Suture de Pokeclement

La motivation des Joëlle
Horrifiée par le spectacle, Marine couru à toute vitesse vers son infirmière. Elle regarda Betty qui tenait encore entre les mains la carcasse du Pomdepik. C'était trop tard pour elle mais elle était convaincue qu'elle pouvait encore sauver Violette. Elle prit son pouls et poussa un juron. Elle prit sa respiration et commença un massage cardiaque.

- Marine… commença Joseph.
- TA GUEULE ! ALLEZ CHERCHER UN DEFIBRILATEUR DEPECHEZ-VOUS !

Lorsqu'elle arriva à trente impulsions sur le ventre elle lui fit deux bouches à bouche puis recommença encore trente fois son massage cardiaque. Lenna était parti le plus vite possible vers les chambres chercher l'appareil tandis que Patrick appelait des secours avec le Visiophone. Daniel regarda Joseph qui regardait, abasourdi le spectacle.
Marine tentait de sauver son infirmière avec les gestes de premiers secours, mais elle semblait très mal en point. En effet, Violette avait quelques écorces dans le bras et dans les jambes. Betty, quant à elle, était morte, l'explosion lui avait ouvert le ventre et elle avait des écorces partout sur son corps. Patrick raccrocha et au même instant, Lenna surgit.

- Les secours arrivent d'une minute à l'autre, ils foncent !

Marine était complètement décoiffée et avait des larmes aux yeux. Elle arrêta de faire son massage cardiaque dès que Lenna lui tendit le défibrillateur.

- Merci ! Charge à 300 !

Premier essai, Marine vérifia les pulsions du cœur, aucun résultat. Elle continua le massage cardiaque et le bouches à bouche.

- NON MERDE ! ELLE NE PEUT PAS MOURIR ! 350 !

Lenna tressaillit et chargea le défibrillateur. Marine colla avec peur son oreille devant la bouche de l'infirmière. Là, elle s'assit sur le sol puis s'écroula, en larmes.

- C'est bon… Elle respire !

***

Marc était en train de regarder les infirmiers charger Violette sur un brancard puis l'amener doucement dans l'ambulance. Les cinq assistants regardèrent, dépités, le triste spectacle. Le directeur de l'hôpital soupira puis se tourna vers eux.

- Excellent travail Marine, vous avez eu des réflexes parfaits ! Mais son état risque de s'aggraver, elle va être admise à l'hôpital de Féli-Cité, ils ont des excellents médecins n'ayez pas peur.
- Merci monsieur, répondit Lenna. On a vraiment eu la frousse pour elle.
- Par contre, je n'ai absolument rien compris à ce qu'il s'est passé, je vais donc vous demander des explications. Pourquoi Violette est mortellement blessée et pourquoi la gérante du magasin de baies est morte ?
- C'est une longue histoire… commença Daniel. On a été attaqué par… Par un tueur à gage appelé Kill. Il a fait des dégâts partout dans le Centre mais on a réussi à le contrer. Cependant, il a laissé un Pomdepik prêt à exploser. Et c'est là que…
- Que Betty a fait l'erreur de le prendre, continua Marine. Il fallait rester calme, et jamais le Pokémon n'aurait explosé et jamais ça ne se serait passé !

Marc était stupéfait. Il regarda les dégâts dans le hall puis poussa un soupir.

- Vous vous êtes tout de même bien comporté. Votre infirmière ne pourra pas être opérationnelle avant un moment.
- On saura se débrouiller ! répondit Patrick. Ce n'est pas la première fois que nous serons seuls dans le Centre.
- Je sais, mais j'ai quand même le devoir de faire que vous aurez toujours une infirmière avec vous. Je vais accompagner Violette à l'hôpital et je vous appellerai pour donner de ses nouvelles. Mais en attendant, voici sa remplaçante.

Une infirmière Joëlle arriva, le sourire aux lèvres. Les cinq assistants poussèrent en même temps un énorme soupir.

***

- Le Centre est un peu dévasté, mais on va quand même arriver à guérir quelques patients ! dit l'infirmière Joëlle, joyeusement. Les machines marchent encore ! C'est parfait ! Vous avez quelques patients ?
- On a un Goinfrex, répondit Daniel. Il a été guérit d'une infection par des vers et fait pour le moment des insuffisances cardiaques.
- Super ! Vous êtes tous des petits as dites-moi ?!

La voix stridente de l'infirmière agaçait franchement tout le monde. Marine se retint d'envoyer Kabutops la couper en deux.

- On va faire les présentations puisque vous êtes tous ici ! Alors bonjour, je suis Alva Joëlle ! Issue de la grande famille d'infirmière qu'est les Joëlle !
- Wah, c'est très impressionnant, ironisa Joseph.
- N'est-ce pas ? Nous avons une école d'infirmière spécialisée pour exclusivement les Joëlle ! Nous sommes donc très performantes !
- Ah ouais ? Vous savez changer les couches alors ?
- … C'est Joseph toi n'est-ce pas ? Il faut que tu sache que je…
- Si vous savez nos noms, inutile de se présenter ! dit Marine en lui coupant la parole. On peut aller travailler à présent ?
- Très bien ! Qui s'occupe du Goinfrex ?
- C'est censé être moi, répondit Daniel calmement.
- Alors vas-y, et fait attention à lui surtout ! Les patients sont la chose la plus importante de ce Centre ! Ils sont au cœur de notre métier et ils…

Daniel était déjà parti. L'infirmière soupira puis regarda les quatre autres assistants qui attendaient ardemment qu'elle les laisse partir aussi.

- D'accord, d'accord ! Toi le petit malin, à l'accueil !
- Rôh non ! se plaignit Joseph.
- Lenna c'est ça ? Tu mets à jour les dossiers, puis vous deux, vous vous tenez prêts au cas où nous aurions besoin de vous d'accord ?

Ils acquiescèrent puis se mirent en place. Alva sortit un téléphone portable et composa un numéro. Elle attendit trente seconde avant que quelqu'un décroche.

- Ah quand même ! Bon, je suis au Centre… Oui je vais prendre le contrôle mais les assistants n'ont pas l'air enjoué… Les prendre un par un ? Bonne idée, oui j'essaierai ! Bien sûr, je vais faire attention… D'accord ! Dis aux autres que bientôt, le Centre sera de nouveau en notre possession ! A bientôt !

Elle raccrocha.

- C'est parti ! La prise de contrôle a officiellement commencé !

***

Le dresseur était dans la chambre de Goinfrex devant Daniel. Il semblait abattu par les événements qui ont touché le Pokémon. D'abord il a eut un caillou au fond de l'estomac, puis des vers et enfin il avait des problèmes au cœur.

- Votre Goinfrex fait toujours de l'insuffisance cardiaque, il va rester encore quelques temps ici, je suis désolé.
- Quand sera-t-il enfin guéri ? Je ne peux plus vivre comme ça moi ! Il passe son temps au Centre et à chaque fois son cas s'aggrave ! C'est mon Pokémon je ne peux pas… je ne veux pas l'abandonner ! Sauvez-le vite !

Il fondit en larmes. Daniel se pinça la lèvre et tenta de le rassurer.

- A ce stade vous savez, il y a peu de chances que ça s'aggrave. Votre Goinfrex arrivera à survivre ! Je suis là pour ça !
- Je sais… Mais là je n'en peux plus. Est-ce qu'il souffre ?

Soudain, le petit Pokémon poussa un gémissement. Il regarda son dresseur avec un sourire. Il tenta de se lever mais Daniel le força à rester au lit.

- Je crois que non. Mais il ne veut pas mourir. Il lutte et je pense que c'est pour vous. Vous avez développé des liens très importants avec votre Pokémon ! Venez !

Le dresseur se leva et s'approcha du lit. Il prit la main de son Goinfrex qui la serra affectueusement. Le médecin sourit devant l'adorable spectacle. La porte s'ouvrit alors, laissant entrer l'infirmière Joëlle.

- Bonjour Monsieur… Salut Danny ! Je peux te parler un moment ?
- Si vous voulez, soupira-t-il. C'est à propos de ?
- De ton avenir jeune homme ! Tu poursuis des études de médecine en tant qu'assistant dans un Centre Pokémon au lieu de les faire à l'Académie. Cela révèle que tu as d'énormes capacités, tu pourras devenir un bon médecin.
- Où voulez-vous en venir ?
- Je suis une Joëlle, Daniel ! Ma famille a une énorme influence sur le plan médical. Je peux te faire monter vers les sommets, mais pour ça, il va falloir que tu m'aides.
- Je… Je ne comprends pas.
- Bien sûr que tu comprends ! Et tu hésites, je trouve ça normal. Mais si tu veux que je t'aide pour que dès l'année prochaine tu deviennes un interne dans l'hôpital d'Unionpolis, il va falloir que toi aussi tu m'aides !
- L… L'hôpital d'Unionpolis ?
- Eh oui ! A présent, tout ce que tu dois faire c'est signer un papier stipulant que tu désires changer d'infirmière. Moi à la place de Violette.
- … Je ne sais pas.
- Oui, c'est pour ça que je te laisse réfléchir. Tu viendras me donner ta réponse en fin de journée d'accord ? Et là, nous saurons tous les deux si tu as un avenir en médecine. Car ma famille peut t'aider à te hisser vers les sommets, mais elle peut aussi t'entraîner dans la misère totale.

Elle lui lança un sourire puis sortit de la salle. Daniel sembla très perturbé puis se tourna vers son patient.

- Bien euh… Je vais lui faire sa prise de sang journalière…

***

Tout était noir, Violette semblait perdue dans les ténèbres. Elle puisa en elle toutes ses forces pour reprendre le contrôle de son corps afin d'ouvrir les yeux. Ce qu'elle vit en premier, ce fut la tête de Marc. Elle hésita à les refermer.

- Tu es enfin réveillée ! Tout le monde s'est beaucoup inquiété pour toi tu sais ?

Elle toussa puis cracha un peu de sang qui restait dans sa bouche. Lorsqu'elle porta son regard vers ses jambes et son bras gauche, elle vit qu'elle avait des bandages.

- J'ai dormi combien de temps ?
- Tu es morte pendant près d'une minute m'a dit Marine. Après, tu as été amené à l'hôpital de Féli-Cité et tu es resté endormit pendant deux ou trois heures.
- Hm… J'ai eu peur d'être restée dans le coma.
- … Bon je dois te dire la vérité. En effet tu es resté dans le coma ! Ca fait maintenant dix ans ! Depuis, le monde a sombré dans le chaos et nous sommes devenus esclaves des Pokémon.
- HEIN ?!
- Mais non, je te fais marcher.

Il ricana tandis que Violette prit son coussin pour l'abattre sur son crâne en lui lançant des insultes.

- T'es vraiment bête, tu le sais ça ? J'ai faillit y croire moi. Tu es resté là tout le temps ?
- Ouais, t'inquiète pas j'avais un café. Tes assistants m'ont raconté ce qu'il s'était passé. Alors vous vous êtes fait attaquer par un tueur à gage ?
- D'après mes souvenirs, c'est ça. Je ne me souviens de plus rien après l'explo… Oh mon Dieu ! Est-ce que Betty s'en est sortie ?

Marc baissa la tête.

- Elle est morte. L'explosion lui a carrément ouvert le ventre et planté plusieurs écorces partout dans le corps. C'était assez horrible.
- … C'est encore une blague, pas vrai ?
- Je suis désolé Violette.
- OH NOOON !

Elle lâcha quelques larmes et frappa son lit. Marc soupira puis lui prit gentiment l'épaule pour l'arrêter.

- Ca suffit Violette, tu ne peux plus rien faire. On a un problème plus grave pour le moment. Ce tueur a été payé pour te tuer, quelqu'un te veut énormément de mal. Je veux savoir qui c'est alors je vais te demander si tu as des doutes sur quelqu'un.

Violette plongea dans ses souvenirs et pensa à… Non… Quand même pas ?

***

Alva semblait fière d'elle. Elle continua de parcourir les couloirs puis arriva dans la salle où Lenna classait des dossiers. L'infirmière jubila puis rentra.

- Bonjour ! Comment vas-tu ?
- … Ca va aller merci. J'ai presque fini de classer les dossiers, il n'y en avait pas beaucoup. Le Centre est bien géré.
- Ah oui ? Tu ne penses pas plutôt qu'il tombe dans un chaos total ? Regarde-moi tous ces dégâts ! Et puis beaucoup de Pokémon sont morts ici.
- Pas tellement ! Et puis s'il y a dans de dommages, c'est à cause d'un tueur qui est venu foutre le bordel ici ! Nous n'y sommes pour rien.
- Toi c'est Lenna hein ? Celle qui a tué l'Airmure de Charles Minéral le champion de Joliberges si j'en crois les dires.

La spécialiste en Pokémon électrique s'arrêta d'écrire sur une feuille pour se tourner vers Alva. L'infirmière sourit en s'apercevant qu'elle avait fait mouche.

- Comment savez-vous que…
- Peu importe, je suis une Joëlle, j'ai accès à tous les dossiers. Alors je vais te faire une proposition que tu ne pourras pas refuser. Cette tâche sur ton dossier va te poursuivre toute ta vie ! Mais comme je viens de te le dire, grâce à ma famille j'ai accès à ça. Alors voilà… Pourquoi je n'effacerai pas cette vilaine rature définitivement ?

- Vous feriez ça ?! Vous pouvez ?

Lenna semblait avoir de la peur dans la voix. Ce qui attisa l'assurance de l'infirmière Joëlle qui sourit de plus belle.

- Bien sûr que je le peux. Mais pour cela, il va falloir me rendre service : je veux juste que tu signes un papier disant que tu me veux à la place de Rena. Une simple signature en échange d'un énorme privilège, ce n'est pas cher payé.
- Je… Non ! Enfin Rena est notre infirmière ! Je ne peux décemment pas lui faire ça ! Je suis désolé mais non.

Alva décela une hésitation. Elle mit la main sur l'épaule de l'assistante en lui disant tout bas, sans que personne ne puisse entendre.

- Tu n'as pas vraiment le choix. Je vais te laisser réfléchir. Tu me donneras ta réponse plus tard. Bon classage de dossier !

Elle sortit en jubilant.

***

Marine inspectait un Yanma, dans le hall. Son aile était un peu froissée mais il n'avait contracté aucune maladie.

- Ecoutez, il semble qu'il va bien. Son aile va se remettre droite d'aile même dans l'intervalle d'une ou deux jours. L'idéal serait que vous fassiez attention à ce qu'il ne s'envole pas avant qu'elle soit remise dans son état normal d'accord ?
- Très bien, je vous remercie beaucoup Madame !
- C'est ça… Au revoir.

Elle regarda la dresseuse partir puis écrivit un rapport très bref en deux lignes qu'elle alla remettre ensuite à Joseph.

- Voilà, tu peux envoyer ça à Lenna pour qu'elle classe le dossier.
- D'accord… Euh Marine ?
- Hm ?
- Tu sais pendant l'attaque tu m'as euh… On s'est embrassé non ?
- Pas du tout, c'était une illusion que ton cerveau a engendrée, on ne sait comment. Diagnostic : va t'interner à l'hôpital psychiatrique.

Le spécialiste en Pokémon Poison soupira.

- Sérieusement Marine… Qu'est-ce que ça veut dire ?
- … Rien du tout ! J'ai eu un moment de folie, ça peut arriver. Je suis désolée si ça t'a perturbé à ce point.

Joseph eut un sourire amusé. Marine allait partir mais il la retint par le bras pour l'embrasser. A sa propre surprise, sa collègue ne se débattit même pas. Elle se laissa faire jusqu'à ce qu'un patient entre dans le Centre.

- Excusez-moi, mes Pokémon sont K.O ! Vous pouvez les ranimer ?
- B… Bien sûr, répondit Joseph. Donnez-les-moi.

Marine toussota puis rougit un peu.

- Je… vais voir si Lenna a besoin d'aide. A plus tard !

Joseph lui sourit mais elle n'osa pas tourner le dos. Elle disparut dans les couloirs sombres du Centre. Au même instant, Alva Joëlle entra.

- Tiens, voilà Pampers Woman à la rescousse, ricana Joseph. Voici vos Pokémon en pleine forme Monsieur.

Le dresseur prit ses Poké Ball et partit. L'infirmière fronça les sourcils et s'avança vers le spécialiste en Pokémon Poison.

- Bonjour jeune homme ! Tout se passe bien ? Tu te plais à l'accueil ?

Il grommela et choisit de ne pas répondre à la question. L'infirmière eut un sourire puis lu un papier qu'elle sortit de sa poche.

- « Procès de Joseph Lerd, le 12 Mars 2009, objet : Abus d'ordinateur à usage personnel »… Ce n'est pas très glorieux dis-moi ?
- J'ai pas très envie de parler de ça merci. Je n'ai plus le droit d'utiliser un ordinateur depuis et j'avoue que ça me manque.
- Ca peut s'arranger mon grand. Tu as de la chance, ce n'a pas été retenu sur ton dossier… Pour le moment bien entendu !
- Oulà ! Qu'est-ce que vous insinuez ?
- Si tu persistes à être insolent, je n'hésiterai pas à user de mon influence pour te bloquer totalement l'accès aux études supérieures de médecine. Tu es jeune, tu as seize ans, presque dix-sept. Pour un étudiant c'est peu. Ce qui veut dire que tu as décidé de devenir un assistant avant de commencer l'Académie… Pourquoi ?
- …Pour aller plus vite. Si je me débrouille avec deux ou trois ans d'assistanat en Centre, j'aurai droit à une place d'interne sans études à l'Académie. Marine a choisit ça aussi, mais il semble qu'elle pourra être interne dès ses premiers examens…
- Elle est sûrement douée. Ecoute-moi bien Joseph. Je vais te faire un marché ! Si tu signes un papier disant que tu désires remplacer Violette par moi, je ne ferai rien concernant ton procès et en plus, je t'offrirai un ordinateur portable rien qu'à toi !
- Rien qu'à moi ?
- Eh oui ! C'est tentant n'est-ce pas ? Tu veux que je t'apporte un stylo pour qu'on en finisse tout de suite ou tu préfères réfléchir. Je ne veux pas te forcer !

Elle ricana intérieurement. Joseph leva les yeux au ciel.

- Allez vous faire foutre !

***

Patrick était dans l'arrière cour du Centre et entraînait ses deux Pokémon. Ponyta galopait en variant ses vitesses comme elle le pouvait tandis que Galifeu essayait de trancher le plus de bois possible.

- Je crois que ça ira ! dit Patrick en riant. Tu as coupé assez de bois comme ça, pas la peine de se retrouver avec des cures-dents !

Le Pokémon s'arrêta, plutôt fier de lui. Son dresseur alla lui caresser la tête et autorisa Ponyta à se stopper. Elle réclama, elle aussi, un peu d'affection.

- Bien sûr que tu as été géniale ma grande. Tu as une bonne endurance, vraiment ! Si je ne deviens pas médecin, je sais en quoi je pourrai me reconvertir.
- Ca pourrait arriver !

Le spécialiste en Pokémon Feu s'immobilisa puis se retourna doucement. L'infirmière Joëlle avança vers lui. Il fronça les sourcils mais elle envoya une Poké Ball. Un Lippoutou en sortit et le Pokémon lança Blizzard. Ponyta se plaça devant son dresseur pour le défendre avec Lance-Flamme.

- Mais… Ca ne va pas de m'attaquer comme ça ?
- Je voulais juste te tester pour voir si tu étais un bon combattant. Beaucoup de choses peuvent se voir à travers une attaque Feu. Comme par exemple, ton Ponyta a les trompes de Fallope qui ont éclaté ?
- F… Fermez-la !

Elle sourit puis rappela Lippoutou.

- Ca a dû te faire très très mal ça ! L'attaque Lance-Flamme avait des flammes trop étendues et incontrôlées. C'est un signe évident !
- Vous êtes observatrice… Mais laissez-moi à présent !
- Je peux faire arranger ça tu sais ?

Patrick la regarda avec stupeur. Alva leva les yeux au ciel en pensant qu'il était vraiment trop facile de les piéger.

- Eh oui ! L'anatomie des Pokémon est différente de la nôtre : je peux faire remplacer ses trompes. Je connais un très bon chirurgien à l'hôpital de Vestigion, il n'aura aucun problème à le faire. Qu'en penses-tu ?
- Ce serait… Ponyta pourrait se reproduire normalement ? Je veux dire… Il n'y aura aucune altération ?
- Rien du tout ! Je peux te faire avoir cette opération qui, d'ailleurs, comporte très peu de risques si tu me rends un petit service !
- Lequel ?
- J'ai besoin que tu me demandes à la place de Violette ! Je suis meilleure qu'elle et puis, je pourrais vous amener loin ! Après tout, je suis une Joëlle non ? Qu'en penses-tu ? Rejoins mon camp, et tu auras un avenir assuré !
- Je… Mais tout de même… L'infirmière Rena a déjà tellement fait… Je ne peux pas lui faire ce coup là, je suis vraiment désolé mais…
- Tu peux et tu vas le faire ! Tu tiens à ta Ponyta n'est-ce pas ?

Le spécialiste en Pokémon Feu se tourna vers son Pokémon qui n'avait pas l'air de bien comprendre ce qui était en train de se passer.

- Je…
- Réfléchis et donne-moi ta réponse !

Puis elle repartit vers le Centre.

***

Marc tendit le gobelet de café encore chaud à Violette. L'infirmière le saisit puis le but immédiatement.

- Merci…
- De rien. Alors tu penses que les infirmières Joëlle seraient belliqueuses au point de t'envoyer un tueur ? J'ai quand même du mal à y croire.
- Si ce n'est pas ça, je ne sais pas. Rien qu'au début, elles ont tout fait pour que j'abandonne la partie. Mais j'ai résisté et elles auraient peut être pu m'envoyer ce type. Pour l'instant, je ne vois qu'elles.
- Ce serait tout de même fou ! Ca fait des années et des années qu'elles servent la médecine sans jamais avoir commis de fautes aussi graves. Je ne les vois pas en tueuses.
- Tu les voyais me harceler tout le temps ?
- Non, j'avoue que non.

Marc sembla pensif pendant un moment de silence. Violette tourna la tête vers ses vêtements sur une chaise.

- Tu peux libérer mes Pokémon ? Ils doivent prendre l'air un moment.
- Bien entendu !

Il prit les trois Pokémon puis Rose, Choupi et Tobby apparurent. Marc sembla enchanté en voyant le Kirlia.

- Il a évolué ! Il est vraiment magnifique, tu as fait du beau travail.
- Oui, pourtant il est encore jeune. Je pense pouvoir en fait un bon Pokémon médecin. A propos d'évolution, comment va Bertha ?

Marc arrêta de caresser Tobby pour lancer une Poké Ball qui libéra une Leuphorie. Choupi sembla enchanté et sauta dans ses bras. Cependant, le Pokémon de Marc faillit l'étouffer. Violette eut un petit rire.

- Elle m'a l'air vraiment en forme. Il faudra qu'on fasse une revanche entre Choupi et Bertha un jour.
- Quoi ? Mais je vais te massacrer voyons ! Ca se voit bien que je t'aie surclassé.
- Bah tiens, j'aimerai bien voir ça.
- Est-ce que cet accès d'enthousiasme veut dire que tu me pardonnes ?

L'infirmière ne répondit pas. Elle regarda le paysage par la fenêtre, le soleil était en train de se coucher et la nuit allait bientôt tomber sur Sinnoh.

- Je ne sais pas Marc. Vraiment, je ne sais pas. Peut être un jour, mais là je ne pense pas être prête, je suis désolée.

Le directeur de l'hôpital acquiesça puis regarda les Pokémon de son amie d'enfance. Ils semblaient tous très heureux d'être avec lui. Alors peut être que si ses Pokémon l'aimait bien, elle finirait par céder ensuite.

***

Marine vaquait à son occupation favorite : nettoyer ses instruments de travail. Mais cette fois, elle avait sortit son Kabutops qui était surpris qu'elle fasse appel à lui pour autre chose que de se battre ou faire une opération.

- Je t'ai appelé ici parce que j'ai envie de te parler. Tu es mon premier Pokémon et au fond, je ne t'ai jamais bien traité. Je ne culpabilise pas tellement en plus, mais j'aimerai te poser une question… Est-ce qu'il est possible pour toi qu'un jour je tombe amoureuse de quelqu'un ? N'importe qui…

Le Pokémon sembla intrigué de cette question. Il ne connaissait pas tellement sa maîtresse mais le sentiment d'amour était le même pour tous. Il hocha la tête de manière affirmative. La chirurgienne eut un sourire.

- Ecoute, je ne sais pas ce qui va se passer mais j'avoue avoir un peu peur en ce moment. A cause de ce tueur, j'ai passé les pires moments de ma vie. J'ai fait des tonnes d'opérations J'ai même vu des vers dévorer les organes d'un Goinfrex mais combattre ce n'est pas mon truc. Tu me défendras quand même, même si je t'ai maltraité ?

Kabutops soupira et fit un geste affirmatif. Marine hésita et caressa son Pokémon. Elle s'arrêta tout de suite lorsqu'elle entendit la porte s'ouvrir.

- Salut Marine !

La chirurgienne prit son chiffon et continua d'astiquer son bistouri sans faire attention à Alva qui venait d'entrer.

- … Je ne sais pas quoi te dire jeune fille. Tu es froide, tu évites de te mêler aux autres et tu es une grande chirurgienne. Ton dossier démontre de grandes prouesses médicales jamais vues à ton âge. Tu possèdes des capacités hors normes et pourtant, tu n'aimes pas les autres. Alors peut être que c'est dû à ton poste de chirurgien, je ne sais pas.

Marine ne répondit toujours pas et choisit d'astiquer l'écarteur à présent. Kabutops semblait mécontent de la présence de l'infirmière mais se tenait à carreau.

- Je ne peux rien te proposer, les postes à prestiges, tu les auras, tu n'as pas besoin de moi. Alors je vais quand même te le demander. Tu te fiches des autres alors qu'est-ce que ça peut bien te faire… Signe pour moi un papier disant que tu me veux à la place de Violette et je te faciliterai la vie en te donnant tous les droits que tu veux sur le Centre.
- Comme c'est gentil, je suis tout émue ! Vous les Joëlle vous n'abandonnez jamais ! Qu'est-ce que vous avez contre Violette ? Dites-moi les raisons qui vous poussent à la harceler et, si elles me semblent valables, je vous signe votre fichu papier !

L'infirmière soupira.

- D'accord ! Dans la famille, c'est nous qui occupons les Centre Pokémon, de mère en fille. D'après la légende, c'est Arceus lui-même qui a demandé aux Joëlle de veiller sur la bonne santé des Pokémon. Alors nous avons créé les Centres, des maisons, au départ, servant à nourrir et à guérir les Pokémon sauvages. Ensuite, quand la Poké Ball et arrivé, il a fallu nous moderniser. Notre famille s'est agrandie parce que le monde avait besoin de nous. Alors les Joëlle ont créé la médecine spécialisée pour les Pokémon !

Elle marqua une pause. Marine écoutait attentivement, tout en nettoyant son appareil. Alva reprit alors son récit.

- D'autres médecins ont été éduqués pour ça, sans que ce ne soit des Joëlle, après tout qu'importe, ils faisaient de nouvelles découvertes très utiles et travaillaient dans les hôpitaux. Les Centres, ils nous les laissaient, car c'était notre destin, notre but ultime ! Un jour, il n'y a pas si longtemps, l'infirmière Joëlle du Centre de Floraville est décédée des suites d'un cancer, la tradition voulait que ce soit sa fille qui vienne, mais elle n'a pas pu. L'Académie Pokémon a envoyé une surdouée s'en occuper. Pourquoi elle a fait ça au lieu de devenir médecin ? Je l'ignore, mais elle a prit sa place. Personne ne peut intervenir dans notre destin de prendre les Centres ! Personne ! Alors nous voulons prendre sa place, pas méchamment, juste pour rétablir l'équilibre des choses.

Marine eut un rire amusé. Elle posa l'écarteur qui était brillant de propreté. Elle regarda Alva droit dans les yeux.

- C'est vous qui deviez prendre en charge le Centre à l'origine n'est-ce pas ?
- … En effet.
- Je l'aurais parié !

***

L'infirmière avait réuni les cinq assistants dans le hall d'entrée. Ils étaient assis dans des fauteuils et elle était debout, un papier à la main. Tout le monde semblait pensif, sauf Joseph qui avait hâte de pouvoir partir se coucher.

- Bien ! Vous savez pourquoi vous êtes tous les cinq réunis ici ! Vous allez signer ce papier disant que vous désirez que je remplace l'infirmière Rena. Au minimum, il me faut trois signatures, mais cinq, ce serait parfait. Alors qui veut être le premier ? Joseph, tu as bien réfléchi ? Je sais que tu es insolent, négligeant, mais ton avenir peut être en jeu !
- Vraiment vous êtes folle ! Jamais je ne trahirai Rena ! Elle a beaucoup fait pour moi, alors non, ce n'est pas possible, désolé pour vous, mais vous n'aurez pas ma signature. Même si je devais être viré à tout jamais, c'est non !

Alva hocha la tête et regarda les quatre autres. Ils ne parlèrent pas et semblaient hésitants. Daniel remonta ses lunettes d'un geste machinal. L'infirmière soupira.

- Je vous rappelle que si je suis votre infirmière, je ferai tout pour assurer votre avenir ! De plus, je ne suis pas mauvais médecin, je pourrai vous apprendre des choses et vous adorerez sûrement travailler avec moi.

A la surprise générale, Daniel se leva. L'infirmière Joëlle eue un sourire puis lui tendit le stylo. Il le prit, hésita un instant, puis signa le papier. La femme jubila tandis qu'il allait se rasseoir. Joseph regardait son camarade scandalisé. A son tour, Marine se leva, provoquant encore une fois la stupeur de tous.

- Bien jeune fille… Tiens prends la feuille.
- Patrick… Lenna… Vous n'êtes pas assez stupides pour signer, je le sais ! Quant à vous… Mademoiselle Alva, ne comptez pas sur moi pour être complice de votre entreprise de jalousie ! Votre feuille, voilà ce que j'en fais !

Elle la déchira en deux, puis en quatre et la jeta à la poubelle. Patrick sourit et Lenna applaudit le geste.

- Espèce de petite…
- Oh ça va vous ! Rena est le meilleur médecin que j'ai connu. Je ne veux pas la remplacer par une pimbêche qui veut juste prendre la place de sa maman !
- Là, tu vas trop loin !
- Et vous alors ? Je peux très bien parler de ce que vous avez promis à tous pour vous faire mousser. Nous sommes à égalité, maintenant vous allez nous laisser travailler en paix ou je porte plainte pour harcèlement.

Joëlle serra les poings mais finalement, parti sans rien dire. Elle prit la porte du Centre, l'ouvrit puis sortit en la claquant. Tout le monde regarda Daniel d'un air déçu.

- Je suis désolé, mais quitte à faire des études en Centre, autant assurer mon avenir au maximum !

Personne ne répondit et ils partirent tous dans leur chambre, sauf Lenna qui se montra volontaire pour assurer l'accueil.

***

Daniel alla vers la chambre du Goinfrex en soupirant. Il ne voulait pas de mal à Violette, juste assurer son propre avenir. Qu'est-ce qu'il y avait de grave ? Mieux vaut penser à soi qu'aux autres après tout. Il rentra dans la chambre en méditant sur le fait qu'il avait raison. Le dresseur s'était endormit sur une chaise et le Goinfrex avait aussi l'air de dormir. Mais il remarqua quelque chose d'anormal. La prise des machines était débranchée, il avait dû butter dedans sans faire exprès.
Paniqué, il courut vers le Pokémon Normal pour écouter son cœur, mais aucun battement. Daniel sauta sur le défibrillateur.

- Putain non merde !

Première impulsion, aucun résultat. Il tenta une deuxième… Toujours rien. Troisième, quatrième !

- Oh non putaaaain !

Il commença à pleurer. Il retenta une cinquième, commença un massage cardiaque.

- MERDE ! H… Heure du décès… 23 heures trois !