171 – E. Smirnoff, 21/12/1978 - ...?
"I have decided to leave you forever
(J'ai décidé de te quitter pour toujours)
I have decided to start things from here
(J'ai décidé de recommencer à zéro)
Thunder and lightening won't change what I feeling
(L'orage et les éclairs ne changeront pas ce que je ressens)
And the daffodils look lovely today, hey-hey,
(Et les jonquilles sont adorables aujourd'hui...)
And the daffodils look lovely today, hey-hey..."
(The Cranberries – Daffodil Lament)
Tous étaient en train de pleurer.
Linus, Lucy, Linda, Kenneth, Norbert, Lionel, Estelle, Jonathan et Travis avaient enfin les messages qu'Etienne leur avait écrit à la place de ses rapports.
Ils étaient bouleversés. Tous. Même Lucy, la moins proche d'Etienne, versait de grosses larmes.
Seuls Charlie et Léopold n'étaient pas là pour cause de cours.
-Oh bon sang... geignit Linus. Cet homme ne méritait pas ça !
Lionel était d'autant plus attristé qu'il aurait pu empêcher ça. Travis était dévasté par les mots d'Etienne.
-Putain... Putain...
Norbert était à ramasser à la petite cuillère. Estelle sanglotait comme une folle. Jonathan avait le visage déformé par l'émotion.
Kenneth avait cessé de lire. Il semblait complètement vaincu, dépassé, triste, tout simplement.
-Il... Il ne m'a jamais dit autant de choses gentilles... Je pensais même pas qu'il accordait autant d'importance à notre amitié... geignit Kenneth.
Linda était hagarde. C'était pas vraiment ce qu'il lui fallait.
-Pourquoi... Pourquoi...
Charlie et Léopold se demandaient quoi faire.
-Si on dit tout aux adultes, ils vont réagir de façon disproportionnée ! Soupira Léopold.
-Tu veux qu'on se charge de ce type seuls ?! T'es malade !! grommela Charlie.
-Mais comment tu veux qu'on fasse autrement ?! Soupira Léopold.
-Ce type a failli tuer Etienne !! Qu'est-ce que tu penses qu'il va nous faire ?! Des câlins ?!
-On peut au moins lui demander pourquoi il a fait ça...
Charlie plissa les yeux, désabusé.
-J'y avais pas pensé ! Prenons donc un thé vert avec ce fils de pute ! Ensuite on l'interviewera pour People Magazine ! « Alors, Mr Gallhager, cette chasse à l'homme, c'était bien ? Et le meurtre, toujours aussi cool ? »
-Oh la ferme...
-C'est toi qui dit des âneries.
-On devrait être à l'hôpital avec tous les autres... soupira Léo.
-On devrait, oui. Seulement si j'y vais tu ne me suivras pas et tu chercheras ce Gallhager. Je refuse de te laisser faire ça.
-T'as qu'à venir avec moi ! Avec un gars fort comme toi...
-Ah non, pas les flatteries... grommela Charlie. C'est la manière la plus basse d'amadouer quelqu'un je déteste ça !
Léopold fronça les sourcils.
-C'est toi qui a voulu qu'on rompe !
Charlie s'étonna.
-... Le rapport avec tout ça ?!
-La façon dont tu me parles ! M'enfin on dirait que je suis un gros boulet pour toi !!
-Tu es stupide ! Tu ne peux pas arrêter Esteban Gallhager ! Surtout avec tes Pokémon ! Va opposer un Mime Junior contre un Ptera, va !
Léopold rougit de fureur.
-Ne parle PAS de MIME JUNIOR comme ça !!! Je te défends de l'insulter !!
-Je l'insulte pas, mais Léo, merde ! Sois raisonnable !!!
Léopold grommela.
-Vivement l'année prochaine !
Charlie souffla de dépit.
Léopold grommela.
-J'veux pas, Charlie, c'est pas cool de se battre l'un contre l'autre !
-C'est juste pour s'entrainer !
-Bon, bon...
-Lombre, Go !
Le Pokémon Sombrero apparut.
-Ouisticram, à toi !
Les deux Pokémon se firent face.
-Ouisticram ! Roue de Feu !!
Le Pokémon roula vers Lombre.
-Bulles d'O !
L'attaque stoppa Ouisticram.
-Lombre, Ecosphère !!
L'attaque fut esquivée par Ouisticram.
-Lance-Flammes !!
L'attaque fut durement reçue par Lombre. Le Pokémon se recouvrit d'eau pour calmer la douleur.
-Désolé, Charlie... marmonna Léopold.
-Pistolet à O !!
L'attaque frappa Ouisticram.
-Et Psykoud'boule !!
Le Pokémon Plante et Eau frappa Ouisticram qui sembla trop assommé pour continuer.
-C'était bien !! sourit Charlie.
-T'es sûr que ça t'entraine ça ?
-Ca me montre au moins que je peux vaincre quelqu'un qui a bataillé contre Cynthia Karashina ! sourit Charlie.
Léopold baissa les yeux.
-Uh... Désolé...
-C'est pas grave... soupira Léopold. On continue ?
-Ouais ! Nirondelle !!
-Floravol, à toi !!
-Attaque Cru'Aile !!
Nirondelle fonça sur le Pokémon plante qui n'esquiva pas.
-Attaque Balle Graine !!
L'attaque frappa légèrement l'oiseau.
-Non vraiment, Charlie...
-Tu dis ça parce que tu es en train de perdre ! Lame d'Air ! lança Charlie.
L'attaque frappa Floravol au visage.
-Charlie, arrête !
-Allez ! Attaque, Léopold !
Léopold soupira.
-Bon... Euh... Rebond !
Le Pokémon sauta en l'air.
-Nirondelle, prépare-toi !
-Fonce !!
Floravol atterrit droit sur Nirondelle qui l'attendait avec Cru'Aile.
Les deux Pokémon s'entrechoquèrent. Et en même temps, ils évoluèrent en Cotovol et Heledelle, à l'étonnement de leurs dresseurs.
-Il est beauuuu !!! s'enquit Léopold, charmé par la forme finale de son Floravol.
-Ouah il a l'air balaise !! sourit Charlie en voyant Heledelle.
D'un commun accord ils rappelèrent leurs Pokémon pour aller s'entrainer chacun de leur côté.
Judith était peinée elle aussi en lisant le message d'Etienne pour elle. Elle n'osait pas donner le leur à Roland, Lily, David, Malcolm, Rachel, Kate ou Colin.
« De toute façon pour la plupart ils ne pourront pas les lire seuls à leur âge... Je devrais isoler Roland pour lui donner la sienne... Ou pas... »
Judith soupira.
« Si Kenneth était là il me dirait quoi faire... »
Entretemps, côtés marmots, ça s'agitait.
-C'est moi qui décide des équipes ! Kate elle fait l'arbitre parce qu'elle peut pas se battre !
Ce dont la jeune fille, amplement plus docile que sa mère Estelle, s'accommodait parfaitement.
Roland grommela.
-C'est pas toi la plus forte !
-Oh que si, frérot !
-D'accord ! Je prends Malcolm et Colin !
-Mais Lily et David ne savent pas se battre ! Grommela Rachel.
-Et toi tu sais trop te battre ! Marmonna Malcolm.
-Pas faux ! Acquiesça Colin.
-Hmph ! On y va alors ! Le super combat Triple de Rachel contre Roland !
-Plutôt Roland contre Rachel ! Marmonna Roland.
-ARGHHH... Charmina, à toi !!
La fillette envoya son Pokémon académique qui semblait redoutable.
-Fais attention, Roland, la Charmina de Rachel a donné un coup de Poinglace au Corboss de papa ! Informa Malcolm.
-En plus elle est très moche ! Argua Colin.
-Qui, Rachel ou Charmina ?! Demanda Roland.
Malcolm éclata de rire.
-Appelle plutôt un de tes minables ! Grommela Rachel.
Roland envoya Evoli.
Colin sortit Voltorbe.
Et Malcolm envoya Dinoclier.
-Hmph ! Allez Lily, envoie ton Rattata ! Marmonna Rachel, dédaigneuse.
Lily sortit son Pokémon. Et David fit descendre Paras de sa tête.
-Evoli, attaque Vive-Attaque !
Le Pokémon fonça sur Charmina. Le Pokémon ignora l'attaque de Roland et sauta vers Voltorbe et Dinoclier.
Malcolm sourit et ordonna à Dinoclier de sauter sur Voltorbe en faisant un Mur de Fer. Charmina frappa Dinoclier qui tomba derrière Voltorbe par l'effet rouleau. Charmina se retrouva sur Voltorbe. Colin ricana.
-Destruction !!
Le Pokémon explosa vigoureusement, projetant Charmina en l'air. Rachel soupira.
-Ball'Ombre !! cria Roland.
-Pouvoir Antique ! Lança Malcolm.
Le Paras de David envoya des Balles Graines. Le Rattata de Lily balança une Onde de Choc.
-Choc Mental !
Le Pokémon Combat et Psy se maintint dans les airs. Il immobilisa les attaques autour de lui. Judith observait, impressionnée.
Charmina repoussa les attaques vers les Pokémon adverses. Voyant Paras aspergé de balles, David le reprit et partit en chouinant. Judith souffla, amusée et prit le petit dans ses bras.
-C'est rien David...
Charmina retomba alors que chacun était aspergé par ses propres attaques.
-Evoli, charge !!
Le Pokémon sauta vers Charmina.
-Forte-Paume !!
Le Pokémon repoussa violemment Evoli qui fut rattrapé par Dinoclier. Le Rattata de Lily avait trouvé une balle et jouait avec.
Charmina frappa Evoli et Dinoclier de deux Mitrapoing. Rachel se frotta les mains.
-Et voilà !
-Quelle violence... marmonna Roland.
-Et encore, toi tu la supportes que quelques minutes, moi c'est tout le temps ! Soupira Malcolm.
-On joue au loup ? Demanda Kate.
Judith les regarda et soupira.
Kenneth prit le téléphone devant l'hôpital.
-Quoi ?! Mais Judith...
« Kenny je ne peux pas faire ça ! Je ne peux pas leur lire ces lettres... »
-Mais enfin Judith, c'est le dernier message d'Etienne ! Enfin peut-être, mais...
« Kenny, ils sont beaucoup trop petits pour comprendre... »
-Mais pas du tout ! Je suis sûr que ça les rassurerait !
Silence.
« Je refuse de le faire. »
-Judith...
« Mais enfin Kenneth, ce ne sont que des enfants ! »
-Donne au moins la sienne à Roland !
Judith regarda les enfants dehors en train de jouer tranquillement. Elle soupira et se prépara à prendre comme la plus grande décision de sa vie.
-D'accord. Je le ferais.
« Merci, chérie ! »
Il raccrocha. Judith cacha les lettres dans le tiroir ou elle mettait ses papiers personnels.
Charlie et Léopold en excursion vers une vallée ou les oiseaux sont censés se réunir.
-Cette excursion est minable ! Grommela Léopold.
-C'est sympa je trouve... On va voir plein de jolis oiseaux ! Sourit Charlie.
-Moi ça me gave. Les oiseaux c'est moche ! Ca n'a aucun intérêt pour la coordination. Si encore on allait voir des papillons !
Charlie soupira.
-Les papillons ne sont pas si beaux que ça...
-Tu plaisantes ?
« Et crotte pourquoi j'ai parlé moi ! »
-Les papillons sont magnifiques ! Je te rappelle que mon illustre papa Eddy se servait d'un Charmillon comme principal Pokémon de prestation ! Et ton père a un magnifique Papilord !
-Oui je sais, oui...
-Bon !
Ils arrivèrent devant une grande vallée remplie de nids d'oiseaux. Altaria, Rapasdepic, Etouraptor avaient tous établis leurs nids ici.
-Ouah ! Sourit Charlie en prenant des photos tout comme d'autres élèves. Léopold semblait toujours fâché. Charlie le vit. Il tenta de dérider Léopold en le pinçant.
-Arrête ! Grommela le blond.
-Maiiiis rigole !
-J'ai pas envie !
-Ca fait trois semaines qu'on crèche ensemble et on rigole pas des masses ! Soupira Charlie.
-Je sais, ça... marmonna Léopold.
Charlie regarda son ami qui lui sourit.
-Désolé. Pas trop le moral.
-Comment ça ?
Léopold soupira.
-Mes parents qui me manquent, peut-être...
-Vraiment ?
-Hm...
Un Pijako approcha de Léopold et se posa sur sa tête.
-Oh-ho... Charlie, j'ai quoi sur ma tête ?!
Charlie regarda, dubitatif, le perroquet sur la tête de son ami.
-Un Tyranocif !
Léopold grimaça. Charlie se retint de rire.
Finalement ils éclatèrent de rire tous les deux. Le Pokémon voleta devant Léopold.
-Oh ! Un Pijako ! Il est mignon !
-Mr Smirnoff disait que c'étaient des Canarticho avec un porte-voix... « C'est petit, ça vole, ça gueule, ça évolue pas... Canarticho quoi ! Sauf que son poireau est creux et enfoncé dans sa gorge ! »
Léopold sourit.
-Mais... Si t'es là, t'as une famille, non ?
Le Pijako se tourna vers une femelle braillarde.
-C'est ta gonzesse ?!
Pijako hocha la tête, malheureux.
-Vous allez avoir des petits ?!
Le Pokémon secoua la tête.
-Mais elle te saoule déjà avec le nid, tout ça !
Pijako acquiesça. Léopold soupira.
-Bon bah... Qui sait, je te transformerais peut-être en bête de concours ! Sourit Léopold.
Il captura le Pokémon au grand désarroi de la femelle qui se trouva néanmoins juste après un autre mâle.
-La loi de la jungle ! Ricana Léopold.
Charlie sourit avec lui.
Léopold regardait Pijako.
« Tu me rappelles cette journée ou on a bien rigolé ensemble... Et là, voilà ou on en est. »
Le perroquet regarda son maître.
« Hmmm... Quoi faire, quoi faire... A propos de quoi ? De quoi je parle ? De Gallhager ? De Charlie ? Est-ce que j'aime Charlie ? Est-ce que je veux rencontrer Gallhager ? Pour quoi faire, le battre ? Le tuer ? Avoir son pardon ?! »
Léopold ferma les yeux.
« Charlie a raison, quel con je fais... Je réfléchis pas assez à ce que je veux. Je fonce tête baissée... »
Il regarda à nouveau le rapport de police.
« En même temps... savoir et ne rien faire... »
Charlie entra dans la chambre de Léopold. Le blond se releva.
-J'ai réfléchi... marmonna le brun.
-Ah... Moi aussi...
-On devrait essayer de le faire.
Léopold s'étonna.
-Quoi ?!
-Ensemble, on sera... plus à même de réagir. Smirnoff s'est fait avoir parce qu'il était seul. Si on est au moins deux, on pourra...
-Wowowow... Charlie, à nous deux, on fait même pas un Smirnoff !
-On n'a qu'à prévenir... Kenneth nous aiderait !
Léopold plissa les yeux.
-Au moment ou on va prononcer le mot « Vous voulez pas venir avec nous », il va nous hurler mille raisons de façon hystérique du genre « Mais vous êtes fous, en plus je dois veiller sur Etienne et Linda, et vous n'avez aucun respect pour les malades... »
Charlie hocha la tête.
-Et mon père ?
-Je te rappelle que le meilleur Pokémon de ton père est trop vieux pour se battre ! C'est devenu un vieux chat tout juste bon à se faire câliner !
-Ce qui s'applique à Mime Junior s'applique aussi à Mistigri III... grommela Charlie. J'ai presque été élevé par ce Chaglam !
-Et puis ta mère me tuerait s'il lui arrivait quelque chose...
-Et Dawn ?! Marmonna Charlie.
Léopold s'étonna.
-T'es malade ?!
-Mais non pas du tout. On pourrait même demander à Matt et... à Potson aussi !
Léopold regarda Charlie, étonné.
-T'es complètement taré ! Impliquer nos amis là dedans mais t'es fêlé !
-On s'implique bien mutuellement l'un et l'autre.
Léopold regarda Charlie, sérieux.
-C'est pas pareil.
-En quoi ?
-Mais enfin Charlie... Que toi tu me suives là dedans c'est... normal, on va dire, ça va de soi, mais...
Ils se regardèrent. Charlie se mordilla les lèvres.
-La dernière fois qu'on s'est regardés comme ça c'était dans ta chambre aussi...
-Désolé d'avoir les mêmes yeux.
-Oh non. La dernière fois ils étaient plus sincères. Là j'ai trop l'impression que tu essaies de m'amadouer.
-Peut-être que je veux simplement que tu soies de mon côté, que tu me soutiennes.
Charlie grimaça et se retourna.
-Ne rends pas tout ça aussi insupportable...
Il sortit de la chambre. Léopold se rassit.
-De quoi tu parles, Charlie ?!!
Il claqua la porte pour seule réponse. Léopold grommela.
Lionel et Linda se promenaient dans les jardins de l'hôpital.
-C'est gentil de m'avoir accompagné.
Lui était prévenant et amical pour mieux dissimuler son immense peine. Elle était peu coiffée, hagarde, pleine de pensées contradictoires, mais elle essayait au moins de faire face.
-C'est bizarre, parce que... Je ne sais pas trop ce que tu penses... marmonna Lionel. De tout ce qui se passe en ce moment.
-J'essaie... de ne pas trop penser. Rien que le fait de devoir élever les enfants seule si jamais...
-Ca n'arrivera pas. Même « si jamais ». Tu sais qu'on sera là et qu'on t'aidera.
-Mais pas toujours. Etienne serait resté jusqu'à la fin de nos jours, on serait morts en même temps... Pourquoi il a fallu que ça se passe comme ça ?! Pourquoi... Pourquoi lui, pourquoi... Depuis le début de tout ça je me repasse le film dans ma tête, le film de notre vie... Et tout ce que je vois c'est son sourire... Et la seule idée que je ne le verrais plus... Et la seule idée que je n'entendrais plus sa voix... C'est mon Etienne ! C'est la seule personne pour qui je ressentirais un amour aussi profond, aussi fort... C'est... l'homme de ma vie. Oh ça fait tellement cliché...
-Ca n'est pas faux pour autant.
-Oui... Les pauvres enfants... Etienne qui avait fait tant d'efforts pour être un bon père...
-Ca va aller, Linda. Je reste persuadé qu'Etienne va s'en tirer. Les médecins ont commencé à lui imposer les bons traitements. On n'a plus qu'à espérer que Mr Schwartz n'a pas fait trop de dégâts...
Lionel resta silencieux aux côtés de Linda. Il ferma lourdement les yeux.
-Je savais qu'il allait se faire attaquer...
Linda regarda Lionel, surprise. Le châtain se renfrogna de culpabilité.
-Bon sang, j'aurais pu... Empêcher tout ça ! J... J'en avais le pouvoir mais... Mais j'ai pas osé... et.... Et Etienne avait l'air tellement sûr de lui... Il... Il pensait s'en sortir seul... On s'est croisés pour le marathon d'Unionpolis... Il... Ses élèves, on a tout de suite remarqué avec Norbert qu'ils étaient bizarres... J'aurais dû... Le faire suivre ! Le... Le placer sous surveillance policière, mais tout ce que j'ai fait c'est faire surveiller ta maison parce qu'il était sur écoute !
Linda s'écarta de Lionel. Il la regarda, désolé.
-P...
Il lui lâcha tout dans un souffle mortuaire.
-Pardonne-moi...
Linda se mordilla les lèvres, et puis elle explosa.
Elle sortit Momartik, Meganium et Gardevoir.
Folle de rage, elle attaqua non pas Lionel mais les plantations dans le jardin.
-CLYTEMNESTRE, BLIZZARD !!!!
La créature fantomatique gela les buissons. Les autres malades s'enfuirent ainsi que leurs familles.
-ELECTRE !!! TONNERRE !!!
Le Gardevoir grilla les ifs qui bordaient l'allée. Les infirmières appelèrent la sécurité.
-L... Linda !!
-LAODICEE !!! BALLE GRAINE !!!
Le Meganium éclata les bancs et une statue. Lionel était halluciné par la colère de Linda. Elle rappela ses Pokémon et regarda Lionel, ulcérée.
-MEME APRES CA JE NE SUIS PAS CALMEE !!! MAIS COMMENT AS-TU PU ME CACHER CA !!!
-Excuse-moi ! Je t'assure que tout te dire n'aurait fait qu'empirer...
-J'AURAIS ETE LE CHERCHER !!! J'AURAIS MEME ETE PRETE A TUER CES DEUX MORVEUX ET A LES ENTERRER AVEC SON AIDE !! MAIS TOI... TU SAVAIS ET TU N'AS RIEN DIT !!!
Lionel plissa les yeux. La sécurité arriva. Lionel les arrêta.
-Attendez ! C'est ma faute, laissez-la !
-Elle a causé des dommages à l'hôpital, on a signalé une hystérique...
-Certainement pas ! Son mari est entre la vie et la mort ! Elle a eu un moment d'égarement !
Linda était complètement défaite. Folle de rage. Dégoûtée.
-On doit l'emmener !! grogna le gorille de la sécurité. Direction la psychiatrie !
-Non, je vous en prie !!
Lionel eut alors une réaction stupide. Du moins avec le recul, ça lui apparaîtra comme la décision la plus idiote et insensée qu'il prendra de toute sa vie. Du moins après ça il perdrait beaucoup de choses. Beaucoup, beaucoup de choses allait changer avec un seul geste.
Il donna un coup de poing à l'un des types de la sécurité.
-RATE ! L'HYSTERIQUE C'EST MOI !!! HAHAHAHA !!!
Il se débattit comme un beau diable alors que les types le choppèrent. Linda resta interdite.
-Remonte, Linda ! Je suis désolé ! Je te demande pardon ! Sincèrement !!
Linda resta au milieu du jardin, hébétée.
Elle s'assied sur un banc, seule, et regarda autour d'elle.
Elle sortit Eurydice, son Grodoudou, et Iphigénie, son Papilusion.
Elle serra la première comme une peluche, la seconde se posa sur sa tête.
L'espace d'un instant, elle redevenait une petite fille avec les mêmes habitudes.
C'était comme si elle était retournée à la décharge.
Etienne ne l'en avait pas vraiment sortie mais c'était tout comme.
Et là au milieu du décor dévasté, elle se sentait comme y revenir.
Elle s'accrocha au Grodoudou et le serra contre elle en pleurant.
« Je veux pas y retourner... Je veux pas redevenir toute seule ! »
« There are children standing here, (Il y a des enfants qui attendent ici)
Arms outstretched in to the sky, (Les bras levés vers le ciel)
Tears drying on their face. (Les larmes séchant sur leurs visages)
He has been here (Il s'est trouvé ici)
Judith observa les enfants dans le jardin, les bras en l'air, qui cherchaient à attraper le Metamorph de Roland transformé en balle. Elle semblait inquiète, angoissée. Pas pour elle, mais pour eux.
Brothers lie in shallow graves (Des frères dans des tombes mal faites)
Fathers lost without a trace (Des pères disparus sans laisser de traces)
A nation blind to their disgrace (Un pays inconscient de sa déchéance)
Since he's been here (Depuis qu'il s'est trouvé ici)
Linus, Jonathan, Kenneth, Norbert, Lucy, Estelle et Travis attendaient toujours dans le couloir. Linda revint seule, fermée. Furieuse et lasse. Elle se serra à côté de Kenneth.
And I see no bravery (Et je ne vois pas de courage)
No bravery, in your eyes anymore (Pas de courage, dans leurs yeux, plus jamais)
Only sadness... (Seulement de la tristesse)
-Voilà ! J'ai pensé que ce serait l'occasion qu'ils se présentent ! Sans que ni ta femme ni Eddy n'interfèrent ! Assura Norbert.
Linus semblait dubitatif.
-J'espère que ça va bien se passer...
Charlie et Léopold furent introduits par Norbert et Linus qui les laissèrent.
-Tu joues à quoi d'habitude ? Demanda le petit brun.
-...
Charlie regarda Léopold, surpris.
-A rien ?!
-C'est pas ça...
-Quoi alors ?
-J... J'ai le nez qui me gratte !
-...et puis ?!
-Bah j'ai pas le droit de mettre mes doigts dedans !
Charlie s'étonna. Il chercha autour d'eux et trouva des mouchoirs.
-Tiens !
Léopold prit un mouchoir, fébrile et se gratta soigneusement.
-Haaaaah ! Super ! Merci Charlie !
-T'es... bizarre toi !
-J'ai pas le droit, c'est tout !
Charlie regarda Léopold. Le blond, sentant qu'il n'avait plus toute sa fierté, regarda Charlie.
-Mais ce midi, j'ai mangé des haricots verts sans pleurer ! S'enquit le blondinet.
Peu après, Linus et Norbert firent irruption après avoir cru entendre des cris de douleur.
En fait, Charlie était mort de rire après ce que lui avait dit Léopold. C'était trop pour lui. Et le petit brun qui riait si peu souvent, s'esclaffait maintenant de la naïveté et de l'innocence de son nouveau camarade.
Léopold retrouva Charlie à la table de la cuisine. Le brun semblait maussade. Le blond semblait sûr de lui.
-Alors ? On le fait ?
Charlie soupira.
-Je veux pas... parler de ça.
-Et moi je veux pas parler de ce que tu veux qu'on discute.
-Ta phrase n'est absolument pas française...
-Si, si. Je t'assure.
Charlie sourit. Léopold sourit aussi.
-Quand on était mômes, t'étais le seul qui me faisait rire... marmonna Charlie.
-Et toi t'étais toujours là quand j'avais besoin de toi... marmonna Léopold.
-Et maintenant nous voilà à ruminer sur une nuit qu'on a passé ensemble... grommela Charlie.
-C'est toi qui est tombé amoureux de moi le premier.
-Oui, pendant que tu avais presque oublié mon existence...
Léopold grimaça embarrassé. Il eut du mal à retrouver sa contenance.
-Cette nuit là...
Charlie s'étonna.
-Cette nuit là... je n'ai jamais autant réalisé que tu existais.
-Ne me flatte pas, c'est...
-Je te flatte pas, c'est vrai.
-Mais alors quoi ? Alors on doit s'aimer ? C'est obligatoire ?! On... On a partagé trop de bons moments ensemble, et on va se confesser notre amour avant d'aller voir un multi-meurtrier qui a collé une branlée à notre prof ?!
-A l'ami de nos parents ! Rectifia Léopold.
-Ca change rien ! Ce qui m'énerve avec toi c'est que tu crois que tout est simple ! Que tout... que tout est... facile... Mais l'an prochain on...
-Et toi tu crois que tout est compliqué ! Mais Charlie... tout peut aussi être simple !
Charlie se mordilla les lèvres.
-Non. C'est faux. Rien n'est simple. Même... faire l'amour c'est très compliqué. Il se passe... trop de trucs.
Léopold soupira.
-Ca fait des lustres que... j'ai couché avec personne.
-J'appelle un médecin ou ça ira ?
-Crétin...
Ils ricanèrent.
La fameuse nuit.
Ils étaient en sueur. Nus l'un contre l'autre. Charlie ne disait rien, de peur de tout gâcher. Malgré lui, malgré ses principes qui normalement auraient dû lui faire repousser Léopold, il se laissait apprivoiser sous la fauve caresse de son ami.
Léopold éprouvait un certain plaisir vicieux à flatter de la sorte celui qu'il considérait comme son alter-égo. Il jouait de tout ce qu'il savait faire. Ce soir, il était comme le professeur. Il sentait que c'était la première fois, en face. Il ne fallait certainement pas le brusquer.
La respiration de Charlie s'accéléra à mesure que Léopold prenait des initiatives. Le blond faisait un traitement de roi à son cher et tendre. Charlie ne criait pas, il murmurait des « Je t'aime » silencieux qui ne parvinrent jamais à leur destinataire. Quand à Léopold, il ne voyait résolument que l'aspect charnel de la chose. Malgré son statut d' « Expert », il laissa à Charlie l'honneur pour sa première fois d'être le dominant dans l'acte. Charlie n'en croyait pas ses sens, c'était tellement de plaisir, de sensations, de cohésion avec lui.
Charlie regardait Léopold dans les yeux. Léopold n'arrivait pas non plus à se détacher des pupilles de Charlie. A croire que ça ne pouvait pas se faire à l'arrache, cette affaire là.
Ce n'est que lorsque les sommets furent atteints que les voix et les regards se relâchèrent, entre autre choses.
Léopold retomba sur Charlie, haletant. Le blond s'endormit tout contre son amant, affectueusement.
Seulement Léopold n'est jamais affectueux avec qui que ce soit qui partage sa couche. Mais il n'était pas dans son lit, il était dans celui de Charlie. Ca changeait tout, et il pouvait bien se permettre de lui accorder cette politesse.
C'est un des rares soirs où Léopold s'est senti tout sauf sale.
Il s'est senti Aimé. Là était toute la subtilité.
Charlie soupira.
-Si tu y tiens tant que ça, on ira avec Dawn, Potson et Matt. Mais on sera super prudents.
Léopold hocha la tête.
-D'accord, alors...
Léopold sortit le carnet d'adresses de son père.
-J'appelle Gallhager... et toi tu appelles Dawn, Matt et Potson !
Le brun acquiesça.
Ils courraient peut être à leur perte. Oui, peut-être.