Menace dans un monde parallèle. de Artikthor

Il était déjà tard et je n'avais pas vu le temps passer, il faut dire que ce n'était pas la première fois... Ça faisait environ 2 nuits que je ne dormais plus. Je voulais absolument découvrir la manière de faire un trou noir artificiel et de petites dimensions car je sentais que j'étais à la veille de la plus grande découverte de tous les temps ! Selon mes calculs, si j'arrivais à former une étoile artificiellement, elle pourrait dès lors s'effondrer en un trou noir de petites dimensions. Je pourrais y envoyer une sonde de titane qui résisterait aux températures extrêmes, avec une caméra embarquée à bord et, de cette manière, voir où aboutissait un trou noir. Pour moi, le trou noir constituait très clairement une brèche entre l'espace-temps. Mais passer de la théorie à la pratique était un immense obstacle puisque si j'arrivais à créer mon étoile j'avais une chance sur quatre de la transformer en trou noir... Devant la grandeur de la tâche et ma fatigue grandissante, je m'inclinai noblement et pris la décision d'aller me coucher. Je rêvai cette nuit là de mon nom écrit en grand partout « John a découvert le moyen de traverser l'espace et le temps !  John est un génie ! Vive John! »

Mais le lendemain, je fus vite rattrapé par la dure réalité car ma femme me dit d'un ton sarcastique
-A force de chercher le trou noir, c'est lui qui va te trouver et t'aspirer;
Il faut dire que ma femme ne supportait pas bien mon ''nouveau mode de vie'' disant que c'était une perte de temps et que j'étais encore plus fou que sa mère (ce qui n'était pas peu dire...). Je lui répondis simplement:
-Tous les scientifiques qui ont fait notre société actuelle ont, un jour ou l'autre, été pris pour des fous.
Sur ce, je retournai dans ma pièce de travail dont je fermai la porte à clé. Le lieu était exigu néanmoins il y avait suffisamment de place pour les quelques expériences que j'y avais faite. Ça et là gisaient des éprouvettes comme des cadavres abandonnés. La pièce était presque entièrement blanche sauf le plafond qui était d'un jaune à vous brulez la rétine. Une petite fenêtre donnait sur l'extérieur et faisait pénétrer un peu de lumière dans cet espace confiné. Une forte odeur de chloroforme flottait dans l'air. J'avais poétiquement appeler cet espace le « Lys ». C'était là que germaient mes idées.

Ma première étape constituait à fabriquer l'étoile et pour cela, il me fallait une combustion d'hydrogène et d'hélium. Il fallait trouver le moyen de distribuer les deux gaz et les mettre en contact pour faire une combustion et ainsi créer ma mini-étoile. Je m'armai de courage et commençai le travail. Scie, fer à souder, foreuse, colle extra forte,... telles étaient mes armes et au bout de deux heures de travail acharné j'y arrivai enfin ! Le dispositif que j'avais construit était une sorte de lance-pierre avec une capsule de combustion au milieu et les deux arrivées de gaz de chaque coté. Le moment était crucial... J'appuyai sur le bouton et les distributions se mirent en marche, alors j'appuyai sur le second bouton qui fit tourner à faible vitesse la capsule de combustion puis, n'osant pas regarder, je détournai rapidement la tête mais, par la lumière aveuglante qui fut
projetée dans mes yeux, je déduis que j'avais réussi la première étape. Je n'en croyais pas mes yeux ! J'avais réussi là où beaucoup avaient échoué !

Mais ne me contentant pas de cette première victoire, j'augmentai la dose d'hélium de telle sorte que l'étoile s'effondre sur elle-même. Je savais les dangers que comportait cette transformation car l'étoile pouvait gonfler et briser la capsule de combustion et je n'osais même pas imaginer la suite... La deuxième option était que l'étoile implose littéralement, dégageant alors des rayons radioactifs. La dernière option n'était pas plus réjouissante, l'étoile augmenterait sa gravité et deviendrait ainsi comme un véritable aimant mais avec une puissance inimaginable... Normalement l'étoile devrait se transformer en trou noir et je pourrais contenir son pouvoir d'aspiration en faisant tourner la capsule dans le sens inverse et à la même vitesse que la vitesse de rotation du trou noir... Tout se passa comme je l'avais prévu à ma plus grande joie ! Je construisis assez rapidement la sonde en titane qui devait contenir la caméra et la lançai dans un petit trou de la capsule de combustion prévu à cet effet. Je vis des dégradations de couleurs mais le temps à travers un trou noir s'étire... Je ne savais pas combien de temps je devrais encore attendre...

Quelques jours passèrent et toujours pas d'image fixe sur l'écran qui était relié à la caméra... Je commençais sérieusement à perdre espoir quand un beau matin, quelle ne fut pas ma joie de voir que, sur mon écran était projetée une image fixe ! Ce que je vis ensuite me fit frémir ! Sur mon écran se tenait non seulement une forêt du jurassique mais en plus un véritable dinosaure passa en trombe devant ma petite caméra. Je compris alors que mon projet était aux portes de son accomplissement.

D'expérimentations en expérimentations, de ratages en ratages et de modifications en modifications je réussis finalement, au bout de quatre mois d'efforts, à envoyer des petits vaisseaux mais aussi à choisir exactement la période que je voulais explorer... Mon plan devait rester un secret absolu !Imaginer que des esprits malveillants viennent à dérober mon chef-d'œuvre me glaçait le sang !
En effet, imaginez toutes les choses horribles pouvant en découler...

Je décidai que mon invention avait déjà fait assez ses preuves comme ça c'est pourquoi je pris la décision de reproduire l'expérience à échelle humaine et de me lancer à la découverte du passé et du futur ! Ma femme m'avait plaqué...Elle m'avait mis face à un dilemme : soit je voulais la garder alors je devais stopper définitivement mes recherches ; soit, je choisissais de garder ma géniale découverte et elle partait à jamais... Je choisis mon invention... J'avais désormais une vie assez ennuyante et, me disant que si je mourrais, ce n'était pas si grave que ça ! Je refis donc tout en proportions humaines ce qui me prit environ un an.

C'était le jour de mon grand départ... J'avais pris mon matériel de scientifique à bord de mon vaisseau. Je m'y installai et bouclai solidement ma ceinture. Je regardai une dernière fois le Lys: son plan de travail jonché par plein d'éprouvettes, son plafond jaune criard, sa petite fenêtre,... Tout ça allait certainement me manquer me dis-je avec nostalgie... Je pressai alors le gros bouton rouge et une énorme gerbe de feu me propulsa à travers le trou noir à une vitesse telle que je fus comprimé au fond de mon siège. Cela faisait déjà de longues heures que je chutais et toutes les parois du vaisseau étaient rouge écarlate autour de moi. Quand soudain, je vis la lumière qui annonçait la sortie. C'est alors que mon réacteur arrière explosa et que mon vaisseau devint incontrôlable... Je m'approchai dangereusement de la paroi interne du trou noir et fut totalement aspiré. Ma tête heurta violemment le tableau de bord et je perdis connaissance. A mon réveil, je me retrouvai dans un endroit dont je ne savais absolument rien mais j'étais sur d'une chose : ce n'était plus sur Terre ! J'aperçus une étrange créature rose qui s'envola devant mes yeux et, pris par la fatigue extrême, tombai endormi au milieu de nul part...