La porte des spectres de Gerardufoin

La petite ville de Charbourg semblait particulièrement calme, alors que le soleil commençait lentement à faire son apparition derrière les montagnes qui entouraient la cité. Bien entendu, cette tranquillité n'était qu'apparente, comme le démontraient les policiers parcourant les rues d'un pas pressé. Ces derniers ne manquaient pas d'attirer le regard curieux des rares passants déjà levés ou celui, moins amen, des dresseurs itinérants qui avaient été coincés à l'intérieur de la ville lors du blocage.
Il ne fallait pas s'y tromper, cette quiétude ne durerait pas. Il suffirait de peu pour que le tumulte éclate : entre les membres de forces de polices et ceux, bien dissimulés, de « Destruction », la ville était devenue un vrai guet-apens.
Au milieu de ce calme trompeur une femme avançait d'un pas décidé entre les ruelles de Charbourg. Sa tenue bleue démontrait son appartenance aux forces de police, tandis que le badge épinglé à sa poitrine indiquait son nom : Milène Frame.
Elle tourna à un coin de rue, lorsqu'une voix s'éleva derrière elle.

- Hey, Milène !

La femme s'arrêta et parut se crisper un instant. Elle prit une profonde inspiration et se retourna. Devant elle se tenait un jeune policier blond d'une vingtaine d'année, qui abordait un grand sourire malgré son air fatigué et les cernes qui commençaient à apparaître sous ses yeux.

- Qu'est-ce que tu veux... (Elle jeta un coup d'œil furtif à la plaque qui ornait sa poitrine)... Charles ?
- Eh bien, avec toute l'agitation qu'il y a eut cette nuit, nous n'avons pas vraiment pus prendre de repos. Il faut dire que cette sale gosse avec son Spiritomb s'est sacrément bien planquée et...
- Viens-en directement au fait s'il-te-plait, le coupa la femme, visiblement énervée.

L'homme parut surpris par le ton de sa collègue, mais il se reprit rapidement.

- Euh... C'était pour savoir si notre rendez-vous de demain soir tenait toujours ? lança Charles d'un air un peu vexé.
- Si nous arrivons à attraper la « sale gosse avec son Spiritomb » avant ce soir, pourquoi pas... Maintenant tu m'excuseras, mais je suis pressée.

Sur ce, elle se retourna et continua son chemin sous le regard perplexe de son collègue. Milène était toujours aimable et sympathique, et pourtant elle lui avait semblée étrangement énervée... En haussant les épaules, il mit ce comportement sur le fait qu'elle devait être fatiguée et il continua son chemin. S'il avait fait un peu plus attention, il aurait peut-être remarqué l'étrange tube en métal qui pendait à la hanche de la femme.
Sahra regarda derrière son épaule et soupira de soulagement : le policier était partit. Elle continua son chemin d'un pas mesuré - aller trop vite attirait souvent une attention supplémentaire qu'elle ne désirait pas - alors qu'une voix ricanait dans son esprit.

« Toi avoir du succès auprès des hommes. »
« Tais-toi, tu sais bien que ce n'est pas ma vraie apparence », maugréa mentalement Sahra.

C'était rigoureusement exact. Ayant évolué, Kadabra avait vu ses pouvoirs augmenter, lui conférant une meilleure maîtrise de l'attaque Camouflage. Désormais, il était capable de reproduire traits pour traits le visage de quelqu'un d'autre.
Ainsi, Sahra se baladait maintenant avec le visage de Milène - la policière capturée - ainsi que son uniforme de police qu'elle avait revêtu. Sahra faisait approximativement la taille de celle qu'elle remplaçait, rendant ainsi le subterfuge possible.
Cependant, il y avait une contrepartie à payer. L'ancienne attaque Camouflage, celle qui changeait uniquement la couleur des choses, demandait à celui qui en était la cible de garder une partie de son esprit concentré sur la couleur désirée. L'attaque étant désormais plus perfectionnée, elle demandait aussi une plus grande tension mentale à la cible. Ainsi, Sahra devait sans arrêt procurer un effort afin de maintenir son déguisement en place. Cela avait pour effet de lui donner une sérieuse migraine et de faire fondre sa patience comme neige au soleil - comme l'avait démontré sa conversation avec le policier.
Cependant, elle n'avait pas vraiment le choix et supportait donc cet effort sans trop se plaindre.

« Tourner à droite au lieu de rouspéter » lança mentalement Kadabra.

Se conformant à ses ordres, Sahra tourna et continua son chemin. Resté à la caverne, Kadabra gardait un œil sur les policiers captifs et guidait sa dresseuse à travers Charbourg à l'aide de ses pouvoirs psychiques. Spiritomb aussi était resté là-bas, même si Sahra avait eut du mal à le convaincre de ne pas l'accompagner. La raison officielle était qu'ils ne seraient pas trop de deux pour surveiller leurs prisonniers. La vraie raison de Sahra était qu'elle préférait être la seule à se faire capturer si la première partie du plan tournait mal. Bien entendue, elle n'en avait pas pipé mot, sachant que son Pokémon n'aurait jamais accepté de la laisser aller seule si elle lui confiait ses craintes quand à la réussite du plan. Cependant, là aussi elle n'avait pas le choix, le plan de Kadabra étant le seul qui leur permettrait de s'évader, même si l'une des parties du plan déplaisait particulièrement à Sahra...
Pour en revenir à ses Pokémon, seul Galekid l'avait accompagnée, soigneusement caché dans sa Pokéball. La raison étant que Milène n'avait qu'un Pokémon et que Sahra pourrait toujours se servir de lui pour alimenter la Pokéblade.

« Toi arrêter de penser à n'importe quoi et te concentrer sur Camouflage. De toute manière, tu être arriver. »

Sahra émergea de ses pensées et releva les yeux. Devant elle se dressait la seule pharmacie de Charbourg. La jeune fille respira un peu plus calmement : elle était arrivée à destination sans problème. La moitié de la première partie du plan venait d'être réalisée avec brio.
Prenant son courage à deux mains, elle entra dans le magasin. Bien entendu, il n'y avait aucun client, chose peut étonnante vu l'heure matinale. Ce facteur avait été aussi pris en compte lors de l'élaboration du plan : moins il y aurait de personne, moins Sahra aurait de chance de se faire remarquer.
La caissière regarda sa cliente d'un air endormi, puis se ré-intéressa au catalogue qu'elle était en train de feuilleter. Sahra se faufila à travers les rayonnages, cherchant ce que Kadabra lui avait demandé. Voyant qu'elle ne trouvait pas l'objet de sa convoitise, elle commença à paniquer.

« Kadabra ! Il n'y en a pas ! » lança mentalement Sahra.
« Non, il devoir en avoir » répliqua le Pokémon psy, apparemment anxieux. « Toi aller demander à la caissière. Si pas y en avoir, le plan être impossible à réaliser ».
« Je suis au courant, merci »

Sahra s'approcha de la caisse et attendit que la caissière veuille bien s'intéresser à elle. Voyant qu'il n'en était rien, elle se racla bruyamment la gorge. Toujours aucune réaction.
Sentant sa patience diminuer dangereusement, elle prit la parole.

- C'est possible de se faire servir de ce magasin ? demanda agressivement la jeune fille.
- Vous ne voyez pas que je suis occupée ? demanda la vendeuse sans lever les yeux de son journal.

Sahra sentit la moutarde lui monter au nez. La colère manqua de peu de lui faire totalement oublier l'attaque Camouflage, et de perdre ainsi son précieux déguisement. Seul un rappelle à l'ordre de Kadabra l'empêcha de perdre le contrôle et de faire échouer le plan.

« Toi te reprendre ! » lui ordonna le Pokémon. « Si tu faire rater le plan, nous ne jamais sortir de cette ville ! »

Inspirant profondément par le nez, la jeune fille reprit le contrôle de ses nerfs. Elle relança la conversation d'un ton plus calme.

- Et vous, savez-vous que j'appartiens aux forces de polices et que je peux vous mettre en garde à vu pendant 24 heures sans motif valable ?

Bien entendu, cette menace était totalement creuse, Sahra ne pouvant pas mettre les pieds dans un commissariat sans prendre le risque d'être découverte. Cependant, la pharmacienne ne le savait pas, et elle consentit enfin à lever les yeux vers sa cliente.

- Bien, bien, soupira-t-elle en rangeant sa revue. Que puis-je pour vous ?
- Auriez-vous de la ouate ?
- Regardez dans les rayons, lança la vendeuse d'un ton peu amène, il y en a à côté des désinfectants.
- Non, justement, il n'y en a plus, répliqua Sahra sur le même ton.

Maugréant, la femme se leva et se dirigea vers l'arrière boutique. L'attente parut durer une éternité à Sahra, alors qu'il ne s'écoula à peine plus qu'une minute. Pour finir, la vendeuse revient, un paquet de ouate dans la main. Elle le lança négligemment sur le comptoir et se rassit lourdement sur sa chaise.

- La voila votre ouate. J'avais oublié de la remettre en rayon. Ça fera 50 Pokédollars.

Sahra paya sa marchandise, la fourra dans sa poche et ressortit du magasin avant de laisser libre court à sa colère et de tabasser une « pauvre » pharmacienne.

- Et surtout dites pas merci ! lui lança la femme de derrière son comptoir.

Sahra hésita à lui montrer le fond de sa pensée en guise de remerciement, puis jugea qu'il était préférable de ne pas attirer plus l'attention et continua son chemin en l'ignorant.

« Kadabra, c'est bon, je l'ai. »
« Oui, je avoir vu. Maintenant toi te dépêcher de revenir à la grotte. Il ne rester plus beaucoup de temps. »

Sahra ne prit pas la peine de répondre et continua son chemin. Tout comme à l'aller, personne ne lui prêtât une attention particulière. De toute manière, qui voudrait avoir affaire à un policier cherchant un - une dans ce cas-là - criminel. Vu la facilité avec laquelle le plan fonctionnait pour le moment, la jeune fille se prit même à penser que sa bonne étoile s'était peut-être finalement mise à briller.
Bien entendu, ce qui devait arriver arriva : alors qu'elle allait atteindre la sortie de la ville, le policier qui l'avait apostrophée à l'allé - Charles - arriva à contresens.

- Milène ? Mais où est-ce que tu vas ? Tu n'as pas reçut l'appel du centre de police ?
- Euh... En fait j'ai perdu mon interphone.

La réalité était que Sahra n'avait pas voulut le prendre, de peur de se faire repérer plus facilement en cas d'appel.

- Une policière qui perd ses affaires, mais où va le monde, soupira le blond en levant les yeux au ciel. Quoiqu'il en soit, tous les membres de police n'étant pas affecté à la garde d'un des barrages sont sensés se rendre au commissariat. Apparemment, on va devoir concentrer nos recherches en directions des grottes, et il y a une réunion pour planifier tout ça. Allez hop, en route !
- Mais... Euh... Je dois faire quelque chose et... balbutia Sahra, sentant sa malchance revenir.
- Eh bien tu le feras plus tard.

Sur ce, il la prit par le bras et l'entraîna dans le sens inverse où la jeune fille voulait aller.

« Euh... Kadabra ? Je crois qu'on a un problème. »
« Je avoir vu. On ne pas pouvoir se permettre de trop attendre, sinon ce être trop tard. Le plan devoir être exécuter alors qu'il y avoir peu de monde en ville ! Et il falloir que ce soit aujourd'hui, demain être trop tard, car comme l'avoir dit ton « ami », la police recentrer ses recherches sur les grottes ! »
« Mais qu'est-ce que je peux faire alors ? »
« Toi ne rien faire. Suivre le policier et patienter : Spiritomb avoir capter la conversation et être déjà en route. Je m'occuper d'endormir les prisonniers et arriver aussi. »

Sahra espéra que ses Pokémon savaient mieux qu'elle se qu'ils faisaient et elle se laissa entraîner jusqu'au commissariat. Une fois arrivés au bâtiment en question, ils pénétrèrent dans une grande pièce où trônaient plusieurs sièges – la plupart occupés par un policier – placés en demi-cercle autours d'une estrade. Sahra et son « collègue » prirent place et patientèrent. L'homme blond se chargea de faire la conversation, tandis que Sahra ne faisait guère plus que répondre par onomatopées, plus préoccupée par ses Pokémon et par le retard que prenait l'application du plan que par la vie « passionnante » de son voisin.
Cependant, l'attente ne dura pas et un policier monta bientôt sur l'estrade. Il commença à parler des recherches infructueuses et d'une réorganisation des lieux d'inspections. Sahra n'écouta la conversation que d'une oreille, son intérêt sur le sujet étant plus que limité. Après environ dix minutes d'angoisse, la « voix » de Kadabra résonna dans son esprit.

« Nous être arrivés. Je être caché sur le toit, et Spiritomb être invisible, pas loin de toi. »

Comme pour confirmer ses propos, Sahra sentit un courant d'air froid lui frôler le dos.

« Qu'est-ce que je dois faire pour pouvoir sortir d'ici ? »
« L'idéal être que Spiritomb attaquer Hypnose, mais pour cela, les policiers devoir regarder tous au même endroit, sinon l'attaque ne pas tous les atteindre... »
« Bien » le coupa Sahra « je m'occupe de ça, dit à Spiritomb de se tenir prêt. »
« Quelle idée toi avoir ? »
« Tu verras bien » lança Sahra, mettant ainsi un terme à la conversation.

Elle patienta un instant, attendant que Kadabra lui certifie avoir bien passé son ordre à Spiritomb.

« Voila, ce être fait. Il dire que il être prêt à attaquer... »
« Alors c'est partit ! »

Prenant son courage à deux mains, Sahra se leva, coupant ainsi la parole à son interlocuteur.

- Euh... Puis-je savoir pourquoi vous m'interrompez madame... Madame comment ? demanda-t-il d'un air plus surpris qu'énervé.

La plupart des policiers présents avaient maintenant le regard fixé sur elle. Charles semblait mal à l'aise et lui tirait la manche, la suppliant presque de se rassoire. Bien ! Plus que la touche finale et Sahra était certaine d'obtenir tous les regards des personnes présentes.
Elle cessa de penser à son déguisement, reprenant sa véritable apparence.

- Rajfir, Sahra Rajfir, lança-t-elle avec un grand sourire.

Un instant de silence incrédule plana sur la salle, tandis que tout le monde la regardait avec des yeux exorbités. La fuyarde qui se rendait d'elle-même à la police ? Qu'est-ce que ça voulait dire ?
Il n'en fallait pas plus à Spiritomb. Sautant sur l'occasion, il balança une grosse attaque Hypnose juste devant Sahra, qui eut la bonne idée de fermer les yeux. Quand au reste des membres de police - qui, étant encore sous le choc, avaient gardés les yeux grands ouverts - ils s'endormirent dès que leur regard rencontra les ondes soporifiques générées par l'attaque de Spiritomb.
Sahra ne rouvrit les yeux que lorsqu'elle entendit les ronflements caractéristiques de certains policiers. Elle eut tout de même un mouvement de surprise lorsqu'elle se retrouva nez-à-nez avec Kadabra qui s'était téléporté. Ce dernier portait le sac de la jeune fille sur son dos.

« Ton idée être bonne » la félicita son Pokémon en rendant le sac à sa dresseuse « mais on attendre un autre moment pour les félicitations. La ville être en train de se remplir de plus en plus et nous ne plus avoir le temps. Toi me donner la ouate. »

Sahra fouilla dans sa poche et en sortit le paquet de ouate. Elle le tendit à Kadabra qui l'ouvrit et s'en fourra dans les oreilles.

« Toi crier pour vérifier si je ne rien entendre.»

Sahra poussa un cri - pas trop fort afin de ne pas rameuter tout le monde - et son Pokémon fit un geste de dégénération : il n'entendait pas.

« Parfait. Maintenant tu devoir en entourer la Pokéball de Galekid. »

Sahra sortit sa Pokéball et commença à l'enrouler dans la ouate. C'était là la partie la plus aléatoire du plan. Etant donné que les oreilles de Galekid étaient cachées sous l'acier qui recouvrait son corps, lui mettre de la ouate dedans était tout simplement impossible. La seule solution était d'entourer la Pokéball du Pokémon de ouate pour l'insonoriser, même si cela n'assurait pas à 100% que le son ne passerait pas...

« Bien, tu savoir ce qu'il te rester à faire... »

La voila enfin, la partie du plan que Sahra désapprouvait. Il s'agissait de presser le troisième et dernier bouton de la Pokéblade - celui qui rendait les Pokémon fous - et de profiter de l'agitation ainsi créée pour s'échapper. Cependant, Sahra trouvait immorale de faire ça.

« Mais ce être la seule solution ! » lança Kadabra.
- Oui, mais si je le fais, comment pourrais-je un jour tenter de me disculper des fautes dont on m'accable ?
« Comment les gens deviner que ce être toi ? Ils penser simplement que tu avoir profiter d'un moment de folie des Pokémon créer par « Destruction » ! »
- Oui, mais...
« Toi écouter : tu être la seule qui savoir la vérité. Si tu ne rien faire et ne pas t'échapper d'ici, « Destruction » continuer ses attaques sans que personne ne rien savoir. Alors tu devoir t'enfuir et exposer leur complot au grand jour. »

Sahra soupira. Son Pokémon avait effectivement raison, mais ça ne rendait pas la tâche plus facile. En priant pour qu'il n'y ait pas de victime à cause de son geste, elle sortit sa Pokéblade et appuya sur le bouton. La dresseuse et ses Pokémon attendirent un instant. Rien ne semblait se passer.

- Peut-être que ce bouton ne fonctionne plus, suggéra Sahra avec un mélange d'espoir et de crainte. Ou alors que...

Soudain, des cris commencèrent à retentir dans toute la ville.

« Non, le bouton marcher. On y aller ! »

Dans un éclaire rose, les deux Pokémon et la jeune fille disparurent, laissant derrière eux une salle remplie de policiers endormis.

***

La dresseuse réapparut à une centaine de mètres du barrage qui bloquait la sortie. Le spectacle qui s'offrait à ses yeux était assez impressionnant. Un peu partout, des dresseurs - dont les policiers chargés de surveiller la porte - étaient poursuivit par leurs Pokémon, déterminés à les massacrer.
Sahra sentit la nausée arriver lorsqu'elle songea que tout cela arrivait à cause d'elle.

« Ce ne pas être le moment de penser à ça ! Toi sortir Galekid tout de suite ! »

S'arrachant à la fascination morbide que lui procurait cette scène de désolation, Sahra attrapa la Pokéball de son Pokémon, enleva la ouate et fit sortir Galekid de sa Ball.
Il avait été déterminé dans le plan que seul Galekid avait la force nécessaire pour défoncer le barrage en acier qui bordait Charbourg. Ainsi, sa dresseuse avait passé la plupart de la nuit à l'entraîner afin qu'il puisse assurer son rôle. Le résultat n'avait pas été très probant, mais il faudra faire avec.
Lorsque son Pokémon eut fini de se matérialiser, elle lui ordonna d'attaquer Bélier sur le barrage en acier. La seule réaction notable fut qu'il la regarda avec ses yeux rouges en grognant.

- Galekid ? Tout va bien ? demanda Sahra, surprise.
« Euh... Sahra ? Ce ne plus être Galekid... »
- Quoi ? Qu'est-ce que tu veux dire par là ?

La jeune fille comprit lorsque son Pokémon lui sauta dessus. Il était atteint ! La ouate autours de sa Pokéball n'avait pas suffit à l'insonoriser, et les yeux rouges de Galekid n'avait pas fait tout de suite réagir sa dresseuse, étant donné que c'était leur couleur naturelle.
Rapide comme l'éclaire, Kadabra dressa une protection psychique entre sa dresseuse et le Pokémon fou. Lorsque ce dernier la percuta, il la fit littéralement voler en éclat. Sahra eut cependant la bonne idée de se jeter sur le côté, évitant ainsi la charge du Pokémon fer.

« Quelle puissance... Un Pokémon Shiney avec le virus sonore devenir vraiment un monstre surpuissant... »
- Oui, effectivement, confirma Sahra. Il... Attend un peu ! Comment ça un Shiney ?

Kadabra la regarda d'un air interloqué.

« Un Galekid avec des yeux rouge être Shiney. Que toi croire que il être ? Albinos ? »
- Oui, c'est exactement ce que je croyais, maugréa Sahra.
« Eh bien non, il être Shiney. Toi croire qu'un Galekid normal pouvoir défoncer un mur d'acier de plusieurs mètres d'épaisseur ? S'il ne pas être Shiney, nous ne jamais pouvoir passer. »
- La couleur des Pokémon influencerait véritablement leur force ?
« Quoi toi avoir appris à l'école ? Ce être complètement l'inverse ! Lorsqu'un Pokémon naitre avec une force supérieur à la moyenne, sa couleur être différente. Bien entendu ce ne pas être toujours le cas, un Pokémon puissant pouvant très bien naitre avec une couleur normal, ou un Pokémon faible avec une autre couleur. »
- Et comment as-tu su que Galekid était plus fort ?
« Je ne pas le savoir. Je ne que pouvoir l'espérer. De toute manière ce n'être même pas sûr qu'il avoir la force nécessaire. Nous ne pouvoir que prier que ce être le cas... »
- Très rassurant, marmonna Sahra.

La jeune fille reporta son attention sur son Pokémon fou. L'échange mental avec Kadabra avait été très rapide, et Galekid avait à peine fini de se retourner pour charger à nouveau.
Lorsque le Pokémon repassa à l'attaque, Spiritomb s'interposa et le repoussa avec une attaque Ball'Ombre. Cependant, ça ne découragea pas le Galekid qui se prépara pour la prochaine charge.

- Ok, lança Sahra, j'ai un plan. Spiritomb et Kadabra, contentez-vous de repousser les Pokémon qui voudraient s'en prendre à moi.
« Que toi avoir l'intention de faire ? »
- Briser le barrage, évidemment !

Sur ce, Sahra démarra au quart de tour en direction du mur d'acier. Elle fut immédiatement côtoyée par Kadabra et Spiritomb, alors que sur ses talons son Pokémon Shiney la poursuivait dans l'intention de la piétiner.
A l'aide de Protection et de Ball'Ombre, ses deux Pokémons empêchèrent d'autre Pokémon furieux de bloquer le chemin à leur dresseuse, ce qui facilita grandement la course de Sahra.
Lorsqu'il ne resta plus qu'un mètre entre le barrage et elle, elle s'arrêta et se retourna. Galekid arrivait sur elle à toute vitesse, faisant trembler le sol sous son poids.

- Désolée mon gros, mais on jouera à chat une autre fois si tu veux bien, lui lança ironiquement sa dresseuse.

Lorsque son Pokémon lui sauta dessus dans l'intention de la broyer, la jeune fille se jeta vivement sur le côté. Galekid n'eut pas le même réflexe et se fracassa contre le barrage, le pulvérisant sur le coup. Une barrière rose se dressa devant Sahra afin de la protéger des débris d'acier qui retombaient. Elle adressa un sourire de remerciement à son Pokémon psy. Un sourire qui s'agrandit lorsqu'elle remarqua le trou béant qui ornait désormais l'ancien obstacle.

« Ton idée être bonne » lui lança mentalement ce dernier.
- Merci, marmonna Sahra en se relevant. Ne nous attardons pas ici, ça commence à sentir le roussi...

Le choc ayant complètement mis K.O. Galekid, Sahra n'eut aucun mal à le remettre dans sa Pokéball. Une fois que ce fut fait, la jeune fille rappela également Kadabra et Spiritomb, puis prit ses jambes à son cou, s'éloignant en vitesse du lieu de grabuge.
Oui, c'était certain, Charbourg se souviendrait pour longtemps de son départ...