Syndrome de la Bleue

Roucarnage commençait à ralentir. Cela faisait déjà deux heures qu'il volait en direction de Doublonville, immense métropole de Johto.

Liam espérait que trouver son père lui apporterait des réponses. Au fond, il savait très bien que ça ne l'aiderait pas vraiment, mais il préférait garder espoir - ça avait toujours été son fil conducteur-.

Pendant ces deux heures à ne rien faire, il repensa à son parcours. Enfant, il avait doucement caressé le rêve de devenir Maître Pokémon. Son père, déjà flic à l'époque, lui avait dit avant tout de croire en ses rêves et de s'y accrocher. Liam l'avait fait, mais doucement s'était insinué le doute dans les failles de sa volonté. Il se mit à se poser de plus en plus de question, et fini par conclure qu'il ne serait qu'un dresseur médiocre. Ses pokémons l'aimaient beaucoup, mais ils étaient chétifs. De plus, sa "team" de l'époque, bien qu'équilibrée niveau type, avait du mal à progresser. Liam avait fait pas mal d'erreurs pour ce qui était des attaques, et de l'entrainement spécifiques. Cela pouvait aisément être imputé à son jeune âge et à son immaturité.

Finalement, vers treize ans, alors qu'il n'avait pas encore fait son V.I, il s'était résigné à ne pas faire cela.

Il s'était mis à chercher un boulot dans le domaine scientifique, tout en parcourant Hoenn, puis Kanto. Il ne voulait pas vraiment devenir Prof. Tout ces jeunes Dresseurs en devenir lui rappelleraient trop son ancien rêve. Il ne voulait pas devenir mathématicien. Ni prof de physique, maths ou autre matières bien qu'intéressantes à la base mais ennuyeuses à la longue. Et puis, un jour, il l'avait rencontrée. Elle. Maêva Stark, scientifique connue.

Il avait 15 ans, et ce jour resta ancré dans sa mémoire.

Un piaillement le tira de ses souvenirs.

Il tapota distraitement son pokémon puis dit vaguement :

"On arrive bientôt, tu pourras te reposer."

Puis il replongea dans ses souvenirs pendant quelques minutes, et finalement reprit pied dans la réalité quand son Roucarnage commença à descendre.

Définitivement joyeux, il demanda à son oiseau de faire un piqué. Celui-ci s'exécuta, et Liam partit d'un éclat de rire cristallin comme des cloches de cristal.

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"Bon, qui doit-on traquer cette fois ? s'irrita Blake."

Cela faisait cinq minutes qu'ils étaient là, devant un imbécile qui cherchait désespérément quelque chose dans son bureau. Nell, qui pensait à autre chose, patientait, mais Blake en avait marre d'attendre dans une petite pièce circulaire, mal aérée.

L'homme finit finalement par sortir un dossier bleu, et lui tendit.

Blake le prit sans un mot et l'ouvrit. Nell se rapprocha pour voir.

Il y avait une feuille tapée à l'ordinateur, quelques articles de journaux découpés, une photo, ainsi qu'un post-it contenant quelques chiffres et quelques mots.

L'homme se racla la gorge, reconquérant l'attention de Blake et Nell.

"Vous devez capturer cet adolescent. Méfiez-vous, il peut se dissimuler facilement. Mais tout vous est expliqué dans le dossier, évidemment. Vous prenez le premier vol en destination de Mauville."

Il leur tendit une enveloppe. Blake lui prit et s'en alla sans un regard. Nell s'excusa faiblement tout en le remerciant, et le suivit. La porte se referma et l'homme soupira, las de ces hommes sans âmes qu'il voyait défiler régulièrement dans son bureau.

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"Bon, je crois que c'est ici." marmonna Daniel.

Il regarda le papier sur lequel était gribouillé une adresse.

Appartement 3, bâtiment 7 rue des baies.
Heureusement, ce n'était pas très loin de l'hôpital. Néanmoins, le quartier était assez "craignos", avait jugé Daniel après qu'on lui ait proposé une poudre à base de baies et autres médicaments moyennant une certaine somme.

A la fin de sa journée, il avait demandé à Simon Devau où logerait-il. Celui-ci lui avait simplement dit d'aller voir les secrétaires.

Il l'avait fait, et, étonnamment, les gens l'avaient laissés passer et l'avaient juste dévisagés.
La secrétaire avait été tout sourire, et lui avait donné l'adresse et les clés d'un appartement où il pourrait vivre un moment.

Maintenant il y était, et avec une certaine appréhension il entra. Le hall, bien que petit était plutôt propre, et l'impression générale qu'il donnait était bonne. Daniel appela l'ascenseur. Petit, lui aussi. A tout hasard, il mis le deuxième étage. Une fois arrivé il regarda les chiffres sur les portes : trois et quatre.

"Alala, quel instinct de survie !" se dit ironiquement Daniel. Il sortit ses clés mais les fit tomber.

A l'intérieur du numéro trois, quelqu'un se figea. Quelqu'un. "Ils" venaient la chercher. Les lumières s'éteignirent, on lâcha silencieusement un pokémon.

Un soupir se fit entendre.

Et la porte s'ouvrit.

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On sonna. Un homme brun, la quarantaine, grommela et alla ouvrir.
Son regard, d'abord incrédule, s'éclaira quand il reconnut le garçon qui était sur le pas de sa porte. Blond, les yeux marrons, les traits plutôt fins, il ne lui ressemblait pas beaucoup. Mais malgré tout, c'était quand même son fils.

Corentin sourit.

"Liam ! Ça fait longtemps ! Alors, on repasse voir son vieux père de temps à autres ?
- Eh ben oui, que veux-tu, j'allais pas te laisser t'encrouter sans venir te voir ! Je voudrais surtout pas rater ça, le super flic qui se transforme en vieux grincheux... dit-il gentiment.
- T'as pas perdu ton sens de l'humour en tout cas toi ! s'écria son père. Entre, voyons !"

Il s'écarta, et laissa Liam entrer. Celui-ci se rappela les raisons de sa venue, et sa mine s'assombrit quelque peu.

Ils allèrent s'asseoir sur le canapé, et Corentin partit chercher quelque chose à boire. Tout en prenant les verres, il questionna :

"Alors, Liam, qu'est-ce qui t'amènes ?"