La dixième marcheuse de junkolusa

Comme dans la forêt elfe, elle se retrouva les yeux bandés par ses ravisseurs et comme dans la forêt elfe, elle joua avec les nerfs du guerrier les conduisant avec ses questions sur les plantes à proximité. Elle ne joua pas trop longtemps puisqu'elle n'était pas accompagnée d'Aragorn, ni de Legolas qui auraient pu la protéger. Sam souriait, elle était toujours la même teigne si attachante.

Après une longue marche, ils furent enfin libérés et purent ouvrir les yeux dans une sorte de grotte. Le grondement d'une chute d'eau se faisait entendre et l'humidité régnait, Cynthia était heureuse de ne pas friser.
Un homme de grande taille apparut. Ses cheveux lui arrivaient jusqu'au cou et son visage leur semblait familier. Il regarda les trois personnes que ses hommes avaient fait prisonniers, deux petites personnes et une femme.

Il les interrogea, les accusant d'être des espions orques. Sam ricana.
-Des espions ? Non mais attendez un peu.
-Laisse Sam. Il doit être sacrément bourré. J'avoue Monsieur, que c'est la première fois que quelqu'un fait l'affront de m'insulter d'orque.
-Si vous n'êtes pas des espions, qui êtes vous ?
Frodon, qui était d'une nature calme et réfléchie tenta d'apaiser l'homme armé devant eux.
-Nous étions partis de Fondcombe avec plusieurs compagnons. L'un d'eux venait du Gondor et se nommait Boromir.
-Vous êtes un ami de Boromir ?
-En ce qui me concerne, oui.
-Dans ce cas vous serez attristé d'apprendre qu'il est mort. C'était mon frère.

Prise au dépourvue par cette révélation, Cynthia le regarda avec compassion. Elle décida de lui raconter comment son frère avait trépassé, puisqu'il l'ignorait. Elle vanta son courage dans une longue tirade digne d'une oraison funèbre des plus élogieuses. Après cela, elle tenta de le manipuler pour pouvoir partir avec ses deux amis. Son talent était magnifique et redoutable.
Le doute s'insinuait dans l'esprit de sa victime et en laissant le temps faire son effet, en seulement quelques jours, les plus solides convictions pouvaient être ébranlées. Sam admirait et redoutait ce magnifique serpent blond qui avait même réussi à se jouer de Saroumane. Cynthia gardait toutefois l'offre du magicien en tête, elle préférait avoir un plan de secours.

Le lendemain, elle tournait toujours autour du chef des rôdeurs, glissant sournoisement ses mains autour de son corps, faisant onduler ses magnifiques cheveux blonds.
-Mais dis moi, quel est ton nom, guerrier ?
-Fa … Faramir.
Cynthia entendait un trouble dans sa voix, il serait encore plus facile à manipuler. Un soldat interpella son capitaine pour lui remettre un message, l'arrachant à l'étreinte de cette créature. Ce magnifique ange des ténèbres, vision surréaliste d'un être merveilleux et terrible, l'enivrait.

Il venait de s'arracher à son étreinte, mais elle l'aurait à sa merci. Lorsqu'il revint, ses cheveux d'or tourbillonnaient, les yeux lumineux le fixaient et la poitrine généreuse se fixait dans son esprit. S'arrachant à cette vision de rêve, Faramir comprit ce qu'elle voulait.
-Cynthia, j'ai compris. Vous voulez partir, mais pour quelle raison ?
Elle le regarda, laissant de fausses larmes s'écouler sur son visage. Ses phrases ponctuées de sanglots toucheraient sûrement le rôdeur.
-Je n'en peux plus de cette grotte. J'ai besoin d'espace et de liberté. Je suis comme un oiseau, je veux voler, pas finir dans une cage. S'il vous plait, laissez nous continuer notre route.

Hélas, un soldat vint gâcher une fois de plus son plan, prévenant le capitaine d'une intrusion. La dresseuse retourna s'asseoir avec ses compagnons. Sam avait tenté Frodon en lui proposant de mettre l'anneau et de fuir. L'anneau s'imposa dans l'esprit de Cynthia. Ce pouvoir si grand était à portée de main. Elle n'avait qu'à tirer son épée, prendre l'objet et son pouvoir pour elle. Si elle volait les pouvoirs de l'anneau, plus rien ne pourrait lui résister, cette solution était tellement tentante. Cynthia vit Frodon partir, appelé par Faramir.

Ils furent bientôt de retour avec leur guide. Un être déformé, qui avait passé cinq siècles dans les galeries obscures de la montagne. Heureusement que lorsqu'elle avait dépéri, elle n'était qu'une âme, elle n'aurait pas pu avoir un corps aussi déformé.
-Pauvre créature.
Leur guide, nommé Gollum se recroquevilla sur lui même, maudissant les hobbits et pleurant sur son trésor volé. Les deux mots attirèrent l'attention du capitaine.
-Qu'ont ils volé ?
Gollum se retourna vers Faramir et hurla.
-Mon PRECIEUX !

Cet idiot venait de révéler l'objet de leur quête. Faramir sentait l'anneau et le vit. Il n'avait qu'à tendre la main et le monde libre s'effondrerait sous peu.
-Vous êtes seuls avec moi et des centaines de soldats sous mes ordres. Je pourrais faire ce que je veux de vous.
Cynthia était dans des starting-blocks. Si ce crétin de capitaine s'approchait de l'anneau, elle plongerait, s'emparerait du bijou d'or pur dans le seul but de le passer au doigt. A ce moment, elle serait invisible avec une source de pouvoir qu'elle tenterait de voler pour son compte.

Heureusement, le même soldat qui avait par deux fois fait échouer les tentatives de séduction de Cynthia vint lui apporter une nouvelle. Un patelin du nom d'Osgiliath était attaqué et avait besoin de renforts. Le capitaine ordonna le départ immédiat de ses troupes, par mesure de sécurité, ils emmêneraient les prisonniers. Cynthia jura.
-Imbécile ! Vous nous emmenez sur un champ de bataille ! Vous connaissez l'objet de notre quête, elle requiert de la discrétion ! Vous savez ce qui se passera si nos ennemis vous encerclent ? Avec un peu de chance nous mourrons vite, sinon nous finirons dans les geôles de l'ennemi. Vous savez ce qu'ils trouveront et ce qu'ils utiliserons.

Cynthia le fixa dans les yeux et le mit mal à l'aise.
-Réfléchissez un peu. Avec son anneau, Sauron sera plus puissant que tout. Vous savez ce qui arrivera à votre magnifique capitale, avec ses tours blanches scintillantes, ses portes renforcées, ses statues et ses drapeaux flottant et claquant au vent ?
Faramir ne répondit rien, tremblant. Elle le regardait dans les yeux, lui faisant passer une vision comme cela était arrivé à son frère.
-Minas Tirith tombera. Ses habitants seront massacrés et elle sera rasée jusqu'à la dernière pierre. Ensuite, ce sera le reste du monde libre qui brûlera.
Le capitaine détourna son regard avant d'annoncer le départ.
-Nous partons pour Osgiliath.