Moi, Raichu de Mytitoune

Je sors avec réticence de ma cachette. Mes poursuivants semblent avoir abandonné. La luminosité me fait mal car cela fait plus de deux heures que je me suis terré dans l'obscurité de mon refuge. Avec grâce, je m'étire, une fois mon regard perçant habitué aux rayons du soleil. La chaleur est étouffante mais elle ne me dérange pas, j'y suis habitué. Au loin on entend les Roucool pépier avec joie. Je pose mon regard vif sur le ciel azur. Aucun nuage à l'horizon. Des Piafabec virevoltent, dansent, dans cette étendue d'un bleu pur mais je ne m'attarde pas devant ce spectacle. Mais, je ne me suis pas présenté ! Je suis un pokémon, un Raichu plus précisément. Mais je ne suis pas comme les autres, ce qui me cause pas mal de soucis. Des soucis… c'est un euphémisme. On me poursuit, on me traque et je n'ai que peu de répit car ils me retrouvent sans trop de difficultés grâce à leurs propres pokémons... maudits humains ! Je ne les aime pas, ils veulent tous me capturer mais je ne leur offrirai pas cet honneur, j'ai eu bien trop de mal à gagner ma liberté. Si encore mon anormalité ne se voyait pas physiquement… Tous d'abord, ma queue est bien plus longue que la normale je dirais même gigantesque pour un Raichu. Ensuite c'est toute ma morphologie qui diffère légèrement ce qui sans fausse modestie me rend plus gracieux, plus élancé… plus beau que les autres. Je suis bien plus petit environ 60 centimètres, pour une moyenne de 80 centimètres chez mes congénères, et je suis également bien plus léger. De plus les endroits ou mon pelage est censé être marron il est d'un noir profond.
Mais ma principale dissemblance est au-delà du physique… Un sourd grognement se fait soudainement entendre, je me retourne vivement. Un imposant Grahyena me fait face. Il est en position d'attaque et a dans le regard une lueur de défi. Il est haut sur pattes, environ 1 mètre et possède des muscles saillants. Ses yeux sont d'un jaune vif injecté de sang, ses oreilles sont en pointe, son pelage est gris clair, hormis son dos, sa queue touffue et le bas de ses pattes griffues et massives qui sont d'un gris foncé, presque noir. Ses muscles imposants tremblent d'impatience. Il bave tant le désir de me combattre est puissant pour lui presque autant que la reconnaissance de son dresseur. Sans peine, je me rends compte qu'il appartient à un être humain. Son odeur le trahit, une odeur qui m'insupporte, l'odeur humaine. A mon tour, je me mets sur la défensive. J'agite avec colère ma queue dont l'extrémité, une lame, est plus tranchante et aiguisée que celle des autres Raichu et je n'hésite d'ailleurs pas à m'en servir, c'est ma meilleure arme… Grahyena ne semble nullement impressionné, bien trop fidèle à son dresseur pour s'enfuir.
Un craquement retenti derrière le pokémon qui montre les crocs et dont la salive ne cesse de couler avec abondance. Mais je n'ai pas peur, je connais mes compétences, mon pouvoir. Je me sais puissant, plus puissant sans doute que ce Grahyena. Un homme surgit près du pokémon qui s'avère être le sien. Grahyena fixe son dresseur avec affection mais celui-ci ne lui rend pas son regard. Son visage est hautain, ses yeux froids et sévères. Ce personnage, visiblement suffisant, a les traits austères, et ses yeux reflètent le despotisme, et le mépris. Un sourire sardonique qui ressemble plus à une grimace étire ses lèvres. Visiblement, il m'a aperçut lors de ma course effrénée et a lancé son pokémon à mes trousses. Il parle. Je comprends l'humain mais je sais que beaucoup de pokémon n'en sont pas capables. Je préférerais ne pas le comprendre et n'avoir aucun lien avec eux. Sa voix est sèche et coupante. Je ne l'aime décidément pas. Et ne conçoit pas que son pokémon puisse être aussi attaché à lui. Je ne l'aime pas non plus ce pokémon. Il mourra s'il me défit…
- Bien je t'ai enfin retrouvé ! On peut dire que tu m'as donné du fil à retordre. Tu es spécial et je te veux. Je te veux donc je t'aurais. Tu vois cette pokéball, ce sera très prochainement ta nouvelle maison.
Je le regarde avec un mélange d'amusement et de dégoût. Son assurance exacerbée mais surtout injustifiée m'agace au plus haut point pourtant je ne dis rien, luttant pour garder mon calme.
- Grahyena à l'attaque ! Morsure ! Et ne le rate pas ! Ordonne t'il
Le pokémon ouvre grand sa gueule laissant apparaître des dents dangereusement puissantes, prêtes à se refermer sur moi. D'un bond, avec ma dextérité habituelle, j'évite aisément ses larges mâchoires et lance ma Vive Attaque sans aucune crainte. En quelques enjambés, je me retrouve dans son dos et le charge violemment. Le pokémon ne perd pas contenance et se redresse sous mon regard hargneux. Il a comprit… il sait que l'issue de ce combat sera, s'il le perd, la mort. Mais une voix lui souffle qu'il va perdre et qu'il n'a qu'une seule chance de survivre, c'est de me fuir.
- Allez, attaque Bélier ! Et plus vite que ça, imbécile ! Hurle l'horripilant dresseur
Je ne comprends pas les raisons qui le poussent à obéir, si encore son dresseur montrait à son égard intense soit peu d'affection, mais non… Perdu dans mes réflexions, je n'ai, cette fois, pas le temps d'esquiver et reçois l'attaque de plein fouet. Grahyena se blesse légèrement. Furieusement et sans perdre de temps, je lui envoie une puissante décharge électrique qu'il réceptionne péniblement. Il a fortement souffert, je le lis dans ses yeux, mais il est courageux et trop fier alors il se replace prêt à continuer ce combat. Il retente de me mordre. Mais de nouveau, il me rate. Impatient d'en finir, j'exécute une seconde attaque Eclair. Il s'écroule sur le sol. Il faut dire que ce n'était pas la puissance habituelle des attaques Eclair, cela faisait entre autre partie de ma différence. Je sais que je devrais être clément, avoir pitié, mais ce n'est pas le cas. On m'a fait trop souffrir et mon cœur est de glace. Ma première victime n'est plus depuis déjà longtemps. Alors je réitère l'attaque en mettant toute ma puissance. Il succombe. Il a payé pour m'avoir pourchassé et défié. Il est mort, étendu entre moi et son dresseur qui le regarde sans peine apparente, juste avec colère. Ses yeux sont vides et grands ouverts, je peux y lire la peur, la tristesse, et la souffrance que je lui ais causé mais sa ne me dérange pas. L'humain enjambe le cadavre et me regarde avec convoitise. La mine renfrognée, il sort une seconde pokéball. Agacé, je m'enfuis. Je sais qu'il ne pourra pas me rattraper mais qu'il n'a pas retenu la leçon. Ça m'énerve. Il était prêt à risquer la vie d'un autre de ses pokémons... à le sacrifier ! Je ne peux pas dire que je ressente une grande estime pour les pokémons mais tout ça c'est la faute des humains. S'ils me laissaient en paix, je ne tuerais que pour me repaître…
Courir… courir… encore courir… toujours courir…
Je n'en peux plus ! Je voudrais tant avoir une vie tranquille, sans être obligé de toujours m'enfuir... mais c'est impossible, j'en ais bien conscience, je sais que je suis condamné à fuir toute ma vie...