Chapitre 6 : Fuite
Chapitre 6 : Fuite
Après quelques jours de voyage morose, Aria retrouva le chemin de son village relativement facilement, mais le spectacle qui l'attendait la surprit: les gens travaillaient, reconstruisaient les maisons détruites par la tornade, riaient, couraient, était heureux! Cette idée même lui paraissait impensable. Comment pouvait-on même sourire alors que des gens étaient torturés et tués? A quoi bon reconstruire ces maisons, elles seraient détruites un jour ou l'autre...
Elle apprit par ses parents soulagés de la revoir en vie qu'elle avait disparu pendant presque trois semaines. Ils avaient essayé de la retrouver, mais nul n'avait osé trop s'éloigner du village, à cause des pokémons sauvages et de la Lazer.
« La Lazer? Qu'est-ce que vous voulez dire? » demanda-t-elle d'un d'autant plus surpris qu'elle n'avait pas encore raconté ce qu'elle avait vu.
Elle et ses parents étaient installés dans la cuisine, volets fermés et lumière tamisée. Elle venait d'arriver, et de réveiller ses parents au beau milieu de la nuit. Ils étaient en train de s'échanger les nouvelles.
Sa mère reprit:
« Après la tornade, des dirigeants de la Lazer sont venus, et nous ont dit que c'était eux qui avaient créé l'ouragan. Ils nous ont menacé de raser entièrement le village si on ne passait pas sous leur commandement.
QUOI???
Chut, baisse le ton, la milice pourrait nous entendre!
Nous faisons désormais partie de leur empire, ils ont tout un gouvernement en fait, il paraît qu'il vont même faire des élections et réinstaller des moyens de communication et de transport entre les villes. Ils veulent que le monde retrouve sa grandeur d'antan.
Mais c'est n'importe quoi! Enfin, vous savez bien qu'ils sont des criminels et que..
Aria, calme-toi, ils ne doivent pas découvrir ta présence. Et rassures-toi, nous sommes du même avis que toi, ces types manigancent quelque chose. On murmure qu'ils sont en train de prendre le contrôle des villages isolés un par un, et que quand ils seront assez étendus, ils lanceront une grande offensive sur la capitale.
Ecoute, tu vas rester ici quelques jours, le temps de te refaire une santé, et de stocker des vivres, puis tu vas partir. Mais ta présence ici doit rester un secret total, certains habitants soutiennent la Lazer.
Partir? Quoi? Mais où? Vous... vous ne voulez plus de moi ici? »
Aria ne comprenait pas ce rejet, elle voulait rester ici!
« Tu ne comprends pas, mais vu que la Lazer ignore ta présence ici, tu es encore libre de t'enfuir, ils ne te poursuivront pas. Nous sommes piégés tu comprends? On est à leur merci, on doit obéir au moindre de leurs ordres sans discuter, ils parait qu'ils vont demander une personne par mois qu'ils enverront travailler pour eux. On ne veut pas qu'il t'arrive quoi que ce soit tu comprends?
Mais je...
Ecoute, on est tous épuisés, allons nous coucher, nous en reparlerons demain. Tiens, veux-tu rentrer tes nouveaux pokémons dans leurs pokéballs, ils ne faudrait pas qu'ils fassent du bruit, la Lazer a recensé les pokémons domestiques...et confisqué les plus puissants...
C'est à dire que je ne les ais pas vraiment capturés, ils...
Ne t'en fais pas, tiens prends ces balls et essaie. »
Les Metamorphs s'étant volatilisés à leur arrivée dans le village, Aria n'était accompagnée que de Fly et de Galakid, qu'elle avait baptisé Bloavez pendant le voyage.
Et de façon surprenante, les deux pokémons rentrèrent sans hésiter dans les pokéballs. Le père d'Aria plaça celles-ci dans leur régénératrice familiale, machine qui soignait les pokémons de la même façon que celle des centres, mais beaucoup plus lentement.
« Vu leurs blessures respectives, il vaut mieux qu'on les laisse la-dedans une semaine, et ça nous laissera le temps de faire les préparatifs. En attendant, tu te souviens de ta cachette sous la mezzanine? Tu devras y rester pendant une semaine. Bonne nuit ma chérie. »
Sur ces entrefaites, ils montèrent dans la chambre de la jeune fille pour dépoussiérer ce petit réduit ou elle adorait jouer quand elle était plus jeune. Après que ses parent soient partis, Aria alla dormir sur le petit matelas qui lui servait quand un ami restait dormir à la maison. Et cet ami était si souvent Cerro que ce lit était juste « le lit de Cerro ».
Aria s'endormit sur ces pensées amères, repensant à toutes les bêtises qu'ils avaient faites ensemble. Le lendemain matin, elle se réveilla dans une semi obscurité, les planches constituant les murs n'étant pas bien ajustées, elle laissaient entrer les rayons du soleil levant.
Après quelques minutes, sa mère vint frapper, lui apportant ses propres vêtements, dans la cas ou, si quelqu'un l'apercevait par la fenêtre, on la prenne pour elle. Le Mentali de sa mère l'aida, la déplaçant par télékinésie pour qu'elle ait l'air de marcher. La jeune fille se dirigea donc vers la salle de bain, pendant que sa mère l'attendait dans le réduit: en cas d'une visite impromptue de la Lazer, son père expliquerait que sa femme était sous la douche. Il fallait limiter au maximum les risques que quelqu'un se rende compte que trois personnes était dans la maison, et l'usage du fauteuil roulant était prohibé, étant trop voyant.
Aria retourna ensuite dans le réduit, où son père lui apporta un bon petit déjeuner revigorant, avant que les deux adultes ne partent à leurs occupations respectives. Ils laissèrent Aria avec de la nourriture et de l'eau, et également les toilettes portatives de leur caravane, détail terre-à-terre, mais utile lorsqu'on doit passer une journée complète dans un cagibi.
« Tu comprendras qu'on ne peut fermer les rideaux de ta chambre en plein jour, il faut qu'on préserve les apparences au maximum, rien ne doit changer de nos habitudes. » lui explique sa mère.
Pendant les jours qui suivirent, ce manège se répéta, Aria ne sortant que la nuit et au petit matin. Et étrangement, ce fut l'une des meilleures semaine de sa vie, elle n'avait jamais été aussi proche de ses parents, et leurs conversations se prolongeaient jusqu'à tard dans la nuit. Ils étaient tous trois conscients que l'avenir était incertain, et qu'il fallait profiter au maximum de ces derniers instants ensemble.
Cependant, elle ne parla pas une seule fois de Cerro, n'ayant pas le coeur de briser celui de ses parents comme le sien l'était. Elle leur parla par contre du repaire de la Lazer, il était était important de diffuser l'information aux gens de confiance, au cas où... Elle parla également des nombreux esclaves, mais passa sous silence les tortures, il était inutile d'accabler les gens.
La nuit du départ, pendant que son père lui rapportait Fly et Bloavez, sa mère lui tendit une troisième Pokéball.
« Qu'est-ce que...?
Parangon, mon Pyroli. J'ai réussi à la cacher à la Lazer, et beaucoup de villageois pensent qu'il est mort de vieillesse, vu qu'il sort très peu. Il n'est pas très puissant, mais j'ai eu peur qu'ils ne l'abattent, comme ils l'ont fait au... » sa mère s'interrompit, des trémolos dans la voix.
Elle interrogea son père du regard. Il secoua la tête d'un air sombre.
« Ils ont abattu beaucoup de pokémon considérés faibles. Comme par exemple le Magicarpe de Daniel, le petit frère de Cerro...
Tiens, prends Parangon, il pourra te porter. Bien sûr il n'est plus aussi fougueux qu'avant, il ne courra pas, mais il pourra au moins te faire quelques kilomètres chaque jour.
Prends ce sac, j'y ai mis des vivres, de la corde, un couteau suisse, des potions et pokeballs, une carte du continent ainsi qu'un carte détaillée des environs de Gabître, une tente ultra légère, un sac de couchage, un...
Merci Papa. Merci Maman pour ton Pyroli.
Et grâce aux sangles spéciales que j'ai mises sur le sac, tu peux l'accrocher au dos d'un pokémon. Tu pourrais le mettre sur Fly, le sac est assez lourd, mais il devrait être capable de le porter. Tu peux monter sur Parangon, mais ménage-le, comme ta mère l'a dit il ne rajeunit pas. Et fait attention au Typoni, il n'est pas capable de te porter ni de te traîner, son ossature n'est pas assez puissante. Quand tu l'as ramené, son dos était en vraiment mauvais état, mais tu n'avais pas le choix. J'ai demandé à Charles, mon copain kiné, de lui remettre les vertèbres en place, donc les dégâts sont réparés, mais évite de trop lui en demander, ce n'est qu'un bébé. Ton attirail est le maximum qu'il puisse supporter pour le moment. »
Le coeur gros, après leur avoir fait ses adieux, elle s'en alla, montée sur le vieux Pyroli, Typoni trottinant à leurs côtés. Le plan de sa mère était de se diriger vers la côte, qu'elle mettrait probablement presque un mois à atteindre, si elle voulait ménager Parangon et éviter les routes principales.
Elle replongea dans sa mélancolie, mais le poulain de cessait de la titiller, de venir ennuyer Parangon en lui mordillant le dos, et elle fini par éclater de rire en voyant son manège: le jeune pokémon tout fou et plein de vie, voulant inciter le vieux Pyroli à jouer, celui-ci faisant mine de l'ignorer. Mais Parangon commençant à fatiguer, et les premières lueurs de l'aube à poindre, elle décida qu'il était temps pour une pause, pendant laquelle elle décida de sortir Bloavez afin qu'il puisse se dégourdir les jambes. L'équidé vint sentir le pokémon de métal, avant de lui donner des coups de nez comme s'il essayait de le retourner. Et Galekid avait l'air d'apprécier le jeu, poussant des petits cris joyeux tout en se campant fermement sur le sol.
Les jours, puis les semaines passèrent, sans qu'aucun évènement particulier ne les ponctuent, ce qui était en soi bizarre, car il était normalement très difficile de voyager. Ils auraient dû rencontrer des pokémons sauvages, mais ça n'avait pas été le cas. Ceci était probablement très mauvais signe: la lazer était réellement en train d'étendre un empire tentaculaire sur le monde. Il était possible qu'ils aient réussi à capturer ou éliminer les pokémons sauvages ultrapuissants, rendant les plus faibles méfiants des humains.
Cependant, les jeux entre Fly et Bloavez devenait de plus en plus violent, ce qui inquiétait Aria, même si les deux animaux avaient l'air de bien s'entendre. Du jeu du retournement, ils était maintenant passés au poulain donnant des coups de sabots au pokémon métallique, et dont le but semblait être de tenir le plus longtemps possible, pour l'un comme pour l'autre. Au bout d'un mois de voyage, Typoni se cabrait, et laissait retomber ses deux pattes avant sur Galekid, qui ne bronchait pas, sa carapace se contentant de luire d'un reflet plus puissant.
Enfin, après un voyage long et monotone, ils arrivèrent en vue du Portferrand, une ville de pêcheurs. C'était ici qu'Aria devait acheter un ticket de Ferry pour Hoenn, à destination de Poivressel.