, il s'écria :

-Tu peux me voir et m'entendre ?

Le gamin hocha du chef, toujours frémissant, blanc comme un linge. Miyu ne se perdit tout de même pas en paroles réconfortantes, et il lança, sur un ton sans réplique :

-Amène nous à l'hôpital le plus proche ! Le roux grognon, la blonde débile et le brun paresseux ont besoin de soins urgents !

Quelques heures plus tard, au Qg de Twilight, un appel prioritaire sonna, et on apprit la bonne nouvelle.
Yoann, un des membres de l'organisation venait de retrouver les disparus. Silver se trouvait en cet instant dans une salle d'opération, une certaine Angèle en consultation, un Akira Yuki aux mains d'un médecin, à l'hôpital, Gold, une Eléa, un Chris et une Sam, eux, dormaient paisiblement dans une des chambres de chez le garçon.

Cette fois Cristal ne tarda pas à répondre à l'ordre, elle sortit son Pokémon chien, le puissant être bleuté apparut dans un rayon rouge, digne et respirant la sérénité, la dresseuse l'enjamba et elle partit dans l'heure pour lavanville.
Cependant, si l'euphorie, le soulagement gagnait peu à peu Twilight, le mystère restait complet : que leur était-il arrivé, pendant trois semaines ?

Malheureusement, cette question n'avait pas de réponse, il ne s'était rien passé pendant trois semaines absolument rien. Pour les enfants, à peine quelques secondes les séparaient de cette explosion de lumière dans la grotte, à leur chute sur une des routes de lavanville. Pourtant, pourtant, pour Gold et Sam, cette aventure avait pris des allures éternelles, le temps et l'espace s'étirant et se contractant sous leurs yeux effrayés, leurs cœurs battant la chamade, ils avaient plongé dans une mer profonde et insondable. Une étendue où ils avaient cru se noyer.

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Quand le gouffre sans fond les avait aspirés, Gold aurait du avoir une pensée pour sa sœur et sa mère, il aurait du se demander, comment elles allaient pouvoir apprendre ce qui lui était arrivé, comment encaisser cette nouvelle. Mais les seuls mots qui hantèrent son souvenir en cet instant, ce fut sa dernière phrase, celle qu'il avait lancé à Samantha, le « Mais qui es-tu ? ». Si cette question de sa part n'avait été qu'un cri interloqué, un geste sans conséquence due à une impulsion, elle se révélait aux yeux de Celebi, en revanche, prendre beaucoup plus d'importance.

Alors que le jeune dresseur de Twilight se sentait aspiré inexorablement vers le fond de l'abysse, le cœur au bord des lèvres, comme si à chaque mètre dépassé, un peu plus de ses entrailles menaçait de se faire happer vers le haut ; un rayon vert l'entoura. Les silhouettes inconscientes coulant autour de lui se firent engloutir par le raz-de-marée et il en perdit le souffle.

Il lui sembla entrevoir le regard bleu-argenté du Pokémon gardien des époques avant de heurter violemment enfin un sol. Mais quand il releva la tête, confus, légèrement sonné, cette fois, le paysage avait changé autour de lui, et le visage qui l'observait également. Seule la couleur irréelle, un ton jumeau des prunelles de Sam et Silver, demeura.

-Celebi m'avait habitué à une meilleure précision…Marmonna une voix claire. –Enfin je suppose que malgré tout, le temps l'atteint lui aussi.

Gold secoua chaque parcelle de son être pour être certain que rien de casser ne venait entraver son fonctionnement, et enfin, il contempla l'endroit où il venait, d'atterrir, au vrai sens du terme. Et il comprit que son myocarde marchait parfaitement puisque celui-ci fit une embardée violente contre son diaphragme, il reprit trop vivement son souffle et manqua de s'étouffer avec son propre oxygène. Face à lui, une étrange femme d'âge mûre le contemplait, mi-figue, mi-raisin, comme analysant une nouvelle marchandise. Mais ce n'était pas son air perplexe qui le choqua à ce point, ni cette aura de fragile beauté qui l'auréolait tout entière…Non, ce qui le frappait de plein fouet, c'était sa ressemblance avec Samantha. Tout en elle rappelait la finesse et la vigueur du coup de pinceau des plus grands artistes, elle avait cette maintenance si frêle et si fière, qu'on ne donnait qu'aux grandes dames des contes de fées. Ses longs cheveux violacés, parsemés de mèches vertes émeraudes, avaient été attaché en une queue de cheval lâche, sa frange volait librement sur son front haut, soulignant ses traits minces et ses iris envoûtantes. Sa peau possédait la pâleur macabre de l'agonisant. Son vêtement ressemblait vaguement à celui des sbires rocket, mais teint dans les tons rouges et violets en plus du noir habituel.

Non, si cette femme n'avait pas eut une chevelure si étrange, Gold aurait pu croire se trouver devant une Samantha vieillie d'une quinzaine d'années.

L'incompréhension aurait pu atteindre le point culminant pour Gold, mais les surprises ne cessèrent pourtant pas. Quelques mètres derrière cette femme, une petite silhouette, pas plus haute que trois pommes, arriva. Une bouille de bambin sortie de ses couches le toisa, des pupilles identiques à celles de cette inconnue, camouflées derrière une tignasse rouge irisée. Avant que la logique ne se pointe, avant même qu'il ait réellement saisit tout ce qui se déroulait autour de lui, il sût, il sût que ce petit être d'à peine quatre ans devant lui, se révélait être Silver. Et comme l'esprit humain est d'une complexité rare, il ne put s'empêcher de penser d'abord :

« Il est trop craquant ! »

Et après seulement :

« Mais bordel je suis où ? »

Seulement personne ne lui donna l'occasion de prononcer ça à haute voix, pour la première, comme pour la deuxième. La femme écarquilla brusquement des yeux, attrapa le rouquin pour le poser dans ses bras, et saisit le poignet du brun pour le tirer avec elle dans un dédale de couloir. Elle fut si rapide, qu'il pu à peine voir les murs de béton, cet espace sinistrement hermétique, dans lequel elle le menait. Elle le jeta dans une salle noire et referma la porte en claquant, juste devant un couple d'homme arborant un uniforme de la Team Rocket, discutant sereinement. Pendant plusieurs secondes, il ne perçut que son souffle rauque, tendu, probablement à l'idée qu'ils la trouvent, puis rassurée, elle lâcha un soupir et déposa le rouquin au sol. L'enfant resta impassible, immobile, muet, il attendit patiemment que l'adulte se calme. En tout cas, il se montra plus conciliant que le brun, qui brusquement ramené à la réalité s'écria :

-Mais qu'est-ce qui se passe ?

La femme se rappela de sa présence à la suite de son cri, et elle se leva difficilement, le souffle court. Doucement elle déclara :

-Je me nomme Salomé Guardian, mais j'ai pris le nom d'Holly depuis mes 15 ans.

Une trouille sans nom s'empara de l'adolescent. Cette femme, portait exactement le même prénom que celle que recherchait Silver, ses yeux se posèrent sur la réplique minuscule de son coéquipier. Il ouvrit la bouche sans pouvoir la refermer, sans parvenir à émettre le moindre son. Il ne savait plus vraiment quoi dire, en écoutant le discours des sbires d'Opales, il croyait, il croyait qu'elle avait péri ! Mince quand même, Silver avait une mère foutrement belle, comme Samantha ! Et voilà, il délirait encore, ce n'était vraiment pas le genre de chose à laquelle il devait penser là ! Devant la tête atterrée, complètement ébahie de Gold, Holly fronça les sourcils et bafouilla :

-Tu ne…Tu n'es pas un Guardian ?

Incapable d'aligner plus de deux mots l'un à la suite de l'autre, Gold hocha juste négativement du chef. Cette simple négation enchaîna une réaction inattendue de la part de son interlocutrice, elle s'affala contre la paroi de fer froide et poussa un grognement furieux en se tenant le crâne. Le rouquin minuscule s'approcha brusquement d'elle avec une expression inquiète, mais elle l'ignora et siffla :

-Ma pauvre Holly, dans quel état tu es, tu ne parviens même plus à te faire obéir de Celebi… !

Elle caressa le crâne d'un Silver babillant, un mince sourire aux lèvres, et elle reporta son attention sur Gold, penaude.

-Je suis navrée…Tu ne devrais pas être ici, ça risque d'être dur à digérer pour un civil, un enfant comme toi, mais…Tu as surement fait un bond dans le temps ! Tu…Tu as croisé un Celebi dernièrement ? Il y a une raison pour laquelle il t'aurait emmené ici ?

Gold frissonna voyant ses craintes se matérialiser devant lui. Il avait vu juste, ce bébé là-bas, c'était bien Silver, Silver à quatre ans ! Alors, alors ça signifiait que…qu'il se trouvait dans le Qg des Rocket : Face à sa mère probablement décédée dans le présent ! Il avala sa salive de travers et repensa à cette étrange impression quand il avait sombré, cette question à l'attention de Sam qui tournait et retournait dans son crâne. Il hocha imperceptiblement de la tête et fixa presque immédiatement son futur coéquipier. Les larmes lui montèrent aux yeux.

Comment allait-il revenir chez lui ? S'il n'y parvenait pas, il ne reverrait jamais sa famille ? Et Silver, Silver allait-il s'en sortir ? Le stress des dernières heures le rattrapèrent, accrue par la vision de son ami encore en pleine forme, inconscient de tous les tourments que sa vie future lui réservait.
Il sentit les pleurs rouler sur ses joues.
Rien n'aurait du se passer ainsi ! RIEN !

Holly parut désarçonnée par la tristesse de son invité, elle grimaça, paniqua faiblement, déboussolée, puis baissa les bras, désolée.

-MINABLE ! PLEURT PAS !

Ce petit cri fit sursauter Gold qui planta ses prunelles mordorée sur le garçonnet roux. Celui-ci le pointait du doigt avec une expression noire, emplie de colère. La femme trembla et elle lui tapa gentiment sur le dos de la main en répliquant sévèrement :

-Non Silver ! On ne dit pas ça ! –Elle se tourna vers le brun, piteuse, et balbutia- I-Il faut l'excuser, il n'entend pratiquement que des insultes toutes la journée, donc il ne parle pas encore bien…Il devait…Je sais pas ce qu'il voulait dire, mais surement pas ça !

Elle gronda du regard le petit bambin, qui les joues gonflées, fixait le sol, vexé, en répétant :

-Pleure pas ! Pleure pas…
-Je sais, toi tu n'as pas le droit de pleurer mon chéri, ce n'est pas juste mais des gens, eux, ont le droit, le garçon là, il est malheureux, il peut pleurer…Lui expliqua-t-elle doucement en lui caressant les cheveux. L'enfant tritura une de ses mèches rousses avec rancune, murmurant un minable entre ses dents.

Holly releva la tête pour s'excuser encore de l'attitude du petit, mais à sa plus grande surprise, le brun séchait ses joues, un sourire naissant, il s'approcha du rouquin et s'accroupit à son niveau pour lui souffler un « Merci j'en avais besoin Silver… ». Oui, décidément, quoi qu'il fasse, Silver était né sale gosse, plus aucun doute là-dessus ! Mais son mauvais caractère avait toujours permis à Gold de se surpasser, ce n'était que contre ses moqueries, qu'il révélait tout son potentiel, qu'il reprenait courage, ne serait-ce que pour étrangler le rouquin par la suite avec ses propres mots. Sans sa particularité pour le moins froide et ses réactions abruptes, Gold ne pouvait imaginer le nombre de fois où il aurait pu baisser les bras. Aujourd'hui, ou plutôt, hier, encore, c'était toujours le cas.

La mine d'Holly s'éclaircit, comme illuminée par la grâce divine, et elle devina doucement :

-Tu le connais ?

Gold opina du chef, le cœur gros. La femme sourit avant de continuer tendrement :

-Dans ce cas, peut être que tu vas m'aider finalement…Attends un peu.

Elle étreignit le garçon et lui chatouilla le bout du nez, le gamin oublia sa colère et rigola innocemment. Elle marcha un peu et appuya sur une porte dérobée. Le mobilier de cette pièce relevait plus de la misère qu'autre chose, la table principale prenait presque toute la place, quelques chaises non poncées l'entourait, une simple lampe à huile éclairait à peine les coins sombres. Gold ne voyait aucune fenêtre, et quand il se tourna vers la porte, il retint un frisson, de nombreux verrous la striait.

Il suivit docilement la femme, intrigué, mais surtout, complètement hagard sans guide, ses pieds butèrent contre des chaînes qui traînaient au sol. Il plissa les yeux jusqu'à en avoir mal ; s'empêchant de toutes ses forces de resonger à cette cellule où ils avaient trouvé son coéquipier chez opale. L'autre salle, conservait l'attrait rustique de l'autre, un carrelage d'asphalte, des murs gris, seuls deux lits se démarquaient de la masse, avec une armoire rapiécée non loin. Holly déshabillait son fils pour le coucher.

Gold fit volte-face, rouge, honteux de les déranger dans une scène comme celle-là. Mais il ne put s'empêcher de jeter des coups d'œil en arrière. Il se mordit les lèvres en voyant que Silver présentait déjà une peau laiteuse parsemée de bleus tirant du jaune au noir. Le gamin se retourna pour monter sur sa couchette, fuyant son haut de pyjama dans un rire, et Gold reconnut l'immense balafre qui coupait pratiquement son torse en deux, encore toute neuve, rapidement soignée à la hâte, recousue avec des fils grossiers. Il ne pouvait que deviner qui avait fait ça, et qui, de nouveau, avait du le recoudre, probablement sa mère, sans anesthésie. Néanmoins l'enfant, tout fier de lui, semblait discuter silencieusement avec sa génitrice, il montrait ses nouvelles plaies orgueilleusement et souriait. La mère riait amèrement et Gold perçut une de ses remarques :

-Ouah, papa a du être fier de toi si tu n'as pas pleuré en te faisant ça !

Silver rougit et hocha de la tête avec vigueur, ravi, tandis que le visage de sa maman s'assombrissait davantage devant son enthousiasme.

Comment, comment pouvait-on conduire un enfant à être fier de telles blessures ? Comment pouvait-on empêcher un gamin de cet âge de pleurer quand il s'ouvrait aussi profondément le bras ? Gold, blême, sentait ses entrailles se tordre douloureusement à cette simple constatation. Il se remémora le discours de Sam dans le donjon d'Opale, de son regard luisant de fureur face à la peine qu'il causait à Silver. On ne choisit pas sa famille, lui avait-elle dit… Sa poitrine le tortura au rythme des réminiscences.

Holly quant à elle, perchée sur le lit de son fils, lui caressait tendrement le visage en attendant qu'il s'endorme. Le rouquin bailla faiblement, l'esprit déjà embrumé, son petit crâne presque entièrement avalé par l'oreiller. La jeune femme lui sourit et dépêtra –par mégarde- deux plumes de sa poche pour les glisser dans le poing du garçon. Les prunelles larmoyantes, la voix brisée, elle murmura :

-Mon chéri, maman va s'absenter un moment, tu seras sage, d'accord ? Tu ne désobéis pas à ton Papa.

Mais son ton se craquela, et elle laissa échappa une larme malgré tout devant son petit, déstabilisé.

-Maman ? Bredouilla-t-il maladroitement.
-C-c'est rien mon ange…Ecoute moi bien…Maman va peut être ne pas pouvoir revenir, donc je veux que tu saches que je t'aime de tout mon cœur, tu m'entends, mon chéri ?

L'enfant grimaça, brusquement désespéré, et il lâcha :

-Reste !
-Je ne peux pas Silver…Alors écoute moi bien, si jamais je ne reviens pas…
-Non ! S'emporta le gamin.
-Silver ! Ecoute moi pour une fois !

Le rouquin baissa la tête, hoquetant, la lèvre tremblante, retenant ses pleurs devant le regard strict de sa mère. Holly lui prit les joues et les frictionna courageusement pour lâcher :

-Si jamais maman ne revient pas, je veux que tu écoutes ton papa, tu ne lui désobéis jamais, tu attends la moindre occasion et tu files avec ces plumes. Il faut que tu ailles à Jotho et que tu ailles dans la famille Guardian, pas loin du mont argenté, d'accord ? Tu as compris Silver ? Tu fuis à Jotho.
-Oui…Maugréa le gamin. –Avec Sam ? Ajouta-t-il après coup.

Holly sourit malgré ses larmes et passa une main sur le front de sa progéniture en retenant une plainte. Les yeux de l'enfant se voilèrent et il tomba assoupi sur le lit. Holly retint son sanglot et se redressa. Elle s'approcha de la penderie et dépêtra d'un amas de tissu une arme, un couteau. Elle émit un signe de tête à l'adresse de Gold et le dépêcha dans le couloir, ayant retrouvé un semblant de détermination. Devant la mine confite de l'adolescent, elle dut se sentir coupable et lança :

-Tu es l'ami de Silver, dans le futur, tu n'as pas le droit de me révéler si ce que je vais faire va être réussir ou non…Mais, au cas où toi, tu ne le sais pas, je vais te le dire de but en blanc.

Elle leva les yeux au ciel et sembla chercher ses mots, avant de continuer :

- Je vivais à Jotho tranquillement, ma famille était assez spéciale, et je me devais d'accepter l'héritage des ancêtres, j'ai refusé, j'ai entamé une autre vie sous un autre nom, et là j'ai connu un homme du nom de Giovanni. Peut être qu'à ton époque, cette organisation a disparu, et je l'espère, mais en tout cas, Giovanni est le chef d'une bande de voleur appelé la Team Rocket.

Elle marqua une pause et attendit un hochement de tête de Gold pour reprendre. Le jeune brun se dépêcha de l'approuver, épongeant chaque information, chaque parcelle de révélation pour ne plus se faire surprendre en pleine action comme il y avait quelques heures. Son cœur battait à tout rompre contre ses côtes, il avait l'impression de démêler un nœud gigantesque qui lui avait demandé des années d'efforts et de persévérance. Holly indifférente, continua.

-J'ignorais réellement qui il était. Je crois d'ailleurs que je ne cherchais pas vraiment à savoir, je l'aimais, et à cette époque, il se faisait passer pour un brave homme. Mais…Quand Silver est né, j'ai découvert…Ses espèces d'expériences pour créer génétiquement des Pokémon, des mew, des légendaires ! A partir de là tout a dérapé. Je n'ai plu eut aucun contrôle. Il connaissait mon secret, et je ne pouvais plus reculer, plus abandonner mon fils. Il nous a enfermé ici et a commencé l'apprentissage de Silver pour en faire un bandit lui aussi.

Elle s'arrêta, les yeux flamboyants et siffla, les flammes de la haine brûlantes en elle :

-Cela fait 4 ans que j'épargne le moindre de mes forces, la plus petite parcelle de conviction en moi pour nous permettre de nous échapper…

Comme si un ennemi invisible les avait épiés jusque là, prêt à bondir sur eux à tout signe de trahison, un sbire apparut devant eux dans le couloir. L'étranger pila, puis il ouvrit la bouche, prêt à hurler.
Gold porta instinctivement la main à sa ceinture, mais sa main se referma sur du vide, il n'avait plus ses pokéball ! Il loupa une inspiration, s'attendant à entendre un cri strident lui vriller les tympans, les condamner, mais rien n'arriva.

Holly plaça sa main en avant et les mèches vertes de sa chevelure luisirent, de drôles de tatouages strièrent sa face. L'homme se pétrifia, comme une statue. Gold frissonna, exactement comme dans le qg Opale. Il venait de se produire précisément le même phénomène.

-Suis-moi, je n'ai pas de temps à perdre, mon pouvoir est limité, je ne dois pas m'épuiser.

Elle l'obligea à détourner les yeux de sa victime pétrifiée, la bouche grande ouverte, une expression stupéfaite encore peinte sur sa face. Gold interrogea du regard Holly, mais la femme ne lui accorda pas une œillade se contentant de lâcher :

-Héritage familial je t'ai dit.

Une minute, Gold pensa sincèrement à la possibilité que tout soit ne se révèle être qu'une vaste farce, ou tout du moins, un délire, il avait du tomber sur la tête, et il délirait ! Oui ça devait être ça, sinon pourquoi se retrouverait-il ici ? Celebi ne pouvait pas avoir obéit à sa requête, de lui avouer qui était Sam, puisqu'elle ne se trouvait pas ici ! Oui c'était ça, il délirait complètement ! Maintenant qu'il avait éclairci ce mystère il devait aller consulter, parce que, question délire, il atteignait des sommets là !

-Dépêche-toi ! Lui ordonna l'illusion de la mère de Silver.

Ils se précipitèrent un peu plus rapidement dans le dédale glacial, et elle continuait sa tirade à voix basse.

-Je voulais encore économiser mes forces quelques années pour être sûre de pouvoir m'enfuir avec Silver, mais…Il y a eut un accident.

Puis d'ailleurs, pourquoi il avait fantasmé sur Silver, petit en plus, dans son délire ?

Brusquement, Holly cessa sa course devant une porte, pratiquement située à l'autre bout que la chambre où elle vivait. La femme fit cliqueter la poignée et l'entrouvrit avec appréhension, la lame de son arme scintilla sous le tissu. Gold tressaillit. Voilà, maintenant il fantasmait sur un meurtre ! De mieux en MIEUX !

Cependant, alors que le brun s'attendait à voir Giovanni, l'incarnation du mal vainement camouflé derrière la paroi d'acier, il n'en fut rien. Bien au contraire, un simple landau de dentelle trônait au centre de la pièce, des gazouillis s'en élevaient faiblement. Holly et Gold pénétrèrent dans le refuge, et elle lui ordonna de garder la porte d'un œil, que personne n'entre. Mais il n'obéit pas, pétrifié. La femme dégagea son poignard de son sac d'étoffes. Ses yeux s'écarquillèrent. Une petite frimousse émergea des couvertures du landau et s'accrocha à la barrière pour fixer la nouvelle, babillant de gaieté. Gold n'eut aucun mal à imaginer de qui il s'agissait, il reconnaissait aisément les contours fins et gracieux, même un peu plus ronds à cause de son bas âge, qui l'avaient rendu si furieux la première fois qu'il l'avait vu. Samantha, sans aucun doute. La tignasse aux reflets bleutés coupés courts annonçait déjà sa beauté future, ses yeux scintillaient de joie, tandis qu'elle bafouillait en tendant la main vers la femme :

-Ma-Ma !

L'acier tranchant refléta sur ses deux faces leurs deux regards si différents. L'un froid comme le marbre et l'autre demandant innocemment de l'attention. Un frisson d'effroi raidit le brun devant ce spectacle. Holly leva son arme et le bambin qu'était encore Samantha suivit le si joli objet lumineux que sa mère tenait.
Et elle ferma brusquement ses paupières pour abattre son arme. Le cri de Gold lui échappa mais il n'eut pas à tendre le bras pour empêcher cette femme d'assassiner son enfant, un éclair vert saisit Holly, l'arme se stoppa nette dans sa course fatale devant le regard ahuris et les balbutiements de la petite. Holly lâcha son bien, celle-ci eut un tintement en heurtant le sol froid, et sa propriétaire tomba à genoux, le visage bas.

Samantha observa sa mère du haut de son lit et rit gentiment tandis que les larmes inondaient les yeux de sa mère. Gold sentit ses propres jambes devenir du coton, et il s'effondra dans un soupir soulagé sous l'enthousiasme de la petite, qui applaudissait joyeusement.

Holly se redressa et enlaça sa fille avec une mine désespérée, entre les hoquets elle balbutia :

-Ma chérie, excuse-moi mon ange…Je... Je suis désolée ma petite Sam…Maman, tout est de la faute de Maman...

Gold releva la tête pour contempler cette femme se répandant en excuses face à un poupon, lui caressant affectueusement les cheveux. Il ne savait pas quoi penser de ce spectacle pathétique, devant une maman justifiant son acte insensé à un bébé incapable de comprendre de quoi il en retournait. Un haut le cœur le secoua. C'était ça, qu'elle voulait faire pour libérer ses enfants ? Les tuer ? Il secoua la tête. Impossible. Déjà, son cœur battait si vite, il cognait contre ses côtes, Samantha, était finalement la sœur de Silver ? Il se souvenait de son commentaire concernant sa ressemblance avec sa mère, et c'est vrai que les deux concernés avaient les mêmes yeux, parfois le même caractère de cochon…Mais…Comment…Ah oui, il se souvenait, il délirait ! Les plaintes d'Holly résonnèrent en lui comme pour chasser cette mauvaise idée, ce poison virulent.

-Maman est désolée ma chérie, elle ne voulait pas que tu naisses avec cette malédiction…Elle ne voulait pas que tu aies un père pareil….Maman est désolée…

Gold perçut des bruits de pas dans le couloir, l'instinct de survie outrepassa tout le reste, il se mit debout d'un bond. Il vit alors Holly saisir le poignard qui traînait et le brandir. Il bafouilla d'une voix étranglée :

-Vous n'avez pas de Pokémon ?
-Je n'ai rien, Giovanni ne me laisse aucune chance de rébellion. Répliqua-t elle doucement ; ses yeux se plissèrent et elle siffla : - Mais il ne me gardera pas en cage avec mes enfants.

La porte s'ouvrit à la volée, encore une fois la même scène se produisit, les mèches vertes d'Holly brillèrent, des tatouages rongèrent le pourtour de ses pommettes et une marque se grava sur son front. L'éclat de ses prunelles lui rappela plus que jamais la créature de la forêt capable de voyager entre les époques. Les sbires ne purent même pas émettre le moindre son, ils se statufièrent instantanément. La femme soupira et inspira bruyamment, de toute évidence fatiguée, mais elle réagit promptement.

-Dépêches-toi, j'ai besoin d'aide pour partir d'ici avec Sam.
-Vous, ne voulez pas la tuer ? Bafouilla Gold, ahuris. Holly le contempla, estomaquée, puis posa des doigts fins et courbés, broyés, malformés à causes des fractures répétées, sur ses lèvres.
-C'est vrai, tu n'as pas du comprendre, tu n'es pas un Guardian…Je ne voulais pas la tuer, je voulais voir si elle possédait nos dons, si en cas de danger de mort, elle pouvait ralentir, accélérer ou stopper la course du temps, même sans outils adéquates. Je…En fait si, je voulais mais…Non…Enfin…
-Q-q-Qu-o-oi ??

Cette fois, il ne comprit même pas ses propres paroles et toussa violemment, la gorge irritée. Holly cependant l'obligea à le suivre dans les couloirs d'un pas plus ou moins rapide, continuant de parler, serrant la petite Samantha dans un bras, et son poignard de l'autre.

-Les Guardian, sont les membres d'une famille de Jotho. Une famille ayant juré allégeance à Celebi. Cette alliance avec le Pokémon remonte à bien longtemps maintenant, depuis bien avant que l'on ait inventé les pokéball à vrai dire. Sais-tu ce que l'on faisait avant pour capturer des Pokémons ?

Gold opina négativement du chef. Holly se pinça les lèvres.

-On sacrifiait un esclave, un homme tout du moins, habitué dès la naissance à être docile, et on enchaînait l'âme du Pokémon au corps qui restait, celui-ci agissait de médiateur, il obligeait le corps du Pokémon à obéir à tous les ordres. La famille Guardian de ce fait, offrait à chaque génération un de leurs enfants pour qu'il accompagne Celebi dans sa tâche : préserver la paix durant les siècles. Les rôles étaient inversés, le cercle complet si on peut dire. Mais quand les pokéball ont été inventé, malgré les efforts pour apporter le progrès dans cette famille, avec des pokéballs spécifiques, le statut quo ne pouvait plus être respecté. Les celebi étaient soumis à un dresseur et non pas l'inverse. Les guardian ont donc continué ces pratiques barbares…Aujourd'hui, les créatures qui découlent de ce genre de système, n'appartiennent aux yeux des civils, qu'en légende, sous le nom de « Gijinka ». Des êtres ni humains, ni Pokémon. Un humain avec une âme de Pokémon, aux pouvoirs surnaturels.

Gold n'en croyait ses oreilles. Il resta totalement coi devant ce discours. Il délirait, il délirait grave. Il se demanda une brève seconde s'il s'était cogné la tête, et s'interrogea même sur ce qu'il avait mangé à midi…Il avait FORCEMENT ingurgité un truc pas net. DES GIJINKAS ! Et puis quoi encore ! Ces bestioles lui filaient des cauchemars déjà petit…Ils le terrorisaient rien que dans son livre d'images, de contes et légendes. Des choses comme ça, ne pouvaient pas se trimballer dans les villes…Aussi…Aussi semblable qu'eux…Samantha et Silver ne pouvaient pas être des…
Comme si Holly lisait dans ses pensées, elle lui lança une œillade compatissante et déclara :

-Ne t'en fais pas. Pour devenir Gijinka à part entière, il faut d'abord mourir en tant qu'humain. Ensuite, il faut qu'un Pokémon prenne l'être en pitié et accepte de lier sa vie à la sienne. Si Samantha, Silver et moi, faisons parties de la famille Guardian, nous ne sommes pas encore des Gijinka, juste des hommes ayant trop de sang de Gijinka en eux.
-Bah, je, vous…Il, je, mais…heu…
-Tu as de graves problèmes d'élocution toi. Sourit doucement Holly devant un Gold complètement abandonné sur le banc de touche – Je voulais effectivement, au début délivrer ma fille, la transformer en Gijinka…Mais ce n'est pas une existence plaisante…Je…Je ne suis pas capable de lui infliger ça…Je ne suis pas capable de la tuer, même pour la délivrer à vrai dire….Je ne peux pas faire ça.
-Et Silver ?

Gold s'arrêta dans sa course devant une Holly affolée, celle-ci écarquilla des yeux, le souffle court, son expression hurlant pour elle de continuer de courir. Mais les mots étaient sortis seuls de la bouche du brun, une constatation sourde s'emparait de lui, et elle montait doucement, répandant une rage à la limite de la folie. Depuis tout à l'heure, cette femme s'inquiétait pour cette Samantha, elle ne parlait en aucun cas de sauver son fils. Cette fois encore, les yeux d'Holly le transpercèrent de toutes part, il lui sembla qu'elle lisait parfaitement en lui, qu'elle savait exactement où s'égarait ses pensées, et elle déclara, impassible :

-Il attendra. Ce m'a pris quatre ans pour regrouper assez de force pour cette escapade…je croyais avoir encore le temps comme je te l'ai dit, pour m'échapper définitivement avec lui, sans craindre d'être poursuivie…Mais, Samantha est née…Qui plus est, elle est douée, elle a utilisé ses dons devant son père. J'ai peur qu'il ne fasse assassiner Silver si elle reste plus longtemps ici. Il faut l'éloigner tout de suite.

Gold resta immobile, comme foudroyé. Holly plongea ses prunelles dans les siennes et marmonna :

-Je reviendrai après avoir mis Sam à l'abri, et je m'échapperai avec Silver dès que je serai reposée.

Elle se mordit la langue, doutant probablement trouver la moindre source de repos ici. Mais cette fois, Gold bougea, déterminé, il constata :

-Donc plus vite elle sera à l'abri, plus vite vous viendrez sauver Silver ?

Malgré lui, il échafauda un plan. Il avait beau pressentir qu'il vivait un délire, c'était plus fort que lui, une force le poussait par devers lui. Il refusait de laisser le rouquin dans cet environnement, dans un endroit pareil, om son père ne semblait pas hésiter à l'assassiner. Il allait sortir Holly de là avec Sam, puis une fois à l'abri, ils reviendraient pour chercher Silver, comme ça…Le roux n'allait pas vivre toutes ces horreurs, il vivrait avec sa mère, il ne serait ni intégré dans Twilight, ni blessé par Opale. Evidemment, il y avait des chances pour qu'ils ne se connaissent jamais non plus, mais, de toute façon, qu'est-ce que cela changeait à présent, Silver n'avait que peu de chance de survivre de là où il venait, il en était conscient. Holly fit quelques pas, puis voyant que son compagnon la suivait, elle sourit, murmurant gentiment :

-Mon fils, a beaucoup de chance de t'avoir à ses côtés.
-Si jamais vous le rencontrez dans le futur, dites le lui clairement, parce qu'il a pas l'air de s'en rendre compte tout seul. Marmonna le brun, sombre.

Il venait de lui donner le premier indice sur son avenir, lui intimer muettement de ne pas se mettre en danger, ou elle risquait d'être séparée de son enfant. Mais Holly ne réagit pas.

Ils croisèrent de nombreux sbires en cours de route, qu'elle élimina tous de la même façon, un moment, Gold se demanda pourquoi elle n'agissait pas comme Sam, qu'elle ne stoppait pas simplement le temps, mais Holly lui expliqua doucement que se serait gâcher son énergie, et qu'elle risquait de tomber inconsciente sans préavis, avant d'avoir atteint son objectif. Gold se remémorait trop aisément l'évanouissement de Sam, pour discuter. Finalement, il du lui aussi en venir aux mains et il réussit à surprendre quatre sbires et à les assommer avec le manche du couteau, pour épargner un peu de forces à Holly.

Quand ils firent leurs premiers pas à l'extérieur, il pleuvait des cordes, le soir se profilait, le soleil disparaissait à l'horizon derrière la forêt de Jade, illuminant le tapis de feuillages couleur émeraude. Gold ne remarqua pas l'air ébahi d'Holly. Il ignorait qu'elle sortait pour la première fois, depuis quatre ans. Ses deux prunelles s'étincelèrent de larmes d'émotions refoulées. Cependant, elle ne se laissa pas aller et emmena Gold au loin. Elle lui demanda de se rendre dans une maison, non loin de la bordure de la ville, c'était sa maison, celle qu'elle avait utilisée avant d'apprendre la vérité sur Giovanni. Elle voulait du papier à lettre, un panier également. Elle lui promit de l'attendre ici. Elle refusa de s'y rendre elle-même, la bâtisse étant beaucoup trop proche de l'arène où travaillait son mari en couverture.

Le brun se rua rapidement à l'intérieur du chalet. Simple, il brisa une fenêtre et pénétra dans la demeure abandonnée. Couverts de poussières, les meubles à l'abandon traînaient de ci de là, à moitié renversés. Cela avait du être un foyer modeste, mais chaleureux, avant que le mensonge ne tombe. Comme pour révéler cette supercherie cachée, ce masque chatoyant devant un visage diabolique, la cheminée s'ouvrait sur un tunnel plus ou moins lugubre, d'où un vent sinistre sifflait continuellement. Le dresseur de Twilight s'activa pour retrouver les choses dont Holly lui avait parlé. S'étonnant lui-même de sa propre docilité dans ce délire. Il se promit, de ne jamais touché à quelconque drogue ou quoi que ce fut d'autre, pour ne plus jamais revivre ça. Même s'il ignorait encore ce qu'il avait touché, c'était la dernière fois.

Il avisa un panier à provision, renversa les fruits pourris, attrapa un stylo et balaya la poussière d'un parchemin jauni. Peu de temps après il avait retrouvé Holly à l'orée du sous-bois, haletant à moitié, épuisé par cette course. Il jeta non sans amertume un regard à l'arène qui se dressait fièrement sur la ville de Jadielle. Twilight faisait des pieds et des mains pour éliminer Giovanni de la confrérie Pokémon, mais Peter avait échoué, et tout ce qu'ils pouvaient faire contre lui à son époque, était le renier, l'exclure des activités de l'organisation et le combattre sous couverture eux aussi. Il ne remarqua ce que faisait la femme que quand celle-ci s'exclama, devant sa lettre finie et son enfant assoupie dans le panier :

-La plume d'argent ? Où l'ai-je mis ?
-Silver l'a gardé quand il s'est endormi…Répliqua Gold, en s'étonnant.
-Qu-Quoi ? Ho non ! Il-…je voulais qu'elle en garde une…p-Pour que son frère sache qui elle était en la rencontrant…Il…Merde ! Cria-t elle, les sourcils froncés.
-Vous lui expliquerez…La calma Gold, -vous serez là pour lui expliquer, pas la peine de…
-Tu crois sincèrement que je peux rester auprès d'eux comme si de rien n'était ! Je n'attends aucune absolution ! Je mérite toute la souffrance que je récolte, je l'affronterai seule, mais je ne veux pas que mes enfants soient touchés par mes erreurs aussi ! Hurla la femme, rouge.

Gold recula, effrayé, il bafouilla :

-Vous…Vous voulez les abandonner, tous les deux ?

Holly le contempla avec défi et résolution à la fois.

-Tu veux qu'ils vivent dans l'ombre de mon péché toutes leurs vies ?

Gold vira au blanc et enchaîna :

-Mais cela ne les rendra que plus malheureux ! Vous êtes leurs mères, vous ne pouvez pas…De toute façon le mal est fait ! Vous ne pouvez pas tout effacer comme ça !
-Je peux tout faire.

La voix sérieuse d'Holly le fit défaillir. Son regard se ficha en lui de part en part alors qu'elle avouait :

-Si je ne suis pas revenue en arrière, si je n'ai pas empêché ma propre erreur, c'était pour ne pas effacer leurs existences. A Silver et à Sam. Mais, je peux faire autre chose, pour que jamais, jamais leur père ne puisse exiger quoi que ce soit d'eux !

Sans douceur, elle attrapa le berceau de fortune, et caressa le front de Samantha. A nouveau, ses mèches s'illuminèrent, ses tatouages ravagèrent ses joues, et elle murmura à l'attention de Gold :

-Je n'ai pas la force de les transformer en Gijinka. Mais je peux les protéger, même si ça me coute toutes mes forces ou presque.

Samantha se mit à pleurer sous sa prise, réveillée par la lumière verte qui oscillait au dessus d'elle. Mais Holly continua, imperturbable.

-Je vais sceller ses pouvoirs jusqu'à ce qu'elle en ait vraiment besoin…Je vais…Je vais l'effacer du court du temps. Personne ne se souviendra d'elle jusqu'à maintenant, comme si, comme si elle venait d'apparaître dans le monde, pas un souvenir, pas un fichier de ne restera de sa vie d'avant. Sauf pour moi, et toi.

Gold déglutit, il aurait peut être du se jeter sur cette femme et l'empêcher de faire une telle erreur, mais il ne parvenait plus à bouger un seul muscle, à bien y réfléchir, il ne sentait même plus le souffle de vie motiver son corps pétrifié. Holly arrêta son jeu, elle suait à grosses gouttes, elle le regarda une seconde avec une mine désolée, pris le panier et s'en alla quelques minutes.

Gold l'ignorait, mais ce soir là, elle déposa son fardeau sur le seuil du centre Pokémon, elle embrassa une dernière fois sa fille, pria Celebi pour qu'il la guide sur le chemin du bonheur, qu'elle rencontre de vrais amis sur qui compter et s'enfuit. Elle illumina l'existence d'une infirmière Joëlle et de ce fait, contraignit sa progéniture, à vivre ainsi en tant qu'enfant adoptée, et à rencontrer Eléanore, le premier jour de son voyage initiatique encadré. Cependant, elle pensait pouvoir sauver également son fils, mais elle n'en aurait jamais l'occasion.

Quand elle revint auprès de Gold, elle tenait à peine debout. Elle le libéra de l'enchantement d'un simple hochement de tête et lui sourit faiblement avant de déclarer :

-Merci, tu m'as bien aidée…Mais je vais te renvoyer chez toi…Avant de ne plus en être capable…Ce serait bête de rester piégé ici pendant des années…

Elle colla son front contre le sien, et Gold fut plus que jamais saisit par son air de famille avec Samantha et Silver. Mais cela ne dura qu'une seconde, il se sentit partir, basculer en arrière, la dernière chose qu'il vit, avant de sombrer, ce fut une ombre s'approcher d'Holly par derrière, un homme vêtu comme un Rocket, et la frapper par derrière. Puis ce fut tout. Tout s'acheva ainsi. Il se réveilla dans un lit, contemplant un plafond blanc, dans une chambre où sommeillaient Eléanore, Christopher et Samantha. Et alors qu'il s'était convaincu qu'il délirait tout au long de son aventure temporelle, une fois remis du choc, l'esprit encore embrumé par l'inconscience, une certitude s'empara de lui.

Tout ce qu'il avait vu, était bien réel.

Samantha, pourtant, elle, aurait tout donné, pour que ce qui c'était passé pendant son sommeil, ne soit qu'une illusion.

Une larme roula sur sa joue tandis qu'elle dormait sous la couette.