D'étranges comportements
Maxime se réveilla vers 11 heures. Hier soir il avait décidé de ne pas aller travailler, et avait débranché son réveil et son téléphone. Il avait fermé les volets, les lourds rideaux, s'était mis des boules quiès dans les oreilles au cas où quelqu'un sonnerait, mais malgré toutes ses précautions, il n'avait guère dormi. En effet, il s'était couché au levé du soleil, vers les 8h du matin.
Il n'avait pu s'endormir avant, l'image de Laetitia était trop présente. Elle s'était protégée de lui. Il en déduisait aisément la peur qui avait dû l'assaillir. Elle devait avoir perdu toute confiance en lui. Et ses paroles, elles étaient si dures. Elles sonnaient encore et toujours à ses oreilles. Il se focalisait tant sur le fait qu'elle ait mentionnée clairement leur rupture qu'il ne pensait même plus qu'elle avait aussi dit que jamais elle n'aimerait quelqu'un d'autre.
Il se sentait vraiment mal. Ces quelques heures de sommeil ne lui firent aucun bien, il se sentait au réveil encore plus malheureux qu'au coucher, et avait le corps entièrement ankylosé. Il se leva en grognant, et se dirigea vers la salle de bain tant bien que mal. Il ne regarda pas le miroir où étaient toutes les photos de Laetitia, avant d'entrer dans la douche.
Il en sortit frais mais pas de meilleure humeur. Il prit deux des Pokéballs sur la table et sortit rapidement pour ne pas passer ses nerfs sur son appart.
Il marcha comme un somnambule, sans savoir où il allait, mais essayant au possible d'éviter le quartier du chantier. Il repensait encore et encore à la veille. Il ne savait plus quoi faire, il n'avait même pas la moindre idée de ce qu'il avait dit à Léa.
-Mais pourquoi je suis toujours obligé d'agir comme un con !
-Tu parles tout seul ?
-Quoi ?
Maxime leva les yeux et regarda autour de lui. Thomas était derrière lui. Il lui dit sans tact :
-Qu'est tu fous là ?
-La ville n'est pas qu'à toi il me semble !
-Ouais…
-Et alors pourquoi tu parles tout seul ?
-Je… Pour rien… Occupe toi de tes fesses.
-Laetitia n'est pas avec toi ? Je voulais lui… Maxime ça va pas ? Demanda le garçon inquiet par le tremblement de son " rival "
-Ouais… j't'ai dit de te mêler de tes oignons, rétorqua-t-il en reprenant son chemin.
-Bon alors tu diras à Laetitia que Marie… Mais merde Maxime, t'as un problème, t'es livide.
-Tu vas me foutre la paix putain ! Est-ce que j'ai l'air de quelqu'un qui a envie de discuter.
-Je veux juste te transmettre un message pour Laetitia… Maxime ! ! !
Il prit le bras du garçon qui malgré sa stature semblait sur le point de s'écrouler. Plus Thomas réfléchissait, plus il se posait de questions. Il risquait de se prendre un poing dans la figure, mais il lui demanda tout de même :
-Maxime, il s'est passé quelque chose avec Laetitia ?
Il avait fermé les yeux, attendant le choc du poing du garçon ou au mieux une réplique cinglante. Mais rien de tout ça n'arriva… Il se risqua à ouvrir un œil, puis ouvrit les deux de stupéfactions… Les yeux de Maxime étaient emplis de larmes.
-Ben ça alors, dit-il.
-T'es content, et bien qu'est-ce que tu attends pour aller raconter à toute la ville que je suis une lavette ?
-C'est pas mon intention !
-…
-Maxime, je sais qu'on est pas les meilleurs amis du monde, mais tu veux pas me dire ce qui se passé ?
-A quoi bon ! Ca ne résoudrait rien, répondit-il en essuyant l'unique larme qui avait coulée sur sa joue.
-Ok, fit le garçon en le lâchant. Mais moi tout ce que je te propose c'est de venir chez moi. Ce serait mieux que de risquer que quelqu'un d'autre te voit dans cet état. Tu ne veux pas ruiner ta réputation de gros dur au moins ?
Appréciant le fait qu'il ne mentionna pas son problème, et sachant pertinemment que Thomas avait raison, il le suivit. Thomas se posait encore bien des questions sur ce qui avait pu se passer entre ces deux êtres qui, il l'avait bien vu dimanche dernier, semblaient s'aimer d'un vrai et grand amour. Mais, par prudence, et par respect pour celui qui l'avait aidé lorsque Marie était partie, il ne dit rien, ne posa pas la moindre question sur le chemin qu'ils firent tout les deux vers la maison où Thomas et Marie vivaient.
Laetitia se leva avec un mauvais pressentiment, pas comme celui qu'elle avait eu le jour de la mort de sa mère, mais il ressemblait un peu à celui qu'elle avait eu en faisant la connaissance de Violette. Quelque chose d'inexplicable, comme si quelque chose allait mal tourner, mais elle n'en tint pas compte, voulant éviter toute pensée négatives, aujourd'hui, elle devait absolument parler à Max, il fallait tout lui dire, lui dire qu'elle l'aimait, que ce qu'elle avait dit hier était impossible. Elle ne pouvait imaginer sa vie sans lui. Quoiqu'il arrive, il devait tout savoir…
La première chose qu'elle fit en sortant de son lit, fut de prendre le téléphone pour joindre Max. Occupé. A cette heure, cela l'étonnait, mais elle n'en tint pas compte et alla se doucher. Elle réessaya juste après, sans plus de chance. Elle déjeuna et recommença, rien à faire. Avait-il mal raccroché ? Ce devait être ça car pendant près de trois heure elle téléphona sans succès. Elle décida alors de se rendre devant chez lui.
Elle n'eut pas le plaisir de l'y trouver, mais elle persévéra et se rendit au chantier et demanda au contremaître où il se trouvait.
-Grey ? Non, pas vu ce matin !
-Comment ça ?
-Ca m'a étonné aussi, il est increvable d'habitude ce type. C'est la première fois qu'il manque un jour depuis qu'il travaille ici.
-Et vous ne vous inquiétez pas ?
-Ca arrive à tout le monde d'être malade, je ne suis pas leur mère. Je dois juste tenir compte de leur absence sur les fiches de paye, c'est tout. Maintenant excusez-moi, mais j'ai du travail.
Laetitia n'en revenait pas. Lui qui n'était jamais malade semblait avoir totalement disparu. Elle rentra, très déprimée de n'avoir pu lui parler. A peine eut-elle franchit le seuil de la porte qu'elle entendit Violette hurler. Elle suivit les cris et arriva dans la cuisine. Ce qu'elle vit dépassa son imagination. Le sol était jonché de débris de vaisselle. Rose avait la tête baissée et son corps tremblait. Violette se dressait au milieu de cette désolation.
-Mais qu'est-ce qui se passe ici ? Cria Laetitia.
Rose la regardait, ses yeux étaient rougis de larmes. Léa fut pris d'un accès de colère et fusilla Violette du regard.
-Qu'est ce que tu as fait à Rose ?
-Mais comment ça, moi ? Mais c'est elle !
-Ca suffit, tu crois que je suis dupe de ton petit jeu ?
-Mais enfin Laetitia chérie, je ne…
-Arrête de m'appeler comme ça ! Tu n'en as pas le droit !
-Comment ?
-Je ne sais pas pourquoi papa a voulu de toi, mais…
-Je ne te permets pas !
-LA FERME ! Hurla Laetitia.
Un grand silence se fit. Rose n'en revenait pas, jamais encore, elle n'avait entendu Laetitia parler ainsi, ni être dans une telle colère.
-Je ne permettrais jamais plus qu'on fasse du mal à ceux que j'aime ! Poursuivit-elle.
-Mais c'est Rose qui… commença Violette
-Fous-lui donc la paix à Rose ! Tu ne lui arrives pas à la cheville ni même à l'orteil ! Cria Laetitia.
-Mademoiselle… riposta Rose
-Non Rose… je t'en prie ne dit rien, reprit Laetitia d'une voix plus douce. Ca fait trop longtemps que je garde certaines choses dans mon cœur.
Elle se tourna vers Violette avant de poursuivre :
-Et il est l'heure de les faire sortir.
-Qu'est-ce que tu raconte ? Tu me dois le respect Laetitia !
-Je n'en ai même plus pour moi, pourquoi voudrais-tu que j'en ai pour toi ? Je t'interdis de faire du mal à Rose. Je vais téléphoner à papa. Il faut qu'il se décide à ouvrir les yeux sur ta véritable nature…
-Comment oses-tu ! Reprit Violette d'une voix guindée.
-Tu es uniquement attirée par son argent et l'influence qu'il a en ville. Tu n'étais rien avant d'entrer dans cette maison, et tu ne seras plus rien en sortant d'ici !
Un bruit de coup retentit. Mais la gifle que Violette avait voulu donné à Laetitia fut stoppée. Celle-ci avait arrêté de son avant bras la main de Violette. Laetitia sourit et dit :
-Ne te crois plus jamais supérieure à moi ou tu le regretteras. Tu peux d'ors et déjà préparer tes affaires, je ne pense pas que tu resteras encore longtemps sous ce toit.
Pendant ce temps, les deux garçons étaient arrivés chez Thomas. Ils s'installèrent à la grande table du salon. Après quelques minutes à parler de la pluie et du beau temps, Maxime remarqua :
-Elle est pas là Marie ?
-Non elle s'est inscrite au club sportif que l'ami de Laetitia lui a conseillé ! Je l'y ai accompagnée. C'est en revenant que je t'ai croisé.
-…
-Maxime… dis-moi…
-Non !
-Mais je voudrais juste comprendre… Je voudrais t'aider, après tout je te dois une faveur depuis l'été dernier et je ne serais pas fâché de m'en débarrasser.
-Je n'ai pas envie d'en parler…
-Comme tu veux. Quoique je ne comprends pas alors pourquoi tu m'as suivi, car après tout, tu as l'habitude d'être seul…
-On la perd vite cette habitude… Murmura-t-il.
-Quoi ?
-Rien… Oh et puis tu me gonfles avec tes questions !
-C'est toi qui est soûlant à ne jamais rien dire ! C'est pas humain de tout garder pour soi comme tu le fais ! Fit Tom
-Qui as dit que je l'étais ?
-Ben si t'es un alien, alors Laetitia doit avoir un faible pour ce qui vient d'ailleurs !
-Hein ? Qu'est que t'en sais.
-Plusieurs choses me l'on prouvé !
-Ah oui, et on peut savoir lesquelles Docteur Freud ?
-Depuis trois ans que je suis avec Marie, je remarque des choses…
-Oh ?
-Oui, comme par exemple, quand elle te regarde, elle a dans les yeux la même lueur que Marie a quand elle me regarde… On t'a jamais dit que les yeux reflètent l'âme ? Je peux affirmer que Laetitia t'aime autant que Marie m'aime.
-Ben, je dois être doué pour quelque chose alors, railla Maxime.
-Comment ça ?
-Oh et puis zut, ça ne changera plus rien maintenant ! Et bien voilà… Je t'ai raconté comment j'ai rencontré Laetitia la dernière fois au Gyriados, mais je t'ai pas dit comment ça… s'est terminé, ni ce qui se passe depuis quelques temps… depuis son retour… et bien…
Maxime n'omit aucun détail dans son récit. Thomas, étonné qu'il se confit ainsi redoubla d'attention. Il fallait qu'il trouve un moyen de l'aider… Pendant qu'il racontait son histoire, il se rendit compte que les changements de comportements de Maxime desquels il avait été témoin quelques années plus tôt, collaient pile poil avec les hauts et bas de sa relation avec Laetitia.
Surprenant, pensa-t-il. Comment n'y ai-je pas pensé plus tôt ? Et dire que toutes ces années, je ne m'étais pas rendu compte qu'il y avait une cause grave derrière tout ça ?
Laetitia venait de raccrocher avec son père, ses paroles lui revenaient en mémoire :
-Laetitia, je crois que tu prends tout trop à cœur ! Et tu es influencée par le fait que tu n'as pas retrouvé ton ami.
Laetitia n'eut pas le temps de riposter, il lui dit fermement :
-Ecoute ma puce, on en rediscutera plus tard, dès que je rentrerai elle devra se justifier, mais je ne peux pas quitter le bureau maintenant, il faut que je reste, j'ai d'importants rendez-vous. Mais je te promets qu'on mettra ça au clair plus tard.
Laetitia se sentit mal à l'aise, bien sûr, elle s'était laissée emporté par sa colère, mais elle ne reviendrait pas sur ses paroles. Violette avait trop abusé de sa naïveté quand son père était à Nice. Il n'était plus question que cela dure plus longtemps. Elle pensa alors qu'elle avait un coup de fil à passer, mais Vincent ne répondit pas chez lui. Elle eut plus de chance au centre sportif où on la mit sur une ligne privée. Vincent décrocha à la première sonnerie, et en reconnaissant Laetitia, il s'écria :
-Punaise Laetitia, je me suis fait un sang d'encre ! Pourquoi n'as tu pas téléphoné plus tôt ?
-Euh… J'ai voulu régler un problème, mais je n'ai pas encore pu. Mais j'en ai à moitié réglé un autre, enfin disons que c'est sur la bonne voie. Quoique le premier va s'arranger…
-Arrête de tourner autour du pot comme ça ! Que s'est il passé hier soir ?
-Ben, disons que… Enfin j'ai eu peur malgré moi de la colère de Maxime, et du coup, je lui ai annoncé qu'il valait mieux qu'on ne se voie plus. Mais je l'ai vite regretté. Je voulais aller le voir ce matin, mais je ne le trouve nul part. Vincent, je ne sais plus quoi faire ! En plus je me suis pris la tête avec Violette.
-C'est pas trop tôt ! Tu auras du lui foutre une baffe bien avant !
-De qui tu parles ? Demanda Laetitia.
-Ben de Violette !
-Ah.
-Tu ne croyais pas que je parlais de Maxime… Il ne m'a pas fais la meilleure impression, mais si tu l'aimes, il ne dois pas être si terrifiant… Je le reverrai, et je suis sûre que mon avis changera. Pour l'instant, il faut que tu te calmes. Pourquoi ne pas lui laisser un mot chez lui ? Enfin, c'est mieux que de poireauter devant son immeuble en attendant qu'il se pointe. Oh mais attends, j'ai une idée… Ta copine Marie est venue s'inscrire ce matin. Si ça se trouve, elle peut te renseigner.
-Je sais pas mais, ça vaut le coup d'essayer…
-Tu veux que j'y aille tout de suite ?
-Oui s'il te… Attends une seconde, on frappe…
Laetitia posa le combiné sur son lit et se dirigea vers la porte. A la vue de Violette, elle lui demanda froidement.
-Qu'est ce que tu veux ?
-Tes excuses avant qu'il ne soit trop tard pour toi !
-Tu me terrorises si tu savais… Mais tu as raison, bientôt il sera trop tard, mais pour toi, papa va te virer de cette maison.
-Cela m'étonnerait… TOI, tu vas disparaître de cette maison !
-Je voudrais bien savoir comment tu comptes t'y prendre, ricana Laetitia.
Soudain son rire se figea, il y avait quelqu'un d'autre, elle le ressentait. Elle eut un frisson et voulut s'enfermer dans sa chambre. Trop tard… Un pied s'interposa entre la porte et l'encadrement, et une voix grave retentit :
-Non, non, non… Cette fois, tu ne pourras pas m'échapper.
Il donna un coup de pied dans la porte et Laetitia recula d'un pas avant de se reprendre.
-Je t'interdis d'entrer ici.
-Je ne fais que passer, je t'emmène et je sors.
-Tu ne m'emmèneras nulle part.
-Tu veux parier ?
Il s'approcha d'elle. A ce moment, une lueur rouge tomba devant les pieds de Laetitia. Pinko se matérialisa et avant que quiconque n'ait réagi, il fonça sur Paul. Celui-ci gémit de douleur quand Pinko le cogna dans le ventre. Il donna un violent coup de pied au Pokémon.
-Sale bête, je vais t'apprendre.
-NOOOOOOOOOOOOOON !
Laetitia courut vers Pinko qui était allongé sur le sol inanimé.
-Qu'est ce que tu lui as fait !
-Je lui ai donné une bonne correction ! Viens on a assez perdu de temps, et j'ai du retard à rattraper avec toi !
-Quoi ?
-On va aller dans un endroit que tu n'oublieras jamais.
Il la tira du sol et la poussa à l'extérieur malgré ses cris.
-Lâche-moi, Paul ! Pinko ! Non !
Vincent avait tout entendu et était glacé d'effroi. Où l'emmenait-il ? Il raccrocha et se prit la tête entre les mains. On frappa un coup à la porte de la pièce où il était, et une voix enjouée y résonna.
-Alors bel homme que… Vince ? Ca ne va pas ?
-Je crois qu'on a un sérieux problème, dit Vincent à sa moitié.