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Impulsions de Mimoza



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» Auteur : Mimoza - Voir le profil
» Créé le 24/06/2009 à 14:01
» Dernière mise à jour le 24/06/2009 à 14:01

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Qui ? Le monde [SeaMyuu]
Second jour de l'Après. Selon les observations des géographes de l'Ouest, s'écoulait à ce moment précis la dixième heure de soleil plein.

Sa moustache tiqua. Il était donc dans un endroit appelé « l'Ouest » ? Pigé. Mais encore trop flou ... Il ne connaissait rien de cet endroit, et rien ne lui venait à l'esprit maintenant, lorsque les idées venaient comme si ça allait de soi. Une barricade s'était installée au milieu de son crâne. Son cerveau devait maintenant travailler dur. Plus dur.

La tortue restait ainsi stupidement, les bras tendus vers le paysage de rêve. Elle attendait sans doute une réaction de sa part. Mais rien. Le jugement ne tomberait pas avant qu'il en sache plus. Et il resterait longtemps comme ça, dans une position terriblement inconfortable ; les fesses par terre, les quatre fers en l'air, craignant on ne sait quoi. On ne sait où (L'Ouest.) et on ne sait quand.

« Vous avez peur ? » demanda le reptile bleuté, avant de se reprendre, par peur de manquer de politesse. « Monsieur. »

Un furtif « Qui suis-je ? » fila dans sa tête. C'est vrai. Qui était-il ? Il n'en avait aucune idée. Il pourrait sans doute le demander à cette drôle de créature à carapace. Sans aucun doute, oui. Mais la question pourrait sembler amusante. Et si elle ne le savait pas ? Il ne serait personne. Rien d'autre que le vide.

Mais un « Qui je suis ? » lui fut arraché. La tortue ouvrit de grands yeux d'étonnement, manquant d'ouvrir sa mâchoire jusqu'à terre. Ça y est, il ne savait pas. Jamais il ne saura qui il est. Il allait ainsi errer dans l'inconnu et le chaos qui régnait au fond de lui. Mais il fut rattrapé par les paroles de la bête au crâne ciré.

« Et bien... Vous êtes un Feurisson. Mais pour le reste, c'est à vous de me le dire. Monsieur. » La tortue fit une nouvelle courbette pleine de candide maladresse.

Un Feurisson ? Mais qu'était-ce qu'un Feurisson ? Sans doute rien d'autre que lui. Une dénomination grotesque sans grande valeur. Et la phonétique du sobriquet ne lui plaisait pas non plus. Mais cela ne lui disait pas à quoi il pouvait vraiment ressembler. Alors il se décida à se lever. Une patte devant l'autre ... Quatre pattes plus exactement. Il s'étonna de voir qu'il marchait sur quatre membres assez courts, terminés par trois petits doigts sans griffes. Ses neurones lui transmirent rapidement cette information physique. Pigé.

Il tenta de décoller ses antérieurs du sol mou et verdâtre - une feuille de nénuphar. A nouveau, il se surprit à pouvoir facilement se relever sur ses membres postérieurs. Il regarda avec un air étranger les deux coussinets sous ses paluches. La bête bleue le regardait toujours avec un silence solennel, attendant une réponse.

Mais le Feurisson ne savait pas. Que devait-il dire ? Une information, vite. Ladite donnée lui vint spontanément.
Nenshû.
C'était tout. Le petit choc électrique qui entourait une précision s'arrêta. Rien de plus que cela.
Nenshû.

Il se demanda ce que ce terme devait être. La dénomination officielle pour le qualifier ? Peut-être. Certainement, même. Sinon, l'information aurait été simplement inutile. Comment le présenter à la tortue ? Aucune idée. Mais il devait lui dire. C'était sûr.

« Je suis Nenshû. »

La voix était mécanique et dénuée d'émotion, si bien qu'il ne prit pas la peine de l'analyser comme il l'avait fait précédemment. Voilà. C'était tout ce qu'il pouvait répondre.
La tortue ne sembla pas s'en soucier et entama une nouvelle présentation sous la forme d'une habituelle révérence - geste à présent imprimée dans l'esprit et reconnaissable comme appartenant à ...

« Je m'appelle Raven. Je suis un Carapuce. Enchanté de vous connaître. »

Tout allait à une vitesse proche de, quoi, du son, peut-être même de la lumière. Au point de donner des nausées et des vertiges. La tête du Feurisson bouillonnait. Il avait mal. Son nom. Son nom était Nenshû. Carapuce et Feurisson étaient des Pokémon. Raven était un Pokémon. Ils étaient tous des Pokémon ici. Et Raven était le nom du Carapuce. Oui.

Puis soudainement, tout s'arrêta. Nenshû n'avait plus mal. La douleur se déconnecta de sa tête, aussi vite qu'on lui avait implanté.

Le Feurisson se demandait toujours quelle apparence il pouvait arborer. Il pouvait très bien être laid. Ou peut-être aussi beau qu'un prince. Il fallait qu'il sache. Instinctivement, il rechercha un liquide du regard pour s'y mirer. Mais rien. Les nénuphars étaient sur une terre sèche. Pourtant, ces magnifiques palmiers, courbés comme des servants, ne pouvaient pas avoir poussé comme ça. Puis son regard se posa sur Raven. Un déclic. Son corps était une source d'eau.

« Donne-moi de l'eau. »

La tortue - Carapuce - ne broncha pas et cracha des gerbes aquatiques à ses pieds. Nenshû s'approcha et se regarda. Il avait deux couleurs bien distinctes sur lui. Une couleur beige qui commençait à ses babines et qui se finissaient à son arrière train en passant par son torse. Et du bleu, qui couvrait le reste de son corps. Ensuite, deux flammes ardentes, assez réduites pour ne pas se consumer, brûlaient sur ses poils. Une entre ses deux oreilles, comme une couronne, et une au niveau de son postérieur délicat.

Nenshû commença à se dire que tout se formerait dans sa tête de façon automatique. Pour cela il devait bouger. Mais comment le faire, seul, sans connaissance du monde qui vous entoure ? Tout ce qu'il savait c'est qu'il avait eu une vie (Quand ?) avant de ne plus rien savoir. Ou de trop en avoir su. Et qu'il n'était pas sous cette forme auparavant. Il était ...

Humain. Pourquoi avait-t-il changé de forme ? Aucune idée. Pour le moment c'était sans grande importance, et cela avait forcément une origine dont il pourrait reprendre connaissance. Explication rationnelle à un fait illogique, certes.

« Je peux vous appeler Nenshû, monsieur ? » La souris embrasée hocha de la tête, sans trop se soucier de la question même. Que répondre, sinon oui ? Les pensées de Nenshû étaient encore trop floues pour qu'il puisse faire de trop grandes réflexions, entre autres sur son arrivée ici, sur ce qu'il devait faire pour continuer. Avancer. C'était tout ce que lui demandaient, comme si elles avaient fait leur mise à jour autonome, les informations qui lui étaient disponibles. Alors il devait le faire.

De toute façon, que faire d'autre ?

« Dis-moi, Raven. Tu pourrais me guider dans ... l'Ouest ? Je ne connais rien de cet endroit ... »
Le Feurisson commençait à vraiment se comporter comme une personne qui avait ses « moyens », et non pas comme un attardé. Enfin, c'était suffisant pour un dialogue. Le reste relevait du facultatif.

« Oui, bien sûr ! Et je peux vous tutoyer, aussi, Monsieur ? » ajouta Raven - du ton de la question dont la réponse était déjà connue - en faisant une nouvelle courbette. Il faillit bien tomber cette fois, et se redressa avec un sourire en guise d'excuse.

Nenshû approuva de nouveau d'un geste, ne comprenant pas à quoi cela pourrait l'avancer. Il avait d'autres choses à faire, de toute manière. Et la tortue devait lui apprendre des choses sur cet endroit. C'était ça qui était important, surtout. Et peut être après, il pourrait se préoccuper d'autres choses amusantes comme ...

« Tu voudrais que je te présente les habitants de l'Ouest ? Parce que c'est assez important pour pouvoir s'y repérer un minimum et avoir des renseignements sur certaines choses ... » Le Carapuce n'attendit pas une autre approbation muette, et le Feurisson fut entraîné par Raven à travers le flot de palmiers. Un peu plus loin, près d'une étendue d'eau - bien pleine et sans fleurs -, au pied d'une falaise de roche écorchée, se tenait de petites maisonnettes de bois massif. Des dizaines. La pierre poussait une plainte sempiternelle.

Le reptile se tourna vers le rongeur moustachu. Les yeux de Nenshû brillaient d'une lueur bleue, pure, pétillante de malice. Un regard innocent habillait désormais son visage, il n'y a pas quelques minutes, morose.
« Donc, dit Raven en désignant le petit village à la manière d'un guide, là-bas, c'est le village du peuple de l'Ouest. Il n'est pas si petit qu'il y paraît. Dis-moi, tu as l'impression qu'il est proche ? Nenshû. »
« Oui. Mais il ne l'est pas, n'est-ce pas ? » La tortue parût étonnée et hocha de la tête.
« Mais il est très grand. Je vais te dire un peu le caractère de chacun, ça te facilitera le travail, et les affinités se créeront d'elles-mêmes. (Il hésita un instant.) Sauf si tu ne veux pas ? »
« Non, vas-y, je t'écoute... »
« Seuls les Pokémon qui tiennent un grade ont le droit de porter un nom. Et les Pokémon qui dirigent les plus hautes magistratures de notre pays sont très puissants, il ne faut pas les irriter. »

La tortue s'assit dans le sable chaud. Nenshû l'imita, plus par pure politesse que par fatigue. « Donc comme chef nous avons Kûsou. C'est une Magirêve. Elle veille souvent sur la falaise. Mais elle n'en est pas moins une très bonne meneuse. Le cristal sur son cou (Il mima le geste d'attacher un collier.) est plus clair que ceux des Magirêve des autres régions. »

Les autres régions ? Nenshû leva la tête, comme si la réponse à sa question muette allait tomber du ciel. Il entr'aperçut une ombre fugitive, coiffée d'un large chapeau, qui paradait entre les nuages.

« Ensuite, nous avons Fûshin, un Corboss. Il est très mystérieux. Sans doute plus que n'importe lequel des habitants de l'Ouest (Malgré tout, Raven sembla hésiter. Le Feurisson n'insista guère.) Il est souvent en train de « magouiller » dans son coin. On peut quant même lui demander conseil. Il est très imposant comme Pokémon mais ne te laisse pas intimider... Binshû, c'est un Coatox très agile. Il est très amical et n'hésite jamais à rendre service. Tous deux sont les bras droits, en quelque sorte les assistants de Kûsou. » Raven regarda la souris qui écoutait avec attention, la tête à nouveau baissée vers le sol poussiéreux.

Le reptile dit qu'il y avait ensuite des disciples, qui restaient en apprentissage ici ou dans une autre région, pour apprendre des métiers et faire évoluer leur grade ; ouvrier, voyant, messager ... Raven ne lista pas tous les métiers ou tous les apprentis. Ils n'avaient rien de vraiment particulier, d'après lui, mais développaient une noblesse d'âme qui semblait nécessaire à la « montée en grade ». Peut-être le Carapuce voulait-il, lui aussi, acquérir cette noblesse d'âme et devenir un apprenti, à en juger par ses manières.

Ensuite il lui parla de qui étaient les messagers. C'étaient ceux qui s'occupaient de l'échange de courriers (selon l'alphabet « Unown », se rappela le rongeur) entre les habitants d'un village à l'autre dans un même peuple, ou plus rarement entre plusieurs peuples, pour des échanges commerciaux ou lors des guerres. On pouvait aussi parler de facteur, mais le terme de messager était le plus employé.

Puis il fit la présentation des vendeurs. La tache financière qu'était la gestion de la banque (le nom de la monnaie ne lui revenait pas en tête, mais il avait déjà dû capter l'information) avait été attribuée à Rinsho, un Altaria avare et souvent grincheux. D'après Raven, il passait ses journées à compter l'argent de ses clients, et veillait à ce que le moindre sou ne disparaisse pas sous un comptoir. Les commerçants de fruits (deux dans le village de la falaise) étaient souvent de vraies commères, parfois mauvaise langue, mais connaissaient les cultures et la météorologie sur le bout de leur queue.

Il y avait également les guerriers. Raven ne se rappelait que d'Onibi le Spiritomb, qui vantait être toute la population du village à lui seul (sept cent trente-huit âmes, prétendait-il). La tâche des combattants était l'offensive lors des actions militaires. En général, ils sont choisis par leur type, qui donne un avantage au clan, pour parer toutes les conditions climatiques. Ils sont suivis des gardes, qui assurent plus particulièrement la défense des messagers et d'un magistrat (soit un bras droit, soit le chef en personne).

Raven termina avec Miru et Furen, le Xatu et la Gardevoir, chacun « sage » dans son domaine. Les voyants avaient pour rôle de prédire certains évènements et assurent en partie la prospérité d'un village. Il y avait des ouvriers, qui travaillaient constamment au renouvellement des baraques de bois (« On ne prévoit pas toutes les misères du temps » précisa Raven). Il passa brièvement sur le peuple, les Pokémon qui n'avaient pas de rôle au sein du fonctionnement hiérarchique et pratique du village.

Nenshû avait écouté avec beaucoup d'attention et avait retenu le moindre détail sur chaque personne, même si les images manquaient à l'appel. Raven le scruta pour décrypter ses pensées, mais le Feurisson restait un lac miroitant et stérile.

« Mais s'il y a des messagers ... C'est que vous n'êtes pas seuls ? » osa enfin questionner le rat flambé.
« Oui. La région la plus proche est le peuple du Nord. A vrai dire, l'Ouest en est guerre permanente contre eux, et les messagers sont le seul moyen de communiquer pour épargner les cités. Le seul problème c'est qu'entre les deux peuples, il y à un grand territoire vide qui rend très dangereux n'importe quelle attaque ou voyage. Le pire c'est qu'il y a une ... Chose (les écailles du Carapuce s'entrechoquaient, signe qu'il tremblait) qui vit là-bas... Shoudou. La Chose... »

Nenshû ne savait pas ce qui arriva à ce moment, alors qu'il avait laissé de côté les automatismes. Il revit cette nuit, une ombre humaine qui courait vite, et qui haletait. Ce corps était assez juvénile. C'était un garçon, pas une fille. Il fuyait quelque chose... Une autre ombre qui se découpait à travers les végétaux gigantesques et silencieux. Seul le vent poussait une plainte crève coeur. Cette personne ... était-ce lui ?

C'était lui.
Nenshû eu soudain la peur au ventre. Une multitude de questions défilèrent dans sa tête. Pourquoi était il devenu un Pokémon ? Pourquoi cette ombre le poursuivait ? Pourquoi lui ? Qu'avait il fait pour cela ? Tant de questions qui firent monter la tête au jeune homme, au jeune Pokémon plus exactement, qui perdit connaissance. Brusquement. La sensation revint. Comme s'il oubliait tout ...