Pikachu
Pokébip Pokédex Espace Membre
Inscription

Smirnoff, 3ème recueil de Domino



Retour à la liste des chapitres

Informations

» Auteur : Domino - Voir le profil
» Créé le 01/04/2009 à 23:09
» Dernière mise à jour le 01/04/2009 à 23:09

» Mots-clés :   Drame   Humour   Présence de personnages du jeu vidéo   Romance   Sinnoh

Si vous trouvez un contenu choquant cliquez ici :


Largeur      
Toute une vie... CHAPITRE SPECIAL
Ca fait déjà 10 mois que j'écris cette fic. J'ai donc décidé de vous offrir le fruit d'un travail de presque trois heures trente à savoir TOUS les flashbacks concernant Etienne, retraçant ainsi sa jeunesse et sa vie en générale dans la mesure évidemment des flashbacks concernant presque exclusivement Etienne (Certains passages sont repris de chapitres de Kenneth ou de Linda). Vous pouvez ainsi vous y référer pour avoir des détails sur la vie du héros de cette histoire.

Ce document ne sera pas complété avec les 3 chapitres de flashbacks prévus pour Etienne sur la saison 6. Ce qui ne veut pas dire qu'on ne reviendra pas sur le passé antérieur, au contraire.

Bonne lecture, relecture, ou même regard curieux que vous porterez à tout ça !

PRIME JEUNESSE (0 à 9 ans) (1978-1987)

Etienne, 1 an.
-Etienne, regarde papa ! Regarde papa, Etienne !
Erwan et Lucario réparaient un porche. Aux côtés de Coralie qui tenait Smirnoff, Frédo, encore trentenaire à l'époque.
-Merci bien, Erwan... C'est très gentil de votre part...
-C'est tout naturel, Fredo. La foudre avait salement amoché votre porche, on ne pouvait pas le laisser comme ça ! Hein, mon vieux Lucas ?!
Le Lucario hocha la tête.
-Vous m'avez déjà aidé pour tant de choses ! Ca me gêne presque !
-Mais non, il n'y a pas de quoi ! Je suis policier, pas inhumain ! Et puis...
Erwan se pencha vers son confrère dresseur.
-Il faut que j'impressionne ma femme, vous comprenez...
-Oh, Erwan !! soupira Coralie.

Estelle, 4 ans, était obligée de se coltiner Bébé Etienne dans un couffin à côté d'elle. Erwan vit sa fille tendre une cuiller vers Etienne.
-Non Estelle... Ton frère ne se mange pas !
La fillette retira sa cuiller, taquine, sous le sourire bienveillant de son père.
Lucario arriva pour mettre la table. Coralie soupira.
-Il va falloir que je renvoie la gouvernante si ça continue, tes Pokémon font tout le travail de la maison... soupira Coralie.
-Ah bah ça tu t'y attendais en m'épousant !
Coralie sourit et se plaça à côté de son mari qu'elle embrassa tendrement. Estelle poussa par inadvertance le couffin d'Etienne, rattrapé par Lucario qui regarda bébé Etienne. Le nourrisson ouvrit les yeux et aperçut les grands yeux fauves qui le fixaient. Il tendit les bras, cherchant à les attraper.

Erwan et son Lucario étaient présents dans la maisonnée durant les premières années de la vie d'Etienne et d'Estelle.
-Bon, Etienne, on t'emmène au parc avec Lucas ?
-Ok Papa !
Le gamin rejoignit son père, heureux de pouvoir faire ce genre de ballade.
-Et devine ce que j'ai vu ce matin : Un couple d'Heledelle. On arrivera peut-être à les voir s'installer dans un nid !
-Super, j'ai jamais vu !
-Je doute qu'on y arrive vraiment en fait, c'est rare qu'ils se laissent observer pendant qu'ils le font !
-J'espère au moins qu'on pourra...
-J'espère aussi, mon grand.

A l'âge de cinq ans, Etienne était déjà particulier. Par les fenêtres de la villa qu'il habite à Mérouville, qu'il a toujours habité, il regardait dehors ce que personne d'autre ne pouvait voir. Les poubelles des voisins sont régulièrement assaillies par des Chaglam. Des Nirondelle ont élu domicile dans la gouttière des voisins d'en face. Un Castorno est le vrai coupable des renversements de poubelles dans le quartier : Mr Pace a tort d'accuser les skateurs.
Il va voir sa mère, Coralie Smirnoff. A l'époque, elle est encore toute vouée à son second enfant.
-Maman, il se passe plein de choses dehors.
-C'est la rue, mon chéri... Il ne se passe pas grand chose.
Etienne part dans le couloir, peu assuré. Il n'avait pas l'habitude de crapahuter dans la maison. Dehors c'était tellement mieux.
Il passe devant la chambre de sa grande sœur qui a quatre ans d'écart avec lui.
-Estelle tu veux jouer ?
-Nan Etienne.
-Oooh...
Etienne va dans sa chambre. Elle est parfaitement rangée, toujours. Ses parents ne lui achetaient plus de jouets, il n'y prêtait aucune attention. Ils avaient longtemps cru le petit atteint du syndrome d'Asperger c'est à dire d'autisme. Mais nullement, Etienne était juste dans son monde. Un monde ou les humains et les choses avaient peu de place.
-Fils, ça va ?
L'enfant tourna la tête vers un grand homme souriant, portant des lunettes, une veste noire et un pantalon. Il approcha de son enfant et il le prit dans ses bras.
-Tu vas bien, mon grand.
-Oui papa. Il s'en passe des choses dehors.
-Tu as vu toi aussi ? Les Noarfang ont pleuré toute la nuit !
-Leurs cris sont toujours tristes.
-C'est normal, ça. Et tu as entendu les Lineon qui grattaient les murs ?
-Oui... Ils ont senti la pluie comme tu l'as dit.
Le père avait enseigné au fils à observer convenablement le comportement des Pokémon et à interpréter leurs gestes. Le père et le fils partageaient une complicité similaire sur toutes ces choses qui relevaient des Pokémon. Et c'est pour ça que Smirnoff ne jouait pas. Il préférait regarder.

Deux ans plus tard, Etienne a sept ans.
La famille Smirnoff n'a pas de métier spécifique en vue. Coralie Smirnoff est critique littéraire. Erwan et son frère Simon sont dans la police Pokémon, au service déminage. Sa sœur Estelle est férue de toilettage de Pokémon mais son frère la voit plutôt styliste ou coiffeuse. Etienne ne sait pas trop, et si on lui demande il ne sait pas quoi répondre et son père ricane avec lui en lui disant "Tu feras ce que tu veux, va" Et puis il y a cette dame qui mange avec eux mais qui n'est pas de la famille. C'est elle qui a préparé le repas et briqué les parquets. C'est elle qui emmène Etienne à l'école. C'est la gouvernante, Debra Rozzini. Etienne la surnommait "Debra toute rose", à cause de son prénom tout d'abord, et ensuite parce qu'elle portait régulièrement une robe rose à motifs jaunes. Et surtout elle est originaire de Rosalia. Tous mangeaient ensemble car Erwan n'avait jamais pu supporter que la femme qui était le pilier de la maison mange dans la cuisine.
-Etienne, tu as le choix.
Il fit un grand sourire en regardant son père.
-Soit le plat de gauche soit le plat de droite !
Les deux étaient sous cloche opaque. Etienne brûlait de ces repas en famille, avec ce perpétuel choix de plat du jour.
-Celui-là !
Pizza trois fromages ! Sa préférée !
-Ouais !
Dans l'autre, un assortiment de boulettes de riz aromatisées : Sauces et épices rendaient chaque boulette intéressante. Etienne regarda Debra avec un grand sourire. La femme de maison avait le chic pour faire les meilleurs plats possibles. Ah ça, elle parlait peu mais avec elle chaque repas était magique.

Le bulbe s'illumina.
-Regardez bien, les enfants. C'est quelque chose qu'on ne voit pas souvent...
La graine s'entrouvrit et laissa apparaître une fleur naissante fermée. Bulbizarre avait évolué en Herbizarre.
-Woooow....
-Ouah !
-Génial !!
Un petit garçon brun aux yeux noirs avait regardé la scène fasciné. Le professeur Cole était considéré à l'époque comme un véritable génie de l'enseignement. Etienne pensait qu'il allait s'ennuyer dans cette école de riches que ses parents lui avaient payés à Mérouville, mais lui, à huit ans, il venait de découvrir sa vocation.
-Nous apprenons donc que Bulbizarre évolue en Herbizarre au niveau 16. Connaissez-vous d'autres types d'évolution ?
Etienne leva la main.
-Smirnoff ?
-Par échange !
-Bien. Peux-tu nous citer deux exemples ?
-Gravalanch en Grolem et Machopeur en Mackogneur !
-Excellent, Smirnoff. Maintenant nous allons voir les exceptions, c'est-à-dire les Pokémon qui évoluent avec l'échange mais en tenant un objet.
Etienne regarda son professeur avec de grands yeux éblouis.

-Etienne ?
Le gamin se retourne.
-S... Salut ! Tu me reconnais ?
-Tu es Ke... Kenneth. On est dans la même classe...
-Ouais. Tu veux jouer à la balle avec moi ?
-Euh... Nan merci.
Etienne regardait quelque chose dans un buisson
-Je... J'ai remarqué que tu te tenais toujours à l'écart des autres...
-Ouais... J'observe ce Chenipan depuis quelques jours.
Kenneth s'accroupit à côté d'Etienne. Ils virent le Chenipan se pendre par la bouche à un fil, tournoyant puis évoluant, restant Chrysacier, pendu à un fil. Les deux enfants regardaient la créature, émerveillés.
-Tu préfères regarder un Pokémon évoluer que de jouer avec tes copains ?
-C'est pas super ?
-... Si. Si c'est cool... Mais Etienne, il faut... Il faut avoir des amis c'est important.
-Ouais... Peut-être. Mais eux aussi, ce sont des amis. Les Pokémon.
Kenneth hocha la tête.
-Je suis d'accord.
Ils se sourirent. Une amitié indestructible venait de naître.

-Eh !
-...Salut... Tu es...
-Moi c'est Jasper. Jasper Colin.
-Ah oui... Tu es dans ma classe...
-Ouais... T'habites où toi déjà ?
-...Dans le quartier nord.
-C'est pas vrai je sais ou t'habites en vrai ! T'es une clocharde !
-C'est pas vrai !
-Si même que tu te laves pas t'es toute crasseuse !
-Si j'me lave !!
-De toute façon, t'es qu'une pauvresse ! Je t'ai suivie en rentrant, tu habites une caravane.
-M...
Elle baissa la tête, honteuse. Le méchant garçon partit. Etienne avait vu la scène de loin. Il se rendit à son buisson. Le Chrysacier commençait à s'agiter. Il s'en saisit vite. Les bras chargés, il se dirigea vers les marches. Il posa le Pokémon au sol. La fillette releva la tête.
-T'es qui ? Qu'est-ce que tu me veux ?
-Chuuut ! Regarde !
La blondinette se pencha. Le Chrysacier gonfla, la poche s'éventra et laissa apparaître un magnifique Papilusion.
-Haaaan...
-Il... Il est beau hein ?
Le Papilusion se posa sur la tête de Linda. Elle regarda Etienne en souriant, mais il repartit
-Attends... Qui es-tu ?
-Euh... Etienne. Smirnoff.
-Ah... Tu es celui qui répond tout le temps en classe...
-Oui voilà... Tu avais l'air triste alors...
-Merci.
Etienne hocha la tête et retourna auprès de Kenneth. Linda regarda l'animal qui semblait lui sourire.

-Eh les gars !
Les autres garçons avaient investi une cage dans la récré. Les garçons semblaient empilés les uns sur les autres.
-Devinez ce que j'ai découvert sur Linda Trautmann...
Le fil de la Sécrétion d'un Papilusion atteignit son pantalon...
-Eh bah en fait...
Le pantalon se retrouva en bas des genoux de Jasper et tout le monde aperçut sa culotte.
-BWAAAAHAHAHAHA !
-JASPER T'ES TROP FORT !
-OUAHAHA !
-Mais... Mais c'est quoi... Qu'est-ce que...
-EN SLIP JASPER !!! HAHAHA !
-TROP FORT !
-IL EST EN SLIP-HEU ! IL EST EN SLIP-HEU !
Etienne et Linda ricanèrent dans le buisson ou ils s'étaient installés plus loin.
-C'était une super idée, Etienne.
-C'était un peu méchant, mais bon...
Linda embrassa la joue de son petit sauveur.
-...
Linda sourit.
-Tu es un garçon très gentil.

Etienne avait décidé de raccompagner Linda jusque chez elle bien qu'elle ait eu quelques réticences.
-Tu es sur que tu veux voir ça ?
-Ca ne me gêne pas...
-Moi ça me gêne.
-Mais si ça te gêne tout le temps ça ne cessera jamais de te gêner.
-Tu es si bizarre, Etienne. Les autres garçons n'oseraient même pas venir par ici.
En arrivant vers la caravane, Linda vit que son père était sorti, sur une chaise.
-P... PAPA !
Auparavant il pouvait à peine se lever depuis sa maladie.
La jeune fille courut dans les bras de son père, accompagnée par Papilusion. Etienne resta à l'écart.
-Papa !!
-Ca va mieux, ma grande. C'est... Un Pokémon ?
-Oui... C'est mon nouvel ami Etienne qui me l'a offert.
-Etienne...
Le père regarda le gamin timide qui était resté à l'écart. Linda lui fit signe de venir. Etienne s'avança, timide.
-Papa je te présente Etienne Smirnoff.
-Hm... Ca tombe bien, j'en ai jamais bu.
Etienne sourit.
-Qu'est-ce qu'il y a ? Ne t'inquiète pas, on a une vie très propre. Personne ne trafique rien ici...
-Papa... Etienne est un peu timide c'est tout.
-Oui... Je... Je suis désolé, c'est pas que...
-Je comprends. Ca fait forcément bizarre...
-Oui... Pardon de... Vous regarder bizarrement.
-Ca ne fait rien. Je préfère que tu t'en excuses plutôt que tu ne le fasses sans rien dire.
-J'ai été heureux de vous rencontrer. Linda, à demain.
-A demain, Etienne !
Il s'en retourna chez lui.
-Il est bien gentil ton copain...
-Oh oui, très gentil...

Quand il se fut assez éloigné, Etienne resta une bonne demi-heure sur le trottoir face au terrain vague près du périphérique à pleurer. Il n'avait jamais vu autant de misère concentrée en un seul endroit.

-Smirnoff...
Le patron d'Erwan, Gilles Plymouth, l'avait convoqué.
-Smirnoff, votre comportement est proprement IRRESPONSABLE et DANGEREUX.
Erwan baissa la tête, en faute.
-Vous déminez A MAINS NUES ! Sans protection ! Vous pensez que c'est un comportement à adopter ?!
Erwan soupira.
-J'ai pris l'habitude, monsieur, je suppose... J'ai... enfin j'ai constaté qu'avec les outils j'avais des difficultés à jauger mon aplomb sur les explosifs... A la main, je suis plus à même de...
-Je n'ai pas besoin d'entendre vos explications, Smirnoff ! Il en va de votre sécurité et de celle de vos collègues ! Dorénavant, je veux que vous utilisiez vos outils.
-Très bien, monsieur...
Erwan sortit, accompagné de Lucario. Erwan eut son sourire fatigué.
-Il a raison. Je me mets en danger les équipes de police en travaillant comme ça.
Lucario semblait peiné.
-Il va falloir changer nos façons de faire, mon vieux Lucas...

Le soir, Erwan, accompagné de son Pokémon fétiche, venait border Etienne.
-Allez, un bisou, bonhomme !
Etienne serra son père dans ses bras.
-Un gros dodo, et demain... Académie ! Ton premier jour en plus ! J'espère que je pourrais être là.
-Ouais. Moi aussi !
Erwan soupira.
-Je peux rien te garantir, bonhomme. Tu sais, le boulot...
-Je sais, papa.
-Quoi qu'il en soit... Je suis fier de toi, bonhomme.
-Merci, Papa !
Erwan sourit et sortit de la chambre de son fils, accompagné de Lucario.

Le lendemain, appel en urgence.
-Un sac à l'entrée du building Devon... Je dois y aller.
Coralie s'étonna.
-C'est le premier jour d'Etienne...
-Je sais... Ca me désole... Mais il faut que j'y aille !
-Sois prudent mon chéri...
Erwan embrassa sa femme.
-Tu sais bien que je vais revenir. Je reviens toujours.
Coralie sourit et laissa partir son mari.
Dans le couloir, Erwan passa devant la chambre de son fils qui laissait toujours la porte ouverte au cas où son père passerait alors qu'il serait encore réveillé. Le démineur entra dans la chambre, s'agenouilla et embrassa le front de son grand fils.
-A tout à l'heure, fiston.

-Qu'est-ce qu'on a, frangin ?
Simon regarda son frère.
-Le périmètre est sécurisé, Erwan. T'as plus qu'à y aller...
-Bon.
Erwan se saisit de sa boîte à outils.
-Euh... Erwan ?!
-C'est nouveau, je sais. Le patron.
-T'as pas l'habitude enfin...
-Je sais. Mais c'est pareil, en fait.
Lucario accompagnait son maître qui lui barra la route. Le maître regarda son Pokémon.
-Reste là. Avec mon frère.
Lucario s'étonna. Il s'en retourna vers Simon.
Erwan chercha à débloquer la bombe. Son manque d'aisance avec les outils ne manqua pas de lui donner des sueurs froides, mais...
-Voilà ! C'est fait !
Erwan souffla et s'essuya le front.
-Bon ! Bah je vais peut-être pouvoir

Et après ça plus rien.
Plus rien pour Erwan, du moins.
Il s'était trompé et avait accéléré le minutage de la bombe. En fait un seul mouvement avait scellé son destin, le moment ou il avait pris les outils.
Pour Erwan, la mort avait été directe et sans douleur. Autour, on a quand même vu un homme se faire souffler la moitié du corps. Une mort atroce, la mort qui attendait les démineurs de bombe un jour ou l'autre.

A neuf ans, Etienne vécut la tragique mort de son père dans un accident de travail. Il mourut le jour même du premier jour d'Etienne à l'académie de Mérouville. Le jeune homme et sa famille se tenaient devant le bras de mer ou se tenait le Mont Memoria. A Hoenn, les enterrements sont faits à mi-chemin entre un enterrement viking et une commémoration japonaise : Le corps recouvert d'un drap, est laissé à la dérive, puis récupéré par le fossoyeur de l'autre côté de la montagne. Là le corps est incinéré et placé dans une urne ou la famille peut venir le voir. Les Pokémon du défunt sont symboliquement relâchés dans la nature.
Etienne pouvait difficilement supporter le choc de la mort de son père d'autant qu'il n'avait absolument rien pour combler ce vide affectif. A l'époque il n'avait même pas de Pokémon. Ce jour là, deux personnes seulement parmi la foule trouvèrent moyen de le rassurer.
D'abord son ami Kenneth qu'il avait connu à l'école préparatoire un an avant.
-Désolé...
Ils se serrèrent amicalement dans leurs bras. Kenneth était le seul enfant de l'âge d'Etienne à être là. Il était venu avec une tante qui vivait à Nénucrique contre l'avis de ses parents. Ce geste symbolique scellera l'amitié des deux enfants pour onze ans encore.
Et puis il y eut Debra qui raccompagna Etienne jusqu'à la maison alors que sa mère et sa sœur restaient à Nénucrique quelques temps pour se recueillir.
Dans le train qui les ramenait à Mérouville, Debra et Etienne restèrent face à face. Le petit garçon évitait de pleurer car il ne voulait pas montrer sa peine.
-Tu vas pleurer, oui ?!
-Je veux pas.
Debra redressa le menton d'Etienne et lui colla une pichenette derrière les oreilles.
-AÏEUH !!! Uuuuh....
Etienne se remit à pleurer comme une madeleine. Debra essuya chacune de ses larmes tout en lui caressant les cheveux.
-Là, là, ça va passer mon bonhomme. Il faut lâcher tout ça. Si tu gardes tout tu ne t'en relèveras jamais.
-C... C.... C'était pas gentil de me faire mal !
-Et alors ? Tu croyais qu'après ça plus rien n'allait te blesser ? Mais si Etienne. La vie est encore plus sale après. Moi quand mon père est mort je suis restée des mois enfermée comme une idiote. Toi tu dois perpétuer le souvenir de ton papa et le faire vivre, à travers toi. Même si tu es une chiffe-molle ! Regarde-toi tout abattu que tu es !
-Pardon...
-Ton père avait accepté l'idée de la mort, il savait que c'était le risque, il t'en a parlé, non ?
-Boui...
-Je sais que je suis très méchante avec toi mais Etienne, les humains sont faibles. Ils n'ont jamais la force de faire de grandes choses, et quand quelqu'un réalise de grandes choses ils se l'approprient !
Etienne hocha la tête.
-Sois fort, Etienne. Sois fort.
-Mais je pleure là...
-Pleurer c'est explorer sa force intérieure. Puisque tu pleures, tu ne sombreras pas dans le chagrin.

-Kenneth, je te présente Linda.
Kenneth serra la main de la fillette. Linda s'étonna.
-Salut !
-Salut...
Etienne regarda les deux.
-Voilà ! C'est fait ! Je vous ai introduits l'un à l'autre !
Kenneth regarda Etienne.
-C'était pas non plus une double vie... soupira le gamin blond.
-Ouais... On fait quoi ? On va chez moi ?!
Linda et Kenneth se regardèrent et regardèrent Etienne. Ils hochèrent la tête. Etienne hocha la tête à son tour et ils partirent vers chez lui. Kenneth regarda Linda, intrigué par cette nouvelle présence régulière à leurs côté. C'est elle, la personne qui s'interpose entre lui et son meilleur copain.
Ils avaient à peu près neuf ans à l'époque. Le père d'Etienne était mort il y a peu et un an plus tard, Linda habiterait une maison.
-Pourquoi tu me regardes ? S'étonna Linda.
-Rien, je... Remarque qu'Etienne n'a pas proposé qu'on aille chez toi non plus.
Linda sembla embarrassée.
-Oui, euh... Mes sœurs sont de vraies chipies !
-Moi c'est mes parents qui me gênent devant les gens.
Linda sourit. Kenneth eut un sourire calme à son tour. Etienne ouvrit la porte de chez lui.
-Maman, je ramène des amis...
-D'accord !
Ils montèrent les escaliers et croisèrent Estelle, intriguée de voir une ribambelle de marmots débouler vers la chambre de son frère.
-Ouah... T'as des potes... Garçons et filles !
-Oui, bonjour, Estelle !
La brune fit la moue et rentra dans sa chambre alors qu'Etienne et ses amis faisaient de même.
-Oh... Etienne, j'ai soif, je vous ramène quelque chose ?
-Euh moi rien, non... Linda ?
-Un petit verre d'eau...
Kenneth hocha la tête et se dirigea vers la cuisine ou il avait ses habitudes.
-B'jour Debra !
-Bonjour mon petit Kenneth. Comment va ta mère ?
-Un peu trop bien ces derniers temps. Ne vous déplacez pas, je vais me débrouiller...
-Ah ces enfants trop serviables, je devrais m'en plaindre mais ça me fait moins de travail, alors...
Debra ricana avec le gamin. Kenneth prit un peu de jus de fruits et servit un verre d'eau. Il remonta, et entendit des gémissements. Surpris, il regarda par l'entrebâillement de la porte et vit Etienne debout, pleurant sur Linda. Probablement à propos du père d'Etienne. Kenneth resta à côté de la porte, embarrassé.

Environ deux ans plus tard, Linda vint toquer chez Etienne. Il ouvrit rapidement.
-L...Linda ! Ca doit bien faire deux semaines qu'on ne t'a pas vue à l'école !!
Il la serra dans ses bras.
-Il nous est arrivés quelque chose d'incroyable, à moi et à ma famille !
-Ah ?!

Ils marchèrent dans les rues de Mérouville.
-Ca a commencé par une nouvelle très triste : La mère de ma maman est morte !
-Oh... Désolé...
-Et puis après bizarrement... Tout le monde était heureux ! Parce que Grand-Mère a laissé un héritage. Ce qui fait que...
Ils arrivèrent devant une maison. Etienne écarquilla les yeux.
-Tu as...
-Eh oui !
Il lui sauta au cou, fou de bonheur pour elle. Elle était heureuse aussi.
-On fête quelque chose ?!
Le père de Linda arriva, heureux, avec des vêtements très propres.
-Mr Trautmann, je suis heureux pour vous !
-Et attends de voir qu'on l'attache à la voiture, ça va faire jaser tout le quartier !
Etienne et Linda ricanèrent avec le père.
-Linda, ta mère a besoin de toi dans la cuisine.
-Oui papa ! A tout à l'heure, Etienne !
-Oui...
Le père de Linda resta à côté d'Etienne.
-Tu trouves que j'aurais dû en acheter une plus grande ?
-Hein ? Euh... Non ! Non, c'est bien comme ça...
-C'est ce que je me suis dit aussi. J'avais de quoi en acheter une dix fois plus grande. Mais ca faisait treize ans, treize longues années que je vivais dans la fange avec ma pauvre femme dont j'ai eu peur cent fois qu'elle me quitte, et mes trois filles dont j'ai longtemps redouté la rancune.
Etienne regarda Jean-Bernard Trautmann qui était ému.
-On peut tout perdre d'un moment à l'autre. J'ai décidé de laisser de l'argent de côté. De rester modeste, de garder mon travail aussi. Tout peut partir en un instant, Etienne. La vie peut filer entre nos doigts... Mais parallèlement, l'espoir fait vivre. L'espoir c'est notre corde de secours à tous.
Etienne hocha la tête.
-Mais j'y pense... On ne t'a jamais invité à diner !
-Ah, euh... Non...
-Viens voir, mon grand. Je vais te faire visiter !



Années adolescentes (10-19 ans) (1988 - 1997)

-Les enfants...
Coralie se trouvait face à Etienne et Estelle qui se doutaient de quoi leur mère allait leur parler. Elle avait Ian derrière elle, debout contre la gazinière.
-Euh... comme vous le savez, Ian habite avec nous depuis quelque temps...
Bien trois ans, en effet. Debra faisait la vaisselle et écoutait.
-Et je voulais que vous sachiez que... Nous allions nous marier.
Estelle hocha nonchalamment la tête. Elle s'en fichait un peu. Etienne était bouleversé.
-Ca va, mon chéri ?
Etienne, 12 ans, quitta la table et monta dans sa chambre. Coralie soupira.
-Je m'en occupe, assura Debra.
-C'est horrible... le pauvre, je sais que ça lui fait de la peine...
Estelle soupira.
-Etienne est un bébé, maman ! Il croit encore que les enfants naissent dans les choux !
-Estelle, je t'en prie, ne te moque pas de ton frère ! somma Coralie.
-Mais c'est vrai ! Il réagit comme ça parce qu'il croit que papa va revenir !
Coralie soupira. Ian lui tint l'épaule.
-Ca va aller ?
-Oui, oui... C'est juste que... C'est... C'est mon petit bout de chou... Et il ressemble tellement à son père...
Estelle et Ian soupirèrent, probablement pas pour les mêmes raisons.

-Ca va, Etienne ?
Le jeune garçon était dans son lit, recroquevillé, dos à sa sœur.
-C'est des choses qui se font, dans le monde adulte, tu sais...
-Toi quand tu aimes quelqu'un, et que cette personne part, tu la remplaces ?
Estelle soupira.
-Je suis pas encore tombée amoureuse d'un garçon à ce point là !
-Pourquoi maman fait ça ?
-Maman est amoureuse, tu ne peux pas le comprendre ?
-Si... probablement.
-Bah moi je le comprends. Papa aimerait pas que maman reste malheureuse et seule après sa mort.
Etienne se retourna vers sa sœur, en larmes.
-C'est pas juste...
-C'est pas à toi de décider ce qui est juste ou non pour maman, c'est à elle de le faire.
Elle vint rassurer son petit frère.

Estelle aida Etienne à mettre son costume pour la cérémonie. Simon, l'oncle d'Etienne, arriva pour ajuster son col.
-Voilà...
-Ca va, Oncle Simon ?
-Oui mon grand.
-Ca t'embête absolument pas que maman épouse quelqu'un d'autre que ton frère ?
Simon soupira.
-C'est la vie ! Et puis ta mère a fait ce qu'elle estimait être le mieux pour toi et ta sœur.
-Hm.
Ian approcha.
-Je peux discuter avec le petit monstre ?
-Hm, acquiesça Simon en s'éloignant avec Estelle.
Ian s'accroupit à la hauteur d'Etienne. Le regard du gamin était relativement froid.
-Ecoute, mon grand, je sais que... pour toi je suis juste un étranger. Mais sache quoi qu'il en soit que j'aime très fort ta maman. Et même si je ne pourrais jamais remplacer ton père, à mes yeux tu seras quand même mon fiston. Ok ?
Etienne hocha la tête, pas convaincu.
-Ecoute, en signe de bonne volonté à ton égard, je te confie les alliances pour moi et ta mère. D'accord ? Quand le prêtre demandera les alliances, ce sera à toi de venir ! Compris ?
Ian confia une petite boîte à Etienne qui la prit.
-D'accord, je la garderais et je la donnerais quand on m'appellera !
-C'est bien mon grand.
Tout le monde se dirigea vers l'église. Etienne remarqua soudain un Rattata debout mais immobile derrière un buisson.

-Nous sommes réunis ici pour unir ces deux êtres par les liens sacrés du mariage.
Debra cherchait des yeux.
-Simon, vous avez vu Etienne ?
L'oncle d'Etienne regarda de tous côtés. Il se tourna vers Estelle.
-Tu as vu ton frère ?
Elle enleva un de ses écouteurs.
-Pardon, Oncle Simon ?
Lequel soupira.

Etienne serra les dents, il hésitait à appeler à l'aide, mais il voulait vraiment sortir ce Rattata de ce piège à Ursaring.
-Allez... saloperie !! Tu vas céder !!
La créature regardait sa patte, prise dans le piège. Etienne savait qu'il devait trouver un truc pour écarter les barres métalliques. Il sortit la boîte des alliances qui était jolie, un écrin blanc avec des dorures...
« C'est parfait pour débloquer ce piège !! »
Etienne l'ouvrit et en extirpa les alliances, puis il se servit de la boîte pour écarter les tringles. Rattata allait s'échapper mais Etienne le retint malgré ses protestations et ses coups de griffes. Il sortit une Potion, qu'il gardait sur lui pour les cas d'urgences. Il vaporisa la patte du Pokémon qui la rabattit vers lui et la regarda, intrigué.
-C'est pour te soigner !
Le Rattata sourit et repartit vers les buissons. Etienne sourit à son tour, premier sourire sincère de sa journée.

Ian ne voyait pas Etienne dans l'assemblée, ce qui commençait à l'inquiéter. Dans la famille de Coralie, on commençait à s'inquiéter très sérieusement. Le prêtre, impassible, mort à l'intérieur, ne pensant qu'à achever son office, continuait nonchalamment sa cérémonie.
-Et si quelqu'un a quelque chose à dire avant que cette union ne soit finalement prononcée, qu'il parle maintenant ou qu'il se taise à jamais...
Les portes de l'église s'ouvrirent. Coralie et Ian regardèrent vers le narthex, surpris. Un garçon dans un costume poussiéreux et déchiré par endroits arriva. Il ferma les portes et s'assied à côté de sa sœur qui le regarda, admirative.
« J'aurais pas fait plus rebelle ! »
-Ahem... Si l'on pouvait procéder à la remise des alliances...
Etienne sourit et avança vers les futurs époux. Il sortit les anneaux d'une poche, à nu, sans boîte ni pochette, juste comme ça d'une poche. Ian prit les alliances, lançant un regard noir à Etienne qui s'en retourna vers sa place. Ian passa l'anneau au doigt.
-Vous pouvez embrasser la mariée.
Etienne resta retourné, au milieu du couloir de la nef. Lorsque retentirent les applaudissements, il se rassit à côté de sa sœur qui continuait à écouter sa musique de sauvages.

-Mon pauvre chéri, qu'est-ce qui t'es arrivé !
-Désolé, un petit contretemps ! Tu es très jolie, maman !
Elle sourit. Etienne allait vers la voiture de son oncle, lorsqu'Ian s'interposa.
-La boîte. Elle est où ?
-Euh... M'en suis servie pour débloquer un piège.
Ian secoua la tête et se baissa vers l'enfant.
-Ecoute-moi bien, sale petite fouine. Tu ne m'aimes pas, eh bah moi non plus je t'aime pas. Tu n'arrêtes pas de m'emmerder, eh bah ne compte pas sur moi pour faire un effort.
Etienne resta immobile un moment alors que son beau-père partait. Il entra dans la voiture avec Simon, Debra et Estelle.
-Bon, on peut y aller.
Etienne avait toujours l'air aussi mal. Estelle le regarda, soupira et passa un bras autour du cou de son petit frère.

Debra emplit les années de jeunesse d'Etienne de rires et d'allégresse. Sa mère se remaria vite avec un dénommé Ian Grandier. Etienne se refusa d'abord à l'appeler papa.
-Mais enfin Etienne c'est ton père maintenant...
-Non, Debra, mon père est mort.
-Ta mère va être très malheureuse si tu ne le respectes pas...
-Pourquoi je devrais ! C'est juste un type qui vient prendre une place déjà prise !
-Ecoute Etienne... Tu n'as qu'à l'appeler Papa pour te moquer de lui.
-Quoi ?
Debra hocha la tête.
-Quand j'étais petite, un vieux de mon village importunait toutes les mères du comté en prétendant qu'il avait fréquenté toutes nos mères. C'était très embarrassant, il traitait nos pauvres mères de tous les noms grivois des filles qui fréquentent trop d'hommes, alors qu'elles n'y étaient pour rien. Et un jour nous, les petites filles de l'école Ebenezer Pocketts décidions de l'appeler Papa, pour lui faire croire que nous étions toutes ses filles ! Si tu savais comme ça l'a calmé !
Etienne ricana.
-D'accord. Je l'appellerais papa, mais toi tu comprendras que c'est pour souligner le fait qu'il ne le soit pas !
-Exactement !
Ainsi chaque appellation par Etienne à son beau-père par Papa était sujette à fous-rires entre les deux.

A sa quatrième année à l'âge de douze ans, Etienne reçut pour premier Pokémon un Capumain. Etienne vit en ce Pokémon un moyen de combler son vide affectif. Il avait enfin son propre Pokémon. Lorsqu'il fut de retour à la maison, il fut félicité par sa mère et son beau-père. Sa sœur le regarda d'un air désabusé très habituel chez elle. Debra regarda Etienne avec Capumain.
-Tu vas lui donner un surnom ?
-Un surnom ? Je sais pas...
-C'est ton Pokémon, tu fais ce que tu veux.
Son tout premier Pokémon. Il y avait là quelque chose d'assez exceptionnel. Si seulement son père pouvait voir ça.
-Il peut, car à travers toi il vit.
Etienne regarda Capumain et décida de l'appeler Erwan.

Etienne regarda Capumain.
-Bon, Erwan... Ce nom te va vraiment super bien, je trouve, enfin, plus je le prononce pour te nommer plus je m'y habitue... Euh... Il faut que je commence à te dresser... Etape numéro 1... Vérifier les attaques du Pokémon...
Etienne soupira et fouilla une grosse encyclopédie numérique sous les yeux intrigués du singe : « Pokémon découverts à Johto ».
-Germignon... Togepi.... Granivol... Capumain !! Capumain... Griffe, Mimi-queue... Jet de sable... Han ça m'ennuie tout ça !
Capumain regarda son maître, surpris.
-J'ai pas envie de m'occuper de tes attaques maintenant, ça me saoule ! Aide-moi !

Etienne déplaçait les meubles dans sa chambre. Estelle passa devant, surprise.
-Tu fais quoi, là ?!!
-J'aménage ma chambre pour Erwan !
-Er.... Ah oui, ton Capumain...
Le Pokémon était sur le lit, étonné.
-Tu vas quand même pas dormir avec ?! Si tu fais ça, j'appelle maman !
-Mais nan !!
-Tu vas lui faire quoi à ce Pokémon ?!
-Je vais utiliser l'argent de l'allocation d'élevage pour lui trouver de quoi être tranquille dans ma chambre.
-C'est un Pokémon, pas une poupée, il n'a pas besoin que ta chambre soit adaptée à lui !
-Je sais.
Estelle soupira et passa son chemin. « De toute façon autant parler à un manche à balai, j'aurais une réponse qui me conviendra, au moins... »

-ETIENNE MONTE DANS TA CHAMBRE !
Etienne regarda sa mère avec des yeux éberlués.
-Mais...
-Donner à un Pokémon le nom de ton père je trouve ça... Ignoble !!
-Mais maman c'est juste pour...
Elle se tourna vers Debra.
-C'est vous ! C'est vous n'est-ce pas ?
-Je n'ai rien fait, je lui ai demandé s'il voulait lui donner un surnom et...
-Allez manger à la cuisine ! TOUT DE SUITE !
-Très bien madame...
Etienne regarda une de ses meilleures amies en ce monde, presque sa seconde mère, aller manger à la cuisine, comme si elle était une rien-du-tout. Il prit son assiette et s'apprêtait à la suivre, lorsqu'elle cria :
-Etienne, reste à ta place.
-M...
-Reste à ta place.
Etienne se tint à cette extrémité. Il aurait tant voulu l'aider sur le moment.

-Erwan.... Etienne, là tu...
Etienne regarda Kenneth.
-J'veux dire.... voilà quoi... Le nom de ton père à un Pokémon...
-Les Pokémon sont comme les humains sinon meilleurs. Les hommes ne m'ont apporté que la colère et les cris. Avec Erwan je me sens compris.
Kenneth baissa la tête.
-Et moi, je te comprends, moi...
-Je sais Kenneth. Je ne disais pas ça pour toi.

-T'es sur que tu veux qu'on fasse ça ?
-On ne peut plus sur.
-C'est quand même un... Un pas à franchir, Etienne... Je ne suis pas sur d'être capable d'assumer tout ça...
-Mais si tu verras. Ca va bien se passer, je serais gentil !
-Oui mais moi je sais pas si j'arriverais à me regarder en face après ça...
-Ca ira, Kenneth.
Etienne et Kenneth se regardèrent.
-Prêt ?
-Prêt... Mais je te préviens, si tu m'en veux après ça...
-Je te l'ai demandé, je ne t'en voudrais pas ! Tous les garçons font ça entre eux, passé un certain âge ! C'est normal !
-Si tu le dis... On y va ?
-On y va ! Erwan ! A toi de jouer !
Le Capumain apparut, enjoué. Kenneth hocha la tête.
-Warner !! Go !
Le Cornèbre adverse apparut et chercha une graine pour picorer. Les deux Pokémon semblaient assez indifférents au « match ».
-Euh...
-Heuuu...
-Commence, Etienne !
-Ton Cornèbre est plus rapide...
-Non, Capumain c'est le top vitesse...
Estelle arriva dans le jardin.
-Salut Kenny...
Les deux sursautèrent comme si on les avait surpris à un concours de « Qui fait pipi le plus loin ». La sœur d'Etienne, 16 ans, regarda les deux amis. Elle prit une grande inspiration.
-Haaaaaan lala maman ! Etienne et Kenneth sont en train de se baaaaattre !
-Chuuuut !!! Grogna Etienne.
-Maman va te casser les dents, Etienne ! Tu vas MOURIR !!! Ironisa Estelle.
-Qu'est-ce qu'il y a ?! S'étonna Coralie Smirnoff en sortant de la maison avec chignon et tablier.
-Etienne et Kenneth se battent !
Coralie observa le Cornèbre qui picorait un Chenipan à moitié endormi et le Capumain qui mangeait des baies.
-Non Estelle, ton frère et son ami font semblant de se battre...
-M'man... Soupira Etienne en souriant.
Un homme passa la tête par la porte de la maison donnant sur le jardin.
-Coralie !
-Oh... J'arrive, Ian !
Etienne s'étonna. Sa mère repartit à l'intérieur.
-Estelle, c'est qui ce type, Ian ?!
Estelle soupira.
-Le petit copain de maman.
Etienne sembla attristé.
-Fais pas cette tête. Tu sais depuis l'âge de dix ans que maman peut pas se marier avec toi...
-Je sais ça, idiote... C'est juste que... C'est maman...
-Elle est grande, elle fait ce qu'elle veut.
Kenneth regarda Etienne qui regardait vers la maison, fixement. Estelle retourna vers la maison.
-Ca va ?
-Ouais... Rappelle Warner, c'est bon, c'est pas la peine...
Kenneth rappela son premier Pokémon, Etienne rappela le sien.
-T'as envie de... D'en parler ?
-Je sais pas. Je sais pas trop. On... On peut faire autre chose ?
Kenneth soupira.
-On joue à la balle ?
Etienne réfléchit et hocha la tête.
-Ouais !

Etienne regardait la télévision avec Estelle et Kenneth. Toujours la même période.
-C'est cool qu'Oncle Simon ait un peu quitté le canapé, marmonna Estelle en mangeant des chips.
Elle regarda son frère, hypnotisé par la télé. Elle regarda le documentaire sur la vie sauvage des Heledelle.
-Là ! Regarde !
Kenneth releva la tête. Etienne désignait l'écran.
-La femelle fait son nid en collant des branches avec de la boue qu'elle prend dans son bec. Ensuite elle y appose des herbes, de la paille, du foin, du fumier... C'est très impressionnant : Pendant que le mâle maintient les branches, elle colle le tout, elle empâte littéralement les branches en pleine tension. Selon les cas la boulette atteint entre dix et trente centimètres de diamètre.
Etienne éteignit le magnétoscope et rangea la cassette avec ses milliers d'autres. Toutes datées et référencées.
-Donc, le nid qu'on a vu dans le parc, c'est bien un nid d'Heledelle !
Estelle regarda son frère.
-Pourquoi t'es pas comme les autres frères, pourquoi tu ne regardes pas le foot, le base-ball, tu joues pas aux petits soldats ou aux voitures...
-C'est pas intéressant.
Estelle regarda Kenneth.
-Et tu aimes ça, toi ?
Kenneth hocha la tête.
-On se pose la question depuis hier.
-Encore une belle énigme résolue ! On sort, Kenny ?
-Mouais.
Ils partirent vers la porte.
-Kenneth...
Etienne était déjà dehors. Kenneth se tourna vers la grande sœur d'Etienne. Il faut savoir qu'à cette époque, Kenneth Heine était très amoureux de la sœur d'Etienne. Mais ça, ni Etienne ni Estelle n'en savent quoi que ce soit. C'était plus un fantasme de préado qu'autre chose.
-Sois sincère : Pourquoi tu traines avec Etienne ? Il... Il est insipide, il ne m'embête même pas alors que je suis sa grande sœur, il devrait me détester mais même pas. Vous n'avez rien en commun et tu fais semblant de t'intéresser à ses conneries. Sérieusement ? Pourquoi tu te le coltines ?!
Kenneth soupira.
-C'est un truc de mecs. Tu peux pas comprendre.
Estelle s'avoua étonnée.

-Bon, j'te préviens : Quand tu auras franchi la porte, elle va te fusiller du regard. Lui il va te scruter. Notre bonne à tout faire est Vietnamienne, elle s'appelle Ming-Li et elle est super bizarre ! T'es prêt ?!
Etienne regarda Kenneth. Ils étaient devant la plus belle maison du quartier, la maison Heine. Kenneth mit la main sur la poignée et regarda son ami. Il fit une grimace douloureuse.
-Je suis désolé !
-Ca peut pas être pire qu'un nid de Ningale...
-Ah, oui le documentaire de l'autre fois... Debra a failli dégobiller quand elle est passée avec le balai, la pauvre !
-Allez, ouvre, Kenny.
-Ok...
Kenneth ouvrit. Sa mère était devant la télé avec un calepin.
-Tiens... Kenneth.
-Maman je te présente Etienne, mon copain.
-Hm-mm... Bienvenue jeune homme. Vous voulez bien...
Etienne enleva ses chaussures, sortit ses chaussons de son sac et les mit. Hildegarde rehaussa ses lunettes. Kenneth déglutit.
-Jeune homme, je suis... Surprise...
-La moindre des politesses, m'dame.
-On va dans ma chambre.
-Est-ce que... « Etienne »... Mangera ici ?
-Non maman ! Euh... Non !
-Pourquoi pas, Kenny... Ce n'est pas tous les jours que tu invites des gens à la maison.
-Papa n'est pas là ?
-Ton père est à son travail.
-Ok... On restera manger alors.
-Y'a-t-il un plat que tu apprécies, jeune homme ?
Etienne haussa les épaules.
-Aucun en particulier, madame.
-Hm-mm...

Ils montèrent dans la chambre de Kenneth.
CLONC !
-Oh la plaie... Soupira Kenneth.
-C'est ta maman, c'est normal qu'elle...
-Tu comprends pas Etienne ! Elle va te cuisiner !
Etienne s'étonna.
-Ta mère est cannibale ?!
-Presque !
Etienne soupira.
-Ca doit être dur pour toi...
Kenneth regarda sa chambre remplie de jouets, de jeux, de peluches, d'armoires, de commodes...
-Ouais... C'est atroce.
Etienne soupira.
-T'as raison elle est pas marrante ta chambre...
-Tu comprends pourquoi j'aime autant être dehors.
Etienne hocha la tête. Kenny la baissa.
-Je m'en veux parfois... Tes escapades m'intéressent mais pas toutes... Je t'utilise trop souvent comme prétexte pour sortir.
-C'est pas grave. Au moins j'ai l'impression que quelqu'un m'écoute ! En plus tu fais bien l'élève témoin, j'ai l'impression d'être déjà un prof avec toi.
Kenneth hocha la tête.

Le repas chez les Heine commença dans un grand silence. La bonne des Heine mangeait dans la cuisine ce qui embarrassa Etienne qui était plus ou moins habitué à ce que la gouvernante mange avec tout le monde. Etienne n'osait pas trop regarder autour de peur qu'on le lui reproche.
-Jeune homme...
Etienne leva timidement la tête vers Hildegarde Heine.
-Oui madame ?
-Il fait quel métier ton père ?
Kenneth manqua de s'étouffer. Le sang d'Etienne se glaça.
-M...MAMAN !!
-Quoi ? Je demande !
-Mon... Mon père est mort, madame.
-Avant, alors ?
N'importe qui aurait dit Désolé ou Oh, mes excuses. Hildegarde Heine était trop riche pour s'excuser ou être désolée.
-...Démineur. Il était dans la police de déminage, madame.
-Oh. Et ta mère ?
Kenneth leva les yeux au ciel et tira Etienne par le bras pour l'emmener dehors.
-Non mais... Dites !!! On ne sort pas de table en plein repas !! S'offusqua Hildegarde, soudain préoccupée par la politesse.

Une fois dehors, Kenneth soupira.
-J'suis désolé, Etienne...
-C'est rien... Tu m'avais prévenu...
-Vraiment, vraiment désolé !
-En fait... J'ai... J'ai la haine, là...
Kenneth s'étonna.
-On se bat ?!
Kenneth regarda son ami, surpris.
-Quoi, là ?
-Devant ta maison peut-être pas, mais... Dans la rue tiens !
Kenneth regarda Etienne courir vers la route assez peu fréquentée.
-Allez !
Kenneth s'avança.
-Tu... Tu fais ça parce que tu m'en veux ?!
-Mais non, j'ai de la... Colère à évacuer, c'est tout.
-Tu m'en veux alors.
-Oui exactement ! Erwan, go !
Le Capumain sortit de sa Pokéball, jovial comme à son habitude.
-Warner, à toi de jouer !
Le Cornèbre apparut.
-Cette fois on y va, Erwan ! Météores !
-Cornèbre, esquive et Cru'aile !
L'oiseau échappa à la volée d'étoiles. Il tournoya et fonça sur Capumain, mais au moment de frapper il évita le Pokémon qui effectuait un Mitrapoing.
-Oh...
-Feinte !
Cornèbre frappa par derrière. Etienne s'avoua surpris.
-Maintenant, Buée Noire !
Capumain se retrouva complètement désorienté.
-M... M...
-Tranche Nuit !!
La fumée opaque se scinda en deux. Capumain resta figé un instant et s'écroula, KO. Etienne resta abasourdi.
-M... Mais...
-Ca va, Etienne ?
-Tu m'as battu...
-Désolé... J'espère que tu...
-Mais enfin Kenneth, à l'école personne n'est arrivé à me battre, même pas toi... Et là...
-Bah c'était du sérieux...
-Super cool ! T'es le seul qui arrive à me battre !
-Ah... Et ça te fait plaisir ?!
-Ouais ! En plus... Normalement les Cornèbre n'apprennent pas Tranche-Nuit...
Kenneth hocha la tête.
-Je sais. Je le prépare à son évolution...
-Ah... On recommence ? J'arriverais peut-être à te battre cette fois...

-J'ai été heureuse d'être à votre service toutes ses années madame...
Etienne ouvrit la porte de la maison et vit sa nounou, valises aux pieds, face à sa mère.
-M... Debra ?!
-Désolé Etienne, je dois partir.
Etienne lança un regard mauvais à sa mère.
-C'est toi qui...
-Non, Etienne je prends ma retraite.
Il se tourna vers Debra, attristé. Sa mère lui prit les épaules.
-Je suis désolé, chéri, madame Rozzini savait qu'un jour elle devrait partir...
-D'accord.
Debra s'accroupit.
-Tu es un grand garçon maintenant, mais tu peux pleurer, si tu veux.
-Quand vous serez partie.
Il l'aida à charger ses valises dans la voiture de l'oncle Simon qui l'emmenait à Rosalia ou elle allait finir ses jours.
-Merci, Etienne.
-Je veux pas que vous partiez...
-Ne t'en fais pas, je serais toujours à tes côtés, comme ton père.
Etienne hocha la tête.
-Et n'oublie pas : Quoi que tu fasses, avec qui que tu sois, n'oublie jamais que tu seras toujours seul et que personne ne pensera à toi à ta place. Sauf les gens qui t'aiment vraiment. Ton père, ton oncle, ta sœur, ta mère...
-Et vous. Et vous allez beaucoup me manquer.
-On n'aura qu'à s'écrire. Pense à rester un garçon fort, compris ? Tu as les cartes en main, à toi de faire ce que tu veux de ta vie.
Elle partit. Coralie et Estelle Smirnoff assistèrent alors à une scène d'une tristesse indéfinissable : Etienne, au milieu de la route, pleurant tout en serrant son Capumain dans ses bras.
Après ce jour, Etienne devint faible. Un adolescent faible et fragile. C'est après cela qu'arriva notamment l'incident avec Cumberdale par exemple.

-Voilà ! Un coussin, une gamelle, des barres pour grimper, de l'eau, ...
Capumain regarda le coin de la chambre d'Etienne spécialement organisé pour lui.
-Tu es content, Erwan ?
Capumain hocha la tête.
-Après tout ça, j'ai sacrément soif, moi...
Capumain sortit de la chambre en courant. Il remonta avec une petite bouteille d'eau. Etienne regarda Erwan étonné.
-Euh... Merci ?!
Erwan sautilla. Il semblait attendre une autre directive.
-Euh... Repose-toi, maintenant...
Le Pokémon se reposa sur son coussin. Etienne recula, effaré par son nouveau pouvoir.
« Si je lui demande de se jeter par la fenêtre, il le fera ?! Non, vaut mieux que j'attende que Kenneth soit là pour qu'il voie ça ! »

-Maman !
-Oui mon chéri...
-Er...
Coralie regarda son fils, le regard sévère.
-Euh, Capumain, il fait tout ce que je lui demande !
-Et alors mon chéri, tu devrais être content, les Pokémon mettent parfois du temps à apprécier leur entraineur.
Estelle arriva avec Mangriff et Feuforêve qui avançaient à ses côtés.
-Oui mais là... Enfin c'est-à-dire que j'ai aménagé un coin entier de ma chambre pour lui...
Estelle ricana.
-Ah mais quel bébé...
-Estelle... grommela Coralie, pas très friande de ce genre de remarques.
-...et quand j'ai demandé à boire, il est allé m'en chercher illico !
Estelle s'étonna.
-C'est vrai ?!
-Oui ! Regarde ! Erwa... Capumain !
Coralie soupira. Le singe arriva et sautilla sur place.
-Euh... J'ai faim ! Je voudrais des chips !
Le Pokémon grimpa sur le buffet, chercha, trouva et sortit des chips, à l'étonnement d'Estelle et Coralie.
-Voyez ?
-J'y crois pas...
-Eh bien Etienne... Je suis ravie pour toi...
-Peut-être qu'Er... Capumain, pardon maman, pourrait t'aider toi aussi ?
Coralie regarda le Pokémon, étonnée.
-Capumain, tu m'aides à faire la vaisselle ? demanda la mère d'Etienne.
Le Pokémon s'attela à la tache, mais Coralie le reposa par terre.
-C'est très bien mon petit Etienne, mais c'est ton Pokémon, pas ton esclave ! Ton père ne serait pas content de te voir faire ça !
-Papa le faisait, maman !
-Estelle, chut !
-Mais c'est vrai, il...
-Estelle ! J'ai dit chut !!
Mère et fille échangèrent un regard significatif. L'adolescente soupira.
-Pour une fois que j'étais pas en train de lui crier dessus...
Etienne regarda sa sœur repartir dans sa chambre, surpris.

-Etienne ! Estelle !
Les deux enfants descendirent dans la cuisine. Leur mère hésitait à se rendre dehors.
-Il y a un Pomdepik dans l'arbre, là, juste à côté de mon séchoir à linge !
-Et alors ? s'étonna Estelle.
-J'ai peur de ces bestioles ! S'il explose...
-J'm'en charge ! sourit Etienne. Erwan, on y... Euh, Capumain !
Coralie semblait rouspéter moins vindicativement maintenant.
Etienne et son Pokémon observèrent le Pomdepik.
-Ok... Météores !!
L'attaque toucha Pomdepik qui tomba au sol. L'insecte grommela et regarda Etienne.
-Calme...
Un rapide coup d'œil permit à Etienne de voir que Pomdepik ne connaissait pas Destruction ou Explosion.
« Les cornes ne sont pas brûlées ou usées. S'il explosait souvent, il aurait ses cornes usées. »
-Capumain, Chatouille !
Le Pokémon gêna Pomdepik qui chargea toutefois Capumain.
-Arg... Capumain, Combo Griffe !
L'attaque frappa de part en part le Pokémon adverse. Pomdepik tournoya et envoya des Picots autour de lui. Capumain ne pouvait plus trop bouger.
-Oups...
Pomdepik fonça sur Capumain, menaçant. Etienne fronça les sourcils.
-Mitrapoing !!
L'attaque frappa Pomdepik, bien qu'imparfaite et à l'état d'apprentissage seulement. Pomdepik se retrouva assommé. Etienne vint prendre Capumain et regarda Pomdepik, dans les vaps.
« Qu'est-ce que je fais, je le capture ?! »
Etienne regarda bien le Pomdepik.
« Ce serait le premier Pokémon que je capture de ma vie entière, avec une Pokéball et tout... Et ce serait un Pomdepik ?! »
Etienne soupira et attrapa le Pokémon. Coralie et Estelle arrivèrent.
-Eh bien mon grand, quelle raclée tu lui as mis...
Etienne regarda la Pokéball.
-Il est couvert de piquants alors je vais l'appeler Simon. Comme tonton Simon qui pique à cause de sa barbe mal rasée.
Estelle sentit l'ouragan venir, avec Coralie auprès de lui, mais au lieu de ça la mère regarda son fils et lui tapota l'épaule.
-Appelle tes Pokémon comme tu veux, mon chéri.
-C... C'est vrai maman, je peux ?
-Oui. C'est un peu comme un jeu pour toi je suppose...
-Ouais... Voilà.
Coralie hocha la tête et commença à installer son linge. Estelle souffla de soulagement.
-Merci bien, en tout cas.
Etienne hocha la tête, rassuré.

-Etienne ?
-Hm ?
Estelle regarda son frère qui avait pendu son Pomdepik à un vieux porte-manteau. Le Pokémon semblait content de sa nouvelle vie casanière.
-Euh... A propos de toi et de tes Pokémon, tu sais, le fait de... les laisser te servir.
-Hm ? Quoi ?
-Eh bah... Papa faisait souvent ça aussi. Il demandait à son Lucario de l'aider dans la plupart des tâches. C'est pour ça que maman était gênée.
Etienne hocha la tête.
-Je m'en veux de la gêner comme ça. En plus à cause de ça, Debra est partie...
-Debra a pris sa retraite, Etienne ! soupira Estelle. Je sais qu'elle te manque.
-Pas à toi ?
Estelle secoua la tête.
-Les gens, c'est comme les Pokémon. Si tu les relâches, tu n'as plus qu'à espérer qu'ils soient heureux sans toi.
Etienne regarda sa sœur retourner dans sa chambre.

Cantine.
Aujourd'hui, Kenneth est malade, comme depuis le début de la semaine. Etienne se sentait un peu seul aujourd'hui à l'école. Il avait treize ans à l'époque. Au self, il s'aperçut en plein milieu de la file qu'il avait oublié son argent à la maison.
-Oh non.... C'est pas vrai !
Il s'inquiéta et envisagea de faire demi-tour et de ne pas manger aujourd'hui.
-Je peux t'aider ?!
A côté de lui un gamin à lunettes très louche, qu'Etienne trouvait bizarre voire zinzin.
-Euh.... Ouais, j'ai oublié l'argent de mon déjeuner...
D'habitude, Kenneth lui aurait prêté cet argent, mais là en l'occurrence...
-C'est pas grave, je vais te le payer pour cette fois. Tu me rembourseras plus tard.
-Merci c'est cool de ta part.
Au moment ou Etienne se dirigeait vers une table avec des gens de sa classe avec qui lui et Kenneth avaient l'habitude de manger, il fut appelé par le garçon bizarre.
-Attends, viens manger avec ma classe !
-Hein ?! Euh... J'sais pas trop...
-Mais si, allez...
Etienne suivit le type à travers le réfectoire. Une fois à la table, il était assis à côté de types qui avaient au moins deux ans de plus que lui.
-Les gars, je vous présente Etienne Smirnoff. Etienne, je suis Sherman Cumberdale.
Etienne, peu rassuré, salua et commença à manger, le nez dans son assiette.

-Sherman Cumberdale ? C'est un surdoué, il est déjà en sixième année alors qu'il a notre âge... Pourquoi t'as été manger avec lui ?
Etienne soupira en regardant Kenneth alors qu'ils étaient dans son jardin. Le convalescent avait besoin de sortir.
-Il a payé mon déjeuner !
-Combien de fois je t'ai dit de demander à Lewis, il est nettement plus quelqu'un de confiance !
Le Capumain d'Etienne et le Cornèbre de Kenneth mangeaient ensemble.
-Ca aurait fait trois fois que je demandais à Lewis ! Tu me connais, j'aime pas demander...
-Etienne, ne revois plus ce type. C'est un malade. Tu as travaillé sur ta thèse ?
-Oui, je compte aller au quartier nord de Merouville pour aller interroger le père Fredrich.
-C'est incroyable que t'aie pu avoir un entretien avec un repenti de la Team Magma. Il va surement te raconter des trucs terribles. Je regrette de ne pas pouvoir y aller avec toi...
Il se moucha.
-C'est un quartier dangereux en plus... Tu prends des risques...
-T'inquiète pas, ça durera pas longtemps. Et puis tu as ta propre thèse à travailler.
-Oh crois-moi j'ai du temps...
-Si tu as besoin d'aide...
-Oh, Etienne c'est gentil, mais tu devrais arrêter de penser aux autres, et penser un peu plus à toi.
Etienne hocha la tête.
-Allez, viens, ma mère nous a probablement préparé des biscuits, et en plus t'en auras plein, j'ai pas d'appetit...
-Kenneth, je t'ordonne de manger !
Ils ricanèrent ensemble et rentrèrent.

Sur le chemin du retour, Etienne croisa Sherman.
-Salut Sherman, euh...
-Etienne, y'a une fête ce soir dans le quartier nord, avec les gars de la classe ! Tu viens ?
-Euh... Non j'ai des trucs à faire ce soir !
-Tu sais pas ce que tu rates !
Etienne le laissa partir et il rentra chez lui. Sa maison de l'époque était une petite villa plutôt jolie. Il avait sa chambre à l'étage. Il entra et vit sa mère, une femme brune avec une coiffure frisée et un sacré brushing.
-Salut m'man !
-Lut...
Elle était concentrée sur une machine à écrire, trop occupée. Etienne vit aussi sa grande soeur sur le canapé, regardant la télé. Il monta à l'étage et croisa son père qui bricolait la plomberie de la baignoire.
-Salut p'pa...
-Etienne, tu veux bien demander à ton Capumain de venir m'aider ?
-Erwan ne peut pas faire ce genre de travaux, papa, je te l'ai déjà dit.
-C'est un Capumain, pas Erwan.
Etienne secoua la tête.
-Il s'appelle Erwan.
Le père d'Etienne se leva et prit les épaules de son fils.
-Etienne, ton père est mort il y a cinq ans, je crois que ce n'est pas très bon que tu donnes à un Pokémon le prénom de ton père décédé...
Etienne regarda son beau-père droit dans les yeux.
-C'est Erwan. Erwan ne manipulera pas d'outils. C'est comme ça.
Le beau-père d'Etienne regarda le gamin partir vers sa chambre. Il sortit ses dossiers et continua sa thèse en soupirant, regardé par son Capumain.

Le soir venu, accompagné d'Erwan, Smirnoff se trouvait dans le quartier nord de Merouville, qui était assez risqué en effet. Il entendait des bruits d'alarmes, des vitres brisées...
Il alla procéder à son entretien. L'homme lui parla de diverses choses concernant le vol de Pokémon qui permirent à Etienne d'étoffer sa thèse.
-Retoucher des vêtements est un moment propice à la saisie de Pokéballs, vu qu'elles sont réduites à la ceinture, c'est encore plus pratique, un simple mouvement de doigt et tu peux choper les Pokémon de n'importe qui, et c'est encore plus facile avec les nanas. Ton Capumain serait idéal pour ça.
-Vous croyez ?!
-Ouaip.
-Nan, j'veux pas en faire un voleur. Je refuse déjà qu'il se serve d'outils...
-Ah oui ? Pourquoi ça ? Ca a besoin de développer sa queue ces bêtes là...
-Mon père... Mon père s'appelait Erwan, Erwan Smirnoff. Il était démineur avec mon oncle Simon. Papa s'occupait des travaux délicats et Oncle Simon s'occupait de faire capoter les explosifs. Ils travaillaient en coopération avec la police de Hoenn. Et un jour alors qu'il devait déminer un sac posé par ce qui se présentait comme une organisation criminelle, mon père a été rappelé à l'ordre par un de ses supérieurs, qui lui a ordonné de se servir d'outils pour effectuer son déminage, alors que papa a toujours été connu pour travailler à mains nues. "Plus tu prends de risques, plus tu fais du bon travail", qu'il disait. "Et surtout, dans la vie, il faut faire des choix. C'est ça le piquant de la vie, choisir.", qu'il disait aussi. Il a choisi d'écouter son patron. Comme il était trop habitué à déminer manuellement, il a fait une erreur, et il a sauté avec la bombe...
-C'est terrible, gamin...
-Ne vous en faites pas, on a retrouvé les coupables, mais je vous avoue que ça m'a beaucoup secoué...
-Et tu as donné le nom de ton père à un Pokémon... C'est... Morbide...
-J'ai choisi de faire vivre le souvenir de ma famille à travers mes Pokémon... C'est comme ça. Bon, on continue ?

En sortant de chez le père Fredrich, Smirnoff constata qu'il faisait nuit. Son Capumain sur l'épaule, il décida de rentrer promptement, lorsque soudain, en regardant de l'autre côté de la rue, il vit une fête qui se déroulait dans une grande maison. Il aperçut une silhouette titubant dans les escaliers descendant sur le trottoir. Il reconnut Sherman.
"Oh bon sang..."
-Ouaiiiiiiiis c'est la fête !!! Yipeeee !
Etienne vit une cabine téléphonique. Il s'y pressa.
-Oh... oh.... oh mais c'est ETIENNE ! Eh ! Eh Etienne ! T'es mon copain, hein ?
-Allo, la police ? Oui excusez-moi, je suis dans le quartier nord de Mérouville.
-T'appelles qui, Etienne ? Ton père ?
Etienne fronça les sourcils.
-Y'a une beuverie qui risque de mal tourner ! Et je crois que certains participants sont mineurs !... De rien !

-Etienne !!
Alors qu'il rangeait son casier, Etienne aperçut Kenneth qui revenait de sa semaine de maladie.
-T'as entendu ce qui est arrivé vendredi soir à la fête de promo des sixièmes années ? Genre quelqu'un a appelé la police et ils se sont tous fait embarquer !
-Ah bon...
Kenneth regarda Etienne, intrigué, puis ils virent une enveloppe dans son casier.
"Rejoint-moi à la salle de concours ce matin, j'ai une surprise pour toi, signée Linda"
-Oh... Etienne va t-il résister une seule seconde à cette brûlante invitation ? Ricana Kenneth
-Ca va Kenneth... Elle veut surement me montrer sa nouvelle prestation.
-Elle n'arrête pas de te les montrer, ses prestations ! Il serait temps que vous arriviez à voir ce que vous ressentez l'un pour l'autre, tu vois...
-Kenneth....
-Allez, vas-y, je sais que tu en meurs d'envie.
-Evidemment, j'adore les concours Pokémon !
Kenneth regarda encore la lettre.
"Bizarre... Linda n'écrit pas en noir d'habitude... Et ces fautes d'orthographe..."
Kenneth sembla réaliser quelque chose.
-E.... Etienne, attends....

Etienne arriva à la salle de concours de l'académie de Merouville.
-Linda ? Linda, t'es où ?
Soudain, Etienne fut recouvert de porridge, une purée épaisse de flocons d'avoine. L'adolescent s'étonna, et en regardant dans les tribunes il aperçut Sherman et sa bande.
-Ca t'apprendra, enfoiré !
Etienne tenta de se nettoyer, mais l'humiliation suprême arriva lorsqu'il se rendit compte que c'était la journée portes ouvertes, et un groupe de familles entra dans la salle de concours qui était en train d'être visitée.
Fort heureusement, Kenneth vint le sortir de là.
-Viens, Etienne ! J'aurais du m'en douter, c'était pas du tout son écriture....
-C'est cet enfoiré de Sherman...
-Qu'est-ce qui a bien pu se passer ?!
Kenneth essuya Etienne dans les vestiaires de la salle de concours.
-Ca va ?!
-Oui mais... Fais-moi juste sortir d'ici...
-En tout cas ne te frotte plus à ce Cumberdale !
-Promis, Kenneth.

-ETIENNE !!!
Kenneth, Linda et d'autres élèves observaient la bagarre.
-Erwan ! Météores !!
Le Capumain d'Etienne frappa le Yanma de Cumberdale.
-Sonicboom !
L'attaque fut rapidement esquivée.
-Etienne bon sang tu m'avais promis !
-Désolé c'est plus fort que moi !
-Grrr... Brouhaha !!
-Mitrapoing !!
Erwan frappa vivement Yanma qui retomba.
-Météores, à nouveau !!
L'attaque acheva la libellule. Etienne regarda fixement Sherman Cumberdale qu'il venait de ridiculiser.
-G.... Grrrrr.... Smirnoff je te déteste !!
-Mais c'est réciproque !!
-A cause de toi on m'a fait redescendre en cinquième année !!! C'est la pire humiliation qui soit !
-NON ! La pire humiliation qui soit c'est ce que tu m'as fait subir ! Je suis bien content qu'on t'ait puni !
-Tu me le paieras !
-Même pas ! Ne compte même pas sur moi pour que je te rende ton argent de l'autre fois !

-C'était une super soirée. Merci de m'avoir raccompagnée.
Le garçon face à Estelle sourit. Etienne la vit revenir par la fenêtre. Ian ouvrit la porte au moment ou Estelle allait embrasser son ami.
-Estelle. Tu rentres tout de suite !!
-Euh...
-Tu rentres.
Estelle soupira.
-A demain !
-Hm...
Estelle entra dans la maison. Ian et Coralie la regardaient, accusateur.
-Estelle, je crois que tu nous dois des explications...
Estelle, dix-sept ans, regarda ses parents.
-Euh... Non. Je fais ce que je veux.
Coralie écarquilla les yeux. Ian soupira. Etienne, treize ans, observait en haut de l'escalier.
-Je vous rassure, il ne s'est rien passé qui vous concerne.
-Estelle enfin... soupira Coralie.
-Quoi, maman ? J'ai pas le droit, c'est pas bien, quelle honte... Non plus !
Elle remonta dans sa chambre et observa son frère qui l'épiait de sa chambre.
-Va te coucher, toi, morpion !

Etienne comptait le nombre de tours de Pomdepik à la minute.
-Quatre-cent vingt huit... Ok.
Estelle vint le voir.
-Euh... Etienne, je peux te parler ?
-Oui...
-Est-ce que tu... as été dire au gars que je fréquentais que je sortais avec un autre ?
-Aucun mot n'est sorti de ma bouche.
Estelle hocha la tête.
-Tu lui as envoyé une lettre anonyme...
-Peut-être, je ne confirme pas.
-Pourquoi tu fais ça ?
-Parce que tu es ma sœur et que je t'aime.
-Petit con... Résultat, moi il a voulu me quitter ! T'es content ?
-Très.
-Sale petit enfoiré...
Elle partit. Etienne soupira.

Le lendemain, Etienne partit de la maison une heure avant l'école. Il se plaça à son poste et prit des jumelles. Il vit le petit copain d'Estelle, rejoint par une belle blonde.
-Tiens tiens... Serait-ce super salaud joli cœur ? Aussi connu sous le nom de « Je suis le bâtard qui va faire pleurer ma grande sœur » ! Dans tes rêves !!
Etienne prit un cliché avec un appareil photo.

Estelle rentra de la fac. Sur la table de nuit de sa chambre, des photos. Sous lesdites photos, un message avec l'écriture de son frère : « Lui, par contre... »
Elle alla voir son frère, frappant sa porte d'un coup de pied.
-Tu l'ESPIONNES ???
Etienne regarda sa sœur.
-Non !
-Ton stupide Capumain n'est pas capable d'espionner, et ton Pomdepik non plus !! Ne te FOUS PAS de moi !
-J'me fous pas de toi ! Comment aurais-je osé...
Estelle approcha Etienne et l'empoigna.
-Refais-moi un coup comme ça et je te LYNCHE à moi toute seule !
Elle le jeta sur son lit et repartit furieuse.
-Promets-moi au moins que tu vas larguer cet abruti ! cria Etienne, prévenant.

Plus tard, Simon vint chercher Etienne à la maison, un samedi, et il l'emmena en voiture jusqu'à Johto.
-On va voir Debra c'est ça ?
-Pas exactement.
Etienne sembla ne pas comprendre.
-Comment ça ?!
Le frère du père d'Etienne semblait mal à l'aise.
-Dis, tu donnes toujours à tes Pokémon des surnoms des membres de la famille ?
-Oui. J'ai appelé mon Pomdepik par ton prénom.
Simon tâta sa barbe en ricanant.
-T'as jamais osé me dire que ça te piquait quand je te faisais la bise, hein ?
-Héhéhé ! Ouais !
Une fois arrivés à Rosalia, Etienne vit qu'ils étaient devant une maison de retraite. Etienne descendit de la voiture. Son oncle lui prit la main et l'entraina à l'intérieur. Il y avait des tas de personnes âgées. Simon entraina Etienne jusqu'à une chambre.
-Etienne, ta nounou n'en a plus pour très longtemps.
Etienne réalisa que son oncle l'avait emmené ici pour qu'il lui dise au revoir... Encore !
-Oh non... Oh non pas ça !
-Va la voir, bonhomme.
Etienne s'approcha du lit. Debra le fixa.
-Hey, bonhomme.
-Hey...
-Ne t'apitoie pas sur mon sort. Je savais que j'allais y passer.
-Pourquoi ne m'avoir rien dit ?!
-Tu allais m'empêcher de partir, et je ne voulais pas t'imposer un spectacle aussi pitoyable... Ecoute Etienne, je vais dire à ton père là haut quel grand garçon tu es devenu.
-Je suis pas grand.
-Mais tu vas faire de grandes choses, je le sais. Ecoute, les Pokémon sont tes amis, n'est-ce pas, plus que les humains.
-Oui, c'est mon père qui me l'a appris...
-Alors continue de les aimer comme tu le fais. Eux au moins ils ne te quitteront jamais.

Etienne se réveilla en sueur. Quel cauchemar horrible !!
Pourtant c'était vrai. Elle était morte. Il soupira et déprima jusqu'au petit matin.

Etienne resta encore plus à l'écart des autres. Kenneth vint le voir.
-Etienne, tu devrais...
-Non.
Kenneth soupira. Une fille le dépassa.
-Etienne Donovan Smirnoff !
Etienne releva la tête. Linda, treize ans, apostropha Etienne de la sorte.
-Je me doute qu'il t'arrive des trucs terribles. Ca ne sert à rien de t'enfermer tout seul dans ton coin. Allez, lève-toi !
Etienne hésita, puis il se leva.

-Dis, Kenny...
-Hmm ?
Ils avaient 14 ans et quelques. Ils avaient fait du vélo jusque dans le bois Clémenti et revenaient à pied en tenant leurs véhicules.
-Tu penses quoi exactement de Linda ?
-Bah... C'est une chic fille.
-Ah... C'est tout ?
-C'est ma meilleure amie, bien sur... Après, mes sentiments... Bah c'est un peu comme ma sœur, quoi.
Etienne hocha la tête.
-Parfois... J'ai envie de la serrer très fort contre moi et... de l'aimer, vraiment.
Kenneth regarda Etienne, surpris de l'entendre tenir un tel discours à propos d'une fille.
-Je sais pas trop si c'est un sentiment correct... D'après Estelle, oui, c'est normal et tout à fait correct...
-T'en as parlé avec ta SŒUR ?!
Etienne ricana.
-C'est elle qui m'en a parlé... Elle est grande, elle est déjà sortie avec des garçons, alors elle sait ce que c'est...
Kenneth regarda son ami, abasourdi. « Y'a vraiment des fois ou j'ai l'impression de trop mal te connaître... »
-Enfin bref, elle m'a dit que... J'étais peut-être amoureux, en fait...
-Tu crois l'être ?
-Non, je crois pas... J'en suis sur. Des fois je suis tout gêné rien qu'à la regarder... Et plus les années passent, plus je la trouve jolie...
-Et puis elle est gentille...
-Ouais, et douce !
-Ouais, aussi, ouais...
Kenneth hocha la tête en se mordillant les lèvres.
-C'est son anniversaire dans trois jours, tu sais ça.
-Ah oui !! C'est vrai, le 1er mai, chaque fois j'oublie !
-... et t'es amoureux d'elle ?!
-C'est pas ça, le 1er mai c'est aussi la fête des Pokémon blancs !
-........tu compares son anniversaire à une fête folklorique ?!
Ils se tapèrent dessus gentiment.
-Dis aussi que je l'aime pas assez !
-Je disais pas ça ! « Mais moi au moins j'ai entouré la date en rouge sur mon calendrier. Et pas pour la fête des Rubans Blancs »
Ils marchèrent un peu, puis Kenneth sembla éprouver une sorte de remords. Il regarda Etienne et s'exprima :
-Tu sais, tu devrais lui offrir un Korillon.
Etienne s'étonna.
-Pourquoi ?
-Euh... ce sont de jolis Pokémon...
-C'est marrant je croyais que tu te souvenais de ce reportage sur la symbolique des Korillon au XIXème siècle !
-Moi ? Noooon !
Etienne pouffa de rire.
-C'est une bonne idée. J'essaierais dès ce soir.
-Ils sont assez nombreux, fin avril...
-Je sais, figure toi ! C'est qui le pro ici ?
-Toiiiii ! Bon ça va, on va pas entériner ! ricana Kenneth.
-C'est toi qui entérine !

Le soir venu, une ombre s'était glissée dans le sous-bois près de chez les Smirnoff. L'ombre relâcha un Pokémon d'une Pokéball. Le Korillon regarda Kenneth.
-Désolé, mon vieux. Tu aurais fait un super cadeau...
Kenneth commença à pleurer.
-Mais je veux ce qu'il y a de mieux pour elle... Et Etienne tient beaucoup plus à elle que moi.
Le Pokémon pencha la tête sur le côté.
-Va t-en ! Va vers sa maison !
Le Korillon regarda Kenneth, étonné. Il partit dans la forêt. Kenneth maudit sa propre incapacité à se battre pour une fille qu'il aime.
Etienne repéra le Korillon qui s'était laissé appâter par son piège. Il réussit à capturer la créature.
-Et voilà ! C'est dans la boîte !!

–Remonte le moulinet ! Ca mord !!
Ils avaient environ quatorze ans. Ce jour là, profitant d'un jour libre, ils péchaient. Etienne remonta la créature. C'était un Ramoloss.
N'importe quel dresseur l'aurait jeté.
-OUAIS !!! UN RAMOLOSS ! YAHOU !
-C'est géant ! Tu vas pouvoir présenter ta thèse sur son évolution !
-Merci, Kenneth ! Sans toi je n'aurais jamais pu le faire !
Ils firent tope-la.
-Je jure de te rendre un jour la pareille !
-T'es pas obligé... Tu me la rends à chaque fois au centuple ! Tu en fais trop...
-C'est parce que tu es mon meilleur ami. Je tiens à toi.
Etienne captura la femelle Ramoloss. Une voix se fit entendre.
-Eh bien, les garçons, on s'amuse bien ?
Etienne se retourne vers Linda qui les regarde, assise dans l'herbe.
-S... Salut, Linda !
-Hey, Linda ! Tu descends pécher avec nous ? Sourit le blondinet
-Non merci les garçons. Il n'y a pas de Pokémon eau qui m'intéresse en ce moment... En plus je suis pas trop d'humeur.
Elle se lève et part. Kenneth tapote l'épaule d'Etienne.
-Vas-y !
-T'es sur ?
-C'est le moment idéal.
Etienne donne sa canne à Kenneth, et il arpente la pente.
-L... Linda !
-Oui, quoi ?
-Euh...
Il sort une Pokéball.
-Bon anniversaire !
Linda regarda Etienne.
-Tu t'en es souvenu ? Je pensais que personne n'y avait pensé ! Merci !
Elle ouvrit la Pokéball. C'était un Korillon.
-Ooooh... Il est adorable ! C'est Kenneth qui...
-Il a juste eu l'idée, c'est moi qui l'ai capturé.
-Je vais l'appeler Corey ! Merci infiniment, Etienne !
Elle lui donna un baiser sur la joue. Etienne devint tout rouge.
-Etienne, ça va aller ? Tu vas pas griller sur place ?
-Oh ça va, toi, hein ! Ricana Smirnoff en redescendant vers son ami.
Ils regardèrent la femelle Ramoloss. Etienne la prit dans ses bras.
-Je vais l'appeler Debra.
Kenneth prit une grande inspiration.
-Tu es sur que...
-Oui. Oui c'est ce que je veux. Je veux l'immortaliser elle aussi.
Kenneth hocha la tête.
-Tout le monde la trouve bizarre, ton attitude de donner des noms de personnes à tes Pokémon. Ton père, ton oncle et maintenant ta nounou...
-Un jour ce sera ton tour peut-être.
Kenneth fit une moue bizarre.
-Comment je dois le prendre ?
-Bien.
Kenneth hocha la tête.
-Et toi tu trouves ça bizarre ? Je veux dire, j'aurais pu faire comme toi, tu surnommes tes Pokémon comme les stars du rock, ou comme Linda avec les grandes figures de l'antiquité, mais moi...
Kenneth regarda son ami qui semblait frustré d'être incompris.
-Toi tu as choisi de leur donner quelque chose qui t'appartient vraiment. Mon Cornèbre s'appelle Warner parce que le premier disque que j'ai acheté c'était du Marilyn Manson, quand à Arakdo c'est Airey, comme le leader des Deep Purple. Toi tu as décidé que tes Pokémon formeraient ta famille. La famille que peut-être tu n'as plus, mais qui reste avec toi, au fond. Nos Pokémon sont un peu part de nos âmes, après tout. Nous passons beaucoup de temps avec eux, c'est normal de les aimer au point de leur donner des surnoms qui nous tiennent à cœur.
Etienne hocha la tête.
-Merci, Kenny. Je me sens mieux maintenant.

-Ah non c'est pas du jeu !
-Si, si, si... La chaussure est plus forte que le chien ! Donc le chien paie plus de taxes !
-Dans le monde du petit poney, il en va probablement ainsi...
Etienne regarda Sherman, exaspéré.
-Tu joues seulement parce que Jasper et Morgane te l'ont proposé et que tu n'as pas daigné répondre non, comme n'importe quel crétin l'aurait fait !
-Personne n'avait pris le chien, j'ai pas résisté, c'est mon pion préféré ! Rétorqua Sherman.
-C'est pas une perche que tu me tends là c'est un tronc d'arbre ! Tu sais combien de vannes je pourrais faire sur ce que tu viens de dire ! Je pourrais en remplir une copie double !
-Encore eut-il fallu que tu saches écrire... lança Sherman.
-Pourquoi on joue, là, déjà ?! Marmonna Jasper.
-Le perdant offre un soda à tous les autres ! Marmonna Morgane, l'ancienne compagne de Kenneth pour leur voyage itinérant.
Les parties de Monopoly à l'académie étaient décidément bien rocambolesques. Au foyer de l'académie de Mérouville, il y avait aussi Kenneth et Linda qui faisaient leurs devoirs.
-Kenneth, « Passe-Passe » prend un tiret...
-Comment tu peux remarquer ce genre de fautes ?!
-J'ai les yeux en face des trous ! Assura Linda.
Kenneth soupira et répara sa petite étourderie.
-Dis-moi, Linda...
-Hm ?
-Tu habitais où avant qu'Etienne ne te présente à moi ?
Linda était clairement embarrassée.
-A... Clémentiville. Mes parents ont déménagé ensuite !
-Hon. Je vois.
Linda se reconcentra sur son devoir. Kenneth la regarda, constata son embarras manifeste et la laissa tranquille.
-Hmm... Martobois, ça prend un X à la fin ?
-Tu le fais exprèèès ?! Geignit Linda en riant.
-Non, non, j'te jure !
-Si je ne te connaissais pas si bien je dirais que tu aimes te faire corriger !
-Ca dépend par qui.
Linda regarda Kenneth, une étrange grimace sur le visage, mais elle se contenta de laisser filer, tandis que Kenneth était rouge de honte.

Kenneth arriva à son casier, fou de rage.
-Qu'est-ce qui ne va pas ?! S'étonna Etienne à ses côtés.
-Les garçons de la classe n'ont rien trouvé de plus con que de parier sur moi, pour savoir si j'étais gay ou pas !
-Et tu l'es ?! S'étonna Etienne.
Kenneth regarda Etienne, coléreux. Le gamin brun se ravisa.
-Je veux dire... Oh les enfoirés !!
-Ouais ! J'arrive pas à croire qu'ils pensent ça !
-Et... t'as fait un truc qui leur a laissé penser...
Kenneth fronça encore plus les sourcils.
-Quelle bande de bâtards ! S'empressa de réparer Etienne.
-Si j'te connaissais pas si bien je penserais que tu les soutiens...
-Pas jusqu'à parier...
Kenneth regarda Etienne, sonné.
-Quoi ?!
-J'veux dire... Non pas que ça me soit arrivé de le penser mais... Enfin Kenneth, je plaisantais !
-Mouais... C'est ça.
Le blond partit, furieux.

-C'est honteux !
Les garçons regardèrent Linda.
-En quoi ?
-Kenneth n'est absolument pas... comme ça ! Je le saurais sinon !
-Comment ça, tu le saurais ?! S'étonna un garçon.
-Je... Kenny est mon meilleur ami, vous pensez bien que...
Etienne arriva et déposa quelques billets.
-60 Pokédollars... qu'il est ni l'un, ni l'autre !
Les gars regardèrent Etienne, surpris. Linda écarquilla les yeux.
-Etienne !! Comment oses-tu...
-Je parie, Linda. C'est... mon côté gros macho !
Linda secoua la tête.
-Je... ne te reconnais pas là dedans !
-Je sais... Désolé. Tu veux parier ?
-Pourquoi ?! Pour t'accompagner dans ta traitrise ?! C'est minable, Etienne !
Linda partit, furieuse. Etienne acquiesça et confirma le pari.

-Je te déteste !!
Etienne regarda Kenneth.
-Linda m'a dit que tu avais parié sur moi !
-Exact.
-Je... Je croyais que tu étais mon ami...
-Je comprends ce que tu ressens... Mais crois-moi, je fais ça pour une bonne raison.
-Etienne, je... Je crois pas que tu sois vraiment mon ami. Si tu es capable de... participer à ce genre de campagne de diffamation... C'est que t'es pas vraiment mon ami... Adieu.
Kenneth partit alors qu'Etienne soupira.
-Eh bé...

Linda posa les 120 Pokédollars sur le bureau d'Etienne.
-Euh...
-Je te rachète ton pari ! Va l'annuler, Etienne, je t'en SUPPLIE, au nom de tout ce qui nous lie, toi, moi et Kenneth. Annule ton pari et va t'excuser auprès de Kenny !
-Mais justement...
-Ne vas pas me dire que tu as fait ça pour une bonne raison !
-Linda, crois-moi, ça va être comme un livre à suspense...
Linda partit, désespérée. Etienne soupira.
-C'est un plan galère...

-Bien ! Kenneth ! Tu vas devoir nous dire, maintenant.
L'école entourait Kenneth qui soupira.
-Je... Euh... Je suis...
-C'est simple : T'es gay ou t'es pas gay ?
Tout le monde attendait la réponse. Linda était exaspérée. Etienne attendait.
-J'en sais rien du tout ! Et vous me faites carrément chier avec cette histoire !
-Mais dis-le ! On a parié !
-J'EN SAIS RIEN ! Je suis... Ni l'un ni l'autre ! Allez au diable !
Etienne sourit et leva le poing. Le type regarda les paris et écarquilla les yeux.
-A... A un contre cent-vingt et un, E... Etienne Smirnoff remporte toute la mise !!
Kenneth s'étonna. Linda resta bouche bée.
-Il est le seul à avoir parié sur « Ni l'un ni l'autre ! »
Etienne arriva, tout fier de lui.
-Je prendrais que trois-cent. Redistribuez le reste aux autres qui ont parié qu'il était pas gay. Moi je connais mon vieux pote, je me doutais que vous le feriez chier à mort, et qu'il ferait n'importe quoi pour se débarrasser de vous, quitte à dire ni oui, ni non. Donc je prends ces 300 Pokédollars et j'invite Kenny et Linda à venir manger une pizza avec moi ce soir !
Les deux se regardèrent.
-C'était ça, ton plan, dès le départ ?! S'étonna Linda.
-Bah évidemment... Tu croyais quand même pas que j'allais participer à une telle mascarade. Bon, on va se la faire cette pizza ?
Kenneth regarda Etienne, surpris.
-J'te... dois des excuses...
-C'moi qui t'en dois pour t'avoir laissé croire...
-Non non c'est moi j'ai... dit des choses...
-Que tu étais en situation de dire vu ce que j'étais apparemment en train de te faire. C'est bon.
-Tout ça pour nous inviter à manger une Pizza... marmonna Linda, hallucinée.
-J'avais besoin d'un petit supplément d'argent !
Linda et Kenneth se regardèrent, surpris.
-L'est fou...
-L'est bien atteint ouais... Faut le suivre, tu crois ?
Linda haussa les épaules.
-Je crois qu'avec lui on n'aura jamais le choix. On aura toujours envie de le suivre...

– Zzzzzzz...
Kenneth frappa Etienne qui se releva brusquement.
-Désolé... Ca fait longtemps qu'on attend...
-On va être affiliés à nos professeurs itinérants et c'est tout ce que ça te fait ?
-Qu'ils arrivent alors...
La directrice de l'école de Mérouville arriva suivie de trois professeurs.
-Le professeur James Dudley, spécialiste en logistique des objets.
-J'appelle Morgane Patch et Kenneth Heine.
Les deux se lèvent et se dirigent vers l'entrée. Kenneth se tourne vers Etienne.
-Bonne chance !
-Toi aussi !
-Le professeur Annette Parkinson, spécialiste en élevage et médecine thérapeutique !
-J'appelle Cathy Hepburn et Linda Trautmann !
Toutes contentes, les deux amies se précipitent vers leur prof. Etienne soupira d'être quant à lui séparé de son meilleur copain Kenneth.
-Et enfin le Professeur Jools Siviter. Spécialiste...
-EXPERT.
La directrice regarda Jools. L'homme était grand, raide. Il portait une veste beige qui se finissait en queue de pie et un pantalon gris. Le parfait britannique. Détail troublant, il portait un monocle et ses cheveux étaient calés à droite toute. Etienne semblait intrigué.
-Je suis Expert, madame Bowman. Votre permanente est affreuse et votre shampooing aux œufs de Tentacruel embaume !
-Expert en... Pratique du combat direct...
-J'appelle Jasper Colin.
Un gamin blond s'avança.
-Et le jeune Etienne Smirnoff.
Etienne soupira intérieurement. Il se leva et tomba en trébuchant sur un sac. Personne n'osa rire car la silhouette longiligne de Jools s'avança dans la classe. Il releva Etienne en le prenant par le bras.
-Qui comme vous le voyez, porte bien son nom. En place jeune homme.
Etienne était relativement humilié. Lorsqu'ils sortirent de la salle, ils partirent dans la direction opposée à celle des autres.
-Euh...
Etienne se retourna pour apercevoir Kenneth ou Linda, mais ils n'étaient plus là.
-M... Mr Siviter, s'il vous plait...
Il ouvrit la porte d'une salle.
-Vous entrez.
-Quoi...
-Vous ENTREZ, messieurs. Je déteste la répétition, elle n'est génératrice que de confusion. Entrez, un point c'est tout.
Etienne et Jasper entrent.
-Les fauteuils sont faits pour s'asseoir. C'est leur raison d'être
Ils s'assirent sur les pupitres.
-Bien. Mon nom est Jools Siviter. Je tiens cet étrange patronyme d'une grande famille de détectives privés de Kanto-ouest. Il est très honorable et honoré alors je vous prierais de le respecter, et de ne pas le prononcer Sivister, Sylvester ou Seviper. C'est SI-VI-TER.
-Oui Monsieur...
-Oui !
-Présentez-vous brièvement. Nom, prénom, âge, date de naissance, Pokémon et but dans la vie. Vous commencez.
-Je suis Jasper Colin. J'ai 15 ans. Je suis né le 4 mai 1978. Mes Pokémon sont Mustebouée et Baudrive. Mon but... c'est... D'être éditeur. Comme mon père.
-Editeur ? Voilà un métier peu banal. J'ai côtoyé quelques éditeurs quand j'ai commencé à faire publier des livres à mon nom, sur le combat direct.
-Ah oui...
Etienne montra le livre de combat qu'ils avaient à l'école.
-Votre nom est un des quatre sur la couverture...
-Beau sens de l'observation. Encore que je n'aie pas la prétention d'avoir mon nom écrit partout. Présentez-vous, jeune homme.
-Je suis Etienne Smirnoff. J'ai 15 ans, né le 21 décembre 1978, et mes Pokémon sont Capumain, Pomdepik et Flagadoss. Et mon but c'est d'être professeur.
-Professeur... Comment cette étrange vocation vous est venue ?
Etienne se sentait moyennement à l'aise. L'impression d'avoir en face quelqu'un de familier, peut-être. Le sentiment d'admiration jouait un peu.
-Euh... Mon professeur en première année était Nicéphore Cole. Il m'a donné le goût d'enseigner.
-Fort bien, fort bien. En ce qui me concerne, j'ai 42 ans, né le 31 janvier 1951 à Atalanopolis. Mes Pokémon sont Mammochon, Pyroli et Ectoplasma. Sachez qu'en tant que professeur il y a une chose que je ne tolère pas.
Les élèves écoutaient.
-Je ne tolère pas qu'on échappe à un exercice. Je ne tolère pas non plus qu'on trouve une excuse pour ne pas faire un exercice. L'insolence est strictement prohibée. Je suis dur, mais au terme de ces trois mois avec moi vous comprendrez votre douleur et vous l'apprivoiserez pour devenir deux très bons élèves. Je n'ai pas de taux précis de réussite car... Autant que possible j'évite de prendre des nouvelles de mes élèves après avoir prodigué mon enseignement. Nous allons sortir. Prenez garde à ce que je dis, j'ai tendance à faire faire des exercices n'importe où.

-Bien. Ceci achève ma partie matinale de croquet. Excusez-moi, jeunes gens.
-C'est rien, M'sieur.
-Bon. Jasper, vous avez révisé l'arbre des types pour le type Ténèbres ?
-Super efficace contre le Psy et le spectre. Immunisé contre le psy. Peu efficace contre les ténèbres, le combat et l'acier. Faible face au combat et à l'insecte. N'est inefficace contre rien, résiste au psy et au spectre.
-Bien... Très bien. Etienne, je vous demande l'arbre pour le type Roche !
-Les mouvements de type roche sont efficaces contre l'insecte, le vol, le feu, la glace, inefficaces contre le combat, le sol et l'acier. Aucun type immunisé. Les Pokémon de type roche sont résistants au normal, au feu, au vol et au poison. Ils sont faibles au combat, à la plante, au sol, à l'acier et à l'eau. Immunisés contre aucun type.
-Parfait.

-Vous voulez vous battre ?
-Un peu oui ! Cria l'adolescent aux yeux rageurs, vous m'avez marché sur le pied.
-L'aurais-je fait exprès...
-Rhinoferos ! Go !
Jools observa la créature. Il rehaussa son monocle. Derrière lui, ses deux élèves.
-Douce Gardevoir, cette créature est affreuse ! Sale et mal entrainée. Vous savez que ça se lave, en général ? Il suffit d'utiliser un chiffon frais ou d'utiliser de l'eau de Seltz. Enfin...
Il sortit une Pokéball et la pose par terre. Il sortit aussi un maillet de croquet. Etienne et Jasper observaient, intrigués.
Le professeur frappa dans la Pokéball avec le petit marteau de bois. Elle partit se loger sous Rhinoferos. S'ouvrant, la Pokéball laissa sortir Mammochon qui fit valdinguer Rhinoferos dans les airs et repoussa le dresseur.
-Ouah !
-Cela est fort regrettable... Vous avez perdu.
Soudain, Rhinoferos descend en trombe, corne la première.
-Je vais l'éventrer, ton porc !
Jools lança une Pokéball en l'air et frappa dedans avec le maillet. Pyroli sauta vers l'ennemi et le frappa d'une surpuissante Queue de fer. Rhinoferos partit s'écraser sur une maison.
-N'oubliez pas cette règle, les enfants. Dans le combat de rue, si votre adversaire sort un Pokémon, sortez-en deux. S'il en sort deux, sortez-en un.

Il écrivait beaucoup à ses heures perdues, jamais au détriment de l'enseignement de ses élèves. Jasper et Etienne partageaient une certaine camaraderie sans pour autant être devenus de grands amis éternels.
Etienne et Jasper furent fort surpris quand leurs Capumain et Baudrive évoluèrent en même temps en Capidextre et Grodrive.
-Eh bien si ça n'est pas un signe du destin, ça ! Tout tend à prouver messieurs que vos destins sont liés...
Jasper et Etienne se regardèrent, étonnés.

Peu après, Jools avait invité Etienne séparément à une partie de chasse.
-Une chasse ?
-J'ai repéré quelque chose qui devrait t'intéresser.
Ils traversèrent un pan de forêt.
-Mr Siviter...
-Oui, Etienne...
-Vous ne nous parlez jamais de votre famille...
-Mes parents sont morts et j'ai deux frères qui sont dans la politique.
-Oh... Pardon. Moi c'est... Mon père qui est mort.
Jools hocha la tête.
-Mes condoléances, jeune homme.
-Merci...
-Nous y voilà.
Sur un arbre à miel étaient agglutinés une bande de Scarhino. Etienne les observa et regarda Jools.
-J'ai pressenti que vous aviez assez de talent pour tenter d'en attraper un.
-Je... Je peux pas !
Jools sourit.
-Vous pouvez.
Il sortit son maillet et tira un magnifique caillou droit sur les insectes. Perturbés, ils s'éloignèrent. Jools poussa Etienne.
-Allez-y, je crois en vous !
Il sortit un carnet et continua à écrire son prochain livre.
Etienne sortit Erwan, son Capidextre, et Simon, son Pomdepik. Le chef des Scarhino s'avança. Il souleva une pierre et la cassa sur sa corne.
-Wooooh...
-Ne vous inquiétez pas. C'est de l'esbroufe.
-J'ai peur, moi !
-Vous ne devriez pas. Celui qui est certain de sa force surpasse le géant.
-Coup Double et Gyroballe !
Capidextre frappa Scarhino mais ce dernier attrapa les queues et tira le Pokémon à lui pour asséner un Koud'korne.
« Je vois sa façon de combattre... »
-C'est ça, visualisez sa panoplie de mouvement. La détente des attaquants physiques est si simple à déterminer...
-Météores !
-Très bien, laissez le privilège aux attaques spéciales et à distance.
-Dard Nuée !
Scarhino subit les attaques et fonça vers les adversaires. Etienne crut voir une attaque Casse-Briques.
-Abri !
Pomdepik contra l'attaque
-Et Mitra-poing !
Les poings de Capidextre frappèrent Scarhino. Lequel s'écroula.
-Et maintenant, faites votre office.
Etienne s'empara d'une Pokéball. Il la lança et réussit la capture.
-Excessivement impressionnant, Etienne. Je vous promets un grand avenir en poursuivant dans cette voie.
Etienne hocha la tête.
-Merci, Mr Siviter.
-Bien évidemment vous avez conscience que ça ne se fera pas par la facilité.
-J'en suis conscient...
Il regarda la Pokéball de Scarhino et décida de donner à ce Pokémon le nom de Timothy, son cousin.

-Mais attends !
Estelle avait maintenant dix-neuf ans.
-Quoi, attends ? Ton frère m'a suivi, il a suivi mes parents !
Estelle soupira.
-Mais moi je m'en fous que tu aies participé à un braquage !
-Ouais, bah mes parents non ! T'es vraiment la sœur d'un sale petit enfoiré !
-D'accord, mon petit frère est nul, mais...
-Quoi ? Quoi, Estelle ?
-... Dans un sens il a pas tort. En plus t'as jamais été arrêté pour ce braquage !
Le mec s'approcha d'Estelle.
-Tu vas aller tout dire, c'est ça ?
-Non, je...
Il leva la main. Un Foretress chargea le type.
-OURF !
-Ose un peu la frapper, pour voir ! grommela Etienne.
Estelle le regarda, arrivant comme un preux chevalier.
-Ca va, Estelle ? Rentre à la maison.
Estelle regarda son frère, entre la reconnaissance et le dégout.
-Je... A cause de toi, tous les mecs que je rencontre deviennent craignos !! J'EN AI MARRE DE TOI !!!
Etienne baissa la tête. Estelle repartit à la maison. Le mec se releva.
-Ta sœur a pas de chance d'avoir un emmerdeur comme toi à ses fesses.
-Toi fous le camp avant que j'appelle les flics !
Le mec se barra en courant.

-Etienne...
-Oui Ian...
Le beau-père s'assit sur le lit d'Etienne qui faisait ses devoirs.
-Estelle m'a raconté ce que tu avais fait...
-Hm...
-Tu sais... J'ai une sœur. Et quand j'étais petit, quand des gars l'embêtaient à la récré, j'essayais de la défendre. Et ainsi de suite, je n'ai cessé d'être sur son dos pour la protéger, enfin selon moi la protéger.
-Et alors ? demanda Etienne, indifférent.
-Eh bien, on ne se parle plus maintenant. Parce qu'à force de la défendre, elle a fini par me détester, par croire que je faisais tout pour rendre sa vie impossible, que je lui voulais du mal quoi. Tu ne voudrais pas qu'Estelle te déteste ?
-... Je fais ça pour son bien.
-C'est ce que je me disais aussi avec ma sœur.
Ian partit. Etienne s'étonna d'avoir eu cette conversation. Mais sachant que c'était son détestable beau-père qui lui avait dit ça...Cela passa par une oreille et ressortit par l'autre.

1994
Sherman avait 16 ans. Il venait de passer son permis. Au volant de sa nouvelle voiture, il paradait dans la ville. Il faisait nuit à Mérouville. Il ouvrit une bouteille et commença à s'envoyer une gorgée de vodka.
Quelques minutes plus tard, il s'envoya contre un arbre.

-Pour conclure, votre honneur, je pense que vous devriez retirer le permis de Mr Cumberdale. Il met sa vie en danger ainsi que celle des autres.
Etienne se tenait devant les juges pour témoigner dans cette affaire. Eh oui, la justice Hoennaise reposait principalement sur des témoignages. La justice du peuple, en quelque sorte.
-Hmm... Je n'irais pas jusqu'à enlever le permis...
-Donnez-lui une restriction, alors, mais empêchez-le de conduire... Pour son bien à lui et pour celui des concitoyens.
Etienne regardait les juges en sa bonne foi de citoyen honnête. Sans se douter que ce ne serait pas toujours le cas.
-Vous avez raison. Sherman Cumberdale, levez-vous.
Il se leva, dépité.
-Trois ans sans conduire, et au terme de ces trois ans vous serez autorisé à reprendre le volant. Je vous condamne également à payer 1000 Pokédollars d'amende. Affaire suivante.
Sherman lança un regard noir à Etienne.
-Pardon Sherman, mais je devais le faire... Pour ton bien.
-Oui c'est aussi et surtout parce que... Toi tu l'as raté, ton permis. Je me trompe ?
Etienne baissa la tête. Décidément il avait une bonne intuition.
-Tu aurais pu te tuer...
-Ca c'est mon affaire, je te remercie. Petit con...
Etienne soupira et sortit du tribunal.

Coralie Smirnoff se leva du banc pour serrer son fils dans ses bras.
-Je suis fière de toi, mon grand.
-Merci, m'man... Même si je me sens un peu coupable d'avoir témoigné contre... et pas pour.
-Il en allait de la sécurité de ta ville et de tes concitoyens. Tu as été très brave de venir témoigner.
-Quand même, tout ça pour un accident... Marmonna Ian.
-Papa disait toujours qu'il fallait défendre ce qu'on croyait juste de défendre.
Ian soupira alors qu'ils se dirigeaient vers la sortie, le regard mauvais voire amer.
-C'est moi, ton père.

-Je... Je t'aime.
Il le regarda, semblant attendre une réponse. Mais en face, pas de réponse. Il baissa les yeux et sembla indécis.
-Je t'aime beaucoup... Je sais que... Je ne suis pas parfait... Nan ça c'est nul !
Etienne Smirnoff soupira devant son miroir, dans la salle de bains, avant de se brosser les dents. Il avait seize ans à l'époque.
-Linda... On est amis depuis très longtemps... Et je voulais que tu saches que... Que du plus profond de mon cœur, je...
Nouveau soupir exaspéré.
-Euh... Linda, tu es la fille de mes rêves. J'ai toujours su qu'un jour, toi et moi ça prendrait un autre sens, une autre direction, un jour... Je voudrais savoir si tu voulais qu'éventuellement on sorte ensemble, je sais pas... Au cinéma, ou alors je pourrais t'inviter à prendre un verre... Rhan c'est tellement artificiel... Linda...
Il prit un regard sérieux.
-Je n'ai rien à t'offrir. Je n'ai rien de plus à te donner que ce que tu connais déjà de moi. Mais je sais ou vont butiner les Charmillon, à l'arrivée du printemps. Je connais les déplacements des Rattata la nuit. Je sais ce que font les Pachirisu de l'arbre de ma voisine, si tu savais c'est très amusant. Ces choses simples, ces petits riens de la nature, eh bien, ce n'est pas grand-chose, mais si tu acceptais de sortir avec moi, Linda, je...
On toqua à la porte de la salle de bains.
« Etienne ! »
C'était Ian. Son beau-père.
« Tu peux libérer la salle de bains, oui ? Y'en a qui veulent se laver ! »
-Oui...Ian.

Quelques mois plus tôt, Etienne sortit en poussant un fauteuil.
-Ca me fait plaisir de t'avoir à la maison.
Le gamin brun dans le fauteuil sourit.
-Je suis...huh... Content de voir... Huh... Que tu vas bien... Huh... Etienne.
-Tu as l'air d'aller super bien aussi, Timothy.
-C'est...huh... Toujours aussi bien, ta ville...huh... Etienne.
-C'est pas super bien entretenu mais que veux-tu, c'est Mérouville.
-Huh... Et comment ....huh... va ta petite copine....
Etienne s'étonna.
-Quoi ?!
-Huh... Ta sœur m'a dit... Huh... Qu'il y avait une fille...huh... Qui t'intéressait...
-Estelle, cette bavarde...
-Ah ça oui...huh...Elle bavasse beaucoup ta sœur...
-Je sais pas trop si j'ai envie d'en parler avec toi, Timmy... Tu n'as vraiment pas envie de savoir quel gars timide je suis.
Timothy ricana.
-Toi...huh... Timide ?! On parle...huh... du même Etienne Smirnoff ? huh...
-Je suis timide ! C'est vrai. Il ne faut pas croire ce qui se dit... Je suis loin d'être un show man...
-Pour ça ok...uh... mais quand tu es face à tes Pokémon... Huh... Tu parles très bien
Etienne hocha la tête.
-Si seulement... Huh... Cette fille...huh... était un Pokémon...
Etienne semblait songeur.
-Ce serait...huh... Trop facile, hein ?....huh...
-Ouais...
-Si c'est ...huh...Vraiment la fille...Huh...Que tu aimes...Huh... Ne t'étonne pas... Huh... Ce sera très dur pour toi...Huh
-Tu as raison, Timothy...
-Tu veux toujours...Huh...Me montrer ton Scarhino...Huh... Qui porte mon nom ?
-...Si tu veux toujours le voir...
-...Huh...Bien sur...Huh...Je veux voir à qui tu me compares...huh... en tant que Pokémon !
-Alors déjà il vole...
-Huh...Beau début !
Ils ricanèrent.

-Tu comptes bientôt le lui dire ?
Kenneth dormait sur le sol de la chambre d'Etienne, sur un petit matelas. Le Capidextre Erwan et le Corboss Warner dormaient respectivement sur le lit d'Etienne et sur un perchoir placé exprès sur un mur. Etienne hocha la tête.
-Ouais. Je voudrais bien essayer...
-Sa réponse sera positive.
-Mais elle est souvent entourée de ses amies...
-Tu as peur d'elles ?
-Un peu. Elles pourraient se moquer de moi...
-Mais non.
-Elles sont peut-être méchantes...
-Et démoniaques...J'ai entendu dire que Wanda Truce était sataniste !
-J'ai peur de la mettre dans une situation... Gênante.
-Etienne, ça crève les yeux qu'elle t'aime.
Etienne hocha la tête.
-Pourvu que tu aies raison mon Kenny... Pourvu...

Le lendemain, Etienne se dirigeait vers Linda, entourée de ses amies.
Il marchait lentement... ...Mais il dévia sa trajectoire, pas encore prêt. Il soupira sur sa propre impossibilité d'aller vers elle.
« Linda... Je... »

-J'vous préviens, j'en joue pas très bien !
-On s'en fout, va, c'est pour le fun. On se moquera de toi pendant seulement une semaine.
Elle rit et les regarda tous les deux.
-Vous êtes dingues mais j'vous adore ! Sourit Linda.
Kenneth sourit. Etienne la regarda.
-Mais c'est moi que tu préfères !
-Oh, Etienne... Je t'aime, mais j'aime bien Kenny aussi !
-Ca ira, Linda, ma fierté est un roc qu'Etienne tente désespérément d'éroder...
-Tu veux dire que j'y arrive !
-Les enfants !
Les trois, dans le jardin, se tournèrent vers Coralie qui ramenait du thé glacé pour les adolescents.
-M'maaaan c'était pas nécessaire ! On aurait pu aller se servir nous-même ! J'aurais même pu demander à Erwan...
-Ca va mon chéri, pour une fois qu'on a des invités qui viennent pour toi...
-Rendons grâce à la convention interrégionale des électriciens de tomber un dimanche ! Sourit Etienne en évoquant ironiquement son beau-père.
Coralie soupira.
-Ca me montre au moins que tu n'as pas honte de tes amis et que tu n'es pas seul, ni...
-En effet, ça change des quatre-mille trois-cent soixante garçons qui font la queue devant la chambre d'Estelle !
Coralie soupira.
-Je vais travailler...
Kenneth et Linda regardèrent Etienne, intrigués.
-Quoi ? Joue de la guitare, toi ! Ca fait des semaines que tu me bassines avec tes cours !
-Etienne, tu... as vu comment tu as parlé à ta mère ?! Marmonna Kenneth.
-Ce n'était pas très gentil, en effet... admit Linda.
-Bah quoi... Ce... C'est comme ça que je lui parle quand... elle est trop dans mes affaires !
Kenneth et Linda regardèrent Etienne, pas certains.
-Mais quoi enfin ?!
-Tu n'as pas été gentil, c'est tout. J'adorerais avoir une mère comme la tienne ! Admit Kenneth.
-Tu lui as mal parlé parce qu'on était là, c'est ça ? T'as pas besoin de nous impressionner tu sais... En plus y'a rien d'impressionnant à parler de cette façon à ses parents !
Etienne sembla embarrassé.

-J'suis désolé...
Coralie regarda son fils.
-Ce n'est rien, Etienne. Je suis habituée. C'est pareil avec Estelle quand un des... mille six-cent trente garçons qui font la queue devant sa chambre sont là !
Etienne baissa la tête.
J'ai été... Prétentieux. Excuse-moi, vraiment.
-Tu es en colère, hein. Tu ne me pardonneras pas.
Etienne regarda sa mère, honteux. Elle lui souriait.
-Tu ne me pardonneras jamais de m'être remariée, hein ?
Etienne avait les larmes aux yeux.
-C'est pas... Je veux pas te...
-C'est normal, Etienne. Tu es un adolescent. Je suis ta mère, je peux comprendre. C'est ce que font les mères !
Elle partit avec le panier à linge. Etienne baissa la tête, piteux. La porte de la maison se fit entendre, marquant le retour de l'instance hostile en la demeure.
Ils ne reparleraient plus de ça avant qu'Etienne n'ait quelques vingt ans.

Etienne, Linda et tous les autres étudiants de la faculté de Mérouville visitaient la pension sur la route adjacente à Lavandia. Etienne s'ennuyait.
-Je sais parfaitement comment ça fonctionne ce genre de pension...
-Allons Etienne, soupira Linda, tu ne pourrais pas faire comme si c'était un rendez-vous ?
-On se tient la main, c'est pas suffisant ?
-C'est déjà énorme, te connaissant... Mais tu pourrais au moins faire comme si tu trouvais ça plaisant d'être là avec moi !
-Avec toi, oui. Mais cet endroit, je pourrais t'en écrire des volumes !
Linda soupira. Ils rejoignirent le groupe d'étudiants.
-Kenny a séché ? s'étonna Linda.
-C'est ce qui semble. Il était bien hier ?
-Euh... Oui !
-Il a sacrément plu, je me demande ce que vous avez bien pu faire.
Linda sembla embarrassée.
« Rien, on s'est juste embrassés dans sa salle de bains... »
-Enfin bref...
Le directeur de la pension parlait.
-Je sais que vous êtes étudiants, alors je vais vous faire cadeau à chacun d'un œuf. Vous pouvez les choisir sur les étagères.
Etienne sourit.
-Là c'est intéressant.
Etienne et Linda allèrent avec les autres étudiants choisir des couveuses. Etienne prit une couveuse contenant un œuf de Ptiravi.
-Je sens que ça va plaire à Kenny.
-Tu n'en prends pas une pour toi ?! s'étonna Linda.
-J'ai pas besoin d'un nouveau Pokémon en ce moment. Après quatre Pokémon, ils n'augmentent plus l'allocation de fonds à l'élevage. Je capturerais plus de Pokémon quand j'aurais un emploi stable.
-Ah oui... Moi je n'en ai que trois alors...
-Tu t'es décidée ?
-Euh... Oh, tu veux bien m'attraper le jaune et orange là haut ?
Etienne prit un escabeau et grimpa pour prendre l'œuf. Il le passa à Linda qui se sentit toute chose de recevoir un objet si précieux de la part de son petit ami.
-M... Merci !
-T'es toute rouge !
-Oui c'est... C'est comme si tu venais de me passer notre enfant !
Etienne rougit à son tour.
-Dheu... Je savais pas que... tu pensais à ça !
-Je suis une femme, Etienne ! Nous pensons toutes à ça ! Pas toi ?!
-...Je suis pas une femme, moi !
-Dès fois j'ai l'impression, tu sais ! Tu n'es tellement pas comme les autres garçons !
Etienne soupira en rougissant.
-Ca suffira pour l'embarras provoqué du jour !
-Très bien, très bien...
Etienne reçut un SMS.
-C'est Kenny...
« Grosse déprime x_x – Besoin de toi STP – A + »
Etienne hocha la tête.
-On fait vite, j'ai des trucs à faire.
Linda regarda Etienne, surprise.

Kenneth retombe en arrière sur son lit en souriant, la sono à fond.
Une fois qu'il eut fini la séance écoute, Kenneth, 17 ans, descend jusqu'à la cuisine et se cherche du lait. Il le boit à la bouteille. Puis il observa son Corboss, Warner qui observait son maître, en t-shirt et caleçon, en train de boire dans le frigo.
-Quoi ? T'as jamais vu un mec qui séchait la fac ?
Le Corboss semblait inquiet pour son maître qui décidément vivait assez... librement son adolescence. On frappa à la porte. Kenneth alla ouvrir. C'était Etienne qui venait sur l'invitation de Kenneth.
-Si tu as viré ta cuti, je te rappelle que je tiens à ce qu'on reste amis et que je suis amoureux de Linda...
-Ca va, tu vas pas me faire la leçon...
-Tu as bu, Kenneth...
-Du lait.
-Oh... Tu nous fais quoi, là ?
-Rien. Une dispute avec mes vieux...
-Pourquoi tu voulais que je vienne ici ?
-QUOI, CA PUE CHEZ MOI ?
-Ca va Kenneth... Ca va... Tu m'as bien invité pour quelque... Oh Kenneth... Ca... Coule de ton nez...
Kenneth passa son index sous ses narines. La poudre blanche était ressortie.
-Han merde...
-T'as encore sniffé...
-Ouais... Ouais...
-Viens. J'vais t'arranger ça... T'as bien fait de m'appeler avant...

-C'est une telle joie de t'avoir à la maison, Etienne !
La mère de Kenneth, Hildegarde, était une femme excessive. Assez forte, elle avait un brushing noir-violet très... Voyant, un collier de grosses perles très cher, une robe de couturier faite sur mesure, au moins 11 bagues sur ses deux mains... Elle travaillait dans l'évènementiel.
-...C'est une chance que tu aies été là alors que Kenny était tombé malade ! C'est une sacrée migraine visiblement...
-Kenneth sait qu'il peut compter sur moi dans ces cas là...
-T'as souvent des migraines ces temps-ci... Marmonna le père de Kenneth.
Le père de Kenneth, Hermann, un homme au crâne dégarni, en chemise avec cravate. Il était trader boursier.
-Oui... Désolé, je mets la musique trop fort...
-Beaucoup trop fort... Et ce... Marily...Marilyn Man...
-Marilyn Manson, m'man...
-Tu pourrais au moins écouter de vrais artistes, Kenny...
Etienne soupira. Pas parce que la mère de Kenneth était énervante mais parce que le dernier cadeau d'anniversaire qu'Etienne avait offert à Kenneth était un CD de Manson. Bonjour le respect de la famille.
-Je sais, m'man.
-Tu restes dormir, Etienne ? demanda le père.
Kenneth regarda Etienne qui hocha la tête.
-Non. Je dois rentrer, j'ai beaucoup de travail...
-Je vois.
-Mais c'est très gentil à vous de m'avoir invité à manger.
Kenneth leva les yeux au ciel. « Mon pauvre Etienne... »
-Ce fut un plaisir, voyons !
Lorsqu'Etienne partit, Kenneth se plaça à la fenêtre. La mère de Kenneth soupira d'aise.
-Bon sang quel sale petit pique-assiette ! Et cette odeur !!

Kenneth ouvrit le rideau. Etienne était devant la maison, regardant vers lui. Kenny fit avec son pouce et son index un zéro, deux zéro, un trois avec les doigts et un autre zéro. Etienne hocha la tête en signe de compréhension.
-Minuit et demi... Ok !
Etienne partit rejoindre sa maison.

Cette nuit-là, minuit trente, le corbeau étendit ses ailes et mena son maître à destination. Kenneth se posa face à Etienne, tenant les pattes de Corboss.
-Tu as tout ?
Kenneth montra le sachet contenant toute sa réserve.
-Super. On y va ?
-Ouais. T'as pris ton sac ?
-Oui... Comme ça. Pour faire aventurier !
Kenneth sourit. Il regarda le sachet.
-C'est nul... J'suis nul...
-Tu devrais arrêter d'en prendre. Je sais ce que tu vis à la maison, mais c'est vraiment pas une solution.
-Ca y ressemble grave.
-Ce qui « est » ne doit pas ressembler « à ».
Kenneth regarda Etienne.
-Moi je suis une solution. Tu as un pépin, tu m'appelles. On va se manger une pizza, prendre un verre, voir un film...
-Je te remercie au fait d'avoir... Séché pour venir à ma rescousse.
-Quand on n'a pas le pétrole on a les idées.
Kenneth hocha la tête, puis il tomba dans les bras d'Etienne qui soupira.
-Ch'uis désolé... D'être aussi pitoyable... T'as vécu des trucs bien pires que tout ce que j'ai vécu... J'suis qu'un sale gosse de riche pourri gâté...
-C'est pas parce que tu as de l'argent que tes problèmes sont moins importants. Allez, viens.
Ils arrivèrent à la rivière. Etienne ferma le sac et alluma un briquet.
-Bon... Funérailles de Viking ?
-Funérailles de Viking.
Etienne sortit une barquette de céleri vide.
-C'est délicieux. Arrête de rire.
-T'es un monstre, Etienne ! Un monstre bouffeur de légumes !
-Mouais...
Etienne largua le sac enflammé dans la barquette.
-Tu t'en passeras ?
-Je m'en passerais, ouais. La nuit est super jolie.
-Et toi tu mens très mal.
Etienne regarda Kenneth qui baissa la tête, coupable.
-Heureusement, j'ai pensé à toi. On a été faire une visite à la pension à côté de Lavandia, aujourd'hui.
-Ah oui...
Etienne sortit de son fameux sac une couveuse contenant un œuf rose et blanc. Kenneth sembla abasourdi.
-C'est un...
-Un œuf de Ptiravi. Il devrait éclore d'ici une semaine. T'as intérêt à super bien t'en occuper.
Kenneth resta sans voix. Il serra la couveuse et regarda Etienne, ému, alors que le sachet de dope coulait à pic.
-Mais... Dans quelle vie j'ai mérité d'avoir un ami comme toi ?
-Dans celle là... Pour l'instant !
Ils ricanèrent.
-J'peux crécher chez toi ce soir ?
Etienne réfléchit.
-Ta mère va piquer une crise et me détester encore plus... Tu ramènes un film sympa ?
-Un bon vieux polar ! Ou un Orson Welles...
-Ca roule pour Welles !

-Hmmm... Groupe 8.
Etienne se rendit au rang de son groupe de professeurs étudiants.
« La vache, y'a du monde... »
-Salut !
Etienne se tourna vers une jeune femme d'environ 17 ans, comme lui.
-Oh... Hey !
-Je suis Cynthia. Cynthia Karashina. C'est quoi ton petit nom ?
-Euh... Etienne. Etienne Smirnoff !
-Smirnoff ? Oh ! C'est ma vodka préférée !
-« Et merde... Pourquoi je leur dis jamais « Etienne Smith », moi ? » Ouais, je sais, c'est...
-C'est trop mignon ! Tu es nouveau ici ?
Etienne hocha la tête.
-Oui c'est... ma première année, comme toi !
-On va avoir droit à trois ans d'horreur avant de devenir ce qu'on veut devenir ! Tu veux faire quoi ?
-Professeur !
-Ouah ! Ca va être dur pour toi !
-Et toi ?
-Moi ? Oh... Je voudrais être championne d'arène ou plus si affinité.
Etienne hocha la tête.
-Alors tu franchis un cursus professoral pour acquérir une licence parce que c'est un des moyens qui permettent de... Euh...
Etienne se ravisa devant une Cynthia étonnée.
-Désolé, j'ai tendance à m'emballer... et à partir dans des explications qui n'intéressent que moi !
-Oh non moi ça m'intéresse !
-Hm... J'ai pas envie de t'ennuyer.
-Ok, si tu le prends comme ça...
Etienne regarda la jeune femme, étonné.
-Euh... Je... Ca veut pas dire que je veux plus qu'on se parle...
-Oui, j'avais compris, Etienne !
Ils échangèrent un sourire.

-Hm-hmhmhm...
-Sœurette...
-Hm ?
-Ou est Ian ?
Estelle se tourna vers son frère.
-Tu cherches Ian ? Toi ?! Sérieux ? T'as enfin acheté ce couteau dont tu rêvais ?!
Etienne soupira.
-Ca fait au moins une semaine qu'on l'a pas vu ! Maman est inquiète !
-Ian est électricien, rien de plus normal qu'il s'absente ! Maman se fait du mouron pour pas grand-chose.
Etienne hocha la tête, quelque peu rassuré.
-Quand même, il ne s'absente jamais aussi...
-SI, ETIENNE ! Fous-moi la paix, j'ai une disserte à faire !
L'adolescent soupira et retourna dans sa chambre.

La nuit, Etienne se réveilla. Il entendait des cris venant de la cuisine. Il descendit mais à ce moment là, il n'y avait plus que Ian dans la cuisine, et Etienne n'allait certainement pas le consoler. Etienne alla voir sa mère mais elle était dans leur chambre et il se refusait, par principe, d'y entrer.

-Tu crois que quoi ?!
Etienne aidait sa sœur à plier le linge.
-Je crois que maman et Ian se sont disputés !
-Oh làlà Etienne... Tu te fais de ces films !
-Ce ne sont pas des films ! Je les ai entendus !
-Etienne, même si c'était le cas, qu'est-ce que tu en as à foutre ?!
Etienne fronça les sourcils.

Sherman Cumberdale sortit les poubelles. Il vit une voiture ramenant Ian chez les Smirnoff. L'adolescent s'étonna.
-A plus tard !
-Oui !
Ian fit la bise à une femme que Sherman ne connaissait pas.
-Oh, bonjour, Sherman !
Sherman salua son voisin, intrigué.

Le lendemain, Sherman voulut frapper à la porte d'Etienne pour le lui dire. Mais finalement, il se ravisa. En repartant, il fut aperçu par Etienne qui ouvrit sa fenêtre.
-Cumberdale ! Qu'est-ce que tu fous sur ma propriété ?!
Sherman regarda Etienne et renversa une de ses poubelles.
-Je t'avertis qu'une de tes poubelles est renversée ! Sympa nan ?
-... enfoiré va...

-Maman ?
Estelle regarda sa mère qui était apparemment excédée par quelque chose.
-Oui ma chérie ?
-Euh... Ca va ?!
-Oui, pourquoi ?
-Tu... laves frénétiquement le réfrigérateur depuis... vingt minutes !
-Tout va bien ! Tout va... parfaitement bien !
Estelle regarda sa mère, suspicieuse.
-Mouais... si tu le dis.

-Arrête...
Elle lui caressait les cheveux.
-Ca ne te plait pas ?
Etienne regarda Cynthia alors qu'ils étaient sur son lit.
-Quand on fait les devoirs, non !
-Alors après !
-Non plus. Je ne suis pas ce... genre de type.
-Etienne, ça fait deux ans...
-Qu'on se connait, oui. Continue...
Cynthia prit une grande inspiration.
-Tu me plais.
Etienne hocha la tête.
-Si j'étais un beignet ta phrase aurait du sens.
Cynthia grimaça.
-Etienne, tu es stupide ou quoi ?! Je suis en train de te dire que... Tu m'intéresses.
-Euh... Cynthia, je ne suis absolument pas le genre de mec qui...
Elle lui sauta dessus et l'embrassa. Comme elle était sur son lit, elle prit quelques libertés. Lui était totalement pris au dépourvu, mais il la repoussa au bout de quelques minutes.
-C... Cynthia, non !
Elle le regarda, étonnée.
-Ecoute... Tu es une fille... Super... mais... Non ! C'est... Je peux pas.
-Pourquoi ?
-J'ai... Déjà quelqu'un !
-Impossible, ça. J'ai demandé à ton père, et d'après lui...
Etienne repoussa Cynthia de facto.
-Quoi ?! Etienne, j'ai dit...
Il ramassa ses affaires.
-Tu en as assez dit ! Salut !
Cynthia vit Etienne partir de chez elle. Elle descendit mais trop tard pour le retenir. Elle soupira sur son sort.
« Merde, quelle conne ! »
-Alors...
Cynthia se tourna vers une ombre dans le noir.
-On recommence le batifolage, hein... Le péché de chair... Les rencontres avec les hommes qui mènent aux portes de l'enfer.
-V... Va te faire foutre, grand-mère !
-Tu es le démon, Cynthia.
-Va t'en ! Fous le camp, vieille salope !!!
-Tu es le démon, tu ne survivras que par la chair et le plaisir de la chair !
Cynthia monta les escaliers alors que la vieille femme avançait dans le salon.
-C'est ta faute, tu as laissé le démon entrer en toi. Tu es le péché, tu le portes en toi comme l'abomination qu'était ta mère la putain... Tu es un monstre.

-Etienne...
Il se retourna vers Cynthia, inquiet.
-Oh...
-Il n'y a personne d'autre, hein ?
Etienne regarda Cynthia, étonné.
-Tu m'as dit que tu étais déjà pris. Par qui ?
-Euh... Elle n'est pas ici...
-Tu MENS !
Cynthia venait de frapper Etienne avec son sac. L'adolescent avait juste pu se couvrir.
-Euh...
-En fait tu m'as dit ça parce que tu ne veux pas me dire autre chose, hein ? T'es quoi, impuissant ? Je suis pas assez bien pour toi ?
-Je... J'aime une autre fille, Cynthia ! Tu n'y es pour rien...
-Ah oui ? Va dire ça à l'autre fille invisible que je ne sais pas qui c'est celle là !
Etienne soupira.

-Hmmmph...
Estelle, vingt-trois ans, regarda son frère.
-Un problème, frérot ? Tu vas plus chez la cinglée aux yeux gris ?
-N... Nan...
-T'as le droit de t'amuser, frérot, moi j'me gêne pas !
-Je ne m'amuse pas !
-Et ça se voit, vu la gueule que tu tires...
Etienne jeta une chaussure vers sa sœur qui s'éloigna promptement. Coralie arriva, étonnée.
-Etienne !!
-Euh... M'man...
-Ce ne sont pas des manières enfin ! Quels que soient tes problèmes, règle-les, mais ne fais pas porter le chapeau à ta sœur, elle n'y est pour rien voyons !!
Etienne acquiesça.
« Résoudre mes problèmes... »

Les mains agitaient fermement la grille.
-Ouvrez bon sang !!
Une dame à lunettes arriva, surprise.
-Monsieur ! C'est une école d'infirmière ! Vous devez demander un droit de visite !
-On me l'a refusé ! Je veux voir mon amie !
Etienne, 19 ans, semblait furieux.
-Monsieur, vous savez que cette école d'infirmières Pokémon est très stricte. Nous n'acceptons pas n'importe qui, premièrement, et deuxièmement, nous n'autorisons pas les visites fréquentes !
-C'est pas juste !! Pourquoi j'peux pas voir ma copine Linda ?!
-Linda qui ?
Etienne fronça les sourcils.
-Grognasse...
Il partit, furibond. Linda l'avait observé par une fenêtre, inquiète.

-Et donc me voilà... Merci de m'avoir fait virer de mon école d'infirmière...
Etienne soupira devant Linda.
-J'suis désolé... J'avais besoin de te voir...
-Tu as de la chance que j'aie envie de faire histoire...
-Pardon pour t'avoir fait virer, c'était pas bien...
-Oh rassure-toi ça me rassure plutôt. Au moins je compte un peu pour toi !
Etienne rougit.
-Mais enfin, tu comptes pour moi, qu'est-ce que tu croyais...
-Oh, ton attitude contraste nettement avec ton indifférence chronique !
-On va dire que sur le coup j'avais peur de te perdre.
Linda sourit et se serra contre Etienne...
Sous les yeux révulsés de Cynthia.
« Alors c'était vrai... Il y avait une autre fille... Je vois... Je sais m'effacer, mais crois-moi Etienne, si un jour je te retrouve sur ma route, je saurais à quelle sauce te manger ! Crois-moi sur parole !! »




Années de travail (20-36 ans) (1998 - 2014)

Ce jour là, dix ans auparavant, Smirnoff marchait à travers une forêt avec deux de ses élèves. Dix ans chacun. A l'époque il était autorisé à encadrer des élèves de cet âge. En fait c'est par eux qu'arriva l'affaire, et qu'arrivèrent des tas d'autres choses.
A vingt ans, Etienne Smirnoff est un jeune homme heureux, fringuant, gentil, compréhensif, respectueux des administrations. Et il est amoureux aussi.
A cette époque l'espoir ne l'avait pas encore quitté. La vie lui tendait encore les bras. Le ciel était encore bleu avec un grand soleil.
Et il n'avait pas de barbe.
-Bon, on va s'arrêter un moment pour manger, ok ?
Les deux enfants s'appelaient Christopher Wanless et Laetitia Blanche. Le premier portait le nom d'un personnage de Charlie, de Stephen King, la seconde avait pour nom le prénom d'une héroïne d'Amélie Nothomb.
Ils s'arrêtèrent pour manger. Smirnoff vit que Laetitia avait oublié sa gourde. Il lui donna la sienne.
-Merci monsieur Smirnoff !
Ils échangèrent un sourire.

Chaque Dimanche une fois par mois, Smirnoff allait rendre des rapports à une centrale d'éducation dans un village pendant que ses élèves passaient un test hebdomadaire, part d'un contrôle continu sur le trimestre. A l'époque il enseignait à Hoenn avec son groupe d'enseignants itinérants, comprenant Cumberdale et Trautmann.
Il énervait le premier, car Smirnoff était jeune et talentueux, promis à un grand avenir.
Quand à la seconde, il en était terriblement amoureux. Il aurait voulu oser tenter quoi que ce soit envers elle, mais à cette époque il était timide et trop sage, de plus la beauté de la jeune femme le paralysait, lui le romantique. Il vint à sa rencontre, ayant rassemblé assez de courage. Elle était assise sur une chaise, brossant un Grodoudou. A ses côtés il avait son Capidextre, Erwan.
-S... Salut, Linda.
-Etienne ! Tu vas bien ?
-Oui, ça va... Je suis de plus en plus motivé par ce travail.
-Je vois ça, oui. Tu es radieux !
-Dis-moi, ça te dirait qu'on... qu'on aille diner un de ces quatre ? Je t'invite si tu...
-Volontiers, Etienne ! Ca me ferait très plaisir !
Ils convinrent d'une date et Etienne repartit saluer des collègues, un sourire désormais permanent aux lèvres. Linda le regarda partir. Une de ses amies ricana.
-Dire que les responsables à l'académie veulent le promouvoir...
Linda sourit.
-C'est vraiment un type bien... Il... Il me fascine vraiment... Si seulement il n'était pas aussi timide...
-Parce que t'es un exemple d'exubérance toi peut-être ?
-Oh ça va Cathy !
Etienne aperçut son collègue Sherman Cumberdale. Sept ans auparavant, ils étaient amis. A la suite d'une dispute, ils étaient devenus antagonistes. Sherman buvait dans une fiole couleur fonte grise.
-Sh... Sherman, tu ne devrais pas... Tu ne devrais pas boire avant d'aller rejoindre tes élèves...
-Quoi ? Qu'est-ce que t'as, le grand manitou ? Hein ?
Sherman se leva et passa sa main dans les cheveux d'Etienne Smirnoff.
-Regardez-le, le petit Smirnoff ! Il ressemble à une bouteille ! Avec ses cheveux en cul de bouteille !
Les collègues se mirent à rire. Etienne recula et rajusta ses cheveux. Linda arriva.
-Sherman, laisse-le tranquille...
-Eh bien quoi ? On s'amuse, moi et mon pote la bouteille ! C'est ma petite Smirnoff ! Hein ?
Linda attrapa la main de Sherman qui rangeait la bouteille, la révélant au grand jour.
-Ca aussi, c'est la classe ! Et ça n'embête personne ???
Les gens se retournèrent pour se détacher de toute responsabilité.
Smirnoff allait en être la victime.

Etienne Smirnoff était ressorti fragilisé par ce dimanche à rédiger ses rapports en compagnie de ses collègues. La scène avec Sherman, Linda qui l'avait vu, et qui l'avait défendu devant tout le monde. Il s'en sentait quelque peu déshonoré. Smirnoff n'avait jamais attaché beaucoup d'importance à son honneur. C'était la première fois qu'il lui prêtait attention, à cet étranger qu'on appelait honneur.
-M'sieur, ça va ?
-Ca va bien ?
-Oui oui les enfants. Tout va bien.
-Vous êtes stressés à cause des rapports ?!
-Oui voilà. Les rapports.
-Faut que j'aille aux petits coins !
Etienne regarda Christopher avec un air stressé.
-Vas-y. On t'attend sous cet arbre.
L'enfant partit faire ses besoins. Il alla à quelques mètres. Là, il aperçut un flash lumineux. En silence, il s'approcha lorsque soudain, une main lui saisit le visage, une main grise, et il fut emporté dans des buissons.
Etienne regarda Laetitia.
-J'ai mentionné le fait que tu as réussi tous mes exercices dans les rapports.
-Merci !
Smirnoff hocha la tête.
-Si tu veux mon avis, l'examen c'est dans la poche. Pour vous deux.
-Hihihi ! Merci monsieur !
Smirnoff sourit et hocha la tête.
-Il est bien long Christopher.
Peu après il plut à verse.
Peu après, ils partirent à sa recherche.
Le visage de Smirnoff était déformé par la douleur, la peur, la folie, la démence, la frustration et la déraison.
Laetitia était en état de choc, profond.
Au bout de deux heures ils appelèrent des secours, la brigade d'intervention du ministère, créée pour éviter des fuites à la presse, ligne ultra sécurisée.
Durant l'attente des secours, Smirnoff serrait Laetitia contre lui.
A la nuit tombée les recherches commencèrent.
Et l'enfant ne revint jamais vers Etienne et Laetitia. Il avait disparu. Et le cauchemar commença...

Et Christopher s'éveilla à ce moment là.

-Huh... Uh ?!
Il était dans une pièce sombre, attaché à une chaise.
-Ou... Ou suis-je ?
Il entendit un bruit de pistolet.
-Aaaaah !!!
-Chuuut. Tu te tais et tout ira bien.
-Qui êtes-vous ?
-Je suis un gentil monsieur. Moi et mes amis ne te feront aucun mal. Tout ce que tu vas faire c'est rester ici cinq jours avec nous. En échange, nous savons que ta maman est très malade.
-Hein ? Maman ?!
-Nous te donnerons l'argent pour son opération si tu restes bien sagement. Nous allons te nourrir et nous ne te ferons aucun mal. Compris ?
-D'accord... Mais et le professeur...
-Tout ira bien. Nous nous occupons de tout.
-Vous êtes qui ?
-Désolé Chris, mais je ne peux pas te le dire.
-Hin... J'ai peur.
-C'est normal. Je reviens. Ne crie pas sinon adieu l'argent pour l'opération. Ok ?
-O... Ok.
-Tu es un bon garçon. Ta maman sera très contente quand elle verra qu'elle pourra être soignée. N'est-ce pas ?
-S... Surement oui.
-Très bien.
L'homme sortit de la pièce pour en rejoindre une autre, éclairée. Deux mains grises prirent le pistolet. Il referma la porte.
-Ca me débecte de faire ça, mais c'est une nécessité.
Les autres types regardèrent celui qui venait de ressortir.
-C'est simple comme plan, en fait. On provoque un évènement grave. On en garde le contrôle.
Les autres hochèrent la tête et sourirent.
-On attend 4-5 jours histoire de faire mijoter.
Les mains grises effacent les empreintes de la crosse du révolver.
-Bon, un type va prendre, c'est malheureux. Mais au final, ça va encourager la création de ce qui ne s'était jamais fait auparavant. Vous savez c'est comme la psychologie Pokémon qui a créé les écoles de dressage. Nous allons être des pionniers.
Ryan Price sourit à ses acolytes.
-Notre petit mouvement d'extrême gauche est sur le point de mener à bien la conspiration qui va obliger les professeurs à se syndiquer. Eh oui. Ce pauvre prof va trinquer, et l'administration va le laisser tomber et le malmener. Son cas sera cité en agrégations, et nous renseignerons les gens pour qu'ils prennent conscience qu'il y a un problème dans leur système. Nous en profiterons pour faire mousser le mécontentement des profs afin de créer le syndicat. Et comme ça, nous allons prendre le pouvoir sur l'une des castes les plus haut-placées de ce monde.
Le Teraclope rendit le pistolet à Ryan.
-Bon, Logan. C'est ton tour. N'oublie pas de commencer à lui apprendre la version des faits qu'il donnera aux enquêteurs.
-Reçu.

Bien coiffé, bien rasé, bien habillé, mais avec de gros cernes, Smirnoff se tenait devant le tribunal administratif du ministère de l'éducation, trois semaines plus tard. Le verdict allait tomber
-Monsieur Smirnoff... Lundi 14 Septembre 1998, vous avez laissé le jeune Christopher Virgile Dylan Wanless, partir remplir des besoins naturels, puis n'est pas revenu. Après des recherches effrénées qui ont du, nous le reconnaissons, être traumatisantes pour vous, l'enfant a été retrouvé cinq jours plus tard dans une cabane de forestiers, recueilli par la famille qui y vivait. Reconnaissez-vous ?
-Je reconnais, votre honneur.
-Monsieur Smirnoff, votre irresponsabilité nous a, au premier abord, encouragé à vous radier de la profession. Il y a eu dix-sept témoignages à votre défaveur, qui nous ont laissé penser que vous étiez un cas désespéré. Ils ont notamment fait état d'une personnalité influençable, faible, souffre-douleur de vos collègues, trop doux à l'encontre des élèves voire enseignant de basse facture, manquant de professionnalisme. Nous avons cependant reçu UN témoignage en votre faveur. La ferveur de ce témoignage nous a convaincu de réduire votre peine suite à cette faute lourde qui a bien failli faire couler le ministère en entier... vous enseignerez durant au moins cinq ans, tout en continuant à suivre en parallèle des formations et des stages encadrés. En outre, vous devrez payer les dommages-intérêts à la famille de la victime par vos propres moyens. Avons-nous été clairs ?
-Très clairs, votre honneur.
-Etienne Smirnoff, nous espérons un jour re-prononcer votre nom avec fierté et reconnaissance. Vaquez.
Il repartit. En ouvrant la porte, Linda arriva à ses côtés.
-Etienne...
-Linda, je... Je dois encore te remercier, je crois...
Linda baissa la tête.
-Il le fallait, Etienne, je ne pouvais pas les laisser te radier définitivement, tu ne l'aurais pas supporté !
Il hocha la tête, regarda Linda et approcha son visage du sien. Elle recula.
-Etienne, écoute, je... Je préfère qu'on reste amis. J'ai... J'avais juré de ne jamais faire inscrire mon nom sur les registres d'un tribunal, et je l'ai fait pour toi mais... Je crois qu'il vaut mieux qu'on reste seulement amis.
Etienne parut un peu secoué, il hocha la tête, prêt à éclater en sanglots.
-Je t'en prie, Etienne, ne m'en veux pas, c'est juste que... On se ferait du mal à se rappeler toute cette histoire. Toi comme moi.
Elle partit. Il soupira car elle avait raison et rentra chez lui sans verser une larme.
Lorsqu'il referma sa porte derrière lui, il s'adossa lourdement à la battante, et son jeune visage se crispa, puis il éclata, comme de rire, un rire grinçant qui ne trouvait pas son souffle, puis il retomba, assis contre sa porte d'entrée, sanglotant comme un enfant, les larmes coulant sur son visage dévasté par l'émotion. Il regarda son salon avec des yeux remplis de crainte et de douleur. Son corps convulsait sous l'émotion intense qui le prenait.
Ainsi, Smirnoff subit la terrible déchéance qui fut la sienne. Mais plus jamais on ne lui ferait les critiques qu'il avait reçues là bas, au tribunal administratif...Plus jamais.

« JE JE, SUIS LIBERTINE ! JE, SUIS UNE CATIN ! JE JE, SUIS SI FRAGILE ! QU'ON... »
La main éteignit la chaîne hi-fi. Estelle Smirnoff regarda sa mère. La jeune femme lisait un livre.
-Qu'est-ce qu'il y a, maman ?
Coralie Smirnoff semblait gênée.
-Ton frère... Est là.
-Etienne ?
Estelle se mit à courir dans le couloir et descendit l'escalier. Elle aperçut la silhouette du jeune homme de 20 ans dans l'entrée.
-Frérot...
-Salut Estelle...
-Etienne va rester quelques temps, histoire de se remettre...
-Maman, c'est bon. Il est pas malade. Il a juste des problèmes. Une semaine devant la téloche et ça ira mieux.
Coralie secoua la tête, ébahie.
-Comment tu parles de ton frère...
-Ca va maman... Tu veux quelque chose, Etienne ?
-Euh... Un petit café.
-Je te sers ça.
Ian, le beau-père d'Etienne et Estelle, arriva.
-Tiens, salut fiston.
-Bonjour Ian.
Ian leva les yeux au ciel.
-Estelle m'appelle Papa tu sais.
-Pour que tu me donnes de l'argent quand j'en ai besoin, asséna la jeune fille.
Ian fronça les sourcils. Il sortit de la cuisine en claquant la porte.
-Eh ben... Ca va toujours aussi bien ici...
-Tu n'as pas idée, soupira Estelle. J'ai hâte d'avoir la réponse pour mon appartement.
-Tu projettes de déménager ?
-Ca devient lourd à la maison, au point que j'y pense de plus en plus sérieusement.
Etienne hocha la tête.
-Ca marche, le toilettage ?
-Si l'autre loqdu arrêtait de dire que je suis une chercheuse de puces...
-Je me demande ce que maman lui trouve...
-J'ai ma théorie mais ça inclut des ordres de grandeur salace.
-Estelle... On parle de maman !
-Je sais... Mais il doit vraiment assurer au pieu pour qu'elle le garde !
Ils ricanèrent. Estelle servit deux cafés et s'assit en face de son frère.

Smirnoff.
Petite barbe, manteau noir.
En face de lui, un homme au crâne dégarni, un psychologue, lui tendit un appareil.
-C'est quoi ?
Le docteur assembla ses mains.
-Un dictaphone. Pour reprendre confiance en vous, vous allez apprendre à vous parler à vous-même. En vous enregistrant, vous allez apprendre à vous affirmer socialement.
Smirnoff paraissait blasé. Il secoua la tête en soupirant.
-Je suis pas fou, Docteur Buckler...
-Je sais que vous n'êtes pas fou. C'est une simple méthode qui consiste à reprendre confiance en vous. Vous avez été fragilisé par votre défection au simple titre d'enseignant. Il est normal que vous réappreniez à avoir confiance en vous.
-Je comprends, oui...
-Vous ne vous rasez plus....
-J'ai peur de... De prendre quoi que ce soit de tranchant... En ce moment.
-Des pulsions suicidaires, Monsieur Smirnoff ?
-Non... Je tremble. J'ai... Peur de me rater.
-Vous êtes encore fragile mentalement... Demandez à quelqu'un de vous aider à vous raser.

Etienne rentra, bouleversé. Estelle vint à sa rencontre.
-Ca a été ta séance chez le psy ?
-Ouais...
-Kenneth a appelé, il va venir pour t'aider à te raser. T'es affreux avec tous ses poils.
-J'ai même plus le courage de me raser tout seul....
-Je t'aurais bien aidé mais je n'ai jamais manié un rasoir de ma vie. Je m'épile, c'est plus hygiénique et moins dangereux.
Etienne ricana.
-Tu dois être la seule sœur à dire à son frère qu'elle s'épile.
Estelle sourit.
-T'es la seule personne qui me reste, Etienne. Depuis... La disparition de papa... J'ai réalisé à quel point tu... Tu comptais pour moi en tant que petit frère...
Etienne serra sa sœur dans ses bras.
-Je te remercie. Tu fais beaucoup pour moi. J'aimerais en faire autant pour toi.
-T'es là, tu m'empêches de taper sur quelqu'un !
Ils ricanèrent. Etienne rejoignit le salon. Son oncle Simon était sur le canapé.
-Tonton, j'ai besoin de ton matériel de rasage.
-Dans le tiroir du meuble du fond, mon grand.
Etienne prit la petite mallette. Il regarda son oncle, figé devant la télévision.
-Ca va, Oncle Simon ?
-Pas fort mon grand. Ca va jamais très fort.
-Je comprends...
-Ne te tracasse pas pour moi mon grand. T'as des problèmes toi aussi.
-Kenneth va passer, si tu veux que je lui demande des cassettes vidéo...
-Il n'aura qu'à passer ici.
-Ouais...
Etienne sortit et monta dans sa chambre pour attendre Kenneth.

-C'est gentil d'être venu.
Kenneth regarda son collègue.
-Tu as une mine affreuse, Etienne...
-Je sais... Désolé d'être aussi pitoyable.
Kenneth étala la mousse à raser avec le blaireau.
-Ca devait être dur de passer devant le conseil d'administration...
-Oui, très.
-Tu sais bien que tout ça n'était pas ta faute.
-... Je sais pas...
-Ne... Ne pleure pas, je viens de commencer à te r...
Mais Smirnoff s'effondra sur Kenneth qui s'écarta légèrement.
-Laisse-moi finir de te raser, Etienne. Il faut que tu sois présentable. Tu es couvert de mousse, ça n'est pas correct...
-Un seul témoignage, un seul témoignage en ma faveur ! Il n'y a que Linda qui ait posé un témoignage favorable.
-Je sais.
Kenneth acheva son travail. Smirnoff était désormais clair de tout poil en trop. Toujours un peu larmoyant mais plus propre.
-Tu... sais... ?
-Oui bien sur, Etienne, je travaille à l'administration de l'école centrale de Mérouville, tu sais bien. On prend un verre ?
Smirnoff se leva.
-Euh... Oui... Oui.
-Ca va ? Tu as l'air sonné...
-Tu... Tu n'as pas émis de témoignage par hasard, à mon encontre ?
-Quoi ? Etienne, je n'aurais pas osé !
-Mais tu n'as pas témoigné pour moi non plus.
-Je ne pouvais pas. Je n'ai pas assez d'ancienneté.
-Ah. Ok. Désolé de t'avoir soupçonné, je suis devenu un peu parano...
-C'est compréhensible, vieux.
Un petit silence. Puis Kenneth saisit l'épaule de Smirnoff.
-Mon vieux, tu sais que je ne te ferais jamais de sale coup. Hein ?
-Je sais, Ken.
Ils se donnèrent une amicale accolade. Kenneth semblait bouleversé.

-Euh... Mémo personnel 1... Je m'appelle Etienne Smirnoff, j'ai 20 ans et je suis enseignant à Clémenti-ville.
Le docteur Buckler hocha la tête.
-Bon début. Je sais que ça va vous paraître débile au début...
-Je ne veux plus jamais paraître débile. Plus jamais devant quiconque.
-Alors efforcez vous de ne dire que des choses intéressantes dans ce dictaphone. Peu à peu, il deviendra votre allié.
La secrétaire appela le psy.
« Docteur excusez-moi, on a un problème avec un patient en salle d'attente. »
-Ahem... Excusez-moi, contretemps.
Il sortit de la pièce. Smirnoff se plaça à son ordinateur et alla sur l'intranet du tribunal administratif de Hoenn.
Il chercha la liste des personnes qui s'étaient inscrites au barreau. Il s'en voulait de faire ça, mais il voulait juste une confirmation.
Linda était inscrite. Première inscription en 1998 pour témoignage favorable.
Cumberdale était inscrit depuis 1994 pour conduite en état d'ivresse... Smirnoff soupira tant c'était risible.
Lui-même était inscrit. Quand il avait 16 ans il s'était inscrit pour être appelé en cas de témoignage contre Cumberdale. Il ne pouvait décidément pas saquer son alcoolisme.
Et là...
-Oh non... Oh noooon...
Sa voix chevrotait à la limite du sanglot. Le nom de Kenneth Heine était inscrit en 1998 pour inscrire un témoignage défavorable à son encontre.
Son meilleur ami l'a trahi.

Etienne semblait regarder vers le lointain à travers la fenêtre. Dehors la pluie crépitait. Il retourna vers ses élèves, dans cette infecte salle de la faculté de Clémenti ville.
-Bien, cours sur l'attaque Attraction, aujourd'hui...
C'était son deuxième jour.
-On va essayer de comprendre l'intérêt stratégique de cette attaque. Avant cela est-ce que quelqu'un sait comment cette attaque fonctionne exactement ?
Une main se leva.
-Hm ?
-M'sieur, pourquoi vous nous apprenez pas comment obtenir des attaques par reproduction ?
-Je te demande pardon ?!
-On s'en tape de l'attaque Attraction ! On veut juste savoir c'est quoi les bons trucs pour battre les autres !
-On veut que vous nous expliquiez les effets des objets tenus !
-C'est du niveau 2ème année ! Rétorqua Smirnoff.
-Les EV et les IV ! Moi je veux savoir ça !
-Personne n'a besoin de ces sous-statistiques merdiques sauf les abrutis qui veulent perdre tout plaisir au combat ! Grommela Smirnoff.
-Pourquoi Attraction d'abord ?!
-Ouais personne l'utilise cette attaque de merde...
Smirnoff se saisit le front.

-Pardon ?!
-Changez moi de classe, Doyen Oakley, je vous en prie ! Ces gosses sont... De vrais merdeux...
Le doyen, un homme à l'air sévère, soupira.
-C'est le placard, Mr Smirnoff. Vous êtes encore autorisé à enseigner parce que quelqu'un vous a soutenu. En l'occurrence, ici, personne ne vous soutient. Ni ne vous retient, si vous voulez prendre la porte...
-Mais si je fais ça personne d'autre ne...
-Ah j'adore les professeurs de 20 ans à peine qui sont coincés dans un établissement ! Vous aimez ce métier ? Prouvez-le.
-Ce... Ca me botte pas trop de... D'enseigner à cent cinquante gosses...
-Ahem... Si je lis votre dossier... Vous étiez sur le point d'être promu, vu vos résultats au concours d'agrégation, après une année complète vous auriez pu aller faire de la formation en école spécialisée... A seulement 21 ans c'aurait été un beau record...
Etienne soupira.
-Je me fous TOTALEMENT de vos qualifications et de vos états d'âme, Smirnoff ! Alors retournez en cours et SUBISSEZ !
Etienne fronça les sourcils.
-Non, je refuse.
-Pardon ?!
Il se leva.
-Je refuse de subir une fois de plus. Ca va être l'heure des méthodes de choc !!
Il partit, fou de rage.

-Ooooookay ! Rebonjour ! Alors ça c'est Simon...
Etienne sortit son Foretress. Le Pokémon ferma les portes de la salle avec la Clause Pierre.
-Ne vous inquiétez pas, il ferme juste les portes pour qu'aucun de vous ne tente de s'échapper !
Un élève s'étonna.
-On va pas s'échapper, on a trois heures à faire avec vous encore...
-Qui a dit que vous iriez manger ? Non, je vous garde les six heures !
Les élèves s'étonnèrent.
-Vous voulez du cours....
Il alla chercher un énorme livre.
-Voici « Apologétique du dressage Pokémon, l'intégrale » par Fabrice Klein ! C'est un peu notre « Gray's Anatomy » à nous, les stratèges. Pas à moi, je trouve ce livre d'une connerie bêtifiante, parce que sur 1237 pages, si je compte l'ensemble des noms de Pokémon cités, d'attaques etc., je n'en retiens que 257. C'est pour moi une infamie totale. Mais ce qui est d'autant plus intéressant... C'est qu'il n'y a aucune gravure. Aucun dessin, aucune image... Et seulement 70 sauts de ligne dans tout le livre !
Les élèves frémirent.
-Vous allez me dire : Rien ne nous empêche de suivre !
Etienne sortit Erwan, son Capidextre.
-Ecoutez-moi bien, bande de petits enfoirés inconscients de la chance qui vous est offerte d'avoir pour enseignant quelqu'un qui se drogue au savoir : Le premier petit trou du cul qui bouge de sa bon dieu de chaise se prendra CECI...
Erwan donne un coup de Mitra-poing dans le mur, créant une grosse fissure.
-...en pleine poire. Moi on ne me punit que si je fais des abus physiques. Pas le Pokémon. Ah et j'oubliais ! Contrôle demain pour tout le monde, tout résultat en dessous de 50/100 sera sanctionné d'une exclusion sans préavis.
-VOUS AVEZ PAS LE DROIT....
Erwan sauta sur le pupitre de l'élève qui se rassit, mortifié.
-Commençons donc la lecture de cette passionnante merde... Et on en a pour six bonnes heures de délice !

A la fin des six heures, les élèves sortirent vannés de la salle, certains en pleurant presque. Etienne avait plutôt été satisfait de sa journée, trouvant agréable la lecture d'ouvrages de stratégie, même à voix haute. Le doyen Oakley entra, étonné.
-Ne me dites pas que vous êtes là depuis ce matin ?!
-Je vous ai écouté, j'ai fait mon travail...
-C'est... C'est de la cruauté pure et simple ! Six heures dans la même salle ?!
-Faudrait savoir. Je suis là pour bosser ou pour leur passer de la crème solaire ? Vous allez me sanctionner parce que j'enseigne ?
Le doyen sembla désemparé.
-Ecoutez-moi bien, Oakley... Je suis au placard – C'est un fait, je n'y changerais rien – Mais ne comptez pas sur moi pour faire tapisserie. Oh, au fait... Mon collègue en stratégie, celui qui enseigne aux troisièmes années, il se pique à la cocaïne, solution diluée à 7% et probablement à l'encaustique si on en croit le pot de cire ouvert sous son bureau. Le prof d'histoire et la prof de fondamentaux couchent ensemble dans les locaux, et la femme de ménage va finir par intoxiquer tout l'étage si elle persiste à pulvériser l'intérieur de la machine avec du produit vaisselle.
Le doyen pencha la tête sur le côté.
-Voyez. Y'a des problèmes plus graves que « Smirnoff l'abruti qui s'enferme pendant six heures avec deux cent petits cons dans une salle ». N'est-ce pas ?
Le doyen hocha la tête et fit demi-tour.
-Oh, au fait... Ne comptez pas sur moi pour faire les réunions pédagogiques. Je n'ai rien à voir avec ces abrutis qui font n'importe quoi quand leur idiot de doyen a le dos tourné. Et surtout : Je ne fréquente pas de détraqués, pas dans mes habitudes. Maintenant, dégagez de ma salle.
Le doyen Oakley resta estomaqué et partit vers le couloir de l'administration.

-Mr Oakley, vous quoi ?!
-Je démissionne... Etienne Smirnoff m'a montré en deux jours qu'il en savait plus sur ses collègues que moi sur les professeurs que je suis censé diriger.
Le proviseur Hadley qui à l'époque travaillait à Clémenti-ville, retint d'une main son Marcacrin qui allait manger sa gomme.
-Il est fin observateur, vous avez vu...
Le doyen baissa la tête.
-Il... Il a enfermé deux cent élèves pendant six heures dans une même salle !!
-On a des plaintes ?
-Pas encore...
-Il n'y en aura pas alors... Ecoutez, réglez plutôt les problèmes que vous venez de m'énumérer, licenciez Bennett et touchez un mot à Hampton et Sancy, sermonnez la femme de ménage et surtout, restez avec nous.
-Autre chose, il refuse de participer aux réunions pédagogiques !!
-Laissez donc... Ca n'est pas capital non plus. Retournez à votre bureau et reprenez votre travail...
-Bien...

De retour chez lui, Etienne poussa un gros soupir. Sa mère arriva.
-Bonjour maman.
-Comment tu vas mon chéri ?
-C'est dur... Très dur.
-Ton p... Ian ne rentrera pas ce soir, et ta sœur est chez des amis. On ne sera que tous les deux.
-D'accord. Tu veux que je t'aide ?
Coralie s'appuya contre l'arête de la porte de la cuisine.
-Maman ?
-Je sais que... Tu m'en veux.
Etienne regarda sa mère, surpris.
-Quoi...
-Tu sais comment ton père m'a rendu folle amoureuse de lui ?
Etienne resta silencieux.
-Ton père, Erwan
-Ah... Raconte ?
-Eh bien, ton père adorait les Pokémon qui émettaient des sons. Il trouvait que le Bel Canto d'un Pijako était le plus beau son qui soit. Il allait souvent à des opéras orchestrés avec des sons de Pokémon. Il m'avait même emmenée à une représentation ou la musique était faite par des Toudoudou. Et... quand j'avais à peu près ton âge, il m'a emmenée une nuit sous un grand saule, le grand saule de la place, ici, à Mérouville. Et cette nuit là, il y avait des centaines de Korillon qui nous ont chanté la plus belle des symphonies... Et là il m'a demandée en mariage.
Etienne était ému.
-Ca a toujours été un grand fana des belles surprises...
-Ah ça, oui...
-Maman, je ne t'en veux pas...
-Si, je vois bien que tu m'en veux de m'être remariée aussi tôt.
Etienne soupira.
-C'est pas...
-Ecoute, tout ce que je voulais c'était ne pas vous laisser seuls toi et ta sœur... La maison était si déprimante après le départ de ton père... Et puis, Ian est gentil, ça n'est pas comme si j'avais épousé n'importe qui... En plus il a accepté de garder le nom de famille de ton père pour ne pas que vous portiez le sien, c'est pas rien, quand même...
Etienne hocha la tête, incapable de rétorquer quoi que ce soit.
-Je comprends... Je comprends maman. Tu fais quoi alors ?
-J'avais pensé à du poisson...
-Je vais le préparer.

-Cours libre... Aujourd'hui j'ai choisi d'aborder la stratégie dans le champ compétitif. C'est-à-dire ce choix d'effectuer une compétition. 60 % des enfants/adolescents choisissent d'effectuer une compétition à partir de l'âge de dix ans. C'est huit ans de moins qu'il y a cinquante ans. Cela émane du fait que les parents tiennent de plus en plus à ce que leurs enfants poursuivent leur rêve. On dénote plusieurs types de compétitions : Arènes, la compétition officielle agréée par le gouvernement. Coordination, la compétition moins officielle mais agréée par le gouvernement. Tournoi en Double, Colisées, Compétition Multi-Sport et autres sont des compétitions non agréées, mais pratiquées. Certains dresseurs qu'on appelle marginaux ne choisissent aucune voie précise et décident seulement d'élever une bande de Pokémon. Ou de faire profs !
La salle sourit.
-Parlons donc des points stratégiques abordables dans l'optique d'une compétition. Tout d'abord...

Fin du cours. Etienne effaçait le tableau. Une jeune femme s'approcha.
-Monsieur Smirnoff ?
-Hmm...
-Je... Je me présente, je suis Blanche.
Etienne regarda la jeune femme aux cheveux rouges. Il s'étonna.
-La... La championne de l'arène de cette ville... C'est un honneur...
Etienne serra la main de Blanche.
-Vous me serrez la main... Vous, assurément, vous n'êtes pas comme les autres...
-Pourquoi, d'habitude on vous saute dessus ?! Désolé, c'est pas la bonne porte.
-Et vous semblez habitué à ce qu'on vous écrase les bijoux de famille sous un genou bien placé. Me trompe-je ?
-Oui, follement.
-Vous êtes le genre de type sarcastique et insupportable...
-Et vous le genre de folle qui n'a pas besoin d'être sarcastique pour être insupportable.
Ils se regardèrent et échangèrent un sourire.
-Je vous invite à prendre un verre ?
Blanche sourit et haussa un sourcil.
-Je croyais que j'étais insupportable ?
-Vous l'êtes, ce qui explique que j'aie envie de prendre un verre avec vous.
Etienne sourit et Blanche sembla charmée.

-Vous ne buvez pas d'alcool ?!
-Eh non. Tout comme vous.
-Ca fait bizarre, deux adultes devant un soda sans le faire pour ne pas gêner l'autre ! ricana Blanche.
-On pourrait se tutoyer maintenant...
-Pourquoi ? Vous ne trouvez pas le vouvoiement sexy ?
-Non je trouve ça ringard. Faites attention, l'usage du mot « sexy » vient de vous faire perdre des points...
Blanche acquiesça.
-Désolée. J'ai pas vraiment l'habitude avec les hommes de mon âge. Ca fait combien de temps que vous êtes à Doublonville ?
-C'est ma seconde année.
-Hon... Moi j'y suis depuis le début de ma vie. C'est mon fief. Et je suis championne maintenant. Le fruit d'un long travail.
Etienne hocha la tête.
-Tu... ne fais pas la conversation courante.
-Non, en effet. Ca m'insupporte.
-Je t'insupporte ?
-Plutôt, oui.
-Qu'est-ce qui t'ennuie ?
Etienne prit une grande inspiration.
-Ta promiscuité. Ton insistance, ta recherche consternante de rapports humains en dépit de toute dignité qui montre une solitude intérieure personnelle très forte. Ton attachement à des choses insignifiantes, ridicules, barbantes, qui n'intéressent que toi et tes groupies que tu appelles pompeusement amies. Et surtout tu cherches à tout prix à ce qu'il se passe quelque chose entre nous.
Blanche hocha la tête.
-Tu es... charmant. Rustre, un brin cynique, mais profondément intéressant.
-Et toi tu ne m'intéresseras jamais plus qu'un Rattata.
Blanche sortit une Pokéball qui contenait un Laporeille brillant. Ses poils étaient roses et sa fourrure grisâtre.
-Elle est magnifique...
-N'est-ce pas ? Je deviens plus intéressante maintenant ?
-Un tout petit peu !
Ils ricanèrent.

Ils rentraient tous les deux à travers les rues de Doublonville.
-C'était une excellente soirée ! sourit Blanche.
-Ouais... une bonne soirée. J'ai bien aimé le moment ou tu as traité la serveuse de Catin...
-Et qu'elle a demandé ce que ça voulait dire !
Ils s'arrêtèrent devant chez Smirnoff. Lequel sembla assez gêné.
-Quoi ? Tu m'invites pas à monter ?
Etienne secoua la tête.
-Nan.
Blanche eut un regard étonné.
-Ca fait deux semaines qu'on sort ensemble... Tu pourrais...
-Je pourrais quoi ? T'inviter chez moi pour qu'on s'amuse ?!
-... Pas forcément, mais...
-C'est non. En plus je ne vois pas ce qu'on pourrait faire chez moi.
Blanche soupira.
-Chez moi alors ?
-Oui, voilà, tu... vas chez toi.
Blanche semblait désemparée.
-T... T'es vraiment bizarre comme mec !
Etienne sortit son dictaphone.
-Mémo personnel : Les filles trouvent que les mecs qui refusent de coucher avec elle sont bizarres.
Blanche sembla stupéfaite.
-Alors depuis le début... Tu ne t'intéresses pas du tout à moi, en fait, tu t'en fous !
Etienne hocha la tête.
-Tu veux que je te dise un truc, Etienne Smirnoff ? Tu es tout seul, tout ce que tu aimes c'est rester seul, eh bah tu as du pot, dans notre monde actuel c'est de plus en plus facile d'être seul...
Elle partit.
-Mais c'est surtout de plus en plus dur à supporter !!
-Mouais.
Il rentra, soupirant. Il sortit Erwan qui penchait la tête sur le côté.
-Je sais. J'ai été stupide. Qu'est-ce que tu veux, c'est la vie. La vie telle que je la rêve.
Il sortit ses autres Pokémon.
-Bon, j'ai presque rien mangé dans son restaurant merdique. On se fait une soirée Hachis Parmentier devant la chaîne de combats ?
Les Pokémon hochèrent la tête.
-Vous au moins, vous savez vous amuser !

Etienne Smirnoff, 23 ans, arrêta sa voiture devant une maison de Clémenti-ville. Il soupira, se sachant fou de faire ça, mais il fallait le faire. Il lui fallait le faire pour être sur. Au moment de sortir, il poussa un gros soupir. Il était bien rasé. Kenneth, son menteur de meilleur ami, faisait vraiment du bon travail.
Il sortit de la voiture. La maison devant laquelle il s'était arrêté était pittoresque, dans ce quartier résidentiel très calme et peu fortuné. Il frappa à la porte. Un homme vint lui ouvrir.
-Oui, bonjour...
-Bonjour monsieur, je m'appelle Etienne Smirnoff. Je suis bien chez les Wanless ?
-Exact, monsieur, qu'est-ce que vous voulez ?
-Vous n'êtes pas au courant parce qu'une clause de confidentialité impose à l'académie de ne pas dire nommément qui est l'enseignant qui s'occupe de leur enfant... Il y a trois ans j'étais l'enseignant de votre fils dans le cadre de l'enseignement itinérant, et...
-Alors c'était vous le type à cause de qui notre petit Christopher aurait pu disparaître ?
-... En gros, oui.
-Vous pouvez vous imaginez l'enfer qu'on a vécu pendant ces cinq jours ? On a cru qu'il était mort !! Séquestré par un malade !! Torturé !! Ou pire encore ! Alors vous allez me faire le plaisir de dégager !!
Il allait fermer la porte mais Smirnoff y coinça son pied.
-Que... Retirez votre...
-Et vous, vous pouvez vous imaginer l'enfer que je vis depuis trois ans ?!
Mr Wanless regarda Smirnoff.
-Je ne dors plus ! Je souffre d'une légère agoraphobie, j'enseigne à des classes d'élèves qui ne pensent qu'au moment ou un professeur itinérant va venir les chercher, moi c'est mon rêve d'être professeur itinérant, mais je ne peux plus, parce que votre fils a échappé à ma vigilance pour une raison que j'aimerais connaître !
-Christopher n'acceptera jamais de vous parler, en plus il est chez sa grand-mère et il ne reviendra que ce soir.
-Qu'est-ce qui se passe ici ?!
Le père ouvrit la porte en grand, libérant le pied d'Etienne (En réalité il reculait pour regarder sa femme).
-Chérie, c'est...
Elle marchait en béquilles.
-J'ai entendu qui c'était. Carl, laisse-moi avec ce monsieur.
-Chérie, le docteur a dit...
-Le docteur n'a pas ce que j'ai !
Elle sortit et ferma la porte. Elle se dirigea vers la balancelle sous le porche.
-Venez.
Ils s'assirent.
-Alors, monsieur Smirnoff. Vous voulez parler à Chris, c'est ça ?
-Voilà.
-Qu'espérez-vous qu'il vous dise ? Il a énormément culpabilisé, tant pour vous que pour lui envers nous.
-Je... Je veux seulement qu'il me dise exactement ce qui s'est passé !
-Même à nous il ne l'a pas dit. C'est le grand flou.
-Que vous est-il... Vos jambes...
-Oh, oui... J'ai été opérée, une double greffe de la moelle osseuse.
-J'espère que ça va...
-L'opération était dure mais maintenant ça va beaucoup mieux.
-Tant mieux, tant mieux.
-Ecoutez, ne parlez pas de ça avec Chris, il a déjà énormément de mal à aller à l'école, il a juste treize ans...
-Et moi je n'en avais que vingt. J'étais jeune et inexpérimenté, mais j'avais toute mon attention sur eux. Je veux comprendre comment... Comment un gamin qui va aux toilettes se perd dans une forêt aussi simplement. Il a du se passer autre chose.
La mère hocha la tête.
-Si vous pensez que vous devez avoir une réponse, attendez-le ici. Je vous fais ramener un thé.
-Merci bien
Smirnoff attendit sur la balancelle.

Christopher arriva à 19h35. La silhouette de Smirnoff ne le rassura pas. Il s'approcha de sa maison, intrigué.
-Jeune homme...
-Monsieur...
-On peut discuter ?
-Je... Euh, je sais pas trop.
-J'ai juste besoin de savoir quelque chose à propos de ce qui s'est passé il y a trois ans.
-Et moi j'veux pas en parler !
-Chris je t'en supplie...
-Je... Je me suis juste perdu en allant aux toilettes.
-Non, personne ne fait ça ! Tu aurais crié pour qu'on vienne te chercher !
-Je l'ai fait !
Etienne soupira.
-C'est pas possible... Pourquoi j'ai merdé à ce point...
-Ne... Ne vous en voulez pas comme ça...
-SI ! SI, JE M'EN VEUX ! Par ma faute tu as été traumatisé...
-Ca va c'est pas comme si vous m'aviez séquestré...
-Comment t'as fait pour t'égarer en forêt en plein jour...
-J'ai été trop loin, il a plu... égarement quoi.
Il soupira.
-Allez-vous en maintenant. Vous vous faites du mal...
Il soupira d'autant plus.
-Et à moi aussi.
Etienne regarda Chris.
-Tu ne veux pas que je m'en veuille mais tu ne t'en veux pas de t'être égaré...
Christopher regarda Smirnoff qui commençait à cogiter. Il se saisit l'épaule et hurla.
-HAAAAAH ! HAAAAA POURQUOI VOUS M'AVEZ FRAPPE !!! AAAAH !
Etienne, effrayé, partit. Il entendit le père hurler :
-Ne remettez plus jamais les pieds ici, sale con !!
Il partit à toutes berzingues, triste et sans réponses.

Etienne rentra de son escapade chez son élève disparu.
-T'étais où ?
Etienne regarda son beau-père.
-Nulle part.
Ian suivit Etienne jusque dans la cuisine.
-J'ai regardé tes carnets de compte. Comment se fait-il que tu sois payé au salaire minimum ?
-C'est la sanction, Ian ! Je subis une astreinte (Prélèvement régulier sur le compte pour régler une dette, NDLA) pour les dommages-intérêts à payer à la famille.
Etienne se fit un café.
-Et merci d'avoir fouillé mes carnets de compte...
-Il fallait bien ! Tu ne veux toujours pas déménager ! Enfin Etienne tu ne vas pas rester à nos crochets toute ta vie !
-Je sais bien...
Ian soupira.
-Tu te rends compte qu'on paye un loyer pour 4 personnes encore ? On n'est que deux à participer activement ta mère et moi !
-Je donne cinq cent Pokédollars par mois pour...
-DES CLOPINETTES !!! Ca comble à peine deux factures !
-T'as qu'à faire autre chose qu'électricien.
Ian prit le menton d'Etienne et le gifla.
-Ca c'est pour être un sale petit con insolent !!
Etienne soutint le regard de son beau-père et lui cracha soudainement au visage.
-Et ça c'est pour tout le respect que je te dois. Une dette de moins...
Etienne marcha d'un pas lourd, traversa la cuisine et monta dans sa chambre.

-Mais qu'est-ce qui s'est passé ?!
Ian regarda Coralie.
-Il y a que ton fils m'a craché à la gueule ! Tu te rends compte ?! Mais quel sale petit...
-Ian enfin mais de quoi vous avez parlé ?!
-Je discutais avec lui au sujet d'un problème dans ses comptes...
-Ian pour la millième fois, ne fouille pas dans les affaires de tes enfants ! Tu as fait pareil avec Estelle, elle t'en a assez voulu comme ça !
-Franchement Cora, je t'adore mais tes gosses, bordel... Quelles têtes de mules !
-Je sais... Je sais...

Les rapports entre Etienne et Ian restèrent extrêmement froids après ce jour. Kenneth vint rendre visite à Etienne. A cette époque, Etienne savait que Kenneth l'avait trahi, mais il attendait que son ami le lui dise de lui-même.
-Etienne, ce n'est pas bon de te disputer comme ça avec ton beau-père... Tu as pensé à ta mère ?
-Elle est folle de l'avoir épousé...
-Si elle est heureuse tu devrais respecter son choix. Comment ça va à Clémenti-ville ?
-C'est un enfer. Les élèves sont tellement cons !
-Ils ne sont pas stupides, c'est juste que... La masse semble toujours plus bête que deux élèves pris individuellement...
-Y'a rien de pire que le placard...
-Essaye au moins d'y prendre du plaisir...
-Je peux pas ! C'est déplaisant d'enseigner à de telles têtes de nœud !
-Etienne...
-Kenny ?
Ian sortit de la maison Smirnoff, sous le regard exaspéré d'Etienne.
-Mr Smirnoff... Bonjour ! Comment allez-vous ?
-Bien... Dis-moi, Etienne a des problèmes d'argent en ce moment...
-Je... Suis au courant, Mr Smirnoff.
Etienne tourna le dos aux deux interlocuteurs, son visage reflétait une haine viscérale de tout ce qui se déroulait sous ses yeux.
-Tu ne pourrais pas lui prêter un peu d'argent ? Je sais qu'il n'ose pas t'en demander...
Kenneth regarda Etienne, surpris. Lequel secoua la tête.
-Désolé, Mr Smirnoff...
-Ecoute, si un jour tu vois qu'il ne peut pas payer quelque chose, je voudrais au moins que tu l'aides...
-Bien sur Mr Smirnoff... Mais je préfère que lui, m'en demande. Pas que vous lui demandiez de m'en demander.
-Ian, rentre, s'il te plait...
-Enfin, Etienne, on discute...
Etienne poussa un énorme soupir et poussa son beau-père jusqu'à l'intérieur de la maison, devant un Kenneth ahuri.
-E... Etienne !!
Il ferma la porte derrière lui.
-ESPECE DE SOMBRE CONNARD ! TU VEUX DU FRIC ? BRAQUE UNE BANQUE !! MAIS N'ESSAIE PAS D'EXTORQUER MES POTES ! T'ES PITOYABLE !!
-T'es pas obligé de mettre « potes » au pluriel...
Etienne tendit son poing en arrière. Estelle le retint.
-Etienne, non !!
Kenneth était derrière elle.
-Elle est arrivée à temps...
-Ca va pas, vous deux ? Papa, maman a besoin de toi, y'a plus de courant dans le garage !
-J'y vais.
Il partit. Estelle regarda son frère qui s'assit sur une chaise, l'air désespéré.
-Pourquoi il me saoule avec son fric ??? Pourquoi, putain...
-Alors ça... En plus c'est étonnant, il en a plein du fric, lui.
Etienne regarda sa sœur.
-Pardon ?
-Enfin, Etienne... Ian est pété de thunes, il a eu une promotion...
Kenneth grimaça, intrigué.
-C'est juste pour m'humilier...
-Tu vois, Etienne... T'as jamais pu aimer Ian... Bah je crois que c'est réciproque.
Etienne regarda Kenneth qui semblait désolé.
-P... Pourquoi ?
-Faut dire que t'as jamais fait d'efforts réels pour te rapprocher de lui. Il te le fait bien payer, là...
-Mais toi...
Estelle ferma les yeux.
-Moi je l'appelle Papa. J'accepte son argent. Et de temps en temps je fais un ou deux trucs avec lui. Toi tu le traites comme du caca.
-C'est pas mon père, putain... C'est un type qui prend la place de mon père...
-Il est marié à maman, il s'est occupé de nous... C'est notre père.
-Tu t'entends parler ? Tu... Tu crois que ce gars là va être mon père ?
-C'est notre père, Etienne, que tu le veuilles ou non.
-Jamais... Jamais je l'accepterais.
-C'est tout ce qu'on aura...
-On mérite pas ça, Estelle ! Papa...
-On n'a que ce qu'on mérite, dans la vie, Etienne...
Kenneth soupira, n'aimant pas (Comme beaucoup) assister à ce genre de scènes familiales. Soudain, il s'étonna, voyant un Seviper dans la cuisine, à la recherche de quoi manger.
-Ouah...
Etienne aperçut la créature, la tête dans un placard entrouvert.
-Une femelle, de belle taille...
-Etienne, vire ça, c'est affreux ! Geignit Estelle.
Il lança une Pokéball. Les Pokémon en train de manger étant plus faciles à attraper. Le Seviper dans sa balle, Etienne le montra à sa sœur.
-Pas plus affreux qu'une sœur qui croit que l'affection ça se monnaye. J'imagine que ton nom lui ira à merveille.
Estelle Smirnoff regarda la Pokéball, dégoûtée. Elle monta dans sa chambre. Kenneth regarda son ami.
-Etienne, tu n'y serais pas allé un peu...
-J't'ai rien demandé.
Kenneth hocha la tête et prit le chemin de la sortie. Etienne soupira et se tourna vers lui, pas vraiment encore prêt à se fâcher définitivement avec son pote de toujours.
-Je te rappelle quand je me serais calmé.
-... D'accord...

-Je peux entrer ?
Estelle était en train de pleurer.
-Estelle...
-Va-t'en !
-Je suis désolé... J'aurais pas du appeler ce Seviper comme toi.
-C'est pas ça... Au contraire je suis contente. Ca prouve que j'ai... de l'importance à tes yeux. Ca me fait plaisir venant de ta part. Je comprends le sens que ça a pour toi.
-C'est quoi alors ? Pourquoi tu pleures ?
-Parce que... Tu as prétendu que je déshonorais la mémoire de papa !! Tu as laissé entendre que... Je préférais Ian à papa !
Etienne écarquilla les yeux.
-N... Non !
-Chaque fois... que j'ai de l'affection pour quelqu'un tu... Tu me juges, tu cherches à piétiner mes sentiments en les rattachant à une conséquence !! Ca me blesse, Etienne !
Le jeune professeur, mis au placard, soupira et regarda sa sœur.
-Quand... Maman s'est remariée... J'ai...
Estelle essuya ses larmes et regarda son frère.
-...J'ai remarqué à quel point tu commençais à lui ressembler... à maman. Et à chaque fois que je te vois avec un garçon, j'ai l'impression que tu es comme elle, que tu vas te remarier et être malheureuse.
-Maman n'est pas malheureuse...
-Mais toi tu ne choisis que des hommes avec d'énormes défauts, qui vont te faire souffrir !
Estelle soupira.
-Laisse-moi commettre des erreurs. Je suis assez grande.
Etienne regarda sa sœur et secoua la tête.
-Je t'aime trop pour te laisser souffrir. Tu es ma sœur. Tu mérites d'être heureuse.
Estelle haussa les épaules.
-Qui sait ?

-Tu... Tu le savais ?
Cinq ans après que Smirnoff ait découvert la trahison de Kenneth, il lui avouait enfin qu'il savait.
La première trêve prenait fin.
-Oui, je le savais. Je l'ai appris le lendemain de ton premier... rasage.
Kenneth parut désolé. Ils étaient dans un vieux café de Mérouville.
-Ecoute, Etienne, je n'ai jamais fait ça contre toi.
-Alors pourquoi ?
-Je ne peux pas te le dire.
-Alors excuse-toi.
-Non.
Smirnoff s'étonna.
-Je sais ce que j'ai fait. J'ai calculé les risques. L'un de ces risques, c'est que tu saches pourquoi j'ai fait ça. L'autre risque c'est que tu me détestes, mais celui là...
Il agita la cuiller dans son café.
-Je m'y suis préparé.
Smirnoff secoua la tête. Il poussa un grondement de colère.
-Pendant cinq putain d'années j'ai espéré que tu l'avoues de toi même !
-...
-Tu n'as même pas eu ce courage ! Tu n'assumes même pas tes actes !! Espèce de salopard !!!
-Je comprends ta réaction.
-TU T'EN FOUS COMPLETEMENT !!! Tu te fiches de moi ou de mon sort ! On n'est plus des amis !
-...
-C'est fini. Tu peux aller te faire foutre maintenant. Mais avant ça excuse-toi.
-.... Jamais.
-... Tu ne veux pas t'excuser au moins pour le mal que tu as engendré ? Tu es vraiment si... Odieux ?
-Je ne m'excuserais pas. Je n'ai rien fait de mal.
Smirnoff hocha la tête et se leva.
-Tu viens de ruiner le peu d'espoir et de confiance que j'avais en le genre humain.
Il sortit son dictaphone.
-Mémo personnel numéro 287. Kenneth Heine n'est plus mon ami. C'est terminé.

Smirnoff arriva en voiture, de nuit, devant une maison. Il hésita à sortir. Il vit une autre voiture. Il regarda le bouquet de fleurs sur le siège passager vide à côté de lui. L'autre voiture l'intriguait.
Il vit alors Kenneth sortir avec Linda de la maison qu'il surveillait. Le brun mal rasé tomba des nues.
-Oh putain... L'enf... Putain...

La porte fut défoncée. Kenneth se leva brusquement.
-Etienne ?!
-Pourquoi tu sors avec Linda ?
-... Je ne sors pas avec elle !
-JE VOUS AI VUS ! HIER SOIR ! TU ETAIS CHEZ ELLE !
-Tu espionnes Linda ?
-Tu veux mon poing dans la gueule ?
-Etienne, nous discutions, c'est tout.
-Pourquoi tu fais tout pour rendre ma vie insupportable ? Tu as fait un pari avec Cumberdale sur la date de mon suicide ?!!
-Je ne sors pas avec Linda enfin c'est ridicule !!!
-MENTEUR !
-Va lui demander si tu ne me crois pas !
-Pourquoi pas, tiens. C'est ce que je vais faire !
-Ca valait le coup de défoncer ma porte ?
-Oui. C'est une bonne revanche. Ta vie va devenir un enfer, à toi aussi ! Haaaa hahaha ! Ta porte ne se refermera jamais.
Il repartit, furieux, et avant de prendre l'ascenseur, il cria :
-Ca veut dire qu'on ne se reverra plus, salopard !
Kenneth regarda sa porte brisée et soupira.
-Malheureusement pour toi, on se reverra...

Il sonne. La porte s'ouvre. La très jolie blonde ouvre. Un peu surprise.
-Linda...
-Etienne... Je ne m'attendais pas...
Il avait bien dit à Kenneth qu'il irait la voir, au moins pour avoir la réponse qu'il voulait.
-C'est juste une visite de courtoisie. Je n'entrerais pas.
-J'allais te le proposer...
-Je veux juste une réponse. Est-ce que tu fréquentes Heine ?
Elle sembla étonnée.
-Et quoi si je refuse de te répondre ? Tu vas défoncer ma porte à moi aussi ?
-J'en étais SUR ! Vous sortez ensemble !!
-Primo, tu n'as pas de réservation sur moi. Je suis un être humain libre.
Smirnoff la regarda et baissa la tête, vaincu
-Deuxio, il est juste venu me parler hier, et nous ne sortons pas ensemble. Je n'aime pas les blonds, tu le sais.
-... Euh...
-Tertio, je t'aime.
Smirnoff regarda Linda, éberlué.
-Il est juste venu me dire pourquoi il avait témoigné contre toi.
-Alors tu vas me le dire ?
-Non, j'ai promis de ne rien te dire. Mais ne l'en blâme pas.
-Bordel quelle bonne raison il peut y avoir ?? C'est atrocement ridicule !! Vous vous rendez compte que vous me foutez dans une rage folle !
-Oui. Je comprends mieux pourquoi il appréhendait de me le dire...
-Vous me le cachez pourquoi ? Je peux savoir ça, au moins ?!
-Oui, ça je peux te le dire.
-Aaaaah... Enfin une réponse.
-Parce que nous sommes tes amis, Etienne.
Smirnoff plongea ses yeux cobalts dans le regard bleu lumineux de Linda.
-A compter de ce jour, je n'ai plus d'amis.
Il repartit vers sa voiture.
-E... Etienne !?
-Non, c'est fini ! Laisse tomber, je vais t'épargner un secret de trop à garder !
-Mais...
-STOP !
Il entra dans sa voiture et repartit vers chez lui, fou de rage. Linda sembla désolée.
-Au revoir, Etienne...

-Bien...
Smirnoff enseignait depuis cinq ans à la faculté de Clémenti-ville en guise de "mise au placard" par le tribunal administratif. Il n'avait pas la reconnaissance ni le respect mais on lui foutait la paix.
-Qui sait quels Pokémon ont les meilleures statistiques d'attaque spéciale ? Vous !
-Gardevoir...
-J'ai demandé une catégorie, pas le nom d'une reine du Hentai sur Internet. Ici !
-Les Pokémon psy ?
-Faux encore. Hypnomade ne pourrait pas tuer un Arbok avec un Choc Mental.
-Les bons Pokémon ?
-FAUX ! FAUX ET ENCORE FAUX !
Smirnoff marqua à la craie : « Les malins »
-Les Pokémon intelligents ont une bonne attaque spéciale ! Dieu n'a pas créé les catégories de concours Pokémon seulement pour permettre aux délinquants de se réinsérer dans la société ! Les Pokémon intelligents ont une attaque spéciale meilleure. Les Pokémon calmes et sensés, eux, ont une meilleure vitesse ! Aujourd'hui je vais apprendre aux grosses têtes enfarinées que vous êtes... A comprendre plus qu'à apprendre par cœur les conneries des bouquins !
-Hm-Hmmm...
Smirnoff releva la tête. C'était le proviseur.
-Smirnoff... Qu'est-ce que c'est que ces méthodes ?
-Vous êtes qui, vous ?
Les élèves se regardent, affolés.
-Je suis Hieronymus Hadley, l'homme qui vous a engagé malgré vos fautes, il y a cinq ans... Vous ne vous souvenez pas ?
-Généralement j'oublie les têtes des gens qui s'apitoient sur moi.
-Hé... Hé... Malheureusement, Smirnoff, votre contrat arrive à son terme. Je vais être obligé de vous licencier.
-C'est faux. Entièrement faux. J'ai encore trois ans à tirer ici, et ensuite six ans à...
-Vous êtes transféré à Johto, à l'académie centrale de Doublonville. Ordre préfectoral
Les élèves sont d'autant plus étonnés. Smirnoff semble effaré.
-L... Là bas ?!
-Ils ne connaissent pas votre passé, vous serez plus tranquille. Il y a plus de moyens, plus de choses à faire... Ca ira pour cette classe, ils sont prêts pour l'examen final. Il est temps pour vous de bouger, de changer d'air, et de passer les cinq ans à venir là bas.
-C'est... C'est très gentil de votre part... Merci !
Les élèves applaudirent Smirnoff qui pour le coup était bien embarrassé.

Il faisait nuit quand il arriva à Doublonville. Il avait eu l'adresse du logement de fonction par Hadley. Il pleuvait dehors. L'immeuble était grand et propre. L'appartement de Smirnoff était le seul d'où l'on pouvait voir de la lumière. Il observa. Il semblait en train de cuisiner. Kenneth reconnut les mains de Capidextre qui cassaient des œufs. Kenneth était ému, d'autant qu'Etienne semblait plutôt heureux. Il regarda son petit paquet et soupira, le cœur lourd. Il posa son vélo dans la cage d'escalier, arpenta l'escalier et se retrouva devant la porte 221B.
Il hésita, mais entendant un petit bruit venant de l'intérieur, il posa le paquet sur le paillasson et partit à toute vitesse comme un voleur, grimpa sur son vélo et dévala la rue à toute vitesse.
Alerté par tant de boucan, Smirnoff ouvrit sa porte et manqua de marcher sur le paquet. Il fit une moue intriguée. Ca avait la forme et la consistance d'un CD.
« Mais ça peut être une boîte à pétards posée par des petits jeunes... Marrant... »
Il ouvrit le paquet, prêt à se brûler les doigts. C'était un album du groupe Coldplay, « A rush of blood to the head ». Il observa l'étrange chose. Qui pouvait bien l'aimer au point de lui poser des CD devant sa porte alors qu'il n'était là que depuis cinq jours ? Il haussa les épaules et cria dans la cage d'escalier un « Merci » qui pour le coup n'arriva pas aux oreilles de l'intéressé. Il entra dans son appartement de fonction. Erwan le regarda en se grattant la tête.
-Nous avons un mystérieux offreur de CD, Erwan. Si ça se trouve en le lisant à l'envers j'entendrais la voix de Satan...
Il le passa dans son ordinateur qui lui servait aussi pour ses téléchargements MP3. Le début lui plut, et il écouta ce CD plusieurs fois ce soir là. Un fan de Coldplay était né.

-Bonjour, Eddy.
Etienne Smirnoff, 25 ans, allait recevoir son premier ordre de stage de formation à Johto imposé par le tribunal administratif. Il était à Doublonville, dans le bureau de l'intendance.
-Mr Smirnoff, bonjour. Nous avons reçu votre ordre de mission pour votre stage de formation. Votre formateur vous attend à Irisia. Il s'agit d'Eusine Martinez.
-D'accord. Merci Eddy.
-Ca durera trois mois... Vous êtes bien courageux de subir ça, d'autant qu'à ce que j'ai compris, on va vous réapprendre les fondamentaux...
-C'est gentil de me motiver, Eddy...
-Je compatis, Mr Smirnoff.

Arrivé au port d'Irisia, Smirnoff attendit deux heures son formateur. Il soupira et s'apprêtait à rentrer. Soudain, un type un peu gras arriva vers lui.
-Mr Martinez...
-Pardon ? Non, moi je suis Maître Chuck. C'est moi le boss de cette ville. Vous êtes qui, vous ?
-Etienne Smirnoff.... Que puis-je pour vous ?
-Eusine Martinez, euh... C'était censé être votre formateur, c'est ça ?
-Oui, pourquoi ?
-Je lui ai cassé la gueule, il faisait du gringue à ma femme.
Etienne fit de gros yeux ronds.
-M... Mais... Mais...
-C'était quel genre de formation ?
-Un stage... J'ai été... Mis au placard de ma profession... Je suis instit...
-C'est embêtant, le type est à l'hosto, je me sens mal pour vous...
-J'avais pas vraiment envie de suivre cette formation... Surtout avec un connard qui allait me réapprendre tout ce que je sais...
-Quelle fougue... Vous êtes en colère, vous...
-Mouais... Excusez-moi.
-Vous ne me connaissez pas ?
-Je suis à Johto depuis un an... Je suis pas beaucoup sorti de ma ville...
-Je suis le champion d'Irisia. Néanmoins je n'exerce plus, je suis beaucoup trop fort.
-Eh ben... Ca existe ce genre de situation ?!
-Il paraît, ouais... Et vous, vous êtes mis au placard pourquoi ?
-J'ai perdu un élève dans une forêt.
Chuck lança un regard intrigué à Smirnoff.
-C'est la raison de votre colère ?
-Non... Mon meilleur ami m'a trahi ! La femme que j'aime... Ne veut pas de moi et m'a trahi aussi... Et les membres de ma famille sont des TROUS DU CUL !!!
Tout Irisia avait entendu Smirnoff. Chuck regarda le prof qui semblait désolé de s'être mis en rogne.
-En plus vous n'avez rien à voir avec tout ça... Excu...
-Ecoutez, Etienne. Je vois en vous une grande force intérieure. Une colère qui ne demande qu'à être canalisée. Et si vous voulez, je peux vous aider à devenir fort à ce point là. Au point que vous pourrez transformer votre rancœur en force pure.
Etienne regarda Chuck, intrigué.

-Debout !
L'homme persistait à ronfler. Le type ouvrit les volets.
-Debout, immédiatement !
Toujours sommeil. Dormir, grappiller les heures... L'autre homme se saisit d'un bâton et frappa l'homme qui se releva d'un coup.
-Uh !! TOUSS ! TOUSS !!!
-Smirnoff ! Je vous ai demandé de vous lever à six heures. Je vous demanderais de respecter ce délai.
-Ou... Oui !!
Etienne regarda Chuck.
-Vous n'y allez pas de main morte...
-Mon enseignement se mérite. C'est tout. Vous m'intéressez en tant que combattant, le reste m'importe peu.
-Ok, ok...
-Habillez-vous et on sort. Nous commençons dès maintenant.

Etienne courrait depuis une heure déjà.
-Ar... Peux plus !
Mais derrière lui, il avait le Colossinge de Chuck, à ses trousses.
-Le refuge n'est plus très loin, s'écria Chuck qui courrait à ses côtés en portant une pierre à bout de bras au dessus de sa tête.
-Vous êtes... Un malade !!
-Et vous êtes un élève insolent. Plus vite !
Etienne s'écroula et Colossinge le roua de coups.
-ARGH !!! OUAAARGH !
-C'est la loi d'Irisia, tout ça...

Couvert de bandages et de pansements, Etienne avait bien du mal à manger le riz préparé par la femme de Chuck. Surtout, un exercice plus dur l'attendait.
-C'est ça. Fixez-moi.
-C'est super dur...
Il ne devait absolument pas détourner son regard de celui de Chuck.
-Apprenez à durcir votre visage. Tout chez vous doit être poussé à son extrême.
Etienne détourna les yeux un instant. Chuck se saisit d'un bambou et frappa le visage d'Etienne.
-Aouch !
-De la discipline !! Si le corps ne sait pas se tenir, comment l'esprit saura ?!
-C'est... Je croyais que l'esprit guidait au corps ?
-Pas du tout. En tant que combattant, tu dois sortir des préceptes, des idées fausses, de ce qu'on va t'apprendre. Tu dois même renier mon enseignement et le piétiner. Ce n'est qu'ainsi que tu grandiras.
Etienne hocha la tête.
-Comme dit, tu n'as plus le droit de manger. Va dormir. Lever dans 4 heures.
-Bien...

Etienne et ses Pokémon devaient longer la plage en courant. Chuck observait sur une pierre.
-Trop lent ! Mackogneur !
Le Pokémon partit à la poursuite du groupe.
-Oh naaaaaaaaaan !!! Soupira Etienne.
-Plus vite !! Allez !

Etienne et ses Pokémon durent supporter de rester sous une cascade des heures entières.
-C'est très lourd, très désagréable...
Chuck était à leurs côtés, mais là ou Etienne supportait à peine la position assise, Chuck était debout.
-C'est parfait pour s'entrainer à la résistance aux attaques spéciales. Et pour le dresseur c'est la fortification assurée.
Etienne rêva à un matelas et à un oreiller.

-Erwan, Coup Double !!
Le Tartard adverse contra l'attaque.
-Vibraqua !!
Le Pokémon eau donna un coup de paume vers l'avant, libérant un mur d'eau.
-En haut !
Capidextre esquiva.
-Vous êtes un combattant plutôt aguerri. Vous commencez à contrôler votre hargne. Qu'est-ce qui... Avait deux dents au moyen-âge, trois dents au 18ème siècle et quatre dents de nos jours ?
Etienne s'étonna. Chuck sourit.
-Développer la force c'est important mais il faut conserver un mental d'acier, Smirnoff. La bouteille de vodka doit rester à moitié vide et à moitié pleine, c'est un équilibre permanent des forces.
-... Ne me traitez plus jamais de bouteille de vodka ! Mitra-poing !

Etienne restait sur la plage à jeter des galets.
-Quelque chose ne va pas ?
-Hm... Non rien... J'aime regarder la mer.
Chuck s'assit à côté de Smirnoff.
-Vous avez réfléchi à l'énigme ?
-Ce n'est pas tant le propos de l'énigme... C'est une énigme historique. La femme que j'aime... Est passionnée d'histoire.
-Et alors ?
-Ca doit bien faire un an que je ne l'ai pas vue...
-Les considérations sentimentales sont malheureusement un fardeau nécessaire de la vie de tout combattant...
-...et votre énigme m'a rappelé que je ne me suis jamais vraiment intéressé à sa passion à elle...
Chuck hocha la tête.
-Si vous épousez cette femme, ça va être un calvaire pour vous...
-Et pour elle... Acquiesça Smirnoff.

Etienne réfléchissait toujours à l'énigme posée par Chuck. A table, la femme de ce dernier s'inquiétait.
-Vous ne mangez pas ?
-Excusez-moi je suis plongé dans mes réflexions...
-Que ça ne vous empêche pas de rester fixé à mon regard... Marmonna Chuck.
Ce qu'Etienne faisait désormais sans effort. Il se força à manger quelques bouchées de riz.

Etienne trouva la solution de l'énigme et vint la rapporter à Chuck.
-C'était tellement bête ! Je me sens un peu idiot de ne pas l'avoir trouvé du premier coup !
-Vous méritez une récompense, Smirnoff. Suivez-moi.
Chuck amena Etienne à une salle d'étude.
-Qu'est-ce que c'est ?!
-Des livres d'histoire. J'ai pensé que vous mettriez plus d'entrain à manger en sachant que les retrouvailles avec votre promise seront plus aisées.
Etienne sourit et se mit à étudier.

-Kapoera ! Triple Pied !
Scarhino contra les attaques de ses avant-bras.
-Casse Brique !!
Les attaques de Mackogneur sont contrées par les Mitrapoing de Capidextre.
-Ma foi vous vous débrouillez bien ! De mieux en mieux.
Etienne semblait méfiant. Soudain, Tartard lui fondit dessus. Flagadoss sortit de derrière son dos et contra l'attaque avec Psyko. Chuck hocha la tête.
-L'élève a rattrapé le maître... Ca fait trois mois, je n'ai plus vraiment grand-chose à vous apprendre...
Etienne s'étonna.
-Vous êtes libre de vous en aller.
Etienne tomba à genoux et se prosterna en signe de respect.
-Merci... Pour cet enseignement.
Chuck s'avança et déposa devant Etienne le badge Choc.
-Vous êtes le sixième à qui je le donne. Portez-le fièrement.
Etienne ramassa le badge et hocha la tête.

La porte s'ouvrit soudainement.
-Cette fois je suis sur qu'il y avait quelqu'un...
Smirnoff remarqua un paquet. Le même papier kraft qu'il y a trois ans.
-Remercions encore Mr Coldplay...
Mais cette fois la boîte était plus grosse. Il l'ouvrit et cligna des yeux.
-Bah mon vieux...
Erwan s'étonna et Smirnoff rentra avec un iPod.
-Je sais que c'est mon anniversaire mais j'en attendais pas tant... C'est trop...
Erwan sembla inquiet et il regarda les baies qu'il avait ramenées pour l'occasion.
-Mais non, Erwan enfin, ton cadeau à toi aussi est très bien... Seulement j'aimerais savoir qui, qui m'envoie ces douceurs. Si c'est la blonde du secrétariat, il faudra que je lui rappelle qu'elle a de l'herpès et que malheureusement pour elle ça se voit...
Il ouvrit sa fenêtre malgré le froid hivernal de ce 21 décembre.
-Merci, mystérieux inconnu... Ou admiratrice secrète fêlée... Mais Merci beaucoup !
Kenneth, qui était resté sur le côté de l'immeuble, sourit. Il repartit lorsque Smirnoff referma la fenêtre.




-Le patient a reçu trois balles, une a traversé, deux sont encore à l'intérieur !
-Ajoutez des calmants, il soubresaute !
Linda fut contrainte à rester en dehors de la chambre, inquiète.
-Il faut l'emmener au bloc, il a trop d'hémorragies internes...
-Comment peut-il encore être conscient...
Etienne arriva au bloc entièrement conscient. Sa tête se tourna vers le côté. Un autre chariot arrivait. Des chirurgiens s'attroupèrent.
-Qui est-ce ?
-Camille Lucchi, 9 ans, elle est aveugle de naissance, son Caninos a été renversée par une voiture à proximité de Mauville et elle a été trainée sur la route sur au moins 200 mètres d'où les lésions et les brûlures sur les jambes et les flancs.
-Mauville ? Mais c'est à des kilomètres !!
-A cause des routes coupées, on a dû la rapatrier à Bourg Geon ! La voiture trop pressée à cause des détours ne se sera même pas préoccupé d'elle
Etienne reconnut la fillette aveugle qu'il avait aidée à Doublonville, lors des examens. Elle le regarda avec ses yeux qui ne voyaient pas. Il la regarda avec des yeux embrumés de larmes qui voyaient à peine.
-Exister... Ca fait mal...
Etienne écarquilla les yeux.
-Ce serait bien... Que ça s'arrête...
-Elle fait un état de choc, la douleur est trop forte...
-C'est surtout la perte de son Pokémon qui doit la choquer...
Etienne essaya de tendre la main vers elle. Mais la douleur était trop forte pour lui aussi. Il dût rétracter son bras. On replaça le visage d'Etienne normalement et on lui administra un anesthésiant.
-Il faut qu'on vous opère, Mr Smirnoff. Comptez jusqu'à 5...

-Etienne... Etienne...
Les yeux s'ouvrirent. Il était face à un médecin.
-Je suis le docteur Hammoudi. N'ayez crainte. Vous serez bientôt sur pieds. Par chance, la balle qui aurait pu vous faire le plus de mal a traversé votre corps. Vos intestins ont été durement touchés, mais vous ne devriez pas subir de trop graves séquelles.
Etienne hocha la tête, allongé et immobile. A côté de lui, un truc faisait bip-bip, et ça disait très exactement si Etienne était vivant ou mort.
-Vous allez survivre, Etienne...
Il fit signe à l'infirmière de venir.
-Euh... Excusez-moi... Pourquoi ce patient pleure ?
-Il... Il ne fait pratiquement que ça depuis son arrivée, docteur...Pleurer.

-Urf... Uh... Uuh...
Etienne avait pris sa perfusion et tentait de marcher avec, en faisant rouler le trépied difficilement déplaçable. Il se rendit dans le jardin d'enfant. Une petite fille avait subi une amputation de la jambe droite. Un enfant semblait avoir été roué de coups et balancé dans des escaliers en colimaçon. Un autre portait autour de l'abdomen un dispositif métallique qui maintenait ses côtes en place. Etienne observa ces enfants cassés comme autant de petits jouets fragiles. Il aperçut à une table un étrange enfant aux yeux bleus luisants, tenant dans ses mains un bol de soupe.
Etienne s'assit face à l'enfant. Il, ou elle, but un peu de la soupe, puis présenta le bol à Etienne.
-Non merci.
L'enfant pencha la tête et tendit le bol plus avant. Etienne donna un violent coup de bras. Il se releva et partit, regardant l'enfant.
-C'est quoi ton nom ?
-Camille.
-Pourquoi tu veux que je mange ?

Etienne se réveilla en pleine nuit, transpirant. Toujours immobile, allongé. A côté de lui, dans sa chambre, quelqu'un, mais le rideau est tiré.
-Hmm...
Etienne entreprit de se lever. Il se déplaça lourdement. Ses pieds avaient du mal à répondre mais il y parvint. Il regarda le cathéter qui le reliait à sa perfusion. Ca faisait bizarre cet accès à sa veine, directement. Il aperçut les toilettes et s'y assit, commençant à pisser. C'était agréable.

-Comment ça, je ne peux pas aller le voir ?
Le docteur regarda Linda, pessimiste.
-Son état est préoccupant... Il semble intérieurement en pleine reconstruction... Nous avons été obligés de le placer sous perfusion car il refusait de manger.
-Refusait de...
-Oui, voilà... Il semble complètement... se laisser mourir. Ca fait trois jours qu'il... Se fait dessus, littéralement. Il reste en quasi-permanence immobile... Nous ne voulons pas que vous le voyiez comme ça...
Linda sembla très émue.
-Le pauvre... Comment c'est possible ?!
-Rassurez-vous, c'est très probablement le contrecoup du traumatisme. Il peut paraître en train de se laisser mourir mais en réalité il est surement victime d'un choc et ne sait pas vraiment lui-même ce qui lui arrive. Le cerveau est très complexe, vous savez...

-Mr Smirnoff, il faut manger maintenant !
Etienne regarda l'infirmière, stoïque.
-Vous ne voulez pas essayer de manger ?
Etienne secoua la tête.
-Ca fait deux jours que vous n'avez rien mangé... Il faut reprendre des forces !
Etienne regarda à côté de lui, dans sa chambre, Camille sous respirateur.
-Elle va... S'en sortir ?
-Ce qui importe pour le moment c'est vous.
-Non, ce qui importe c'est elle. Elle...
-Mr Smirnoff, si vous continuez je vais être obligé de vous poser une perfusion pour vous nourrir de force !
-Et un tube dans le gosier pour me gaver comme une oie...
-Pardon ?
-J'veux pas manger. Votre bouffe me dégoûte.
-C'est préparé très soigneusement !
-Ca pourrait être fait dans un trois-étoiles ça serait pareil !
L'infirmière soupira.
-Bien... On va voir si un autre patient plus jeune et moins braillard acceptera de manger...
-Et pourquoi je suis en pédiatrie, merde ! J'ai été dans une prise d'otages et maintenant j'dois voir des enfants souffrir, c'est quoi, Opération « Traumatisons-le pour le restant de ses jours ?! »
-Nous n'avons plus de place ailleurs ! Si vous n'êtes pas content...
-...J'essaie de me pendre avec le truc pour jambes plâtrés, je sais, merci !
L'infirmière soupira et partit.
-Connasse d'infirmière... Grommela Smirnoff

Etienne passait de plus en plus de temps avec Camille dans la salle des enfants de l'hôpital. Il les regardait jouer en minimisant leur handicap, si grave soit-il. Et en face de lui, Camille qui buvait sa soupe et mangeait des gâteaux.
-Pourquoi tu manges ?
Camille lâcha sa soupe.
-Parce que... J'avais raison.
Elle continua de se sustenter.
-Et pourquoi j'ai été admis au service pédiatrie...
-Parce que j'avais raison.
-Aucun enfant ne rit ici. Même sur leur visage, pas un seul sourire. C'est censé les rendre heureux de jouer... Mais ils ne sont pas contents. Très malins, les gosses, ils ont vite compris qu'ici c'était l'enfer. On ne fait rien pour que vous alliez mieux, au contraire on vous pousse à accepter la douleur et à la refouler... mais elle est toujours présente après...
-J'avais raison.
-Sur quoi ? Sur quoi, Camille ?!

-Etienne ?
-Hm... Docteur ?
-Ce matin vous vous êtes encore réveillé dans vos déjections, pour la 3ème matinée consécutive... Vous semblez souffrir de dépression postopératoire...
-Dépression vous-même...
-Nous songeons à vous... proposer un internement en psychiatrie.
-...
-Ce ne serait que pour vous... réhabiliter.
-Camille...
Il regarda le rideau fermé à côté.
-Ou est Camille ?!
Le docteur soupira et ouvrit le rideau.
-Elle est partie cette nuit.
-Partie ?
Le docteur Hammoudi soupira lourdement.
-Elle est... Morte.
-C'est pas possible, Je lui ai parlé hier soir... Dans la salle de jeux...
Le docteur regarda Etienne.
-Je crois que... Je vais vous... envoyer en psychiatrie, ne serait-ce que pour des examens... J'appelle l'infirmière...
Etienne regarda le docteur partir. En psychiatrie... Comme un fou ?
Il regarda son assiette et commença à manger. Il se força à finir son plat.

-Et nous y voilà ! La maison Smirnoff à Voilaroc !
Etienne entra suivi de Linda et de Travis, quelque peu gêné.
-C'est toi qui a tout meublé ?!
-Norbert, Linus et John m'ont un peu aidé !
Linda sourit. Le couple regarda Travis qui semblait embarrassé.
-Oh, il y a aussi ta chambre, Travis !
Etienne se dirigea vers une porte. Travis ne fit pas un mouvement. Linda approcha de Travis et lui prit les épaules.
-Je sais que cette... situation doit être particulièrement éprouvante pour toi...
Travis se mit à pleurer. Linda soupira et serra Travis dans ses bras.
-Je t'ai déjà dit que je ne t'en voulais pas, Travis !
-Pardon... Pardon Linda...huuuh...
Etienne regarda la scène en soupirant, compréhensif.

-Le pauvre, il est complètement déprimé...
Etienne acquiesça.
-C'est pas simple pour lui. J'aurais aimé que ce voyage se termine autrement...
-Moi aussi, je t'avouerais...
-On n'y peut rien, ce qui est arrivé est arrivé...
-Il faut que j'aille lui parler...
-Non Linda, surtout pas... C'est surtout par rapport à toi qu'il s'en veut.
-Mais rien de tout cela n'est de sa faute ! Et il a autant de raisons de t'en vouloir.
-Hmm... Bon, ça va être l'heure, je dois aller bosser.
-Et moi j'ai une foule de travail avec ma formation par correspondance...
-Ma petite Linda va redevenir infirmière ! ricana Etienne.
-Maintenant que tu ne vas plus me tuer pour ça...

Etienne arriva à la faculté. Il vit une vieille connaissance.
-Kyaaaaah ! Tu es lààààà !!!
Cynthia sauta au cou d'Etienne, étonné.
-Cynthia ?! Qu'est-ce que tu fais ici ?!
-J'ai appris que tu emménageais ici alors je suis venue te souhaiter la bienvenue ! Tu vas bien ?!
-Oui et toi ? Euh... T'es venue juste pour moi ?
-J'ai beaucoup entendu parler de toi et de tes travaux ! Je pratique du Smirnoff depuis longtemps !
-Tu es trop flatteuse avec moi, tu as accompli tellement plus... rougit Etienne.
-En fait j'étais surtout là pour voir une amie, mais j'ai vu ton nom sur la salle de cours. Tu enseignes à des troisième années maintenant ?
-Han ! De petits prétentieux abrutis... Des monstres !
-Besoin d'en tuer un ou deux ? Je m'en charge pour toi si tu veux !
Etienne regarda Cynthia qui éclata de rire. Smirnoff pouffa avec elle.
-Toujours ce même humour bizarre ! ricana Etienne. Enfin... Merci d'être passée.
-AH, TE V'LA !
Cynthia se tourna vers une blonde en fauteuil roulant.
-Madame de Montelune, vous connaissez...
Cynthia se baissa et embrassa tendrement la jeune femme handicapée sur la bouche, à l'étonnement d'Etienne.
-... Ahoooooooooon... Ahon... Tout... s'explique !

Etienne rentra ce soir là.
-Etienne, on est sortis avec Travis !
-Ah oui ?
Linda arriva avec l'adolescent qui semblait un peu plus souriant.
-Linda, je t'avais dit « Après 23 heures, c'est demi-tarif sur la rue commerçante ! »
-Ne sois pas idiot ! Regarde ce que Travis m'a offert !
Elle tendit un Germignon. Etienne lança un regard noir à Travis.
-C'était sensé être MON cadeau pour Noël !!
-Tu m'en as jamais parlé ! acquiesça Travis.
-Je suis sur que si !
Linda ricana.
-Le diner est prêt !
-Super. Oh, Linda ! Devine qui est lesbienne ?!

-Et à ce moment là, j'ai commencé à criser sur le vendeur. Mais il ne voulait pas en démordre. A ce moment là John a sorti Elekable et il s'est frotté le derrière contre la moquette ! Vous auriez vu la tête du promoteur !!
Tout le monde éclata de rire. Etienne, Linda et Travis recevaient à la maison. Estelle, Jonathan, Norbert, Eddy, Linus, Lucy, Kenneth, Judith, Lionel et les enfants, Léopold, Malcolm, Charlie et Rachel.
Etienne se leva. Kenneth plissa les yeux en souriant. Tout le monde s'étonna.
-Bien, tout le monde... Euh...
Linda regarda Etienne, intriguée. Travis comprit et leva les yeux au ciel.
-Comment dire... Déjà merci d'être tous là... Et... En fait je voulais profiter de cette occasion pour... C'est gênant...
-Ca le sera encore plus si tu nous fais poireauter ! marmonna Travis.
Etienne acquiesça sous les ricanements. Linda écarquilla les yeux quand il sortit la bague. Seulement, trop ému, Etienne ne put même pas la regarder en face.
-Euh... Linda, est-ce que...
-Regardez là dans les yeux, Etienne, enfin ! grommela Linus.
-Chuuuut ! geignit Norbert.
-Nan nan il a raison ça compte pas si tu la regardes pas !! relança Kenneth.
Etienne consentit à regarda Linda qui était au bord des larmes.
-Est-ce que tu veux m'épouser ?!
-Cette question ! Bien sur, gros béta !
-OUAIS !!! Cria Linus.
-Et meeeerde !!! ricana Kenneth, agacé.
-La tuile ! soupira Norbert.
-Han non... grommela Estelle.
-C'pas vrai... soupira Eddy
Etienne et Linda les regardèrent tandis que Travis sortait des billets.
-Euh... Attendez là...
-On a tous pariés, et Linus et Jonathan avaient parié que vous l'annonceriez maintenant...
-Une info aura fuité ! grommela Lionel.
-Nan nan ! Intuition ! ricana Linus.
-Tout à fait, intuition, et peut-être aussi écoute aux portes ! ricana Jonathan.
-Bon, on fait ça à Las Vegas sans les prévenir, hein ?! marmonna Etienne.
Linda hocha la tête, excédée. Tout le monde éclata de rire. Linda se leva à son tour sous l'œil étonné d'Etienne et des autres qui cessèrent de rire.
-Etienne...
-Poussin ?!
Travis plissa les yeux, sachant ce que va dire Linda.
-Je... j'attends un enfant !
-............
-Aaaaah ! sourit Kenneth.
-Super !! sourit Estelle.
Etienne tomba à la renverse.
-Ouah !! s'étonna la tablée.
-Etienne ?!!
-Oula... marmonna Travis. C'est du sang ?!
-Non c'est sa grenadine ! marmonna Linda.
-T'es nulle aussi, quelle idée de lui annoncer ça après sa demande en mariage !! grommela Travis.
-Il fallait bien que je le dise !
-Oui mais un peu après ou avant !
-J'étais impatiente ! Hihihi !!
Tout le monde s'étonna de cette passe d'armes entre Travis et Linda.

Norbert aperçut une voiture.
-Ah !! Voilà Eddy !
Estelle vit une autre voiture.
-Oh, voilà John...
Les deux voitures manquèrent de s'entrechoquer, à l'effroi de Norbert et d'Estelle.
-Grands Dieux !!! cria Norbert.
-Ouh putain !! s'étonna Estelle.
Les parents de Linda ainsi que ses sœurs Camille et Sophie-Laure sortirent de la voiture d'Eddy, avec ce même Eddy plutôt décontracté.
-Voilà ! A bon port !
Linda sortit de la limousine apprêtée par Jonathan.
-MAMAN ! PAPA !!!
-Chérie !
-Oh Linda ma puce !!
Etienne sortit également. Aucun des deux ne portait de tenue de « marié ». Jonathan sortit de la limousine.
-Banks, t'es qu'un conducteur du dimanche !! J'le dirais à ta mère !
-Il fallait bien que j'arrive avant toi !
-Hmph...
-Merci John ! Super journée censée nous retenir ! On aura du mal à faire mieux avec la lune de miel !
-On verra ça après... Mais là c'est pas moi qui m'en charge !
Etienne sourit à son beau-frère. Linda revint vers Etienne.
-On y va ?
-Quoi ? Tu rigoles ? On se barre dans un bistrot immédiatement !
Linda ricana avec Etienne.
-Dire que tu vas être mon mari !!
Etienne prit le ventre de Linda qui montrait des signes de rondeurs.
-Dire qu'on a dépassé les quatre mois !
-Oh ne parle pas de malheur ! soupira Estelle. Allez, vous deux, tout le monde est en place. Monsieur et Madame Trautmann, si vous voulez bien...
Le couple acquiesça. Tous rentrèrent dans l'église. Seul Norbert resta pour voir arriver une voiture beige. Lionel en sortit, au grand soulagement de Norbert.
-C'est bon ! J'ai le bouquet !
-Tu as mis le temps ! soupira Norbert. Tout le monde est là !
-Désolé !
-Bon. Dépêche-toi !

Travis était à côté d'Estelle et Jonathan.
-Pourquoi tu me tiens les deux mains ?! Une ça te suffit pas ?!
-Je te connais trop bien, Travis !
-Hmph... J'allais rien faire ! Pour l'instant...
Eddy était avec Léopold.
-Ca doit faire bizarre à ton papa d'être devant cet autel !
-Pourquoi ? demanda l'enfant.
-Eh bien, Norbert a chanté avec sa chorale dans cette église. Tu te souviens que papa était choriste ?
-Ah oui !!
Lionel, la rangée d'à côté, regarda Eddy et Léopold avec un regard empli d'envie.
Judith était avec ses jumeaux et regardait Kenneth devant l'autel aux côtés de Norbert. Linus filmait la cérémonie aux côtés de Charlie alors que Lucy était à l'orgue, prête à jouer quand on le lui dirait. D'autres invités étaient là, amis disparates des familles, notamment les sœurs de Linda, Sophie-Laure, 42 ans et Camille, 28 ans, mais surtout des élèves d'Etienne ou de Linda. Adam, Jennifer, Daniel, Nathalie, Richard, Hannah, Andrew, Penny, Jules et Sadia notamment.
Lucy Winchester commença à jouer. Jean-Bernard Trautmann s'avança avec sa fille en direction de l'autel. Etienne, dans son renfoncement, allait sortir Erwan, mais une main saisit la sienne.
-Allons, Etienne.
Le prof regarda Rose-Marie Trautmann.
-Vous êtes de la famille, maintenant.
-Euh, c'est juste que... J'aurais aimé que...
-Je comprends. Mais vous êtes de la famille maintenant.
-Pour le meilleur ou pour le pire ?
Rose-Marie sourit et amena son futur gendre à l'autel. Linda se retrouva aux côtés de son témoin Kenneth. Etienne arriva aux côtés de Norbert, son témoin. Pas de prêtre devant eux.
-Excuse me !!
Une femme entra comme une furie dans l'église.
-Oh, Pardon, Pardon Mister Finsbury !
-Vous arrivez à temps, Miss Kim, rassurez-vous ! soupira le blond.
La championne de l'arène d'Unionpolis, Kimera, arriva et se plaça devant les deux futurs mariés.
-Oh my god, je suis awfully sorry !
-C'est bon, assura Etienne.
-Si tout s'était passé normalement j'aurais eu des soupçons ! ricana Linda.
Toute la salle sourit ou ricana.
-Bien... Je vais faire de mon best, pour parler français au mieux !
-Faites donc !
-Ok... Nous sommes ici pour unir ce man et cette woman par les liens sacrés du mariage ! Deux jeunes gens qui ont traversé bien des tempêtes pour en arriver là...
Jonathan se pencha vers Estelle.
-Qui a écrit son texte ?
-Kenny !
-... avec plus de peurs et de mal qu'aucun couple ne pourra vivre toute sa whole life. Ils étaient destinés depuis tous jeunes, mais longtemps leurs hearts ont eu du mal à beating together. Aujourd'hui, enfin, devant leurs amis et leur famille, ils ont décidé de s'unir ici, devant vous tous, and me, of course !
Etienne et Linda sourirent.
-Etienne Donovan Smirnoff...
Lequel reprit son sérieux.
-Voulez-vous prendre Linda Pristine Elvire Trautmann ici présente pour légitime épouse ?
Etienne soupira.
-J'hésite...
Linda le regarda, à peine étonnée.
-Ne fais pas ça ! Pas aujourd'hui !
-Oui, je le veux !
-Linda Pristine Elvire Trautmann...
-Rhô les noms...
Tout le monde se retourna vers Travis qui se fit tout petit ce qui provoqua les rires de la salle.
-M'occupe de toi tout à l'heure ! grommela Etienne.
Estelle lui donna un grand coup sur la tête.
-Crétin !! D'abord à notre mariage à nous et maintenant au leur !! soupira Estelle.
-Ca va, fous lui la paix, chérie... grommela Jonathan.
-Ahem... Linda Pristine Elvire Trautmann, voulez vous prendre pour husband... Pour légitime époux pardon !
-Ce n'est rien, Kimera, faites donc !
-Oui... Voulez vous prendre Etienne Donovan Smirnoff ici présent pour légitime époux ?
Linda regarda Etienne.
-J'ai droit à un joker ?
Tout le monde pouffa de rire.
-On n'est même pas habillés pour l'occasion, c'est à peine si on respecte le protocole... Pour tout ça et le reste, Oui, je le veux.
Toute la salle s'attendrit avant que Kimera ne pose la question fatale que tout faiseur de mariage devrait rayer de sa carte tant elle est... porteuse de mauvais augure.
-Bien... Maintenant, si somebody souhaiterait s'opposer à ce mariage, qu'il speak maintenant ou qu'il se...
-MOI !
Tout le monde se tourna vers les portes. Les regards de chacun prirent une teinte amèrement surprise. L'homme entra dans la citadelle sous les yeux effarés d'Etienne et sous le regard halluciné de Linda.
Il s'agissait de nul autre que Ian Grandier, beau-père d'Etienne et d'Estelle Smirnoff !
-Je m'oppose CATEGORIQUEMENT à cette union !

Un corps émergea de l'église, projeté dans les airs à travers la porte, et tomba sur le sol devant. Erwan sortit, furieux. Etienne sortit à son tour, suivi par tout le reste des invités à son mariage. Il fut dépassé par Estelle.
-Ian !! Ian, ça va ?!
Elle l'aida à se relever.
-Mais enfin, Etienne !! grommela Estelle.
-Quoi, « Mais enfin » ?! Qu'est-ce qu'il fout ici ?! grommela Etienne.
Ian se releva.
-Alors, Etienne, c'est comme ça qu'on traite son vieux beau-père ?!
-Oh ouiiii, merci de te pointer pour faire opposition à notre mariage ! A part ça, toujours un sale enfoiré ?
-Etienne !! grogna Estelle.
-Quoi ?!
-C'est moi qui l'ai invité !
-Pardon ?!
Travis s'avança et écarquilla les yeux. Ian s'étonna.
-Qu'est-ce qu'il fait là, celui-là ?!
Etienne regarda Travis.
-R... Retourne à l'intérieur, Travis !!
-P... Papa ?!
-Travis, retourne...
-Quoi, Papa ?! Tu crois que j'en ai quelque chose à faire de toi ? marmonna l'homme.
Linda tenta de ramener Travis dans l'église mais l'adolescent s'avança.
-Papa...
-Enfin bref, j'étais venu pour discuter...
-Va t'en, soupira Etienne. Si tu savais à quel point j'ai envie de te TUER, là !
Kenneth prit Travis par les épaules et le ramena à l'intérieur alors que des sanglots se dessinaient sur le visage de l'adolescent. Linda restait derrière Lionel. Norbert tenait Léopold, Linus restait aux côtés de Lucy tout en tenant son fils Charlie.
-Etienne, excuse-moi, mais...
-QUOI, ESTELLE ?
La sœur fronça les sourcils.
-Je suis désolée que Ian ait essayé d'interrompre ton mariage, tout ce que je voulais c'est que...
Tout le monde regardait Estelle.
-C'est que notre père soit là...
-C'EST PAS MON PERE ! cria Etienne.
-Je sais ce que tu penses ! Mais cet homme nous a él...
-CET HOMME A FAIT DU MAL A MA MERE ET A MA FEMME ET MAINTENANT IL VIENT ME POURRIR LA VIE UNE FOIS DE PLUS ! IL N'A JAMAIS ETE CAPABLE DE S'ENGAGER A QUOI QUE CE SOIT ET TU L'AS BIEN COMPRIS !!! ALORS MAINTENANT...
-...Maintenant tu es en train de devenir comme lui ! cria Estelle.
Etienne écarquilla les yeux, abasourdi. Jonathan se frappa le front. Etienne se tourna vers Lionel.
-Arrête-moi ce merdeux ! Tu peux, non ?
-Il vaudrait mieux que tu laisses filer et qu'on continue la cérémonie, non ? suggéra Lionel.
-T'es policier oui ou...
-Je suis policier mais je suis humain aussi. Si je touche ce type, ce sera pour lui briser le cou ! admit Lionel.
Linda serra la main de son ami qui s'efforça d'être le plus rassurant possible. Jonathan traversa la foule et regarda Etienne et Linda.
-Désolé... Mes félicitations et... A plus, peut-être...
Jonathan descendit les marches et suivit Estelle qui emmenait Ian avec elle.
-IAN !!
Le vieil homme se tourna vers son beau-fils.
-QUE JE NE TE REVOIE PLUS JAMAIS DANS LES PARAGES, ENFOIRE !!!
Estelle se tourna vers Etienne.
-BAH TU M'REVERRAS PAS NON PLUS !!!
-Etienne, non !! geignit Norbert.
-Etienne, attends, tu ne peux pas...
-Kenny, je sais ce que je fais. Je refuse de voir ce type dans mon entourage !!
-Ian, ok, je peux comprendre mais ta sœur...
-Elle a toujours été de son côté, la petite garce !!!
-Etienne... marmonna Linus.
-Quoi ? Allez, à vos places. On termine !
Alors que tous se retournaient, Travis sanglotait déjà sur les bancs de l'église. Tout le monde baissa la tête. Judith prit une inspiration et s'avança.
-Euh... Terminons et... passons à la réception !
-Voilà ! admit Norbert.
Lionel amena Linda vers Etienne qui la serra contre lui.
-Désolé de toute cette scène...
-Je savais bien que tu ne pouvais pas faire un mariage sans sortir ton Capidextre ! soupira Linda, les larmes aux yeux.
Kimera regardait tout ça, éberluée.
-So... Nous continuons ?!
-Oui, oui, oui... Finissons ce que nous avons si bien commencé !

-Hmm...
Etienne ouvrit la cafetière et remarqua qu'elle était vide.
-Rhaaan...
Il resta à la table un moment. Il regarda dehors. Un grand bâtiment orné d'un « G » jaune bordait le paysage. Travis avait participé à sa construction.
-Bon... Il est l'heure d'aller au travail... Hmph...
Il mit son manteau, sortit et ferma la porte de leur demeure à Voilaroc. Il regarda sa voiture, soupira et prit le volant.

Une fois en voiture, il ne mit pas la radio. Il se contenta de rouler. Il regardait fixement la route. Au bout d'un moment, il arriva à côté d'un ravin. Il s'arrêta et regarda l'immensité à côté de lui. Il prit sa tête entre ses mains et se mit à pleurer sur le volant.

Et donc... Si vous mettez en évidence les faiblesses adverses avec une attaque du type... Verrouillage, Œil Miracle ou Clairvoyance, vous mettrez en évidence certaines faiblesses ennemies qui vont apparaître à votre Pokémon. Mais pas à vous. Il convient donc d'anticiper cet effet caché. De même pour Relais, vous pouvez être sur que vous pouvez relayer plus que ce que les manuels classiques racontent. Le fait que Relais permette de transmettre Clonage n'est pas explicité partout...

A la fin du cours, trois élèves vinrent voir Etienne.
-Monsieur, ça va ? demanda une brune aux cheveux longs.
Smirnoff, assis à son bureau, regarda l'élève.
-Euh... C'est pas le genre de question que j'entends recevoir quand je dis « Je suis disponible pour répondre à vos questions !
-C'est que, expliqua une fille à grosses lunettes à monture noire, vous avez l'air tellement malheureux...
-Oui, presque déprimé... marmonna une timide blonde.
-Non non, tout va très bien. Je vous assure. Et puis d'abord, en quoi ça vous regarde !

Etienne rangeait ses dossiers tout en poussant un gros soupir. Il vit alors Norbert et Linus discutant tranquillement. Il approcha.
-Hey...
-Hey Etienne !
-Comment allez vous ?
-Oh moi, la routine... Et vous ?
Norbert sourit, embarrassé.
-Je... me suis remis avec Lionel.
-Et ils sont devenus mes nouveaux partenaires de bridge ! sourit Linus.
Etienne les regarda, à peine surpris.
-J'ai toujours su que vous finiriez par coucher ensemble mais que vous le formuliez par une telle métaphore...
-Etienne, non... Je vais bien, et Lindbergh commence à aller mieux.
-On peut dire que je peux remercier mon meilleur ami pour ça ! sourit Linus.
-C'est tout naturel. Tu en aurais fait autant pour moi !
Etienne hocha la tête.
-Bon. Je vous laisse, je dois manger.
-Ok !
-Bon appétit, Etienne !
Il se dirigea vers la sortie. Norbert s'étonna.
-Il ne... mange pas avec Linda ?
-Oh, en fait Linda déjeune avec ses internes et ses collègues. Etienne... va manger dans un restaurant pas loin.
Le blond regarda son ami.
-C'est affreux !
-Oh oui. Je me suis laissé dire qu'il y avait un peu d'eau dans le gaz avec Linda.
-Ca, ce sont tes racontars, Linus ! Tu... as reparlé avec Lucy ?
Linus fronça les sourcils.
-Par l'enfer, pourquoi me poses-tu sans cesse cette question idiote ?!
Norbert s'étonna.
-Parce que... je me fais du souci pour toi !
-J'espère que ce n'est que ça...
Linus tourna les talons, devant un Norbert étonné.
-Mais... Qu'est-ce que j'ai fait ?!

Linda rentra discrètement dans la chambre. Elle entra dans le lit. Etienne se tourna vers elle.
-Désolée ! Je ne voulais pas te réveiller ! La journée a été exténuante...
-Hm.
-Ca va ? Tu as passé une bonne journée ?
-Excellente.
-Tant mieux.
Elle se coucha alors qu'Etienne semblait prendre sur lui, mais d'une force...

Etienne approcha du bureau de Kenneth mais celui-ci criait encore comme un porc au téléphone.
« Rhooon je déteste quand il est dans ses grandes humeurs là... »
Il s'en retourna vers les salles de cours, suivi par Areski Marston.
-En cours, Smirnoff !
-Oui, ça va, j'y vais !
-Et rapidement, Mr Smirnoff !
-J'y vais, j'y vais !
-Hahaha ! Vous êtes tellement... malléable ! C'est un plaisir de vous avoir parmi nous.
-Oui bien sur. Heureux de vous permettre de vous vanter dans les cocktails.
-Oh voyons... N'oubliez pas que je suis le seul proviseur de faculté qui ait voulu vous engager. Après votre malencontreuse erreur.
Etienne regarda Areski, furieux.
-Vous... Vous, franchement...
-Quoi ? Qu'est-ce qu'il va dire, ce bon gros pépère ? Hein ? Vous allez vous rebeller peut-être ? C'est ça que j'aime avec vous : Pas un mot plus haut que l'autre, je vous ai à la botte !
Etienne acquiesça.
-Pauvre... Pauvre c...
-Pardon ?
-Pauvre de moi !
Etienne partit en soupirant sous le rire silencieux d'Areski Marston.

Salle des professeurs.
-A demain Sandy !
-Ouais !
-Et puis après je lui ai dit « Hey, t'es qu'un petit crétin, tu crois que tu vas devenir un crack dans le dressage mais t'es juste un crétin ! »
-Hanlala ! C'est incroyable !
-Non mais faut les remettre à leur place vite fait ces petits cons ! Vous en pensez quoi, Smirnoff ?
Lequel regarda son abruti de collègue, l'œil hagard.
-J'en pense que je bosse, je corrige mes copies. Si tu pouvais draguer cette pétasse plus loin ce serait parfait !
-...
-Oh, mais quelle impolitesse...
-Oh laisse c'est un connard...
Smirnoff soupira.
-La vraie connerie c'est qu'une lavette comme toi se soit fait engager. Une lavette mariée en plus.
-QUOI T'ES MARIE ?? Han !! Tu m'avais dit que t'étais seul !
Smirnoff soupira, rangea ses copies et partit en sifflotant alors que les deux se disputaient.

Retour à la maison. Etienne vit Travis avec le petit.
-Hey. Bonne journée au chantier ?
-Hm. La nounou a dit qu'elle voulait être payée sous peu.
-La garce...
-Euh, garce qui s'occupe de Roland !
-Oui bah n'empêche.
-T'es d'une humeur de merde ces derniers temps...
-Oui et je me passe éminemment de tes commentaires !
Travis soupira.
-Ta sœur au moins elle a le sens de la famille !
Etienne ferma les yeux et poussa un soupir massacrant.
-Je plaisantaiiiiis... soupira Travis.
Smirnoff alla dans son bureau et soupira, lessivé.

Etienne se trouvait devant un lac, jetant des cailloux dans l'eau. Cynthia arriva et s'assied à côté de lui.
-Oulala. Toi qui étais si heureux à ton arrivée ! Trois ans plus tard c'est la panique...
-Qu'est-ce que tu fais là ?
-Ballade. Et toi ?
-Ennui profond entre deux cours.
Cynthia hocha la tête.
-Ca ne va pas avec madame ?
-Tout va très bien avec madame.
-Avec le petit alors ?
-Roland va très bien.
-Alors ou est le problème dans ta vie ? C'est à cause de mon retour dans ta vie ?
Etienne regarda Cynthia du coin de l'œil.
-Ce qui s'est passé entre nous lors de nos années fac n'a rien à voir. Je suis content de te revoir, c'est clair, mais notre... relation... n'a absolument aucune incidence sur mon comportement actuel. C'est du passé. Le fait que tu sois devenue une adorable lesbienne amatrice de handicapées ne m'affecte point !
Cynthia sourit.
-Alors que se passe t-il de si horrible dans ta vie pour que tu déprimes ?
Etienne soupira.
-Quelqu'un me manque. Et cette personne me manque plus que je ne l'aurais cru. Et... Ca devient dur !
-Linda ?
-Non, même pas. En fait si un peu... Je me sens de plus en plus seul !
-Oh je t'en prie Etienne tu as toujours voulu être seul !
-Pas à ce point là.
Cynthia soupira.
-Tu m'excuseras... J'ai à faire !
-Hm.
Cynthia se leva et se dirigea vers une autoroute mitoyenne. Elle mit des lunettes de soleil.
-Whoooouh ! Quelle jolie route !
Elle attendit un fourgon. Lorsqu'il arriva au loin, elle lâcha un Cerfrousse qui attendit au bord. Le Pokémon fit briller ses cornes. Le fourgon partit dans le fossé.
-Génial !
Une énorme explosion se fit entendre.
-Travail fini ! Youhou ! Repos maintenant !
Elle repartit promptement sans éveiller les soupçons.

Etienne rentra. Linda l'accueillit.
-Bonsoir chéri ! Ca va ?
Travis était avec Roland sur le canapé, en train de regarder la télé.
-Hm.
Linda regarda Etienne se débarrasser de ses affaires.
-Désolée, j'ai eu une semaine un peu chargée...
-Hm. Pas de soucis.
-Si, quand même...
-Ca va, Linda. Il n'y a aucun souci.
-Ce n'est pas ce que m'ont dit Linus et Norbert.
Etienne regarda Linda, intrigué.
-Ils sont venus me parler pendant une de mes pauses, et ils m'ont dit que tu avais le moral à zéro... Je sais que c'est très dur pour toi en ce moment...
Etienne emmena Linda jusqu'à son bureau, ce qui étonna cette dernière.
-Etienne ?!
-Pas devant le petit...
Linda s'attendait à une dispute mais Etienne fondit en larmes comme un gosse.
-Oh... Etienne, non !
Elle s'accroupit et le serra contre lui.
-Etienne...
-Ma sœur... Estelle me manque ! Uuuuh...
-Je sais, poussin...
-Tu dois... Tu dois la convaincre de me revoir, s'il te plait !
-Ce ne sera pas si facile, Etienne...
-J'en peux plus ! Et je te vois de moins en moins...
-Je sais, je suis désolée pour ça...
-Mais tu n'y peux rien, je sais...
-Etienne...
Linda se sépara de lui et lui passa un mouchoir.
-Etienne, d'abord cesse d'aller manger tout seul ! Je n'étais même pas au courant de ça ! D'où ça t'es venu ?!
-Euh... Comme ça !
-Dorénavant tu iras manger avec Jonathan à l'arène ! J'ai été en discuter avec lui, il est d'accord.
-Hm...
-Ensuite je vais essayer de réduire mes heures de garde. Au moins pour passer plus de temps avec Roland.
-Y'a pas que ça, Linda, je... Je songe aussi à démissionner.
Linda s'étonna.
-Etienne, non ! Là non ! Tu ne vas pas démissionner de ton poste à la faculté !
-Ce poste m'ennuie, le proviseur me donne des envies de meurtre...
-Pas qu'à toi !
-...et les collègues sont pires que tout !
-Ca c'est partout pareil !
-Linda...
-Je sais, je sais. Mais on n'est pas les plus malchanceux !
-C'est pas très gentil de se dire ça non plus.
-Bon, ça va mieux ?
-Oui oui...
-Promis j'essaie de faire quelque chose avec Estelle, mais je ne peux rien te garantir.
-Hm...
-Et toi essaie, je ne sais pas... de remonter un peu la pente. De te ressaisir.
Etienne soupira et acquiesça.
-Désolé d'avoir craqué...
-Ce qui est bien avec toi c'est que tu le fais toujours pour de bonnes raisons. Ce qui est mal c'est que tu le fais très tard !
Ils sourirent et s'embrassèrent.