Chapitre 1 : Perdre ? Inimaginable, mais pourtant...
Chapitre 1 : Perdre ? Inimaginable, mais pourtant…
- Allez, champion ! Rentre là-dedans !
- Ça va ! Pas la peine de me pousser ! répliqua le jeune homme en entrant dans la cellule sombre.
L'autre homme ne répondit rien et referma la porte une fois que Lens fut à l'intérieur.
L'adolescent soupira en entendant le garde s'éloigner. Après chacun de ses combats, il était toujours renvoyé dans cette pièce sombre, dépourvue de fenêtre et dont la seule source de lumière venait des lampes à halogènes dans le couloir. Les cellules adjacentes communiquaient toutes à l'aide de trous faits dans les murs, rebouchés par des grilles métallique résistantes.
- Alors ? Encore en vie ? demanda une voix provenant de la grille dans le mur de droite.
- Oui... Et une fois de plus, une nouvelle victime de cette situation à mon compte...
- Arrête ! Ce n'est pas ta faute ! Ils nous obligent à faire ça ! C'est ça ou on y passe !
- De toute façon, je m'en fiche ! Ils peuvent bien m'obliger à faire ces choses, ça ne changera rien ! Ils n'ont pas le droit de nous enfermer comme ça ! Vous entendez ! s'écria-t-il en se jetant contre les barreaux de la petite fenêtre sur la porte de la cellule. Vous n'avez pas le droit !
Plusieurs grommèlements et injures vinrent répondre aux cris de l'adolescent. Les autres personnes prisonnières n'avaient pas vraiment apprécié d'entendre quelqu'un hurler à travers les couloirs.
- Laisse tomber ! Ils ne t'écouteront pas ! Pas plus que d'habitude, d'ailleurs... On est coincé et on ne peut rien faire ! Rien, à part essayer de survivre à ces duels...
- Ils veulent nous voir nous battre contre des pokémon, Cid... Mais à quoi ça leur sert ? Leur plaisir personnel ? A satisfaire un peu plus leur égo ! C'est totalement inhumain !
- Fermez-la un peu, là-dedans ! hurla un des gardes en train de faire sa ronde.
- Vous, fermez-la ! Vous n'avez pas le droit de nous retenir prisonnier !
- C'est ça ! Et qu'est-ce que tu comptes faire ?
Au moment où le garde approcha sa tête de la petite ouverture dans le haut de la porte, il sentit son cou se faire agripper solidement par la main de l'adolescent. Puis il fut tiré vers l'avant, la tête collée contre la plaque de métal froide.
- Ce que je voudrais faire maintenant, ce serait de te tuer sur le champ ! Mais tu ne serais qu'une autre victime de ces mains qui ont été obligées de massacrer tant de vies... Alors autant te laisser pour le moment. Mais je te jure que toi et tous les autres enfoirés qui avez organisé ça, je vous ferai payer au centuple tout ce que vous nous avez fait ! fit-il en lâchant le garde.
- Argh ! Sale gamin ! Je te jure que je te ferais regretter ce que tu viens de me faire ! gémit le garde en se massant le cou.
- Essayez un peu pour voir ! J'attends que ça, que vous me tuiez ! Comme ça, je partirais de cet endroit !
- Je te ferais pas ce plaisir, petit con ! Attends-toi à passer les pires moments de ta vie ! fanfaronna l'homme en s'éloignant de la cellule.
Lens se retourna, dos à la lourde porte en fer qui maintenait la pièce close. Glissant lentement le long du fer glacé, il s'assit, les jambes rangées le long du torse.
- Je te promets qu'on sortira d'ici ! déclara l'adolescent aux longs cheveux noirs. D'une façon où d'une autre, on ne s'éternisera pas dans cet endroit !
- En attendant, tu ferais mieux de te reposer ! conseilla son ami. Le combat que t'as fais a dû t'épuiser...
- Oui ! répondit Lens en se levant.
Il rejoignit le lit installé dans un des coins de la pièce : un vieux matelas installé sur une structure en fer, grinçant à n'importe quel mouvement. Une vieille couverture grise était posée négligemment dessus. Après tout, pas la peine d'apporter une quelconque attention à un confort qui ne durera probablement pas.
S'asseyant d'abord dessus pendant quelques instants, l'adolescent s'allongea ensuite en laissant tomber sa tête sur l'oreiller posé au bout du lit.
- Depuis combien de temps déjà...
- Ça va bien faire trois mois pour toi, non ? répondit Cid à travers la grille.
- C'est ça... Trois mois... Et toi ? Dans deux jours, ce sera ton cinquième mois qui se finira ?
- Oui. Mais... Je ne compte pas passer le restant de mes jours ici, tout comme toi ! Mais en attendant...
Perdu dans ses pensées, Lens n'entendit pas les derniers mots de son ami et il s'endormit très rapidement à cause de la fatigue accumulée.
*****
L'adolescent ouvrit lentement son œil encore valide, ses membres engourdis lui paraissaient peser encore plus lourd que d'habitude. Aussi, il du attendre un peu avant de pouvoir se relever. Pendant ce court instant de récupération, il tenta de s'imaginer ailleurs, loin de cet enfer. N'importe tout, mieux que cette prison froide, humide et surtout… éphémère.
Lorsqu'il fut debout, il s'étira pendant quelques instants en baillant. Puis, une fois qu'il se sentit parfaitement réveillé, il jeta un coup d'œil à son poignet, où était accroché sa montre digitale qu'il avait acheté en solde dans une boutique d'électronique, il y a déjà un an.
- Sept heures... Ma sieste a duré plus longtemps que prévu. Hé, Cid ! Y'a eu du nouveau pendant que je dormais ?
Aucune réponse ne vint.
- Cid ? appela une nouvelle fois l'adolescent aux cheveux noirs en approchant sa tête de la grille dans le mur reliant sa cellule à celle de son ami.
De l'autre côté, aucun son, aucun mouvement. La cellule de Cid était vide.
Entendant le bruit de quelque chose en train de glisser contre le sol, Lens tourna la tête en direction de la porte. Un plateau contenant un bout de pain, un petit verre d'eau et une assiette avec un morceau de viande froide dedans venait de passer à travers la porte par une petite trappe, d'environ dix centimètres de hauteur et cinquante centimètres de largeur, à même le sol.
- Voilà le dîner, gamin ! annonça une voix en refermant la trappe à clef. Bonne bouffe !
- Hé ! Qu'est-ce qui est arrivé à celui qui était dans la cellule d'à côté ?
- Qu'est-ce que j'en sais, moi !
Le jeune homme discerna un ton ironique chez le garde qui venait d'apporter le plateau-repas. S'élançant vers la porte, il tenta d'attraper le garde au cou, qui esquiva en reculant d'un pas.
- Dites-moi où il est ! hurla Lens en tentant de saisir le col du garde.
- Pas la peine d'essayer de faire comme à mon collègue de l'autre jour, sale gosse ! Je ne tomberais pas dans le panneau !
- Dites-moi ce que vous lui avez fait ! Qu'est-il arrivé à Cid ?!
- Si tu veux tout savoir gamin, ton copain s'est fait tué en combattant dans l'arène. Enfin, moi j'appellerais pas ça un combat ! Il n'a même pas cherché à se défendre ! C'était tellement pitoyable !
La déclaration du garde eut le même effet qu'un couteau en plein cœur.
-Cid... Mort ? Non ! C'est impossible ! pensa Lens. Vous mentez ! Cid ne peut pas être mort ! hurla-t-il ensuite.
- Regardez-moi ça ! Dur à supporter, pas vrai ? Ha ha ha ! On t'avait dit qu'on te ferait payer ce que t'avais fait à mon pote ! En plus d'être enfermé ici toute ta vie, tu va te retrouver seul ! Amuses-toi bien ! Parce que tant qu'on l'aura décidé, tu ne bougeras pas d'ici !
Le garde partit dans un fou rire, laissant Lens avec lui-même. Retournant s'asseoir sur son lit, il prit son crâne entre ses mains, réfléchissant à ce qu'il s'était passé.
- Cid... est mort... Comment c'est possible ? Je sais qu'il ne se serait jamais laissé tuer ! Pas comme ça, sans se défendre !
Il resta quelques instants silencieux, essayant tant bien que mal de digérer la nouvelle.
Puis il repensa à ce que lui avait dit le garde en dernier lieu.
- Seul... Est-ce que je vais finir seul, comme il l'a dit ?
Il garda de nouveau le silence. On pouvait voir dans ses yeux comme une flamme qui venait de s'embraser.
- Je ne resterais pas ici ! Pas question ! Je peux leur garantir qu'ils vont me le payer ! J'aurais ma revanche !