Bagarre au clair de lune
-Alors qu'est ce que tu attends, répéta Laetitia, t'as peur de te faire prendre la pâté de ta vie par une fille ?
-On pourra dire que tu l'auras cherché, répondit-il.
-Perds pas ton temps à discuter j'ai besoin de me calmer les nerfs.
-Prends ça ma jolie!
Il était lent, c'était sûrement l'effet de l'alcool, Laetitia n'eut aucun mal à éviter ses coups. Mais elle réfléchissait à toute allure, il fallait qu'elle se souvienne de ce que Max lui avait apprit. "Le poing bien fermé, concentre-toi, vise en imaginant que le pire des minables te défi ! "
C'est pas un problème, je sais à qui je vais penser : prends-toi ça De Ralotre !
Son poing parti comme une fusée mais l'homme se déplaça sur le côté, elle toucha son bras droit de pleine puissance. Mais elle se fit aussi mal, pourquoi ?
" Le plus important c'est de ne pas mettre ton pouce à l'intérieur de ton poing". C'était ça.
-C'est tout ce que tu sais faire fillette ?
-Non ce n'était que l'échauffement. Goûte-moi ça !
Son poing cette fois lui atterrit directement dans l'estomac, puis suivit une béquille dans les jambes. Maxime resta sans voix alors que l'ivrogne tomba à terre, sous un coup frappé des deux mains jointes que Laetitia lui administra sur le dos.
-Pfiou, Max avait raison ça soulage !
Il sourit, jamais il n'avait pensé qu'elle le mettrait à terre. Il était redoutable et si imprévisible, son petit bout de femme. Il ne lui apporterait plus rien, elle avait tout ce qui lui fallait. Elle devait l'oublier et rencontrer quelqu'un digne d'elle. Il se détourna sans bruit.
-Mystherbe, tout va bien. On s'en va, on va passer par derrière, je t'emmène chez moi. Vite ! Dépêchons-nous, je te soignerai là bas il ne faut pas rester…
-Je vais t'apprendre le respect salope...
Il s'était relevé, elle ne lui avait pas fait assez mal, pourtant son visage était déformé par la douleur. Les coups de Laetitia l'ayant certainement aidé à dessoûler, il se jeta sur elle avec une rapidité au-dessus de ce qu'il lui avait montré quelques temps auparavant. Il la tenait fermement une main au cou, l'autre sur ses poignets. En sentant la gourmette il la jeta à terre, s'assit sur elle pour la lui enlever.
Laetitia bougeait dans tous les sens mais il pesait une tonne, elle n'arrivait pas à le faire tomber. Max lui avait pourtant dis de ne jamais baisser sa garde. Mais elle avait eu si peur pour ce petit Mystherbe. Pour l'instant il ne s'occupait plus de ce petit être, alors son seul but était de bloquer Laetitia pour récupérer son bijou. Il était assit sur son bas ventre et lui faisait vraiment très mal. Elle continua de se débattre pour le déséquilibrer.
-Reste tranquille et je ne prendrai que la gourmette.
-Non foutez-moi la paix, ce n'est pas à moi ! Laissez-moi partir !
-Reste en place ! Putain, elle veut pas céder. Ce fermoir est foutu.
Dans un dernier sursaut d'effort, elle retira sa main et lui assena un direct en pleine figure.
-Petite garce je vais t'apprendre les bonnes manières. On ne t'a jamais dit qu'une femme doit se soumettre à son homme ?
-Et en quoi ça me concerne ?
-Tu vas faire comme si j'étais ton mari, après tout pourquoi je me contenterais d'un simple bijou ?
Il lui maintenait fermement les mains avec la sienne et de sa main libre souleva le bas de la robe de Laetitia, il lui caressa doucement la jambe qu'elle n'arrivait pas à bouger.
-Otez vos sales pattes de moi ! !
-Je crois pas que tu sois en mesure de donner des ordres ! J'me suis pas rassasié d'un si joli corps depuis longtemps, pourquoi je me priverais d'un qui m'est offert ? Fit il, la bave aux lèvres.
-Il me semble pas vous en avoir fait cadeau, répondit ironiquement Laetitia qui se débattait toujours.
-Tant pis, je vais faire comme si.
-Maxime va vous tuer pour m'avoir touchée !
-Faudrait déjà qu'il soit là pour le faire !
Sa grosse main rugueuse continuait de caresser la jambe de Laetitia. Elle avait envie de vomir.
-Non, ca suffit ! MAAAX !
-Personne ne va venir, surtout à cette heure, y a pas un chat ici !
L'excitation se lisait sur son visage. Il tremblait à l'idée qu'il allait pouvoir "consommer" une aussi jeune et belle plante.
-Tu peux toujours crier !
-Sale chacal !
-...Bwahahaha ! Ouais, je suis peut-être un sale chacal comme tu dis... Un charognard qui va déguster sa proie presque morte... Mais la vie c'est la jungle...
-Vous êtes complètement fou...
-Non, je te le répète... ici, c'est la jungle, et je suis ton prédateur...
L'alcoolique montait maintenant sa main sur le haut de la cuisse de Laetitia, mais une autre main se posa soudain sur l'épaule de l'homme. Sans comprendre ce qu'il se passait, le "chacal" se retrouva en hauteur, soutenue d'une seule main par la personne qui se trouvait derrière lui.
-Ouèp c'est la jungle...fit la personne.
-Maxime ! Cria Laetitia.
-Quoi ? Fit l'ivrogne.
-Dis moi vieux, tu dois être sérieusement bourré pour oser t'en prendre à ma copine.
L'alcoolique essayait de se débattre mais Max le tenait fermement.
-T'es un chacal ? Laisse-toi bouffer par le tigre alors.
Sans lui laisser le temps de répondre, il lui cogna violemment la tête contre son torse, et le jeta un mètre plus loin. Il le regarda avec mépris.
-Minable... D'habitude Monche-Ville est un endroit très calme…
Puis son regard changea, il s'avança calmement vers la jeune fille toujours à terre qui le regardait avec crainte. Après tout, elle avait été sauvée par un autre prédateur... Il ne pu réprimer un sourire à cette pensée. Il s'agenouilla à ses côtés, baissa la robe qui découvrait ses deux jambes jusqu'aux genoux et révélait la blancheur de sa peau. Il était devenu fou en l'entendant crier. Jamais il n'avait courut aussi vite, Heureusement il ne s'était pas énormément éloigner. Voir cet homme la toucher l'avait mis dans une colère noire, il aurait pu le frapper encore et encore, mais pas devant elle. Il lui demanda d'une voix douce qu'elle ne lui avait jamais entendue :
-Tout va bien ma Léa ?
-Maxime, tu étais là ?
-Oui !
-Tu l'as…
-Endormi... Je pense qu'il évitera le parc désormais. Et l'alcool aussi.
Il lui caressa doucement le visage. Dieu qu'elle était belle. Il lui était encore utile, elle l'avait appelé, lui, pas un autre.
-Tu ne m'as pas répondu, reprit-il, tu as mal quelque part ?
-Un peu au poignet...
-C'est logique tu n'as pas l'habitude de filer des corrections aux autres, mais félicitations tu t'es bien défendue. Je suis content de savoir que mes cours ont été utiles. Et sinon mis à part ton poignet ?
-J'ai du me griffer avec la gourmette quand j'ai retiré mon bras de sa main. Le fermoir s'est enfoncé dans ma peau et puis je dois avoir la marque de ses ongles aussi. Non, vraiment, ne t'inquiète pas, je dois juste avoir quelques griffures. Ma robe aura besoin de passer au pressing ... je ne l'ai pas entendu se déchirer, mais je verrais tout ça plus tard, ça n'a pas d'importance. Où est le petit Mystherbe qui m'a si vaillamment défendu, il doit avoir bien mal.
-Là regarde. Attends ne bouge pas.
Il se leva et attrapa le châle dans lequel se débattait le Pokémon. Laetitia s'assit et le prit dans ses bras. Elle examina ses blessures, et lui dit :
-Je voudrais t'emmener chez moi, pour te soigner. Je te remercie d'avoir pris ma défense. Tu veux bien que je m'occupe de toi ?
-Mystherbe !
Sa voix faible fut accompagnée d'un hochement de tête. Le vent souffla et Maxime referma instinctivement ses bras sur sa chérie. Conscient de la gêne que cela pourrait provoquer il desserra son étreinte, et ôta son pull.
-Tiens, tu dois avoir froid
-Oui merci, ça va aller toi ?
-Bien sûr. Mais ça irait encore mieux si tu rentrais te mettre au chaud, et soigner cette blessure. Je vais te raccompagner et attendre que tu sois enfermée à double tour pour partir.
-Bien. Tu peux m'aider à me relever ?
-J'ai mieux comme idée.
Il prit dans ses bras Laetitia et son nouveau protégé, puis se dirigea vers la sortie du parc. Mais il s'arrêta avant et la posa sur un banc.
-Laetitia, je me suis comporté comme un abruti, J'étais là depuis que tu es arrivé !
-Ah bon ?
-Oui, et je n'aurais jamais du te laisser te battre avec lui, j'aurais du le frapper dès qu'il t'a approchée.
-J'étais en mesure de me défendre, tu ne pouvais pas savoir. Tu as entendu quand je…
-Et puis il a osé te toucher... ça ne se serait pas produit si j'avais été moins bête.
Avait-il fait exprès de ne pas répondre à sa question ? Laetitia pris son courage à deux mains, il fallait qu'elle sache, elle lança soudainement :
-Qu'est ce que tu as ressenti lorsqu'il a posé ses mains sur moi ?
-Il a osé te faire mal, tout ça parce que tu ne voulais pas lui laisser ma gourmette... Tu aurais du lui laisser, il faut que tu prennes soin de toi !
-Et en quoi ma santé t'intéresse ?
-C'est important… Tu t'es mise en danger, je n'aurais pas pu accepter s'il t'avait fait quelque chose de plus grave.
-Pourquoi, demanda-t-elle, consciente qu'il évitait ses questions.
-Parce que…commença Max.
-Oui ?
-Parce que…répéta-t-il
-Ca fait deux, dit-elle en souriant
-Deux ?
-Deux "parce que"
-Je t'aime Laetitia.
Ses paroles avaient été en partis masquées par une forte rafale de vent glacé. Avait-elle entendu ? Devait-il recommencer ainsi toute sa vie à le lui répéter avec la crainte qu'à chaque fois elle le refuse ? Il tressaillit à cette idée... Laetitia s'en rendit compte et lui demanda :
-Tu trembles, tu as froid ?
Apparemment elle n'avait pas entendu. D'ailleurs, Maxime lui-même ne se trouvait pas convaincant. Il n'était pas prêt.
-Non !
-Max je… tu …
-Ne dis rien, je sais.
Elle lui déposa un baiser sur la joue. Il était encore trop tôt pour autre chose, il fallait régler tout le reste avant. Il la reprit dans ses bras, et parcouru la distance qui la séparait de chez elle trop rapidement à son goût. Maintenant qu'elle était dans ses bras, il ne voulait plus la laisser. Il la déposa sur le sol uniquement devant sa porte d'entrée.
Qui aurait cru qu'elle serait à nouveau là avec Maxime alors qu'il y a quelques heures, elle y était avec l'autre plat de nouille. Enfin elle ne s'en plaignait pas, loin de là.
-Bien Mademoiselle, vous êtes rendue, mais permettez-moi une dernière chose.
-Je vous écoute Monsieur Grey!
-Bien… Je voudrais juste un sourire… Un sourire, parce que… c'est ce qui m'a manqué le plus pendant toutes ces longues années.
Les yeux de Laetitia brillèrent encore plus lorsque les coins de ses lèvres remontèrent, laissant apparaître la blancheur de ses dents. Il aurait tant posé ses lèvres contre les siennes. Mais il n'en avait pas le droit… Et il ne se sentirait capable de le faire qu'une fois libéré du sentiment de déception qu'il éprouvait encore pour Léa.
Il posa alors un genou à terre, prit sa main et y déposa un baiser.
Ca y est Max, t'es à nouveau gaga vieux. Ne te le caches pas, jamais tu dirais des phrases comme ça, ni ferais des trucs aussi débiles que ce que tu fais si t'étais pas amoureux...
Ce simple contact ému Laetitia. Il se contentait de ça, elle qui l'aurait laissé l'embrasser s'il l'avait voulu. Mais leur passé était encore trop à vif, Max avait raison, peut-être valait-il mieux être patient. Elle lui souhaita une bonne nuit et s'enferma chez elle. Elle monta rapidement, cacha sa robe et soigna Mystherbe et son bras avant de s'endormir.
Sur la commode se trouvait désormais deux Pokéballs. L'une contenait Mystherbe … La seconde Ball bougeait frénétiquement, elle avait senti la présence de quelqu'un. Dans sa sphère de métal, Pinko vouait une haine sans borne à Maxime, et il savait pertinemment qu'il venait de raccompagner sa dresseuse jusqu'à chez elle.