La plus triste histoire (Mathias)
Les filles montèrent sur le dos de Drac' après nous avoir adressé un dernier signe de la main. Il s'apprêtait à décoller quand il se retourna vers nous, et lâcha, me foudroyant du regard :
« Et toi, ne tente rien avec ma sœur ! Je le saurai si tu as fait quelque chose !
-Frérot… soupira Firera. Je suis assez grande pour me défendre seule.
-Et j'ai pas que ça à faire ! » rougis-je.
Drac' grommela pendant les filles pouffaient. Finalement, il déploya ses ailes et se décida enfin à partir.
Dès lors, l'atmosphère fut chargée d'une incroyable pression. La dernière fois qu'elle et moi avions été seuls, c'est-à-dire dans les couloirs de la salle des cristaux, ça n'avait pas été très joyeux et tendre. C'est d'ailleurs moi qui avais essayé de meubler le silence, en vain, car elle m'a froidement envoyé balader. Cette fois-ci, je préférais me taire.
Je crus que ce silence pesant aller continuer longtemps, mais soudain, étrangement, Firera ouvrit la bouche :
« Hum… C'est vrai que tu as toujours vécut en captivité ?
-C'est-à-dire ? Que Mélody m'élève depuis toujours ? Ouaip.
-Comment ça se fait ? Tu viens d'un centre d'élevage ?
-Nan, en fait elle m'a sauvé alors que j'étais encore dans un œuf. J'menaçais de tomber dans un marécage, elle m'en a empêché et m'a élevé depuis ce jour-là.
-C'est idiot, et tes parents, alors ? Elle y a pensé ? Ils ont du être morts d'inquiétude…
-Je doute que des parents responsables laissent leur fils trôner à côté d'un marécage pendant une semaine à tout casser. »
Elle me regarda, étonnée. Bizarrement, elle ne semblait vouloir admettre qu'pn m'ai abandonné :
« Une semaine ? Tu es sûr de n'être pas tout simplement tombé du nid et d'avoir roulé jusqu'au marécage ?
-Non ! C'était bien une semaine, d'après ce que m'a raconté Mélody –soutenue par Lockpin-, l'œuf était gelé, elle a cru qu'il était trop tard pour me sauver. Mais elle a quand même réussit. Et puis, je doute d'avoir pu tombé du nid… Les Dracaufeu sauvages nichent dans les montagnes et là où j'étais, y'avait aucune montagne à des kilomètres à la ronde !
-Ho… C'est dégueulasse… Ne pas connaître ses parents, ça doit…
-Ca fait rien ! Ils m'ont abandonné, tu crois vraiment que j'aurais envie de les connaître ?
-Hum… Même pas pour leur dire leur quatre vérités ?
-Non ! Ils sont cons, c'est pas ma faute et je préfère les laisser cons. »
Elle ne sembla pas apprécier. Peut-être qu'elle, elle aurait voulut les connaître, ses parents, et que ça ne lui plaisait pas que moi je m'en fiche royalement. Je lui posai la question :
« Et toi alors ? Sauvage ou captive ?
-Sauvage. Pendant très longtemps.
-C'est un sacré coup de bol que toi et ton frère ayez la même dresseuse. Si j'ai bien compris, lui et Calypso se connaissaient avant la rencontre au volcan ?
-Ouaip. C'est un de ses premiers Pokemon, mais il lui a demandé de le relâcher, un jour.
-J'ai du mal à le croire ! Tu étais dans son équipe à ce moment-là ?
-Oui. Grâce à mon frère, d'ailleurs, sinon, j'aurais été dans l'équipe d'Alex…
-Grâce à ton frère ? Comment ça ?
-Quand Alex m'a capturée, j'étais encore une Reptincel donc mon frère a pu reconnaître plus facilement mon odeur dans la Ball.
-Alors tu as été sauvage plus longtemps que lui… Comment ça se fait ?
-… »
Ho ho… Avais-je touché une zone sensible ? Son nez se refrognait et elle serrait les poings. Soit j'étais trop bavard et elle voulait me faire taire, soit repenser à cette époque-là ne lui faisait pas plaisir.
« T'es pas obligé de m'en parler…
-Notre mère a été capturée par des braconniers. J'étais qu'une toute petite Salamèche… Mon frère était un Reptincel… Il était fort, il a pu m'élever jusqu'à temps que je devienne moi-même une Reptincel. A ce moment, j'ai quitté notre « domicile » et je suis partit à l'aventure, toute seule. »
Ses yeux étaient larmoyants, ses mains tremblaient, son front se plissait de rides colériques. Ho, j'aurais voulut faire quelque chose… La réconforter, la soutenir, mais je n'étais pas là, je n'étais pas présent, je ne pouvais rien dire. D'ailleurs, comment consoler quelqu'un qui aimait ses parents et qui les a perdus ? C'est dans ce genre de moment que je suis bien content d'être orphelin. Je ne me risquais pas à la prendre par les épaules, son poing aurait sûrement fait plus mal que d'habitude. Je ne pouvait rien faire, à part la regarder pleurer !
« On les a vu l'enlever… Elle était blessée, ho, atrocement blessée… Ils traînaient le filet derrière eux, ne se rendant même pas compte que ses plaies étaient frottées au sol… Elle laissait cette horrible traînée de sang derrière elle… Et on ne pouvait même pas l'aider, on était trop faibles… On restait cachés, et on la regardait partir… »
Elle a littéralement fondu en larmes. Et moi j'étais là, planté à côté d'elle, et je pouvais rien dire, rien faire, en plus, c'était ma faute si elle y avait repensé… Des fois, j'aimerais avoir le courage de me baffer moi-même.