La séparation de la communauté
Après quelques heures de repos suivies d'une étude soigneuse des cartes, Cynthia décida de raviver le feu avec quelques brindilles. Elle s'aperçut que Frodon et Boromir avaient disparus depuis pas mal de temps pour une simple récolte de fagots. Légèrement inquiète, elle se décida à partir à leur recherche en compagnie de Gimli et de Legolas. Au bout d'un moment ponctué de recherches infructueuses, ils se séparèrent pour fouiller les vastes bois qui recouvrent ces collines nommées Amon-Hen.
Alors qu'elle fouillait sans succès, elle entendit de lourds pas provoqués par une troupe chaussée de lourdes bottes. Quelques grognements plus tard, elle entendit des bruits de combat à distance et devina rapidement ce qui se passait. Les épées s'entrechoquaient et les cris fusaient de tous côtés, impossible de retrouver son chemin.
Elle venait de tomber sur une dizaine de créatures étranges. Ressemblant à des gobelins, mais plus grands et plus droits, ils étaient protégés par d'épaisses armures et de solides casques. Ces monstres hurlaient des ordres dans leur horrible langue mais Cynthia entendit distinctement leur chef.
-Trouvez les semi-hommes ! Tuez les autres !
Les créatures armées de larges machettes fouillaient la région. Cynthia n'hésita pas pour sauver sa peau et sortit son épée. Armée de sa dague et de ses pouvoirs étouffés par un nouvel ennemi, elle s'attaqua à un petit groupe d'une dizaine de soldats. La lame pénétrait les armures avec une facilité déconcertante, empalant les ourouk-haï, décapitant les monstrueux hybrides, mettant à terre les soldats de l'armée de Saroumane.
Elle recherchait les hobbits pour les mettre en sécurité mais ignorait que Frodon cherchait à semer le reste du groupe pour partir seul et que deux des hobbits avaient fait diversion.
Elle courrait, dans l'espoir de tomber sur un membre du groupe pour ne plus être seule. Au détour d'un vallon, alors qu'un autre petit groupe lui fonçait dessus, elle entendit le chef de ces monstres répéter ses ordres.
-Trouvez les semi-hommes ! Ramenez moi la fille vivante !
Cynthia n'aimait pas l'idée d'être une des cibles de ces soldats. Elle entendit un son puissant déchirer l'air, Boromir soufflait dans son cor pour appeler à l'aide. Cynthia était encore loin, elle espérait arriver à temps. Un grand nombre de guerriers en armure surgit des collines pour se diriger vers le Gondorien. Elle en élimina quelques uns et entendit un second coup de cor. Elle se dirigea le plus vite possible vers le lieu et tomba finalement sur Boromir qui se battait comme un diable pour défendre Merry et Pippin.
-Tiens bon Boromir, j'arrive !
Elle arriva trop tard. Le chef des monstrueux soldats de Saroumane décocha une flèche qui se ficha dans l'épaule du combattant. Malgré ses blessures, il continuait la lutte avant de recevoir un second trait empenné de plumes noires, puis un troisième. Le héros s'effondra alors devant elle, médusée, tandis que pris d'une fureur démentielle, les deux hobbits se jetèrent sur les ourouk-haï. En voyant ses deux amis se faire attraper, la blonde hurla de rage.
-Lâchez les ! Tas d'ordures, ramenez vos sales gueules !
Cynthia commença à se battre, motivée par la vengeance, ses pulsions les plus primaires exacerbées et tua plusieurs de ses ennemis. Leur chef sortit une flèche et la mit en joue. Il demanda à un de ses soldats de mettre sa lame sous la gorge d'un des hobbits.
-Ne la tuez pas, il me la faut vivante ! Rends toi, ou j'égorge un de tes amis, l'autre pourra toujours parler.
Cynthia regarda autour d'elle, personne ne pourrait venir à leur secours, les monstres avaient pris Merry et Pippin en otages. Elle était encerclée par de vigoureux épéistes et menacée par une flèche qui la toucherait si elle résistait.
Sous la menace, Cynthia lâcha son arme, la mort dans l'âme. Un violent coup sur le crâne lui fit perdre connaissance et les monstres l'emmenèrent avec eux.
Au même moment, Frodon et Sam traversaient la rivière pour continuer leur quête. Aragorn, Gimli et Legolas arrivèrent peu après pour voir Boromir agoniser et leur révéler que plusieurs otages de choix seraient bientôt aux mains de Saroumane. Boromir regarda son ami et souffla quelques mots.
-Je vous aurai suivi n'importe où … mon frère … mon capitaine … mon roi.
-Repose en paix, fils du Gondor.
Le trio allait désormais se lancer à la poursuite des ourouk-haï pour tenter de sauver leurs amis.
Cynthia se réveilla difficilement, encore sonnée par le coup qu'elle avait reçue. Elle regarda autour d'elle pour constater qu'elle était encerclée par ces monstres. Elle n'avait plus son épée, ses poignets étaient liés et son état de fatigue rendait impossible l'usage de ses pouvoirs.
Elle était désormais captive, au milieu d'une masse grouillante, secouant poussière et crasse. Elle regarda autour d'elle et aperçut deux visages familiers. Elle tenta d'appeler le moins épuisé des deux.
-Merry ! Eh Merry !
-Cynthia, tu es réveillée toi aussi ?
-Oui. Cela fait combien de temps que je suis inconsciente ?
-Presque une journée. Je m'inquiète pour Merry, il est épuisé.
Pippin interpella un des soldats, idée que Cynthia jugeait mauvaise. L'un des monstres réveilla le hobbit pour le forcer à boire une sorte de liqueur. A moitié étouffant, le pauvre Merry dut subir les sarcasmes de ses ravisseurs.
-Vous vous croyez drôles ? Vous n'êtes que des misérables brutes arrogantes profitant de la faiblesse des autres !
Un des soldats s'approcha pour lui mettre sa lame dans le ventre mais leur nouveau chef s'en aperçut.
-Non ! Saroumane les veut vivants, tous les trois.
Il s'approcha de Cynthia qui continuait à le défier du regard. De sa main gantée de cuir renforcé de lamelles d'acier, il envoya un violent coup de poing dans le visage de l'impertinente qui heurta le casque de celui qui la transportait. Le nez en sang et la lèvre fendue, elle retomba dans un état comateux.
Lorsqu'elle se réveilla, Cynthia fut jetée à terre sans ménagement auprès de ses deux amis. Apparemment, il semble que les soldats désiraient faire une pause. Certains voulaient aussi se restaurer alors un feu fut allumé avec les arbres de la lisière voisine. Un des soldats, un orque au visage déformé, les yeux globuleux et des dents pointues se tourna vers les trois captifs.
-Pourquoi on ne les mangerait pas ? C'est de la viande fraîche !
-Ils ne sont pas à manger ! Ordre de Saroumane.
-Allez, un bout de leurs jambes, ils n'en on pas besoin.
Visiblement agacé, le chef sortit son arme pour décapiter l'orque. Il regarda le cadavre et déclara à ses troupes.
-Il y a de la chair fraîche au menu !
Les barbares se jetèrent sur le corps du mort tandis que le chef lança deux quignons de pain rassis à ses prisonniers. Habitués à un meilleur repas, les hobbits se forcèrent à avaler le morceau de pain car après deux jours de jeune, leurs estomacs criaient famine. Le chef regarda Cynthia et reconnut l'impertinente qui avait osé le défier. Il revint rapidement avec un morceau rouge à la main. Avec l'obscurité, elle ne vit pas ce qu'il tenait. Lorsqu'il lui jeta le morceau, elle faillit vomir, n'osant pas imaginer la provenance de ce bout de viande.
-Mange ! Je ne veux pas ramener de prise en mauvais état !
Cynthia regarda le morceau sanglant, venant sûrement du corps qui continuait à être dépecé à quelques mètres d'elle. Elle ne s'abaisserait pas à ce niveau.
-Je n'en veux pas.
L'ourouk ricana.
-Tu mangeras ce que l'on te donne !
Il attrapa Cynthia à la gorge et de sa poigne de fer, il lui appuya sur les joues pour la forcer à ouvrir la bouche. Les larmes aux yeux, elle sentit le morceau de chair entrer de force dans sa bouche.
-Avale !
Elle ne fit pas un mouvement. Perdant patience, il lui mit un coup de poing dans le ventre. Suffocant sous le coup de la douleur, Cynthia entreprit de mâcher le morceau. A près quelques coups dans le foie, elle avala le bout de cadavre. Le chef des ourouk-haï la jeta à terre, jubilant de la voir ainsi brisée, mais il faisait une erreur.
Merry et Pippin la virent trembler de rage, recroquevillée sur elle même. Cynthia ne versera pas une larme, protégée par la haine mais écœurée de ce qu'elle avait du faire. Qu'avait elle fait pour se retrouver dans cette galère ? Elle releva la tête pour saisir des bribes de discussion. Une partie de la troupe voulait attendre quelques heures avant de repartir alors que le chef et quelques uns de ses hommes comptaient continuer leur voyage immédiatement.
La chose fut tranchée. Les fainéants transporteraient les deux hobbits et partiraient après un peu de repos, tandis que les autres emmèneraient Cynthia. Le chef retourna voir ses prisonniers et la blonde qui ne voulait pas subir un autre traitement dégradant préféra baisser les yeux.
-Alors tu fais moins la fière. Tu as compris qui était le maître, sale petite garce.
La troupe d'une vingtaine de guerriers continua son chemin. Quelques minutes plus tard, l'autre groupe se fera impitoyablement massacrer par un groupe de cavaliers. A quelques minutes près, Cynthia aurait également pu profiter de la diversion pour fuir. La prisonnière resta dans la position inconfortable qu'elle avait depuis deux jours pendant encore quelques heures. Epuisée, affamée et terrifiée, elle vit le groupe passer une imposante porte pour entrer dans une vaste plaine encerclée de murailles.
Le sol boueux était foré par endroits, occupé de grues, d'échafaudages de toutes sortes. Les puits abritent de nombreuses forges, des arsenaux, des enclos, des structures d'élevages, des trésors. Dans ces cavernes d'ou s'échappaient des panaches de fumée, une armée voyait le jour. Cynthia leva les yeux et vit une immense tour noire au centre de la plaine. Elle était de forme merveilleuse, son sommet plat terminé par quatre pointes fines.
Les soldats s'arrêtèrent et jetèrent leur captive au sol. Cynthia ouvrit péniblement les yeux et au milieu de ce lieu sombre, elle aperçut une tache de blanc. Elle leva le visage pour comprendre qu'elle était face au magicien blanc.
-Saroumane.