Pikachu
Pokébip Pokédex Espace Membre
Inscription

Un long parcours de YumeArashi



Retour à la liste des chapitres

Informations

» Auteur : YumeArashi - Voir le profil
» Créé le 26/03/2009 à 21:48
» Dernière mise à jour le 29/10/2009 à 21:31

Si vous trouvez un contenu choquant cliquez ici :


Largeur      
Bel ami
Mon cœur battait. Je ne savais pas si c'était en rapport avec ce vol temporaire ou avec l'idée d'avancer vers quelque chose que je ne maitriserai peut-être pas. Cette chose qu'on appelle l'Inconnu.
Les pensionnaires faisaient leur sieste quotidienne et Lionel s'occupait de la maintenance. Ces deux choses ôtaient un poids considérable de mes épaules. Une légère brise s'était levée, l'air se trouva moins lourd et la marche moins pénible. Tout en évoluant parmi les enclos du Domaine, il me vint à l'esprit que je ne savais absolument pas quel pokémon attraper. J'y allais « au feeling » et mon inconscient guiderai mes pas : ou comment se délester d'une prise de décision. Tandis que j'atteignais la rivière, je ressentis une petite douleur aux pieds. Je m'assis au bord de l'eau, sur une grosse pierre moussue, avant d'enlever mes bottes.

« Flûte, une ampoule... Deux ?! C'est bien ma veine. »

Je pestai comme à l'accoutumée. Il y avait a moins un point positif à cette marche : le paysage. Des plus sublimes, c'était l'une des seules choses qui jusqu'à aujourd'hui aurait pu accaparer plus de trois heures de mon temps. Le soleil dardait ses rayons sur l'onde calme et cette rencontre créait une multitude de petits scintillements qui, à leur tour, piquaient délicatement mes paupières à moitié closes.
Tout en appliquant un peu du baume que j'avais pris avec moi sur mes coups de soleil et la cicatrice, je divaguai. Ce furent les dernières paroles échangées avec mon père la veille qui me virent à l'esprit, et je dus avouer qu'il avait bel et bien raison. A moins que je ne fusse capable de tisser des liens avec n'importe quel pokémon en claquant des doigts, parvenir à établir une relation d'amitié, cette chose qui me manquait tant en dépit de celle que m'offrait Lionel, avec Ponyta m'apparaissait comme irréalisable.

« Cherchons la facilité ! Oui... Enfin, si je tape dans le trop simple je vais me retrouver avec une quiche, et on sera pas dans la mouise pour la suite... »

« Attraper un pokémon » Volume 1.
Ne jamais sous estimer le pouvoir d'un costaud grimoire !

Les quelques lignes de ce livre, très mal écrit par ailleurs, que j'avais lues et dont je me souvins sur l'instant, ne m'apportèrent pas d'information supplémentaire si ce ne ne fut peut-être le fait qu'il faille affaiblir le pokémon avant de lancer la pokéball. Je soupirai.

« Okay, va pour la quiche... »

Je mis mon menton au creux de ma paume et attendis, lasse. Si j'avais su que ce serait aussi « compliqué »... Un ange passa.
Finalement, un gros poisson orange passa et repassa lourdement devant moi durant une dizaine de minutes. Je l'ignorai du mieux que je pus car il fallait l'avouer, il était laid et si c'était un pokémon, il me paraissait insensé de vouloir capturer une bête aquatique faiblarde et à peine frétillante. J'étais en chasse - enfin à ma manière, celle qui consiste à attendre que la proie vienne d'elle même se jeter dans la gueule du dresseur ou plutôt dans celle de la pokéball – pas au concours de pêche.
Or, il ne cessait ses allers-retours. Je commençais à mal le prendre.

« Il me nargue, le bougre ! »

Je saisis l'objet sphérique, et, en espérant éloigner le poisson borné, le jetai avec négligence dans l'eau. La ball m'échappa. « Viser » était un terme à la définition absolument abstraite pour moi et au lien d'atteindre le tas de sable désiré, le projectile atterrit sur la tête du pokémon.

« Et merde ! A tous les coups, c'est pour ma pomme. »

Cela ne rata pas. Le poisson qui n'avait fait AUCUN effort pour se décaler, comme si son seul désir était de se retrouver enfermé dans un truc en acier, se « transforma » en une lumière rougeâtre et gigotante avant de pénétrer dans l'habitacle rond qui cessa alors immédiatement tout mouvement.
La bouche ouverte, les bras ballants, les yeux écarquillés, j'avançai vers la rivière et me penchai afin de récupérer la pokéball. Mes doigts l'effleurèrent, la découvrant de la même manière qu'au premier contact dans cette fameuse remise. Mais cette fois ci, il me semblait que quelque chose battait à l'intérieur. Je la serrai, toute douce, au creux de ma main, éberluée, et la remontai dispersant le sable du fond du lit. Je ne parvenais pas à croire que j'avais réussi... Cette capture était une chose nouvelle, et même une chose extraordinaire. Malgré l'impression première plutôt négative, je sentais monter en moi une flèche de bonheur qui se décomposait en étincelles, elles même parcourraient mes vaisseaux et atteignaient tout mon corps par des picotements significatifs. Comment décrire une si fantastique sensation lorsque on n'a aucun mot à portée de bouche ?

Je savourais avec délectation ce moment qu'à mon avis trop peu de dresseurs avaient réellement connu. De nos jours, on leur donnait de la main à la main un pokémon déjà capturé, déjà en partie dressé et habitué à l'homme : on leur mâchait le travail et l'étape la plus importante de la découverte. Mon pokémon à moi, malgré son aspect certes repoussant, ne connaissait rien du monde des combats. C'était merveilleux de se dire que ce pokémon et moi allions apprendre au même rythme et...

Je fus grossièrement interrompue par un rire gargantuesque et moult reniflements. Tel le cow-boy fort et viril – s'apprêtant à mettre une raclée au vilain desperado à moitié obèse – qui, au cours d'un superbe ralenti hollywoodien, fait volte face avant le combat final et affiche la plus effrayante des expressions vengeresses... je me retournai.

« Quoi... ENCORE ?! »

Le goujat moqueur qui se permettait de se rire de ma prodigieuse capture n'était autre que Lionel. Qui d'autre de toute façon ? Déconcertée, je lui lançai un regard mauvais. Il n'y fit guère attention, bien trop occupé à se tenir les côtes tandis que le seul « mâle » présent doté d'un peu de tact – oui... Okéoké – haussait un sourcil, sceptique.
« Euh... Dis moi ? Quelque chose ne va pas ? 
- C'est... HAHAHA !! C'est ce que et surtout... Huumpf ! la façon dont... HAHAHAHAHAHA tu... l'as attr... attrapé ! Hahahahahahahahahahahaha !
- Plaît-il ? »

Entre deux éclats de rire, Lionel parvint à retrouver un peu de sérieux et tenta vainement de m'expliquer les raisons de son hilarité. Il se perdit tout d'abord dans des explications confuses qui me parurent inutiles avant de commencer à construire des phrases intelligibles.

« T'as du mal à viser, hein ?
- Et alors ? Je l'ai eu, c'est tout ce qui compte !
- Et avec quelle classe ! Tu aurais nourri des pigeons, l'effet n'aurait pas été bien différent, constata t-il avec une pointe d'ironie.
- Tu me tapes sur le système, Lio...
- Puis... c'est un... Magicarpe, tu sais... Pas l'un des pokémon maîtres des éléments genre Kyogre... Y a pas vraiment de mérite. Magicarpe pour premier pokémon... Tiens, écoute ça. »

Il tendis une réplique du Pokédex de mon père, sans doute son propre Pokédex et en pointa le capteur vers la main où se trouvait encore la ball. Une voix narquoise et grésillante s'en échappa.

« Magicarpe, Pokémon carpe. On raconte qu'autrefois, Magicarpe était beaucoup plus puissant qu'aujourd'hui *mon œil*. Il ne sait faire que des ronds et des bonds dans l'eau. *Avec lui, gagner un combat c'est pas d'la tarte* Il est malheureusement *enfin tout est relatif* devenu célèbre pour son inutilité... *Ouaiiiiis !* Cet étrange Pokémon a poussé de nombreux chercheurs à étudier son cas mais aucune théorie plausible n'a été avancée. »

«  Quesseucé qu'ce truc ?
- Un Pokédex ?
- Merci, ça je le sais, mais... celui de mon père ne s'est jamais moqué d'un pokémon comme le fait le tien... fis-je, éberluée.
- Ce sont des logiciel que tu ajoutes, en fonction de ce que le dresseur pense et...
- Tu ferais mieux de les désactiver et de changer ta vision des choses à mon humble avis. » le coupai-je.

Après un dernier regard, je le laissai seul. Je commençai à longer la rivière, serrant fébrilement la pokéball tiède contre ma poitrine, espérant que le pokémon n'ait pas entendu le tissu de mensonges du vieux bonhomme aigri dont on avait pris la voix. La façon que Lionel avait de dénigrer ce qu'il ne connaissait pas m'horripilait au plus haut point et j'étais assez peu tolérante avec ceux que cette notion essentielle – la tolérance - ci n'avait apparemment jamais effleuré.
Je fis sortir Magicarpe de la pokéball en appuyant sur le bouton au devant de l'objet rond et regardai le pokémon se matérialiser dans l'eau devant moi. A chaque instant, je m'attendais à le voir filer pour ne plus jamais revenir. Mais cela ne se produisit : le poisson fit quelques ronds dans l'eau puis s'immobilisa et plongea son regard dans le mien.

« Caaaarpe caaarpe !
- C'est vrai que tu n'as pas l'air bien futé... »

Il sourit bêtement. Je haussai un sourcil. Peut-être n'était-il pas un attaquant berserk mais au moins, il avait une tête on ne peut plus sympathique.

...mais qu'à cela ne tienne ! Tu as l'air d'être un chouette bonhomme... poisson ? Magicarpe. » dis-je en souriant.

Le ton employé revint à mes oreilles avec une de ces nuances maternelles qu'emploient les femmes protectrices en s'adressant à leur progéniture. J'étais heureuse. A ce moment, oui, c'est ce que j'étais. Je rappelai mon nouveau compagnon et me mit en marche vers l'enclos de Ponyta. Cette fois ci, j'avais un allié et ma volonté n'en était que plus forte.

« C'est parti ! »