World of Tem : Tome 5 : Je ne t'ai jamais oubliée de CaliKen

Elle prit son châle et sortit en faisant le moins de bruit possible pour ne pas réveiller Rose.

Elle ne me laisserait jamais sortir seule. Et j'ai vraiment besoin de calme.

Une fois dehors le froid la revigora. Dans la rue la lumière artificielle cachait toute la beauté des astres qui ce soir avaient décidé de resplendir. Laetitia se rendit dans le parc en espérant que les réverbères soient éteints.
En y arrivant, elle fut heureuse de constater que la lune à elle seule éclairait tout l'espace. Les petites étendues de verdure étaient couvertes d'un voile presque doré, les sentiers brillaient, mais leur éclat était bien terne face à l'étang qui étincelait. A pas lent, elle alla vers le banc sous le grand chêne. Elle poussa un profond soupir en s'y laissant tomber et laissa son regard se perdre sur l'horizon éclairé par la lune qui resplendissait.


Max bougea sensiblement en entendant les gravillons du sentier. Il était persuadé que personne ne resterait dans le parc à cette heure tardive de la nuit …ou du matin … il perdait toute notion du temps ici. Mais, il n'entendait déjà plus les pas du promeneur.
Il se pencha pourtant, sentant un parfum frais et léger que le vent avait amener jusqu'à lui. Ce parfum de lilas, c'était le même que celui de Laetitia. Il observa un moment les alentours. Son cœur fit un bon dans sa poitrine en apercevant la silhouette qui lui était si familière. Ce corps dont il connaissait les moindres parcelles, ce corps qu'il avait si souvent serré dans ses bras. Il n'y avait pas une femme au monde capable de rivaliser avec la beauté de Laetitia et la perfection de tout son être.

Il la regarda longtemps, incapable du moindre mouvement. Il reconnu la robe qu'elle avait achetée avec lui, et sourit en repensant au moment où elle était sortie de la cabine d'essayage, il avait cru un instant qu'un ange venait de lui apparaître tant elle était extraordinairement belle.
Ils avaient été séparés peu après, elle était partie au moment où il aurait tant eu besoin de son soutient, elle l'avait abandonné à son triste sort sans tenir compte de sa peine.

-Bonjour toi ! Tu ne dors pas à cette heure tardive ? Viens, fit Laetitia d'une voix douce.

Interloqué, il la regarda, en se demandant à qui elle parlait. L'aurait-elle vu ? Non, elle tendait la main vers un petit Mystherbe. Celui-ci y sauta rapidement, Laetitia le prit contre elle et à nouveau, se cala au fond du banc. Après un bref silence, elle regarda le petit Pokémon et lui dit :

-Je te souhaite une vie moins compliquée que la mienne. Cette soirée à été pire que tout ce que j'ai déjà supporté. Enfin, s'il n'y avait que ça qui compliquait ma vie, je ne dirais rien…
Elle soupira
-Tu vois, j'aime passionnément un garçon depuis environ cinq ans. On s'est connu ici même, mais il y a quatre ans, je l'ai laissé. Il avait fait une erreur qu'à l'époque j'avais estimée impardonnable. Je suis partie alors qu'il avait sûrement besoin de moi… J'étais décidée à l'oublier, mais rien à faire, je n'ai pas pu. Je me suis donnée à fond dans mes études. Ca m'a valu de la réussite mais pas de la joie. Je n'ai pratiquement plus sourit dès l'instant où j'ai quitté Monche-Ville.

Max écoutait, son cœur aurait pu vibrer mais il fallait qu'elle lui dise en face, bien que ce soit tout comme. Elle avait dû souffrir comme lui, il s'en rendait bien compte.

-Après avoir eu mon diplôme, poursuivit-elle, j'ai décidé de rentrer, d'aller le voir et de m'expliquer, enfin qu'on s'explique tous les deux pour repartir à zéro.

Moi aussi je ne souhaite que ça. Oh, Léa pourquoi tu ne m'as rien dis ce matin… Tout aurait été tellement plus simple. Max mon vieux, tu penses trop.

-Il me manquait tellement, si tu savais, un garçon comme Maxime, ça ne s'oublie pas. Mais ce matin quand je suis allée le voir j'étais si nerveuse que je n'ai pu aligner deux mots censés. Il est alors parti et j'ai peur d'avoir ratée la seule occasion qui m'ait été donnée de le reconquérir. Il est tout pour moi, je ne veux pas le perdre …

Elle fouilla dans son petit sac à main, et en sorti quelque chose qui ressemblait à une petite feuille de papier, de la hauteur d'où le voyait Max.

-Regarde j'ai une photo de lui, il est beau non ?
Mystherbe approuva d'un grand hochement de tête.

Où est-ce qu'elle a trouvé une photo de moi. On en a jamais fait ensemble !

-Tu sais, je crois qu'il n'a jamais su que j'en avais une, je lui ai pris un jour dans son appartement.

Alors ça ! Quel culot, pourtant, elles sont bien cachées pourtant mes tofs !

Enfin, il avait fait la même chose, il lui en avait aussi pris une dans sa chambre.

-Mais il n'a pas qu'un beau visage, il a un grand cœur que j'ai du déchirer en petits morceaux. Je me suis bercée d'illusions en pensant qu'il allait me prendre dans ses bras. Après tout j'ai ma part d'erreur.

Tu n'étais pas si loin après tout… j'ai rêvé de te serrer contre moi … j'ai du lutter pour ne pas t'embrasser. T'es tellement belle. Je voudrais m'imprégner de ton visage, pouvoir clairement m'en souvenir et le voir tel quel dès que je ferme les yeux, pensa Maxime.

-Oui, c'est bien normal qu'il m'en veuille.
-Qui pourrait en vouloir à une si jolie fille ?

Laetitia sursauta en voyant cet homme derrière elle. Elle pensait être seule dans le parc : elle ne l'était visiblement pas. Maxime regardait l'étranger avec méfiance, tellement pris par les aveux de Laetitia, il ne l'avait pas entendu approcher. Mais il n'avait pas peur, après tout Laetitia avait un don tout à son honneur de se sortir sans encombre de situations qui pouvaient être embarrassantes.

-Bonsoir, excusez-moi d'avoir sursauté, je ne vous avais pas entendu venir.

Elle tenta de réprimer son dégoût face à cet homme qui empestait l'alcool.

-L'effet de surprise est ma spécialité… Mais dites-moi ma jolie, vous n'auriez pas une ptite pièce pour moi ?
-Non je suis désolée, je n'ai pas d'argent sur moi, de plus je dois rentrer, mes parents vont m'attendre.
-Oh ! Vous habitez chez vos parents ? Vous n'avez donc pas de petit fiancé ?
-Si, vous le connaissez peut-être, il s'appelle Maxime Grey, il travaille au chantier à l'est de Monche-Ville.

S'il le connaissait, elle était tranquille, il imposait assez d'assurance pour qu'on ne s'approche pas des personnes à qui il tenait.
-Non. Moi j'ai pas trop d'attache, je connais personne à Monche-Ville. De toute façon peu importe, tout c'que je veux c'est quelques pièces.
-Je n'ai pas plus d'argent qu'il y a deux minutes. Et je dois toujours rentrer alors je …
-Je sais, j'vais vous raccompagner si vous me donnez quelque chose ! Comme ça personne vous embêtera !
-Je n'ai rien sur moi ! Rien du tout. Et je peux tout à fait rentrer seule.

Le regard de l'homme s'assombrit, laissant paraître une haine qu'il ne dissimulait désormais plus.
-Allez ne fais pas ta radine, tu dois avoir du fric à revendre, alors file-m'en un peu et j'me casserai.
-Chez moi j'en ai, mais pas ici, regardez ! Dit-elle en vidant le contenu de son sac d'une main tout en gardant Mystherbe contre elle sous son châle.

En vidant son sac, sa manche fut tirée en arrière et laissa apparaître son petit poignet.

-Mais c'est une jolie gourmette ! Quoique Maxime c'est plutôt un nom de garçon…
-Ce n'est pas la mienne, elle est à mon petit ami, il me l'a offerte !

Les yeux de Max s'éclairèrent : elle l'avait gardée, tout comme lui avait gardé ce qu'elle lui avait jadis donné.

-Allez, donne-la-moi, comme ça on sera quitte, fit il en s'approchant d'elle dangereusement.
-C'est hors de question ! Et puis, je ne vous dois rien. De l'argent, même si j'en avais, je ne vous en donnerais pas, je trouve que vous empestez suffisamment l'alcool.
-Ca veux dire que t'en as ! Allez file-moi ton fric !
-Je vous répète une dernière fois que je n'ai rien !

Elle serrait Mystherbe qui tremblait, pour essayer de le rassurer.

-Tu le planques ! Les garces comme toi cachent leur fric dans leurs soutifs. Donnes !
-Non !

Au moment où elle cria, Mystherbe sauta sur la main de l'ivrogne et la mordit férocement. Il beugla, jeta le Pokémon au loin et poussa Laetitia à terre.
-Bouge pas je reviens pour toi dans une minute !

Il courut vers l'endroit où était tombé le Mystherbe et se mit à lui donner des coups de pied. Le pauvre Pokémon criait. Maxime voulut intervenir mais Laetitia fut plus rapide. Elle se releva vivement, fonça vers son agresseur et plaça son coude dans le ventre de l'ivrogne. Celui-ci s'écroula par terre. Laetitia s'agenouilla à côté du Pokémon et l'enroula dans son châle.
-Ca va aller ne t'inquiètes pas, je ne le laisserai plus te faire du mal.

Le type se releva :
-Toi, tu vas déguster salope ! Mais d'abord tu vas me laisser foutre une correction à ton Pokémon de merde.
-Quelle sorte de monstre êtes-vous pour vous en prendre à un si petit être ?

Maxime était descendu de l'arbre et les regardait. Elle allait le mettre encore plus en furie qu'il ne l'était déjà si elle continuait, et là elle risquait de ne pas s'en sortir seule… Pourtant elle aurait tout intérêt à s'enfuir, pour elle et pour le Mystherbe. Il ne la comprenait pas.

-Tu préfères que je m'en prenne directement à toi ?

Non ! Léa ne joue pas la forte tête ! Pensa Maxime.

-Viens donc sale connard !

C'est pas vrai, elle a perdu la raison.