Une annonce et une décision à prendre
Deux semaines plus tard, les six pokémon regardèrent le calendrier et virent que l'anniversaire de Cynthia approchait. Cynthia avait une idée derrière la tête. Elle organisa une fête sous un faux nom pour laisser la surprise être totale. Le grand jour arrivé, elle s'habilla différemment. Elle portait une magnifique robe blanche, des bottes vertes et un nœud rose dans les cheveux.
Quand il la vit, Milobellus ne la reconnut pas et il fit circuler une rumeur comme quoi l'équipe se serait agrandie d'un Gardevoir. Les autres pokémon intrigués coururent vers la chambre pour le voir de leurs propres yeux.
-Il a un drôle d'aspect ton Gardevoir, ironisa Roserade.
-C'est le plus beau Gardevoir que j'ai jamais vu, répliqua Lucario.
Tritosor arriva une bonne dizaine de minutes après, complètement essoufflé.
-Vous auriez pu me porter, je suis épuisé.
Le pauvre gastéropode avait sprinté, enfin c'est vite dit, pour vérifier la rumeur. Il avait été déçu.
Le soir même, Cynthia fêtait ses 25 ans en privé avant de rejoindre le lieu ou elle voulait faire amende honorable. Elle avait organisée pour l'occasion une réception dans l'ancien quartier général de la team Galaxie, à Voilaroc.
Après l'échec de son plan aux Colonnes Lances, Hélio avait pris la fuite et sa secte avait rapidement été démantelée. Le chef de la team Galaxie lui-même avait été arrêté et incarcéré. Par un incroyable coup d'audace, il s'était échappé et prenait de longues vacances sur une île déserte. Sa retraite forcée, il la prenait sur une île que Cynthia ne connaissait que trop bien. Elle aurait pu le dénoncer à chaque instant, mais maintenant elle comprenait pourquoi elle avait gardé le silence.
Elle aussi était une fugitive qui cherchait à échapper aux autres. Elle comprenait Hélio même si elle gardait une certaine amertume envers lui. Elle s'étonnait de ne plus le haïr. Elle ne lui avait pas totalement pardonné mais elle éprouvait encore quelque chose pour lui. Il lui avait fait beaucoup de mal mais elle sentait qu'il était le seul humain qui la comprendrait, le seul qui ne la rejetterait pas.
Pour annoncer les raisons de ses actes, elle avait organisé une fête regroupant beaucoup de personnes influentes. C'était ce genre de soirées mondaines ou les convives se regardaient en chiens de faïence, les sourires de façade masquant à peine les médisances et ou le venin des commérages coulait plus que le champagne. C'était ces fêtes ou elle observait les coups bas et les calomnies, un spectacle plaisant en somme.
Cynthia arriva sur la scène. Alors que les cris de stupeur se multipliaient, elle prit la parole.
-Bonsoir à tous. Vous devez vous demander pourquoi vous êtes présents. J'ai des choses à vous dire. Je vais raconter ce que j'ai à avouer. Après, vous donnerez la valeur que vous voulez à mes aveux.
Elle fit un récit détaillé, sans s'interrompre. Elle était parfois au bord des larmes mais elle continuait. Elle termina par une phrase qu'elle voulait dire mais qu'elle craignait aussi.
-Vous savez tout. Je ne vous demande pas d'oublier ni de me pardonner. Vous pouvez me détester, dire que je suis un monstre, je n'en ai plus rien à faire. Je vais partir. Je ne crois pas que continuer à me pourchasser soit la meilleure solution. Laissez moi en paix, je ne veux pas que tout recommence.
Elle fut coupée par une entrée en force. Une bonne vingtaine de personnes différentes était venue à sa rencontre. Elle reconnut Tanguy de Rivamar, Adriane de Vermilava et Alizée de Cimetronelle.
-Pauvre porte. Il existe ce que l'on appelle des poignées. Enfin ce n'est pas le plus important. Que voulez vous ? Sachez que je ne veux plus avoir à faire de mal. J'y ai été obligée par les événements.
-Nous avons un message pour toi Cynthia. Nous devons t'arrêter par tous les moyens.
Cynthia regarda la combattante des cieux avant de s'adresser à elle.
-Tu te lies à eux alors que tu oublies ce que j'ai fait pour toi !
Alizée la regarda dans les yeux.
-Tu sais, en tant que championne, j'ai promis de défendre la liberté et les droits des hommes. Notre passé ne doit pas interférer dans mon travail. Je te rappelle que ta tentative de sauvetage n'a fait qu'accélérer les événements, Sandra nous aurait libérées peu de temps après. Ce que tu as fait ce jour la n'a servi à rien.
Cynthia enragea du manque de reconnaissance de la pilote.
-Te rends tu compte que j'ai tenté de vous sauver ! Vous auriez attendu sagement qu'on vous libère alors que moi j'ai pris des risques ! Il y a dix ans, j'ai perdu Noctali pour sauver vos misérables vies !
Cette révélation stupéfia l'assemblée. Cynthia continua sur sa lancée en rejetant ses cheveux en arrière, dévoilant tout son visage.
-Regarde mon œil gauche. Tu vois ce que j'ai récolté ce même jour ! Avoue que tu te rappelles. Tu te souviens que pour avoir essayé de te faire sortir de ta prison, je me suis retrouvée le visage ensanglanté et marqué à vie par la balafre que m'a fait ce foutu piaf !
Devant l'absence de réaction d'Alizée, elle continua son monologue.
-Tu dois savoir que je ne mourrai qu'en me battant. Mais si je devais perdre, j'espère une chose, c'est que le souvenir de mon cadavre te hantera.
-Tu crois m'impressionner ? Tu me fais vraiment pitié avec tes ridicules tentatives pour sauver ta lamentable existence.
-Je veux juste vivre !
Tanguy était surpris, il ne comprenait pas pourquoi elle agissait ainsi.
-Pourquoi demandes tu ce que tu as pris à tant de monde ?
-Parce que j'ai envie de reprendre ma vie d'avant. Je vous laisse et je retourne vivre derrière mes murs avec mes pokémon.
-Tu penses que tu va tout effacer d'un claquement de doigts ? Crois-tu que l'éponge sera passée sur tes actes ?
Cynthia soupira. Ces idiots d'humains avaient déjà fait la même idiotie aux Colonnes Lances. Il suffisait de la laisser vivre en paix mais cela ne semblait pas rentrer dans leurs têtes.
-Vous m'énervez. A chaque fois vous me persécutez. On ne peut pas abandonner et repartir sur de bonnes bases ? Laissez moi vivre comme je l'entends dans ma maison, c'est tout ce que je vous demande.
Elle attendait leur réponse avec appréhension car il était probable qu'il rejetterait sa proposition.
-Pauvre petite, dit Tanguy en versant de fausses larmes. C'est de ta faute que tout est arrivé.
-Non, c'est à cause de ce journaliste puis des hommes. Je vous offre encore une fois la possibilité de briser ce cercle vicieux, je vous en prie, saisissez-la.
-Le bien, c'est nous. Nous n'avons pas à effacer tes actes pour te faire plaisir. Rends-toi.
Cynthia était abasourdie. Ils étaient tellement crétins qu'elle ne pouvait pas imaginer comment ils avaient pu vivre dans ce monde hostile. Elle ne savait plus comment réagir, elle se tenait dans une impasse car elle ne pouvait pas changer leurs mentalités. Elle demandait juste à vivre simplement et ces hommes, par leur existence même, étaient un obstacle à son objectif.
-Que je me rendes ? Tu as plus de chance de trouver Entei à Frimapic !
Elle ne voyait plus qu'une seule solution, tous les éliminer. C'était tellement radical qu'elle hésitait. Non, elle n'avait pas à hésiter, elle était arrivée au point de non retour. Elle devait tuer ses ennemis ou être pourchassée partout ou elle se cacherait. La perspective de vivre libre dans un exil perpétuel en nomade ne l'enchantait guère. Elle ne voulait pas avoir à changer de cachette tous les deux jours, fuir comme une bête traquée.
Cynthia ne pouvait pas non plus se rendre car son procès serait sûrement bâclé. Elle n'attendait aucune clémence de ses ennemis et comme elle risquait d'être gênante, un accident ou un attentat commis par un déséquilibré serait vite arrivé. Même si elle vivait, elle serait condamnée à une lourde peine. Dans le meilleur des cas elle finirait ses jours séparée de ses compagnons, seule derrière des barreaux ou enfermée dans une cellule capitonnée de l'hôpital psychiatrique de Doublonville.
Comme elle voulait vivre libre et sans menaces, elle n'avait plus d'autres moyens. Au fond d'elle même, Cynthia sentait qu'elle pouvait le faire, ce ne serait qu'une formalité de se débarrasser de ses persécuteurs, elle n'avait juste qu'à exterminer de la vermine. Quant à la question : « Qui ? », elle avait tranché.
En admettant qu'elle éliminait ses principaux détracteurs, elle n'aurait pas un jour à vivre sans une personne hurlant au portail ou un policier avec un mandat d'arrêt. Elle n'avait qu'à éliminer tous les êtres humains de Sinnoh et ainsi, elle n'aurait plus de problèmes pendant un bout de temps.