Chapitre II : Faire germer l'espoir.
Chapitre II : Faire germer l'espoir.
Les pokémons de la clairière s'habituaient peu à peu à ce jeune humain qui se levait avant le soleil lui-même, pour charrier des kilos de roches. Le manège durait depuis bientôt trois jours et Sam commençait à ressentir la fatigue dans chacun de ses muscles.
- Déjà trois jours que je bouge des cailloux !! Bordel , ça finira jamais ?
Il était las de cette corvée mais elle était nécessaire . Le garçon s'enfonçait toujours un peu plus dans le boyau de la caverne, les roches étaient de taille modeste mais très nombreuses. Le jeune archéologue pensait plus au résultat d'un accident qu'a un éboulement naturel. Les pierres étaient trop nombreuses, trop petites et trop éclatées pour que ce soit un simple effondrement de la voute de la caverne.
Au matin du quatrième jour il avait progressé de plus de quinze mètre à l'intérieur de ce qui semblait être un couloir d'accès naturel, il décida d'utiliser le sonar offert par le scientifique de Charbourg. L'appareil ressemblait à s'y méprendre à un pokédex classique, un écran amovible affichait les données alors qu'en façade un générateur d'onde miniaturisé balayait la matière pour que l'ordinateur intégré en restitue une image sonar sur l'écran. San activa la fonction balayage-recherche et réduisit le faisceau pour qu'il ne sorte pas de la caverne, de manière à avoir un maximum de puissance sur une bande étroite.
L'appareil émit un petit bruit aigu et commença à diffuser ses ondes sondeuses. Le jeune garçon attendait dans la pénombre, seule la lumière bleue et crue illuminait son visage. Crispé dans l'attente d'un résultat positif, Sam ne réalisa pas immédiatement ce qui s'affichait à l'écran : une suite de lignes droites, un ensemble de rectangles superposés au milieu d'une salle de grande dimension. Tremblant d'excitation, Sam activa la fonction basculement-3D. L'image se renversa et se présenta sous la forme d'un autel rectangulaire composé de plusieurs degrés avec à son sommet, ce qui semblait être un disque. Les données lui apprirent qu'il lui restait encore un bon mètre de gravas à déblayer avant de pouvoir accéder à la salle centrale de la caverne. Il lui fallut encore presque toute la journée pour dégager la fin du couloir. A la fin, il décida d'installer son campement dans la salle centrale de la caverne, ainsi il n'aurait pas à faire tout le chemin chaque jour pour étudier les ruines. Son sac sur le dos, les derniers mètres du couloir de la grotte lui parurent durer une éternité. Son excitation était à son comble quand il déboucha, pour la première fois, dans la grande salle.
Par un habile jeu de lumière, les rayons du soleil couchant pénétraient par des ouvertures faîtes dans les parois de la salle, pour venir se réfléchir sur une multitude de stalactites ; qui jouait le rôle de miroirs naturels et permettait ainsi de diffuser la lumière dans la salle souterraine. Sam en resta sans voix, les rayons du couchant donnait l'impression que la pierre s'enflammait. Elle léchait les dizaines de glyphes qui ornaient la base de l'autel, leur conférant un vague mouvement ondulant, comme s'ils étaient vivants. Au sommet de l'autel un cercle de pierre dominait toute la salle, des centaines de traits semblaient vouloir fuser de la pierre pour rejoindre le ciel. Comme si des milliers de bras tendaient leurs mains avides vers les cieux. Il laissa tomber son sac sur le sol et s'assit, il en avait les jambes coupées.
- Je l'ai fait ! Je l'ai trouvé !
La lumière déclinait vite et malgré son euphorie il décida de remettre à demain l'étude du monument, aux premières lueurs du jour. Elles arrivèrent bien vite et notre jeune chercheur se leva dès qu'il put distinguer la pierre gravée de l'autel.
Il était littéralement absorbé par son étude, il dévorait les glyphes anciens et prenait des tonnes de notes, il ne pouvait tout traduire et ça lui prendrait des jours de recherches mais ça lui plaisait. Au soir du deuxième jour, il trouvait très étrange qu'un autel de cette taille soit dissimulé dans une caverne et non en plein air. La salle ne facilitait pas la réunion de gens pour une cérémonie de culte, même celui D'Arceus. Plus il observait le monument et plus en lui montait cette sensation étrange : quelque chose ne collait pas ! La nuit tombait vite et il lui faudrait bientôt abandonner ses recherches.
- Mais bien sûr ! Quel idiot je fais.
Il courut jusqu'à son sac et en revint avec le sonar dans les mains. Il balaya le fronton couvert de glyphe et sut qu'il avait eu raison lorsque l'écran afficha l'image sonar.
- Je le savais ! Je le savais !
L'écran montrait que derrière certains glyphes des coulisses activaient un ensemble d'engrenages en pierre. Le tout servant à contrebalancer des poids qui activaient une dalle coulissante à ses pieds. Sam appuya sur les glyphes qui faisaient partie du système. Il dut s'y prendre à plusieurs fois avant de trouver la bonne combinaison mais la dalle finit par se retirer et révéla un escalier qui s'enfonçait sous l'autel.
Il pénétra dans une petite pièce éclairée par une flamme vive qui conférait une douce atmosphère à la salle. En son centre un cristal trônait sur une petite colonne de pierre. Sam s'en approcha et le toucha. Ce n'était pas du cristal mais de la glace, extrêmement froide, au point qu'il retira ses doigts comme brûlé par un zéro absolu. Ce contact fut l'élément déclencheur.
La flamme vacilla, s'étira, se contorsionnant comme si un esprit prisonnier l'habitait. La flamme gagna en intensité avant de se transformer en une véritable tornade de feu. Un cri strident résonna dans toute la pièce et un Sulfura de petite taille s'en extirpa. Sam était tétanisé il ne pouvait bouger. L'oiseau légendaire se mit à tournoyer autour de lui, décrivant une longue spirale qui emprisonna le jeune garçon dans un ballet de flammes. Étrangement il ne souffrait pas, les langues de feu le cernaient, tourbillonnaient sans le blesser, sans le brûler. Sulfura acheva sa ronde pour fondre sur le bloc de glace. Les serpents de feu rampaient sur la glace. Les spirales de feu se réunirent en un anneau de flammes pour être submergées par un torrent de cristaux de neige. La glace fondait et Sam assista au réveil du second esprit.
Le bloc de froid absolu se mit à luire d'un bleu des plus pur avant qu'un deuxième cri strident vienne vriller les tympans du jeune garçon, Artikodin s'éveilla à son tour et vint voler autour du jeune explorateur. Désormais des langues de feu et de glace se mêlaient et s'entremêlaient en une spirale folle autour du garçon.
Les deux oiseaux légendaires volèrent de concert autour du bloc de glace, se dernier fondit à vue d'œil avant de révéler son secret.
- Un œuf ?!
Sam s'exprima à haute voix , sans s'en rendre compte. La spirale infernale qui le retenait s'accéléra pour venir fondre sur l'œuf et le traverser comme si de rien n'était. Sam ressentit une immense énergie baigner la pièce avant que tout ne redevienne calme. Les deux pokémons gardien de l'œuf filèrent à travers la roche et disparurent comme si rien ne s'était passé.
Le jeune garçon n'eut pas le temps de retrouver ses esprits qu'une nouvelle surprise lui tomba dessus. L'œuf se mit à luire, il pulsait comme le battement sourd d'un cœur qui s'éveille aux premiers instants de la vie. Les pulsation se firent plus rapides puis toute la coquille se mit à luire comme un petit soleil, Sam se protégea les yeux du mieux qu'il put.
- Bonjour. Dit une voix dans sa tête.
Toute la forêt avait ressentit l'évènement, l'énergie avait courut à travers les herbes, les pierres et les cours d'eau comme une tempête s'abat sur le monde : rapide, irrémédiable et inattendue.
Les trois émissaires de l'Ombre ,aussi. Trois flèches couleur de nuit fonçaient à travers la forêt. Simples ombres au sein des ténèbres. Elles remontaient la piste de la décharge d'énergie, implacables et déterminées à tuer l'espoir avant qu'il ne quitte son berceau de roches.
Mangriff intercepta l'un d'eux. D'un violent coup d'épaule il percuta le Malosse et l'envoya rouler à terre. Le pokémon canin se releva aussitôt et lança une attaque lance-flamme qui obligea le pokémon gardien à esquiver. Les deux autres messagers de mort continuèrent leur route. Malosse chargea et Mangriff ne s'en sortit que grâce à ses réflexes hors norme. A peine avait-il touché le sol qu'il décocha un puissant éclategriffe dans les flancs du pokémon infernal. Le coup atteignit sa cible, le Mangriff sentit les côtes du Malosse craquées sous le choc. Ce dernier recula d'un bond qui le fit hurler de douleur. le Mangriff avait sapé sa défense, il se savait acculé.
Il poussa grondement histoire de se rassurer et de s'éclaircir les idées. Faisant refluer la douleur causée par ses côtes fracturées, il prépara une attaque Croc Feu. Le brasier se concentrait dans sa gueule et déjà ses mâchoires débordaient de flammes prêtent à broyer et carboniser le Mangriff qui l'avait agressé. Ce dernier anticipa alors que le Malosse préparait son attaque, le pokémon gardien de la forêt bondit comme l'éclair et se laissa glisser en direction de son adversaire. En une fraction de seconde il fut sous le Malosse dont il transperça la gorge de ses griffes grâce à une vive-attaque. Le brasier contenu dans la gosier du pokémon se retrouva bloqué et se mit à faire bouillir le sang du Malosse qui explosa en une multitude de petits geysers carmins et bouillants. Il pleuvait encore du Malosse sur les fourrés, lorsque Mangriff se mit en chasse .
- Il est temps de partir. Dit la voix dans sa tête.
Sam ne comprenait pas ce qui arrivait. Où étaient Sulfura et Artikodin ? L'œuf, que lui était-il arrivé ?
- Allez, on ne peut plus rester ici !
Encore cette voix. Il tomba au sol, vidé par cette expérience extraordinaire. Deux pokémons légendaires qui le baignent de feu et de glace sans le blesser et maintenant cette voix qui résonne dans sa tête. Il leva les yeux vers la colonne où était perché l'œuf et il le vit : un petit Riolu. Il dégageait une aura bleue des plus captivante. Le jeune garçon plongea son regard dans les grands yeux rouges du petit pokémon combat.
- C'est toi qui fait ça ? Tu lis mes pensées n'est-ce pas ?!
- Non petit d'Homme , je ne fais que te transmettre MES propres pensées. C'est de la télépathie. Et non je ne peux absolument pas lire TES pensées.
- Voilà qui est rassurant … Et terrifiant à la fois.
Les deux envoyés de l'Ombre étaient en vue de clairière, d'ici quelques instants ils pourraient traverser l'étendue plane et mettre fin à ce « renouveau » abject . Le Demolosse qui entraînait dans son sillage les deux frères Malosse, bien qu'il en manqua un à l'appel, dégageait une aura malsaine de puissance brute. Il franchit les derniers mètres de forêt et foula l'herbe tendre de la clairière. Son pelage n'était pas noir et feu comme celui de ses congénères mais bleu nuit, d'un bleu profond et superbe.
Qui à dit que la mort ne pouvait être belle ?