Chapitre VIII : La suite du mystère
J'attends. Je le regarde fixement dans les yeux et j'attends qu'il parle. Il soutient mon regard un moment, puis détourne la tête et ses yeux se perdent dans le vide.
Sacha s'approche de nous.
- Je... je ne peux pas...
Et Kai part dans la forêt.
- Les journées sont riches en émotions avec vous, hihihi.
Nezu sourit, ses yeux formant deux amandes.
Je le connais depuis plusieurs années déjà. C'est un petit garçon très étrange. Il semblerait en effet qu'il comprenne les gens, qu'il sache plus ou moins ce qu'il leur est arrivé sans que personne ne parle. C'est assez compliqué à expliquer.
Cela fait plusieurs mois que je ne l'ai pas vu, il a un peu grandi.
Il n'a que huit ans et mesure environ une tête de moins que moi, qui ne suis pourtant pas bien grande. Il a des cheveux très foncés et la peau très pâle, ce qui contraste énormément.
Son visage est rond, ses yeux gris, aux reflets violets.
Je l'ai rencontré à Mukashi, là où je suis née, il y a 4 ans. Il était perdu et ne se rappelait de rien. Il a été recueilli par un policier peu de temps après et a été conduit presque un an plus tard à Hajime, là où se trouve le laboratoire du professeur Tan.
- C'est bien étrange tout ça...
Sacha interrompt ma rêverie sur l'enfant.
- Cela fait dix-sept ans que j'ai quitté le Bourg-Palette, que j'ai voyagé à travers le monde et jamais je n'ai vu de cas semblable. Tu t'es... transformée... ?
- Je... Je... Oui, je me suis transformée.
Je n'arrive pas à retenir la larme qui coule sur ma joue en pensant à mes métamorphoses.
- Je suis désolé. Je t'ai peut-être offensée ?
- Non, ne t'en fais pas.
Il pose sa main sur mon épaule et me regarde avec une expression pleine de compassion.
- Cela fait longtemps que... tu te transformes ?
- Depuis deux jours.
- Et tu n'arrives pas contrôler ce... pouvoir ?
- Non. Les fois précédentes, quand je me suis transformée, c'était dû à une baisse d'énergie. Mais cette fois-ci n'avait rien à voir, du coup je ne sais plus trop…
Je soupire.
- Je suis désolé.
Le silence s'installe.
Au bout de plusieurs minutes, je me tourne vers Sacha.
- Pourquoi est-ce qu'il t'en veut ?
- Ce n'est pas à lui de te le dire !
Kai m'interrompt. Il s'approche de Sacha et moi, et serre le poing. Du sang coule sur ses phalanges...
Je murmure :
- Qu'est-ce que...
Mais il cache sa main derrière son dos et se plante devant son ancien adversaire.
- Dis moi ce que tu fais ici.
Il essaye de se contenir. Je le sens.
- Je dois rendre visite à un ami du professer Chen, à Hajime. J'ai une lettre à lui remettre, et le professeur Chen aimerait que je me renseigne sur ses travaux.
- Le professeur Tan ?
- Exactement. Vous le connaissez ?
Kai reste silencieux. C'est moi qui réponds à Sacha.
- Comment dire...
- Je n'insiste pas. Je crois qu'il est temps pour moi de partir, sinon je ne serai pas de retour à Bourg-Palette avant la nuit. Roucarnage go !
Il rappelle son Pokémon oiseau sur lequel il est arrivé. Nezu lui attrape la manche.
- Je croyais que tu avais laissé ton Roucarnage ?
- C'est vrai que tu lis mes livres ! Ahah ! J'ai retrouvé mon vieil ami, qui revient faire un bout de route avec moi.
Le Roucarnage effectue une cascade aérienne, avant de venir se poser au sol et de baisser son aile pour permettre à son dresseur et ami de monter sur son dos.
- Attends.
C'est Kai qui a parlé, à la grande surprise de Sacha.
- Promets-moi de ne rien dire, au sujet de Kathy, à quiconque. Même à Chen.
- Très bien.
Sacha grimpe sur Roucarnage.
- Même à ma mère... Ne lui dis pas que tu m'as vu. S'il te plait.
Sacha essaye de fixer son regard, mais Kai tourne la tête.
- Très bien. Au revoir les amis, à une prochaine fois peut-être...
Et Roucarnage prend son envol.
* *
*
* *
Il est enfin parti.
J'espère qu'il tiendra sa promesse. Sinon les choses pourraient mal tourner pour Kathy. Et en ce qui concerne ma mère... Je n'ai pas envie de penser à ça.
- En route ! La nuit tombe bientôt, on n'a presque plus rien à manger, et je n'ai qu'un sac de couchage alors que nous sommes trois. Nous avons plutôt intérêt à atteindre la prochaine ville avant que le soleil ne soit couché.
Je récupère mon sac à dos posé un peu plus loin et avance.
J'ai été complètement stupide. En plus de la blessure dans mon dos, j'ai les genoux bien abîmés, des horribles bleus partout, et surtout je me suis explosé le poing en frappant le tronc d'un arbre. Je n'ai pas réussi à maîtriser mon excès de colère et maintenant, ma main me fait elle aussi souffrir.
Ce voyage commence vraiment très bien...