Réponses en Lorien
La communauté sortit des mines en avançant presque par automatisme. La perte de leur guide les avait tous profondément affectés. Ils étaient tous effondrés et craquèrent dès qu'ils furent de nouveau à l'air libre. Cynthia ne parvint pas à verser de larmes malgré que le magicien qu'elle considérait comme un bon ami, un soutien moral et un protecteur venait de disparaître.
Juste avant la chute du mage, elle s'était effondrée car elle n'avait pas réussi à tenir tête à son instinct qui lui avait dit de s'attaquer à la puissance du monstre. Si seulement elle avait résisté, Gandalf n'aurait pas eu à se sacrifier pour empêcher le balrog de la traquer.
Elle se prit la tête entre ses mains, comme pour s'exorciser de son avidité de pouvoir, avant que leur nouveau guide ne vienne la relever.
-Cynthia, je sais que c'est dur, mais il faut y aller. Dès la tombée de la nuit ces collines grouillent d'orques.
-Oui mais je ne mérite pas ta gentillesse. C'est ma faute. C'est de ma faute si le balrog me voulait.
Aragorn la regarda dans les yeux. Il ne comprenait pas tout, mais avait l'intuition que c'était elle la proie que traquait le démon.
-Non. Tu n'as pas à t'en vouloir. Si tu n'avais pas craqué, ce démon se serait attaqué à Frodon et son anneau. Gandalf aurait protégé Frodon de la même manière qu'il l'a fait pour toi. C'était prévu, il a fait son choix, à nous de nous débrouiller pour qu'il n'ait pas été vain.
-Tu as raison. Nous devons aller de l'avant.
La communauté désormais réduite à neuf membres se dirigea vers une foret à proximité. Les arbres aux troncs d'argent et aux feuilles merveilleuses ainsi que le sol couvert d'un tapis végétal doré rendaient le lieu surréaliste. Cette foret elfe nommée la Lothlorien n'inspirait pas confiance au seul nain de la compagnie. Il mit en garde deux des hobbits.
-Restez près de moi, on raconte que cette foret est habitée par une ensorceleuse aux grands pouvoirs. Eh bien ! Voilà un nain qu'elle n'envoûtera pas si facilement. J'ai l'ouie du renard et l'œil du faucon.
Alors que le guerrier au regard d'aigle parlait, une flèche le mit en joue et le groupe fut rapidement encerclé par une vingtaine d'archers. Un elfe, ce qui est logique puisqu'ils résident dans ces bois, vêtu d'une armure brillante s'avança.
Boromir mit la main sur le pommeau de sa lame, Gimli fit de même avec sa hache et Cynthia prépara une sphère pourpre. Voyant la situation se dégrader, Aragorn calma tout le monde en serrant le capitaine elfe dans ses bras. Apparemment, ils se connaissaient et étaient amis. Même si les archers étaient moins menaçants, Gimli suggéra de partir vite fait. La communauté fut accueillie avec suspicion, surtout le nain. L'elfe à l'armure dorée reprit la parole.
-Nous vous connaissons bien Legolas, tout comme vous Aragorn. Si vous vous portez garants de vos compagnons, ils pourront entrer. Par contre, les nains ne sont pas appréciés par les elfes.
-La réciproque est vraie, longues-oreilles.
-Le nain vous accompagnera, mais nous lui banderons les yeux.
Cynthia protesta de cette forme de racisme.
-Hors de question ! Je ne vois pas de nain, seulement un vaillant compagnon qui traversa les mêmes épreuves que nous. Je pensais qu'un être appartenant à la race la plus sage serait capable de comprendre cela. En réalité tu n'est qu'un imbécile aux gros bras et qui ne cache rien sous sa tignasse blonde !
La communauté était stupéfaite de l'audace déployée par une étrangère pour défendre un de ses nouveaux amis. L'elfe était assez énervé de ce comportement, mais il voulut jouer avec elle. Il sortit son arc et prépara une flèche. Volontairement, il érafla la main de la dresseuse avec la pointe de sa flèche et ne s'attendait pas à la voir lancer un Poing-Ombre par réflexe.
Il se releva devant la femme qui lui fit un sourire goguenard.
-Je t'abattrais bien, créature des ténèbres, mais notre reine veut te voir. Inutile de dire que tu auras les yeux bandés, comme ton ami nain.
Avant que quiconque ne réponde, elle reprit la parole.
-Soit, mais vous allez le regrettez. Gimli, vous ne pourrez rien voir en chemin, alors ouvrez vos oreilles, vous apprécierez ce qui suivra.
La compagnie se mit en route, deux de ses membres guidés par de solides guerriers elfes. Au bout de cinq minutes, la vengeance de la blonde commença, elle fera perdre patience à cet arrogant capitaine et il la suppliera de se taire.
-Eh ! Machin ! Tu peux dire à ton troufion de guider délicatement ? Parce qu'il m'énerve à me serrer le bras. Vous n'êtes pas galant.
-Je m'appelle Haldir …
-Je me tape de ton blaze ! Je ne suis pas ton amie et moins je verrais ta tête, mieux je me sentirais. Au fait, c'est quoi ces fleurs ?
Plutôt déconcerté, il regarda sur le bord du chemin et aperçut de petits boutons d'or. Il tenta de jouer à son jeu.
-Lesquelles ? Les rouges ?
-Prends moi pour une idiote ! Je te parle des petites jaunes !
-Ce sont des elanor. Comment as tu …
-Fait pour les voir ?
Elle sourit en entendant les murmures d'étonnement et les ricanements que Gimli étouffait dans sa longue barbe rousse.
-C'est simple Haldir. Je les vois aussi facilement que cet embranchement la bas, que la ruche sur le buisson derrière nous, tout comme je vois les moucherons voleter à une vingtaine de mètres.
-C'est incroyable, mais tu n'as pas répondu. Comment fais tu ?
-Je n'ai pas besoin d'yeux pour voir. Je peux ressentir les choses, l'énergie des êtres vivants et même lire en eux si je le désire.
Elle se dégagea de l'étreinte du garde et suivit la communauté, esquivant les racines sans aucune aide.
La partie n'était pas finie. Elle avait démontré à l'elfe que son bandeau n'avait aucune utilité, maintenant elle voulait lui faire regretter son comportement déplacé à l'égard d'une femme, de la maîtresse de Sinnoh et de la détentrice des dons de Giratina.
-Au fait, tu ne t'es pas excusé pour ton comportement inqualifiable à mon égard.
Les gardes étaient toujours aussi figés, la communauté souriait, voire ricanait pour les plus petits d'entre eux.
-Pourquoi devrais je m'excuser ?
-Parce que sinon, je dis à tout le monde que ta pire peur, c'est qu'on touche à tes cheveux !
Un fou rire général retentit alors que les joues de Haldir prenaient une belle teinte vermillon. Celui ci tenta de se reprendre.
-Tu peux lire en mon esprit ?
-Bravo tu as remarqué ! Alors, ces excuses ?
Rien ne vint alors il allait voir un autre de ses secrets dévoilés.
-Vous savez que lorsqu'il avait 15 ans, il est parti pignocher dans les jupes de sa mère parce qu'une feuille s'était glissé dans ses vêtements et qu'il l'avait confondu avec une araignée ?
Une nouvelle explosion de ricanements retentit. L'elfe, humilié devant ses hommes allait rapidement voir ses secrets les plus intimes révélés.
-Stop, je t'en prie ! N'en dis pas plus !
-Tu connais le tarif.
-Excusez moi.
-Mieux que ça. Tu vois ce que je veux dire ?
Haldir se mit à genoux et s'inclina devant elle.
-Je vous prie d'accepter mes plus plates excuses, madame.
-J'accepte.
Alors qu'il n'avait jamais connu une telle honte en trois millénaires, Haldir les mena au cœur de la cité elfe. Les souverains elfes, à la fois jeunes et sages, descendirent les marches de leur palais. La reine Galadriel leur souhaita la bienvenue mais quelque chose d'étrange se produisit. Elle fixa Boromir qui croisa son regard et réussit à se soustraire à ce dernier, les larmes aux yeux.
Cynthia savait que lorsque l'on lit dans une âme, on peut aussi jouer avec. Apparemment, Galadriel maîtrisait un tel don. Cynthia entendit une petite voix dans son esprit, mais elle ne se montrerait pas aussi faible que l'homme.
-Bienvenue en mon royaume, être des ténèbres.
-Mon nom est Cynthia. Le votre est Galadriel.
-Oui, je suis la reine des elfes et la détentrice d'un des grands anneaux de pouvoirs.
-Alors arrêtez votre petit jeu avec moi. Je voudrais m'entretenir avec vous, sans avoir un concert dans mon esprit.
Les neuf marcheurs pourraient donc se reposer quelques temps dans la demeure de la dame. Son époux prit la parole.
-Dites moi ou se trouve Gandalf le gris, car j'aimerais m'entretenir avec lui.
Sa femme répondit avec une voix semblable au vent murmurant dans les feuilles.
-Il a basculé dans l'ombre.
Pour la première fois depuis longtemps, ils dormiraient à l'abri dans de bons lits et plus important pour Cynthia, ils pourraient disposer d'un étang. Ce soir la, elle profita longuement du bain relaxant, si agréable, si tiède qu'elle ne prêta pas garde aux tentatives inefficaces de Merry et de Pippin. Ils avaient longuement guetté la blonde pour voir si ils pouvaient se rincer les yeux, peine perdue à cause des rochers.
Une fois rhabillée, elle surprit Frodon en train de déambuler dans la forêt, l'air visiblement soucieux, comme s'il cherchait des réponses. Mue par la légendaire curiosité féminine, elle le suivit jusqu'à le voir en conversation avec Galadriel. Il regarda longuement dans une vasque remplie d'eau avant de se tourner vers la reine blonde dans sa robe immaculée. Elle le mit en garde contre les visions du futur.
-Ceci ne se déroulera peut être jamais. Vous devez accomplir votre tâche car si vous ne trouvez pas le moyen, personne ne le pourra.
-Je n'y arriverai pas seul.
-Porter l'anneau signifie être seul.
Peu après, Frodon quitta les lieux, laissant la place libre à Cynthia. Elle descendit rapidement les marches jusqu'au miroir.
-Majesté, je voudrais que vous m'aidiez à apporter des réponses à mes questions.
-Que puis-je faire pour toi ?
-Dites moi pourquoi j'apparais comme les spectres lorsque Frodon enfile son anneau. Je veux savoir pourquoi je voulais absolument l'énergie du balrog dans la Moria. Pourquoi je ne peux pas toucher l'anneau alors que les autres le font ?
La souveraine elfe soupira. Que de questions et que de réponses !
-Je vais essayer de te répondre. J'ai deviné que tu n'es pas de la même nature que les autres. Je ne sais pas comment tu as fait, mais tu arrives à contrôler des pouvoirs maléfiques.
-Appelez les ténébreux ou obscurs, mais pas maléfiques. Le bien et le mal ne sont que des points de vues différents selon celui qui les observe.
-Si tu insistes. Tes pouvoirs sont d'une même nature que ceux du seigneur des ténèbres. Dans le néant ou Sauron à accès au monde de l'invisible, il est donc normal que tu apparaisses distinctement, comme ses serviteurs. Etrangement, il ne semble pas te détecter. Je ne sais pas comment, mais quand tu touches l'anneau, ton camouflage disparaît. Ce n'est pas une surprise quand on sait que cet objet n'est rien d'autre qu'une partie de son esprit.
-Si je comprends bien, j'ai la même nature que Sauron. J'ai juste décidé de mettre mes dons au service d'une cause qui me semblait juste.
Les deux femmes restèrent silencieuses un petit instant. Un oiseau de nuit déchira le silence en poussant un hululement.
-J'ai déjà progressé. Mais pourquoi ne puis-je pas disposer de tous mes dons et rentrer dans mon monde ?
-Tes pouvoirs son toujours en toi, la preuve c'est que tu peux les appeler. Ils ne sont pas à leur capacité maximale car ils sont bridés par le pouvoir du Mordor. Si cet ennemi noir tombe, la dernière entité à maîtriser les ténèbres, ce sera toi. Alors tu pourras disposer de tes capacités comme bon te sembleras, pour le meilleur ou le pire.
-Je ne compte pas prendre la place de l'œil. Je n'ai rien à faire ici alors je rentrerais chez moi. Mais il y a une autre question dont je n'ai pas eu de réponses.
-Tu désires rentrer chez toi et le seul obstacle, c'est que d'autres contrôlent les ombres. Inconsciemment, tu as donc voulu les affaiblir pour te renforcer en même temps. Tu peux voler l'énergie vitale de toute créature pour te nourrir, face au balrog, une proie pareille ne se refusait pas pour ton inconscient.
Cynthia assimila les informations et sentit un léger picotement dans ses paupières. Elle sourit à la souveraine elfe.
-Merci de votre aide majesté. Je vais aller me coucher maintenant.
-Puisse les Valar t'accorder un sommeil sans nuages. Les étoiles veillent sur toi.